Vie divine de la très-sainte Vierge Marie - CHAPITRE VII
La plénitude des temps étant accomplie dans lequel le fils unique devait s'incarner, Dieu le fit connaître à l'archange Gabriel, non par la voie ordinaire en éclairant l'ange inférieur par le supérieur, mais immédiatement, et lui révéla l'ordre et les paroles mêmes de son ambassade. Gabriel ayant reçu l'ordre de Dieu descendit de l'empyrée en forme visible accompagné de milliers d'anges. Son visage était d'une rare beauté, ses vêtements d'un éclat admirable, il avait sur la poitrine une belle croix qui annonçait le mystère ineffable de l'incarnation. Il se dirigea vers la pauvre maison de Marie qui avait alors quatorze ans, six mois et dix-sept jours. Sa taille surpassait celle des autres filles de son âge, elle était bien proportionnée et très belle; sa couleur, son air et ses manières étaient admirables et il ne se trouvera jamais aucune créature qui puisse l'égaler. Son habit était pauvre et modeste, mais propre et d'une couleur approchant de la cendre, l'arrangement et la forme de ses vêtements étaient sans recherche et respiraient la modestie et la décence. A l'arrivée de l'archange, elle était dans une sublime contemplation des mystères qu'elle avait vus les jours précédents. Elle souhaitait vivement d'être la servante de cette bienheureuse femme qui devait être la mère du Messie. L'envoyé céleste entra dans la chambre de l'humble Vierge, accompagné d'une multitude innombrable d'esprits bienheureux; non seulement il empêcha que la Vierge le saluât à son ordinaire, mais s'inclinant lui-même il la salua avec un profond respect et lui dit; Ave Maria gratia plena. A ces paroles Marie se troubla à cause de sa profonde humilité, s'estimant la dernière des créatures, et aussi parce qu'elle ne comprenait pas quelle put être fidèle à son voeu de chasteté et néanmoins être mère. L'archange ayant expliqué les difficultés, la Vierge satisfaite inclinant la tête donna son consentement à l'ineffable mystère de l'incarnation du verbe. Toute absorbée dans la pensée que le Seigneur la voulait pour mère, elle se livra à des actes ardents d'amour et de conformité à la divine volonté, son chaste coeur naturellement comprimé par l'ardeur de ses mouvements et de ses affections distilla trois gouttes de sang qui tombèrent dans son sein virginal et le saint esprit en forma le petit corps du sauveur. Ainsi le coeur très pur de Marie par la force de l'amour divin fournit seul la matière dont ce côrps fut composé. Le corps divin de Jésus-Christ fut donc réellement formé au moment où inclinant la tête, Marie les mains jointes prononçait ces paroles; ecce ancilla domini, fecit mihi secundum verbum tuum. En ce moment la très sainte âme du sauveur fut créée et infuse dans ce corps, et la divinité s'unit à l'humanité par l'union hypostatique. Tout ceci s'accomplit un vendredi, le vingt-cinq du mois de mars, à l'aurore, à la même heure où Adam avait été créé, trois mille neuf cent soixante ans auparavant.
Au moment où le verbe éternel s'incarnait, les cieux et toutes les créatures donnèrent des signes de respect à leur créateur. Ils témoignèrent d'une rénovation intérieure et d'un changement pour la présence vivifiante du rédempteur de l'univers. Les hommes ne connurent pas ce renouvellement merveilleux, parce que Dieu ne voulut le découvrir qu'aux anges. Le Très-Haut répandit seulement dans le coeur de quelques justes une émotion et une joie extraordinaire dont ils ne comprirent pas la raison, quoique plusieurs. conçussent le soupçon que c'était un effet de la venue si désirée du Messie. L'archange saint Michel en apporta la nouvelle aux saints pères des limbes qui en éprouvèrent une émotion plus grande et une joie inexprimable. L'enfer éprouva aussi l'effet de la venue du sauveur, car les démons ressentirent une peine et une tristesse inaccoutumées et une force impétueuse du pouvoir divin qui semblable aux flots d'une mer irritée les renversa tous au fond des cavernes, mais ils n'en découvrirent pas la raison. Dès que par l'opération du Saint-Esprit l'incarnation du verbe fut accomplie dans le sein virginal de Marie, elle fut élevée à une vision intuitive de Dieu où elle comprit avec les plus hauts mystères la signification des chiffres qui lui avait été toujours cachée. Le divin enfant croissait par la substance de sa mère, comme les autres enfants, mais avec cette différence que la matière dont ii était nourri était admirable. Pour le comprendre il faut remarquer que les actes faits avec ferveur et les affections amoureuses meuvent le sang et les humeurs, et le sang et les. humeurs mis en mouvement dans Marie par des actes héroïques et d'une ardente charité envers Dieu, servaient d'aliment au saint enfant. Ainsi l'humanité du verbe était naturellement nourrie, et la divinité prenait en même temps ses complaisances dans les héroïques vertus que pratiquait la Vierge mère, qui donnait un aliment substantiel par la force du divin amour. Dans la pensée que sa nourriture devait servir d'aliment au divin enfant, elle la prenait avec un si grand amour et des actes si héroïques de vertu que les anges étaient ravis d'admiration de voir la sainte Vierge rendre des actions si communes aussi agréables à Dieu et d'un si grand mérite pour elle. Le petit corps du Seigneur au premier instant de sa conception ne fut pas plus grand qu'une abeille, et l'âme auguste et très-sainte qui lui fut unie, exerça aussitôt tous les actes et d'une manière héroïque. I. Connaître et voir intuitivement la divinité comme elle est en elle-même et comme elle est unie à la sainte humanité. II. Se reconnaître dans son être humain inférieur à Dieu et s'humilier profondément. III. Aimer Dieu d'un amour béatifique. IV. S'offrir en sacrifice de salut, acceptant son être passible pour la rédemption du monde. V. Prendre possession du lit virginal de Marie et y mettre ses complaisances. VI. Remercier le Père éternel de l'avoir créée avec de si grands dons et grâces, et de l'avoir exemptée du péché originel. VII. Prier pour sa sainte mère et saint Joseph, demandant pour eux le salut éternel. Ces actes avaient un si grand mérite qu'ils auraient été suffisants pour racheter une infinité de mondes, et l'acte d'obéissance de s'assujettir à la souffrance et celui d'empêcher que la gloire de son âme ne rejaillît sur son corps, avait un mérite surabondant pour notre rédemption. La sainte Vierge pratiqua les mêmes actes que notre Seigneur à mesure qu'il les exerça. Elle s'humilia profondément en présence de la divine majesté , et adora le Seigneur dans son être infini et dans son union avec la nature humaine. Elle rendit gloire à Dieu au nom de tous les hommes, et particulièrement de l'avoir choisie pour mère de son fils; elle s'offrit humblement à le nourrir, le servir et l'accompagner, et à coopérer autant qu'elle le pourrait à l' oeuvre de la rédemption; elle demanda la grâce d'exercer avec zèle ses devoirs dans cette oeuvre si grande. A ces actes héroïques intérieurs qu'elle pratiqua aussitôt il près la conception du verbe, elle joignit les extérieurs. Elle se prosterna à terre et l'adora profondément , elle continua ses adorations et ses prosternations pendant toute sa vie; de minuit à minuit elle faisait trois cents génuflexions, et même au-delà lorsqu'elle n'était pas occupée à autre chose ou en voyage. Tous ses actes étaient èn hommage du divin enfant. Le jour de l'incarnation, les anges qui l'assistaient se rendirent visibles à ses yeux, remplis d'allégresse et adorant dans son sein leur Dieu fait homme. Ils s'offrirent de la servir comme leur reine, de l'aider dans son travail et dans tout ce qu'elle voudrait leur commander, et ils firent ce qu'ils disaient jusqu'à la servir à table lorsqu'elle était seule en l'absence de Joseph son époux. Pendant qu'elle avait dans son sein le divin enfant elle jouissait ordinairement de sa présence de plusieurs manières: mais celle qui lui donnait la plus grande consolation était de voir dans son sein comme au travers d'un pur cristal, l'humanité sainte qui recevait la lumière de la divinité. Elle éprouvait une grande satisfaction en voyant les petits oiseaux qui venaient adorer dans son sein leur créateur et le louer par leurs chants joyeux et leurs doux. mouvements. Dieu l'ordonna ainsi plusieurs fois pour la consolation de sa chère mère, souvent ils lui apportaient de belles fleurs qu'il1 laissaient tomber dans ses mains, et ils s'arrêtaient attendant ,qu'elle leur commandât de chanter. D'autres fois pour éviter les rigueurs de la saison, les pauvres oiseaux se réfugiaient auprès d'elle et la douce reine non-seulement les recevait mais leur donnait aussi la nourriture, toute joyeuse de leur innocence.
Dans la vision qu'elle eut après l'incarnation, la sainte Vierge connut que lé Seigneur avait pour agréable qu'elle visitât sainte Elisabeth, afin de sanctifier par la présence de son divin fils le précurseur qui allait naître. Elle conféra de ce voyage avec saint Joseph, qui offrit avec un grand respect de l'accompagner. Ils fixèrent le jour du départ, qui fut le quatrième après l'incarnation du verbe. Ils préparèrent les choses nécessaires, c'est-à-dire un âne que leur prêta un voisin , quelques fruits, du pain et quelques poissons et ils partirent de Nazareth, pour la maison de Zacharie, éloignée de quatre jours de marche par un chemin rude et pénible. La sainte Vierge se servait quelquefois du petit animal dans son voyage pour obéir à son époux, mais elle marchait souvent à pied. Elle pria plusieurs fois saint Joseph de se servir d0 la pauvre monture, mais le saint ne voulut jamais le faire. Ils restaient de longues heures en silence, la sainte Vierge chantait alors avec les anges visibles pour elle seule des hymnes au Très-Haut, saint Joseph s'entretenait avec Dieu dans l'oraison. ils s'occupaient ensuite à de saints entretiens dont le saint époux se sentait extraordinairement enflammé et pénétré; ne sachant d'où lui provenait cette grande ferveur, il voulut le demander à la sainte Vierge, mais il n'en eut pas le courage; la prudente Vierge ne voulut pas le lui découvrir, quoiqu'elle pénétrât son intérieur. Le voyage dura quatre jours pendant lesquels plusieurs miracles furent opérés l'un fut de rendre la santé à une fille malade. La reine de l'univers ordonna aux humeurs par le pouvoir suprême qu'elle avait sur les créatures, de se remettre dans leur état naturel. Les saints pèlerins arrivèrent enfin à Juda, c'était le nom de la ville où sainte Elisabeth habitait; elle fut détruite dans la suite, et il resta seulement cette maison qui devint un temple. Zacharie ne demeura pas toujours à Juda, mais aussi à Hébron, où il avait une maison, et il y mourut. Avant d'arriver à Juda, Joseph voulut prévenir Zacharie, mais sainte Elisabeth éclairée de l'esprit saint, était venue à la rencontre de la sainte Vierge avec quelques personnes de sa famille et la joignit aussitôt. La très-pure Vierge salua la première Elisabeth avec ces paroles: Le Seigneur soit avec vous ma cousine. Elisabeth répondit La mère du Très-Haut vient à moi! Que le Seigneur vous récompense d'être venue me donner cette consolation. Après ce salut, elles se retirèrent en particulier, et la mère de la grâce salua de nouveau, en disant: Dieu vous sauve, ma chère cousine, et sa divine lumière vous communique la grâce et la vie. A ces paroles, Elisabeth fut remplie de l'esprit saint, et éclairée intérieurement elle connut en un instant les plus hauts mystères. Lorsque Marie proférait les paroles déjà rapportées, Dieu regarda saint Jean, et lui accorda en ce moment le parfait usage de la raison, il le purifia du péché originel et le remplit de l'esprit saint. Dans le même temps saint Jean vit aussi le verbe incarné, les entrailles de Marie lui servant comme de cristal, et prosterné il adora le rédempteur du monde. Cette adoration produisit un tressaillement de joie du saint enfant dans le sein d'Elisabeth et ravie d'admiration de ces merveilles, les yeux fixés sur Marie elle dit les paroles rapportées par saint Luc: Vous êtes bénie entre toutes les femmes. Le jeune Baptiste comprit le sent de ces paroles. La sainte Vierge répondit d'une voix douce et modeste par le cantique Magnificat anima mea dominum. Elisabeth ensuite s'offrit elle-même et toute sa famille à la sainte Vierge pour la servir, et la pria d'accepter une chambre dont elle faisait usage pour prier le Seigneur. Marie accepta cette chambre avec un remerciement sincère et personne n'y entra désormais excepté sainte Elisabeth. La nuit arriva au milieu de leur doux entretien, la Vierge mère demanda en se retirant la bénédiction à Zacharie comme prêtre du Seigneur. Elle ne s'empressa pas de remédier à son état de mutisme, mais elle pria pour lui et lui porta une tendre compassion. Saint Joseph, après trois jours, demanda la permission de revenir à Nazareth, offrant de revenir au premier avis de sa sainte épouse. Après son départ, la sainte Vierge régla sa manière de vivre dans cette maison, et ce fut celle qu'elle observait à Nazareth. Elle faisait de ses mains les langes de l'enfant qui devait naître. Après une douce contestation, elle obtint de pratiquer l'obéissance, et qu'Elisabeth aurait le commandement. Elle s'occupa des ouvrages qui lui furent imposés de sa sainte cousine; tout ce que faisait la mère de sa sagesse, Elisabeth le gardait avec une grande vénération sans jamais l'employer pour aucun usage.
Dans la compagnie de la mère de Dieu, Elisabeth s'éleva à une très-haute sainteté, elle vit plusieurs fois la sainte Vierge entourée de splendeurs et soulevée de terre; en la voyant toute absorbée en Dieu, elle se prosternait devant elle pour adorer le verbe fait homme renfermé dans son chaste sein. Elle ne découvrit jamais à personne ce mystère caché excepté à Zacharie, et à son fils, et à celui-ci seulement après la naissance du divin enfant. Il y avait dans la maison d'Elisabeth, une servante d'un mauvais naturel, colère, médisante et habituée aux jurements; à cause de ces péchés, plusieurs démons la possédaient déjà depuis quatorze ans. La sainte Vierge découvrant le mauvais état de cette malheureuse femme et le motif pour lequel le démon l'avait possédée, pria le Seigneur pour cette âme; elle lui obtint la contrition et le pardon de ses péchés. Elle ordonna aux esprits infernaux de ne plus la tourmenter, mais de se tenir toujours éloignés d'elle comme ils avaient fait lorsque la Vierge entra sur le seuil de la maison. Il y avait une autre femme dans le voisinage de la maison d'Elisabeth, qui n'était pas meilleure que la précédente. Dès qu'elle eut appris qu'il était arrivé dans ce lieu une jeune étrangère, modeste, humble et retirée. Quelle est celle-ci, dit-elle, dont la vie est si singulière? Je veux voir qui elle est. Elle alla poussée par la curiosité à la maison d'Elisabeth voir l'étrangère; mais à la vue de la très-pure Marie, tous ses sentiments dépravés furent changés; elle pleura amèrement ses péchés, sans connaître encore la cause de ce changement si subit. La mère de Dieu fit aussi la conquête d'un grand nombre d'autres âmes, mais toujours en secret sans que personne remarquât que la grâce et la conversion étaient l'effet de l'efficacité de ses prières. Il y avait plus de deux mois que la Vierge habitait chez Elisabeth et sanctifiait toute cette famille par ses actions et ses exemples d'humilité. Elisabeth prévoyant le prochain départ de sa sainte cousine, commença à ressentir la perte qu'elle allait faire. Un jour elle s'efforça de lui persuader de changer son habitation de Nazareth à Juda; elle lui dit qu'on appellerait saint Joseph, et que sa maison, sa famille et sa personne seraient à leur service, L'humble Vierge écouta cette proposition, mais elle lui dit qu'elle ne pouvait rien décider sans le bon plaisir de Dieu et de son époux, qu'elle exposerait à Dieu ses désirs dans la prière et ferait connaître son invitation à saint Joseph. Sainte Elisabeth fut satisfaite elle la pria seulement de ne pas la quitter jusqu'à la naissance de l'enfant. La sainte Vierge se retira dans son oratoire, pour connaître la volonté du Seigneur. Elle fut aussitôt ravie en extase et le Seigneur lui fit comprendre qu'elle devait rester jusqu'à la naissance de l'enfant qui devait naître bientôt, et retourner à Nazareth lorsque la circoncision serait faite.
Lorsque le temps fut accompli, le Seigneur fit connaître à Jean-Baptiste l'heure où il devait venir au monde. Le saint enfant à cet avis resta en suspens sur ce qu'il devait faire: d'un côté les lois de la nature l'obligeaient de naître, la volonté du Seigneur l'ordonnait aussi, d'un autre côté il considérait sérieusement les dangers du périlleux voyage qu'il entreprenait dans cette vie si fragile. Il se tourna donc vers Dieu avec une entière obéissance et une grande confiance dans sa bonté: Seigneur dit-il, que votre divine volonté s'exécute, accordez-moi d'employer ma vie à votre service, et donnez-moi votre bénédiction pour venir à la lumière du monde. Le saint enfant mérita pal- cette prière que la divine majesté lui accordât de nouveau à sa naissance sa bénédiction et sa grâce. Dès qu'il fut né, Elisabeth en fit donner avis à la Vierge qu'elle n'avait osé inviter d'être présente. Marie lui envoya les langes préparées de ses mains pour envelopper l'enfant, et peu après elle vint elle-même par l'inspiration divine. Elisabeth était déjà assise sur son lit; la sainte Vierge prit l'enfant dans ses bras et l'offrit aussitôt au Père éternel. Il témoigna une grande joie de se voir dans les bras de la mère de Dieu, il s'inclina en signe de respect et fit d'autres gestes d'affection envers elle, mais elle conserva toujours sa dignité, et elle ne le baisa pas même une seule fois comme il est en usage de le faire à cet âge. Elle n'arrêta point sa vue sur lui, toute absorbée dans la contemplation de la beauté de sa grande âme, de sorte qu'elle ne l'aurait pas reconnu des yeux du corps,
Le huitième jour, il fut circoncis et appelé Jésus avec toutes les circonstances rapportées par saint Lue. Zacharie recouvra la parole et ce fut par le moyen de Marie qui usant du pouvoir qu'elle avait sur les créatures délia sa langue afin qu'il bénît en cette occasion le Seigneur. Il le fit à l'admiration de tous les assistants qui ne comprirent point comment s'était opéré le miracle. Après la circoncision, saint Joseph vint de Nazareth pour ramener son épouse. Elle le reçut avec une grande joie et un profond respect, se mit à genoux devant lui le priant de la bénir; et ensuite elle se prépara pour le départ. Elisabeth voulut profiter de la présence de la mère de la sagesse et la supplia de lui laisser quelques instructions pour lui servir de règlement de vie après son départ. Ses raisons et ses prières furent si vives que la Vierge en fut attendrie et ne put lui refuser une si juste consolation: « Elevez toujours, lui dit-elle, votre coeur et votre esprit à Dieu, et avec la lumière de la grâce que vous avez, ne perdez jamais de vue l'être immuable de Dieu éternel infini et sa bonté incompréhensible qui l'a porté à tirer les hommes du néant pour les élever à la gloire, et les enrichir de ses dons précieux. Vous devez apporter tous vos soins à dégager votre coeur de toutes les choses du inonde afin que libre et détaché il puisse atteindre sa fin. Pour cela, ma chère cousine, je vous recommande de le purifier de ce qui est terrestre, afin que délivrée des embarras de cette vie, vous répondiez aux desseins de Dieu, et que vous puissiez suivre sans peine et avec joie le Seigneur, lorsqu'il faudra laisser ce corps et tout ce qu'il aime. Maintenant, c'est le temps de souffrir et de mériter la couronne, sachons nous en rendre dignes et marcher avec diligence pour arriver à l'union intime avec notre véritable et souverain bien. Mettez un grand soin pendant votre vie obéir à Zacharie votre époux et votre chef, à le servir et l'aimer. Offrez votre fils à Dieu son créateur, et en lui, pour lui, vous pouvez l'aimer comme mère. Employez votre zèle afin que Dieu soit craint et honoré dans votre maison toute votre famille. Soyez attentive à soulager les pauvres ceux qui sont dans le besoin autant qu'il vous sera possible. Secourez-les des biens temporels que Dieu vous a libéralement donnés pour les distribuer généreusement à ceux qui en sont privés. Nous sommes tous enfants du même père qui est aux cieux, auquel appartiennent toutes les choses créées il n'est pas raisonnable que le père étant riche, un enfant soit dans l'abondance, et les autres soient pauvres et délaissés. Continuez ce que vous faites, et exécutez ce que vous avez dans l'esprit puisque Zacharie le remet à votre disposition; vous pouvez être libérale avec la permission de votre époux. Vous mettrez en Dieu votre espérance dans tout les peines qu'il vous enverra. Vous serez bonne, doue humble, bienveillante et très-patiente avec tout le monde quoiqu'il y en ait qui vous causent de la peine, dans la pensée que ce sont des instruments pour votre mérite. Bénissez éternellement le Seigneur pour les mystères si élevés qu vous a manifestés, et demandez toujours avec zèle et charité le salut des âmes. Priez Dieu, afin qu'il me gouverne et me dirige pour traiter dignement et selon sa volonté le mystère que sa bonté immense a confié à une si vile et si pauvre servante. » Ainsi parla la sainte Vierge à sa cousine au m ment de son départ, et se mettant à genoux elle lui demanda la bénédiction. Ensuite elle alla prendre congé de Zacharie et humblement prosternée à ses pieds, lui demanda aussi la bénédiction. Les paroles de la bénédiction du prophète furent presque toutes tirées de la sainte écriture. Que le Dieu tout-puissant vous assiste toujours et vous délivre de tout mal; qu'il vous défende par sa protection et vous remplisse de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. Que les peuples vous servent, et les tribus vous vénèrent parce que vous êtes le tabernacle de Dieu. Vous serez la maîtresse de vos frères et les fils de votre mère fléchiront le genou devant vous. Celui qui vous exaltera et vous bénira, sera exalté et béni et celui qui ne vous louera pas, sera maudit. Que toutes les créatures connaissent Dieu en vous et que par vous le nom du Très-Haut soit glorifié. Après cette bénédiction, elle baisa la main au saint prêtre qui en fut tout attendri, Il garda toujours le secret de ces mystères. Une seule fois qu'il y avait dans le temple une assemblée de prêtres, poussé par l'esprit de Dieu il dit tout à coup ces paroles: Je crois fermement que le Très-Haut nous a visités en envoyant au monde le Messie qui doit racheter son peuple. Siméon à ces paroles fut saisi d'une grande émotion; ne permettez pas, dit-il, ô Dieu d'Israël, que votre serviteur quitte cette vallée de larmes avant d'avoir vu notre salut et le rédempteur de son peuple.
La sainte Vierge ayant pris congé des saints époux, voulut avant de partir voir encore Jean-Baptiste; elle le prit dans ses bras et lui donna plusieurs bénédictions mystérieuses. Le saint enfant parla à la sainte Vierge par la permission de Dieu, mais à voix basse, et lui demanda son intercession et sa bénédiction. Il lui baisa trois fois la main, et adora dans son sein le verbe incarné. L'enfant divin le regarda en même temps avec tendresse et bienveillance; ce que la Vierge mère vit et admira avec une grande joie.
Les saints hôtes retournèrent enfin à leur pauvre maison de Nazareth. Le voyage dura quatre jours entiers, et ils n'usèrent jamais du pouvoir qu'ils avaient sur les créatures, quoique la chaleur, les rochers, les épines, leur causassent de grandes incommodités. Ils opérèrent plusieurs miracles et délivrèrent secrètement plusieurs infirmes et plusieurs pauvres de diverses infirmités et misères. A son arrivée à Nazareth, l'humble vierge balaya les chambres et mit en ordre la pauvre maison; les saints anges l'assistaient dans cet humble travail. Elle règla les actes de vertu qu'elle devait pratiquer avec une exactitude parfaite. Ces vertus héroïques, observées avec soin par Lucifer, lui firent soupçonner, si celui qui devait le vaincre et le terrasser, pouvait naître d'une femme plus profondément vertueuse. il assembla un conciliabule de démons dans l'enfer pour leur proposer ses doutes et leur faire part de ses soupçons. La résolution de cette maudite assemblée, fut d'employer toutes sortes de tentations pour vaincre et opprimer cette femme. Le verbe incarné connut tous les desseins de Lucifer et pour revêtir notre invincible reine d'une nouvelle force, il se tient debout dans le tabernacle virginal comme celui qui voudrait se mettre en défense. Dans cette posture il pria le père éternel de renouveler ses faveurs à sa chère mère. Voici l'ordre de la bataille: Lucifer conduisit les sept légions des principaux chefs qu'il avait désignés comme tentateurs des hommes pour les sept péchés capitaux. La sainte Vierge était alors en oraison, et par la permission du Seigneur les sept légions vinrent l'une après l'autre faire tous les efforts que peuvent inspirer la malice, la rage et la nécessité d'obéir au prince des ténèbres. La prudente Vierge connut tous leurs artifices et les dissipa par sa grande sagesse et son incomparable attention. Tous ses ennemis avec leurs ruses et leur mille suggestions ne purent pas réussir à la distraire ni l'empêcher de faire toutes ses héroïques actions même les pins petites avec toute la perfection possible. Les puissances infernales furent entièrement vaincues. Lucifer en fureur, appela ses légions et voulut renouveler le combat se mettant lui-même à leur tête. Il employa contre la seule Vierge toutes les forces par lesquelles il a introduit dans le monde tant d'erreurs et tant de coupables désordres. Il mit, mais en vain tout en oeuvre contre elle; il lui fut également inutile de se servir pour instrument de la malice de quelques voisins, afin de tourmenter Marie et saint Joseph. Tous ses artifices ne servirent qu'à leur faire exercer des actes héroïques de vertus et à augmenter le mérite de leur victoire. Mais l'épreuve la plus grande où Dieu mit la sublime sainteté de ces deux saints époux, est celle dont nous devons maintenant parler. Marie était déjà dans le cinquième mois de sa grossesse, lorsque saint Joseph s'en aperçut dans la disposition de la sacrée personne, parce qu'étant très-proportionnée dans son corps elle pouvait moins le cacher. Cette connaissance pénétra de douleur le coeur de saint Joseph, et par l'amour très-vif qu'il lui portait et par le danger où il la voyait d'être lapidée conformément à la foi. Il recourut à Dieu dans l'oraison, car il soupçonnait dans cette grossesse quelque mystère caché, mais il n'en était pas assuré et il ne savait à quoi se résoudre; Dieu voulait avant de lui découvrir le secret lui donner l'occasion d'exercer plusieurs actes héroïques de vertu. La peine qu'il ressentait dans son coeur était si grande qu'elle paraissait au dehors, et sur son visage on voyait une profonde tristesse. La sainte Vierge n'avait pas besoin de ces signes extérieurs pour connaître l'affliction de son époux, car elle voyait clairement tout ce qui était dans son coeur, mais elle ne lui découvrait pas le secret des mystères. Elle abandonnait tout à la divine providence, quoiqu'elle aimât tendrement son époux et qu'elle eût une tendre compassion pour son douloureux martyre. Les soupçons croissant de plus en plus le saint devint toujours plus pensif et mélancolique; quelquefois il parlait avec plus de sévérité qu'auparavant, mais la prudente reine n'en fit jamais aucune plainte; elle avait des manières plus douces, elle le servait à table, le faisait asseoir et lui présentait à manger. Mais saint Joseph était dans une incertitude toujours plus grande; ne sachant ce qu'il devait croire, on de ses yeux, pour qui la grossesse était évidente, ou la pureté incomparable et la bonté qu'il voyait dans son épouse. Dans ces perplexités il résolut de s'éloigner avant les couches. La sainte Vierge connut aussitôt la résolution de son époux, elle s'adressa à ses anges pour porter remède à un si grand mal. Les anges envoyèrent plusieurs inspirations à saint Joseph pour le persuader de la pureté irrépréhensible de sa sainte épouse. Ces inspirations retardèrent l'exécution de sa résolution, mais ses soupçons loin de diminuer, croissant toujours, et ne pouvant trouver aucun rem0 e à sa peine, il résolut enfin de se retirer après avoir passé deux mois dans cette accablante tristesse. Il prépara donc un petit paquet et un peu d'argent gagné par son travail. Avant de quitter la maison, il pria le Seigneur et lui demanda son assistance, il protesta qu'il .ne s'éloignait pas de son épouse dans la crainte qu'elle fût adultère, mais parcequ'il la voyait enceinte et ne pouvait en comprendre la cause ni la manière. Il fit voeu d'aller visiter le temple de Jérusalem et d'offrir à Dieu une partie de son argent afin que sa chaste épouse fut préservée des calomnies des hommes. Après ce voeu il se retira pour prendre un peu de repos afin de pouvoir se lever à minuit comme il l'avait résolu et partit. La sainte Vierge était dans son oratoire et considérait par une lumière divine tout ce que faisait saint Joseph, elle voyait le paquet qu'il avait préparé, le peu d'argent qu'il avait pris et le voeu qu'il avait fait d'en offrir une partie à Dieu. Touchée de compassion, elle recommanda de nouveau ardemment au Seigneur cette affaire et ses prières furent si vives que le Seigneur enfin l'exauça. Tandis que saint Joseph prenait un peu de repos, Dieu envoya, l'archange Gabriel qui lui découvrit le mystère de la fécondité de sa chaste épouse. Saint Joseph ne le vit pas, il entendit seulement la voix intérieure et comprit le mystère. Il s'éveilla, et se mettant à genoux il adora avec une profonde humilité le Seigneur, et lui rendit de vives actions de grâce de l'avoir choisi pour être l'époux de sa mère. Il demanda pardon de son trouble et de ses soupçons, mais il n'osa pas visiter la sainte Vierge qui était retirée et était élevée à une haute contemplation. Il délia le petit paquet et pratiqua plusieurs actes de vertu et lorsque l'heure fut venue il alla à la chambre de Marie, se jeta à ses pieds, lui demanda pardon, lui offrit d'être son serviteur et lui fit la promesse de la reconnaître désormais pour sa reine. La sainte Vierge fit lever son époux, et sans qu'il put l'empêcher elle se prosterna à ses pieds et lui donna les raisons qui lui avaient fait cacher le mystère. Elle le supplia de ne pas changer la conduite qu'il avait gardée jusqu'alors; car son devoir à elle était d'obéir, et à lui de commander; saint Joseph fut tout renouvelé à cette occasion dans son intérieur et rempli du St.-Esprit. Il entonna un cantique de louanges et Marie lui répondit en disant de nouveau le cantique: Mon âme glorifie le Seigneur: elle fut ravie en une extase très-sublime et fut environnée d'un globe de lumière, à la grande admiration de saint Joseph qui ne l'avait jamais encore vue dans une semblable gloire. Le saint connut alors le mystère de l'incarnation et vit le fils de Dieu dans le sein virginal. Il comprit que la vierge son épouse avait été l'instrument de la sanctification de Jean-Baptiste et d'Elisabeth, et qu'elle était la cause de la plénitude de la grâce qu'il avait lui-même reçu de Dieu avec une abondance plus grande que celle qui avait été accordée à saint Jean-Baptiste. Saint Joseph ainsi éclairé résolut de traiter la sainte Vierge avec un plus grand respect et il commença à lui témoigner sa vénération. Lorsqu'elle lui parlait, ou qu'elle passait devant lui, il fléchissait respectueusement le genou. Il ne voulut plus permettre qu'elle le servit et s'occupât aux emplois humbles et bas, comme balayer la maison, laver la vaisselle et autres choses semblables, il voulut lui-même le faire pour ne pas déroger, disait-il, à la dignité ineffable de reine et de mère de Dieu. L'humble Vierge s'opposa à cette manière d'agir; elle le pria de ne fléchir le genou devant elle, parce qu'on ne pouvait distinguer si c'était pour elle ou pour le divin fils qu'elle avait dans son sein. Saint Joseph obéit et fléchit seulement le genou lorsqu'elle ne le voyait pas. Le débat fut plus grand pour les emplois humbles et vils, parce que saint Joseph ne pouvait consentir à ce que no,tre auguste reine s'occupât à des choses si basses et il s'efforçait de la prévenir. L'humble Vierge tâchait de faire ce qui lui était possible, mais tandis qu'elle était en prières le saint pouvait facilement la prévenir pour plusieurs viles actions. La sainte Vierge ne sachant comment le vaincre, s'adressa au Seigneur et le pria de commander à son époux de ne pas l'empêcher d'exercer ces vils emplois. Le Très-Haut l'exauça, et il ordonna aux anges gardiens de saint Joseph de lui faire entendre intérieurement de conserver un grand respect et une grande vénération intérieure à sa sainte épouse, mais de ne pas l'empêcher d'exercer les oeuvres extérieures, parce que son divin fils était venu au monde pour servir avec sa mère, et non pour être servi. Le saint suivit cet avis avec une entière soumission.
La maison des saints époux était divisée en trois petites chambres ou compartiments qui composaient toute leur habitation. Elle était suffisante parce qu'ils n'avaient point de serviteur ni de servante; il n'était pas convenable qu'il y eût des témoins des merveilles si extraordinaires que le Seigneur opérait en ce lieu. Saint Joseph dormait dans une chambre, et travaillait dans l'autre, la troisième était pour la vierge mère. Elle ne sortait pas de sa maison sans une très-grave raison, et si elle avait besoin de quelque chose, elle se servait d'une pieuse femme voisine qui en récompense de ses services reçut de grandes grâces pour elle et pour sa famille. Plusieurs fois aussi les saints époux se trouvèrent dans un extrême besoin, parce que saint Joseph ne travaillait pas pour gagner de l'argent, mais seulement pour recevoir l'aumône qu'on lui donnait sans jamais rien exiger. Le Seigneur après avoir exercé leur patience les secourait de mille manières; quelquefois par le moyen des oiseaux qui leur apportaient des fruits , du pain et même des poissons. Ils furent aussi secourus par le ministère des anges; un jour où ils n'avaient rien à manger , ils se retirèrent pour prier et ils trouvèrent la table couverte de fruits, die bon pain, de poisson et d'une sorte de mets d'un goût et d'une douceur admirables. La manière la plus ordinaire de les secourir était par le moyen de sainte Elisabeth, qui après la visite de la sainte vierge leur envoya toujours des dons. La sainte vierge dormait sur un pauvre lit de planches que lui avait fait saint Joseph. Elle avait deux couvertures dont elle s'enveloppait toute habillée pour prendre le peu de repos qui lui était nécessaire pour conserver la vie. Saint Joseph ne la vit jamais dormir et ne sut jamais par expérience si elle dormait quand elle se couchait. Son vêtement de dessous était une tunique ou chemise d'un tissu comme de coton plus douce qu'une étoffe en laine. Elle ne quitta jamais cette chemise en forme de tunique après qu'elle fut sortie du temple, elle ne s'usa ni ne se salit, et personne ne l'aperçut pas même saint Joseph qui ne vit jamais que le vêtement de dessus, visible pour tous. Ce vêtement était d'une couleur de cendre, et elle changeait seulement celui-ci et le voile, non parce qu'ils étaient sales, mais afin qu'on ne connût qu'ils étaient toujours dans le même état par un miracle évident. Tout ce qui touchait son corps virginal ne se gâtait point et n'était point sali, parce qu'elle ne suait jamais et qu'elle n'avait aucune des infirmités qu'éprouvent les corps assujettis au péché. Elle était toute pure et tout ce qu'elle faisait était parfait et extrêmement beau. Elle mangeait très peu, mais cependant elle le faisait tous les jours et toujours avec saint Joseph; elle ne mangea jamais de viande, quoique son époux en mangeât, et qu'elle même l'apprêtât. Sa nourriture était du pain ordinaire, des fruits, des herbes cuites et des poissons. Elle n'en prenait que ce qui était nécessaire pour l'entretien de sa vie selon son tempérament, et jamais elle n'excéda en rien comme mère de sagesse. Il en était de même pour le boire. Elle observa toute la vie pour la quantité cette juste proportion dans le manger, mais elle le changea pour la qualité suivant les occasions.
Le temps de l'heureux enfantement approchait, c'est pourquoi la sainte vierge commença à préparer les langes. Saint Joseph donna plusieurs ouvrages travaillés de ses mains et obtint en retour deux pièces de laine, l'une blanche et l'autre de couleur foncée, toutes les deux de-s meilleures qu'il était possible d'avoir. Elle en fit les langes pour le divin enfant. Elle fit les chemises d'une toile très-fine qu'elle avait travaillée elle-même après l'annonciation. Elle l'avait filée et tissée entièrement de ses saintes mains et toujours à genoux avec des larmes de tendre dévotion, elle avait ainsi fait les langes. Elle offrit au temple ce qui lui en resta. Elle enferma les chemises avec les langes dans un petit coffre qu'elle porta ensuite à Bethléem. Mais avant de les renfermer, elle les arrosa d'une eau de senteur qu'elle avait composée avec des fleurs et des herbes recueillies par saint Joseph. Mais En préparation intérieure fut bien plus grande, elle prépara sa grande âme par des actes héroïques de vertu et d'amour ardent pour recevoir dans ses bras le Dieu enfant. Elle préparait elle-même au Seigneur ce temple dont Salomon l'avait fait la figure. Dans tous ses actes elle se conformait à ceux que pratiquait son divin fils dans son sein virginal. Lorsqu'elle le voyait se mettre à genoux pour prier le père éternel ou qu'il se mettait en forme de croix comme pour essayer ce qu'il devait y souffrir, sa digne mère attentive à toutes ses actions s'appliquait eu elle-même à l'imiter avec une entière perfection.
Vie divine de la très-sainte Vierge Marie - CHAPITRE VII