Catherine de Sienne, Dialogue 69

CHAPITRE XXXIX

69
De ceux qui pour ne pas se priver des consolations, négligent de subvenir aux nécessités de leur prochain.

Ma très chère Fille, je t'ai parlé de l'illusion de ceux qui veulent me goûter à leur manière et me recevoir dans leur esprit comme il leur plaît. Je veux t'entretenir maintenant de ceux qui placent TOUT leur plaisir à recevoir la consolation intérieure. C'est au point que souvent, ils verront leur prochain en nécessité spirituelle ou temporelle, et sous couleur de vertu ils s'abstiendront de le secourir: "Je ne veux pas, disent-ils, perdre la paix et le repos de l'esprit." Il leur semble donc que, se priver de la consolation ce serait m'offenser.
Comme leur esprit est trompé par sa propre avidité!
Ils m'offensent bien plus vraiment, en ne subvenant pas aux besoins de leur prochain, qu'en abandonnant toutes leurs consolations. Tous les exercices, toutes les prières vocales ou mentales sont ordonnées par Moi, pour conduire l'âme à la charité parfaite envers moi et envers le prochain et pour la conserver dans cette charité. Ils m'offensent donc bien plus, en négligeant la charité du prochain pour l'exercice extérieur ou pour le repos de l'esprit, qu'en (236) abandonnant ces exercices pour le prochain. Dans la charité du prochain, ils sont sûrs de me trouver; et, dans la joie spirituelle où ils me cherchent, ils seront privés de moi. En s'abstenant de secourir leur prochain, ils diminuent la charité qu'ils ont pour lui; par le seul fait, mon amour pour eux diminue pareillement, et avec mon amour diminue aussi la consolation. Ainsi, en voulant gagner, on perd: en voulant perdre, on gagne. Qui veut perdre ses propres consolations spirituelles pour le salut du prochain, me reçoit en récompense, c'est Moi-même qu'il gagne. Pour avoir secouru son prochain en le servant charitablement, il goûtera en tout temps la douceur de ma Charité.
Celui, au contraire, qui ne veut pas renoncer à ces consolations, demeure dans la souffrance, car il faut bien parfois qu'il vienne en aide au prochain, l'amour, l'obéissance ou la nécessité l'obligeant à subvenir aux infirmités corporelles ou spirituelles d'autrui. Mais alors il ne le fera qu'avec peine, l'esprit troublé, la conscience inquiète, si tourmenté qu'il en devient insupportable à lui-même et aux autres.
Demandez-lui pourquoi tant de tristesse? "Il me semble, vous répondra-t-il, que j'ai perdu la paix et le repos de l'esprit. J'ai négligé bien de choses que j'avais coutume de faire." - Il croit avoir offensé Dieu. Il n'en est rien. Mais, comme il n'a d'yeux que pour sa propre consolation, il ne sait pas discerner ni connaître en vérité où est sa faute. Avec un peu plus de discernement il verrait qu'il n'y a nulle offense (237) à ne pas avoir de consolation spirituelle, ni à laisser l'exercice de l'oraison dans le temps que la nécessité du prochain le demande, mais qu'il y a faute, à manquer de charité envers le prochain, que l'on doit aimer et servir pour l'amour de moi.
Tu vois bien maintenant, comment l'âme s'abuse elle-même, toute seule, par l'amour-propre spirituel qu'elle a pour elle-même (238).




CHAPITRE XL

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De l'erreur de ceux qui ont mis toute leur affection dans les consolations et visions spirituelles.

Cet amour-propre spirituel cause parfois à l'âme un plus grand dommage, lorsqu'elle s'attache uniquement aux consolations intérieures et à ces visions sont souvent je favorise mes serviteurs. Dès qu'elle s'en voit privée, elle tombe dans la tristesse et l'ennui. Il lui semble qu'elle a perdu la grâce, quand je me retire ainsi de son esprit. Comme je te l'ai dit, je m'en vais et je reviens dans l'âme, non que je lui retire la grâce, quand je me retire ainsi de son esprit. Comme je te l'ai dit, je m'en vais et je reviens dans l'âme, non que je lui retire la grâce, mais seulement le sentiment qu'elle en a, pour la conduire à la perfection. C'est alors qu'elle se désole; elle croit être descendue en enfer, en se sentant sevrée de la joie qu'elle éprouvait, et exposée aux attaques de nombreuses tentations.
Quelle ignorance en ce jugement, et comme elle se laisse abuser par son amour-propre spirituel! Comme elle connaît peu la vérité! Elle ne doit pas ignorer cependant, que je suis en elle, que Moi seul suis le souverain Bien, que c'est Moi qui garde sa volonté dans le bien au temps de la lutte, et l'empêche (239) de courir en arrière à la recherche de son plaisir.
Bien plutôt doit-elle s'abaisser, s'estimer indigne de la paix et du repos de l'esprit. C'est à cette fin que je me retire d'elle. Je désire l'amener à s'humilier et à reconnaître ma charité envers elle, dans cette bonne volonté que je lui conserve au milieu des tentations. Je ne veux pas qu'elle se contente du lait de la douceur dont j'asperge son visage: il faut qu'elle s'attache au sein de ma Vérité, et qu'elle en tire la chair en même temps que le lait. Elle y trouvera le lait de ma charité, mais par la chair du Christ crucifié, par sa doctrine dont je vous ai fait un pont par lequel l'on peut arriver jusqu'à moi.
Voilà donc pourquoi je me retire de mes serviteurs. S'ils se gouvernent d'après les règles de la prudence, s'ils ne sont pas assez ignorants pour ne désirer que le lait, je reviens à eux avec plus de douceur, avec plus de lumière, avec une charité plus ardente. Mais, s'ils n'éprouvent qu'ennuis, tristesse et trouble d'esprit, de ne plus sentir en eux cette douceur spirituelle, ils retirent peu de profit de mon absence et restent dans la tiédeur (240) .




CHAPITRE XLI

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Comment ceux qui s'attachent aux consolations et visions spirituelles, peuvent être trompées par le démon transformé en ange de lumière. Des signes auxquels on reconnaît qu'une vision est de Dieu ou du démon.

Cet amour-propre spirituel expose aussi l'âme à un autre piège du démon, qui se transforme en ange de lumière.
Le démon épie, en effet, les dispositions de l'âme, et règle son offre sur ses attraits. La voit-il toute possédée de ce désir des consolations et des visions spirituelles, - auxquelles, pourtant elle ne devrait pas s'attacher, mais seulement à la vertu, s'estimant, en toute humilité, indigne de ces faveurs divines et ne considérant en elles, que mon amour qui les lui donne - le démon alors prend forme de lumière en cette âme. Tantôt il revêt l'apparence d'un ange, et il essaye de prendre cette âme à l'amorce de ce plaisir spirituel, qu'elle cherche dans les visions et les délectations de l'esprit.
Si l'âme ne retrouve pas alors une véritable humilité, pour repousser avec dédain toute les joies qui lui sont offertes, elle demeure prise à cet hameçon et tombe aux mains du démon.
Si, au contraire, elle repousse avec humilité cette jouissance, si elle s'applique avec amour à ne vouloir que Moi seul, qui suis le Donateur, au lieu de s'attacher au don, dès lors le démon est vaincu; car son orgueil ne peut tenir devant un esprit qui est humble.
Tu me demanderas à quel signe reconnaître que cette consolation vient du démon et non de moi! - Je te réponds: Le signe qu'elle vient du démon, qui se présente à l'âme sous forme de lumière, c'est que l'âme reçoit soudain de sa visite une vive allégresse; mais, cette allégresse va diminuant toujours, à proportion qu'elle dure davantage, et laisse après elle l'ennui, les ténèbres, l'obscurité dans l'esprit, qui en éprouve comme un remords.
Si c'est Moi, la Vérité éternelle, qui ai visité cette âme, elle en ressent, au premier moment, une sainte crainte; mais à cette crainte suit l'allégresse, la sécurité, une douce prudence, qui fait qu'en doutant elle ne doute pas. Dans la connaissance qu'elle a d'elle-même, elle s'estimera indigne de cette faveur. Elle dira: Je ne suis pas digne de recevoir votre visite, ô mon Dieu, et puisque j'en suis indigne, comment cela peut-il être? Mais elle se réfugiera alors dans l'abîme de ma Charité; elle connaîtra, elle verra qu'à Moi il est possible de donner; elle ne regardera plus à son indignité, mais à ma dignité qui la rend digne de me recevoir par la grâce et de me sentir présent en elle-même, parce (242) que je ne méprise pas le désir par lequel elle m'appelle et qui la dispose à me recevoir. Elle dira alors humblement: Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre volonté.
Dès lors, quand elle sort de l'oraison, ma visite terminée, elle en conserve de la joie et une grande douceur dans l'esprit. son humilité lui fait comprendre son indignité, lui fait reconnaître que c'est à ma Charité qu'elle doit tout ce qu'elle a reçu.
C'est à ce signe que l'on peut juger si l'âme a reçu ma visite ou celle du démon. Est-elle de moi? L'âme éprouve au commencement la crainte, au milieu et à la fin la joie, avec le désir de la vertu. Est-elle du démon? Elle débute par la joie et se termine dans le trouble et les ténèbres spirituelles.
J'ai pourvu à vous en donner le signalement. Désormais l'âme qui veut marcher avec humilité et prudence ne peut être trompée. Mais elle n'évitera pas ce piège, si elle se veut gouverner par l'amour imparfait des consolations personnelles, plus que par l'amour de Moi-même, ainsi que je t'ai dit (243) .




CHAPITRE XLII

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Comment l'âme qui se connaît vraiment elle-même, évite sagement toutes ces tromperies.

Je n'ai pas voulu te cacher, ma fille bien-aimée, l'erreur où tombent communément ceux qui se laissent égarer par l'amour-propre sensitif, qui accompagne leurs quelques bonnes actions, et le peu de bien qu'ils font dans le temps de la prospérité.
Je t'ai entretenu aussi de l'amour-propre spirituel des consolations intérieures qui égare mes serviteurs. Je t'ai montré en quoi ils se trompent, et de quelle manière cet attachement aux joies de l'esprit les empêche de connaître la vérité de mon amour, de discerner le péché, de le voir là où il est, et le piège où le démon les attire, par leur faute. Je t'ai dit tout cela, pour que toi et mes autres serviteurs marchiez droit à la vertu pour l'amour de moi, sans chercher autre chose. Ceux qui ne possèdent que l'amour imparfait, qui m'aiment à cause de la faveur qu'ils reçoivent et non à cause de moi qui la donne, sont exposés à tous ces périls, et bien souvent ils y tombent.
Mais l'âme qui, en vérité, est entrée dans la demeure de la connaissance d'elle-même, pour s'y (244) adonner à l'oraison parfaite, quitte l'amour imparfait et la prière imparfaite, comme je te l'ai expliqué en parlant de l'oraison, et me reçoit par sentiment d'amour, en cherchant à tirer le lait de la douce consolation du sein même de la doctrine du Christ crucifié. C'est ainsi qu'elle arrive au troisième état, c'est-à-dire à l'amour de l'ami, à l'amour filial. Elle n'a plus l'amour mercenaire. Entre elle et moi, désormais, les rapports sont ceux d'amis très chers. Elle en agit avec moi comme un ami avec son ami. Si l'un reçoit un présent de l'autre, ce n'est pas seulement au présent qu'il regarde, c'est aussi au coeur, au sentiment de celui qui donne, et il n'accorde de prix au présent que celui qu'il attache à l'affection de son ami.
Ainsi l'âme parvenue au troisième état, qui est celui de l'amour parfait. Quand elle reçoit mes faveurs et mes grâces, elle n'a pas d'yeux que pour le don, elle regarde aussi par l'oeil de l'intelligence au sentiment de ma charité, à Moi le donateur. Pour que l'âme n'ait aucune excuse de ne pas agir ainsi, j'ai eu la prévoyance de joindre au don le donateur lui-même quand j'unis la nature divine à la nature humaine. Le Don que je vous fis alors, c'est le Verbe mon Fils unique, qui est une même chose avec moi, comme je suis une même chose avec lui. Par le fait de cette union, vous ne pouvez donc regarder le don sans me voir moi-même, Moi le donateur. Comprenez donc de quel grand amour vous devez aimer et désirer tout à la fois le don et le donateur (245) .
Si vous faites ainsi, votre amour ne sera plus un amour mercenaire, mais un amour pur, un amour sans tache, l'amour de ceux qui toujours demeurent enfermés dans la cellule de la connaissance d'eux-mêmes (246).



CHAPITRE XLIII

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De quelle manière l'âme quitte l'amour imparfait et arrive à l'amour parfait.
Jusqu'ici je t'ai montré de différentes manières comment l'âme sort de l'imperfection et s'élève à l'amour parfait, et ce qu'elle fait après qu'elle est arrivée à cet amour de l'ami, à cet amour filial. Je t'ai dit et je te répète qu'elle y parvient par la persévérance, en s'enfermant dans la maison de la connaissance d'elle-même. Cette connaissance d'elle-même doit être accompagnée de la connaissance de Moi-même, pour qu'elle ne tombe pas dans le trouble et la confusion. Car la connaissance d'elle-même lui inspirera la haine de l'amour sensitif qu'elle a de soi, et aussi de son attrait pour les consolations personnelles.
De cette haine fondée sur l'humilité naîtra la patience, par laquelle elle deviendra forte contre les assauts du démon, contre les persécutions des hommes, et même vis-à-vis de Moi quand, pour son bien, je lui retirerai les joies spirituelles. Cette vertu lui fera supporter toutes les privations.
Si, dans quelque épreuve, la sensualité voulait relever la tête et s'insurger contre la raison, le juge (247) qu'est la conscience devrait se dresser au-dessus d'elle, pour maintenir contre elle et sur elle les droits de la raison, et réprimer tous les mouvements désordonnés. L'âme qui se conserve dans la haine de la sensualité, se corrige sans cesse et réprime en tout temps, non seulement les mouvements qui sont contre la raison, mais encore ceux qui parfois viennent de Moi.
C'est ce que veut faire entendre mon doux serviteur saint Grégoire, lorsqu'il dit qu'une conscience qui est sainte et pure, pèche sans cesse, c'est-à-dire qu'à raison de sa pureté même, elle voit des fautes là où il n'y en a pas. Ainsi doit faire, ainsi fait l'âme qui veut sortir de l'imperfection, en attendant, dans le réduit de la connaissance d'elle-même, les ordres de ma Providence avec la lumière de la foi, comme les disciples qui n'allèrent point au-devant de l'avènement de l'Esprit-Saint, mais se tinrent enfermés dans le cénacle, pour y persévérer avec humilité dans les veilles et les oraisons continuelles.
Voilà, je Le l'ai dit, ce que fait l'âme quand elle est sortie de l'imperfection et s'est enfermée dans sa maison pour parvenir à la perfection. Là, elle veille, l'oeil de l'intelligence toujours ouvert sur la doctrine de ma Vérité humiliée, qu'elle a connue en elle-même, et elle se tient en prière continuelle, en cette prière du saint et vrai désir, parce qu'en elle aussi elle connaît l'amour de ma Charité (248).




CHAPITRE XLIV

74


Des signes auxquels on connaît que l'âme est parvenue à l'amour parfait.
Il me reste maintenant à te dire à quel signe l'on voit que l'âme est arrivée à l'amour parfait. Ce signe est celui-là même qu'on vit dans les disciples saints, après qu'ils eurent reçu le Saint-Esprit. Ils sortirent du cénacle, et délivrés de toute crainte, ils annonçaient même parole, et prêchaient la doctrine de mon Fils unique. Loin de redouter les souffrances, c'est de leurs souffrances qu'ils se faisaient gloire. Ils n'avaient pas peur d'aller devant les Tyrans, pour leur annoncer et leur faire connaître la Vérité, pour l'honneur et la gloire de mon nom.
Ainsi, pour l'âme qui attend ma venue, dans la connaissance d'elle-même, comme je L'ai dit. Je suis retourné vers elle, par le feu de ma Charité. Cette Charité, pendant qu'elle se tenait enfermée dans sa demeure avec persévérance, lui a fait concevoir la vertu par sentiment d'amour en la faisant participer à ma Puissance, à ma Force, à ma Souveraineté, et elle a vaincu par elle son amour-propre sensitif.
Par cette même Charité, je la rendais participante de la Sagesse de mon Fils. Par cette Sagesse, l'oeil de son intelligence vit et connut ma Vérité, et les illusions de l'amour-propre spirituel, de l'amour imparfait des consolations personnelles. Elle connut la fourberie et la malice avec lesquelles le démon abuse l'âme qui est encore retenue dans les liens de cet amour imparfait, et elle sentit monter en elle la haine de cette imperfection avec l'amour de la perfection.
Cet amour, c'est le Saint-Esprit lui-même qui se répand dans sa volonté, lui communiquant sa Force, lui inspirant le désir de supporter la souffrance et de sortir de sa retraite, pour produire les bonnes oeuvres envers le prochain. En réalité elle ne quitte pas la cellule de la connaissance d'elle-même; elle fait seulement sortir d'elle les vertus qu'elle a conçues par sentiment d'amour, et elle les fait fructifier de diverses manières, quand les besoins du prochain le demandent. Elle n'a plus peur de perdre ses consolations spirituelles, comme je te l'ai dit plus haut. Une fois parvenue à l'amour parfait et libre, elle sort au dehors, rien ne la retient plus.
L'âme atteint ainsi le quatrième état, qui fait partie du troisième, qui est l'état parfait. Mais, dans ce troisième état, où elle goûte et enfante la charité dans son prochain, elle reçoit un état ultime de parfaite union avec moi. Ces deux états sont unis ensemble; l'un ne va pas sans l'autre, car la charité n'est pas séparée de la charité envers le prochain et la charité envers le prochain de celle qu'on a pour moi; l'une ne peut exister sans l'autre. Ainsi en est-il de ces deux états, l'un n'est pas sans l'autre, comme je te l'expliquerai quand je te parlerai de troisième état.





CHAPITRE XLV

75
Comment les imparfaits veulent suivre seulement le Père, alors que les parfaits suivent le Fils. D'une vision qu'eut cette âme, où elle vit différents baptêmes.

Je t'ai exposé comment l'on sort de soi-même et que c'est là le signe auquel on peut reconnaître qu'une âme a quitté l'imperfection et est parvenue à la perfection. Ouvre donc l'oeil de ton intelligence et regarde-les courir, ces parfaits, sur le pont de la doctrine du Christ crucifié qui fut votre règle, votre voie, votre enseignement. Vois comme le regard de leur intelligence ne fixe pas d'autre modèle que le Christ crucifié.
Ce n'est pas Moi, le Père, qu'ils proposent à leur imitation, comme le fait celui qui demeure dans l'amour imparfait et qui ne veut supporter aucune souffrance. Comme en moi il n'est pas de souffrance, et qu'il ne poursuit que la délectation qu'il trouve en moi, c'est à moi qu'il vient, non pour me chercher, Moi, mais la consolation qu'il trouve en moi.
Ce n'est pas ainsi que font les parfaits. Comme enivrés, et tout embrasés d'amour, ils ont réuni les trois puissances de l'âme, figurées généralement par les trois degrés du pont, et ils ont franchi les (252) trois degrés d'opération, les trois états, représentés dans le corps du Christ Crucifié, mon Fils unique. Après avoir gravi le premier degré et atteint les pieds, avec les pieds de l'affection, l'âme est parvenue à son côté, où elle trouve le secret du coeur et connaît le baptême de l'eau qui tire sa vertu du Sang. L'âme y reçoit la grâce du saint baptême, après s'être disposée à recevoir la grâce unie et mêlée au sang.
Où l'âme connaît-elle cette dignité, de se voir unie et mélangée au sang de l'agneau en recevant le saint baptême en vertu du Sang? Dans le côté de mon Fils, où elle éprouve le feu de la divine Charité.
C'est ce que te montra, si tu t'en souviens bien, ma Vérité quand tu lui demandais " Doux Agneau sans tache, vous étiez mort quand votre côté fut ouvert, pourquoi donc avez-vous voulu que votre coeur fût ainsi blessé et entr'ouvert." Il répondit, tu ne l'as pas oublié: "Pour plusieurs raisons, dont je te dirai la principale. Mon désir concernant la race humaine était infini, et l'acte présent de la souffrance et des tourments était fini. Par cette souffrance, je ne pouvais donc vous manifester combien je vous aimais puisque mon amour était infini. Voilà pourquoi j'ai voulu vous révéler le secret du coeur, en vous le faisant voir ouvert, pour que vous compreniez bien qu'il vous aimait bien plus que je n'avais pu vous le prouver, par une douleur finie. Le sang et l'eau qui coulèrent de mon coeur figuraient le saint baptême (253)de l'eau, que vous recevez par la vertu du Sang.
Ils signifiaient aussi le baptême du sang que l'on reçoit de deux manières. La première convient à ceux qui sont baptisés dans leur propre sang répandu pour moi. Quelques autres sont baptisés par le feu, quand ils désirent le baptême, par amour, sans pouvoir l'obtenir. Il n'y a pas de baptême de feu sans le Sang, parce que le Sang est uni et mélangé au feu de la divine Charité qui l'a fait répandre.
il est une autre manière, mais figurée, de recevoir ce baptême du sang, par une spéciale providence de ma divine Charité. Je connaissais l'infirmité et la fragilité de l'homme qui le porte à m'offenser. Non que par sa fragilité ou quelque autre cause il soit contraint de commettre le péché, s'il ne le veut pas; mais il est faible, et comme tel, il tombe dans le péché mortel. Il perd ainsi la grâce qu'il avait reçue dans le saint baptême par la vertu du sang. Il fallait donc que la divine Charité parvînt à instituer, et de façon continue, le baptême du sang, que l'on reçoit avec la contrition du coeur et la sainte confession, que l'on fait, s'il se peut, à mes ministres à qui sont confiées les clefs du Sang. Ce Sang, mes ministres le répandent sur le visage de l'âme par l'absolution; et, si la confession n'est pas possible, il suffit de la contrition du coeur. La main de ma Clémence vous accorde alors le fruit de ce précieux sang. Mais celui qui pourra se confesser le devra faire, je le veux: celui qui ne le voudra pas faire quand il le peut, sera privé du fruit du Sang (254).
Il est bien vrai, qu'au moment de la mort, celui qui veut se confesser et ne le peut faire, recevra aussi le fruit du Sang. Mais que nul ne soit assez fou de s'appuyer sur cette espérance, pour remettre au dernier instant, car il n'est pas sûr qu'à raison de son obstination, je ne lui fasse pas entendre le langage de ma divine justice: " Tu ne t'es pas souvenu de moi pendant la vie, quand tu en avais le pouvoir, Moi, à mon tour, je ne me souviendrai pas de toi dans la mort. " Personne ne doit donc tant différer; et cependant si par sa faute l'on a perdu la grâce, l'on ne doit pas laisser, jusqu'à la fin, d'espérer d'être baptisé dans le Sang. Ce baptême, tu le vois, est continu: l'âme s'y doit purifier jusqu'à la fin, comme il vient d'être dit.
Ainsi donc, mes oeuvres, je veux dire les souffrances de la croix, étaient par elles-mêmes finies mais le fruit de mes souffrances, que vous avez reçu par moi dans le baptême, est infini, en vertu de la nature divine infinie qui est unie à la nature humaine finie. C'est Moi, le Verbe revêtu de votre humanité, qui ai, par la nature humaine, enduré ces supplices. Comme ces deux natures sont conjointes et unies l'une à l'autre, la Divinité éternelle tire à soi et fait sienne la peine que j'ai subie avec un si ardent amour c'est à ce titre que l'on peut dire que cette opération est infinie. La peine endurée, la souffrance extérieure du corps, n'était pas infinie, non plus que celle qui provenait du désir qui me torturait d'accomplir votre rédemption. Cette douleur se termina et finit sur la croix, dès (255) que mon âme eut quitté mon corps. Mais le fruit qui résulte de ma passion et du désir que j'avais de votre salut est infini, et vous le recevez infiniment. S'il n'était pas infini, il ne s'étendrait pas à la restauration de la race humaine, dans tous les hommes passés, présents et à venir. Si le fruit du Sang n'était pas infini, l'homme qui m'offense après avoir reçu le baptême de l'eau ne pourrait pas non plus, après son péché, recouvrer ma grâce. Mais le baptême du Sang, qui vous a été donné, est inépuisable.
Voilà ce que vous révèle mon côté entr'ouvert, où l'on peut lire le secret du coeur. Là, vous apprendrez que je vous aime bien plus, que je n'ai pu vous le prouver par ma souffrance finie.
Je t'ai donc montré que c'est infiniment que je vous aime Et qui le prouve? Ce baptême du Sang uni au feu de ma Charité; car c'est par amour que le Sang fut répandu.
Le baptême général donné aux chrétiens et à quiconque le veut recevoir, dans lequel l'âme s'unit à mon sang, c'est le baptême d'eau, mais l'eau y est unie au sang et au feu. C'est pour vous le faire entendre que, de mon côté ouvert, il coula du sang avec l'eau. J'ai donc satisfait a ta demande. il reste encore quelques autres points à éclaircir: je te les expliquerai bientôt (256).



CHAPITRE XLVI

76

Comment l'âme, arrivée au troisième degré, parvient à la bouche à la bouche.

Tout ce que je viens de te dire, c'est ma Vérité qui te l'a exposé; c'est en son nom que je te l'ai répété, parlant en sa personne, pour te faire comprendre l'excellence de l'âme qui a franchi ce second degré. Elle y puise une telle connaissance, elle s'y embrase d'un si ardent amour qu'elle s'élève d'un trait au troisième, c'est-à-dire à la bouche. C'est là qu'elle apprend qu'elle est parvenue à l'état parfait. Elle passe donc par le coeur où elle se purifie à nouveau dans le souvenir du sang. Elle s'y dépouille de l'amour imparfait, par la connaissance qu'elle tire de l'amour de ce coeur, en contemplant, en goûtant, en expérimentant le feu de ma Charité. Dès lors elle est unie à la bouche, et elle le démontre, en faisant office de la bouche.
La bouche parle avec la langue qui est dans la bouche; avec le goût elle goûte les aliments; elle les retient pour les transmettre a l'estomac; avec les dents elle les broie, pour qu'ils puissent être avalés. L'âme fait de même. Elle me parle avec la (257) langue qui est dans la bouche du saint désir, avec cette langue de la sainte et continuelle prière. Cette langue parle extérieurement et mentalement. Elle me parle mentalement, lorsqu'elle m'offre ses doux et amoureux désirs, pour le salut des âmes. Elle parle extérieurement, lorsqu'elle annonce la doctrine de ma Vérité, lorsqu'elle avertit, lorsqu'elle conseille, lorsqu'elle confesse la foi, sans peur des contrariétés que le monde lui peut faire souffrir. Hardiment, elle porte mon nom devant toute créature, et de diverses manières, selon que son état le lui permet.
Je dis qu'elle mange. Elle a faim des âmes, et elle prend sa nourriture pour l'honneur de moi, sur la table de la très sainte Croix. Nul autre aliment, nulle autre table ne pourraient en vérité la rassasier parfaitement.
Je dis qu'elle broie sa nourriture avec les dents; sans cela elle ne la pourrait avaler. La haine et l'amour sont comme deux mâchoires, dans la bouche du saint désir: la nourriture qu'elle y reçoit, elle la broie avec la haine d'elle-même et l'amour de la vertu en elle et dans le prochain. Elle broie, dis-je, toutes les injures, elle broie mépris, affronts, moqueries, réprimandes, persécutions, faim, soif, froid, chaud, désirs douloureux, larmes, sueurs, pour le salut des âmes. Rien ne l'arrête dès qu'il s'agit de mon honneur, elle porte et supporte son prochain.
Quand les dents ont bien broyé c'est le tour du goût. L'âme goûte le fruit de ses peines, elle savoure (258) cette nourriture des âmes, dans le feu de son amour pour moi et pour le prochain.
Puis cet aliment parvient à l'estomac, que le désir et la faim des âmes a tout disposé à le recevoir. Cet estomac c'est le coeur, avec l'amour cordial, avec la dilection de la charité envers le prochain. L'âme trouve ce mets si délicieux, elle le dévore avec tant d'ardeur, qu'elle perd tout souci de la vie corporelle, pour pouvoir manger cette nourriture, sur la table de la croix et de la doctrine du Christ crucifié.
Alors, l'âme s'engraisse de vraies et solides vertus. Elle se développe tellement, par l'abondance de cette nourriture, qu'elle fait éclater le vêtement de la sensualité propre qui la recouvre. Qui éclate ainsi, meurt: aussi la volonté sensitive est-elle morte désormais. L'appétit sensuel ne peut plus vivre, parce que la volonté de l'âme ainsi ordonnée vit en Moi, revêtue de ma Volonté éternelle.
L'âme, ainsi arrivée au troisième degré de la bouche, perd toute volonté propre en goûtant la douceur de n'a Charité, et trouve par là même la paix et le repos dans la bouche. Ne sais-tu pas que c'est sur la bouche, que se donne la paix? Ainsi, en ce troisième état, l'âme trouve la paix, une paix Si parfaite que rien ne la peut troubler. Elle a perdu et renié la volonté propre, et elle est en repos
cette volonté lui laisse la paix, parce qu'elle est morte.
Ceux qui sont en cet état enfantent sans douleur des vertus à l'égard du prochain. Non que les souffrances (259) en eux cessent d'être des souffrances, mais la volonté sensitive qui est morte, ne les ressent plus, et c'est de bon gré qu'ils les supportent, pour l'honneur de mon nom.
Ceux-là courent avec ardeur dans la voie du Christ crucifié; ils suivent sa doctrine et rien ne peut ralentir leur course, ni les injures, ni les persécutions, ni les plaisirs que le monde leur offre et qu'il voudrait leur donner. Ils passent par-dessus tout cela, avec une force inébranlable, une persévérance que rien ne trouble, le coeur tout transformé par la charité, goûtant et savourant cette nourriture du salut des âmes, prêts à tout supporter pour elle. Voilà qui prouve, à n'en pouvoir douter, que l'âme aime son Dieu à la perfection, et sans aucun intérêt. Si elle s'aimait elle-même, et si elle n'aimait le prochain, que pour son utilité personnelle, elle n'aurait pas cette patience, elle se laisserait arrêter ou retarder dans sa course. Mais désormais, c'est Moi qu'ils aiment, pour moi-même parce que je suis la souveraine Bonté, souverainement aimable. S'ils s'aiment eux-mêmes, c'est pour Moi; s'ils aiment le prochain, c'est pour Moi, pour rendre honneur et gloire à mon nom. Voilà pourquoi la souffrance les trouve toujours patients, forts et persévérants (260).





CHAPITRE XLVII

77
Des oeuvres de l'âme parvenue au troisième degré.

La patience, la force, la persévérance, couronnées de la lumière de la très sainte Foi, voilà, en effet, les trois glorieuses vertus fondées sur la vraie chanté Elles sont à la cime de l'arbre de la Charité. Avec ces vertus et cette lumière, l'âme court, sans trouver de ténèbres, dans la voie de la Vérité. Elle est élevée trop haut par le saint désir pour pouvoir rencontrer d'obstacles. Ce n'est pas le démon qui peut l'arrêter avec ses tentations il a trop peur d'une âme embrasée du feu de la charité! Ce ne sont pas les calomnies ou les injures des hommes; car, malgré que le monde la persécute, elle fait peur au monde. Ces épreuves, c'est ma Bonté qui les permet, pour affermir la vertu de ces parfaits et les faire grandir devant Moi et devant le monde, après qu'ils se sont abaissés eux-mêmes par l'humilité.
Regarde mes saints! Ils se sont faits petits, je les ai faits grands à jamais, en Moi qui suis la vie durable, et dans le corps mystique de la sainte Eglise, qui toujours célèbre leur mémoire, parce que leurs noms sont écrits dans le livre de vie. Tu vois donc bien que le monde les honore d'avoir méprisé le monde (260).
Si mes serviteurs cachent leur vertu, ce n'est pas par crainte, mais par humilité. Si le prochain a besoin de leur service, ils ne se dérobent pas, par peur de souffrir ou de perdre leur propre consolation, mais courageusement ils vont servir, en s'oubliant eux-mêmes, en s'abandonnant eux-mêmes. De quelque manière qu'ils dépensent leur vie et leur temps, Si c'est pour l'honneur de Moi, ils sont dans la joie, ils trouvent la paix et le repos de l'esprit. Pourquoi donc? Parce qu'ils ne choisissent pas de servir à leur convenance, mais à la mienne. C'est pour cela qu'ils sont toujours prêts. Tous les temps leurs sont bons, que ce soit celui de la consolation ou celui de la tribulation, celui de la prospérité ou celui de l'adversité. Adversité et prospérité ont pour eux le même prix, parce qu'en toute chose ils trouvent ma volonté, et qu'ils n'ont point d'autre souci que de se conformer à ma volonté, partout où ils la trouvent.
Ils ont vu que rien n'a été fait sans Moi et que tout a été mystérieusement ordonné par ma divine Providence, tout, à l'exception du péché qui n'est pas quelque chose. C'est pourquoi ils ont la haine du péché et sont pleins de respect pour tout ce qui est. Cette pensée les rend si assurés et si inébranlables dans leur vouloir, qu'ils suivent la voie de la Vérité, sans s'arrêter jamais. Ils servent leur prochain avec fidélité, sans regarder jamais à son ignorance ou à son ingratitude. Parfois même ils recevront les injures des méchants ou leurs réprimandes: rien ne ralentira leurs bonnes oeuvres, rien ne les empêchera (262) de crier vers moi dans leurs saintes oraisons, pour que je leur pardonne, n'ayant de douleur que de l'offense qui m'est faite et du tort que leurs insulteurs ont fait à leur âme, sans aucun souci de leur propre injure. Ils se redisent la parole de Paul, mon glorieux apôtre: Le monde nous maudit, et nous, nous bénissons: il nous persécute et nous lui disons merci. On nous jette dehors comme l'ordure et la balayure du monde, et patiemment nous nous laissons faire (
1Co 4,12-13) .
Voilà, ma fille bien-aimée, à quoi l'on reconnaît que l'âme a quitté l'amour imparfait et est parvenue à l'amour parfait. De tous ces signes, le plus démonstratif est la vertu de patience qui la fait marcher sur les traces du doux Agneau immaculé, mon Fils unique. Sur la croix, où le tenaient attaché les clous de l'amour, il ne se laissa point détourner de son sacrifice par les défis des Juifs qui lui criaient " Descends maintenant de la croix et nous croirons en toi (Mt 27,42) ." Votre ingratitude ne l'empêcha point non plus de persévérer dans l'obéissance que je lui avais imposée, et si grande fut sa patience, qu'il ne fit pas entendre le moindre murmure. Tel est le modèle et telle est la doctrine que suivent mes fils bien-aimés et mes féaux serviteurs.
Par caresses ou par menaces le monde voudrait bien les retirer de cette voie. Mais ils ne s'arrêtent point à détourner la tête, pour regarder le sillon; ils n'ont d'yeux que pour l'objet de ma Vérité. Ils ne (263) veulent point déserter le champ de bataille et revenir à la maison, pour y reprendre le vêtement qu'ils ont laissé, je veux dire cet amour-propre qui cherche les bonnes grâces des créatures, et craint davantage de leur déplaire qu'à Moi le Créateur. C'est avec joie, au contraire, qu'ils demeurent dans la mêlée, tout remplis qu'ils sont et comme enivrés du Sang du Christ crucifié. Ce Sang je l'ai confié au corps mystique, à la sainte Eglise de ma Charité, pour être distribué avant la bataille, afin de ranimer le courage de ceux qui veulent être de vrais chevaliers, dans cette lutte contre la sensualité propre et la chair fragile, contre le monde et contre le démon. C'est avec le glaive de la haine d'eux-mêmes et avec le glaive de l'amour de la vertu, qu'il leur faut combattre leurs plus grands ennemis. Cet amour est une armure qui pare tous les coups et rend invulnérable, Si l'on ne livre soi-même à l'ennemi son bouclier et son glaive; et c'est le libre arbitre seul, qui rend les armes, on ne se livre à l'ennemi qu'autant qu'on le veut. Ceux que le Sang a enivrés, ne se rendent jamais, ils luttent courageusement jusqu'à la mort, et mettent ainsi en déroute tous leurs ennemis.
O glorieuse vertu, que tu me plais! Ton éclat rejaillit sur le monde, jusqu'aux yeux ténébreux des ignorants, qui ne peuvent demeurer fermés, quoiqu'ils fassent, à la lumière de mes serviteurs Dans la haine même avec laquelle ils les poursuivent, éclatent l'amour et le zèle de mes serviteurs pour leur salut. L'envie des persécuteurs fait resplendir la générosité et la charité des miens; la (265) cruauté avec laquelle ils les tourmentent ne sert qu'à mieux prouver la douceur avec laquelle ils en sont aimés. Au milieu de toutes ces injures, c'est la patience qui brille et qui affirme sa royauté; c'est elle qui régente et gouverne toutes les vertus, parce qu'elle est la moelle même de la charité. Et c'est elle par conséquent qui est le signe des vertus de l'âme; c'est elle qui démontre Si elles sont ou non fondées en Moi qui suis la Vérité. La patience triomphe et n'est jamais vaincue. Elle a pour compagnes la force et la persévérance, et c'est avec la victoire toujours qu'elle rentre dans sa maison. Quand elle abandonne le champ de bataille, c'est pour revenir à Moi le Père éternel, le rémunérateur de tous ses travaux, et recevoir de Moi la couronne de gloire.




Catherine de Sienne, Dialogue 69