Vie divine de la très-sainte Vierge Marie - LA TRÈS SAINTE VIERGE CONNAIT QUE LUCIFER SE PRÉPARAIT A PERSÉCUTER L'ÉGLISE, CE QU'ELLE FAIT POUR DÉFENDRE LES FIDÈLES.
Parmi les qualités innombrables que posséda la très-sainte Vierge, elle eut la plénitude et l'abondance de la sa-y gesse et de la science divine, qui était convenable à la mère de Dieu établie mère et maîtresse de l'Eglise. Elle connaissait tous les fidèles qui venaient à la foi, et découvrait leurs inclinations, leurs passions, leurs caractères, le degré de grâce et de vertu qui était dans leur âme, le mérite de leurs oeuvres, la fin et les motifs de leurs actions. Elle pénétrait en même temps le mystère secret de la volonté divine, aussi elle dispensait les affections de sa charité éternelle avec poids et mesure, de sorte qu'elle n'aimait personne ni plus ni moins qu'elle le devait. Parmi les saints bienheureux qui méritèrent l'amour de cette divine mère fut saint Etienne, un des soixante-douze disciples, car dès qu'il commença à suivre le Sauveur, la très-sainte Vierge le regarda avec une affection spéciale et singulière. Elle connut aussitôt que ce saint était choisi par le maître de la vie pour défendre son honneur au prix de son sang. Le saint était d'une amabilité et d'une bonté naturelle très-grande et la grâce le rendait encore plus aimable à tous. A cause de ses rares qualités auxquelles s'unissaient les plus héroïques vertus, la divine mère l'aimait tendrement, et il en fut comblé de très-précieuses bénédictions; elle rendait grâces au Très-Haut d'avoir créé cette âme qui devait recevoir la couronne du premier martyr. L'heureux saint correspondait avec fidélité aux bienfaits qu'il recevait de son divin maître et de sa divine mère, car il était non-seulement doux, mais encore humble de coeur. Il avait une grande vénération pour la mère des miséricordes, il l'interrogeait avec humilité sur les, plus profonds mystères , car il était très-instruit et savant, plein de foi et rempli de l'Esprit-Saint. La mère de la sagesse répondait à ses demandes, l'éclairait, le fortifiait et l'animait. Pour le fortifier encore plus fortement dans sa grande foi, elle l'avertit qu'il devait être le premier des martyrs de Jésus-Christ.
Cette avis enflamma extrêmement saint Etienne du désir du martyre, de sorte que plein de grâce et de force il opérait de grands prodiges; il disputait avec courage et franchise avec les princes des prêtres et les confondait tous. Il se présentait le premier pour disputer avec les rabbins et les principaux docteurs de la loi de Moyse, comme s'il eût craint qu'on vint lui enlever la couronne qu'il devait recevoir le premier, et il recherchait toutes les occasions pour défendre le nom de Jésus-Christ. Le dragon infernal, s'aperçut du désir du saint, et il chercha dans sa haine à empêcher que l'intrépide disciple ne confessât en public!l foi de Jésus de Nazareth, et à faire que les Juifs Je missent à mort secrètement; mais la grande reine qui connaissait toutes les trames de Lucifer, délivra le saint de toutes les embûches. Dans trois occasions, principalement elle envoya un de ses anges gardiens, pour faire sortir en sûreté le saint d'une maison, où les juifs avaient formé le dessein de le faire périr, secrètement; l'ange le délivra en le rendant invisible aux ennemis de l'Église, il le présenta ensuite à la grande reine, et plein de reconnaissance pour son bienfait il la remercia avec humilité. D'autre fois la sainte Vierge le prévenait et le faisait avertir par ses anges de ne pas passer dans telle rue. Quelquefois elle l'empêchait de sortir du cénacle, et comme il brûlait du désir du martyre il se plaignait doucement à la reine des anges; en disant, ah ma reine et mon refuge, quand viendra donc le jour si heureux pour moi où je sacrifierai ma vie pour la gloire de mon Jésus? Ces amoureuses plaintes du saint causaient une joie incomparable à la divine maîtresse, et elle lui répondait avec une douce et maternelle affection; mon fils, serviteur très-fidèle du Seigneur, l'heure fixée par la divine volonté viendra et vos belles espérances ne seront pas certainement frustrées.
Bien plus; la pureté et la sainteté de saint Etienne était si grande et d'une perfection si éminente que les démons le considéraient de loin, et s'éloignaient de lui autant qu'ils pouvaient, mais par contre il était très-aimé de Jésus et de sa sainte mère et même des apôtres qui l'ordonnèrent diacre, il mérita d'être le premier martyr de l'Église, comme le raconte saint Luc dans les actes des apôtres. Le saint fut arrêté tandis qu'il prêchait avec un grand zèle, et fut amené devant les juifs qui l'accusèrent par toute sorte de mensonges. La miséricordieuse mère l'ayant su, lui envoya un ange pour l'assister et le fortifier. Lorsqu'il fut interrogé il confondit par sa profonde sagesse et la force de son esprit., les juges et tous les accusateurs, de sorte que convaincus et ne pouvant rien répondre ils se fermèrent les oreilles et poussèrent des cris horribles. Le saint était seulement affligé de n'avoir pas reçu la maternelle bénédiction de la grande et tendre reine. La miséricordieuse mère voyant son désir, consoler l'intrépide et bien-aimé disciple, elle s'adressa au Seigneur qui secondant la charité de sa mère envoya du ciel d'autres anges et avec ses anges gardiens ils la conduisirent sur une nuée éclatante dans la salle du conseil, mais elle n'était vue que du saint qui entouré de cette lumière devint tout resplendissant et beau comme un ange. La tendre mère le regarda de ses yeux miséricordieux, lui dit des paroles de vie éternelle, le bénit et pria pour lui le Père éternel, afin qu'il le remplît de l'Esprit-Saint, ce qu'il fit avec une grande abondance, car le saint montra publiquement son courage invincible et sa profonde sagesse, en prouvant la divinité et l'incarnation de Jésus par les témoignages incontestables de la sainte écriture. La grande reine était encore présente, se réjouissant de voir le zèle et le courage de saint Etienne, lorsque les cieux s'ouvrirent et Jésus se fit voir debout à la droite du Père, et le saint rendant témoignage de la gloire de son maître les juifs perfides prirent ses paroles pour des blasphèmes; c'est pourquoi il fut condamné à être lapidé comme blasphémateur. ils se jetèrent sur lui en fureur et le traînèrent hors de la ville pour le lapider. La sainte Vierge lui donna de nouveau sa bénédiction, l'encouragea et prit congé de lui avec une grande bonté, elle commanda à ses anges de l'accompagner et de l'assister jusqu'à sa mort. Elle retourna au cénacle d'où elle considéra avec attention le martyre que le saint souffrait avec tant de constance, la miséricordieuse mère en versa des larmes de compassion et de joie. Lorsque avant de mourir, le saint à genoux cria à haute voix; Seigneur, n'imputez pas à ces hommes ce péché, la divine mère accompagna sa généreuse prière avec une joie incroyable, en voyant ce fidèle imitateur du rédempteur qui priait pour ses ennemis. Il expira et sa grande âme fut conduite en paradis par des troupes d'anges et par les anges gardiens de Marie, elle fut reçue avec une joie inexprimable par Jésus, qui la plaça en un lieu de gloire éminent à la grande allégresse de toute la cour céleste. Les anges qui revinrent vers leur reine lui rendirent grâce au nom du saint, pour l'amour et les faveurs qu'elle lui avait accordées. Ce glorieux martyre eut lieu neuf mois après la mort du rédempteur, le vingt-six décembre, il était âgé de trente-quatre ans. La prière de saint Etienne unie à celle de la mère de Dieu, obtint la conversion de saint Paul.
Lucifer fut couvert de confusion par la constance du saint martyr et par la présence de la grande reine, il résolut donc d'irriter les juifs contre l'Église pour la détruire entièrement. Les ennemis de l'église excités par le démon convinrent alors ou de chasser tous les chrétiens de Jérusalem et même de la Judée et du pays de Samarie, ou de les faire tous mourir. Il s'éleva alors, comme le raconte saint Lue, une cruelle persécution, de sorte que la grande reine avec les apôtres, et un petit nombre de fidèles se retirèrent dans le cénacle, les autres disciples sortirent tous de la ville et prêchèrent avec une grande constance la foi de Jésus-Christ. Le Seigneur ne permit pas qu'on fit attention à ceux qui étaient dans le cénacle, et il voulut que les disciples dispersés dans la Galilée, fussent seuls persécutés; Saul fut nommé le chef des persécuteurs. il est impossible de rapporter la vigilance et la sollicitude de la divine mère pendant cette persécution. Lorsque saint Etienne fut mort, elle ordonna d'aller chercher son saint corps et de l'ensevelir, elle ordonna aussi qu'on lui apportât une croix que le saint martyr portait sur sa poitrine; car la reine des anges depuis la venue de l'Esprit-Saint en avait toujours une, sur son sein, et tous les fidèles en portaient une à son-exemple. Elle commanda encore de recueillir les petites choses qui avaient servies à son usage ainsi que son sang autant qu'il était possible, et de conserver tout cela avec une grande vénération. Elle fit un magnifique éloge de son grand mérite en présence des apôtres et des autres disciples, et elle commanda à Lucifer et aux siens, comme auteur de la persécution, de se précipiter aussitôt dans l'enfer. Elle assembla les apôtres, les anima, les consola et les fortifia pour la persécution, elle envoya les disciples dans la Judée et le pays de Samarie, pour prêcher l'évangile de Jésus crucifié, qui les fortifierait toujours. Elle envoya un grand nombre de ses anges gardiens pour accompagner, les uns, les disciples, les autres, pour assister les fidèles moribonds; elle envoyait aussi les apôtres hors de Jérusalem, là où ils étaient nécessaires, comme elle le fit lorsque saint Pierre et saint Jean partirent pour Samarie. Elle voyait toutes les choses présentes, et elle prévoyait avec certitude les futures. Elle disposait toutes les affaires particulières et celle de l'Église de telle sorte, qu'il lui restait toujours quelque temps pour se retirer dans son oratoire, là elle se prosternait à terre, elle s'abaissait au-dessous de la poussière et ne s'estimait pas digne que la terre la supportât; elle poussait des gémissements et versait des larmes pour obtenir le salut des hommes et la conversion des pécheurs.
La grande mère de la sagesse, considéra que les disciples s'étant séparés pour prêcher Je nom adorable de son fils et la sainte foi, n'avaient pas encore des règles déterminées pour instruire avec uniformité, afin que les fidèles crussent ensuite tous les mêmes vérités; elle assembla donc les apôtres et leur dit par la bouche de saint Pierre, avec qui elle en avait conféré auparavant: mes frères, puisque nous devons nous séparer pour étendre l'Église fondée par le sang de notre divin maître, et prêcher dans le monde entier, il est convenable que nous déterminions les mystères qu'il faut proposer explicitement à tous les croyants. Tous les apôtres approuvèrent ce que proposait saint Pierre, le vicaire de Jésus- Christ célébra la sainte messe, et communia la divine mère et les apôtres, lorsqu'elle fut terminée ils invoquèrent tous l'Esprit-Saint avec la sainte Vierge, en priant pendant quelque temps avec une grande ferveur. On entendit alors un grand bruit, comme lorsque le Saint-Esprit descendit la première fois, le cénacle fut de nouveau rempli d'une splendeur admirable, et ils furent éclairés et illuminés d'une manière plus parfaite. Alors la grande maîtresse de l'Église les prévint, de prononcer chacun ce que l'Esprit-Saint lui inspirerait, et saint Pierre commença.
St. Pierre. Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.
St. André. Et en Jésus-Christ son fils unique, Notre-Seigneur.
St. Jacques le majeur. Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie.
St. Jean. A souffert sous Ponce Pilate, à été crucifié, mort, et a été enseveli.
St. Thomas. Est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts.
St. Jacques le mineur. Est monté aux cieux, où il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant.
St. Philippe. D'où il viendra juger les vivants et les morts.
St. Barthèlemy. Je crois au Saint-Esprit.
St. Matthieu. La sainte Église catholique, la communion des saints.
St. Simon. La rémission des péchés.
St. Thaddée. La résurrection de la chair.
St. Matthias. La vie éternelle, ainsi soit-il.
Ensuite on entendit une voix qui dit: Vous avez bien déterminé. Aussitôt la grande reine chanta des louanges et rendit des actions de grâces au Très-Haut avec les apôtres; elle les remercia encore tous, et se mettant à genoux aux pieds de saint Pierre, elle fit profession de la sainte foi catholique en récitant le symbole; et elle fit cette profession de foi pour elle-même et pour tous les fidèles de l'Église, en disant à saint Pierre: mon maître, je vous reconnais pour le vicaire de mon très-saint Fils; dans vos mains, moi chétif vermisseau, en mon nom et au nom de tous les fidèles de l'Eglise, je confesse et je crois tous ce que vous avez déterminé comme vérité infaillible et divine de la foi catholique, et dans ces vérités je loue et je bénis le Très-Haut de qui elles procèdent. Ensuite elle baisa la main à saint Pierre vicaire de Jésus-Christ et aux autres apôtres.
Aussitôt que le divin symbole des apôtres fut formé, la sainte Vierge en fit de ses propres mains et par celles des anges un grand nombre de copies, et elle les envoya par le ministère des anges, aux disciples dispersés dans le pays de Samarie et de Galilée, et en peu de temps il se répandit partout. Une année s'étant déjà écoulée depuis la mort du rédempteur, les apôtres pensèrent à faire le partage des provinces pour éclairer le monde entier de la lumière évangélique. Par le conseil de la divine Reine il fut réglé qu'on resterait à cet effet dix jours dans le jeûne et la prière, ils avaient pris cette coutume pour les affaires plus importantes, des jours qui précédèrent la venue de l'Esprit-Saint; saint Pierre à la fin célébra la sainte messe, et communia la divine mère et les apôtres, ils demeurèrent ensuite en prière avec leur reine et maîtresse en invoquant l'Esprit-Saint. Saint Pierre les rempli tous de ferveur en leur rappelant ce que leur avait ordonné le divin maître, après le discours on vit une splendeur admirable et on entendit une voix qui dit : Pierre mon vicaire, assignez à chacun les provinces, et chacun verra là son sort; je l'assisterai de mon esprit et de ma lumière. Alors saint Pierre dit: moi, Seigneur, je m'offre à souffrir et mourir pour suivre mon rédempteur et mon maître en prêchant son saint nom, maintenant à Jérusalem, ensuite dans le Pont, la Galatie, la Bythinie, la Cappadoce et dans les provinces de l'Asie; je ferai mon premier siége à Antioche, enduite à Rome où sera établie la chaire du Christ, afin qu'en ce lieu réside le chef de l'Église.
Le serviteur du Christ, notre cher frère André, le suivra en prêchant la sainte foi dans les provinces de la Scythie d'Europe, d'Epire, de Thrace et dans la cité de Patras, en Achaïe, il gouvernera cette province et le reste dans ce qui lui sera possible.
Le serviteur du Christ, Jacques le majeur, le suivra dans prédication de la foi dans la Judée, la Samarie et en Espagne, d'où il reviendra à .Jérusalem.
Notre cher frère Jean, obéira à la volonté de notre Sauveur et maître qu'il lui a manifestée sur la croix; il remplira ses devoirs de fils envers notre mère et reine, il la servira et l'assistera avec un respect et une fidélité de fils et lui administrera le divin sacrement de l'Eucharistie , il prendra encore soin des fidèles de Jérusalem, et lorsque la bienheureuse mère sera appelée au ciel, il suivra son maître en prêchant dans l'Asie-Mineure, et il prendra soin de ces églises jusqu'à ce qu'étant persécuté il sera relégué dans l'île de Pathmos.
Le serviteur du Christ, et notre cher frère Thomas, le suivra en prêchant dans l'Inde et la Perse, chez les Parthes, les Mèdes, les Ircaniens, les Bactriens, il baptisera les trois rois mages et les instruira de toutes choses, car ils l'attendront et le chercheront eux-mêmes.
Le serviteur du Christ et notre cher frère Jacques le suivra comme pasteur et évêque de Jérusalem, où il prêchera aux Juifs, et il s'unira à saint Jean pour l'assistance et le service de la divine mère.
Le serviteur du Christ, et notre cher frère Philippe, le suivra dans les provinces de Phrygie et de la Scythe d'Asie et dans la ville d'Hiéropolis en Phrygie.
Le serviteur du Christ, et notre cher frère Barthélemy, le suivra dans la Lycaonie, une partie de la Cappadoce et dans l'Asie, ensuite il viendra dans l'inde et enfin dans l'Asie- Mineure.
Le serviteur du Christ, et notre cher frère Matthieu, instruira premièrement les Hébreux, il viendra ensuite en Egypte et en Ethiopie.
Notre frère Simon ira dans la Babylonie, la Perse et l'Egypte.
Nos frères Judes et Thaddée en Mésopotamie et ils joindront avec Simon, pour prêcher dans la Babylonie et dans la Perse.
Notre frère Matthias, ira dans l'Ethiopie, dans l'Arabie et il reviendra enfin en Palestine. Que l'Esprit du Très-Haut nous dirige, nous gouverne et nous assiste tous.
Lorsque saint Pierre eut fini de parler, on entendit un grand bruit et le cénacle fut rempli de splendeur, et du milieu de cette lumière il sortit une voix qui dit: Que chacun. reçoive le sort qui lui est échu. Ils se prosternèrent tous à terre et ils dirent: Seigneur souverain, nous obéirons avec une grande promptitude et une vive allégresse de coeur à votre parole et à celle de votre vicaire, notre esprit se réjouit rempli de vôtre suavité. Le Très-Haut leur donna un nouveau don de force et ils furent tous embrasés comme des Séraphins. La reine des anges était présente à tout, et elle connaissait ce que le pouvoir divin opérait dans les apôtres et en elle-même, qui participa à ces divines effusions plus que tous les autres ensembles. Elle eut la science qui lui était convenable comme souveraine, maîtresse, mère,. directrice et reine de l'Église à l'égard de toutes les créatures. En même temps, elle demanda au Très-Haut la persévérance et le courage pour les apôtres, afin qu'ils prêchassent, dans le monde entier, elle reçut l'assurance de leur particulière assistance, ce qui la remplit de joie. Elle se mit à genoux et leur souhaita à tous un grand succès au nom de son divin fils, ensuite, elle leur baisa la main et leur promit ses prières et d'être toujours attentive à les servir, enfin elle demanda à chacun selon sa coutume avec humilité sa bénédiction.
Ils firent ensemble tous leurs efforts avant de partir, pour amollir le coeur des Juifs perfides qu'ils voulaient appeler les premiers à la foi, ils Visitèrent les saints lieux de Jérusalem qu'ils vénérèrent avec beaucoup de tendresse et de piété, et. ils baisèrent cette terre sanctifiée par le divin rédempteur. Mais la maternelle sollicitude de la grande reine fut extraordinairement admirable. Elle avait préparé avec le ministère des anges pour chacun des douze apôtres une longue tunique, tissue en laine, semblable pour la couleur et la forme à celle de Jésus-Christ, afin qu'ils fussent tous habillés avec uniformité. Elle fit aussi avec une grande habileté douze croix, qu'elle mit sur leurs bâtons de pèlerin, suivant la grandeur de chacun, afin qu'ils la portassent avec eux en témoignage de ce qu'ils prêchaient. Elle remit à chacun de ceux qui partaient, l'habit, le bourdon et de plus un petit reliquaire de métal, où elle mit pour chacun trois épines de la couronne de son très-saint fils, et quelques morceaux des langes dont notre Seigneur avait été enveloppé lorsqu'il était enfant, et des linges qui avaient été imbibés du précieux sang dans la circoncision et dans la passion. Les apôtres reçurent tous ces dons avec vénération et en versant des larmes, ils rendirent grâces à la grande reine, et prosternés à terre ils vénérèrent les saintes reliques, enfin ils s'embrassèrent l'un et l'autre, et le premier qui partit fut Saint Jacques, le majeur.
En ce temps-là arriva la conversion de Saul à laquelle la mère des miséricordes contribua; Saul avait un coeur noble, magnanime et courageux, Lucifer considérant son naturel l'environna de ses terribles suggestions, pour en faire l'instrument de sa fureur. Il se faisait gloire d'être savant dans la loi de Moyse et zélé pour les traditions des rabbins, c'est pourquoi il croyait qu'il était indigne d'abolir cette loi révélée par Dieu, pour une autre loi d'un homme crucifié. Il alla chez les princes des prêtres et en obtint un ample pouvoir, pour persécuter jusqu'à la mort les partisans de cette nouvelle et odieuse secte, et Lucifer non-seulement lui suggéra de faire périr les apôtres, mais encore la mère du Nazaréen, l'orgueil du cruel dragon en était venu à cette folie. Mais Saul eut horreur de la suggestion, parce qu'il jugeait qu'il était indigne de traiter avec cruauté une femme noble et généreuse, car il l'avait vue assister avec un amour intrépide à la passion de son fils, et dès ce moment il lui conservait je ne sais quelle estime et affection, et lui portait de la compassion pour ses peines. Saul s'avançait vers Damas avec une nombreuse suite de jeunes gens ses compagnons, et d'autres, personnes à ses propres frais, niais surtout accompagné de Lucifer et, d'un nombre infini de démons. La grande reine le considéra en vision, elle vit les pièges de Lucifer et connut que Saul devait être une colonne de l'église, alors elle se prosterna la face contre terre, et pria le Seigneur, offrant de souffrir et de mourir pour son église et la conversion de Saul: vous avez, Seigneur, répétait l'humble grande reine, vous avez établi cette esclave pour mère de l'église et avocate des pécheurs, sans que je l'ai jamais mérité, exaucez mes humbles prières , secourez vos enfants, les eaux des péchés de Saul n'ont pas éteint votre charité infinie. En même temps la grande reine vit que son divin fils touché de ses prières, apparut à Saul avec une gloire immense, et Saul entouré au-dedans et au-dehors de la lumière céleste, tomba de cheval à ces paroles du Christ: Saul, Saul, pourquoi me persécutez-vous. Il répondit tout épouvanté: Qui êtes-vous Seigneur? le Seigneur répartit : Je suis Jésus que vous persécutez , et ce qui suit dans les actes des apôtres. De persécuteur, il devint un vase d'élection et l'apôtre de Jésus-Christ.
La grande reine vit tout cela et en rendit grâces au Très- Haut, elle fut la première à faire la fête de cette admirable conversion, et elle invita les saints anges à glorifier le Seigneur par des cantiques de louanges. Cependant Saul éclairé et baptisé par Ananie, entendait les disciples parler de la bonté et de l'excellence de la mère de Dieu; il était plein de confusion en reconnaissant qu'il avait été persécuteur de son église , et il craignait de ne pas être agréable à la grande reine; en même temps qu'il avait été éclairé par la divine lumière, il connut qu'elle avait été la médiatrice de sa conversion, malgré cela l'indignité de sa vie passée l'humiliait et le retenait, il se jugeait indigne d'avoir une place dans son coeur si pur et si ardent. Toutes .ces craintes furent connues de la divine mère, et sachant que de longtemps Paul ne pourrait venir en sa présence, touchée d'une affection maternelle elle ne voulut pas souffrir un si long retard, elle envoya donc un de ses anges au nouvel apôtre, à Damas, pour l'assurer de son affection et de son intercession, et afin qu'il le bénit en son nom. Paul ayant reçu cette Visite sentit dilater son coeur, et rempli de grâce et de joie, il supplia l'ange avec humilité de remercier en son nom la divine mère, véritable mère de la piété et sa médiatrice. L'ambassadeur céleste à son retour raconta tout à la grande reine qui en éprouva une grande consolation, et rendit de nouvelles actions de grâces au Très-Haut. Il est impossible d'exprimer et de comprendre qu'elle fut l'indicible rage de Lucifer en tombant dans l'enfer avec les siens, frappés de la divine lumière de Jésus-Christ , semblables à des serpents entrelacés qui tombent à terre.
Les monstres infernaux furent précipités dans l'enfer, mais le Très-Haut le permettant pour sa plus grande gloire et le plus grand mérite de son Eglise, ces princes des ténèbres se relevèrent et se réunirent en conseil, ils ne savaient pas que la grande reine de l'univers voyait tout et découvrait tous leurs desseins; ils résolurent de se venger de Dieu et de la Vierge mère en détruisant l'Église. Oh! superbes pleins d'aveuglement, l'enfer ne peut riens pas même faire périr une fourmi sans la permission de Dieu, combien moins nuire à un chrétien. La divine mère pria son divin Fils de s'opposer à la haine insensée de Lucifer, et élevée en une extase divine, elle vit que l'aimable Rédempteur priait à la droite du Père, afin qu'il accordât tout ce que sa mère demandait; elle vit aussi que le Père éternel recevait avec complaisance les prières de la sainte Vierge, et que la regardant avec une grande bonté il lui disait: Marie, ma fille, montez plus haut. Au même instant il descendit du ciel une multitude innombrable d'anges, qui l'élevèrent de terre où elle se tenait prosternée le visage baigné de larmes, et ils la conduisirent en corps et en âme devant le trône de la très-haute Trinité, qui lui fut manifestée par une vision très-sublime. Toute abaissée dans la plus profonde humilité de son coeur, elle se sentit et se vit placée sur le trône de la Divinité à la droite de son Fils, à la grande joie de tous les saints et de tous les esprits bienheureux qui chantaient tous des cantiques de louange. On lui demanda ce qu'elle désirait, et elle répondit, rien autre chose que l'exaltation du saint nom de Dieu et l'assistance des fidèles dans les persécutions que préparait Lucifer. La très-sainte Trinité lui promit d'assister l'Eglise, et à l'égard de Lucifer le soin de le combattre et d'en triompher lui fut confié. Après avoir reçu la bénédiction divine elle fut rapportée par les anges dans son oratoire, là prosternée la face contre terre, elle s'abaissa au-dessous de la poussière avec une humilité incroyable et répandit beaucoup de larmes, elle rendit grâces au Très-Haut pour cette nouvelle faveur. Elle s'entretient ensuite avec ses anges du gouvernement de l'Eglise, et elle en. envoya aux apôtres et aux disciples et principalement à saint Paul, pour les prévenir des embûches infernales afin, qu'ils s'assurassent de la grâce et du triomphe contre l'enfer. Elle appela saint Pierre, saint Jean et tous les disciples qui étaient à Jérusalem, et les prévint de ce qui devait leur arriver, et elle leur confirma la nouvelle de la conversion de Paul.
Saint Jacques le majeur était dans ce temps là en Espagne, et il avait établi douze disciples à Grenade qui prêchaient le saint nom de Jésus; les juifs qui étaient là, excités par l'enfer, entrèrent en fureur, ils prirent leurs précautions pour les. arrêter tous, et les amenèrent enchaînés hors de la ville pour les massacrer. Là ils leur lièrent les pieds, et déjà ils avaient tiré leurs épées pour les tuer. Le saint apôtre ne cessait d'invoquer le nom tout-puissant de Jésus son maître et de Marie la divine mère; il s'écria à haute voix: Très-sainte Vierge, secourez-moi à cette heure, souvenez-vous de moi et de mes enfants, pure Marie venez à mon aide: O Marie, ô Marie toujours pure. Saint Jacques répéta plusieurs fois ces dernières paroles qui pénétrèrent le coeur tendre et aimant de la miséricordieuse Mère qui voyait et entendait tout en vision, elle leva les yeux au ciel, car elle voulait secourir son bien-aimé cousin saint Jacques, mais ne se réglant que par sa prudence héroïque elle ne voulait pas opérer en Reine. Elle se jeta le visage contre terre et demanda avec larmes le secours à son divin Fils, et aussitôt voilà les mille anges de sa garde qui lui apparaissant en forme humaine, lui font connaître l'ordre du Très-Haut, ils forment sans retard un trône d'une nuée éclatante, et la plaçant dessus, ils la transportent dans le lieu ou saint Jacques était sur le point d'être tué avec ses disciples. Elle se montra seulement à l'apôtre, et avec un visage joyeux et plein de tendresse, elle lui dit, Jacques mon fils, apôtre de mon Jésus, ayez bon courage, et soyez délivré de vos chaînes. Au même instant les juifs tombèrent à terre presque morts, et les démons qui les assistaient furent précipités dans l'enfer, saint Jacques avec ses disciples furent libres; après avoir reçu la précieuse bénédiction de la miséricordieuse et divine mère, ils purent aller ailleurs et fuir la persécution des juifs qui voulaient les faire mourir. La grande reine laissa à saint Jacques cent anges de sa garde, pour assister et guider le saint apôtre dans l'Espagne, pour le défendre et l'aider dans la propagation, de l'évangile.
La très-sainte Vierge veillait avec, une maternelle et ineffable sollicitude à la dilatation de l'Église, et elle priait avec ferveur le Très-Haut à cette fin; dans son ardente prière plusieurs fois elle fut ravie en Dieu et elle s'entendit dire avec bonté: Ma fille et mon épouse bien-aimée, votre amour fidèle au-dessus de celui de toutes les créatures nous fait trouver en vous la plénitude de nos complaisances, montez au trône de Dieu, afin que vous soyez absorbée par l'abîme de notre divinité, autant qu'il est possible à une pure créature; prenez de nouveau possession de notre gloire, nous remettons tous nos trésors dans vos mains; le ciel est à vous, ainsi que la terre et toutes choses, jouissez pendant votre vie mortelle des privilèges de bienheureuse au-dessus -de tous les saints; que les peuples et toutes les créatures vous servent, et entrez en partage de tous les biens de notre éternelle société, comprenez le grand dessein de notre providence, et prenez part à nos décrets; que votre volonté soit une avec la nôtre, et unique soit aussi le motif par lequel nous disposerons toutes choses pour notre Église.
Toutes ces faveurs ineffables étaient cachées à Lucifer, aussi le dragon rempli seulement de son orgueil ourdissait avec les siens dans ses nombreux conseils des trames funestes contre l'Église, et préparait une nouvelle guerre pour la détruire entièrement. La paix de l'Église était favorable pour la conversion des fidèles, et d'un autre côté la persécution était nécessaire pour augmenter leur mérite et leurs épreuves, aussi Dieu les alternait comme dans les siècles postérieurs, et ainsi toujours la divine providence les fait succéder l'une à l'autre, c'est pourquoi il permit à Lucifer de sortir de l'enfer. La fureur du dragon infernal était arrivée à son comble, il aurait voulu détruire le monde s'il l'avait pu, il amena avec lui au-dehors les deux tiers de ses maudits et cruels compagnons; ils firent rapidement le tour de la terre pour retrouver les apôtres et les disciples, et Lucifer resta près de Jérusalem. Les mauvais esprits à leur retour firent une exacte relation à leur malheureux chef, et il ordonna aux uns de se tenir, auprès des apôtres et des disciples pour les persécuter, et aux autres d'irriter les juifs et les magistrats des gentils contre les chrétiens, il en assigna un grand nombre à Hérode afin qu'il persécutât le nom chrétien. Lucifer tourmentait d'un autre côté les justes par des tentation secrètes, des suggestions, il inspirait la pusillanimité, faisait naître des illusions, et mille autres choses comme il fait encore de nos jours à l'égard des personnes spirituelles qui veulent sincèrement aimer Dieu.
Rien n'était caché à la divine mère, qui adorant la conduite de la divine providence, redoublait ses prières, ses larmes et ses soins pour tous les fidèles. Elle donnait des avis, et des conseils à ceux qui étaient avec elle ou peu éloignés, elle les exhortait, les pressait et les animait à souffrir et à mourir pour l'amour de Dieu. Et au milieu de toutes ces sollicitudes, la maîtresse des vertus conservait toujours à l'extérieur un visage serein et plein de majesté; jamais les peines de son coeur ne la firent apparaître avec un air attristé, ni son amabilité ordinaire n'en fut altérée. Elle alla se jeter aux pieds de saint Jean avec un visage joyeux et humble et après lui avoir demandé la bénédiction et baisé humblement la main, elle lui demanda la permission de parler, l'ayant obtenue, elle dit; mon maître et mon fils, le Très-haut m'a fait connaître les terribles persécutions qui menacent l'Église; le superbe dragon est sorti des cavernes infernales avec des légions innombrables de mauvais esprits enflammés de fureur, afin de détruire le corps mystique de l'Eglise; cette ville sera la première à être agitée, on ôtera la vie à quelques uns des apôtres, et les autres seront cruellement maltraités par les instigations de l'enfer, le Seigneur le permettant ainsi. Je voudrais comme leur mère les assister tous, mais c'est la volonté de Dieu que je sorte de Jérusalem, si vous y consentez, vous que je regarde comme mon maître et mon supérieur. Ils résolurent alors d'aller à Ephèse situé aux confins de l'Asie-Mineure, et après avoir disposé tout ce qui était nécessaire à Jérusalem, elle se recommanda au Seigneur et le supplia de défendre les apôtres et ses serviteurs, et d'humilier l'orgueil de Lucifer et la méchanceté de l'enfer. Le Seigneur lui répondit, qu'il regarderait l'Eglise avec une grande miséricorde, qu'il remplirait de bénédiction et de grâce ceux qui invoqueraient le nom tout-puissant de Marie, et qu'il laissait tous ses trésors dans ses mains. Elle reçut l'ordre d'aller de nouveau consoler saint Jacques en Espagne et de lui dire de revenir à Jérusalem, et cela avant de partir pour Éphèse. Aussitôt ses anges gardiens avec d'autres qui étaient descendus du ciel, formèrent comme un char de gloire avec une nuée éclatante, ils y placèrent la grande reine, et ils se dirigèrent vers Sarragosse dans la province d'Aragon, en chantant tantôt l'ave Maria, tantôt le salve régina, et des psaumes auxquels la grande et bonne reine répondait, en disant, saint, saint, saint est le Dieu de gloire, qu'il ait pitié des enfants d'Ève. Le bienheureux apôtre était auprès des murs de la ville occupé à la prière, parmi les disciples les uns dormaient, et d'autres priaient lorsque la musique des anges se faisant entendre de loin ils furent tous remplis d'une joie céleste. Le trône royal de la reine des anges environné d'un globe de lumière se reposa à la vue du Saint apôtre sur une colonne de jaspe préparée par les anges. La divine mère se rendit visible au bienheureux apôtre, qui prosterné le visage contre terre la vénéra comme la mère du créateur de toutes choses. Elle lui donna avec bonté la bénédiction au nom de son très-saint fils, en lui disant; Jacques, serviteur du Très-Haut, soyez béni par sa main tout-puissante. Tous les anges répondirent, amen. Mon fils Jacques, ce lieu sera une terre bénie, vous y élèverez un temple en mon nom, ce sera une maison de prière et une source de grâces, vous reviendrez ensuite à Jérusalem et vous offrirez votre vie en sacrifice au Seigneur; Les anges dressèrent une colonne sur laquelle ils placèrent une sainte et très-belle image de la grande reine. Saint Jacques avec les anges la vénérèrent et en firent la fête, ils chantèrent des cantiques de louanges et rendirent grâces à la divine mère de ces grandes faveurs; après lui avoir donné de nouveau la bénédiction, elle revint à Jérusalem. L'apôtre avec le secours du ciel érigea en ce lieu une sainte chapelle. ( Tous ces faits et ceux qui suivent, sont regardés comme incontestables, par la science historique et la tradition de l'église d'Espagne. Si on osait les révoquer en doute, on donnerait une preuve de légèreté et d'ignorance, qui ferait peu d'honneur, auprès des docteurs espagnols, si remplis de science et si habiles critiques Tout le monde sait, que l'église d'Espagne s'honore d'avoir reçu la fol chrétienne de l'apôtre Saint Jacques, qu'elle tient que la Sainte Vierge est apparue au Saint , près des murs de la ville de Sarragosse, sur la colonne; qu'elle croit posséder le corps du bienheureux apôtre, quoique mort à Jérusalem, en Galice, dans la chapelle du célèbre pèlerinage de ce nom. Qui oserait nier ces faits, pourtant ils sont assez merveilleux.
Nous profitons de cette occasion, pour dire ici, comme nous l'avons fait dans la préface, que les faits les plus extraordinaires de cette vie divine , sont dignes de croyance, non-seulement à cause de la suprême autorité de l'Église romaine qui a approuvé l'ouvrage, mais aussi, parce que ce qui est raconté est conforme à l'enseignement des saints docteurs et aux tradition les plus vénérées de l'Église. Dans une prochaine édition, nous donnerons quelques notes, avec des renvois aux auteurs les plus autorisés, pour confirmer les faits les plus merveilleux, et certains points de doctrines. Des savants franciscains et bénédictins ont écrit des volumes dans ce but, nous n'aurons qu'à en donner des extraits pour l'édification des lecteurs peu instruits, et peu habitués aux merveilles de la grâce, ou q'ai craindraient trop d'ajouter foi, à ce qu'ils trouveraient dans ce livre. - (Note du traducteur.)
La sainte Vierge ayant été rapportée dans son oratoire de Jérusalem rendit grâces au Très-Haut des faveurs accordées à l'Église, et pendant quatre jours elle lui demanda de lui continuer son assistance; en méfie temps saint Jean préparait tout ce qui était nécessaire au voyage. Le quatrième jour, qui était le cinq janvier de la quarantième année de notre rédemption, la grande reine prit congé du pieux maître de la maison du cénacle et de tous les autres qui l'habitaient, à leur grande douleur. Elle demanda la permission à saint Jean de vénérer les saints lieux consacrés par le sang de son divin fils, et elle chargea ses anges de les garder. A son retour, elle se mit à genoux aux pieds de l'apôtre saint Jean pour lui demander la bénédiction, elle remercia les fidèles qui lui offraient de l'argent, des objets de prix, et des moyens commodes d'aller jusqu'à la mer, et se servant d'un pauvre ânon, la grande maîtresse de l'humilité commença son pèlerinage accompagnée de son disciple saint Jean. Pour la consolation de la grande reine dans ce voyage toué ses anges gardiens se rendirent visibles à ses yeux sous une forme humaine, et la plaçant au milieu d'eux comme leur reine, ils lui chantèrent des cantiques de louange pour la réjouir et la soulager.
Arrivés au port, ils trouvèrent aussitôt le navire qui partait pour Éphèse et ils. s'embarquèrent, ce fut la première fois que l'Étoile de la mer navigua: aussitôt elle se mit à considérer la mer, elle en reconnu-t la profondeur et la largeur, la disposition intérieure, les sables, les rochers, et tous les trésors, le flux et le reflux et la variété des poissons; de la grandeur de cet élément, elle s'éleva à la contemplation de l'immensité de Dieu; elle recommanda au Seigneur tous ceux qui devaient naviguer, et le Seigneur lui donna sa divine parole qu'il viendrait promptement au secours de tous ceux qui dans les tempêtes invoqueraient la sainte Vierge étoile de la mer. Elle considéra ensuite la variété des poissons, et elle leur commanda de reconnaître leur créateur; ce fut une chose admirable de voir que toutes les espèces de poissons apparurent dans cette mer à la vue de la grande reine, témoignant par leurs mouvements leur obéissance à la grande souveraine, et louant ainsi le Très-Haut. Après avoir reçu sa bénédiction ils partirent, saint Jean versait des larmes de tendresse à ce spectacle, et les matelots en étaient dans l'admiration, mais sans en connaître la cause. Ils arrivèrent heureusement au port d'Éphèse par une mer tranquille; descendus à terre la grande reine commença à opérer des merveilles et des miracles étonnants. Elle rendit premièrement grâces à Dieu des bienfaits reçus, ensuite elle commença à guérir des infirmes, et les énergumènes qui étaient délivrés à sa seule vue. Un grand nombre de fidèles qui s'étaient enfuis de Jérusalem et de la Palestine, pour éviter la persécution vinrent à sa rencontre, et lui offrirent leurs services et leur maison; mais la reine des vertus les remercia tous, et elle alla habiter avec quelques femmes honnêtes qui vivaient dans la retraite; il n'y avait point d'homme avec elles, et on leur donna deux chambres, une pour elle, l'autre pour saint Jean. Lorsqu'elle y fut retirée, elle se prosterna aussitôt le visage à terre selon sa sainte coutume, rendit grâces au Seigneur, et s'offrit en sacrifice pour le bien de cette ville. Elle appela ensuite ses anges gardiens, et elle ordonna à quelques uns d'aller avertir les apôtres qu'elle demeurait à Éphèse, et qu'elle viendrait à leur secours, comme aussi aux disciples qui étaient affligés de la persécution. Ce fut en ce temps que saint Paul fuyant de Damas à cause de la persécution des juifs, fut aidé et secouru par les anges envoyés par la mère de la piété, il vint à Jérusalem et étant en prière dans le temple, le Seigneur lui ordonna de sortir de la ville pour échapper à la persécution des juifs.
Saint Jacques partit de l'Espagne accompagné des cent anges, il s'embarqua pour l'Italie, et de là pour l'Asie, prêchant toujours l'évangile de Jésus-Christ, il parvint enfin heureusement à Ephèse et auprès de la sainte Vierge; il se jeta à ses pieds et versant des larmes de bonheur et de joie, il la remercia humblement avec une profonde affection des inestimables faveurs qu'il en avait reçues. La divine mère comme maîtresse des vertus le releva aussitôt de terre, en l'avertissant qu'il était prêtre, mais qu'elle n'était qu'une servante inutile, et se mettant à genoux, elle lui demanda la bénédiction. L'apôtre saint Jacques resta quelques jours avec la sainte Vierge et son frère saint Jean, et leur raconta tout ce qu'il avait fait en Espagne. Au moment de son départ la grande Reine lui dit: Jacques mon fils, ce sont les derniers jours de votre vie, je désire vous faire pénétrer dans l'intime de la charité de Dieu pour laquelle vous avez été créé et racheté, et à laquelle vous avez été appelé, et tandis que nous vivons, je brûle du désir de vous faire connaître cet amour, et je m'offre de faire avec la divine grâce, tout ce que comme véritable mère je pourrai opérer pour vous. Je vous remercie, ô grande Reine et mère de mon rédempteur, répondit saint Jacques fondant en larmes, je vous demande avec ardeur votre maternelle bénédiction, pour aller donner la vie pour celui qui le premier l'a sacrifiée pour moi. Je vous supplie, miséricordieuse mère de ne pas m'abandonner au moment de mon martyre. La grande Reine tout attendrie répondit; j'offrirai au Très-Haut vos prières et vos désirs; et l'apôtre fut consolé et fortifié par d'autres paroles de vie éternelle; brûlant du désir de martyre il reçut la bénédiction, et ayant pris congé en pleurant de son cher frère Jean, il partit de Jérusalem.
Vie divine de la très-sainte Vierge Marie - LA TRÈS SAINTE VIERGE CONNAIT QUE LUCIFER SE PRÉPARAIT A PERSÉCUTER L'ÉGLISE, CE QU'ELLE FAIT POUR DÉFENDRE LES FIDÈLES.