1965 Ad Gentes 39
39 Les prêtres représentent le Christ et sont les collaborateurs de l'Ordre épiscopal dans la triple fonction sacrée qui, de sa nature, a trait à la mission de l'Eglise(7). Ils doivent donc comprendre à fond que leur vie a été consacrée aussi au service des missions. Puisque par leur ministère propre - qui consiste principalement dans l'Eucharistie, laquelle donne à l'Eglise sa perfection - ils sont en communion avec le Christ Tête et amènent d'autres êtres à cette communion, ils ne peuvent pas ne pas sentir combien il manque encore à la plénitude du Corps, et par conséquent tout ce qu'il faudrait faire pour qu'il s'accroisse de jour en jour. Ils ordonneront donc leur sollicitude pastorale de manière qu'elle soit utile à l'expansion de l'Evangile chez les non-chrétiens.
(7) LG 28
Dans leur charge pastorale, les prêtres stimuleront et entretiendront parmi les fidèles le zèle pour l'évangélisation du monde, en les instruisant par la catéchèse et la prédication de la mission qu'a l'Eglise d'annoncer le Christ aux païens ; en enseignant aux familles chrétiennes la nécessité et l'honneur de cultiver des vocations missionnaires parmi leurs propres fils et filles ; en encourageant chez les jeunes des écoles et des associations catholiques la ferveur missionnaire, en sorte que de futurs prédicateurs de l'Evangile sortent de chez eux. Ils doivent apprendre aux fidèles à prier pour les missions ; de pas rougir de leur demander des aumônes pour les missions, devenus comme des mendiants pour le Christ et le salut des âmes (8).
(8) cf. Pie XI, encyc. Rerum Ecclesiae: AAS 18(1926), p.72
Les professeurs des séminaires et des universités enseigneront aux jeunes la véritable situation du monde et de l'Eglise, pour que la nécessité d'une évangélisation plus poussée des non-chrétiens ressorte mieux à leurs yeux et nourrisse leur zèle. Dans l'enseignement des disciplines dogmatiques, bibliques, morales et historiques, ils devront mettre en lumière les aspects missionnaires qui y sont contenus, afin que de cette manière la conscience missionnaire soit formée chez les futurs prêtres.
40 Les instituts religieux, de vie contemplative et active, ont eu jusqu'ici et ont une très grande part dans l'évangélisation du monde. Leurs mérites, le Concile les reconnaît de grand coeur, et rend grâce à Dieu pour tant de sacrifies acceptés pour la gloire de Dieu et le service des âmes ; il les exhorte à persévérer sans défaillance dans l'oeuvre commencée, puisqu'ils savent que la vertu de charité, qu'ils sont tenus de pratiquer de façon plus parfaite du fait de leur vocation les pousse et les oblige à un esprit et à un travail vraiment catholiques (9).
(9) LG 44
Les instituts de vie contemplative, par leurs prières, leurs oeuvres de pénitence, leurs épreuves, ont une très grande importance dans la conversion des âmes, puisque c'est Dieu qui envoie à notre prière, des ouvriers dans sa moisson Mt 9,38, ouvre les coeurs des non-chrétiens pour qu'ils écoutent l'Evangile Ac 16,14 et féconde dans leurs coeurs la parole du salut 1Co 3,7. Bien plus, ces instituts sont invités à fonder des maisons dans les territoires des missions, comme un certain nombre l'ont fait déjà, afin que, y menant leur vie d'une manière adaptée aux traditions authentiquement religieuses des peuples, ils rendent parmi les non-chrétiens un magnifique témoignage de la majesté et de la charité de Dieu, et de l'union dans le Christ.
Les instituts de vie active, qu'ils poursuivent ou non une fin strictement missionnaire, doivent se poser sincèrement devant Dieu la question de savoir s'ils peuvent étendre leur activité en vue de l'expansion du règne de Dieu parmi les païens ; s'ils peuvent laisser à d'autres certains ministères, de façon à dépenser leurs forces pour les missions ; s'ils peuvent entreprendre une activité dans les missions, en adaptant, si c'est nécessaire, leurs constitutions, mais cependant selon l'esprit du fondateur ; si leurs membres prennent part selon leurs forces à l'activité missionnaire ; si leur façon habituelle de vivre est un témoignage de l'Evangile, vraiment adapté au caractère et à la situation du peuple.
Puisque, sous l'inspiration du St Esprit, s'accroissent de jour en jour dans l'Eglise les instituts séculiers, leur aide, sous l'autorité de l'évêque, peut être fructueuse dans les missions à des titres multiples, comme signe d'un don plénier à l'évangélisation du monde.
41 Les laïcs coopèrent à l'oeuvre d'évangélisation de l'Eglise et participent à titre de témoins, et en même temps d'instruments vivants à sa mission salvifique (10), surtout si appelés par Dieu ils sont pris par les évêques pour cette oeuvre.
(10) LG 33 LG 35.
Dans les terres déjà chrétiennes, les laïcs coopèrent à l'oeuvre de l'évangélisation en développant en eux-mêmes et chez les autres la connaissance et l'amour des missions, en faisant naître des vocations dans leur propre famille, dans les associations catholiques et les écoles, en offrant des subsides de toute sorte, afin que le don de la foi qu'ils sont reçu gratuitement puisse être aussi donné à d'autres.
Dans les territoires des missions, les laïcs, soit étrangers soit autochtones, doivent enseigner dans les écoles, avoir la gestion des affaires temporelles, collaborer à l'activité paroissiale et diocésaine, établir et promouvoir les diverses formes de l'apostolat des laïcs, pour que les fidèles des jeunes églises puissent assurer le plus vite possible leur propre part dans la vie de l'Eglise (11).
(11) cf. Pie XII, encyc. Evang. praecenes: AAS 43 (1951), pp. 510-514. Jean XXIII encycl. Princeps Pastorum: AAS 51 (1959), pp. 851-852.
Enfin les laïcs doivent apporter volontiers leur coopération économico-sociale aux peuples en voie d'évolution ; cette coopération est d'autant plus à louer qu'elle vise à fonder des instituts qui atteignent les structures fondamentales de la vie sociale, ou sont destinés à la formation de ceux qui ont la responsabilité de la chose publique.
Sont dignes d'une louange spéciale ceux qui, dans les universités ou les instituts scientifiques, font avancer par leurs recherches historiques ou scientifico-religieuses la connaissance des peuples et des religions, aidant les prédicateurs de l'Evangile et préparant le dialogue avec les non-chrétiens.
Avec les autres chrétiens, avec les non-chrétiens, particulièrement avec les membres des associations internationales, ils doivent collaborer fraternellement, ayant toujours devant les yeux que "la construction de la cité terrestre doit être fondée sur le Seigneur et dirigée vers lui (12).
(12) LG 46
Pour s'acquitter de toutes ces tâches, les laïcs ont besoin d'une indispensable préparation technique et spirituelle, qui doit être donnée dans des instituts spécialisés, pour que leur vie soit un témoignage pour le Christ parmi les non-chrétiens selon ce mot de l'apôtre :"Ne donnez scandale ni aux Juifs ni aux Grecs ni à l'Eglise de Dieu, tout comme moi je m'efforce de plaire à tous en tout, ne cherchant pas mon propre intérêt, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés" 1Co 10,32-33.
Les Pères du Concile, en union avec le Pontife romain, sentant très profondément le devoir d'étendre partout le règne de Dieu, saluent avec toute leur affection tous les prédicateurs de l'Evangile, ceux surtout qui pour le nom du Christ souffrent la persécution, et s'associent à leurs souffrances (13).
(13) cf. Pie XII, encycl. Evangelii praerc. AAS 43 (1951), p.527. Jean XXIII, encycl. Princeps Pastorum: AAS 51 (1959), p. 864.
Ils sont enflammés eux aussi du même amour dont le Christ a brûlé pour les hommes. Conscients que c'est Dieu qui fait que son règne arrive sur la terre, ils répandent leurs prières avec tous les chrétiens pour que, par l'intercession de la Vierge Marie Reine des apôtres, les nations soient amenées le plus tôt possible à la connaissance de la vérité 1Tm 2,4, et que la gloire de Dieu qui resplendit sur la face du Christ commence à luire pour tous par le St Esprit 2Co 4,6.
Tout l'ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans ce décret ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.
Rome, à Saint-Pierre, le 7 décembre 1965
Moi, PAUL, évêque de l'Eglise catholique
(suivent les signatures des Pères)
1965 Ad Gentes 39