Catena Aurea 12935

vv. 35-41

12935 Jn 9,35-41

S. Chrys. (hom. 59 sur S. Jean). Dieu se plaît à honorer surtout ceux qui sont couverts d'outrages pour avoir rendu témoignage à la vérité et confessé Jésus-Christ. C'est ce qui se vérifie dans cet aveugle. Les Juifs le chassent du temple, et le Maître du temple le rencontre, et l'accueille avec bonté, comme le président des combats accueille celui qui a courageusement combattu et mérité la couronne. «Jésus apprit qu'ils l'avaient ainsi chassé; et, l'ayant rencontré, il lui dit: Croyez-vous au Fils de Dieu ?» Le récit de l'Évangéliste nous fait voir que Jésus était venu exprès pour lui parler. Or, il l'interroge, non pour apprendre ce qu'il ignorait, mais pour se faire connaître à lui, et lui montrer la grande estime qu'il fait de sa foi; et il semble lui dire: Ce peuple m'a outragé, mais peu m'importe; je n'ai à coeur qu'une seule chose, c'est de vous inspirer la foi: mieux vaut un homme faisant la volonté de Dieu, que dix mille impies.

S. Hil. (de la Trinité, 6) Si une foi telle quelle en Jésus-Christ devait être regardée comme une foi consommée, le Sauveur aurait dit à cet homme: Croyez-vous en Jésus-Christ? Mais comme presque tous les hérétiques devaient avoir ce nom à la bouche et confesser le Christ, tout en niant qu'il était le Fils de Dieu, Jésus demande à cet homme de croire ce qui est le signe caractéristique du Christ, c'est-à-dire, de croire qu'il est Fils de Dieu. Que servirait-il de croire au Fils de Dieu, si l'objet de la foi n'était qu'une créature? La foi qui nous est demandée, c'est la foi en Jésus-Christ, non comme créature de Dieu, mais comme Fils de Dieu.

S. Chrys. (hom. 59). Cet homme ne connaissait pas encore Jésus-Christ, il était aveugle avant que Jésus l'eût rencontré pour la première fois; et après sa guérison, il avait été entraîné de tous côtés par les Juifs. «Il répondit: Qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui ?» C'est là l'expression d'un vif et ardent désir. Il ne connaît point celui dont il a pris et soutenu la défense avec tant de force et de chaleur, preuve de son grand amour pour la vérité. Le Seigneur ne lui a point encore dit expressément: «C'est moi qui vous ai guéri»; mais il le lui fait connaître équivalemment en lui disant: «Vous l'avez vu, et c'est lui-même qui vous parle». - Théophyl. Il s'exprime ainsi pour rappeler àcet homme sa guérison, parce que c'est de lui qu'il avait reçu la faculté de voir. Remarquez que celui qui lui parle est à la fois le Fils de Marie et le Fils de Dieu, et il n'y a point en lui deux personnes, suivant l'erreur de Nestorius; «et c'est lui-même qui vous parle», lui dit le Sauveur.

S. Aug. (Traité 44) Notre-Seigneur lave et purifie maintenant la face de son coeur, et après que son coeur est purifié, ainsi que sa conscience, il le reconnaît non comme Fils de l'homme, ce qu'il croyait déjà auparavant, mais comme Fils de Dieu, revêtu d'une chair mortelle: «Et il lui dit: Je crois, Seigneur». C'est peu de croire; voulez-vous voir tout ce que sa foi découvre en lui? «Et, se jetant à ses pieds, il l'adora». -
Bède. Cet exemple nous apprend qu'on ne doit point prier Dieu la tète haute, mais implorer sa miséricorde la face prosternée contre terre. - S. Chrys. ( hom. 59. ) Par son attitude autant que par son langage, cet homme révèle la puissance divine de Jésus; le Seigneur, de son côté, donne une nouvelle ardeur à sa foi, et rend ceux qui le suivent plus attentifs: «Alors Jésus dit: Je suis venu dans ce monde pour exercer le jugement». - S. Aug. Jésus était le jour, qui sépare la lumière des ténèbres, et il ajoute justement: «Afin que ceux qui ne voient pas voient», parce qu'il délivre des ténèbres. Mais que signifient les paroles qui suivent: «Et que ceux qui voient deviennent aveugles ?» La suite nous en donne le véritable sens: «Quelques-uns, d'entre les pharisiens qui étaient-là, ayant entendu ces paroles, lui dirent: «Sommes-nous donc aussi des aveugles ?» Car cette parole: «Et que ceux qui voient deviennent aveugles», les avait vivement touchés. «Jésus leur répondit: Si vous étiez aveugles, vous n'auriez point de péché»; c'est-à-dire, si vous reconnaissiez que vous êtes des aveugles, vous auriez recours au médecin. «Mais maintenant vous dites: Nous voyons, votre péché demeure». En effet, en prétendant que vous voyez, vous n'avez nul souci de chercher le médecin, et vous demeurez dans votre aveuglement; c'est ce qu'il vient de leur prédira, en leur disant: «Je suis venu pour que ceux qui ne voient point voient», (c'est-à-dire, ceux qui reconnaissent qu'ils ne voient point, et cherchent un médecin, pour qu'il leur rende la vue,) «et que ceux qui voient deviennent aveugles». (C'est-à-dire, afin que ceux qui s'imaginent qu'ils voient et ne cherchent pas le médecin, demeurent dans leur aveuglement). C'est cette distinction qu'il appelle jugement, lorsqu'il dit: «Je suis venu dans le monde pour exercer le jugement», et il ne veut point dire qu'il vienne exercer sur le monde ce jugement qui doit n'avoir lieu qu'à la fin des siècles, pour les vivants et les morts.

S. Chrys. (hom. 59). Ou bien encore, tel est le sens de ces paroles: «Je suis venu pour le jugement;» c'est-à-dire, pour augmenter la rigueur du supplice qui vous est réservé; et il montre aussi que ceux qui l'ont condamné, seront eux-mêmes l'objet d'une sévère condamnation. Les paroles suivantes: «Afin que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles», doivent être entendues dans le même sens que ces autres de saint Paul: «Que les Gentils qui ne cherchaient point la justice, ont embrassé la justice, et la justice qui vient de la foi de Jésus-Christ; et qu'Israël, au contraire, qui recherchait la loi de la justice, n'est point parvenu à la loi de la justice». (Rm 9, 30-31). - Théophyl. Notre-Seigneur semble dire: Celui qui était aveugle dès sa naissance voit maintenant, et ceux qui paraissent avoir l'usage de la vue, sont aveugles dans leur intelligence. - S. Chrys. (hom. 59). Il y a, en effet, deux manières de voir, comme deux manières d'être aveugle, l'une extérieure, l'autre intérieure; or, les Juifs n'avaient de désirs que pour les choses sensibles, et de mépris que pour la cécité extérieure; Jésus leur déclare donc qu'il vaudrait mieux pour eux être aveugles, que de voir de la sorte: «Si vous étiez aveugles, leur dit-il, vous n'auriez point de péché», et votre châtiment serait moins rigoureux; «mais maintenant vous dites: Nous voyons». - Théophyl. Vous ne voulez faire nulle attention au miracle opéré en faveur de cet aveugle, vous êtes donc indigne de pardon, puisque la vue de tels prodiges n'est point capable de vous attirer à la foi.

S. Chrys. (hom. 59). Il leur montre ainsi que ce qu'ils regardaient comme un titre de gloire, sera pour eux une cause de châtiment, et en même temps il console de sa cécité extérieure cet homme qui avait été aveugle de naissance. Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste nous fait remarquer que quelques-uns d'entre les pharisiens qui étaient là entendirent ces paroles; il veut nous rappeler que ce sont les mêmes qui avaient d'abord résisté à Jésus-Christ, et avaient voulu ensuite le lapider; ils étaient de ceux qui suivaient le Sauveur comme par manière d'acquit, et à la première occasion se déclaraient contre lui. - Théophyl. Ou bien encore, si vous étiez aveugles, c'est-à-dire si vous ignoriez les Écritures, votre péché serait moins grand, parce qu'il aurait l'ignorance pour excuse; mais maintenant, que vous vous donnez comme des sages et des hommes versés dans la loi, vous vous condamnez vous-mêmes.


CHAPITRE X


vv. 1-6

13001 Jn 10,1-6

S. Chrys. (hom. 59 sur S. Jean). Notre-Seigneur venait de convaincre les Juifs d'aveuglement, mais ils pouvaient lui répondre: Ce n'est point par aveuglement que nous ne vous suivons pas, nous nous séparons de vous comme d'un imposteur, il veut donc leur prouver que loin d'être un imposteur, il est le véritable pasteur, en donnant les signes distinctifs de l'un et de l'autre, et d'abord le signalement de l'imposteur et du voleur: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre point par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par un autre endroit, est un voleur et un larron». Notre-Seigneur désigne ici indirectement tous ceux qui sont venus avant lui et ceux qui doivent paraître après lui, l'Antéchrist et les faux prophètes. Lessaintes Écritures sont la porte, car ce sont elles qui ouvrent l'intelligence à la connaissance de Dieu, elles servent d'ailleurs à garder les brebis et ne laissent point approcher les loups, c'est-à-dire, les hérétiques qu'elles empêchent d'entrer dans la bergerie. Celui donc qui, laissant là les Écritures, veut monter par un autre endroit, et s'ouvre un chemin particulier et non autorisé, est un voleur. Le Sauveur dit: «Il monte», et non pas: «Il entre», à l'exemple du voleur qui cherche à escalader le mur de clôture, et s'expose pour cela à tous les dangers. Notre-Seigneur ajoute: «Par un autre endroit», et il désigne à mots couverts les scribes, qui enseignaient des maximes et des doctrines tout humaines, et transgressaient ouvertement la loi. S'il déclare plus bas qu'il est lui-même la porte, il ne faut pas s'en étonner, il s'appelle la porte et pasteur sous des rapports différents. Il est la porte, parce qu'il nous amène à son Père, et il est notre pasteur, parce qu'il nous conduit et nous dirige.

S. Aug. (Traité 45 sur S. Jean). Ou bien encore, il en est beaucoup que selon l'usage ordinaire de la vie, on appelle des hommes de bien, ils observent d'une manière quelconque les commandements de la loi, et toutefois ils ne sont pas chrétiens et demandent avec fierté comme les pharisiens: «Est-ce que nous sommes aveugles ?» Or, Notre-Seigneur leur montre que toutes leurs actions qu'ils ne savent à quelle fin rapporter, sont vaines, sous la figure d'un troupeau et de la porte par laquelle on entre dans la bergerie: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n'entre point par la porte», etc. Que les païens donc, que les Juifs, que les hérétiques disent: «Notre vie est bonne», à quoi cela leur sert-il s'ils n'entrent point par la porte? La fin de la bonne vie doit être pour chacun de lui faire obtenir la vie éternelle, et on ne peut appeler des hommes de bien ceux qui, par aveuglement ou bien par orgueil, dédaignent de connaître ce qui doit être la fin de la bonne vie. Or, la véritable espérance de vivre toujours n'est donnée qu'à celui qui connaît la vie qui est Jésus-Christ, et qui entre par la porte dans la bergerie. Que celui donc qui veut entrer dans la bergerie, entre par la porte, qu'il ne se contente pas d'annoncer Jésus-Christ, qu'il cherche la gloire de Jésus-Christ au lieu de chercher la sienne. Mais Jésus-Christ est une porte qui est bien basse, et il faut s'abaisser pour entrer par cette porte sans se blesser la tête, or celui qui s'élève au lieu de s'humilier, veut escalader le mur, et il ne s'élève que pour tomber. Ces hommes, la plupart du temps, cherchent à persuader aux autres à vivre en hommes de bien sans être chrétiens, ils veulent monter et passer ailleurs que par la porte pour ravir et pour tuer. Ce sont des voleurs, parce qu'ils disent que ce qui est aux autres leur appartient, et des larrons, parce qu'ils tuent ce qu'ils ont volé.

S. Chrys. (hom. 59). Vous avez vu la description du voleur, voici celle du pasteur: «Mais celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis». - S. Aug. (serm. 49 sur les par. du Seign). Celui qui entre par la porte est celui qui entre par Jésus-Christ, qui imite la passion de Jésus-Christ, qui connaît l'humilité de Jésus-Christ, c'est-à-dire, qu'à la vue d'un Dieu fait homme, l'homme doit reconnaître que lui-même n'est pas Dieu, mais qu'il n'est qu'un homme, car celui qui veut affecter de paraître un Dieu, lorsqu'il n'est qu'un homme, n'imite pas celui qui étant Dieu s'est fait homme. Or, on ne vous dit pas: Soyez moins que ce que vous êtes, mais: Reconnaissez ce que vous êtes en réalité.

«C'est à lui que le portier ouvre». - S. Chrys. (hom. 59). Rien ne s'oppose à ce que ce portier soit Moïse, car c'est à lui qu'a été confié le dépôt desoracles de Dieu. - Théophyl. Ou bien encore ce portier, c'est l'Esprit Saint qui nous ouvre le sens des Écritures pour nous y faire reconnaître le Christ. - S. Aug. Ou bien encore ce portier, c'est le Seigneur lui-même; dans les choses humaines, en effet, il y a une bien plus grande différence entre le pasteur et la porte qu'entre le portier et la porte, et cependant le Sauveur se donne à la fois comme le pasteur et comme la porte. Pourquoi donc ne pas voir aussi en lui le portier? Ne s'ouvre-t-il pas lui-même lorsqu'il s'explique lui-même? Si cependant vous voulez qu'un autre soit le portier, vous pouvez donner cette dénomination à l'Esprit Saint, dont le Seigneur a dit: «Il vous enseignera lui-même toute vérité» (Jn 16). La porte, c'est Jésus-Christ qui est la vérité. Qui ouvre la porte, si ce n'est celui qui enseigne la vérité? Prenons garde cependant de regarder ici le portier comme supérieur à la porte, parce que dans les maisons des hommes, le portier est plus que la porte, et non la porte plus que le portier.

S. Chrys. (hom. 59). Comme les Juifs traitaient Jésus d'imposteur et confirmaient cette opinion par leur incrédulité, en disant: «Qui d'entre les princes du peuple a cru en lui ?» il leur signifie que pour avoir refusé de l'écouter, ils sont exclus du nombre de ses brebis: «Et les brebis entendent sa voix».Si en effet, c'est un signe distinctif du pasteur d'entrer par la porte, comme Notre-Seigneur lui-même est entré, c'est se séparer du troupeau de ses brebis que de refuser d'écouter sa voix.

«Et il appelle par leur nom ses brebis». - S. Aug. En effet, il connaît le nom des prédestinés, et c'est pour cela qu'il dit à ses disciples: «Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux» (Lc 10). «Et il les fait sortir». - S. Chrys. (Hom. 59). Il faisait sortir ses brebi s, quand il les envoyait non loin des loups, mais au milieu même des loups. Le Sauveur paraît faire ici allusion à l'aveugle, car en l'appelant, il l'a comme fait sortir du milieu des Juifs. - S. Aug. Quel est celui qui fait véritablement sortir les brebis, si ce n'est celui qui leur remet leurs péchés, afin qu'elles puissent le suivre, délivrées qu'elles sont des lourdes chaînes de leur esclavage? «Et lorsqu'il a fait sortir ses brebis, il marche devant elles». - La Glose. Il les fait sortir des ténèbres de l'ignorance à la lumière de la vérité, en marchant devant elles, comme il marchait autrefois devant le peuple de Dieu, dans une colonne tour à tour de nuée et de feu. S. Chrys. Les bergers font le contraire de ce qui est ici marqué, et marchent après leur troupeau. Notre-Seigneur nous apprend qu'il agit tout différemment, parce qu'il conduit ses brebis à la vérité. - S. Aug. Quel est le pasteur qui a précédé ses brebis, si ce n'est celui qui est ressuscité des morts pour ne plus mourir (Rm 6), et qui a dit à son Père: «Mon Père, je veux que là où je suis, ceux que vous m'avez donnés soient aussi avec moi ?» (Jn 17, 24).

«Et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix, mais elles ne suivent point un étranger», etc. - S. Chrys. Ces étrangers sont les partisans de Théodas et de Judas (Ac 6, 36-37), et de tous les faux apôtres qui, après eux devaient tromper le peuple de Dieu. Or, pour n'être point confondu avec eux, il fait voir les différents caractères qui l'en séparent; d'abord la doctrine des Écritures, par lesquelles Jésus-Christ amenait les hommes à lui, tandis que les autres en détournaient les hommes; en second lieu, l'obéissance que les brebis avaient pour lui, car les hommes ont cru en lui, non-seulement pendant sa vie, mais après sa mort, tandis que ces faux pasteurs furent bientôt abandonnés de ceux qui les avaient suivis. - Théophyl. Il veut encore désigner ici l'Antéchrist, qui, après avoir égaré un instant les hommes, n'aura point de disciples après sa mort.

S. Aug. Mais comment résoudre cette question? Ceux qui ne sont pas des brebis de Jésus entendent quelquefois sa voix, comme Judas, par exemple, qui était un loup, tandis qu'une partie de ceux qui avaient crucifié le Sauveur n'écoutèrent pas sa voix, bien qu'ils fussent du nombre de ses brebis. On peut dire que lorsqu'elles n'entendaient pas sa voix, elles n'étaient pas encore du nombre des brebis, la voix qu'elles ont entendue, les a changés, et en a fait des brebis de loups qu'elles étaient. Je suis encore frappé de ces reproches que Dieu adresse aux pasteurs par la bouche d'Ezéchiel, lorsqu'il leur dit entre autres choses, en parlant des brebis: «Vous n'avez point ramené la brebis qui s'égarait» (Ez 34, 4). Elle s'égare et il ne laisse pas de lui donner le nom de brebis; elle ne s'égarerait pas, si elle entendait la voix du pasteur, et elle ne s'égare que parce qu'elle écoute la voix d'un étranger. Disons donc: «Le Seigneur connaît ceux qui sont à lui» (2Tm 2), il connaît les prédestinés, ce sont les brebis. Quelquefois ils ne se connaissent pas eux-mêmes, mais le pasteur les connaît, car il y a beaucoup de brebis dehors, comme il y a un grand nombre de loups dans l'intérieur. Notre-Seigneur veut donc parler ici des prédestinés. Il y a d'ailleurs une certaine vo ix du pasteur qui ne sera jamais confondue par les brebis avec celle des étrangers, et que ceux qui ne sont pas brebis n'entendront jamais comme la voix de Jésus-Christ. Quelle est cette voix? «Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé» (Mt 10; Mt 24). Cette voix est toujours entendue de celui qui appartient à Jésus-Christ; elle ne l'est pas de celui qui lui est étranger: «Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas ce qu'ils lui disaient». Notre-Seigneur, en effet, nourrit notre âme par les vérités qu'il révèle clairement, et il l'exerce par celles qu'il laisse dans l'obscurité. Deux hommes entendent les paroles de l'Évangile, l'un est un homme religieux, l'autre est un impie, et ce qu'ils entendent n'est peut-être compris ni de l'un ni de l'autre. L'un s'exprime de la sorte: Ce que le Sauveur vient de nous dire est vrai et bon, mais nous ne le comprenons pas; cet homme a déjà la foi, il est digne qu'on lui ouvre, s'il persévère à frapper. L'autre, au contraire, soutient qu'il ne leur a rien dit, il a donc encore besoin d'entendre ces paroles: «Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas» (Is 7, 9, selon la vers. des Sept).


vv. 7-10

13007 Jn 10,7-10

S. Chrys. (hom. 59 sur S. Jean). Notre-Seigneur, pour rendre les Juifs plus attentifs, leur explique ce qu'il vient de dire: «Jésus donc leur dit encore: En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis». - S. Aug. (Traité 45 sur S. Jean). Voici qu'il ouvre ce qui était fermé, il est lui-même la porte; entrons et réjouissons-nous d'être entrés.

«Tous ceux qui sont venus sont des voleurs et des larrons». - S. Chrys. (hom. 59). Ce n'est point aux prophètes que s'appliquent ces paroles, comme le disent les hérétiques, mais à ceux qui ont excité des séditions. Aussi se hâte-t-il de faire l'éloge des brebis en ajoutant: «Et les brebis ne les ont point écoutés»; or, jamais nous ne le voyons donner des louanges à ceux qui n'ont point obéi aux prophètes, au contraire, il les blâme toujours sévèrement. - S. Aug. Comprenez donc ces paroles dans ce sens: «Tous ceux qui sont venus en dehors de moi»; or, les prophètes ne sont point venus en dehors de lui, tous ceux qui sont venus avec le Verbe de Dieu sont venus avec lui, et ceux qui sont venus avec lui sont dignes de foi, parce qu'il est lui-même le Verbe et la vérité. Avant de venir lui-même sur la terre, il envoyait devant lui ses hérauts, mais il était le maître des coeurs de ceux qu'il envoyait, car s'il a pris une chair mortelle dans le temps, il existe de toute éternité. Que signifient ces paroles: «De toute éternité ?» «Au commencement était le Verbe». Or, avant son avènement si plein d'humilité dans la chair, il a paru sur la terre des justes qui croyaient au Christ qui devait venir, comme nous croyons au Christ qui est venu. Les temps ont changé, la foi est restée la même, et cette même foi unit étroitement ceux qui croyaient que le Christ devait venir avec ceux qui croyaient qu'il est venu. Tous ceux donc qui sont venus en dehors de lui sont des voleurs et des larrons, c'est-à-dire, qu'ils ne sont venus que pour voler et pour tuer. Mais les brebis, c'est-à-dire ceux dont saint Paul a dit: «Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent» (2Tm 2), ne les ont point écoutés. Les brebis n'ont donc pas écouté ceux en qui n'était point la voix de Jésus-Christ, c'étaient des maîtres d'erreur et de mensonge qui ne pouvaient que séduire des âmes infortunées.

Il explique ensuite pourquoi il s'est appelé la porte: «Je suis la porte, si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé». - Alcuin. C'est-à-dire, les brebis ne les écoutent point; mais ils m'écoutent, parce que je suis la porte, et que celui qui entrera par moi sans artifice, en toute sincérité, et en toute persévérance, sera sauvé. - Théophyl. Or, le Seigneur conduit ses brebis aux pâturages par la porte: «Et il entrera, et il sortira, et il trouvera des pâturages». Quels sont ces pâturages? ce sont les délices du ciel, et ce repos dans lequel Notre-Seigneur nous fera entrer. - S. Aug. (Traité 45). Mais que signifient ces paroles: «Il entrera et il sortira ?» Entrer dans l'Eglise par la porte elle-même est une excellente chose, mais il n'est pas aussi avantageux de sortir de l'Eglise. On peut donc dire que nous entrons, quand nous avons quelque pensée au dedans de nous, et que nous sortons quand nous agissons au dehors, selon ces paroles: «L'homme sortira pour accomplir son oeuvre» (Ps 103). - Théophyl. Ou bien encore, entrer c'est prendre soin de l'homme intérieur; sortir, c'est mortifier en Jésus-Christ l'hom me extérieur, c'est-à-dire les membres qui sont sur la terre (Col 3). Celui qui agit ainsi trouvera des pâturages dans la vie future. - S. Chrys. (hom. 59). Peut-être encore ces paroles doivent s'entendre des Apôtres, qui entrèrent et sortirent librement comme les maîtres du monde entier, sans que personne les en pût chasser ou les empêcher de trouver leur nourriture.

S. Aug. (Traité 41) Mais j'aime mieux voir ici un avertissement que la vérité elle-même, comme un bon pasteur, nous confirme dans les paroles qui suivent: «Le larron ne vient que pour dérober, pour égorger, et pour détruire». - Alcuin. Paroles dont voici le sens: Les brebis ont raison de ne pas écouter la voix du larron, parce qu'il ne vient que pour voler, en dérobant ce qui ne lui appartient pas, c'est-à-dire, en persuadant à ceux qui le suivent de vivre conformément à ses exemples, au lieu de leur enseigner les préceptes de Jésus-Christ. Le Sauveur ajoute: «Et pour égorger», en les détournant de la foi par sa doctrine pernicieuse, «et pour les perdre», en les précipitant dans l'éternelle damnation. Les larrons ne font donc que voler et égorger; «mais je suis venu pour qu'elles aient la vie, et une vie plus abondante». - S. Aug. Je crois que Notre-Seigneur veut dire: Afin qu'elles aient la vie en entrant, c'est-à-dire au moyen de la foi, qui opère par la charité (Gal 5). Cette foi les fait entrer dans la bergerie, pour leur donner la vie, parce que le juste vit de la foi (Rm 1, 17). Il ajoute: «Et une vie plus abondante en sortan t», c'est-à-dire, quand les vrais fidèles sortent de cette vie, et entrent en possession d'une vie plus abondante, qui est pour toujours à l'abri de la mort. Car, bien que sur la terre même, et dans la bergerie, les pâturages ne leur aient pas manqué, ils trouveront alors des pâturages où ils seront pleinement rassasiés, tels que les a trouvés celui à qui Jésus a dit: «Aujourd'hui vous serez avec moi dans le paradis». - S. Grég. (hom. 13, sur Ezech). Il entrera donc pour recevoir la foi, il sortira pour entrer dans la claire vision, et il trouvera des pâturages là où son âme sera éternellement rassasiée.

S. Chrys. (hom. 59). Ces paroles: «Le voleur ne vient que pour dérober, pour égorger et pour perdre», s'appliquent à tous les auteurs de révolte ou de sédition, et elles se sont vérifiées à la lettre dans tous ceux qui ont été mis à mort pour les avoir suivis, et qui ont ainsi perdu même la vie présente. Mais pour moi, je suis venu pour le salut de tous, pour qu'ils aient la vie, et une vie plus abondante dans le royaume des cieux, et c'est la troisième différence qui le distingue des faux prophètes. - Théophyl. Dans le sens allégorique, le voleur est le démon qui vient par la tentation pour dérober, par les pensées coupables qu'il inspire, égorger par le consentement, et perdre par les actes.


vv. 11-13

13011 Jn 10,11-13

S. Aug. (Traité 46 sur S. Jean). Notre-Seigneur nous a déjà expliqué deux choses qu'il nous avait proposées sous le voile de la parabole; nous savons déjà qu'il est lui-même la porte, nous savons qu'il est lui-même le pasteur; il va maintenant prouver qu'il est le bon pasteur: «Je suis le bon pasteur». (Traité 47). Il avait dit précédemment que le pasteur entre par la porte; si donc il est lui-même la porte, comment peut-il entrer par lui-même? Le Fils de Dieu connaît le Père par lui-même, et nous ne le connaissons que par lui; ainsi il entre dans la bergerie par lui-même, tandis que nous n'y entrons que par lui. Nous, qui prêchons Jésus-Christ, nous entrons par la porte; Jésus-Christ, au contraire, se prêche lui-même, car la lumière se manifeste elle-même en découvrant les autres objets qu'elle éclaire. (Traité 46). Si les chefs de l'Eglise, qui sont ses enfants, sont pasteurs, comment peut-il dire qu'il n'y a qu'un seul pasteur, si ce n'est parce qu'ils sont tous les membres d'un seul et même pasteur? (Traité 47). Il a communiqué à ses membres son titre et ses fonctions de pasteur; ainsi Pierre est pasteur, les autres apôtres sont pasteurs, tous les saints apôtres sont eux-mêmes pasteurs. Mais personne d'entre nous n'ose se dire la porte; c'est une prérogative que le Sauveur s'est réservée à l'exclusion de tout autre. Il n'aurait pas ajouté au nom de pasteur la qualification de bon, s'il n'y avait de mauvais pasteurs; ce sont les voleurs et les larrons, ou du moins les mercenaires, qui sont en grand nombre. - S. Grég. (hom. 14 sur les Evang). Il propose ensuite à notre imitation l'exemple de sa bonté et de son dévouement pour ses brebis. «Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis». Il a fait lui-même ce qu'il nous enseigne; il pratique le commandement qu'il nous a impose, il a donné sa vie pour ses brebis, afin de faire de son corps et de son sang un véritable sacrement pour nous, et rassasier de sa chair, devenue notre aliment, les brebis qu'il avait rachetées, il nous a tracé, pour que nous la suivions, la voie du mépris de la mort; il nous a donné le modèle que nous devons reproduire. Notre premier devoir est de distribuer charitablement nos biens à ses brebis; le second, de sacrifier généreusement, s'il le faut, notre vie pour elles. Mais celui qui ne sacrifie même pas ses biens pour ses brebis, quand sera-t-il disposé à sacrifier sa vie ?

S. Aug. (Traité 47) Or, le Christ n'est pas le seul qui ait donné personnellement cette preuve de charité, et cependant on peut dire que c'est lui seul qui l'a donnée, dans la personne de ceux qui étaient ses membres; car lui seul pouvait la donner sans eux, tandis qu'ils ne pouvaient, sans lui, accomplir cet acte de dévouement. - S. Aug. (Serm. 50 sur les paroles du Seig). Tous cependant ont été de bons pasteurs, non-seulement parce qu'ils ont versé leur sang, mais parce qu'ils l'ont versé pour leurs brebis, et qu'ils l'ont versé non par orgueil, mais par charité. Il est des hérétiques, en effet, qui osent décorer du nom de martyre les tribulations qu'ils ont pu souffrir à cause de leurs erreurs et de leurs iniquités, et qui se couvrent de ce manteau pour pouvoir plus facilement voler et piller, parce qu'ils sont de véritables loups. Mais gardons-nous de croire que tous ceux qui livrent leur corps au supplice même du feu versent leur sang pour les brebis, c'est bien plutôt contre elles qu'elles le versent. Car, comme dit l'Apôtre: «Quand je livrerai mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien». (1Co 13) Or, comment peut-on prétendre avoir le moindre degré de charité, quand on n'aime pas l'unité de la communion chrétienne? C'est pour nous recommander cette unité que le Seigneur ne veut point dire qu'il y a plusieurs pasteurs, mais un seul, en disant: «Je suis le bon pasteur».

S. Chrys. (hom. 89 sur S. Jean). Notre-Seigneur en vient ensuite à parler de sa passion, et à montrer qu'elle avait pour objet le salut du monde, et qu'il allait volontairement au-devant d'elle. Puis il expose de nouveau les signes distinctifs du pasteur et du mercenaire. «Mais le mercenaire et celui qui n'est pas le pasteur, à qui les brebis n'appartiennent pas, voit venir le loup, laisse là les brebis et s'enfuit». - S. Grég. Il en est quelques-uns qui, en préférant dans leur affection les avantages de la terre, aux brebis elles-mêmes, perdent justement le nom de pasteur; car celui qui ne conduit pas ses brebis par un sentiment d'amour, mais pour un gain terrestre, n'est pas un pasteur, c'est un mercenaire. Le mercenaire, en effet, est celui qui tient la place du pasteur, mais ne cherche pas l'intérêt des âmes, ne soupire qu'après les richesses de la terre, et se complaît dans les prérogatives de sa dignité. - S. Aug. (Serm. 49 sur les par. du Seig). Il cherche donc dans l'Eglise autre chose que Dieu; s'il cherchait Dieu, il serait chaste, car le légitime époux de l'âme c'est Dieu, et celui qui demande à Dieu autre chose que Dieu lui-même, ne le cherche pas avec des dispositions pures.

S. Grég. - Ce n'est, du reste, que dans les temps d'épreuve qu'on peut distinguer parfaitement le pasteur du mercenaire; dans les temps de paix, le mercenaire veille ordinairement à la garde du troupeau comme le véritable pasteur: mais lorsque le loup survient, il découvre les vrais motifs qui inspiraient cette vigilance. - S. Aug. (Serm. 49 sur les par. du Seign). Le loup, c'est le démon et tous ceux qui font profession de le suivre; car, Notre-Seigneur lui-même nous dit que, tout revêtus qu'ils sont de peaux de brebis, ils sont au dedans des loups ravisseurs (Mt 7). - S. Aug. (Traité 46 sur S. Jean). Voici que le loup saisit la brebis à la gorge, le démon persuade à un fidèle de commettre un adultère, vous devez l'excommunier; mais cette excommunication le rendra votre ennemi déclaré, il vous tendra des pièges, et vous nuira autant qu'il le pourra; vous gardez le silence, vous ne lui faites aucun reproche; vous avez vu le loup qui venait, et vous vous êtes enfui; vous êtes resté de corps, mais vous vous êtes enfui d'esprit; car c'est par les affections que notre âme se meut, elle se répand par la foi, se resserre par la tristesse, marche par le désir, et s'enfuit par la crainte. - S. Grég. Le loup vient encore fondre sur les brebis toutes les fois qu'un homme injuste ou ravisseur opprime les fidèles et les humbles. Or, celui qui n'avait que l'extérieur du pas-leur et ne l'était pas en effet, laisse les brebis et s'enfuit à son approche, parce que le danger qu'il redoute pour lui le rend incapable de résister à l'injustice; et il s'enfuit non pas en changeant de lieu, mais en privant ses brebis de son appui. A la vue des dangers que court son troupeau, le mercenaire n'est enflammé d'aucun sentiment de zèle; et il supporte avec indifférence les maux qu i viennent fondre sur ses brebis, parce qu'il n'est préoccupé que de ses intérêts personnels. «Le mercenaire s'enfuit», etc. L'unique raison pour laquelle le mercenaire s'enfuit, c'est qu'il est mercenaire; et voici le sens de ces paroles: Celui qui dirige les brebis non par un sentiment d'amour, mais en vue d'un gain sordide, ne peut supporter le danger qui menace les brebis, et il redoute de l'affronter, parce qu'il craint de perdre ce qu'il aime.

S. Aug. (Tr. 46 sur S. Jean). Les Apôtres étaient des pasteurs et non des mercenaires, et pourquoi donc fuyaient-ils devant la persécution, obéissant en cela au conseil du Sauveur: «S'ils vous persécutent, fuyez» (Mt 10, 23). Frappons, quelqu'un nous ouvrira. - S. Aug. (Lett. 180 à Honor). Les serviteurs de Jésus-Christ, les ministres de sa parole et de ses sacrements peuvent fuir de ville en ville, lorsqu'un d'entre eux est l'objet spécial de la haine des persécuteurs, à la condition que l'Eglise ne soit pas abandonnée par ceux qu'épargne la persécution. Mais lorsque le danger devient commun pour tous, pour les évoques, pour les clercs, pour les simples fidèles, ceux qui ont besoin du ministère de leurs frères, ne doivent pas être abandonnés par eux. Que tous donc s'enfuient alors dans des lieux de sûreté, ou que ceux qui sont obligés de rester ne soient pas privés du ministère de ceux qui doivent pourvoir à leurs besoins spirituels. Ainsi il est permis aux ministres de Jésus-Christ, de fuir devant la persécution, quand ils ne laissent pas derrière eux tout un peuple qui réclame leur ministère, ou lorsque ce ministère peut être rempli par ceux qui n'ont pas les mêmes raisons de fuir. Mais si le peuple est obligé de rester et que les ministres le laissent sans secours en s'enfuyant, c'est la fuite honteuse et inexcusable des mercenaires qui n'ont aucun souci de leurs brebis.

S. Aug. (Traité 46 sur S. Jean). Parmi les bons, il nous faut donc compter la porte, le portier, le pasteur et les brebis; parmi les mauvais, les voleurs, les larrons, les mercenaires et les loups. - S. Aug. (serm. 49 sur les par. du Seig). Il faut aimer le pasteur, se garder du voleur, supporter le mercenaire, car le mercenaire peut être utile tant qu'il ne voit point le loup, le voleur ou le larron, mais à leur vue seule, il s'enfuit. - S. Aug. (Traité 46 sur S. Jean). On ne lui donne le nom de mercenaire, que parce qu'il est payé par celui qui le loue. Les enfants attendent patiemment l'héritage de leur père, le mercenaire soupire ardemment après le salaire qu'il regarde comme le prix de son travail, et cependant la gloire du divin Sauveur se répand par la bouche de chacun d'eux. Le mercenaire n'est donc nuisible que lorsqu'il fait mal et non lorsqu'il annonce la bonne doctrine: cueillez le raisin, gardez-vous des épines. Quelquefois, en effet, la grappe de raisin qu'a produite le cep de vigne, pend aux branches d'un buisson; il en est beaucoup dans l'Eglise, qui cherchent leurs avantages temporels en prêchant Jésus-Christ, la voix de Jésus-Christ se fait entendre par eux, et les brebis suivent alors, non pas le mercenaire, mais la voix de Jésus-Christ qui se fait entendre par le mercenaire.



Catena Aurea 12935