Catena Aurea 3417

v. 17

3417 Mt 4,17

S. Chrys. (sur S. Matth). Celui-là seul a le droit de prêcher la justice chrétienne qui peut ré sister à ses appétits sensuels, mépriser les biens de ce monde, étouffer tout désir de vaine gloire. Aussi l'Évangéliste écrit-il avec raison: «Depuis ce temps»,c'est-à-dire après qu'il eût triomphé de la tentation de la faim dans le désert, méprisé les séductions de la cupidité sur la montagne, repoussé la vaine gloire sur le pinacle du temple. Ou bien, «depuis ce temps là», c'est-à-dire depuis que Jean-Baptiste fut mis en prison, Jésus commença le cours de ses prédi cations; car s'il l'eût commencé alors que Jean continuait encore ses prédications, il eût amoindri la réputation de son précurseur et détruit l'utilité de la doctrine de Jean par la compa raison qu'on en aurait fait avec la sienne. C'est ainsi que le soleil éclipse la beauté de l'étoile du matin, lorsqu'il la rencontre sur l'horizon. S. Chrys. (Hom. 14 sur S. Matth). Jésus n'a point prêché avant que Jean-Baptiste fût mis en prison, pour ne pas diviser la multitude. C'est pour une raison semblable que Jean ne fit pas de miracle (cf. Jn 10,41), pour laisser au Sauveur le moyen d'attirer tous les hommes à lui. - Rab. Il nous apprend par là à ne jamais mépriser la parole d'un infé rieur, ce qui a fait dire à l'apôtre: «Si une révélation est faite à un autre de ceux qui sont assis parmi vous, que celui qui parlait auparavant se taise».

S. Chrys. (sur S. Matth). Jésus fait paraître sa sagesse dans la manière dont il commence le cours de ses prédications; il ne détruit point la doctrine prêchée par Jean-Baptiste, mais il l'appuie et montre la vérité de son témoignage. - S. Jér. C'est en cela qu'il prouve qu'il est le Fils de ce même Dieu dont Jean avait été le prophète, et c'est pour cela qu'il dit: «Faites pénitence». - S. Chrys. (sur S. Matth). Ce n'est point tout d'abord la justice qui fait le sujet de ses prédications, tous la connaissent; mais c'est la pénitence dont tous avaient besoin. Quel est donc celui qui a osé dire: «Je veux être bon, et je ne le puis ?» Est-ce que la pénitence ne redresse pas la volonté? Si la crainte des maux dont on vous menace ne peut vous amener à la pénitence, laissez-vous conduire, du moins, par l'attrait des biens qui vous sont promis, écou tez en effet ce qui suit: «Le royaume des cieux est proche»,c'est-à-dire le bonheur du royaume des cieux comme s'il disait: Préparez-vous par la pénitence, car le temps de la ré compense éternelle est proche». - Remi. Remarquez qu'il ne dit pas le royaume des Chana néens ou des Jébuséens, mais le royaume des cieux: la loi promettait des biens purement tem porels, le Seigneur promet un royaume éternel.

S. Chrys. (homel. 14. sur S. Matth). Considérez aussi, que dans cette première prédication, il ne dit rien ouvertement de lui-même, ce qui était convenable pour le moment, car le peuple n'avait pas encore de sa personne l'opinion qu'il devait en avoir. Ce premier discours ne ren ferme non plus aucun reproche, aucune menace, comme ceux de saint Jean lorsqu'il leur parlait de cognée, d'arbre coupé et de choses semblables; Jésus ne propose en commençant que des vérités douces, il annonce, il promet son royaume.

S. Jér. Dans le sens mystique, le Christ ne commence ses prédications qu'après l'emprisonnement de saint Jean, parce que l'Évangile doit commencer à paraître, alors que la loi a cessé d'exister.


vv. 18-22

3418 Mt 4,18-22

S. Chrys. (sur S. Matth). Avant de rien faire, avant de rien dire, Jésus-Christ appelle ses Apôtres, car il veut qu'aucune de ses paroles, qu'aucune de ses actions ne soit cachée pour eux; et qu'ils puissent dire plus tard avec confiance: «Nous ne pouvons point taire ce que nous avons vu et entendu». C'est ce que veut exprimer l'Évangéliste: «Jésus, marchant sur les bords de la mer de Galilée». - Remi. La mer de Galilée n'est autre que le lac de Génésa reth, la mer de Tibériade est le lac des Salines. - La Glose. C'est avec raison que Jésus va sur les bords de la mer, puisqu'il veut y prendre des pécheurs dans ses filets. Le texte ajoute: «Il vit deux frères; Simon, appelé Pierre, et André son frère. - Remi. Il les vit plutôt des yeux de l'esprit que des yeux du corps, et c'est leurs coeurs qui étaient l'objet de ses regards. - S. Chrys. (homél. 19 sur S. Matth). Il les surprend alors qu'il vient les appeler, au milieu de leurs occupations, parce qu'il veut nous apprendre, que pour le suivre, il faut quitter toute autre affaire. C'est pour cela qu'il est dit: «Qu'ils jetaient alors leurs filets dans la mer».C'était en effet, une des occupations de leur état, comme l'Évangéliste le remarque: «Car ils étaient pécheurs».

S. Aug. (serm. pour les calendes de janv). (cf. 1Co 1). Il ne choisit ni des rois, ni des séna teurs, ni des philosophes, ni des orateurs, mais des plébéiens, des pauvres, des pêcheurs sans instruction. - S. Aug. (Traité 7 sur S. Jean). S'il avait choisi des savants, peut-être au raient-ils dit qu'ils étaient choisis en considération de leur science. Mais Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a voulu briser l'orgueil des superbes, n'a point cherché à prendre des pêcheurs par des orateurs, mais c'est par des pêcheurs qu'il a gagné des empereurs. Cyprien est un grand orateur, mais nous voyons avant lui Pierre qui n'était que pêcheur. - S. Chrys. (sur S. Matth). Leur profession était aussi un symbole de leur dignité future, car de même que le pêcheur lorsqu'il jette ses filets dans l'eau, ignore quels poissons il va prendre, ainsi le prédicateur lorsqu'il jette sur le peuple qui l'écoute le filet de la parole divine, ignore quels sont ceux qui vont venir à Dieu, c'est Dieu lui-même qui excite ceux qui doivent embras ser sa doctrine.

Remi. Le Seigneur parle de ces pêcheurs par la bouche du prophète Jérémie (Jr 16), en ces termes: «Je vous enverrai mes pêcheurs, et ils vous prendront dans leurs filets».C'est pour cela que l'Évangéliste ajoute ici ces paroles de Notre-Seigneur: «Venez à ma suite». - La Glose. Venez, non pas tant en me suivant extérieurement, qu'en m'aimant, et en m'imitant, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. - S. Chrys. (sur S. Matth). C'est-à-dire docteurs; et c'est avec le filet de la parole de Dieu que vous devez prendre et retirer les hommes de ce monde si fécond en tempêtes et en naufrages, où les hommes ne marchent pas, mais sont entraînés avec violence, parce que le démon se sert de l'attrait du plaisir pour les précipiter dans cet abîme de maux, ou les hommes se dévorent les uns les autres, comme on voit dans la. mer les plus petits poissons dévorés par les grands; pre nez-les donc afin de les faire vivre sur la terre, lorsqu'ils seront devenus les membres du corps de Jésus-Christ.

S. Grég. (homél. sur les Evang). Ni Pierre ni André, n'avaient vu Jésus-Christ opérer des miracles; ils ne l'avaient pas entendu parler des récompenses éternelles, et cependant, sur le seul commandement qu'il leur fait, ils abandonnent tout ce qu'ils paraissent posséder: «Aussitôt, ils quittèrent leurs filets, et le suivirent».Ce qu'il faut apprécier ici, c'est plutôt la disposition de leur âme que l'importance de ce qu'ils abandonnent. C'est beaucoup laisser que de ne se réser ver rien, c est beaucoup abandonner que de renoncer non seulement à ce qu'on possède, mais à tout ce qu'on pourrait désirer encore. Pour suivre Jésus-Christ, ils abandonnent donc réelle ment tout ce qu'ils auraient pu désirer, en ne s'attachant pas à lui. Le Seigneur se contente de nos biens extérieurs, quelque peu considérables qu'ils soient; il regarde moins à la grandeur des biens qu'on lui offre qu'à la générosité du sentiment qui les lui sacrifie. Le royaume de Dieu est d'un prix inestimable, il vaut tout ce que vous avez.

S. Chrys. (sur S. Matth). Ces disciples ont suivi Jésus-Christ, non pour l'honneur attaché au titre de docteur, mais pour les fruits qu'ils espéraient produire, car ils savaient combien est précieuse l'âme de l'homme, combien Dieu désire son salut, et quelle en est la récompense. - S. Chrys. (homél. 14 sur S. Matth). Ils ajoutèrent donc foi à de si magnifiques promesses, et ils crurent qu'ils prendraient les autres dans les mêmes fileta de cette parole qui les avaient pris eux-mêmes. - S. Chrys. (sur S. Matth). Pleins de ces désirs, ils abandonnèrent tout pour suivre Jésus-Christ et no us apprirent par ce sacrifice qu'on ne peut à la fois posséder les choses de la terre, et parvenir à la possession parfaite des biens célestes. - La Glose. Ces disciples nous offrent donc le premier exemple du renoncement aux biens de la terre pour l'amour de Jésus-Christ. Le fait suivant nous donnera l'exemple du sacrifice fait à Dieu des affections de la chair. Nous lisons en effet: «Et de là s'avançant, il vit deux autres frères».Remarquez qu'il les appelle deux par deux, comme plus tard nous lisons qu'il les envoie prêcher deux à deux. - S. Grég. (homél. 17 sur les Evang). Il nous enseigne par là d'une manière implicite que celui qui n'a pas la charité fraternelle ne doit pas se charger du ministère de la prédication, car il y a deux préceptes de la charité, et il faut au moins deux personnes pour qu'elle puisse s'exercer. - S. Chrys. (sur S. Matth). C'est avec raison que Jésus a fait reposer les fonde ments de son Église sur la charité fraternelle, afin que la sève sortant avec abondance de cette racine pût se répandre dans toutes les branches. Et ce n'est pas seulement ici la charité produite par la grâce, mais l'affection naturelle pour que la charité reçoive ce double et ferme appui de la nature et de la grâce; voilà pourquoi l'Évangéliste dit qu'ils étaient frères. C'est ainsi que Dieu avait agi dans l'Ancien Testament en posant les bases de l'ancienne loi sur les deux frères Moise et Aaron. Or, comme la grâce est plus abondante dans le Nouveau Testament que dans l'Ancien, Dieu fait reposer les fondements de la société chrétienne sur deux sentiments de cette nature, tandis que le premier peuple ne reposait que sur un seul. «Il vit Jacques», fils de Zébédée, dit l'Évangéliste, et Jean son frère, raccommodant leurs filets», c'était un signe de très-grande pauvreté, car s'ils étaient obligés de raccommoder leurs vieux filets, c'est qu'ils ne pouvaient en acheter de neufs. Nous avons encore ici une preuve de leur amour filial; dans leur pauvreté, ils n'abandonnent pas leur père, mais ils l'emmènent a vec eux dans leur barque, non pour les aider dans leur travail, mais pour consoler eux-mêmes sa vieillesse par leur pré sence. - S. Chrys. (sur S. Matth). Tout annonce ici une vertu éminente, supporter facilement la pauvreté, vivre d'un travail honnête, être unis intimement par l'amour de la vertu, avoir leur père avec eux, et subvenir à ses besoins. - S. Chrys. (homél. 14 Sur S. Matth). Devons-nous estimer que les premiers furent plus actifs que les derniers dans le ministère de la prédication, parce que les uns jettent leurs filets à la mer, tandis que les autres les raccommodent? nous n'oserions le dire, Jésus-Christ seul connaît la différence qui peut exister entre eux.

Peut-être les uns nous sont-ils représentés jetant leurs filets à cause de Pierre qui prêche l'Évangile, mais sans le laisser par écrit, tandis que nous voyons les autres réparer leurs filets en figure de Jean qui a composé son Évangile.

Suite. «Et il les appela». Ils étaient concitoyens d'une même ville, l'amitié les unissait, ils avaient la même profession, ils s'aimaient comme des frères, et Jésus ne voulut pas que, réunis en tant de points, ils fussent séparés dans leur vocation. - S. Chrys. (homél. 14 sur S. Matth). En les appelant, il ne leur promit rien comme aux premiers, car l'obéissance leur avait ouvert la voie. Ils avaient d'ailleurs entendu parler souvent de lui, à cause des liens du sang et de l'amitié qui les unissaient entre eux.

Suite. «Aussitôt, ayant laissé là leurs filets, ils le suivirent». - S. Chrys. (sur S. Matth). Celui qui veut suivre Jésus-Christ doit renoncer à trois choses: aux oeuvres de la chair qui sont figurées par les filets des pêcheurs; aux biens de ce monde dont la barque est le symbole; aux affections de la famille signifiées par le père des deux apô tres. Ils laissent donc une barque, pour devenir les pilotes du vaisseau de l'Église; ils laissent leurs filets, car ils ne veulent plus apporter de poissons dans les villes de la terre, mais conduire les hommes dans la cité des cieux; ils laissent un père, pour devenir eux-mêmes les pères spi rituels du monde entier. - S. Hil. (Cant. 3 sur S. Matth). En renonçant à leur profession et au foyer paternel, ils nous apprennent que pour suivre Jésus-Christ, il faut être libre des solli citudes de cette vie, aussi bien que des habitudes de la vie de famille.

Remi. Dans le sens mystique, la mer figure le monde à cause de l'amertume de ses eaux et de l'agitation de ses flots; le mot Galilée signifie mouvement rapide ou roue, et il exprime le cours rapide des choses humaines. Jésus a marché sur les bords de la mer, lorsqu'il est venu à nous par son incarnation, car ce n'est pas la chair du péché, mais la ressemblance (cf. Rm 8,3) de cette chair qu'il a prise dans le sein de la Vierge. Les deux frères désignent les deux peuples qui tous les deux ont Dieu pour créateur et pour père; et ce Dieu les vit, lorsqu'il tourna vers eux les regards de sa miséricorde. En effet, Pierre, qui signifie celui qui connaît et qui est appelé Si mon, c'est-à-dire celui qui obéit, est la figure du peuple juif qui puisa dans la loi la connais sance de Dieu, et obéit à ses préceptes. André veut dire fort ou d'un aspect agréable, et il représente la gentilité qui persévère courageusement dans la foi aussitôt qu'elle a reçu la connaissance de Dieu. Dieu appela ces peuples lorsqu'il envoya ses prédicateurs dans le monde, en leur disant: «Venez à ma suite», c'est-à-dire laissez celui qui vous trompe, pour suivre celui qui vous a créé. Dans l'un comme dans l'autre peuple, Dieu choisit des pêcheurs d'hommes, c'est-à-dire des prédicateurs qui, laissant leur barque, figure des désirs de la chair, et leurs filets, c'est-à-dire les convoitises du siècle, ont suivi aussitôt le Sauveur. Jacques repré sente aussi le peuple juif qui a supplanté le démon et ruiné son empire par la connaissance du vrai Dieu. Jean est la figure du peuple païen qui doit uniquement son salut à la grâce. Zébé dée, que ses enfants abandonnent, et dont le nom signifie celui qui fuit, celui qui tombe, repré sente le monde qui passe, et le démon précipité du haut des cieux. Pierre et André, qui jettent leurs filets dans la mer, figurent aussi ceux qui dès leurs premières années jettent loin de la bar que de leur corps les filets de la concupiscence charnelle pour suivre le Seigneur. Jacques et Jean qui raccommodent leurs filets représentent ceux qui avant d'être punis des fautes qu'ils ont commises, viennent à Jésus-Christ pour recouvrer ce qu'ils avaient perdu. - Rab. Les deux barques figurent les deux Églises, l'Église de la circoncision, et l'Église de la gentilité. Tout fidèle aussi peut devenir Simon par son obéissance à Dieu; Pierre, par la connaissance et l'aveu de son péché; André, par son courage dans les épreuves; Jacques, par son zèle à dé truire et supplanter le mal. - La Glose. Jean vient ensuite pour que tout soit attribué à la grâce. Il n'est question ici que de la vocation de quatre apôtres comme figure des prédicateurs qui seront appelés des quatre parties du monde. - S. Hil. On peut y voir aussi une figure des qua tre Évangélistes.

Remi. Ou bien encore dans ces quatre apôtres nous pouvons voir une figure des quatre vertus principales, dans Pierre la prudence, à cause de la connaissance qu'il a de Dieu, dans André la justice, à cause de l'énergie de ses actes, dans Jacques la force, parce qu'il supplante le diable, et dans son frère Jean la tempérance, comme effet de la grâce divine.

S. Aug. (De l'accord des Evang., liv. 2, chap. 17). On peut-être surpris de ce que saint Jean rapporte que c'est sur les bords du Jourdain, et non dans la Galilée qu'André a suivi le Sauveur avec un autre dont il tait le nom, et que ce n'est que par la suite que ce dernier reçut de lui le nom de Pierre. Les trois autres Évangélistes s'accordent assez sur la vocation des apôtres qui eut lieu au moment où ils pêchaient, du moins saint Matthieu et saint Marc, car saint Luc ne nomme pas André, laissant toutefois supposer qu'il était dans la même barque. Il y a encore ici une différence; d'après le récit de saint Luc, le Seigneur n'adresse qu'à Pierre ces paroles: «Dès ce moment vous serez pêcheur d'hommes», tandis que d'après saint Matthieu et saint Marc, Jésus les aurait dites à tous les deux. Mais elles ont pu très bien être dites d'abord à Pierre seulement, comme le rapporte saint Luc, et plus tard à tous les deux, ainsi que le racontent les cieux autres Évangélistes. Ce que nous avons dit du récit de saint Jean, de mande toute notre attention, car il y a dans ce récit de grandes différences pour le temps, pour les lieux, et pour la vocation elle-même des Apôtres. Il faut donc entendre que Pierre et André ne attachèrent pas au Seigneur pour ne plus s'en séparer, du jour où ils le virent sur les bords du Jourdain; ils connurent simplement alors qui il était, et ils retournèrent à leurs occupations pleins d'admiration pour sa personne. Peut-être aussi saint Matthieu récapitule en cet endroit ce qu'il avait omis, car sans marquer aucune distinction de temps, il dit: «Or Jésus marchant sur le bord de la mer». On peut demander encore pourquoi les apôtres sont appelés deux par deux, d'après le récit de saint Matthieu et de saint Marc, tandis que saint Luc rapporte que Jacques et Jean ont été appelés comme les compagnons de Pierre et pour venir à son aide (cf. Lc 5,6), et qu'ils ont suivi Jésus-Christ après avoir ramené leurs barques à bord. Il faut donc admettre que le fait raconté par saint Luc s'est passé en premier lieu, et qu'alors les Apôtres ont repris leurs occupations ordinaires, la pêche des poissons. Jésus en effet n'avait pas encore dit à Pierre cette parole: «Qu'il ne prendrait plus jamais de poissons», puisqu'il en prit encore après la résurrection, mais seulement qu'il prendrait des hommes. Ce que racontent saint Matthieu et saint Marc n'eut lieu que plus tard, et les Apôtres en ramenant alors leurs barques à bord pour le suivre, n'avaient pas la pensée de reprendre leurs occupations, mais celle d'obéir au Seigneur qui leur commandait de le suivre.

S. Chrys. (sur S. Matth). Avant d'aller combattre l'ennemi, un roi songe tout d'abord à réunir son armée, et c'est avec elle qu'il entre en campagne. C'est ainsi que notre Seigneur avant d'entreprendre la guerre contre le démon rassemble tout d'abord ses apôtres, et commence ensuite à prêcher l'Évangile: c'est ce qu'indique le texte sacré: «Et Jésus allait par toute la Galilée». - Remi. Les docteurs trouvent ici le modèle qu'ils doivent imiter, il est dit de Jésus qu'il parcourait toute la Galilée, pour leur apprendre à fuir l'oisiveté. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ces peuples étaient trop faibles pour venir trouver le médecin, ce médecin dévoué allait donc de toutes parts chercher ces malades atteints d'infirmités mortelles. Le Seigneur parcourait toutes les contrées, mais les pasteurs qui ne sont préposés qu'à la garde d'un seul pays, doivent au moins parcourir en détail toutes les infirmités du peuple qui leur est confié, afin de pouvoir appliquer à chacune d'elles le remède qui lui convient, et que l'Église tient en réserve.

Remi. Ces paroles: «Par toute la Galilée», apprennent aux pasteurs à ne jamais faire ac ception de personnes; les paroles suivantes: «En enseignant» à ne point parcourir la terre sans produire de fruits, et ces autres: «Dans les synagogues» de préférer l'utilité du plus grand nombre à l'intérêt de quelques-uns seulement. - S. Chrys. (Hom. 14 sur S. Matth). Jésus entre dans les synagogues des Juifs, et il y répand les paroles de la doctrine céleste. Il veut que les paroles du Maître parviennent aux oreilles d'un plus grand nombre, afin que leurs coeurs soient excités à embrasser raisonnablement la foi, ou que par un aveuglement inexcusa ble ils rejettent à leur grand préjudice une doctrine aussi salutaire. Car l'Évangile est une vive lumière, qu'on ne peut sans crime cacher sous le boisseau, ce que Jésus a expressément défen du. Par là aussi il faisait voir qu'il ne venait pas se mettre en opposition avec Dieu, qu'il n'était pas un apôtre d'erreurs, mais qu'il était en parfaite harmonie avec son Père.

Remi. Les paroles suivantes: «Prêchant l'Évangile du royaume», nous enseignent qu'il ne faut prêcher ni erreurs ni fables mensongères. Les deux termes: «Enseignant et prêchant», ne sont pas synonymes; enseigner a pour objet les choses présentes; prêcher, les choses futu res; Notre-Seigneur enseignait les commandements qu'il fallait observer actuellement, et il prêchait les promesses futures. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien, il enseignait les vertus naturelles que la raison nous fait connaître, la chasteté, l'humilité et autres vertus semblables, qui sont des biens réels au juge ment de tous. S'il faut en faire la matière de l'enseignement, ce n'est point tant pour les faire connaître, que pour en réveiller le désir dans les coeurs; car sous l'action prédominante des plaisirs de la chair, la science de la justice naturelle tombe en oubli et s'endort en quelque sorte au rond des coeurs. Or, lorsque celui qui enseigne, condamne ces inclinations charnelles, sa parole ne donne pas de nouvelles connaissances, elle rappelle celles qu'on avait oubliées. Il prêchait l'Évangile en annonçant des biens dont les anciens n'avaient jamais entendu parler clairement, tels que le bonheur du ciel, la résurrection des morts et l'autres vérités semblables. Ou bien il enseignait en montrant que les prophéties s'accomplissaient en lui, et il prêchait l'Évangile en faisant connaître les biens futurs dont il devait nous mettre en possession.

Remi. Les paroles qui suivent: «Guérissant toutes les langueurs et toutes les infirmités parmi le peuple»,apprennent aux prédicateurs que leur enseignement doit s'appuyer sur leurs vertus; la langueur exprime ici les maladies de l'âme, l'infirmité celles du corps. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien la langueur figure certaines passions de l'âme, comme l'avarice, l'impureté, et autres de ce genre; l'infirmité serait la figure de l'infidélité, qui est le mal de ceux qui sont infirmes dans la foi. Ou bien les langueurs sont les maladies plus graves du corps, et les infirmités les plus légères. Or Jésus guérissait les maladies du corps par sa puissance di vine, et celles de l'âme par ses pieux entretiens. Il enseigne d'abord, et puis il guérit, et cela pour deux raisons: d'abord pour commencer par le plus nécessaire, car les pieux entretiens édifient l'âme, ce que ne font pas les miracles; en second lieu parce que la doctrine s'appuie sur les miracles et non pas les miracles sur la doctrine.

S. Chrys. (hom. 14 sur S. Matth). Il est à remarquer que toutes les fois que Dieu promulgue une loi, il opère des miracles, et les donne comme gages de sa puissance à ceux qui doivent recevoir sa loi. Avant de créer l'homme il avait tiré le monde du néant, et ce n'est qu'après ce miracle de sa puissance qu'il lui intime ses ordres dans le paradis. Avant de donner sa loi à Noé, il le rend témoin de grands prodiges; avant de promulguer la loi ancienne, il opère éga lement des miracles aux yeux des Juifs. C'est ainsi qu'au moment de promulguer cette loi nou velle et sublime, il en confirme la vérité par l'autorité des miracles. Comme le royaume qu'il prêchait était invisible, il le rend manifeste par des prodiges extérieurs et sensibles.

La Glose. Les prédicateurs doivent avoir un bon témoignage du dehors, autrement le mépris de leur personne rejaillit sur leur enseignement, voilà pourquoi l'Évangéliste ajoute: «Et sa réputation se répandit par toute la Syrie».Rab. La Syrie s'étend de l'Euphrate à la Grande Mer, et de la Cappadoce à l'Égypte, et elle comprend la province de Palestine habitée par les Juifs.

S. Chrys. (hom. 14 sur S. Matth). Remarquez la réserve de l'Évangéliste, qui sans parler de chaque guérison en particulier se contente de les renfermer toutes, quelque nombreuses qu'elles soient, dans ces expressions si courtes: «Et ils lui présentèrent tous ceux qui étaient malades». - Remi. Nous devons entendre par là toutes les infirmités si variées, mais les plus légères. Lorsqu'il ajoute: «Et tous ceux qui étaient malades et affligés de diverses sortes de maux»,il veut parler de ceux que l'Évangéliste spécifie plus bas: «Les possédés, les lunatiques, etc». - La Glose, La langueur est une maladie chronique, et la douleur est une maladie aigue, comme une douleur de côté ou autre de cette nature; ceux qu'il appelle possé dés sont ceux qui étaient tourmentés par le démon. - Remi. Les lunatiques sont ainsi appe lés, parce qu'ils sont plus souffrants à l'époque de la croissance et de la décroissance de la lune. - S. Jér. Les démons avaient observé cette influence de la lune, et en prenaient occa sion de blasphémer l'ouvrage de Dieu et de faire remonter jusqu'à lui ce blasphème. - S. Aug. (Cité de Dieu, chap. 6). Les démons sont attirés par des attraits conformes à leur nature, à faire leur habitation dans la créature qui n'est pas leur oeuvre, mais oeuvre de Dieu. Ils ne sont pas attirés comme les animaux par des appétits sensuels, mais comme les esprits par des signes ou chacun d'eux trouve son plaisir. -
Rab. Les paralytiques sont ceux dont la force corpo relle est comme dissoute, car le mot grec se traduit en latin par dissolutio, dissolution.

Suite. «Et il les guérit». - S. Chrys. (sur S. Matth). Dans d'autres endroits nous lisons: «Il en guérit beaucoup:»ici l'Évangéliste dit simplement: «Et il les guérit», pour marquer qu'il les guérit tous sans exception, comme ferait un nouveau médecin, qui, à son arrivée dans une ville prendrait soin de tous ceux qu'on lui présenterait pour établir sa réputation. - S. Chrys. (hom. 14 sur S. Matth). Il n'exige d'aucun d'eux la foi, parce qu'il n'avait pas encore donné de preuves de sa puissance. D'ailleurs en venant de si loin, et en apportant leurs mala des, ils avaient témoigné une foi assez grande.

Suite. «Et une grande multitude de peuple le suivait». - Rab. On peut la diviser en quatre classes; les disciples qui le suivent attirés par ses divines leçons, d'autres par les guérisons qu'il opère, ceux-ci par sa réputation et par un motif de curiosité pour voir si ce que l'on disait de lui était vrai, ceux-là par l'envie, et par le désir de le prendre en faute sur quelque point et de l'accuser. Au sens mystique, la Syrie veut dire superbe; la Galilée inconstante ou la roue, c'est-à-dire le démon et le monde dominé par l'orgueil, et toujours porté à rouler dans les cho ses basses. La prédication y fait connaître le nom du Christ. Les possédés du démon ce sont les idolâtres; les lunatiques, ceux qui sont inconstants, les paralytiques, les paresseux et les disso lus. - LaGlose La multitude qui suit le Seigneur appartient à l'Église, qui dans un sens spirituel est tout à la fois la Galilée qui passe du vice à la vertu, la Décapole, à cause des dix commandements qu'elle doit observer; Jérusalem et la Judée, parce qu'elle reçoit la double lumière de la vision de paix et de la confession de la foi. Elle est située au delà du Jourdain parce qu'après avoir traversé les eaux du baptême, elle entre dans la terre promise. - Ou bien cette multitude qui suit le Seigneur vient de la Galilée, c'est-à-dire de l'inconstance du monde, de la Décapole, région qui comprenait dix villes, et qui figure les transgresseurs du Dé calogue; de Jérusalem, parce qu'ils étaient retenus par les douceurs d'une paix innocente, de la Judée, c'est-à-dire d'une doctrine diabolique; et d'au delà du Jourdain parce qu'ils vivaient auparavant au sein de l'idolâtrie, et que ce n'est qu'en traversant les eaux du baptême qu'ils sont arrivés jusqu'à Jésus-Christ.


CHAPITRE V


vv. 1-3

3501 Mt 5,1-3

S. Chrys. (sur S. Matth). Tout artisan, quelle que soit sa profession, voit avec joie ce qui lui donne l'occasion d'exercer son art. Ainsi le charpentier, à la vue d'un arbre de bonne qualité, désire le couper pour l'employer à ses travaux; de même le prêtre, en voyant une assemblée nombreuse, se réjouit dans son âme, et il est heureux de pouvoir lui enseigner des vérités utiles. C'est ainsi que le spectacle de cette grande multitude de peuple donna lieu au Seigneur de lui adresser ses divins enseignements: «Jésus voyant cette foule, monta sur la montagne».
- S. Aug. (de l'acc. des Ev., 1, 19). On peut dire aussi qu'il voulut éviter cette grande multitude et qu'il se retira sur cette montagne pour s'entretenir avec ses seuls disciples. - S. Chrys. (hom. 5 sur S. Matth). Il s'asseoit non au milieu des villes et des places publiques, mais sur une montagne et dans la solitude, et il nous apprend ainsi à ne rien faire par ostentation et à fuir les réunions tumultueuses, surtout lorsque nous devons traiter de choses d'une haute importance. - Remi. Nous voyons dans l'Évangile que Notre-Seigneur avait trois lieux particuliers de retraite, la barque, la montagne et le désert, et qu'il se retirait dans l'une ou l'autre de ces re traites, lorsqu'il était accablé par la foule.

S. Jér. Quelques-uns de nos frères croient dans leur simplicité que Notre-Seigneur a tenu ce discours sur la montagne des Oliviers,ce qui ne peut être, car ce qui précède et ce qui suit nous montre clairement que cette montagne est située dans la Galilée, et nous pensons que c'est le mont Thabor, ou quelque autre montagne élevée.

S. Chrys. (sur S. Matth). Il monte sur cette montagne, d'abord pour accomplir cette prophétie d'Isaïe: «Montez sur le sommet de la montagne»; ensuite pour nous apprendre qu'il faut habiter le sommet des vertus spirituelles pour être digne d'enseigner ou d'écouter les oracles de la justice de Dieu, car si l'on reste habituellement dans la vallée, on ne peut parler du haut de la montagne; si vous restez sur la terre, parlez des choses de la terre; si vous voulez parler du ciel, élevez-vous jusqu'au ciel. Ou bien il monte sur la montagne pour nous avertir que tout homme qui veut pénétrer les mystères de la vérité, doit monter sur cette montagne de l'Église dont le prophète a dit: «La montagne de Dieu est une montagne fertile» (Ps 67,16). S. Hil. (can. 4 sur S. Matth). Ou bien encore, il monte sur la montagne, parce que c'est des hauteurs de la majesté qu'il occupe avec son Père qu'il nous impose les célestes enseignements de la vie chrétienne.

S. Aug. (serm. 7 sur la mont. liv. 1, chap. 1). Ou bien enfin il monte sur la montagne, pour nous faire comprendre que les commandements que Dieu avait donnés par les prophètes au peuple juif, peuple qu'il fallait retenir par la crainte, étaient moins parfaits que les lois qu'il allait donner par son Fils à un peuple qu'il voulait affranchir par l'amour.

«Et lorsqu'il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui».S. Jér. Il parle assis et non de bout, parce qu'ils étaient incapables de le comprendre dans l'éclat de sa majesté. - S. Aug. (serm. sur la mont). Ou bien, il parle étant assis, parce que sa dignité de docteur et de maître l'exigeait. Ses disciples s'approchèrent de lui; c'est ainsi que ceux dont le coeur était plus près de l'accomplissement de ses préceptes, se trouvaient aussi plus rapprochés corporellement de sa personne. - Rab. Dans le sens mystique, le Seigneur assis est la figure de son incarnation, car s'il ne s'était pas incarné, le genre humain n'aurait pu approcher de lui. - S. Aug. (de l'acc. des Evang., 1, 19). Il paraît surprenant que saint Matthieu prête ce discours au Sauveur assis sur la montagne, tandis que saint Luc (Lc 7,17) le lui fait tenir lorsqu'il était debout dans la plaine. Cette diversité dans leur récit est une preuve qu'il s'agit de deux discours différents; car qui s'oppose à ce que Notre-Seigneur ait répété ici ce qu'il avait dit précédemment et qu'il fasse de nouveau des actions qu'il avait déjà faites auparavant? On peut dire encore que le Sauveur était sur le point le plus élevé de la montagne avec ses seuls disciples, quand il choisit parmi eux ses douze apôtres. Il descendit ensuite avec eux non de la montagne, mais de cette hauteur dans une espèce de plaine, c'est-à-dire sur un plateau situé sur le flanc de la montagne, et qui pouvait contenir un grand nombre de personnes; il attendit dans ce lieu que la multitude se fût rassemblée autour de lui; puis s'étant assis, ses disciples se rapprochèrent et, là devant eux et en présence du peuple il aurait fait ce discours que saint Matthieu et saint Luc racontent d'une manière différente, mais dont la substance est absolument la même.

S. Grég. (Moral., 4, 5). Avant que le Sauveur formule sur la montagne ces sublimes et admi rables préceptes, l'Évangéliste les fait précéder de ces paroles: «Ouvrant sa bouche, il les en seignait».Lui qui avait autrefois ouvert la bouche des prophètes.
- Remi. Toutes les fois qu'il est dit que le Seigneur ouvrit la bouche, il faut nous rendre attentifs, car ce préambule annonce de grandes choses. S. Aug. (serm. sur la mont). Ou bien peut-être ces mots: «ouvrant la bouche», nous avertissent que le discours qui va suivre sera plus long que d'habitude. - S. Chrys. (hom. 15) Ou enfin ces paroles nous apprennent que le Seigneur enseignait tantôt en ouvrant la bouche, tantôt en faisant entendre la voix non moins instructive de ses oeu vres.

S. Aug. (serm. sur la mont). Si on veut étudier ce discours dans un esprit de religion et de prudence, on y trouvera la règle parfaite de la vie chrétienne pour la direction des moeurs. Aus si Notre-Seigneur le conclut en disant: «Tout homme qui écoute les paroles que je viens de dire et les met en pratique sera comparé à un homme sage».

S. Aug. (Cité de Dieu, 19, 1). La philosophie ne peut avoir d'autre raison d'être que la fin du bien lui-même. Or la fin du bien, c'est de nous rendre heureux, et c'est pour cela que Jésus-Christ commence son discours par la promesse de la béatitude: «Bienheureux les pauvres d'esprit». - S. Aug. (serm. sur la mont., 1, 2). La présomption d'esprit est un signe d'orgueil et d'arrogance. Or, on dit souvent des orgueilleux qu'ils ont un esprit étendu; c'est avec raison, Car esprit est synonyme de vent, et qui ne sait qu'on dit aussi des orgueilleux qu'ils sont enflés, comme s'ils étaient gonflés par le vent. C'est pour cela qu'il faut entendre ici par pauvres d'esprit, les humbles qui craignent Dieu et qui n'ont pas cet esprit qui enfle. - S. Chrys. (homél. 15). Ou bien le mot esprit signifie ici orgueil et volonté. Que des hommes soient humiliés malgré eux et par la force des circonstances, il n'y a ni mérite ni gloire; aussi Notre-Seigneur ne proclame bienheureux que ceux qui s'humilient par le choix de leur volonté. Il veut ici couper et arracher jusqu'aux dernières racines de l'orgueil, comme étant lui-même la racine et la source de tous les maux. Il lui oppose l'humilité comme un fondement inébranlable sur lequel on lient bâtir avec solidité, tandis que si elle vient à crouler, tous les biens que vous aurez amassés tombent avec elle. - S. Chrys. (sur S. Matth). Notre-Seigneur dit ouverte ment: «Bienheureux les pauvres d'esprit», et il désigne par là les âmes humbles qui demandent toujours à Dieu l'aumône de sa grâce. Aussi on lit dans le grec: «Bienheureux les mendiants ou les nécessiteux». Il en est plusieurs, en effet, qui sont naturellement humbles, mais qui ne le sont point par un principe de foi, parce qu'ils n'implorent pas le secours de Dieu. Le Sauveur ne veut parler ici que de ceux qui sont humbles en vertu de la foi. - S. Chrys. (homél. 15). Peut-être ici par les pauvres d'esprit, Notre-Seigneur entend-il ceux qui sont saisis de crainte et qui tremblent en présence des commandements de Dieu, comme Dieu le recommande par le prophète Isaïe. Mais qu'ont-ils de plus que ceux qui sont simplement humbles? Ils possèdent la vertu d'humilité à un plus haut degré. - S. Aug. Que les orgueilleux désirent les royaumes de la terre, le royaume des cieux est pour les humbles. - S. Chrys. (Sur S. Matth). De même, en effet, que tous les vices conduisent à l'enfer, mais principalement l'orgueil, aussi toutes les vertus nous conduisent aux cieux, mais surtout l'humilité, car c'est une des récompenses pro pres à l'humilité que celui qui s'humilie soit élevé. - S. Jér. Ou bien encore les pauvres d'esprit sont ceux qui par l'inspiration de l'Esprit saint embrassent la pauvreté volontaire. - S. Amb. (des Offices, liv. 1, chap. 16). Au jugement de Dieu, le bonheur commence là où au jugement des hommes on ne trouve que misère et afflic tion. - La Glose. C'est avec justice que les richesses du ciel sont ici promises à ceux qui sont pauvres dans la vie présente.



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