1965 Ad Gentes 12
12 La présence des chrétiens dans les groupements humains doit être animée de cette charité dont nous a aimés Dieu, qui veut que nous aussi nous nous aimions mutuellement de la même charité 1Jn 4,11. La charité chrétienne s'étend véritablement à tous les hommes, sans aucune distinction de race, de condition sociale ou de religion ; elle n'attend aucun profit ni aucune reconnaissance. Dieu nous a aimés d'un amour gratuit ; de même, que les fidèles soient préoccupés dans leur charité de l'homme lui-même, en l'aimant du même mouvement dont Dieu nous a cherchés. Le Christ parcourait toutes les villes et les bourgades en guérissant toutes les maladies et infirmités, en signe de l'avènement du Règne de Dieu Mt 9,35 Ac 10,38 ; de même l'Eglise est par ses fils en liaison avec les hommes de quelque condition qu'ils soient ; elle l'est surtout avec les pauvres et ceux qui souffrent et de tout son coeur elle se sacrifie pour eux 2Co 12,15. Elle participe à leurs joies et à leurs souffrances, elle connaît les aspirations et les problèmes de leur vie, elle souffre avec eux dans les angoisses de la mort. A ceux qui cherchent la paix, elle désire répondre dans un dialogue fraternel, en leur apportant la paix et la lumière qui viennent de l'Evangile.
Les chrétiens doivent donc travailler, ils doivent collaborer avec tous les autres à organiser de manière droite les affaires économiques et sociales, ils doivent se dévouer avec un soin spécial à l'éducation des enfants et des jeunes au moyen des écoles de toute sorte, qu'il faut considérer non seulement comme un moyen privilégié pour former et élever une jeunesse chrétienne, mais en même temps comme un service de très haute valeur pour les hommes, surtout pour les nations qui montent, pour élever la dignité humaine et préparer des conditions plus humaines. Ils doivent en outre prendre une part dans les efforts de ces peuples qui, en faisant la guerre à la faim, à l'ignorance et aux maladies, s'appliquent à améliorer les conditions de la vie et à affermir la paix dans le monde. Dans cette activité, les fidèles doivent souhaiter ardemment apporter de façon prudente leur dévouement aux initiatives proposées par les institutions privées et publiques, par les gouvernements, par les organismes internationaux, par les diverses communautés chrétiennes et par les religions non chrétiennes.
Mais l'Eglise ne veut en aucune manière s'ingérer dans le gouvernement de la cité terrestre. Elle ne revendique pour elle-même d'autre titre que celui d'être au service des hommes, Dieu aidant, par sa charité et son service fidèle Mt 20,26 Mt 23,11. (1)
(1) cf. Paul VI, alloc.du 21/11/64 in concilio habita :AAS 56 (1964),p.1013.
Dans leur vie et leur activité, les disciples du Christ, intimement unis aux hommes, espèrent leur présenter le vrai témoignage du Christ et travailler en vue de leur salut, même là où ils ne peuvent annoncer pleinement le Christ. Car ils ne recherchent pas le progrès et la prospérité purement matériels des hommes ; mais ils entendent promouvoir leur dignité et leur union fraternelle, en enseignant les vérités religieuses et morales que le Christ a éclairées de sa lumière ; et ainsi, ils ouvrent pas à pas un chemin plus parfait vers Dieu. C'est ainsi que les hommes sont aidés dans l'obtention de leur salut au moyen de la charité envers Dieu et le prochain ; c'est ainsi que commence à luire le mystère du Christ, en qui est apparu le nouvel homme, créé selon Dieu Ep 4,24, en qui la charité de Dieu se révèle.
13 Partout où Dieu ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ Col 4,3, on doit annoncer avec assurance et persévérance Ac 4,13 Ac 4,29 Ac 4,31 Ac 9,27 Ac 9,28 Ac 13,46 Ac 14,3 Ac 19,8 Ac 26,26 Ac 28,31 1Th 2,2 2Co 3,12 2Co 7,4 Ph 1,20 Ep 3,12 Ep 6,19-20 le Dieu vivant, et celui qu'il a envoyé pour le salut de tous, Jésus Christ 1Th 1,9-10 1Co 1,18-21 Ga 1,31 Ac 14,15-17 Ac 17,22-31, pour que les non-chrétiens, le St Esprit ouvrant leur coeur Ac 16,14, croient et se convertissent librement au Seigneur et s'attachent loyalement à lui qui, étant "la voie, la vérité et la vie" Jn 14,6, comme toutes leurs attentes spirituelles, bien plus, les dépasse de façon infinie.
Bien sûr, cette conversion est à comprendre comme une conversion initiale ; elle est suffisante cependant pour que l'homme se rende compte que, détourné du péché, il est introduit dans le mystère de l'amour de Dieu, qui l'appelle à nouer des rapports personnels avec lui dans le Christ. En effet, sous l'action de la grâce de Dieu, le nouveau converti entreprend un itinéraire spirituel par lequel, communiant déjà par la foi au mystère de la mort et de la résurrection, il passe du vieil homme au nouvel homme qui a sa perfection dans le Christ Col 3,5-10 Ep 4,20-24. Ce passage, qui entraîne avec soi un changement progressif de la mentalité et des moeurs, doit devenir manifeste avec ses conséquences sociales et de développer peu à peu pendant le temps du catéchuménat. Comme le Seigneur en qui on croit est un signe de contradiction Lc 2,34 Mt 10,34-39, il n'est pas rare que le converti fasse l'expérience de ruptures et de séparations, mais aussi connaisse les joies que Dieu donne sans les mesurer 1Th 1,6.
L'Eglise interdit sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi, ou de l'y amener ou attirer par des pratiques indiscrètes, tout comme elle revendique avec force le droit pour qui que ce soit de n'être pas détourné de la foi par des vexations injustes (2)
(2) DH 2 DH 4 DH 10. Const. past. de Ecclesia in mundo huius temporis.
Selon la très antique coutume de l'Eglise, on doit examiner avec soin les motifs de la conversion et, s'il est nécessaire, les purifier.
14 Ceux qui ont reçu de Dieu par l'intermédiaire de l'Eglise la foi au Christ (3), doivent être admis au catéchuménat par des cérémonies liturgiques. Le catéchuménat n'est point un simple exposé des dogmes et des préceptes, mais une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage par lesquels les disciples sont unis au Christ leur Maître. Les catéchumènes doivent donc être initiés comme il faut au mystère du salut et à la pratique des moeurs évangéliques, et introduits, par des rites sacrés à célébrer à des époques successives (4), dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du peuple de Dieu.
(3) LG 17.
(4) SC 64-65.
Ensuite, délivrés de la puissance des ténèbres Col 1,13(5), par les sacrements de l'initiation chrétienne, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui Rm 6,4-11 Col 2,12-13 1P 3,21-22 Mc 16,16,ils reçoivent l'Esprit d'adoption des enfants 1Th 3,5-7 Ac 8,14-17 et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur.
(5) sur la libération de l'esclavage du démon et des ténèbres dans l'Evangile Mt 12,28 Jn 8,44 Jn 12,31 Jn 3,8 Ep 2,1-2. liturgie du baptême, cf. Rituel Romain.
Il faut souhaiter que la liturgie du temps du Carême et du temps de Pâques soit réformée de telle manière qu'elle préparer les coeurs des catéchumènes à la célébration du mystère pascal, pendant les solennités duquel ils sont régénérés par le baptême dans le Christ.
Cette initiation chrétienne au cours du catéchuménat doit être l'oeuvre non pas des seuls catéchistes ou des seuls prêtres, mais celle de toute la communauté des fidèles, spécialement celle des parrains, en sorte que dès le début les catéchumènes sentent qu'ils appartiennent au peuple de Dieu. La vie de l'Eglise étant apostolique, les catéchumènes doivent de même apprendre à coopérer activement par le témoignage de leur vie et la profession de leur foi à l'évangélisation et à la construction de l'Eglise.
Enfin le statut juridique des catéchumènes doit être fixé clairement dans le nouveau Code ; ils sont déjà unis à l'Eglise (6), ils sont déjà de la maison du Christ (7), et il n'est pas rare qu'ils mènent une vie de foi, d'espérance et de charité.
(6) LG 14.
(7) cf. St Augustin, Tract. in Jn 11,4 : PL 35, 1476.
15 Quand l'Esprit-Saint, qui appelle tous les hommes au Christ par les semences du Verbe et la prédication de l'Evangile, et produit dans les coeurs la soumission de la foi, engendre à une nouvelle vie dans le sein de la fontaine baptismale ceux qui croient au Christ, il les rassemble en un seul peuple de Dieu qui est "race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis" 1P 2,9 (8).
(8) LG 9.
Les missionnaires donc, collaborateurs de Dieu 1Co 3,9, doivent faire naître des assemblées de fidèles qui, menant une vie digne de l'appel qu'elles ont reçu Ep 4,1, soient telles qu'elles puissent exercer les fonctions à elles confiées par Dieu: sacerdotale, prophétique, royale. C'est de cette manière qu'une communauté chrétienne devient signe de la présence de Dieu dans le monde : par le sacrifice eucharistique, en effet, elle passe au Père avec le Christ(9) ; nourrie (10) avec soin de la parole de Dieu, elle présente le témoignage du Christ (11) ; elle marche enfin dans la charité et est enflammée d'esprit apostolique (12).
(9) LG 10 LG 11 LG 34.
(10) DV 21.
(11) LG 12 LG 35.
(12) LG 23 LG 26.
Une communauté chrétienne doit dès le début être constituée de telle manière qu'elle puisse, dans la mesure du possible, pourvoir elle-même à ses besoins.
Ce rassemblement des fidèles, doté des richesses culturelles de sa propre nation, doit être profondément enraciné dans le peuple : les familles doivent s'y épanouir, pénétrées de l'esprit évangélique(13) et y être aidées par des écoles valables ; on doit y organiser des associations et des groupements au moyen desquels l'apostolat des laïcs pourra pénétrer de l'esprit évangélique toute la société. La charité enfin doit y briller dans son éclat entre les catholiques de rites différents (14).
(13) LG 11 LG 35 LG 41.
(14) OE 20.
L'esprit oecuménique doit aussi être nourri parmi les néophytes, qui doivent penser avec exactitude que des frères qui croient au Christ sont des disciples du Christ, régénérés par le baptême, des participants de nombreux biens du peuple de Dieu. Autant que le permettent les situations religieuses, une action oecuménique doit être menée de telle sorte que, étant bannie toute apparence d'indifférentisme, de confusionnisme et d'odieuse et d'odieuse rivalité, les catholiques collaborent avec les frères séparés, selon les dispositions du décret sur l'oecuménisme, par une commune profession de foi en Dieu et en Jésus Christ devant les nations, dans la mesure du possible, et par une coopération dans les questions sociales et techniques, culturelles et religieuses ; qu'ils collaborent surtout à la cause du Christ leur Maître commun : que son Nom les unisse ! Cette collaboration doit être établie non seulement entre les personnes privées, mais aussi, au jugement de l'ordinaire du lieu, entre les églises ou communautés ecclésiales, et entre leurs oeuvres.
Les chrétiens, venus de tous les peuples et rassemblés dans l'Eglise "ne se distinguent pas des autres hommes ni par le pays, ni par la langue, ni par la façon de se comporter dans la cité (15)" ; aussi doivent-ils vivre pour Dieu et le Christ selon les usages et le comportement de leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens l'amour de la patrie, pour éviter cependant de manière absolue le mépris à l'égard des races étrangères, le nationalisme exacerbé, et promouvoir l'amour universel des hommes.
(15) cf. Epist.ad Diognetum, 5: PG 2, 1173. LG 38
Dans l'obtention de ces résultats, ont une très grande importance et son dignes d'un intérêt particulier les laïces, autrement dit ces chrétiens qui, incorporés au Christ par le baptême, vivent dans le monde. C'est leur rôle propre, quand ils sont pénétrés de l'Esprit du Christ, d'animer de l'intérieur, à la façon d'un ferment, les réalités temporelles, et de les disposer pour qu'elles soient toujours selon le Christ (16).
(16) LG 32 AA 32
Il ne suffit point cependant que le peuple chrétien soit présent et établi dans un pays ; il ne suffit point non plus qu'il exerce l'apostolat de l'exemple ; il est établi, il est présent dans ce but : annoncer le Christ aux concitoyens non chrétiens par la parole et par l'action, et les aider à recevoir pleinement le Christ.
En outre, pour l'implantation de l'Eglise et le développement de la communauté chrétienne, sont nécessaires des ministères divers, qui, suscités par l'appel divin du sein même de l'assemblée des fidèles, doivent être encouragés et respectés par tous avec un soin empressé : parmi eux, il y a les fonctions des prêtres, des diacres et des catéchistes, et l'action catholique. De même les religieux et les religieuses remplissent, soit par leur prière, soit par leur dévouement actif, une tâche indispensable pour enraciner dans les coeurs le règne du Christ, l'y fortifier et l'étendre plus au loin.
16 Avec une immense joie, l'Eglise rend grâces pour le don inappréciable de la vocation sacerdotale que Dieu a accordé à un si grand nombre de jeunes parmi les peuples récemment convertis au Christ. L'Eglise, en effet, enfonce des racines plus vigoureuses en chaque groupe humain, quand les diverses communautés de fidèles possèdent, tirés de leurs membres, leurs propres ministres du salut dans l'Ordre des évêques, des prêtres et des diacres, qui sont au service de leurs frères, en sorte que les jeunes églises acquièrent peu à peu une structure diocésaine avec leur clergé propre.
Ce qui a été décidé par le Concile à propos de la vocation et de la formation sacerdotales, doit être observé religieusement dès que l'Eglise commence à s'implanter, et aussi dans les jeunes églises. Il faut faire très rand cas de ce qui est dit de la formation spirituelle à joindre étroitement à la formation doctrinale et pastorale, de la vie à mener selon le type de l'Evangile sans considération de l'avantage personnel ou de l'intérêt familial, du sens intime du mystère de l'Eglise à développer. Ils apprendront ainsi de façon merveilleuses à se consacrer tout entiers au service du Corps du Christ et à l'oeuvre de l'Evangile, à s'attacher à leur propre évêque comme de fidèles collaborateurs, et à apporter un concours loyal à leurs confrères (17).
(17) PO 4 PO 8 PO 9.
Pour arriver à cette fin générale, toute la formation des élèves doit être organisée à la lumière du mystère du salut comme il est exposé dans les Ecritures ; qu'ils découvrent et vivent ce mystère du Christ et du salut des hommes présent dans la liturgie (18).
(18) SC 17.
Ces exigences communes de la formation sacerdotale, même pastorale et pratique, selon les dispositions du Concile (19), doivent se combiner avec le zèle à aller au-devant du mode particulier de penser et d'agir de sa propre nation. Les esprits des élèves doivent donc être ouverts et rendus pénétrants pour bien connaître et pouvoir juger la culture de leur pays ; dans les disciplines philosophiques et théologiques, ils doivent saisir les raisons qui créent un désaccord entre les traditions et la religion nationales, et la religion chrétienne (20). De même, la formation sacerdotale doit viser les nécessités pastorales de la région ; les élèves doivent apprendre l'histoire, le but et la méthode de l'action missionnaire de l'Eglise, et les conditions particulières sociales, économiques, culturelles de leur propre peuple. Ils doivent être éduqués dans un esprit d'oecuménisme et préparés comme il convient au dialogue fraternel avec les non-chrétiens (21). Tout cela demande que les études conduisant au sacerdoce soient menées, autant que faire se peut en liaison continuelle avec le pays particulier de chacun et dans le même cadre de vie(22). Qu'on veille enfin à donner une formation à l'administration ecclésiastique ordonnée, et même une formation économique.
(19) PO 1.
(20) cf. Jean XXIII, encycl. Princeps Pastorum: AAS 51 (1959), pp.843-844.
(21) UR 4.
(22) Cf. Jean XXIII, encycl. Princeps Pastorum: AAS 51 (1959), p. 842.
On devra aussi choisir des prêtres capables qui, après une certaine pratique pastorale, pourront mener à bon terme des études supérieures dans des universités même étrangères, surtout à Rome, et dans d'autres instituts scientifiques, en sorte que les jeunes églises aient à leur disposition des prêtres venant du clergé local, dotés d'une science et d'une expérience convenables, pour remplir les fonctions ecclésiastiques plus ardues.
Là où les Conférences épiscopales le jugeront opportun, l'ordre du diaconat devra être rétabli comme état de vie permanent, selon les dispositions de la Constitution sur l'Eglise (23). Il est utile en effet que les hommes qui accomplissent un ministère vraiment diaconal, ou en prêchant la parole de Dieu, ou en gouvernant au nom du curé et de l'évêque les communautés chrétiennes éloignées, ou en exerçant la charité dans les oeuvres sociales ou caritatives, soient fortifiés par l'imposition des mains transmise depuis les apôtres et plus étroitement unis à l'autel, pour qu'ils s'acquittent de leur ministère plus efficacement, au moyen de la grâce sacramentelle du diaconat.
(23) LG 29.
17 De même elle est digne d'éloge cette armée, qui a si magnifiquement mérité de l'oeuvre des missions auprès des païens, l'armée des catéchistes hommes et femmes qui, pénétrés de l'esprit apostolique, apportent par leurs labeurs considérables une aide singulière et absolument nécessaire à l'expansion de la foi et de l'Eglise.
De nos jours, du fait du petit nombre des clercs pour évangéliser de si grandes multitudes et accomplir le ministère pastoral, l'office des catéchistes a une très grande importance. Leur formation doit donc être tellement menée à bien et accommodée au progrès culturel qu'ils puissent remplir le plus parfaitement possible leur fonction en collaborateurs efficaces de l'ordre sacerdotal, - leur fonction qui se complique de charges nouvelles et plus amples.
Il faut donc multiplier les écoles diocésaines et régionales dans lesquelles les futurs catéchistes cultiveront avec soin la doctrine catholique, surtout en matière biblique et liturgique, et aussi la méthode catéchétique et la pratique pastorale, se formeront aux moeurs des chrétiens (24), s'appliquant sans arrêt à cultiver la piété et la sainteté de leur vie. De plus on devra établir des sessions ou des cours qui permettront aux catéchistes de se renouveler à périodes fixes dans les disciplines et les arts utiles à leur ministère, de nourrir et de fortifier leur vie spirituelle. En outre, à ceux qui se dévouent entièrement à cette besogne, on devra procurer par une juste rémunération un état de vie décent et la sécurité sociale (25).
(24) cf. Jean XXIII, ency. Princeps Pastorum : AAS 51 (1959), p. 855.
(25) il s'agit de ce qu'on appelle "catéchistes à plein temps".
On souhaite qu'il soit pourvu d'une manière convenable à la formation et à l'entretien des catéchistes par des subsides spéciaux du S. Dicastère de la Propagande. Si cela apparaît nécessaire et indiqué, on fondera une oeuvre pour les catéchistes.
De plus, les églises apprécieront avec reconnaissance le labeur généreux des catéchistes auxiliaires, dont l'aide leur sera indispensable. Ils président les prières dans leurs communautés et enseignent la doctrine. Il faut donc se préoccuper comme il convient de leur formation doctrinale et spirituelle. En outre, il est désirable que, là où cela paraîtra opportun, la mission canonique soit confiée publiquement au cours d'une action liturgique aux catéchistes qui auront reçu une formation suffisante, afin qu'ils soient au service de la foi auprès du peuple avec une plus grande autorité.
18 Dès la période de l'implantation de l'Eglise, on doit prendre soin d'introduire la vie religieuse : non seulement elle apporte une aide précieuse et absolument nécessaire à l'activité missionnaire, mais par la consécration plus intime faite à Dieu dans l'Eglise, elle manifeste aussi avec éclat et fait comprendre la nature intime de la vocation chrétienne (26).
(26) LG 31 LG 44.
Les instituts religieux qui travaillent à la plantation de l'Eglise, profondément imprégnés des richesses mystiques qui sont la gloire de la tradition religieuse de l'Eglise, doivent s'efforcer de les exprimer et de les transmettre selon le génie et le caractère de chaque nation. Ils doivent examiner comment les traditions ascétiques et contemplatives, dont les germes ont été quelquefois répandus par Dieu dans les civilisations antiques avant la prédication de l'Evangile, peuvent être assumées dans la vie religieuse chrétienne.
Dans les jeunes églises, les diverses formes religieuses doivent être cultivées avec soin, afin de montrer les divers aspects de la mission du Christ et de la vie de l'Eglise, d'apporter un dévouement aux diverses oeuvres pastorales et de préparer comme il le faut leurs membres à les accomplir. Cependant, que les évêques veillent dans les conférences à ce que des congrégations poursuivant la même fin apostolique ne se multiplient pas au détriment de la vie religieuse et de l'apostolat.
Sont dignes d'une mention spéciale les diverses initiatives en vue de l'enracinement de la vie contemplative : certains instituts, gardant les éléments essentiels de l'institution monastique, travaillent à implanter la très riche tradition de leur ordre ; d'autres reviennent aux formes plus simples du monachisme antique ; tous cependant doivent chercher une authentique adaptation aux conditions locales. La vie contemplative relevant du développement complet de la présence de l'Eglise, il faut qu'elle soit instaurée partout dans les jeunes églises.
19 Quand l'assemblée des fidèles est déjà enracinée dans la vie sociale et modelée jusqu'à un certain point sur la culture locale, qu'elle jouit d'une certaine stabilité et fermeté, l'oeuvre de la plantation de l'Eglise dans ce groupe humain déterminé atteint dans une certaine mesure son terme ; ayant ses ressources propres, fussent-elles insuffisantes, en clergé local, en religieux et en laïcs, elle est enrichie de ces ministères et institutions qui sont nécessaires pour mener et développer la vie du peuple de Dieu sous la conduite de l'évêque.
Dans ces jeunes églises, la vie du peuple de Dieu doit acquérir sa maturité dans tous les domaines de la vie chrétienne, qui doit être renouvelée selon les dispositions de ce Concile; les assemblées de fidèles deviennent de jour en jour plus consciemment des communautés de foi, de liturgie et de charité ; par leur activité civile et apostolique les laïcs travaillent à instaurer dans la cité un ordre de charité et de justice ; les moyens de communication sociale sont employés de manière opportune et prudente grâce à une vie vraiment chrétienne, les familles deviennent des séminaires d'apostolat des laïcs et de vocations sacerdotales et religieuses. La foi enfin est enseignée au moyen d'une catéchèse adaptée, elle est célébrée dans une liturgie conforme au génie du peuple, et, par une législation canonique convenable, elle passe dans les institutions honorables et dans les coutumes locales.
Les évêques, chacun avec leur presbyterium, de plus en plus pénétrés du sens du Christ et de l'Eglise, doivent sentir et vivre avec l'Eglise universelle. Intime doit demeurer la communion des jeunes églises avec l'Eglise tout entière ; elles doivent en joindre les éléments traditionnels à leur culture propre, pour accroître la vie du Corps mystique par des échanges mutuels (1). On doit donc cultiver les éléments théologiques, psychologiques et humains qui peuvent contribuer à favoriser ce sens de la communion avec l'Eglise universelle.
(1) cf. Jean XXIII, encyc. Princeps Pastor. AAS 51 (1959), p. 838.
Ces églises, situées très souvent dans des contrées plus pauvres du globe, souffrent encore d'une insuffisance, d'ordinaire très grave, de prêtres, et d'un manque de subsides matériels. Aussi ont-elles un très grand besoin que l'action missionnaire continuée de l'Eglise tout entière leur procure les secours qui servent tout d'abord au développement de l'église locale et à la maturité de la vie chrétienne. Cette action missionnaire doit aussi apporter son aide à ces églises, fondées de longue datez, qui se trouvent dans un état de régression et de faiblesse.
Cependant ces églises doivent renouveler leur zèle pastoral commun et les oeuvres adaptées au moyen desquels les vocations pour le clergé diocésain et les instituts religieux s'accroissent en nombre, sont discernées avec plus de sûreté et cultivées avec un soin plus efficace (2), en sorte que peu à peu ces églises puissent pourvoir à leurs propres besoins et apporter de l'aide aux autres.
(2) PO 11 OT 2.
20 L'Eglise particulière étant tenue de représenter le plus parfaitement possible l'Eglise universelle, elle doit savoir nettement qu'elle a été envoyée aussi à ceux, qui ne croyant pas au Christ, demeurent avec elle sur le même territoire, afin d'être, par le témoignage de la vie de chacun des fidèles et de toute la communauté, un signe qui leur montre le Christ.
De plus, le ministère de la parole est indispensable pour que l'Evangile parvienne à tous. Il faut donc qu'avant tout l'évêque soit un prédicateur de la foi, qui amène au Christ de nouveaux disciples (3). Pour s'acquitter comme il faut de cette noble tâche, il doit connaître à fond la situation de son troupeau, les opinions intimes sur Dieu de ses concitoyens, en tenant soigneusement compte des changements introduits par l'urbanisation, les migrations et l'indifférentisme religieux.
(3) LG 25.
Dans les jeunes églises, les prêtres locaux doivent entreprendre avec ardeur l'oeuvre de l'évangélisation, organisant une action commune avec les missionnaires étrangers avec lesquels ils forment un seul presbyterium parfaitement uni sous l'autorité de l'évêque, non seulement pour paître les fidèles et célébrer le culte divin, mais aussi pour prêcher l'évangile à ceux qui sont dehors. Ils doivent se montrer prêts, et à l'occasion s'offrir d'un coeur ardent à l'évêque pour entreprendre le travail missionnaire dans les régions éloignées et délaissées de leur propre diocèse ou en d'autres diocèses.
Du même zèle doivent brûler les religieux et les religieuses, et de même les laïcs à l'égard de leurs concitoyens, de ceux surtout qui sont plus pauvres.
Les conférences épiscopales doivent veiller à ce que, à des époques fixes, soient organisés des cours de renouvellement biblique, théologique, spirituel et pastoral dans l'intention suivante : que parmi les bouleversements et les changements, le clergé acquière une connaissance plus pleine de la science théologique et des méthodes pastorales.
Au reste, que soit observé religieusement ce que le Concile a décidé spécialement dans le décret sur le ministère et la vie des prêtres.
Pour que cette oeuvre missionnaire d'une église particulière puisse être menée à bien, il faut avoir des ministres capables, qu'on préparera à temps de la manière qui convient à la situation de chaque église. Les hommes se réunissant de plus en plus en groupes, il convient tout à fait que les conférences épiscopales aient des échanges sur le dialogue à instituer avec ces groupes. Si en certaines régions il se rencontre des groupes d'hommes qui sont détournés d'embrasser la foi catholique, du fait qu'ils ne peuvent s'adapter à la forme particulière que l'Eglise y a revêtue, il est désirable qu'on pourvoie de façon spéciale (4) à une telle situation, jusqu'à ce que tous les chrétiens puissent être rassemblés en une seule communauté. Les évêques doivent appeler dans leur diocèse ou recevoir volontiers les missionnaires dont le Siège apostolique pourrait disposer dans ce but, et favoriser efficacement leurs initiatives.
(4) PO 10 où, en vue de faciliter la pastorale pour divers groupes sociaux
Pour que ce zèle missionnaire commence à fleurir chez les frères de la même patrie, il convient tout à fait que les jeunes églises participent effectivement à la mission universelle de l'Eglise en envoyant elles aussi des missionnaires qui pourront annoncer l'Evangile par toute la terre, bien qu'elles souffrent d'une pénurie de clergé. La communion avec l'Eglise universelle sera d'une certaine manière consommée lorsque, elles aussi, elles participeront activement à l'action missionnaire auprès d'autres nations.
21 L'Eglise n'est pas fondée vraiment, elle ne vit pas pleinement, elle n'est pas le signe parfait du Christ parmi les hommes si un laïcat authentique n'existe pas et ne travaille pas avec la hiérarchie. L'Evangile ne peut s'enfoncer profondément dans les esprits, dans la vie, dans le travail d'un peuple, sans la présence activez des laïcs. Par conséquent, faut-il dans la fondation d'une église déjà, apporter une très grande attention à constituer un laïcat chrétien qui atteigne sa maturité.
Les laïcs qui sont fidèles, appartiennent à la fois au peuple de Dieu et à la société civile ; ils appartiennent à leur nation , ils y sont nés ; ils ont commencé à participer par l'éducation à ses trésors culturels, ils sont liés à sa vie par des liens sociaux de forme multiple ; ils sentent ses problèmes comme étant les leurs propres, et ils s'appliquent à les résoudre ; ils appartiennent( aussi au Christ, parce qu'ils on- été régénérés dans l'Eglise par la foi et le baptême afin d'être au Christ 1Co 15,23 par leur vie et leur action nouvelles, afin aussi que dans le Christ tout soit soumis à Dieu, et qu'enfin Dieu soit tout en tous 1Co 15,28.
Leur principal devoir à eux, hommes et femmes, c'est le témoignage du Christ, qu'ils doivent rendre par leur vie et leurs paroles dans leur famille, dans leur groupe social, dans leur milieu professionnel. Il faut donc qu'apparaisse en eux l'homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté véritable Ep 4,24. Ils doivent exprimer cette nouveauté de vie dans le milieu social et culturel de leur patrie , selon les traditions nationales. Ils doivent connaître cette culture, la purifier, la conserver, la développer selon les situations récentes, enfin lui donner sa perfection dans le Christ, afin que la foi du Christ et la vie de l'Eglise ne soient plus étrangères à la société dans laquelle ils vivent, mais commencent à la pénétrer et à la transformer. Ils doivent se joindre à leurs concitoyens avec une charité sincère, afin que dans leur comportement apparaisse un nouveau lien d'unité et de solidarité universelle, puisée dans le mystère du Christ. Ils doivent aussi répandre la foi du Christ parmi ceux auxquels ils sont liés par la vie et la profession ; cette obligation s'impose d'autant plus que le plus grand nombre des hommes ne peuvent entendre l'Evangile et connaître le Christ que par les laïcs proches d'eux. Bien plus, là ou c'est possible, les laïcs doivent être prêts, en une collaboration plus immédiate avec la hiérarchie, à remplir une mission spéciale pour annoncer l'Evangile et communiquer la doctrine chrétienne, afin de rendre plus vigoureuse l'Eglise naissante.
Les ministres de l'Eglise doivent estimer à haut prix l'apostolat difficile des laïcs ; ils doivent former les laïcs pour que, comme membres du Christ, ils prennent conscience de leur responsabilité à l'égard de tous les hommes ; ils doivent les instruire profondément dans le mystère du Christ, les introduire aux méthodes pratiques, être avec eux dans les difficultés, selon la pensée de la Constitution Lumen Gentium et du Décret Apostolicam Actuositatem.
1965 Ad Gentes 12