1995 Evangelium Vitae 67
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L'un des aspects caractéristiques des attentats actuels contre la vie humaine - ainsi qu'on l'a déjà dit à plusieurs reprises - est la tendance à exiger leur légitimation juridique, comme si c'étaient des droits que l'Etat, au moins à certaines conditions, devait reconnaître aux citoyens ; et, par conséquent, c'est aussi la tendance à prétendre user de ces droits avec l'assistance sûre et gratuite des médecins et du personnel de santé. Bien souvent, on considère que la vie de celui qui n'est pas encore né ou de celui qui est gravement handicapé n'est qu'un bien relatif : selon une logique des proportionnalités ou de pure arithmétique, elle devrait être comparée avec d'autres biens et évaluée en conséquence. Et l'on estime aussi que seul celui qui est placé dans une situation concrète et s'y trouve personnellement impliqué peut effectuer une juste pondération des biens en jeu ; il en résulte que lui seul pourrait décider de la moralité de son choix. Dans l'intérêt de la convivialité civile et de l'harmonie sociale, l'Etat devrait donc respecter ce choix, au point d'admettre l'avortement et l'euthanasie. Dans d'autres circonstances, on considère que la loi civile ne peut exiger que tous les citoyens vivent selon un degré de moralité plus élevé que celui qu'eux-mêmes admettent et observent. Dans ces conditions, la loi devrait toujours refléter l'opinion et la volonté de la majorité des citoyens et, au moins dans certains cas extrêmes, leur reconnaître même le droit à l'avortement et à l'euthanasie. Du reste, l'interdiction et la punition de l'avortement et de l'euthanasie dans ces cas conduirait inévitablement - dit-on - à un plus grand nombre de pratiques illégales, lesquelles, d'autre part, ne seraient pas soumises au contrôle social indispensable et seraient effectuées sans la sécurité nécessaire de l'assistance médicale. On se demande, en outre, si défendre une loi concrètement non applicable ne revient pas, en fin de compte, à miner l'autorité de toute autre loi. Enfin, les opinions les plus radicales en viennent à soutenir que, dans une société moderne et pluraliste, on devrait reconnaître à toute personne la faculté pleinement autonome de disposer de sa vie et de la vie de l'être non encore né ; en effet, le choix entre les différentes opinions morales n'appartiendrait pas à la loi et celle-ci pourrait encore moins prétendre imposer l'un de ces choix au détriment des autres.
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En tout cas, dans la culture démocratique de notre temps, l'opinion s'est largement répandue que l'ordre juridique d'une société devrait se limiter à enregistrer et à recevoir les convictions de la majorité et que, par conséquent, il ne devrait reposer que sur ce que la majorité elle-même reconnaît et vit comme étant moral. Si alors on estimait que même une vérité commune et objective est de fait inaccessible, le respect de la liberté des citoyens - ceux-ci étant considérés comme les véritables souverains dans un régime démocratique - exigerait que, au niveau de la législation, on reconnaisse l'autonomie de la conscience des individus et que donc, en établissant les normes de toute manière nécessaires à la convivialité dans la société, on se conforme exclusivement à la volonté de la majorité, quelle qu'elle soit. De ce fait, tout homme politique devrait séparer nettement dans son action le domaine de la conscience privée de celui de l'action politique. On observe donc deux tendances, en apparence diamétralement opposées. D'une part, les individus revendiquent pour eux-mêmes la plus entière autonomie morale de choix et demandent que l'Etat n'adopte et n'impose aucune conception de nature éthique, mais qu'il s'en tienne à garantir à la liberté de chacun le champ le plus étendu possible, avec pour seule limitation externe de ne pas empiéter sur le champ de l'autonomie à laquelle tout autre citoyen a droit également. D'autre part, on considère que, dans l'exercice des fonctions publiques et professionnelles, le respect de la liberté de choix d'autrui impose à chacun de faire abstraction de ses propres convictions pour se mettre au service de toute requête des citoyens, reconnue et protégée par les lois, en admettant pour seul critère moral dans l'exercice de ses fonctions ce qui est déterminé par ces mêmes lois. Dans ces conditions, la responsabilité de la personne se trouve déléguée à la loi civile, cela supposant l'abdication de sa conscience morale au moins dans le domaine de l'action publique.
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La racine commune de toutes ces tendances est le relativisme éthique qui caractérise une grande part de la culture contemporaine. Beaucoup considèrent que ce relativisme est une condition de la démocratie, parce que seul il garantirait la tolérance, le respect mutuel des personnes et l'adhésion aux décisions de la majorité, tandis que les normes morales, tenues pour objectives et sources d'obligation, conduiraient à l'autoritarisme et à l'intolérance. Mais la problématique du respect de la vie fait précisément apparaître les équivoques et les contradictions, accompagnées de terribles conséquences concrètes, qui se cachent derrière cette conception. Il est vrai que dans l'histoire on enregistre des cas où des crimes ont été commis au nom de la " vérité " . Mais, au nom du " relativisme éthique " , on a également commis et l'on commet des crimes non moins graves et des dénis non moins radicaux de la liberté. Lorsqu'une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision " tyrannique " envers l'être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l'humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d'être des crimes si, au lieu d'être commis par des tyrans sans scrupule, ils étaient légitimés par l'assentiment populaire? En réalité, la démocratie ne peut être élevée au rang d'un mythe, au point de devenir un substitut de la moralité ou d'être la panacée de l'immoralité. Fondamentalement, elle est un " système " et, comme tel, un instrument et non pas une fin. Son caractère " moral " n'est pas automatique, mais dépend de la conformité à la loi morale, à laquelle la démocratie doit être soumise comme tout comportement humain : il dépend donc de la moralité des fins poursuivies et des moyens utilisés. Si l'on observe aujourd'hui un consensus presque universel sur la valeur de la démocratie, il faut considérer cela comme un " signe des temps " positif, ainsi que le Magistère de l'Eglise l'a plusieurs fois souligné (88). Mais la valeur de la démocratie se maintient ou disparaît en fonction des valeurs qu'elle incarne et promeut : sont certainement fondamentaux et indispensables la dignité de toute personne humaine, le respect de ses droits intangibles et inaliénables, ainsi que la reconnaissance du " bien commun " comme fin et comme critère régulateur de la vie politique. Le fondement de ces valeurs ne peut se trouver dans des " majorités " d'opinion provisoires et fluctuantes, mais seulement dans la reconnaissance d'une loi morale objective qui, en tant que " loi naturelle " inscrite dans le coeur de l'homme, est une référence normative pour la loi civile elle-même. Lorsque, à cause d'un tragique obscurcissement de la conscience collective, le scepticisme en viendrait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, c'est le système démocratique qui serait ébranlé dans ses fondements, réduit à un simple mécanisme de régulation empirique d'intérêts divers et opposés (89). Certains pourraient penser que, faute de mieux, son rôle aussi devrait être apprécié en fonction de son utilité pour la paix sociale. Tout en reconnaissant quelque vérité dans cette opinion, il est difficile de ne pas voir que, sans un ancrage moral objectif, la démocratie elle-même ne peut pas assurer une paix stable, d'autant plus qu'une paix non fondée sur les valeurs de la dignité de tout homme et de la solidarité entre tous les hommes reste souvent illusoire. Même dans les régimes de participation, en effet, la régulation des intérêts se produit fréquemment au bénéfice des plus forts, car ils sont les plus capables d'agir non seulement sur les leviers du pouvoir mais encore sur la formation du consensus. Dans une telle situation, la démocratie devient aisément un mot creux.
(88) Cf. Jean-Paul II, CA 46 (1 er mai 1991): AAS 83 (1991), p. 850 ; Pie XII, Radiomessage de Noël (24 décembre 1944): AAS 37 (1945), pp. 10-20. (89) Cf. VS 97 VS 99 (6 août 1993): AAS 85 (1993), pp. 1209- 1211.
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Pour l'avenir de la société et pour le développement d'une saine démocratie, il est donc urgent de redécouvrir l'existence de valeurs humaines et morales essentielles et originelles, qui découlent de la vérité même de l'être humain et qui expriment et protègent la dignité de la personne : ce sont donc des valeurs qu'aucune personne, aucune majorité ni aucun Etat ne pourront jamais créer, modifier ou abolir, mais que l'on est tenu de reconnaître, respecter et promouvoir. Dans ce contexte, il faut reprendre les éléments fondamentaux de la conception des rapports entre la loi civile et la loi morale, tels qu'ils sont proposés par l'Eglise, mais qui font aussi partie du patrimoine des grandes traditions juridiques de l'humanité. Le rôle de la loi civile est certainement différent de celui de la loi morale et de portée plus limitée. C'est pourquoi " en aucun domaine de la vie, la loi civile ne peut se substituer à la conscience, ni dicter des normes sur ce qui échappe à sa compétence " (90) qui consiste à assurer le bien commun des personnes, par la reconnaissance et la défense de leurs droits fondamentaux, la promotion de la paix et de la moralité publique (91). En effet, le rôle de la loi civile consiste à garantir une convivialité en société bien ordonnée, dans la vraie justice, afin que tous " nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité " 1Tm 2,2. C'est précisément pourquoi la loi civile doit assurer à tous les membres de la société le respect de certains droits fondamentaux, qui appartiennent originellement à la personne et que n'importe quelle loi positive doit reconnaître et garantir. Premier et fondamental entre tous, le droit inviolable à la vie de tout être humain innocent. Si les pouvoirs publics peuvent parfois renoncer à réprimer ce qui provoquerait, par son interdiction, un dommage plus grave (92), ils ne peuvent cependant jamais accepter de légitimer, au titre de droit des individus - même si ceux-ci étaient la majorité des membres de la société -, l'atteinte portée à d'autres personnes par la méconnaissance d'un droit aussi fondamental que celui à la vie. La tolérance légale de l'avortement et de l'euthanasie ne peut en aucun cas s'appuyer sur le respect de la conscience d'autrui, précisément parce que la société a le droit et le devoir de se protéger contre les abus qui peuvent intervenir au nom de la conscience et sous le prétexte de la liberté (93). Dans l'encyclique Pacem in terris, Jean XXIII avait rappelé à ce sujet: " Pour la pensée contemporaine, le bien commun réside surtout dans la sauvegarde des droits et des devoirs de la personne humaine ; dès lors, le rôle des gouvernants consiste surtout à garantir la reconnaissance et le respect des droits, leur conciliation mutuelle et leur expansion, et en conséquence à faciliter à chaque citoyen l'accomplissement de ses devoirs. Car " la mission essentielle de toute autorité politique est de protéger les droits inviolables de l'être humain et de faire en sorte que chacun s'acquitte plus aisément de sa fonction particulière " . C'est pourquoi, si les pouvoirs publics viennent à méconnaître ou à violer les droits de l'homme, non seulement ils manquent au devoir de leur charge, mais leurs dispositions sont dépourvues de toute valeur juridique " (94).
(90) Congrégation pour la Doctrine de la foi, Instr. Donum vitae (22 février 1987), Dvitae III : AAS 80 (1988), p. 98.
(91) Déclaration sur la liberté religieuse DH 7.
(92) Cf. S. Thomas d'Aquin, Somme théologique, I-II 96,2.
(93) Cf. DH 7.
(94) (11 avril 1963), II : AAS 55 (1963), pp. 273-274 ; la citation interne est empruntée au Radiomessage de la Pentecôte 1941 (1 er juin 1941) de Pie XII : AAS 33 (1941), p. 200. Sur ce sujet, l'encyclique renvoie en note à : Pie XI, Encycl. Mit brennender Sorge (14 mars 1937) : AAS 29 (1937), p. 159; Encycl. Divini Redemptoris (19 mars 1937), III: AAS 29 (1937), p. 79 ; Pie XII, Radiomessage de Noël (24 décembre 1942): AAS 35 (1943), pp. 9- 24.
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La doctrine sur la nécessaire conformité de la loi civile avec la loi morale est aussi en continuité avec toute la tradition de l'Eglise, comme cela ressort, une fois encore, de l'encyclique déjà citée de Jean XXIII : " L'autorité, exigée par l'ordre moral, émane de Dieu. Si donc il arrive aux dirigeants d'édicter des lois ou de prendre des mesures contraires à cet ordre moral et par conséquent, à la volonté divine, ces dispositions ne peuvent obliger les consciences. Bien plus, en pareil cas, l'autorité cesse d'être elle-même et dégénère en oppression " (95). C'est là l'enseignement lumineux de saint Thomas d'Aquin qui écrit notamment : " La loi humaine a raison de loi en tant qu'elle est conforme à la raison droite ; à ce titre, il est manifeste qu'elle découle de la loi éternelle. Mais, dans la mesure où elle s'écarte de la raison, elle est déclarée loi inique et, dès lors, n'a plus raison de loi, elle est plutôt une violence " (96). Et encore : " Toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle découle de la loi naturelle. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est alors plus une loi mais une corruption de la loi " (97). À présent, la première et la plus immédiate des applications de cette doctrine concerne la loi humaine qui méconnaît le droit fondamental et originel à la vie, droit propre à tout homme. Ainsi les lois qui, dans le cas de l'avortement et de l'euthanasie, légitiment la suppression directe d'êtres humains innocents sont en contradiction totale et insurmontable avec le droit inviolable à la vie propre à tous les hommes, et elles nient par conséquent l'égalité de tous devant la loi. On pourrait objecter que tel n'est pas le cas de l'euthanasie lorsqu'elle est demandée en pleine conscience par le sujet concerné. Mais un Etat qui légitimerait cette demande et qui en autoriserait l'exécution en arriverait à légaliser un cas de suicidehomicide, à l'encontre des principes fondamentaux de l'indisponibilité de la vie et de la protection de toute vie innocente. De cette manière, on favorise l'amoindrissement du respect de la vie et l'on ouvre la voie à des comportements qui abolissent la confiance dans les rapports sociaux. Les lois qui autorisent et favorisent l'avortement et l'euthanasie s'opposent, non seulement au bien de l'individu, mais au bien commun et, par conséquent, elles sont entièrement dépourvues d'une authentique validité juridique. En effet, la méconnaissance du droit à la vie, précisément parce qu'elle conduit à supprimer la personne que la société a pour raison d'être de servir, est ce qui s'oppose le plus directement et de manière irréparable à la possibilité de réaliser le bien commun. Il s'ensuit que, lorsqu'une loi civile légitime l'avortement ou l'euthanasie, du fait même, elle cesse d'être une vraie loi civile, qui oblige moralement.
(95) PT 1 (11 avril 1963) p. 271.
(96) Somme théologique, I-II 93,3.
(97) Ibid., I-II 95,2. L'Aquinate cite S. Augustin:"Non videtur esse lex, quae iusta non fuerit", De libero arbitrio, I, 5, 11 : PL 32, 1227.
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L'avortement et l'euthanasie sont donc des crimes qu'aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience. Dès les origines de l'Eglise, la prédication apostolique a enseigné aux chrétiens le devoir d'obéir aux pouvoirs publics légitimement constitués Rm 13,1-7 1P 2,13-14, mais elle a donné en même temps le ferme avertissement qu' " il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes " Ac 5,29. Dans l'Ancien Testament déjà, précisément au sujet des menaces contre la vie, nous trouvons un exemple significatif de résistance à un ordre injuste de l'autorité. Les sages-femmes des Hébreux s'opposèrent au pharaon, qui avait ordonné de faire mourir tout nouveau-né de sexe masculin " Elles ne firent pas ce que leur avait dit le roi d'Egypte et laissèrent vivre les garçons " Ex 1,17. Mais il faut bien voir le motif profond de leur comportement: " Les sages-femmes craignirent Dieu " . Il n'y a que l'obéissance à Dieu - auquel seul est due la crainte qui constitue la reconnaissance de son absolue souveraineté - pour faire naître la force et le courage de résister aux lois injustes des hommes. Ce sont la force et le courage de ceux qui sont prêts même à aller en prison ou à être tués par l'épée, dans la certitude que cela " fonde l'endurance et la confiance des saints " Ap 13,10. Dans le cas d'une loi intrinsèquement injuste, comme celle qui admet l'avortement ou l'euthanasie, il n'est donc jamais licite de s'y conformer, " ni (de) participer à une campagne d'opinion en faveur d'une telle loi, ni (de) donner à celle-ci son suffrage " (98). Un problème de conscience particulier pourrait se poser dans les cas où un vote parlementaire se révélerait déterminant pour favoriser une loi plus restrictive, c'est-à-dire destinée à restreindre le nombre des avortements autorisés, pour remplacer une loi plus permissive déjà en vigueur ou mise aux voix. De tels cas ne sont pas rares. En effet, on observe le fait que, tandis que dans certaines régions du monde les campagnes se poursuivent pour introduire des lois favorables à l'avortement, soutenues bien souvent par de puissantes organisations internationales, dans d'autres pays au contraire - notamment dans ceux qui ont déjà fait l'expérience amère de telles législations permissives - se manifestent les signes d'une nouvelle réflexion. Dans le cas ici supposé, il est évident que, lorsqu'il ne serait pas possible d'éviter ou d'abroger complètement une loi permettant l'avortement, un parlementaire, dont l'opposition personnelle absolue à l'avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les préjudices d'une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan de la culture et de la moralité publique. Agissant ainsi, en effet, on n'apporte pas une collaboration illicite à une loi inique ; on accomplit plutôt une tentative légitime, qui est un devoir, d'en limiter les aspects injustes.
(98) Congrégation pour la Doctrine de la foi, Déclaration sur l'avortement provoqué (18 novembre 1974), n. 22: AAS 66 (1974), p. 744.
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L'introduction de législations injustes place souvent les hommes moralement droits en face de difficiles problèmes de conscience en ce qui concerne les collaborations, en raison du devoir d'affirmer leur droit à n'être pas contraints de participer à des actions moralement mauvaises. Les choix qui s'imposent sont parfois douloureux et peuvent demander de sacrifier des positions professionnelles confirmées ou de renoncer à des perspectives légitimes d'avancement de carrière. En d'autres cas, il peut se produire que l'accomplissement de certains actes en soi indifférents, ou même positifs, prévus dans les dispositions de législations globalement injustes, permette la sauvegarde de vies humaines menacées. D'autre part, on peut cependant craindre à juste titre que se montrer prêt à accomplir de tels actes, non seulement entraîne un scandale et favorise l'affaiblissement de l'opposition nécessaire aux attentats contre la vie, mais amène insensiblement à s'accommoder toujours plus d'une logique permissive. Pour éclairer ce problème moral difficile, il faut rappeler les principes généraux sur la coopération à des actions mauvaises. Les chrétiens, de même que tous les hommes de bonne volonté, sont appelés, en vertu d'un grave devoir de conscience, à ne pas apporter leur collaboration formelle aux pratiques qui, bien qu'admises par la législation civile, sont en opposition avec la Loi de Dieu. En effet, du point de vue moral, il n'est jamais licite de coopérer formellement au mal. Cette coopération a lieu lorsque l'action accomplie, ou bien de par sa nature, ou bien de par la qualification qu'elle prend dans un contexte concret, se caractérise comme une participation directe à un acte contre la vie humaine innocente ou comme l'assentiment donné à l'intention immorale de l'agent principal. Cette coopération ne peut jamais être justifiée en invoquant le respect de la liberté d'autrui, ni en prenant appui sur le fait que la loi civile la prévoit et la requiert : pour les actes que chacun accomplit personnellement, il existe, en effet, une responsabilité morale à laquelle personne ne peut jamais se soustraire et sur laquelle chacun sera jugé par Dieu lui-même Rm 2,6 Rm 14,12. Refuser de participer à la perpétration d'une injustice est non seulement un devoir moral, mais aussi un droit humain élémentaire. S'il n'en était pas ainsi, la personne humaine serait contrainte à accomplir une action intrinsèquement incompatible avec sa dignité, et ainsi sa liberté même, dont le sens et la fin authentiques résident dans l'orientation vers la vérité et le bien, en serait radicalement compromise. Il s'agit donc d'un droit essentiel qui, en tant que tel, devrait être prévu et protégé par la loi civile elle-même. Dans ce sens, la possibilité de se refuser à participer à la phase consultative, préparatoire et d'exécution de tels actes contre la vie devrait être assurée aux médecins, au personnel paramédical et aux responsables des institutions hospitalières, des cliniques et des centres de santé. Ceux qui recourent à l'objection de conscience doivent être exempts non seulement de sanctions pénales, mais encore de quelque dommage que ce soit sur le plan légal, disciplinaire, économique ou professionnel.
(Lc 10,27)75
Les commandements de Dieu nous enseignent la route de la vie. Les préceptes moraux négatifs, c'est-à-dire ceux qui déclarent moralement inacceptable le choix d'une action déterminée, ont une valeur absolue dans l'exercice de la liberté humaine : ils valent toujours et en toute circonstance, sans exception. Ils montrent que le choix de certains comportements est radicalement incompatible avec l'amour envers Dieu et avec la dignité de la personne, créée à son image : c'est pourquoi un tel choix ne peut pas être compensé par le caractère bon d'aucune intention ni d'aucune conséquence, il est en opposition irrémédiable avec la communion entre les personnes, il contredit la décision fondamentale d'orienter sa vie vers Dieu (99). Dans ce sens, les préceptes moraux négatifs ont déjà une très importante fonction positive : le " non " qu'ils exigent inconditionnellement exprime la limite infranchissable en deçà de laquelle l'homme libre ne peut descendre et, en même temps, il montre le minimum qu'il doit respecter et à partir duquel il doit prononcer d'innombrables " oui " , en sorte que la perspective du bien devienne peu à peu son unique horizon . Les commandements, en particulier les préceptes moraux négatifs, sont le point de départ et la première étape indispensables du chemin qui conduit à la liberté:
La première liberté - écrit saint Augustin - c'est donc de ne pas commettre de crimes () comme l'homicide, l'adultère, la fornication, le vol, la tromperie, le sacrilège et toutes les autres formes de ce genre. Quand un homme s'est mis à renoncer à les commettre - et c'est le devoir de tout chrétien de ne pas les commettre -, il commence à relever la tête vers la liberté, mais ce n'est qu'un commencement de liberté, ce n'est pas la liberté parfaite " (100).
(99) Cf. CEC 1753-1755 ; Jean-Paul II, Encycl. VS 81-82 (6 août 1993): AAS 85 (1993), pp. 1198-1199.
(100) In Iohannis Evangelium Tractatus, 41, 10 : CCL 36, p. 363 ; cf. Jean-Paul II, Encycl. VS 13 (6 août 1993): AAS 85 (1993), p. 1144.
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Le commandement " tu ne tueras pas " constitue donc le point de départ d'une voie de vraie liberté qui nous amène à promouvoir activement la vie, à prendre une attitude claire et à nous adonner à des comportements précis pour la servir : ce faisant, nous exerçons notre responsabilité envers les personnes qui nous sont confiées et nous manifestons, dans les faits et en vérité, notre reconnaissance à Dieu pour le grand don qu'est la vie Ps 139,13-14. Le Créateur a confié la vie de l'homme à sa responsabilité et à sa sollicitude, non pour qu'il en dispose de manière arbitraire, mais pour qu'il la garde avec sagesse et la mène avec une fidélité aimante. Le Dieu de l'Alliance a confié la vie de tout homme à l'autre, à son frère, selon la loi de la réciprocité de donner et de recevoir, du don de soi et de l'accueil de l'autre. À la plénitude des temps, en s'incarnant et en donnant sa vie pour l'homme, le Fils de Dieu a montré quelle hauteur et quelle profondeur peut atteindre cette loi de la réciprocité. Par le don de son Esprit, le Christ confère un sens et un contenu nouveaux à la loi de la réciprocité, au fait de confier l'homme à l'homme. L'Esprit, qui est artisan de communion dans l'amour, crée entre les hommes une fraternité et une solidarité nouvelles, véritable reflet du mystère de don et d'accueil mutuels de la Très Sainte Trinité. L'Esprit lui-même devient la loi nouvelle qui donne aux croyants la force et fait appel à leur responsabilité pour qu'ils vivent mutuellement le don de soi et l'accueil de l'autre, en participant à l'amour de Jésus Christ, et cela à sa mesure.
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C'est aussi cette loi nouvelle qui anime et donne sa forme au commandement " tu ne tueras pas " . Pour le chrétien, il comprend donc en définitive l'impératif de respecter, d'aimer et de promouvoir la vie de tous ses frères, selon les exigences et la grandeur de l'amour de Dieu en Jésus Christ. " Il a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères " 1Jn 3,16. Le commandement " tu ne tueras pas " , même dans son contenu le plus positif de respect, d'amour et de promotion de la vie humaine, oblige tout homme. En effet, il retentit dans la conscience morale de chacun comme un écho ineffaçable de l'alliance originelle de Dieu créateur avec l'homme ; il peut être connu de tous à la lumière de la raison et il peut être observé grâce à l'action mystérieuse de l'Esprit qui, soufflant où il veut Jn 3,8, rejoint et entraîne tout homme qui vit en ce monde. Le service que nous sommes tous appelés à rendre à notre prochain est donc un service d'amour, pour que la vie du prochain soit toujours défendue et promue, mais surtout quand elle est la plus faible ou la plus menacée. C'est une sollicitude personnelle, mais aussi sociale, que nous devons tous développer, en faisant du respect inconditionnel de la vie humaine le fondement d'une société renouvelée. Il nous est demandé d'aimer et d'honorer la vie de tout homme et de toute femme, et de travailler avec constance et avec courage pour qu'en notre temps, traversé par trop de signes de mort, s'instaure enfin une nouvelle culture de la vie, fruit de la culture de la vérité et de l'amour.
(1P 2,9)78
L'Eglise a reçu l'Evangile comme une annonce et comme une source de joie et de salut. Elle l'a reçu comme don venant de Jésus, envoyé du Père " pour porter la bonne nouvelle aux pauvres " Lc 4,18. Elle l'a reçu par les Apôtres, envoyés par Lui dans le monde entier Mc 16,15 Mt 28,19-20. Née de cette action évangélisatrice, l'Eglise sent retentir en elle chaque jour l'avertissement de l'Apôtre" Malheur à moi si je n'annonçais pas l'Evangile ! " 1Co 9,16. Comme l'écrivait Paul VI, " évangéliser est, en effet, la grâce et la vocation propre de l'Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser " (101). L'évangélisation est une action globale et dynamique, qui conduit l'Eglise à participer à la mission prophétique, sacerdotale et royale du Seigneur Jésus. C'est pourquoi elle comporte inséparablement les dimensions de l'annonce, de la célébration et du service de la charité. C'est un acte profondément ecclésial, qui met en jeu tous les ouvriers de l'Evangile, chacun selon ses charismes et son ministère. Ainsi en est-il aussi pour l'annonce de l'Evangile de la vie, partie intégrante de l'Evangile qui est Jésus Christ. Nous sommes les serviteurs de cet Evangile, soutenus par la conscience de l'avoir reçu en don et d'être envoyés pour le proclamer à toute l'humanité " jusqu'aux extrémités de la terre " Ac 1,8. C'est pourquoi nous entretenons humblement et avec gratitude ce sentiment d'être le peuple de la vie et pour la vie : c'est ainsi que nous nous présentons devant tous.
(101) EN 14 (8 décembre 1975): AAS 68 (1976), p. 13.
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Nous sommes le peuple de la vie parce que Dieu, dans son amour gratuit, nous a donné l'Evangile de la vie et que ce même Evangile nous a transformés et sauvés. Nous avons été reconquis par l' " auteur de la vie " Ac 3,15 au prix de son précieux sang 1Co 6,20 1Co 7,23 1P 1,19 et par le bain baptismal nous avons été insérés en lui Rm 6,4-5 Col 2,12, comme des branches qui tirent du même arbre leur sève et leur fécondité Jn 15,5. Renouvelés intérieurement par la grâce de l'Esprit, " qui est Seigneur et qui donne la vie " , nous sommes devenus un peuple pour la vie et nous sommes appelés à nous comporter en conséquence. Nous sommes envoyés : être au service de la vie n'est pas pour nous un motif d'orgueil mais un devoir né de la conscience d'être " le peuple que Dieu s'est acquis pour proclamer ses louanges " Jn 1. La loi de l'amour nous guide et nous soutient sur le chemin, l'amour dont le Fils de Dieu fait homme est la source et le modèle, lui qui " par sa mort a donné la vie au monde " (102). Nous sommes envoyés comme peuple. L'engagement au service de la vie concerne tout un chacun. C'est une responsabilité proprement " ecclésiale " , qui exige l'action concertée et généreuse de tous les membres et de tous les organismes de la communauté chrétienne. Cependant, le devoir commun n'élimine pas et ne diminue pas la responsabilité individuelle, car c'est à chaque personne que s'adresse le commandement du Seigneur de " se faire le prochain " de tout homme: " Va, et toi aussi, fais de même " Lc 10,37. Tous ensemble, nous ressentons le devoir d'annoncer l'Evangile de la vie, de le célébrer dans la liturgie et dans toute l'existence, de le servir par les diverses initiatives et structures destinées à son soutien et à sa promotion.
(102) Cf. Missel romain, prière du célébrant avant la communion.
(1Jn 1,3)80
" Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous " 1Jn 1,1-3. Jésus est l'unique Evangile : il n'en est pas d'autre que nous proclamions et dont nous témoignions. Annoncer Jésus, c'est justement annoncer la vie. Car Il est " le Verbe de vie " 1Jn 1,1. En lui " la Vie s'est manifestée " 1Jn 1,2 ; ou plutôt, lui-même est " cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue ". C'est cette vie qui, grâce au don de l'Esprit, a été communiquée à l'homme. Ordonnée à la vie en plénitude, à la " vie éternelle " , la vie terrestre de chacun prend elle-même tout son sens. Eclairés par cet Evangile de la vie, nous sentons le besoin de le proclamer et d'en rendre témoignage dans la nouveauté surprenante qui le distingue : parce qu'il s'identifie avec Jésus lui-même, porteur de toute nouveauté (103) et vainqueur du " vieillissement " qui vient du péché et conduit à la mort (104), l'Evangile dépasse toute attente de l'homme et révèle à quelles hauteurs sublimes a été élevée, par la grâce, la dignité de la personne. C'est ainsi que la contemple saint Grégoire de Nysse : " L'homme qui, parmi les êtres, ne compte pour rien, l'homme qui est poussière, paille, vanité, dès qu'il devient fils adoptif du Dieu de l'univers, est le familier de cet Être dont personne ne peut voir, écouter ou comprendre l'excellence et la grandeur. Par quelle parole, quelle pensée, quel élan de l'esprit pourra-t-on exalter la surabondance de cette grâce ? L'homme transcende sa propre nature : de mortel, il devient immortel ; de périssable, impérissable ; d'éphémère, éternel ; et, pour tout dire, d'homme, il devient Dieu " (105). La gratitude et la joie pour l'incommensurable dignité de l'homme nous poussent à faire bénéficier tout le monde de ce message : " Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous " 1Jn 1,3. Il est nécessaire de faire parvenir l'Evangile de la vie au coeur de tout homme et de toute femme et de l'introduire dans les replis les plus intimes de la société tout entière.
(103) Cf. S. Irénée :"Omnem novitatem attulit, semetipsum afferens, qui fuerat annuntiatus", Adversus haereses, IV, 34, 1 : SC 100/2, pp. 846-847.
(104) Cf. S. Thomas d'Aquin:"Peccator inveterascit, recedens a novitate Christi"In Psalmos Davidis lectura, 6, 5.
(105) Homélies sur les Béatitudes, VII : PG 44, 1280.
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Il s'agit de proclamer avant tout le coeur de cet Evangile. C'est l'annonce d'un Dieu vivant et proche, qui nous appelle à une communion profonde avec lui et nous ouvre à la ferme espérance de la vie éternelle ; c'est l'affirmation du lien inséparable qui existe entre la personne, sa vie et sa corporéité ; c'est la présentation de la vie humaine comme vie de relation, don de Dieu, fruit et signe de son amour ; c'est la proclamation du rapport extraordinaire de Jésus avec chaque homme, qui permet de reconnaître en tout visage humain le visage du Christ ; c'est la manifestation du " don total de soi " comme devoir et comme lieu de la réalisation plénière de la liberté. En même temps, il s'agit de montrer toutes les conséquences de ce même Evangile, que l'on peut résumer ainsi : don de Dieu précieux, la vie humaine est sacrée et inviolable, et c'est pourquoi, en particulier, l'avortement provoqué et l'euthanasie sont absolument inacceptables ; la vie humaine non seulement ne doit pas être supprimée, mais elle doit être protégée avec une attention pleine d'amour ; la vie trouve son sens dans l'amour reçu et donné : c'est à ce niveau que la sexualité et la procréation humaines parviennent à leur authenticité ; dans cet amour, la souffrance et la mort ont aussi un sens et, bien que persiste le mystère qui les entoure, elles peuvent devenir des événements de salut ; le respect de la vie exige que la science et la technique soient toujours ordonnées à l'homme et à son développement intégral ; la société entière doit respecter, défendre et promouvoir la dignité de toute personne humaine, à tous les moments et en tous les états de sa vie
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Pour être vraiment un peuple au service de la vie, nous devons, avec constance et courage, proposer ce message dès la première annonce de l'Evangile, et ensuite dans la catéchèse et dans les diverses formes de prédication, dans le dialogue personnel et en toute démarche éducative. Aux éducateurs, aux enseignants, aux catéchistes et aux théologiens incombe le devoir de mettre en relief les raisons anthropologiques qui fondent et soutiennent le respect de toute vie humaine. De cette manière, tout en faisant resplendir la nouveauté originale de l'Evangile de la vie, nous pourrons aider tout le monde à découvrir aussi, à la lumière de la raison et de l'expérience, comment le message chrétien éclaire pleinement l'homme et la signification de son être et de son existence ; nous trouverons également de précieux points de rencontre et de dialogue avec les non-croyants, nous engageant tous ensemble à faire éclore une nouvelle culture de la vie. Assaillis par les opinions les plus opposées, alors que beaucoup rejettent la saine doctrine au sujet de la vie humaine, nous sentons que s'adresse aussi à nous l'adjuration que Paul faisait à Timothée : " Proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire " 2Tm 4,2. Cette exhortation doit trouver un écho particulièrement fort dans le coeur de tous ceux qui, dans l'Eglise, participent plus directement, à divers titres, à sa mission de " maîtresse " de la vérité. Elle doit nous concerner d'abord, nous, les évêques : à nous les premiers, il est demandé de nous faire les messagers infatigables de l'Evangile de la vie ; nous avons aussi le devoir de veiller sur la transmission intègre et fidèle de l'enseignement repris dans cette Encyclique et de prendre les mesures les plus opportunes pour que les fidèles soient préservés de toute doctrine qui lui serait contraire. Nous devons être particulièrement attentifs à ce que, dans les facultés de théologie, dans les séminaires et dans les diverses institutions catholiques, soit diffusée, expliquée et approfondie la connaissance de la saine doctrine (106). L'exhortation de Paul doit être entendue également par tous les théologiens, par les pasteurs et par tous ceux qui ont une mission d'enseignement, de catéchèse et de formation des consciences : pénétrés du rôle qu'ils ont à remplir, ils ne prendront jamais la grave responsabilité de trahir la vérité et leur propre mission en exposant des idées personnelles contraires à l'Evangile de la vie que le Magistère redit et interprète fidèlement. Dans l'annonce de cet Evangile, nous ne devons pas craindre l'hostilité ou l'impopularité, refusant tout compromis et toute ambiguïté qui nous conformeraient à la mentalité de ce monde Rm 12,2. Nous devons être dans le monde mais non pas du monde Jn 15,19 Jn 17,16, avec la force qui nous vient du Christ, vainqueur du monde par sa mort et sa résurrection Jn 16,33.
(106) Cf. VS 116 (6 août 1993): AAS 85 (1993), p. 1224.
1995 Evangelium Vitae 67