Ephrem, écrits - II. Exhortations.

II. Exhortations.

Il ne se passe pas un moment que je ne réfléchisse à la vision dont vous m'avez fait part, mon très cher frère, car je connais votre ardeur et votre zèle; que vos efforts tendent donc tous à rendre votre vie digne de la vocation qui vous a guidé, et agréable au Chef de votre sainte union. Maintenant votre but est fixé; vous voulez vous sauver, mais comme vous n'avez point encore toute l'expérience de la vie religieuse, il vous faut suivre les traces de perfection dans lesquelles ont marché nos saints frères et nos saints pères, et apprendre à leur école comment on doit servir Dieu. Etudiez donc, comme je n'ai cessé de vous le dire, leurs sages préceptes, ils vous donneront les règles d'une bonne conduite et vous apprendront comment par la piété on obtient la récompense d'une vocation inspirée. Vous verrez les uns animés d'une foi vive et pure, les autres sans cesse confiants en Dieu; celui-ci pratiquant la double charité envers Dieu et envers le prochain, celui-là, pour conserver en son âme la crainte de Dieu, restant pur de toutes mauvaises actions, menant une vie intacte et irréprochable, et méritant par la sainteté de sa conduite les éloges universels. Les éloges de ce genre ne sont pas rares; c'est sur ceux-là que je vous disais de vous guider et non pas sur moi, serviteur timide et peu fervent. Ne les perdez donc pas de vue, car ils sont au milieu de vous comme des phares lumineux. Lorsque les passions viennent leur livrer quelque assaut, ils ont recours à Dieu par la prière, s'unissant à Lui de coeur et d'âme, en reçoivent les secours de la grâce, et triomphent de toutes les pensées mauvaises; puis, repentants et affligés, ils gémissent et expient dans les larmes leurs péchés, les confessant à Dieu par les prières et les veilles, se macérant par le jeûne, l'abstinence et les tribulations de tous genres pour faire leur salut.

Combattez donc aussi avec courage jusqu'à la mort comme un vrai soldat; car ce n'est pas peu de chose que la vie religieuse, mon fils, il faut un zèle bien vif pour veiller au salut de son âme. Aussi, en écrivant ma lettre et vous l'adressant, je n'ai pas voulu passer sous silence une seule vertu, afin de vous éviter la possibilité de dire plus tard: "Je ne savais pas ce qu'il y avait à faire". Employez donc tous vos efforts pour rendre par la prudence et la sagesse votre vie agréable à Dieu et aux hommes. Si vous réglez votre conduite sur cette abnégation complète pratiquée par vos devanciers, sur le dévouement à Dieu en toute chose, il vous sera facile d'atteindre la perfection de toutes les vertus; vous aurez devant les yeux des hommes qui se sont voués à la pauvreté, abandonnant tout pour isoler leur esprit, l'abîmer dans le recueillement et la prière, et n'avoir point ni soins, ni soucis qui vinssent se mêler à leurs saintes pratiques, à leurs larmes, à leur ferveur et à leur amour divin. Car vous n'ignorez pas, frère chéri, que l'âme du mortel priant avec pureté, ferveur et componction est un miroir où vient se réfléchir la Divinité. Ainsi, c'est par la pauvreté, la misère et le dénuement absolu que l'on obtient la récompense promise aux justes: "car il est étroit et pénible le chemin qui mène à la véritable vie" (Mt 7,13-14) .

Et voilà le chemin que j'ai voulu vous indiquer, quoique je n'y sois pas encore entré moi-même; en le suivant, vous acquerrez les vertus des saints, et les uns et les autres vous offriront des modèles parfaits à imiter; ici piété, savoir, régularité, humilité, honneur, dévouement, mépris de soi-même, zèle et amour; recueillement et silence, douceur et patience; longanimité, clémence, humanité, affabilité, tolérance, union, concorde, sagacité, jugement, prudence, sobriété, tempérance, sagesse, rapidité dans le conseil, discrétion, mysticité, concentration, gaieté, amabilité, prévenance, réconciliation, oubli et pardon; là fermeté, audace, confiance, luttes courageuses, obéissance; adresse et assiduité dans le travail des mains; facilité à louer ses semblables, promptitude, vivacité, obéissance à ses frères, zèle et émulation, ferveur, soumission; abnégation pleine et entière de soi-même, sacrifice de son corps prêt à recevoir la mort chaque jour, constance, force, vérité, assurance, franchise de témoignage, vie mise à jour, assiduité, adresse, méthode, modération, sainteté, pureté, virginité, chasteté, vie spirituelle. L'un vous enseignera l'aumône, l'autre le courage à secourir les malheureux; ceux-ci vous apprendront la douceur, la pitié, la clémence, la fraternité, la reconnaissance; ceux-là les restitutions et les compensations, la droiture de conscience, la rectitude de jugement, le penchant à pardonner. Vous trouverez chez les uns l'équité, la probité, la compassion, l'amour de l'hospitalité, l'intégrité, l'innocence, la sérénité de l'âme, la sincérité; chez les autres, la facilité à se contenter de peu, la modération, la gratitude, la simplicité, l'art de consoler, le pouvoir d'exhorter, la charité qui conduit au lit des malades, le talent de donner des avis et les donner justes; chez tous, la prière et la méditation des psaumes divins, la componction, en un mot, toutes les vertus d'une vie de sainteté.

Entouré de ces nombreux trésors, vous ne pouvez que vous enrichir; passant votre vie avec de si saints personnages, n'allez pas vous faire mettre au nombre des vicieux, et puisque vous avez constamment devant les yeux des flambeaux aussi purs, marchez à la clarté qu'ils répandent, suivez leurs traces si vous voulez entrer avec eux dans les tabernacles éternels. Précipitez votre marche de manière à en atteindre quelques-uns. Je suis sûr que vous le pouvez, si vous le voulez. Ceignez vos reins; allumez la lampe de justice et attendez le Seigneur; qu'à son arrivée, Il vous trouve prêt à voler dans ses Bras. J'épuiserai avec vous mes exhortations, car je sais que vous écoutez avec plaisir tout ce qui est juste et raisonnable. Veillez donc sur vous-même, combattez jusqu'à la mort, pour que, sain et sauf de toute faute, vous puissiez aller au-devant du céleste époux avec joie et confiance. Conservez bien par-dessus tout votre virginité; c'est par elle que vous arriverez aux jouissances célestes, d'après les paroles de l'Apôtre: "Je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge pure" (2Co 11,2) .

Maintenant, mon très cher frère, je vous ai énuméré toutes les vertus de nos saints modèles, je vous ai signalé les pièges du démon; déjouez la perfidie de ce dernier et sauvez votre âme. Et n'allez pas me dire: "Je suis dans un monastère, je porte un costume religieux". Car non seulement aux yeux des hommes, mais aussi à ceux de Dieu, l'habit ne suffit pas; il faut encore des fruits de bonnes oeuvres. Conservez-vous donc comme un arbre couvert de fleurs et faites éclore le fruit de vos vertus. En vérité, si vous n'y preniez garde, le ver de l'orgueil rongerait en vous l'humilité, votre esprit de vérité se ternirait sous le mensonge; un vain désir de gloire altérerait votre piété et votre dévotion; la colère éteindrait votre mansuétude, l'exaspération votre longanimité; les disputes détruiraient votre paix; la fausseté brouillerait vos amitiés; le souvenir des injures s'opposerait à la réconciliation qu'ordonne la charité; les affronts souilleraient votre honneur; l'altercation remplacerait la concorde; le bruit troublerait votre repos et votre silence; la gourmandise ferait reculer le jeûne; la faim insatiable ferait taire la tempérance; la mollesse émousserait votre zèle; le sommeil engourdirait vos veilles; la nonchalance serait un obstacle à votre ardeur; la paresse vous éloignerait de votre ministère; les murmures repousseraient la soumission; la désobéissance exclurait l'obéissance; les paroles oiseuses couvriraient le chant des psaumes; les propos badins ne laisseraient aucune place aux louanges du Seigneur; le fou rire chasserait les larmes; trop de sévérité annulerait l'indulgence; les liaisons criminelles feraient taire la pudeur; l'incrédulité ferait disparaître la foi; l'avarice prévaudrait sur la pauvreté volontaire; vous aimeriez vos parents plus que le Christ; vous préféreriez les joies du monde à celle du royaume céleste; les richesses vous feraient refuser la misère; votre langue s'abandonnerait aux injures; la médisance vous rendrait fratricide; la flatterie amollirait votre âme; l'envie vous ferait détester vos frères; la ruse corromprait votre coeur; la dissimulation ne vous laisserait aucun mérite; la calomnie vous mènerait à la trahison; le faux témoignage réclamerait des châtiments; le vol vous ferait rejeter du royaume des cieux; l'injustice vous fermerait les portes du paradis; votre servilité pour plaire aux hommes ruinerait votre corps; l'amour de la volupté vous détournerait de l'amour de Dieu; la concupiscence vous éloignerait de la componction; les passions étoufferaient vos aspirations vers le Seigneur, et le plaisir de la table vous priverait des délices célestes.

Ecoutez-moi donc, mon fils bien-aimé: vous ne mépriserez pas la créature, dans la crainte d'irriter le Créateur; vous ne l'accuserez pas, car ce serait provoquer votre propre condamnation; vous ne blâmerez personne, car vous ignorez ce qui peut vous arriver à vous-même; vous ne vous glorifierez pas, car si vous tombiez, votre infamie viendrait de vous. Tenez-vous en garde contre la présomption, elle fait perdre la douceur et la retenue; contre la timidité, elle arrête les résolutions hardies; contre l'insouciance, elle chasse la crainte. Que la méditation ne vous éloigne pas de la société et du cercle de vos frères. Que la distraction ou les ravissements ne dérangent pas votre raison. Fermez votre oreille à tout son impudique. Ne vous liez jamais avec les méchants, n'entreprenez rien avec eux, si vous ne voulez pas que leur malice couvre de ses ténèbres votre innocence et votre naïveté, et que votre bon coeur succombe sous leur perversité. Fuyez l'envie, elle désolerait la tranquillité de votre coeur. Ne soyez ni emporté, ni railleur, vous vous feriez détester de tout le monde; ni impertinent, vous vous attireriez des corrections. N'écoutez pas les conseils de la chair, ils abrutiraient votre âme. Que l'esprit de médisance ne vienne pas vous empêcher de louer votre prochain. Que le découragement ne vous éloigne pas de la pénitence, ni l'indifférence du ciel. Ne vantez pas vous-même votre trésor, vous le perdriez. Faites taire votre jactance, ou vous divulguerez vos secrets. évitez toute dispute qui pourrait nuire à autrui. Chassez l'ignorance qui s'opposerait aux progrès de votre esprit, la sottise qui déjouerait votre prudence. éloignez de vous la folie. Que votre légèreté ne vous fasse jamais trahir la discrétion. Enfin craignez toujours qu'à votre insu quelque vice ne glisse en votre coeur et ne vous entraîne captif hors du royaume du ciel. De plus, soyez sobre et, selon la loi de Dieu, méditez jour et nuit (Ps 1,2); car notre ennemi ne cesse ses attaques ni le jour ni la nuit; craignez qu'il ne saisisse un moment où votre esprit aura cessé de méditer les préceptes de Dieu, qu'il ne s'empresse d'y semer le mauvais grain, et qu'il ne rende tout en vous plus défectueux qu'auparavant (Mt 13,25); craignez qu'il ne vous prive et du repos sur la terre et du bonheur dans le ciel: "car celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n'est pas propre au royaume de Dieu" (Lc 9,62), et celui qui combat "ne s'embarrasse pas des choses de la vie, s'il veut plaire à celui qui l'a enrôlé" (2Tm 2,4). Renonçant donc au monde et suivant le Christ, précipitez vos pas pour L'atteindre: et ne déviez ni à droite ni à gauche, c'est-à-dire vers aucun des excès précités. Si vous ne voulez pas rouler dans le précipice du péché et perdre votre âme, suivez la grande route des préceptes divins, et allez droit aux célestes demeures. Priez en même temps pour moi, pauvre pécheur; et peut-être, quoique j'en sois bien indigne, devenu du nombre des saints, j'obtiendrai avec vous une place aux parvis sacrés, dans le sein de Jésus Christ notre Sauveur.

Tous les préceptes que je viens de vous donner, mon très cher frère, ce n'est pas que je les aie suivis, mais je voudrais qu'en vous y conformant vous-même, vous devinssiez agréable et cher à Dieu. Car le Seigneur a dit: "Celui qui croit en Moi fera ce que Je fais" (Jn 14,12). Quant à vous, mon bien-aimé, je suis persuadé que vous ferez encore bien mieux que vos prédécesseurs, si vous persévérez comme vous avez commencé. Vous n'avez pas besoin de censurer la conduite des autres, il ne vous faut que veiller sur la vôtre. Car chacun n'aura à rendre compte à Dieu que de ses propres actions. Résumez chaque jour votre vie en vous-même, et dites-vous: "N'ai-je manqué ni à la piété, ni à la dévotion? ai-je bien la componction? mon esprit est-il véritablement humble ?" et ainsi de tout ce que j'ai énuméré plus haut. Réfléchissez de nouveau et demandez-vous: "N'ai-je pas fait bien peu d'efforts? N'ai-je pas vécu plutôt mal que bien? N'ai-je pas dit des paroles oiseuses? Ne me suis-je pas laissé emporter par la colère? N'ai-je pas quelque désir terrestre? Suis-je bien dans la bonne voie? Ai-je en horreur tous les vices qu'on m'avait désignés? Car Dieu seul est bon, et Il sauve les hommes par la grâce en Jésus Christ notre Seigneur. Je vous adjure donc, au nom du Christ, ô mon fils, de bien peser cette lettre, de la lire avec attention et de la relire encore, de ne la quitter que quand vous la saurez par coeur. C'est, je vous l'assure, avec tous les soins possibles que j'ai cherché à y réunir tous les vices et toutes les vertus, pour que vous méditiez sans cesse sur cette matière et que vous l'ayez toujours présente à votre mémoire. "Quel chemin en effet pourra suivre la jeunesse, si elle ne marche dans la voie des préceptes de Dieu ?" (Ps 118,9) .

Je vous ai indiqué les plus saillants, afin que vous puissiez les mieux retenir. Lorsque vous y aurez accoutumé votre vie, j'achèverai tous les détails propres à vous perfectionner en Jésus Christ notre Seigneur, à qui, aussi bien qu'au Père et au saint Esprit, appartiennent toute gloire et tout honneur jusqu'à la fin des siècles. Amen.



PRIERE A LA MERE DE DIEU


1. Vierge Souveraine, Génitrice de Dieu, salut de la famille unie des chrétiens, tu ne cesses de jeter sur nous le regard d'une tendre mère. Tu nous aimes comme si nous étions tes enfants, toujours disposée à nous chérir, tu répands sur nous d'ineffables bienfaits: tu nous protèges et tu nous sauves; veillant sur nous avec sollicitude, tu nous délivres du danger des tentations, et de la multitude des pécheurs qui nous environnent; pleins de reconnaissance, nous te remercions, nous célébrons ta munificence, nous publions tes bienfaits, nous chantons à haute voix tes merveilles, nous louons ta sollicitude, ta prévoyance, nous élevons dans nos hymnes ta puissance tutélaire, nous immortalisons ton inépuisable miséricorde. Les bienfaits que tu as répandus sur nous par le passé sont gravés dans notre mémoire, et nous nous souvenons à quels dangers imminents tu nous as arrachés; nous t'adressons ce cantique de grâces, comme une dette que nous acquittons, cantique toujours au-dessous de tes bienfaits: eh! quelle voix pourrait les célébrer dignement? Cependant, nous prenons courage, nous implorons humblement ta miséricorde, pour que tu entendes les cris de détresse de tes serviteurs. Dépose notre demande aux Pieds de ce Dieu que tu as engendré, pour qu'Il nous sauve de la damnation éternelle, et que nous puissions louer le Nom trois fois saint du Père, du Fils et du saint Esprit; et aujourd'hui et dans l'éternité des siècles. Tu vois, ô très sainte Souveraine Enfantrice de Dieu, tu vois tous les pièges dont nous enveloppe l'esprit malin, l'esprit impur. Vois toutes les passions criminelles qu'il éveille en nous, et dont il nous enlace comme d'un réseau. Apparais et ne repousse point notre prière. Pourquoi détourner ton visage et oublier notre faiblesse? Écarte les embûches du démon qui nous tente, sois notre asile dans cette guerre, apaise par ton intercession bienfaisante la Colère divine que nos égarements ont excitée; ajoute ce nouveau bienfait à tant d'autres, et nous célébrerons dans nos cantiques ton nom, celui de ton Fils et notre Dieu qui, de même que son Père, est sans commencement.

2. Souveraine Mère de Dieu qui enfantas le Christ Dieu notre Sauveur, je place toute mon espérance en toi qui es au-dessus de toutes les puissances du ciel. O Vierge, emblème de la pureté, fortifie-moi de ta sainte grâce; dans cette vie, sois mon guide, conduis-moi selon la Volonté de ton auguste Fils notre Dieu. Obtiens-moi la rémission de mes péchés, sois mon refuge, ma protection, ma délivrance, sois la main qui me dirige vers la vie éternelle. Souveraine, Souveraine, ne m'abandonne pas à l'heure suprême, hâte-toi de m'apporter le secours qui m'est nécessaire, arrache-moi de la cruelle tyrannie des esprits de l'enfer. Tu es la très bonne Mère du Christ notre Dieu, tout ce que tu veux, tu dois le pouvoir. Toi, seule Souveraine et Génitrice de Dieu, tu es dans une sphère élevée au-dessus de toute la terre. Quant à nous, Épouse de Dieu, nous te bénissons avec foi, nous t'honorons avec amour, nous te rendons un culte respectueux, nous chantons tes louanges et nous proclamons ta béatitude dans le langage de la vénération. Tu es en effet la gloire des gloires, la récompense des récompenses, la puissance des puissances. O Souveraine, mon bonheur après Dieu, rosée divine qui apaises l'ardeur brûlante qui me dévore, source jaillissante du sein de Dieu même, à laquelle se rafraîchit mon coeur embrasé, lumière éclatante de mon âme plongée dans les ténèbres, guide du faible, appui du pauvre, manteau de la nudité, richesse de l'indigent, remède des plaies incurables, tu taris les pleurs, tu apaises les soupirs, tu allèges les infortunes, tu guéris les douleurs, tu brises les chaînes; Espérance de mon salut, exauce mes prières; aie pitié de mes gémissements, accueille mes lamentations, aie compassion de moi, laisse-toi fléchir par mes larmes.

3. Que pour moi tes entrailles soient émues; n'es-tu pas la Mère d'un Dieu bienfaisant? Jette un regard de bonté, accueille favorablement ma prière, réponds à mon désir, étanche ma soif; unis-moi à ma famille, à mes compagnons de service, dans la terre des hommes pacifiques, dans le sanctuaire des justes, dans le choeur des saints, et rends-moi digne, toi, protection et joie de tous et volupté pure, de participer à ta félicité, je te le demande, à la joie inénarrable du Dieu et Roi qu tu as engendré, à ses noces inexplicables aux délices inépuisables, à son Règne éternel et sans fin. Car tu es ma Souveraine, mon refuge, ma vie, ma protection, mon armure, ma joie, mon espérance, ma force; fais-moi jouir, de concert avec toi, vers les régions célestes, des Dons indicibles et inconcevables de ton Fils. Tu as, je le sais, une puissance égale à ta volonté, telle enfin que doit l'avoir la Mère du Très-Haut. Aussi me suis-je enhardi; fais que je ne sois pas trompé dans mon attente, fais que cette attente soit remplie, ô très pure Souveraine, Épouse de Dieu, toi qui, contre les lois de la nature, as enfanté le Seigneur attendu de tous, notre Seigneur et vrai Dieu Jésus Christ à qui revient toute gloire, tout honneur et toute vénération, avec son Père sans commencement et son très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.




Ephrem, écrits - II. Exhortations.