1981 Familiaris consortio 29
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29. Précisément parce que l'amour des conjoints est une participation singulière au mystère de la vie et de l'amour de Dieu lui-même, l'Eglise sait qu'elle a reçu la mission spéciale de conserver et de protéger la haute dignité du mariage et la grave responsabilité de la transmission de la vie humaine.
Ainsi, en continuité avec la tradition vivante de la communauté ecclésiale tout au long de l'histoire, le récent Concile Vatican II et le magistère de mon prédécesseur Paul VI, exprimé surtout dans l'encyclique Humanae vitae, ont transmis à notre époque une annonce vraiment prophétique, qui affirme et propose de nouveau avec clarté la doctrine et la norme toujours anciennes et toujours nouvelles de l'Eglise sur le mariage et sur la transmission de la vie.
C'est pourquoi, dans leur dernière Assemblée, les Pères du Synode ont textuellement déclaré: " Le Saint Synode, en union de foi avec le Successeur de Pierre, maintient fermement ce qui est proposé au Concile Vatican II (cf. GS 50) et ensuite dans l'encyclique Humanae vitae, et en particulier le fait que l'amour conjugal doit être pleinement humain, exclusif et ouvert à une nouvelle vie ( HV 11 et cf. HV 9 HV 12)
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30. La doctrine de l'Eglise est placée aujourd'hui dans une situation sociale et culturelle qui la rend à la fois plus difficile à comprendre mais aussi plus pressante et irremplaçable pour promouvoir le bien véritable de l'homme et de la femme.
Car le progrès scientifique et technique, que l'homme contemporain accroît continuellement en dominant la nature, ne développe pas seulement l'espérance de créer une humanité nouvelle et meilleure, mais aussi une angoisse toujours plus forte au sujet de l'avenir. Certains se demandent si vivre est un bien, et s'il ne serait pas préférable de ne pas être nés: ils se demandent donc s'il est permis d'appeler à la vie d'autres hommes qui pourraient en venir à maudire leur existence dans un monde cruel, dont les terreurs ne sont pas même prévisibles. Les uns pensent être les uniques destinataires des avantages de la technique et en excluent les autres, auxquels sont imposés des moyens contraceptifs ou des pratiques encore pires. D'autres encore, emprisonnés dans une mentalité de consommation et ayant l'unique préoccupation d'accroître continuellement les biens matériels, finissent par ne plus comprendre et donc par refuser la richesse spirituelle d'une nouvelle vie humaine. La raison ultime de telles mentalités est l'absence, dans le coeur des hommes, de Dieu dont seul l'amour est plus fort que toutes les peurs possibles du monde et peut les vaincre.
C'est ainsi qu'est né un esprit contraire à la vie (anti-life mentality) qui apparaît dans beaucoup de questions actuelles : que l'on pense, par exemple, à une certaine panique dérivant des études faites par les écologistes et les futurologues sur la démographie, qui parfois exagèrent le péril de la croissance démographique pesant sur la qualité de la vie.
Mais l'Eglise croit fermement que la vie humaine, même faible et souffrante, est toujours un magnifique don du Dieu de bonté. Contre le pessimisme et l'égoïsme qui obscurcissent le monde, l'Eglise prend parti pour la vie, et dans chaque vie humaine elle sait découvrir la splendeur de ce "Oui", de cet "Amen" qu'est le Christ. 2Co 1,19 Ap 3,14. Au "non" qui envahit et attriste le monde, elle oppose ce "Oui" vivant, défendant ainsi l'homme et le monde contre ceux qui menacent la vie et lui portent atteinte.
L'Eglise est appelée à manifester de nouveau à tous, par une conviction plus vive et plus ferme, sa volonté de promouvoir la vie humaine par tous les moyens et de la défendre contre toute menace, en quelque condition et à quelque stade de développement qu'elle se trouve.
C'est pourquoi l'Eglise condamne comme une grave offense à la dignité humaine et à la justice toutes les activités des gouvernements ou des autres autorités publiques qui essaient de limiter en quelque manière la liberté des conjoints dans leurs décisions concernant les enfants. Par conséquent, toute violence exercée par des autorités en faveur de la contraception, voire de la stérilisation ou de l'avortement provoqué, est à condamner absolument et à rejeter avec force. En même temps, il faut stigmatiser comme gravement injuste le fait que, dans les relations internationales, l'aide économique accordée pour la promotion des peuples soit conditionnée par des programmes de contraception, de stérilisation et d'avortement provoqué. (Message du 6eme Synode des Evêques aux familles chrétiennes, 24/10/1980, n.5 )
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31. L'Eglise est assurément consciente aussi des problèmes multiples et complexes qui, dans beaucoup de pays, pèsent aujourd'hui sur les époux dans leur tâche de transmettre la vie de façon responsable. Elle reconnaît également le grave problème de l'accroissement démographique, tel qu'il se présente en diverses parties du monde, avec les implications morales qu'il comporte.
Elle estime, toutefois, que considérer de manière approfondie tous les aspects de ces problèmes ne peut que confirmer une nouvelle fois et plus fortement encore l'importance de la doctrine authentique sur la régulation des naissances, présentée à nouveau par le second Concile du Vatican et l'encyclique Humanae vitae.
C'est pourquoi, avec les Pères du Synode, je me sens le devoir d'adresser aux théologiens un appel pressant afin qu'unissant leurs forces pour collaborer avec le Magistère hiérarchique, ils fassent leur possible pour mettre toujours mieux en lumière les fondements bibliques, les motivations éthiques et les raisons personnalistes qui sous-tendent cette doctrine. Il sera ainsi possible, dans le cadre d'un exposé ordonné, de rendre la doctrine de l'Eglise concernant cet important chapitre vraiment accessible à tous les hommes de bonne volonté, et d'en favoriser la compréhension de façon toujours plus claire et plus approfondie : de cette manière le dessein de Dieu pourra être réalisé toujours plus pleinement pour le salut de l'homme et la gloire du Créateur.
A cet égard, l'effort coordonné des théologiens, inspiré par une adhésion convaincue au Magistère qui est l'unique guide authentique du peuple de Dieu, présente une urgence particulière qui vient aussi du lien profond existant entre la doctrine catholique sur ce point et la vision de l'homme proposée par l'Eglise : des doutes ou des erreurs dans le domaine conjugal ou familial entraînent un grave obscurcissement de la vérité intégrale sur l'homme, qui se trouve déjà dans une situation culturelle si souvent confuse et contradictoire. L'éclairage et l'approfondissement que les théologiens sont appelés à apporter en accomplissement de leur tâche spécifique sont d'une valeur incomparable et constituent un service singulier, et combien méritoire, rendu à la famille et à l'humanité.
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32. Dans le cadre d'une culture qui déforme gravement ou qui va jusqu'à perdre la signification véritable de la sexualité humaine, en l'arrachant à sa référence essentielle à la personne, l'Eglise découvre de façon urgente et irremplaçable sa mission de présenter la sexualité comme valeur et engagement de toute la personne, créée, homme et femme, à l'image de Dieu.
Dans cette perspective, le Concile Vatican II a clairement affirmé que "lorsqu'il s'agit de mettre en accord l'amour conjugal avec la transmission responsable de la vie, la moralité du comportement ne dépend pas de la seule sincérité de l'intention et de la seule appréciation des motifs ; mais elle doit être déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes, critères qui respectent, dans un contexte d'amour véritable, la signification totale d'une donation réciproque et d'une procréation à la mesure de l'homme ; chose impossible si la vertu de chasteté conjugale n'est pas pratiquée d'un coeur loyal ". GS 51
C'est en partant de la "vision intégrale de l'homme et de sa vocation, non seulement naturelle et terrestre, mais aussi surnaturelle et éternelle", HV 7 que Paul VI a affirmé que la doctrine de l'Eglise "est fondée sur le lien indissoluble, que Dieu a voulu et que l'homme ne peut rompre de son initiative, entre les deux significations de l'acte conjugal : union et procréation". HV 12 Et il a conclu en réaffirmant qu'il y a lieu d'exclure, comme intrinsèquement mauvaise, "toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation" HV 14
Lorsque les époux, en recourant à la contraception, séparent ces deux significations que le Dieu créateur a inscrites dans l'être de l'homme et de la femme comme dans le dynamisme de leur communion sexuelle, ils se comportent en "arbitres" du dessein de Dieu ; ils " manipulent" et avilissent la sexualité humaine et, avec elle, leur propre personne et celle du conjoint en altérant la valeur de leur donation "totale". Ainsi, au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire, selon lequel il ne s'agit plus de se donner totalement à l'autre ; il en découle non seulement le refus positif de l'ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité intérieure de l'amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière.
En revanche lorsque les époux, en observant le recours à des périodes infécondes, respectent le lien indissoluble entre les aspects d'union et de procréation de la sexualité humaine, ils se comportent comme des " ministres" du dessein de Dieu et ils usent de la sexualité en " usufruitiers ", selon le dynamisme originel de la donation "totale", sans manipulations ni altérations. HV 13
A la lumière de l'expérience de tant de couples et des données des diverses sciences humaines, la réflexion théologique peut saisir - et elle est appelée à l'approfondir - la différence anthropologique et en même temps morale existant entre la contraception et le recours aux rythmes périodiques : il s'agit d'une différence beaucoup plus importante et plus profonde qu'on ne le pense habituellement et qui, en dernière analyse, implique deux conceptions de la personne et de la sexualité humaine irréductibles l'une à l'autre. Le choix des rythmes naturels comporte l'acceptation du temps de la personne, ici du cycle féminin, et aussi l'acceptation du dialogue, du respect réciproque, de la responsabilité commune, de la maîtrise de soi. Accueillir le temps et le dialogue signifie reconnaître le caractère à la fois spirituel et corporel de la communion conjugale, et également vivre l'amour personnel dans son exigence de fidélité. Dans ce contexte, le couple expérimente le fait que la communion conjugale est enrichie par les valeurs de tendresse et d'affectivité qui constituent la nature profonde de la sexualité humaine, jusque dans sa dimension physique. Ainsi, la sexualité est respectée et promue dans sa dimension vraiment et pleinement humaine, mais n'est jamais utilisée" comme un "objet" qui, dissolvant l'unité personnelle de l'âme et du corps, atteint la création de Dieu dans les liens les plus intimes unissant nature et personne.
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33. C'est aussi dans le domaine de la morale conjugale que l'Eglise est éducatrice et mère et agit comme telle.
Educatrice, elle ne se lasse pas de proclamer la norme morale qui doit guider la transmission responsable de la vie. L'Eglise n'est ni l'auteur ni l'arbitre d'une telle norme. Par obéissance à la vérité qui est le Christ, dont l'image se reflète dans la nature et dans la dignité de la personne humaine, l'Eglise interprète la norme morale et la propose à tous les hommes de bonne volonté, sans en cacher les exigences de radicalisme et de perfection.
En tant que mère, l'Eglise se fait proche de tant de couples en difficulté sur ce point important de la vie morale : elle connaît bien leur situation, souvent très pénible et parfois aggravée par des difficultés de tous genres, à la fois individuelles et sociales. Elle sait que de nombreux conjoints rencontrent de telles difficultés tant pour la pratique concrète que pour la compréhension des valeurs comprises dans la norme morale.
C'est cependant la même et unique Eglise qui est à la fois éducatrice et mère. Aussi ne cesse-t-elle de faire entendre ses appels et ses encouragements à résoudre les difficultés conjugales éventuelles sans jamais falsifier ni compromettre la vérité. Elle est en effet convaincue qu'il ne saurait y avoir de vraie contradiction entre la loi divine concernant la transmission de la vie et celle qui demande de favoriser le véritable amour conjugal. GS 51 C'est pourquoi la pédagogie concrète de l'Eglise doit toujours être liée à sa doctrine et jamais séparée d'elle. Je le répète, avec la même conviction que mon prédécesseur : " Ne diminuer en rien la salutaire doctrine du Christ est une forme éminente de charité envers les âmes " HV 29
D'autre part, la vraie pédagogie de l'Eglise ne révèle son réalisme et sa sagesse qu'en faisant des efforts tenaces et courageux pour créer et soutenir toutes les conditions humaines - psychologiques, morales et spirituelles - qui sont indispensables pour comprendre et vivre la valeur et la norme morales.
Il n'y a pas de doute que parmi ces conditions on doit mentionner la constance et la patience, l'humilité et la force d'âme, la confiance filiale en Dieu et dans sa grâce, le recours fréquent à la prière et aux sacrements de l'Eucharistie et de la réconciliation. HV 25 Ainsi rendus plus forts, les époux chrétiens pourront conserver vivante la conscience de l'influence singulière que la grâce du sacrement de mariage exerce sur tous les aspects concrets de leur vie conjugale, et donc sur leur sexualité. Le don de l'Esprit Saint, accueilli par les époux, les aide à vivre leur sexualité selon le dessein de Dieu et comme un signe de l'amour qui unit le Christ à son Eglise en étant pour elle source de fécondité.
Mais, parmi les conditions nécessaires, entre aussi la connaissance de la "corporéité" et de ses rythmes de fécondité. En ce sens, il faut tout faire pour qu'une telle connaissance soit rendue accessible à tous les conjoints, et d'abord aux jeunes, moyennant une information et une éducation claires, données à temps et avec sérieux, par des couples, des médecins et des experts. Cette connaissance doit parvenir à l'éducation du contrôle de soi ; d'où la nécessité absolue de la vertu de chasteté et d'une éducation permanente en ce sens. Selon la vision chrétienne, la chasteté ne signifie absolument pas refus ou mésestime de la sexualité humaine, mais plutôt une énergie spirituelle sachant défendre l'amour des périls de l'égoïsme et de l'agressivité, en le conduisant vers sa pleine réalisation.
Paul VI, avec une intuition riche de sagesse et d'amour, n'a rien fait d'autre que de donner la parole à l'expérience de tant de couples lorsqu'il a écrit dans son encyclique : "La maîtrise de l'instinct par la raison et la libre volonté impose sans nul doute une ascèse, pour que les manifestations affectives de la vie conjugale soient dûment réglées, en particulier pour l'observance de la continence périodique. Mais cette discipline, propre à la pureté des époux, bien loin de nuire à l'amour conjugal, lui confère au contraire une plus haute valeur humaine. Elle exige un effort continuel, mais grâce à son influence bienfaisante, les conjoints développent intégralement leur personnalité, en s'enrichissant de valeurs spirituelles : elle apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix, et elle facilite la solution d'autres problèmes ; elle favorise l'attention à l'autre conjoint, aide les époux à bannir l'égoïsme, ennemi du véritable amour, et approfondit leur sens des responsabilités dans l'accomplissement de leurs devoirs. Les parents acquièrent ainsi la capacité d'une influence plus profonde et plus efficace pour l'éducation des enfants". HV 21
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34. Il est toujours d'une grande importance d'avoir une conception droite de l'ordre moral, de ses valeurs et de ses normes ; et cela d'autant plus que les difficultés à les respecter deviennent plus nombreuses et plus graves.
Puisque l'ordre moral révèle et propose le dessein du Dieu créateur, il ne saurait être pour l'homme ni impersonnel ni cause de mort. Au contraire, il répond aux exigences inscrites au plus profond de l'homme créé par Dieu. Il est mis au service de sa pleine humanité, avec l'amour délicat et exigeant par lequel Dieu lui-même inspire et soutient toute créature et la guide vers son bonheur.
Mais l'homme, appelé à vivre de façon responsable ce dessein de Dieu empreint de sagesse et d'amour, est un être situé dans l'histoire. Jour après jour, il se construit par ses choix nombreux et libres. Ainsi il connaît, aime et accomplit le bien moral en suivant les étapes d'une croissance.
Les époux, dans la sphère de leur vie morale, sont eux aussi appelés à cheminer sans se lasser, soutenus par le désir sincère et agissant de mieux connaître les valeurs garanties et promues par la loi divine, avec la volonté de les incarner de façon droite et généreuse dans leurs choix concrets. Ils ne peuvent toutefois considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais ils doivent la regarder comme un commandement du Christ Seigneur leur enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. "C'est pourquoi ce qu'on appelle la "loi de gradualité" ou voie graduelle ne peut s'identifier à la "gradualité de la loi", comme s'il y avait, dans la loi divine, des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les situations diverses. Tous les époux sont appelés à la sainteté dans le mariage, selon la volonté de Dieu, et cette vocation se réalise dans la mesure où la personne humaine est capable de répondre au précepte divin, animée d'une confiance sereine en la grâce divine et en sa propre volonté". (JP II, Homélie à la messe de clôture du 6eme Synode des Evêques, 25/10/1980 n.8) De même il appartient à la pédagogie de l'Eglise de faire en sorte que, avant tout, les conjoints reconnaissent clairement la doctrine d'Humanae vitae comme norme pour l'exercice de la sexualité et s'attachent sincèrement à établir les conditions nécessaires à son observation.
Comme l'a relevé le Synode, cette pédagogie embrasse toute la vie conjugale. Aussi le souci de transmettre la vie doit-il s'intégrer dans la totalité de la mission de la vie chrétienne, qui, sans la croix, ne peut parvenir à la résurrection. Dans ce contexte, on comprend qu'il n'est pas possible de supprimer le sacrifice dans la vie de la famille, mais qu'il faut au contraire l'accepter de bon coeur afin que l'amour conjugal s'approfondisse et devienne source de joie intime.
Ce chemin commun à tous exige une réflexion, une information et une éducation adéquates chez les prêtres, les religieux et les laïcs engagés dans la pastorale de la famille. Ils pourront ainsi aider les époux dans leur itinéraire humain et spirituel, itinéraire comportant la conscience du péché, l'engagement sincère d'observer la loi morale, le ministère de la réconciliation. Il convient encore d'avoir présent à l'esprit que, dans l'intimité conjugale, sont impliquées les volontés de deux personnes, mais qui sont appelées à se comporter et à penser en harmonie : cela demande beaucoup de patience, de sympathie et de temps. Il est d'une singulière importance que, dans ce domaine, règne l'unité des jugements moraux et pastoraux des prêtres. Celle-ci doit être recherchée avec soin et exister réellement pour que les fidèles ne souffrent pas de troubles de conscience. HV 28
Le cheminement des époux sera facilité dans la mesure où, remplis d'estime pour la doctrine de l'Eglise et de confiance en la grâce du Christ, aidés et accompagnés par les pasteurs d'âmes et par la communauté ecclésiale tout entière, ils sauront découvrir et expérimenter la valeur de libération et de promotion de l'amour authentique qu'offre l'Evangile et que propose le commandement du Seigneur.
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35. Devant le problème d'une honnête régulation des naissances, la communauté ecclésiale doit aujourd'hui s'efforcer de susciter des convictions et d'offrir une aide concrète à ceux qui veulent vivre la paternité et la maternité de façon vraiment responsable.
En ce domaine, l'Eglise se réjouit des résultats auxquels sont parvenues les recherches scientifiques pour une connaissance plus précise des rythmes de la fécondité féminine et elle stimule un développement plus approfondi et plus décisif de telles études. Mais en même temps elle se doit de solliciter avec une vigueur nouvelle la responsabilité de tous ceux qui - médecins, spécialistes, conseillers conjugaux, éducateurs, couples - peuvent aider efficacement les conjoints à vivre leur amour dans le respect de la structure et des finalités de l'acte conjugal qui l'exprime. Cela signifie des efforts plus étendus, plus décisifs et plus systématiques pour faire connaître, estimer et appliquer les méthodes naturelles de régulation de la fécondité. (JP II Discours aux délégués du CLER, 3/11/1979, n.9)
Un témoignage précieux peut et doit être donné par les époux qui, grâce à l'effort de continence périodique, sont parvenus à une responsabilité personnelle plus mûre devant l'amour et la vie. Comme l'écrivait Paul VI : "C'est à eux que le Seigneur confie la tâche de rendre visible aux hommes la sainteté et la douceur de la loi qui unit l'amour mutuel des époux à leur coopération à l'amour de Dieu auteur de la vie humaine". HV 25
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36. Le devoir d'éducation a ses racines dans la vocation primordiale des époux à participer à l'oeuvre créatrice de Dieu : en engendrant dans l'amour et par amour une nouvelle personne possédant en soi la vocation à la croissance et au développement, les parents assument par là même le devoir de l'aider efficacement à vivre une vie pleinement humaine. Comme l'a rappelé le Concile Vatican II : "Les parents, parce qu'ils ont donné la vie à leurs enfants, ont la très grave obligation de les élever et, à ce titre, ils doivent être reconnus comme leurs premiers et principaux éducateurs. Le rôle éducatif des parents est d'une telle importance que, en cas de défaillance de leur part, il peut difficilement être suppléé. C'est aux parents, en effet, de créer une atmosphère familiale, animée par l'amour et le respect envers Dieu et les hommes, telle qu'elle favorise l'éducation totale, personnelle et sociale, de leurs enfants. La famille est donc la première école des vertus sociales dont aucune société ne peut se passer".GE 3
Le droit et le devoir d'éducation sont pour les parents quelque chose d'essentiel, de par leur lien avec la transmission de la vie ; quelque chose d'original et de primordial, par rapport au devoir éducatif des autres, en raison du caractère unique du rapport d'amour existant entre parents et enfants ; quelque chose d'irremplaçable et d'inaliénable, qui ne peut donc être totalement délégué à d'autres ni usurpé par d'autres.
Outre ces caractéristiques, on ne peut oublier que l'élément le plus radical, de nature à qualifier le devoir éducatif des parents, est l'amour paternel et maternel, qui trouve dans l'oeuvre de l'éducation son accomplissement en complétant et en perfectionnant pleinement leur service de la vie. De source qu'il était, l'amour des parents devient ainsi l'âme et donc la norme qui inspirent et guident toute l'action éducative concrète, en l'enrichissant des valeurs de douceur, de constance, de bonté, de service, de désintéressement, d'esprit de sacrifice, qui sont les fruits les plus précieux de l'amour.
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37. Bien qu'affrontés aux difficultés, souvent plus grandes aujourd'hui, de leur tâche d'éducateurs, les parents doivent, avec confiance et courage, former leurs enfants au sens des valeurs essentielles de la vie humaine. Les enfants doivent grandir dans une juste liberté devant les biens matériels, en adoptant un style de vie simple et austère, bien convaincus que "l'homme vaut plus par ce qu'il est que par ce qu'il a". GS 35
Dans une société ébranlée et désagrégée par des tensions et des conflits en raison du violent affrontement entre les individualismes et les égoïsmes de toute sorte, les enfants doivent acquérir le sens de la justice véritable - qui seule conduit au respect de la dignité personnelle de chacun - et davantage encore le sens de l'amour authentique, qui est fait d'attention sincère et de service désintéressé à l'égard des autres, en particulier des plus pauvres et des plus nécessiteux. La famille est la première école, l'école fondamentale de la vie sociale ; comme communauté d'amour, elle trouve dans le don de soi la loi qui la guide et la fait croître. Le don de soi qui anime les époux entre eux se présente comme le modèle et la norme de celui qui doit se réaliser dans les rapports entre frères et soeurs, et entre les diverses générations qui partagent la vie familiale. La communion et la participation vécues chaque jour au foyer, dans les moments de joie ou de difficulté, représentent la pédagogie la plus concrète et la plus efficace en vue de l'insertion active, responsable et féconde des enfants dans le cadre plus large de la société.
L'éducation de l'amour comme don de soi constitue encore les prémisses indispensables pour les parents appelés. à donner à leurs enfants une éducation sexuelle claire et délicate. Devant une culture qui "banalise" en grande partie la sexualité humaine, en l'interprétant et en la vivant de façon réductrice et appauvrie, en la reliant uniquement au corps et au plaisir égoïste, le service éducatif des parents visera fermement une culture sexuelle vraiment et pleinement axée sur la personne : la sexualité, en effet, est une richesse de la personne tout entière - corps, sentiments et âme - et manifeste sa signification intime en la portant au don de soi dans l'amour.
L'éducation sexuelle - droit et devoir fondamentaux des parents - doit toujours se réaliser sous leur conduite attentive, tant à la maison que dans les centres d'éducation choisis et contrôlés par eux. L'Eglise rappelle ainsi la loi de subsidiarité, que l'école est tenue d'observer lorsqu'elle coopère à l'éducation sexuelle, en se plaçant dans l'esprit qui anime les parents.
Dans ce contexte, il n'est absolument pas question de renoncer à l'éducation de la chasteté, vertu qui développe la maturité authentique de la personne, en la rendant capable de respecter et de promouvoir la "signification nuptiale" du corps. Bien plus, les parents chrétiens réserveront une attention et un soin particuliers à discerner les signes de l'appel de Dieu pour l'éducation de la virginité comme forme suprême du don de soi qui constitue le sens même de la sexualité humaine.
En raison des liens étroits qui relient la dimension sexuelle de la personne aux valeurs éthiques, le rôle de l'éducation est de conduire les enfants à la connaissance et à l'estime des normes morales comme garantie nécessaire et précieuse d'une croissance personnelle responsable dans la sexualité humaine.
C'est pour cela que l'Eglise s'oppose fermement à une certaine forme d'information sexuelle ne tenant aucun compte des principes moraux et si souvent diffusée aujourd'hui, qui ne serait rien d'autre qu'une introduction à l'expérience du plaisir et pousserait le jeune, parfois même à l'âge de l'innocence, à perdre la sérénité, en ouvrant la voie au vice.
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38. La mission éducative, enracinée comme on l'a dit dans la participation à l'oeuvre créatrice de Dieu, trouve aussi sa source, pour les parents chrétiens, d'une manière nouvelle et spécifique, dans le sacrement de mariage, qui les consacre à l'éducation proprement chrétienne des enfants et les appelle donc à participer à l'autorité et à l'amour mêmes de Dieu Père et du Christ Pasteur, tout comme à l'amour maternel de l'Eglise. Il les enrichit des dons de sagesse, de conseil, de force et de tous les autres dons du Saint-Esprit afin qu'ils puissent aider leurs enfants dans leur croissance humaine et chrétienne.
Grâce au sacrement de mariage, la mission éducative est élevée à la dignité et à la vocation d'un "ministère " authentique de l'Eglise au service de l'édification de ses membres. Ce ministère éducatif des parents chrétiens est si grand et si beau que saint Thomas n'hésite pas à le comparer au ministère des prêtres : "Certains propagent et entretiennent la vie spirituelle par un ministère uniquement spirituel, et cela revient au sacrement de l'ordre; d'autres le font pour la vie à la fois corporelle et spirituelle, et cela se réalise par le sacrement de mariage, dans lequel l'homme et la femme s'unissent pour engendrer les enfants et leur enseigner le culte de Dieu". (St Thomas d'Aquin, Summa contra Gentiles, SCG 4,58)
La conscience aiguë et vigilante de la mission conférée par le sacrement de mariage aidera les parents chrétiens à se consacrer au service éducatif des enfants avec une grande sérénité, et en même temps avec le sens de leur responsabilité devant Dieu qui les appelle et leur confie le soin d'édifier l'Eglise dans leurs enfants. Ainsi, la famille des baptisés, assemblée en tant qu'Eglise domestique par la Parole et par le sacrement, devient en même temps, comme l'Eglise dans son ensemble, mère et éducatrice.
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39. La mission d'éducation exige des parents chrétiens qu'ils proposent aux enfants tout ce qui est nécessaire pour la formation progressive de leur personnalité d'un point de vue chrétien et ecclésial. Ils reprendront alors les orientations éducatives rappelées plus haut, en ayant soin d'en montrer aux enfants la profonde signification à laquelle sauront les mener la foi et aussi la charité de Jésus-Christ. En outre, dans leur souci de fortifier dans l'âme des enfants le don de la grâce divine, les parents chrétiens seront soutenus par la conscience que le Seigneur leur confie la croissance d'un fils de Dieu, d'un frère du Christ, d'un temple de l'Esprit Saint, d'un membre de l'Eglise.
Le Concile Vatican II précise ainsi le contenu de l'éducation chrétienne : "Celle-ci ne vise pas seulement à assurer la maturité (...) de la personne humaine, mais principalement à ce que les baptisés, introduits pas à pas dans la connaissance du mystère du salut, deviennent chaque jour plus conscients de ce don de la foi qu'ils ont reçu, apprennent à adorer Dieu le Père en esprit et vérité Jn 4,23 avant tout dans l'action liturgique, soient transformés de façon à mener leur vie personnelle selon l'homme nouveau dans la justice et la sainteté de la vérité Ep 4,22-24 et qu'ainsi, constituant cet homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ Ep 4,13, ils apportent leur contribution à la croissance du Corps mystique. Qu'en outre, conscients de leur vocation, ils prennent l'habitude aussi bien de rendre témoignage à l'espérance qui est en eux 1P 3,15 que d'aider à la transformation chrétienne du monde ". GE 2
Le Synode, pour sa part, reprenant et développant l'enseignement du Concile dans ses grandes lignes, a présenté la mission éducative de la famille chrétienne comme un vrai ministère, grâce auquel l'Evangile est transmis et diffusé, a tel point que la vie familiale dans son ensemble devient chemin de foi et en quelque sorte initiation chrétienne et école de vie à la suite du Christ. Dans la famille consciente d'un tel don, comme l'a écrit Paul VI, " tous les membres évangélisent et sont évangélisés ". EN 71
En vertu de ce ministère d'éducation, les parents, à travers le témoignage de vie, sont les premiers hérauts de l'Evangile auprès de leurs enfants. Bien plus, en priant avec eux, en s'adonnant avec eux à la lecture de la Parole de Dieu et en les faisant pénétrer dans l'intimité du Corps du Christ - eucharistique et ecclésial - par l'initiation chrétienne, ils deviennent pleinement parents, en ce sens qu'ils engendrent non seulement à la vie selon la chair mais aussi à celle qui, à travers la renaissance dans l'Esprit, jaillit de la croix et de la résurrection du Christ.
Afin de permettre aux parents chrétiens d'accomplir comme il convient leur ministère éducatif, les Pères du Synode ont souhaité que soit élaboré un texte adapté de catéchisme à l'usage de la famille, clair, bref et accessible à tous. Les Conférences épiscopales ont été chaleureusement invitées à travailler à l'élaboration de ce catéchisme.
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