Catena Aurea 10254

vv. 54-57

10254 Lc 12,54-57

Théophyl. Ce que le Sauveur venait de dire de la prédication qu'il avait comparée à un glaive, pouvait jeter le trouble dans l'esprit de ses auditeurs qui ne savaient pas le but de ces paroles. Aussi, ajoute-t-il, qu'ils devraient connaître son avènement, de même qu'ils connaissent les variations de l'atmosphère à certains signes particuliers: «Lorsque vous voyez un nuage se former au couchant, vous dites aussitôt: La pluie vient, et cela arrive ainsi. Et quand vous voyez que souffle le vent du midi, vous dites: Il fera chaud, et cela arrive ainsi». Comme s'il leur disait: Mes paroles et mes oeuvres indiquent clairement que je suis en contradiction avec vous. Vous pouvez donc conjecturer que je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'orage et la tempête: car je suis la nuée, et je viens de l'occident, c'est-à-dire de la nature humaine qui depuis longtemps est enveloppée des ténèbres épaisses du péché. Je suis venu aussi apporter le feu, c'est-à-dire inspirer une grande chaleur; car je suis le vent du midi, vent brûlant qui est opposé au froid glacial du nord. - Bède. Ou bien encore, ceux qui par les variations des éléments peuvent facilement conjecturer l'état de l'atmosphère pourraient aussi, s'ils le voulaient, connaître par les oracles des prophètes le temps de l'avènement du Seigneur. - S. Cyr. Car les mystères de Jésus-Christ se trouvent annoncés en mille endroits des prophètes. Ils devraient donc, s'ils étaient prudents, porter leurs regards vers les choses futures et ne pas ignorer les tempêtes qui doivent suivre la vie présente, car ce sera le temps du vent, de la pluie et du supplice du feu; c'est le sens de ces paroles: «La pluie vient». Ils auraient dû également connaître les jours de salut, c'est-à-dire l'avènement du Sauveur, qui a introduit dans le monde la religion parfaite; ce que signifient ces paroles: «Vous dites: Il fera chaud». Aussi leur fait-il ce reproche: «Hypocrites, vous savez reconnaître l'aspect du ciel et de la terre, comment donc ne reconnaissez-vous pas les temps où nous sommes ?»

S. Bas. (homél. 6 sur l'hexamer). Remarquons que les pronostics que l'on tire des astres sont nécessaires aux hommes pourvu qu'ils ne soient pas exagérés. Il est utile en effet de connaître par avance les signes qui annoncent la pluie, les signes précurseurs des grandes chaleurs et des tempêtes soit particulières soit universelles, et de savoir si elles seront violentes ou modérées. Il n'est personne qui ne sache quelle utilité on peut retirer dans la vie de ces divers pronostics. Il importe en effet au navigateur de prévoir les dangers des tempêtes, au voyageur les cha ngements de temps, au laboureur les signes qui lui promettent une grande abondance de fruits.

Bède. Il pouvait s'en trouver dans la foule qui allégueraient leur ignorance des oracles prophétiques et s'excuseraient ainsi de ne pouvoir connaître les temps marqués; le Sauveur leur ôte cette excuse en ajoutant: «Comment ne discernez-vous point par vous-même ce qui est juste ?» et il leur apprend ainsi que sans savoir les lettres humaines, leur sens naturel seul pouvait leur faire reconnaître que celui qui avait opéré des oeuvres que nul autre n'eût pu faire était au-dessus de l'homme et qu'il était Dieu, et qu'aux injustices du monde présent, succéderait un jour le juste jugement du Créateur. - Orig. (homél. 35 sur S. Luc). Or si nous n'avions en nous-mêmes la faculté de discerner ce qui est juste, jamais le Sauveur n'eût parlé de la sorte.


vv. 58-59

10258 Lc 12,58-59

Théophyl. Notre-Seigneur vient de parler d'une guerre bonne et louable, il nous apprend maintenant qu'il y a une paix qui ne l'est pas moins: «Lorsque vous allez avec votre adversaire devant le magistrat, tâchez de vous dégager de lui en chemin»,etc. C'est-à-dire, lorsque votre adversaire vous traîne devant les tribunaux, tâchez, c'est-à-dire, faites tous vos efforts pour vous libérer envers lui. Ou bien encore, tâchez, c'est-à-dire si vous n'avez rien, empruntez pour vous acquitter envers lui, de peur qu'il ne vous fasse comparaître devant le juge. «De peur, ajoute-t-il, qu'il ne vous traîne devant le juge, et que le juge ne vous livre à l'exécuteur, et que l'exécuteur ne vous jette en prison». - S. Cyr. Où vous aurez à souffrir jusqu'à ce que vous ayez payé la dernière obole: «Je vous le dis, vous ne sortirez pas de là que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obole».

S. Chrys. (homél. 16 sur S. Matth). Notre-Seigneur me paraît vouloir parler ici des juges de la terre, de la comparution devant leurs tribunaux, et des prisons de ce monde, car souvent ce sont ces comparaisons tirées des choses qui se passent sous leurs yeux qui ramènent au bien les hommes sans raison qui s'en sont écartés. Aussi ce n'est pas seulement par la perspective des biens et des maux à venir, mais par le spectacle des choses présentes que le Sauveur cherche à convertir, à cause de la grossièreté de ses auditeurs. - S. Ambr. Ou bien, notre adversaire est le démon qui sème sous nos pas les séductions du vice, afin de faire partager son supplice à ceux qui auront été les complices de son crime. Nôtre adversaire c'est encore notre mauvaise conscience, qui fait ici-bas notre tourment, et qui sera notre accusateur et notre condamnation dans l'autre: Faisons donc tout au monde pendant le voyage de cette vie pour nous délivrer de toute action coupable, comme d'un adversaire dangereux; de peur qu'en allant avec cet adversaire devant le magistrat, il ne condamne en chemin nos égarements. Or, quel est ce magistrat, si ce n'est celui qui possède toute puissance? Il livre le coupable au juge, à celui qui a reçu le pouvoir de juger les vivants et les morts, c'est-à-dire à Jésus-Christ qui mettra au grand jour tous les crimes secrets, et qui infligera le châtiment à toutes les oeuvres mauvaises. C'est lui-même qui livre le coupable à l'exécuteur, et le jette en prison: «Saisissez-vous de lui, dit-il, et jetez-le dans les ténèbres extérieurs» (Mt 22). Ses exécuteurs ce sont les anges, dont il est dit: «Les anges viendront et sépareront les mauvais du milieu des justes, et ils les jetteront dans la fournaise de feu». Et il ajoute: «Je vous le dis, vous ne sortirez pas de là, que vous n'ayez payé jusqu'à la dernière obole». De même que ceux qui acquittent une dette, ne cessent d'être débiteurs jusqu'à ce qu'ils aient payé intégralement toute la somme par quelque moyen que ce soit, de même la peine due au péché ne peut-être acquittée que par la charité, par les bonnes oeuvres et par la satisfaction.

Orig. (homél. 33). On peut encore donner cette explication: Nous voyons ici quatre personnes, l'adversaire, le prince ou le magistrat, le juge et l'exécuteur; saint Matthieu ne parle pas du prince, et remplace l'exécuteur par ce qu'il appelle ministre. Les deux évangélistes diffèrent encore en ce que saint Matthieu se sert du mot de denier, et saint Luc de celui d'obole; tous deux disent «jusqu'au dernier». Or, nous lisons que tous les hommes ont deux anges près d'eux, un mauvais qui les excite au mal, un bon qui leur conseille le bien; toutes les fois que nous succombons au péché, notre adversaire triomphe, parce qu'il sait qu'il a le droit de se glorifier devant le prince de ce monde qui l'a envoyé. Dans le texte grec, nous lisons l'adversaire avec l'article, ce qui désigne un adversaire spécial entre tous; car chacun est sous la domination du prince qui commande à sa nation. Efforcez-vous donc de vous délivrer de votre adversaire, ou du prince devant lequel votre adversaire veut vous traîner, en cherchant à acquérir la sagesse, la justice, la force et la tempérance. Mais en faisant tous vos efforts, soyez uni à celui qui a dit: «Je suis la vie»; (Jn 14), autrement votre adversaire vous traînera devant le juge. Il se sert de cette expression: «il vous traînera», pour montrer qu'il force les coupables de venir entendre leur condamnation malgré toutes leurs résistances. Quant au juge qui doit livrer à l'exécuteur, je n'en connais pas d'autre que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons tous nos exécuteurs, et ils ont pouvoir sur nous, lorsque nous sommes leurs débiteurs; mais si je paie à tous mes créanciers ce que je leur dois, je me présente devant l'exécuteur et je lui réponds avec fermeté: «Je ne vous dois rien». Mais si au contraire je suis débiteur, l'exécuteur me jettera en prison et ne m'en laissera sortir que lorsque j'aurai payé toute ma dette, car l'exécuteur n'a pas le droit de me faire grâce de la moindre obole. Celui que nous voyons remettre à l'un de ses débiteurs cinq cents deniers, à l'autre cinquante, (Lc 6) était le maître; l'exécuteur au contraire n'est pas le maître, il est chargé par le maître d'exiger tout ce qui lui est dû. Il dit: «Jusqu'à la dernière obole» pour signifier ce qu'il y a de moindre et de plus léger. Car les fautes que nous commettons sont graves ou légères; bienheureux donc celui qui ne pèche point, heureux ensuite celui qui ne commet que des fautes légères. Mais dans les fautes même légères, il y a des degrés, autrement le Sauveur ne dirait pas: «Jusqu'à ce que vous ayez payé la dernière obole». Ainsi celui dont les dettes sont minimes ne sortira pas qu'il n'ait payé jusqu'au dernier denier; mais pour celui qui est chargé de dettes énormes, il lui faudra un nombre infini de siècles pour s'acquitter.

Bède. Ou bien encore, notre adversaire dans le chemin, c'est la parole de Dieu qui est en opposition avec nos désirs charnels dans la vie présente. Nous nous délivrons de cet adversaire en obéissant à ses préceptes: autrement il nous livrera au juge, car le mépris qu'on aura fait de la parole du Seigneur est un crime dont le pécheur rendra compte au tribunal du juge. Le juge le livrera à l'exécuteur, c'est-à-dire à l'esprit mauvais; pour le punir, celui-ci le jettera en prison, c'est-à-dire dans l'enfer, c'est là que le pécheur souffrira éternellement sans pouvoir jamais acquitter ses dettes et obtenir son pardon; il n'en sortira donc jamais, mais il sera condamné à des peines éternelles, avec le serpent redoutable, avec le démon.


CHAPITRE XIII


vv. 1-5

10301 Lc 13,1-5

La Glose. (En termes équival). Notre-Seigneur venait de parler du supplice qui est réservé aux pécheurs, lorsqu'on vient lui annoncer le châtiment infligé à des rebelles, exemple dont il se sert pour menacer les pécheurs d'une peine semblable: «En ce même temps, quelques-uns vinrent raconter à Jésus ce qui était arrivé aux Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices». - S. Cyr. (Ch. des Pèr. gr). C'étaient les sectateurs de Judas le Galiléen dont saint Luc fait mention dans les Actes des Apôtres (Ac 5), qui prétendaient qu'on ne devait donner à personne le nom de maître. Aussi plusieurs d'entre eux qui ne voulaient pas reconnaître l'autorité de César, furent punis par Pilate. Ils enseignaient encore qu'on ne devait offrir à Dieu d'autres victimes que celles qui avaient été prescrites par Moïse; ils défendaient donc d'offrir les victimes présentées par le peuple pour le salut de l'empereur, et du peuple romain. Pilate indigné contre les Galiléens, ordonna de les mettre à mort au milieu même des sacrifices qu'ils offraient suivant les prescriptions de la loi, et mêla ainsi le sang des sacrificateurs au sang des victimes qu'ils immolaient. Or, comme la foule pensait qu'ils n'avaient souffert que ce qu'ils méritaient, parce qu'ils semaient la division dans le peuple, et indisposaient les princes contre leurs sujets, quelques-uns vinrent raconter ces faits au Sauveur pour savoir ce qu'il en pensait. Notre-Seigneur déclare que c'étaient des rebelles et des pécheurs, mais sans affirmer qu'ils étaient plus coupables que ceux qui avaient échappé à ce châtiment: «Il leur répondit: Pensez-vous que les Galiléens fussent plus pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir été traités ainsi ?» etc.

S. Chrys. (Disc. 3, sur Lazare). Dieu punit certains pécheurs, en mettant un terme à leur iniquité, en leur infligeant des peines légères, en les séparant complètement des autres, et en instruisant par l'exemple de leur châtiment ceux qui vivent dans le péché. Il ne punit pas tous les pécheurs ici-bas, il veut ainsi leur donner le moyen d'éviter par la pénitence les peines de cette vie, et les supplices de l'éternité; mais s'ils persévèrent dans le mal, ils doivent s'attendre à un châtiment plus sévère. - Tite de Bostr. Le Sauveur nous apprend encore ici que toutes les sentences qui condamnent les coupables aux dernier supplice, ne sont pas seulement édictées par l'autorité des juges mais par la volonté de Dieu. Que le juge condamne suivant les règles de l'équité, ou pour tout autre motif, il faut voir dans le jugement qu'il prononce une permission de la divine justice.

S. Cyr. Notre-Seigneur veut donc détourner le peuple de toutes ces séditions intestines dont la religion était le prétexte, et il ajoute: «Si vous ne faites pénitence, (et si vous ne cessez de conspirer contre vos princes, ce qui est contraire à la volonté divine), vous périrez tous de la même manière, et votre sang sera mêlé au sang de vos victimes». - S. Chrys. Il leur montre aussi par ces paroles que s'il a permis ce châtiment pour quelques-uns, c'est afin que la frayeur salutaire qu'il inspirerait à ceux qui survivraient, les rendît héritiers du royaume. Quoi donc, me direz-vous, Dieu en punit un autre pour me rendre meilleur? Non pas précisément, il est puni pour ses propres crimes, mais son châtiment devient une occasion de salut pour ceux qui en sont témoins. - Bède. Mais comme les Juifs n'ont pas voulu faire pénitence, quarante ans après la passion du Sauveur, les Romains (figurés ici par Pilate qui était de leur nation), envahirent la Judée, et, commençant par la Galilée (où le Sauveur avait commencé le cours de ses divines prédications), ils détruisirent entièrement cette nation impie, et souillèrent de sang humain, non seulement les parvis du temple où on offrait les sacrifices, mais l'intérieur même des maisons.

S. Chrys. Dix-huit autres encore avaient été écrasés par la chute d'une tour, Notre-Seigneur en parle en ces termes: «De même ces dix-huit sur qui tomba la tour de Siloé, et qu'elle tua, pensez-vous qu'ils fussent plus redevables que tous les autres habitants de Jérusalem? Non, je vous le dis». En effet, Dieu ne punit pas ici-bas tous les pécheurs pour leur laisser le temps de se repentir, mais il ne l es réserve pas non plus tous aux châtiments de l'autre vie, pour ne pas donner lieu de nier sa providence. - Tite de Bostr. Il oppose cette tour à toute la ville, afin que le malheureux sort de quelques-uns épouvante tous les autres, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même manière», c'est-à-dire, toute la ville sera bientôt envahie, si ses habitants persévèrent dans l'infidélité.

S. Ambr. Dans le sens figuré, ceux dont Pilate mêla le sang avec leurs sacrifices, représentent ceux qui sous l'impulsion du démon offrent des sacrifices impurs, et dont la prière devient un nouveau péché, (comme il est écrit de Juda), qui au milieu même du sacrifice eucharistique songeait à vendre le sang du Seigneur.
- Bède. Pilate (qui signifie la bouche du forgeron)est la figure du démon, toujours prêt à frapper et à répandre le sang; le sang figure le péché, et les sacrifices représentent les bonnes oeuvres. Pilate mêle donc le sang des Galiléens avec leurs sacrifices, quand le démon cherche à souiller et à corrompre les aumônes et les autres bonnes oeuvres des fidèles, par les plaisirs sensuels, par le désir des louanges, ou par tout autre vice. Ces habitants de Jérusalem qui furent écrasés par la chute de cette tour, représentent les Juifs qui, pour n'avoir pas voulu faire pénitence, furent écrasés sous les ruines de leurs murailles. Et le nombre de dix-huit a ici une signification particulière, (ce nombre s'écrit en grec par les deux lettres I, et H, qui sont les premières du nom de Jésus. Ce nombre signifie donc que la cause première de la ruine des Juifs, c'est qu'ils n'ont pas voulu recevoir le nom de Jésus. Cette tour est la figure de celui qui est la tour de la force; elle est située à Siloé qui veut dire envoyé, parce qu'elle représente celui qui a été envoyé par son père, qui est venu dans le monde, et qui écrasera tous ceux sur lesquels il tombera.


vv. 6-9

10306 Lc 13,6-9

Tite de Bostr. Les Juifs tiraient vanité de ce que dix-huit d'entre eux ayant péri, tous avaient été préservés, c'est pour cela que Notre-seigneur leur propose cette parabole du figuier: «Il leur dit encore cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne». - S. Ambr. La vigne du Dieu des armées est celle qu'il a livrée au prise aux nations. La comparaison de la synagogue avec le figuier est on ne peut plus juste; de même, en effet, que cet arbre se couvre de larges feuilles en abondance, et trompe l'espérance de son maître qui en attend inutilement beaucoup de fruits; ainsi la synagogue avec ses docteurs stériles en oeuvres, et fiers de leurs paroles pompeuses qui ressemblent aux feuilles du figuier est toute couverte des ombres d'une loi infructueuse. Le figuier est encore le seul arbre qui tout d'abord produit des fruits au lieu des fleurs, dont les premiers fruits tombent pour faire place à d'autres, et qui conserve cependant une partie des premiers fruits. C'est ainsi que le premier peuple qui était sous l'autorité de la synagogue est tombé comme un fruit inutile, afin que le nouveau peuple qui a formé l'Église sortit de la sève abondante de l'ancienne religion. Cependant les premiers d'entre les Israélites qui avaient été produits par un rameau d'une nature plus vigoureuse, à l'ombre de la loi et de la croix, dans le sein de l'une et de l'autre, nourris et colorés par cette double sève, et semblables aux premières figues qui arrivent à la maturité, l'ont emporté sur les autres par la richesse des plus beaux fruits; et c'est à eux qu'il est dit: «Vous serez assis sur douze trônes». Il en est cependant qui voient dans ce figuier la figure non de la synagogue, mais de la malice et de la perversité; leur interprétation ne diffère de la précédente qu'en ce qu'ils prennent le genre pour l'espèce.

Bède. Or, le Seigneur qui avait daigné naître et se manifester dans une chair sensible, avait par ses fréquents enseignements dans la synagogue cherché le fruit de la foi et ne l'avait pas trouvé dans le coeur des pharisiens: «Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point». - S. Ambr. Le Maître cherchait du fruit, non pas qu'il ignorât que le figuier n'en portait pas, mais pour montrer par cette figure, que la synagogue aurait dû produire des fruits. D'ailleurs la suite fait bien voir qu'il n'est pas venu avant le temps, lui qui est venu pendant trois années consécutives: «Et il dit au vigneron: Voici trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Il est venu aux jours d'Abraham, sous Moïse et au temps de Marie; c'est-à-dire dans le signe de la circoncision (Gn 17, 11 ; Rm 4, 11), dans la loi, et dans la chair qu'il a prise du sein de Marie, et nous reconnaissons son avènement à ses bienfaits, d'un côté la purification, de l'autre la sanctification, de l'autre enfin la justification. La circoncision purifiait, la loi sanctifiait, la grâce a justifié. Le peuple juif n'a donc pu ni être purifié, parce qu'il n'avait que la circoncision extérieure sans avoir la circoncision de l'esprit; ni être sanctifié, parce qu'il ignorait la vertu de la loi, et qu'il était bien plus fidèle aux formalités extérieures qu'aux prescriptions spirituelles; ni être justifié, parce que ne faisant aucune pénitence de ses péchés, il ne connaissait pas la grâce de Dieu. Il était donc impossible de trouver des fruits dans la synago gue, aussi commande-t-il, qu'elle soit retranchée: «Coupez-le donc, pourquoi occupe-t-il encore la terre ?» Cependant le bon vigneron, (peut-être celui sur lequel a été bâtie l'Église), présageant qu'un autre irait évangéliser les Gentils, tandis que lui-même serait envoyé au peuple de la circoncision, intervient dans un sentiment de charité chrétienne pour prier qu'il ne soit point coupé, parce qu'il puise dans sa vocation la confiance que le peuple juif pourra aussi être sauvé par l'Eglise: «Le vigneron lui répondit: Seigneur, laissez-le encore cette année». Il reconnut aussitôt que c'était la dureté et l'orgueil des Juifs qui étaient la cause de leur stérilité. Il sait donc comment il faut les cultiver, parce qu'il sait les reprendre de leurs vices: «Je creuserai tout autour». Il promet de labourer profondément leurs coeurs si durs avec la bêche apostolique, afin que la racine de la sagesse ne soit ni étouffée ni cachée sous un amas de terre: «Et je mettrai du fumier», c'est-à-dire le sentiment de l'humilité qui peut faire produire aux Juifs eux-mêmes des fruits dignes de l'Évangile de Jésus-Christ. Aussi ajoute-t-il: «Alors s'il porte du fruit, à la bonne heure, (c'est-à-dire ce sera bien), sinon vous le couperez». - Bède. C'est ce qui s'accomplit, lorsque les Romains détruisirent la nation juive, et la chassèrent de la terre promise.

S. Aug. (serm. 23, sur les par. du Seig). Ou bien encore, ce figuier c'est le genre humain; car lorsque le premier homme eut péché, il prit des feuilles de fi guier pour couvrir sa nudité, c'est-à-dire les membres dont nous sommes nés. - Théophyl. Chacun de nous est encore ce figuier planté dans la vigne de Dieu, c'est-à-dire dans l'Église de Dieu ou dans ce monde. - S. Grég. (hom. 31, sur les Evang). Le Seigneur est venu trois fois à ce figuier, parce qu'il a cherché le fruit que produirait le genre humain avant la loi, sous la loi, et sous la grâce, (en l'attendant, en l'avertissant, en le visitant). Et cependant il se plaint de ce que pendant trois années consécutives, il n'a point trouvé de fruit, parce que certains esprits dépravés n'ont pu être corrigés par la loi naturelle gravée dans leurs coeurs, ni instruits par les préceptes de la loi, ni convertis par les miracles de l'incarnation. - Théophyl. Par trois fois notre nature a refusé de donner le fruit qui lui est demandé; dans le paradis lorsque dans la personne de nos premiers parents nous avons désobéi au commandement de Dieu, en second lieu, lorsque les Israélites adorèrent le veau d'or qu'ils avaient fabriqué (Ex 32), troisièmement, lorsqu'ils renièrent le Sauveur. Ces trois ans peuvent encore figurer les trois âges de la vie; l'enfance, la virilité et la vieillesse.

S. Grég. (hom. 31 sur les Evang). C'est avec un grand sentiment de crainte qu'il faut entendre ces paroles: «Coupez-le, pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ?» Tout homme, en effet, à sa manière, et en tant qu'il tient une place dans cette vie, occupe inutilement la terre comme un arbre infructueux, s'il ne peut présenter les fruits de ses bonnes oeuvres; parce qu'en effet, dans la place qu'il occupe, il est un obstacle au bien que d'autres pourraient produire.

S. Bas. (serm. 8 sur la pénit). C'est le propre de la divine miséricorde, de ne pas infliger de punitions sans avertir, mais de faire toujours précéder les menaces, pour rappeler à la pénitence. C'est ainsi qu'il avait fait pour les Ninivites, et qu'il fait encore ici en disant au vigneron: «Coupez-le»; il le presse par là d'en prendre soin, et il excite cette âme stérile à produire les fruits qu'il a droit d'exiger d'elle. - S. Grég. de Nazianze. (disc. 26 sur la modération qu'il faut garder dans les discussions). Ne soyons donc pas nous-mêmes trop prompts à frapper, faisons prévaloir la miséricorde; ne coupons pas le figuier qui peut encore faire du fruit, et qui peut être guéri de sa stérilité par les soins d'un habile jardinier: «Le vigneron lui répondit: Seigneur, laissez-le encore cette année»,etc.

S. Grég. (hom. 31 sur les Evang). Le cultivateur de la vigne représente l'ordre des supérieurs qui sont placés à la tête de l'Église, pour prendre soin de la vigne du Seigneur. - Théophyl. Ou bien le père de famille, c'est Dieu le Père; le cultivateur, c'est Jésus-Christ qui ne permet pas que l'on coupe le figuier stérile, et qui semble dire à son Père: Ni la loi, ni les prophètes n'ont pu leur faire produire des fruits de pénitence, cependant je les arroserai de mes souffrances et de mes enseignements, peut-être alors ils produiront des fruits d'obéissance.

S. Aug. (serm. 31 sur les par. du Seig). Ou bien encore, le cultivateur qui intercède, c'est toute âme sainte qui, dans le sein de l'Église, prie pour ceux qui sont hors de l'Église en disant à Dieu: «Seigneur, laissez-le encore cette année (c'est-à-dire dans ce temps de grâce), jusqu'à ce que je creuse tout autour». Creuser autour, c'est enseigner l'humilité et la patience, car une terre creusée est déprimée; le fumier (il faut l'entendre dans un bon sens), c'est de l'ordure, mais il aide à produire des fruits. Le fumier du cultivateur, c'est la douleur du pécheur. Ceux qui font pénitence, paraissent sous des dehors négligés, et agissent en cela selon la vérité. - S. Grég. (hom. 31). Ou bien encore, ce sont les péchés de la chair qui sont appelés du fumier, ainsi c'est du fumier qu'il tire sa vie et sa fécondité, parce que c'est la considération du péché qui ressuscite l'âme à la vie des bonnes oeuvres. Mais la plupart entendent ces menaces, et refusent cependant de faire pénitence, c'est pour cela que le cultivateur ajoute: «S'il porte du fruit, à la bonne heure». - S. Aug. (comme précéd). «Sinon, vous le couperez»,c'est-à-dire lorsque vous viendrez au jour du jugement pour juger les vivants et les morts, jusque-là, le figuier est épargné. - S. Grég. (hom. 31). Celui donc qui ne veut pas écouter ces menaces pour revenir à la vie et à la fécondité, tombe dans un état dont il lui est impossible de se relever par la pénitence.


vv. 10-17

10310 Lc 13,10-17

S. Ambr. Notre-Seigneur ne tarde pas à prouver ce qu'il vient de dire de la synagogue, et il fait voir qu'il est venu jusqu'à elle, en la choisissant pour lui faire entendre ses divins enseignements: «Or, Jésus enseignait dans leurs synagogues les jours de sabbat». - S. Chrys. (Ch. des Pèr. gr). Ce n'est pas en secret qu'il enseigne, mais en public dans les synagogues avec fermeté, sans hésitation et sans rien dire contre la loi de Moïse. Il choisit le jour du sabbat, parce que les Juifs s'appliquaient ce jour-là à l'étude de la loi.

S. Cyr. C'est pour triompher de la corruption de la mort et de l'envie du démon, que le Verbe s'est incarné, les faits évangéliques nous en donnent la preuve: «Et voici qu'une femme, qui avait un esprit d'infirmité depuis dix-huit ans»,etc. L'Évangéliste dit: «Un esprit d'infirmité», parce que les souffrances de cette femme venaient de la cruauté du démon; abandonnée qu'elle était de Dieu pour ses propres fautes, ou à cause de la transgression d'Adam qui a soumis le corps de l'homme aux infirmités et à la mort. Or, Dieu donne au démon ce pouvoir, afin que les hommes, accablés sous le poids de l'adversité, éprouvent le désir de s'élever à une condition meilleure. Saint Luc nous fait ensuite connaître quelle était l'infirmité de cette femme: «Elle était courbée et ne pouvait aucunement regarder en haut». - S. Bas. (hom. 9 sur l'hexam). Les animaux ont la tête inclinée vers la terre et ne regardent que les choses de la terre, tandis que la tête de l'homme est tournée vers le firmament, et ses yeux contemplent le ciel; car il est appelé à chercher les choses du ciel et à porter ses regards au-dessus de la terre.

S. Cyr. Le Sauveur, pour montrer que sa venue dans le monde était le remède de toutes les infirmités humaines, guérit cette femme: «Jésus la voyant, l'appela et lui dit: Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité», paroles dignes de Dieu, pleines d'une majesté toute puissante, qui met en fuite la maladie par un seul acte de sa volonté souveraine. Il lui impose aussi les mains: «Et il lui imposa les mains, et aussitôt elle se redressa, et elle glorifiait Dieu». Il faut se rappeler ici que la chair sacrée du Sauveur était revêtue d'une puissance toute divine; car c'était la chair de Dieu lui-même, et non d'une autre personne, par exemple, du Fils de l'homme qui aurait existé séparément du Fils de Dieu, comme quelques-uns ont osé le soutenir. Mais le chef de cette ingrate synagogue, à la vue de cette femme qui était courbée jusqu'à terre, et que le Sauveur venait de redresser en lui imposant seulement les mains, est comme enflammé d'envie contre la gloire du Seigneur, et condamne hautement cette guérison miraculeuse en se couvrant d'un zèle apparent pour le sabbat: «Mais le chef de la synagogue, s'indignant que Jésus eût guéri un jour de sabbat, dit au peuple: Il y a six jours p endant lesquels on doit travailler, venez donc ces jours-là pour vous faire guérir, et non le jour du sabbat». Il les engage à choisir les autres jours où ils sont tous dispersés et occupés chacun de leurs travaux, et non le jour du sabbat, pour voir et admirer les miracles du Seigneur, dans la crainte qu'ils ne croient en lui. Mais dites-moi: La loi défend toute oeuvre manuelle le jour du sabbat, défend-elle aussi celles qui se font par une simple parole, et par la bouche? Cessez donc alors de manger, de boire, de parler et de chanter les psaumes le jour du sabbat. Et si vous ne lisez même pas la loi ce jour-là, à quoi vous sert le sabbat? Admettons que la loi a défendu toute oeuvre manuelle, est-ce donc une oeuvre manuelle que de redresser d'une seule parole cette femme courbée jusqu'à terre ?

S. Ambr. D'ailleurs, Dieu s'est reposé des oeuvres de la création du monde, mais non pas de ces oeuvres saintes et divines qu'il ne cesse d'opérer, selon cette parole de son Fils: «Mon Père ne cesse point d'agir jusqu'à présent, et j'agis aussi», nous enseignant ainsi à imiter Dieu, en nous abstenant des oeuvres terrestres, mais non des oeuvres de religion. Aussi, Notre-Seigneur répond-il directement au chef de la synagogue: «Hypocrites, chacun de vous ne délie-t-il pas son boeuf ou son âne de la crèche le jour du sabbat pour les mener boire ?»

S. Bas. (Homél 1 sur le jeûne). On appelle hypocrite celui qui joue sur un théâtre le rôle d'une personne étrangère, c'est ainsi que dans cette vie, quelques-uns ont da ns le coeur des sentiments tout différents de ceux qu'ils affichent à l'extérieur devant les hommes. - S. Chrys. C'est donc, à juste titre, qu'il traite d'hypocrite le chef de la synagogue, qui sous l'apparence d'un zélé défenseur de la loi, cachait le coeur d'un homme fourbe et envieux, car ce qui l'émeut ce n'est point la violation du sabbat, mais la gloire que tous rendent à Jésus-Christ. Remarquez cependant que lorsqu'il s'agit d'un travail quelconque (comme lorsqu'il commanda au paralytique d'emporter son lit), il puise ses raisons plus haut, et fait appel à la dignité de son Père par ces paroles: «Mon Père ne cesse point d'agir jusqu'à présent, et j'agis aussi» (Jn 5). Ici, au contraire, où il fait tout par sa seule parole, il se contente d'invoquer leur propre conduite pour répondre à leur accusation.

S. Cyr. Le chef de la synagogue est traité d'hypocrite, parce qu'il délie ses animaux le jour du sabbat pour les faire boire, tandis que pour cette femme, fille d'Abraham, autant par la foi que par le sang, il ne croit pas qu'on doive briser les liens de son infirmité: «Et cette fille d'Abraham, lui dit le Sauveur, que Satan a tenue liée pendant dix-huit ans, il ne fallait pas rompre son lien le jour du sabbat ?» Peu leur importe que cette femme reste toujours courbée vers la terre comme les animaux, plutôt que de reprendre la posture qui convient à la créature raisonnable, pourvu qu'il ne revienne aucune gloire à Jésus-Christ; ils ne pouvaient d'ailleurs rien lui répondre, et ils étaient à eux-mêmes leur inévitable condamnation. Aussi, ajoute l'Évangéliste: «Pendant qu'il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient couverts de confusion; le peuple, au contraire, qui recueillait les avantages de ces miracles, faisait publiquement éclater sa joie: «Et tout le peuple était ravi des choses merveilleuses qu'il faisait». L'éclat de ces prodiges tranchait toute difficulté pour des esprits qui cherchaient la vérité avec une intention droite.

S. Grég. (hom. 31 sur les Evang). Dans le sens figuré, le figuier stérile et cette femme courbée vers la terre, ont la même signification. En effet, la nature humaine, précipitée dans le péché par sa volonté, a perdu son premier état de droiture en refusant de produire les fruits de l'obéissance; et le figuier qu'on réserve, signifie également la même chose que cette femme qui est redressée par le Sauveur. - S. Ambr. Ou bien encore, le figuier représente la synagogue; enfin, cette femme infirme est comme le figuier de l'Église, qui, après avoir épuisé le temps de la loi et de la résurrection, sera élevée au faite des grandeurs dans un repos éternel, et ne pourra plus être courbée sous le poids de nos misères. Cette femme ne pouvait être guérie que par l'accomplissement des préceptes de la loi et de la grâce, car la perfection résulte de l'observation des dix commandements de la loi, et le nombre huit exprime le plein accomplissement des préceptes du temps de la résurrection. - S. Grég. (hom. 31). Ou bien dans un autre sens: l'homme a été fait le sixième jour, et ce sixième jour, toutes les oeuvres de Dieu étaient achevées: or, le nombre six multiplié par trois, fait dix-huit; cette femme qui fut courbée pendant dix-huit ans, représente donc l'homme qui créé le sixième jour, n'a pas voulu produire des oeuvres parfaites, et qui est resté dans un état d'infirmité avant la loi, sous la loi et au commencement du règne de la grâce.

S. Aug. (serm. 31 sur les par. du Seign). Les trois années, pendant lesquelles le figuier est resté stérile, ont donc la même signification que les dix-huit ans d'infirmité de cette femme, car trois fois six font dix-huit. Elle était courbée et ne pouvait regarder en haut, parce qu'elle était incapable d'entendre ces paroles: «Élevez vos coeurs en haut». - S. Grég. (hom. 31). En effet, tout pécheur qui ne pense qu'aux choses de la terre et oublie les choses du ciel, est incapable de regarder en haut, parce qu'en suivant les désirs de la nature dégradée, il perd la droiture première de son âme, et ne voit plus que ce qui fait l'objet habituel de ses pensées. Notre-Seigneur appelle cette femme et la redresse, c'est-à-dire, qu'il l'éclaire de sa lumière et l'aide de sa grâce. Il appelle quelquefois, mais sans redresser. En effet, il arrive quelquefois que la grâce nous éclaire suffisamment pour nous montrer ce que nous devons faire, et cependant par notre faute, nous négligeons de le faire, car une faute qui devient habituelle est comme un lien pour l'âme qui l'empêche de reprendre sa droiture première, elle s'efforce et retombe toujours comme malgré elle dans l'état où elle a longtemps vécu volontairement.

S. Ambr. Cette oeuvre miraculeuse est donc le symbole du sabbat éternel, lorsqu'après avoir tous passé sous le régime de ta loi et de la grâce, nous serons délivrés par la miséricorde de Dieu de toutes les misères de la fragilité corporelle. Mais pourquoi le Sauveur ne parle-t-il pas d'autre animal que du boeuf et de l'âne, si ce n'est pour montrer que le peuple juif et celui des gentils seraient un jour délivrés de la soif du corps et des ardeurs de ce monde, qu'ils éteindraient dans les sources abondantes du Seigneur, et que la vocation de ces deux peuples assurerait le salut de l'Église? - Bède. Toute âme fidèle est cette fille d'Abraham, ou l'Église formée des deux peuples et réunie par une seule et même foi. Dans le sens figuré, délier son boeuf ou son âne de leur crèche pour les mener boire, c'est rompre les liens de nos inclinations qui retenaient captive cette fille d'Abraham.



Catena Aurea 10254