Catherine de Sienne, Lettres - Lettre n. 58, A THOMAS D'ALVIANO

Lettre n. 59, AUX DEFENSEURS ET AU CAPITAINE DU PEUPLE DE LA VILLE DE SIENNE

LIX (201). - AUX DEFENSEURS ET AU CAPITAINE DU PEUPLE DE LA VILLE DE SIENNE, lorsqu'elle était à Saint-Anthime. - Nous devons être maîtres de nous-mêmes et de nos passions, pour bien gouverner les autres.

(Cette lettre est adressée aux magistrats qui gouvernaient la république de Sienne. Ils appartenaient au parti des Réformateurs, étaient au nombre de quinze, ayant pour chef le capitaine du peuple. Ils habitaient le palais de la Seigneurie.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très chers Seigneurs dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir des maîtres puissants et fermes, en gouvernant vos sens par la vraie et solide vertu, et en suivant notre Créateur: autrement vous ne pourrez pas exercer avec justice la puissance temporelle que la grâce de Dieu vous [457] confie. Il faut que l'homme qui doit gouverner et conduire les autres, se gouverne et se conduise d'abord lui-même. Comment un aveugle pourrait-il diriger un aveugle, comment un mort pourrait-il enterrer un mort, un malade soigner un malade, un pauvre secourir un pauvre? N'est-ce pas impossible? Oui, mes chers, Seigneurs, celui qui est aveugle, celui dont l'intelligence est obscurcie par le péché mortel, ne peut se connaître et connaître Dieu; il ne pourra pas non plus voir et corriger les défauts de ceux qui lui sont soumis, et s'il les corrige, ce sera avec les ténèbres et l'imperfection qu'il a en lui.

2. Souvent, à cause de ce défaut de connaissance, j'ai vu et je vois encore punir ceux qui sont innocents, et ne pas punir ceux qui sont coupables et qui mériteraient mille morts. Le peu de lumière empêche de discerner la vérité, et l'injustice de la calomnie fait soupçonner ceux en qui on devrait avoir toute confiance, les serviteurs de Dieu, qui nous enfantent dans les larmes, les sueurs, les saintes et continuelles prières, qui s'exposent à tous les dangers, à toutes les peines et les tourments pour l'honneur de Dieu, pour le salut des âmes et du monde; tandis qu'on accorde sa confiance à ceux qui sont enracinés dans l'amour d'eux-mêmes, et qui se laissent agiter par tous les vents. Cela vient du défaut de lumière et des ténèbres du péché. Il faut donc avoir la lumière. Je dis qu'un mort ne peut enterrer un mort, c'est-à-dire que celui qui est mort à la grâce n'a pas le zèle et la force d'enterrer le défaut de son prochain, parce qu'il a le même défaut, et qu'il ne veut pas et ne sait pas s'en corriger. Il se voit atteint du même mal, et [458] il ne s'en guérit pas. Il ne soigne pas celui qui lui est confié, lorsqu'il le voit infirme; et l'infirmité du péché mortel est si grande, qu'on ne peut y porter remède qu'en se guérissant soi-même. Celui qui est dans le péché mortel tombe dans la pauvreté; il a perdu la richesse des vraies et solides vertus, en ne suivant pas les traces de Jésus crucifié, et il ne peut assister les pauvres, puisqu'il est privé de la richesse de la grâce divine par les ténèbres; il a perdu la lumière, et il ne voit pas le mal où il est; il commet l'injustice au lieu de rendre la justice.

3. Son infirmité lui fait perdre la force du vrai et saint désir de l'honneur de Dieu et du salut du prochain; et son infirmité augmente toujours, s'il ne recourt pas au médecin, à Jésus crucifié, s'il ne vomit pas les souillures du péché par le moyen de la sainte Confession. S'il le fait, il reçoit la vie et la santé; mais s'il ne le fait pas, il reçoit aussitôt la mort; et alors, comme je l'ai dit, un mort ne peut ensevelir les morts. Quelle plus grande pauvreté peut-il y avoir que d'être privé de la lumière, de la santé, de la vie? Je ne connais pas de plus grand malheur. Ceux qui l'éprouvent ne sont pas propres à gouverner les autres, puisqu'ils ne se gouvernent pas eux-mêmes: il faut commencer par là; et c'est pourquoi je vous ai dit que je désirais vous voir de véritables Seigneurs. Mais comme je vois qu'on ne peut avoir de véritable puissance, si on ne se gouverne soi-même, si on ne soumet ses sens à la raison, je vous ai dit dans quels inconvénients tombent ceux qui se laissent dominer par leurs misères, et ne s'en rendent pas maîtres, afin que vous évitiez ce malheur [459]. Ouvrez, ouvrez donc l'oeil de votre intelligence, et ne soyez pas si aveuglés par une crainte déréglée.

4. Tâchez de croire et d'espérer dans les vrais serviteurs de Dieu, et non dans les serviteurs coupables du démon, qui, pour cacher leur iniquité, vous font voir ce qui n'est pas. Ne mettez pas les serviteurs de Dieu contre vous, car il n'y a rien que Dieu ne supporte moins que les injures, les scandales et les outrages dirigés contre ses serviteurs. Ce qu'on fait contre eux est fait contre le Christ. Ce serait une trop grande ruine de le faire. Ne souffrez donc pas, mes très chers Frères et Seigneurs, que vous et d'autres agissiez ainsi; mais coupez la langue des murmurateurs, c'est-à-dire, reprenez et ne croyez pas celui qui murmure. En le faisant, vous ferez un acte de vertu, et vous éviterez bien des scandales. Mais il me semble que nos péchés ne le méritent pas encore; on dirait que c'est le contraire: les méchants sont écoutés, et les bons sont méprisés.

5. J'ai appris que, sur les rapports de l'archiprêtre de Montalcine et d'autres personnes qui voulaient cacher leurs fautes, vous aviez jugé défavorablement l'abbé de Saint-Anthime qui est un grand et parfait serviteur de Dieu (Il y avait un conflit de juridiction entre l'archiprêtre de Montalcine et l'abbé de Saint-Anthime.); il est ici depuis fort longtemps et si vous l'aviez connu un peu, non seulement vous ne l'auriez pas soupçonné, mais vous auriez été pleins de respect à son égard. Je vous prie don pour l'amour de Jésus crucifié, de vouloir bien ne pas le tourmenter, mais l'assister, au contraire, et [460] l'aider s'il le faut. Vous vous plaignez de ce que les prêtres et les clercs ne sont pas repris; et lorsque vous trouvez quelqu'un qui veut le faire, vous vous plaignez et vous voulez lui créer des obstacles.

6. Quant à mon retour avec ma famille spirituelle, on m'a dit qu'il faisait naître des réclamations et des soupçons mais je ne sais si je dois le croire. Si vous vous intéressiez à vous-mêmes autant que nous nous y intéressons, vous et tous les habitants de Sienne, vous vous éviteriez les pensées et les passions sans fondement, et vous fermeriez les oreilles pour ne pas entendre. Nous cherchons tous, et je poursuis sans cesse votre salut spirituel et temporel, n'épargnant aucune fatigue, offrant à Dieu nos pieux désirs dans les larmes et les gémissements, pour empêcher que la justice divine n'exerce sur vous les châtiments que nos iniquités méritent. J'ai si peu de vertu, que je sais rien faire qu'imparfaitement; mais ceux qui sont parfaits, et qui ne cherchent que l'honneur de et le salut des âmes, ceux-là font le bien, et l'ingratitude et l'ignorance de mes concitoyens ne nous empêcheront pas de travailler ainsi jusqu'à la mort pour votre salut. Nous suivrons l'enseignement du doux saint Paul, qui disait: " Le monde nous blasphème et nous bénissons; il nous poursuit et nous chasse, nous le supportons avec patience (1 Co 4,12). " Nous ferons de même, nous suivrons cette voie: la vérité sera ce qui nous délivrera. Je vous aime plus vous ne vous aimez, et je désire comme vous votre paix et votre conservation: ne croyez donc pas [461] que moi ni aucun de ma famille, nous puissions nous y opposer. Nous sommes choisis pour répandre la parole de Dieu, et recueillir le fruit des âmes. Que chacun fasse son travail, c'est celui-là que Dieu nous a confié; il faut donc nous y livrer, et ne pas enterrer le talent, parce que nous serions dignes d'un grand châtiment. Il faut travailler en tout temps, en tout lieu, en toute créature; Dieu ne s'arrête ni au lieu ni aux créatures, mais il regarde les saints et vrais désirs, et c'est avec eux qu'il faut travailler.

7. Je vois que le démon est furieux de la perte que ce voyage lui cause et lui causera par la bonté de Dieu. Je ne suis venue ici que pour me nourrir des âmes, et les retirer des mains du démon; je sacrifierais pour cela mille vies, si je les avais. J'irai donc, et j'agirai comme le Saint-Esprit me l'inspirera. Pierre vous dira lui-même pourquoi je suis venue, et pourquoi je reste. Je ne vous en dis pas davantage. Baignez-vous dans le sang de Jésus crucifié, si vous voulez la vie; autrement nous tomberons dans la mort éternelle. Ne vous ennuyez pas de me lire et de m'entendre, mais supportez-le avec patience c'est la douleur et l'amour que j'éprouve qui me font tant parler, l'amour de votre Salut et la douleur de nos égarements. Puisse Dieu, dans ses secrets jugements, ne pas vous ôter la lumière nécessaire pour connaître la vérité. Je finis. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour [462].








Lettre n. 60, AUX SEIGNEURS DEFENSEURS DE LA CITE DE SIENNE

LX (202). - AUX SEIGNEURS DEFENSEURS DE LA CITE DE SIENNE. - Elle les exhorte à être les gouverneurs courageux de leur ville et de leurs âmes. - De la crainte servile qui empêche l'homme d'agir en homme et de connaître la vérité.



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1- Très chers Frères et Seigneurs temporels dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs do Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir des hommes forts et non pas des gouverneurs timides de votre cité spirituelle et de la cité qui vous est confiée. Car je vois que la crainte servile enchaîne et avilit le coeur, et l'empêche de vivre et d'agir dignement, rendant l'homme semblable à un animal sans raison. C'est que la crainte servile sort et procède de l'amour-propre; et ce danger de l'amour-propre, nous le voyons dans les maîtres et les sujets, dans les religieux et les séculiers, dans tous ceux qui ne recherchent qu'eux-mêmes. Si le sujet est séculier, il n'obéit pas, il ne fait pas ce qui lui est ordonné par son seigneur. Celui qui est commandé n'écoute pas le bon droit pour rendre la justice, mais il commet l'injustice en suivant ses impressions, ses désirs, son intérêt; il cherche à plaire aux hommes, et juge selon la volonté des autres, et non selon la vérité. Il craindra de déplaire et de perdre ainsi sa puissance, et alors tout lui fait peur; et dans son aveuglement [463], il craint quand il ne le faudrait pas, et ne craint pas quand il le faudrait.

2. O amour-propre, ô crainte servile, que tu aveugles l'intelligence, que tu l'empêches de connaître la vérité! Tu détruis la vie de la grâce et l'autorité dans la cité spirituelle et dans la cité de la terre. Tu rends l'homme insupportable à lui-même, parce qu'il désire ce qu'il ne peut avoir; et que ce qu'il possède il le possède avec peine, parce qu'il craint toujours de le perdre. La privation et la crainte le font toujours souffrir, parce que sa volonté n'est jamais satisfaite; il goûte vraiment l'enfer dès cette vie.

3. O aveuglement de l'amour-propre et de la crainte déréglée, tu arrives à un tel égarement, que non seulement tu condamnes le peuple et les hommes coupables que tu aurais raison de condamner, et dont tu peux craindre la malice; mais tu écoutes le méchant et tu condamnes le juste; tu soupçonnes les pauvres serviteurs de Dieu qui cherchent l'honneur de Dieu, le salut des âmes et le repos de la cité, qui ne cessent jamais d'offrir leurs désirs, leurs prières, leurs larmes, leurs sueurs en la présence de la Bonté divine. Comment croire que l'amour-propre et la crainte servile redoutent et condamnent ceux qui sont prêts à mourir pour votre salut, pour conserver et augmenter la paix et le bien de votre Etat? Mes très chers Frères, c'est cette crainte, cet amour coupable, qui a tué le Christ. Pilate fut aveuglé, par ce qu'il craignait de perdre sa puissance; il ne reconnut pas la vérité, et il fit mourir le Christ. Mais il n'évita pas pour cela ce qu'il craignait; car au moment voulu de Dieu, il perdit malgré lui, son [464] âme, son corps et sa puissance (On dit que Pilate fut disgracié par l'empereur Caligula, et qu'il vint mourir exilé à Vienne en Dauphiné.). Il me semble que le monde entier est plein de ces Pilates, qui, par une crainte aveugle, poursuivent les serviteurs de Dieu, et leur jettent les pierres de l'injure, de l'outrage et de la persécution; et leur aveuglement est si grand, qu'ils ne regardent pas comment et contre qui ils agissent, mais ils se laissent conduire par leurs sens comme des bêtes sans raison, et ne suivent d'autres lois que celles des hommes qui ne croient qu'au monde. Aussi, je vous le dis, toutes les fois qu'il nous arrivera de calomnier et de Condamner les actions, les moeurs et le langage des serviteurs de Dieu, hélas! hélas! nous devons craindre que les châtiments divins n'éclatent sur nous, parce que Dieu regarde fait à lui-même ce qui est fait à ses serviteurs; ce serait donc appeler la colère de Dieu sur nous.

4. Nous avons besoin, mes très chers Frères et Seigneurs, d'approcher Dieu avec une sainte crainte et d'agir de même avec ses serviteurs, ne les déchirant pas par des murmures, des soupçons injustes, mais les laissant aller et s'arrêter comme des pèlerins que conduit le Saint-Esprit, parce qu'ils cherchent toujours l'honneur de Dieu et le salut des âmes qu'ils retirent des mains du démon, parce qu'ils ne veulent que votre paix, votre bien, votre repos. Que personne ne soit assez ignorant pour vouloir donner des règles à l'Esprit-Saint et à ses serviteurs! Il me semble que Notre-Seigneur fut plus patient à supporter son injure que celle de son apôtre saint Thomas [465]; il ne voulut pas venger la sienne, et il répondit doucement à celui qui l'avait frappé " Si j'ai mal parlé, montrez-moi ce que j'ai dit de mal, si j'ai bien parlé pourquoi me frappez-vous(Jn 18,23)? " Il n'en fit pas de même pour saint Thomas, qui, ayant reçu un soufflet pendant qu'il était à table, fut vengé avant qu'il se levât: un animal féroce étrangla celui qui l'avait frappé, coupa la main qui avait été l'instrument du crime, et la porta sur la table devant saint Thomas (Voir la Légende dorée du bienheureux Jacques de Voragine, Vie de saint Thomas). Les autres fautes nous seront plutôt pardonnées que celle-là; et si nos pêchés nous perdent, celui-là sera la cause de notre plus grande ruine. Tout cet aveuglement vient de l'amour-propre, de la crainte servile; aussi je vous ai dit que je désirais vous voir des hommes fermes et sans crainte..

5. Mais mon âme désire vous voir fonder sur une crainte de Dieu sainte et véritable; c'est cette crainte qui nourrit l'amour de Dieu dans l'âme. Cette crainte a toujours le regard fixé sur Dieu, et préférerait mourir que d'offenser Dieu et le prochain. Elle pèse avec soin l'injustice ou la justice de chaque chose, et elle regarde bien de tous côtés avant d'agir. Cette sainte crainte vous est nécessaire pour conserver la cité qui vous appartient et la cité qui vous est confiée; et si vous l'avez, le démon et la créature ne pourront vous les enlever. La cité qui vous appartient est la cité de vos âmes; elle se conserve par la crainte fondée sur la charité fraternelle, la paix et l'union avec Dieu et avec le prochain, par des vertus [466] réelles et solides; mais elle échappe à celui qui vit dans la haine, le ressentiment, la discorde, à celui qui est rempli d'amour de lui-même, et qui souille tellement sa vie dans la débauche, qu'il n'y a entre lui et le pourceau nulle différence. Celui qui n'est pas maître de sa cité est esclave du vice et du péché; il s'avilit lui-même en se laissant commander par des choses qui ne sont que néant; il perd la dignité de la grâce et méprise le sang du Christ, le prix de notre rançon, qui nous montre la miséricorde divine, l'éternelle Vérité, l'amour ineffable qui nous a créés, qui nous a rachetés, non pas avec de l'or et de l'argent, mais avec son sang, pour nous faire comprendre la grandeur et la beauté de notre âme.

6. Il est bien aveugle celui qui ne voit pas tant d'amour, et cette misère où il tombe en restant dans les ténèbres du péché mortel, et en ne se gouvernant pas lui-même. Il gouvernera mal les affaires qui lui seront confiées, puisqu'il ne sait pas conduire et gouverner les siennes. La Cité qui nous est confiée, c'est le commandement de la ville et les autres pouvoirs temporels que reçoivent les hommes du monde; nous les avons pour un temps, comme il plaît à la volonté divine, et selon les lois et les usages de notre pays. Cette autorité nous est enlevée par la mort ou par les circonstances, et on peut bien dire qu'elle nous est seulement prêtée. Celui qui est maître possédera cette autorité avec une sainte crainte, avec un amour réglé et non déréglé, comme une chose prêtée qui ne lui appartient pas; il gardera le pouvoir qui lui a été donné avec la crainte et le respect de Celui qui le lui a donné. Vous le tenez de Dieu seul; et quand ce qui [467] vous a été confié vous sera redemandé par le Maître, faites en sorte que vous puissiez le rendre, sans vous exposer à la mort éternelle. Je veux donc que vous vous gouverniez avec une vraie et sainte crainte, et je vous dis que les hommes du monde n'ont d'autre moyen de conserver leurs biens spirituels et temporels que de vivre vertueusement, et il n'y a rien qui les fait perdre comme nos fautes et nos vices. Eloignez le mal, et vous éloignerez la crainte; vous serez pleins de courage et de fermeté, et vous n'aurez pas peur de votre ombre. Je ne vous en dis pas davantage, pardonnez à ma présomption; l'amour que j'ai pour vous et pour tous mes concitoyens, et la douleur que me causent votre conduite et vos actes, si peu selon Dieu, doivent me servir d'excuse devant vous (Voir Lettre XVII). Je veux gémir sur notre aveuglement, car il semble que nous sommes privés de la lumière. Que Dieu dans sa bonté infinie et sa miséricorde dissipe les ténèbres de l'ignorance et éclaire l'oeil de votre intelligence, pour vous faire connaître et discerner la vérité, afin que vous ne tombiez pas dans l'erreur! Je m'arrête. J'aurais cependant bien des choses à vous dire.

7. Je réponds, mes très chers Frères et Seigneurs, à la lettre que Thomas de Guelfuccio m'a remise de votre part. Je vous remercie de la charité que je vous vois exercer envers vos concitoyens, dont vous cherchez la paix, et envers moi qui n'en suis pas digne. Vous désirez mon retour, et vous me demandez les moyens d'arriver à cette paix. Je suis incapable de la moindre chose; mais je laisserai agir Dieu, et j'inclinerai [468] la tête selon que le Saint-Esprit me permettra d'obéir à vos ordres et d'aller où voudra votre bon plaisir, car je mettrai toujours la volonté de Dieu avant celle des hommes. Jusqu'à présent, je ne vois pas qu'il me soit possible de venir, parce qu'il faut que je traite une affaire importante pour le couvent de Sainte-Agnès, et que je reste avec les neveux de messire Spinello pour la réconciliation des fils de Lorenzo. Voilà bien longtemps que vous avez commencé à vous en occuper, et rien n'est encore terminé (Sainte Catherine travaillait sans cesse a apaiser les inimitiés de famille qui désolaient l'Italie au moyen âge. (Voir la lettre d'Etienne Maconi.). Je ne voudrais pas que, par ma négligence ou par mon brusque départ, tout fût arrêté; je craindrais de déplaire à Dieu. Je reviendrai le plus tôt que Dieu m'en fera la grâce. Ayez patience, vous et les autres; ne laissez pas remplir votre esprit et votre coeur de toutes ces pensées qui viennent du démon; il voudrait empêcher l'honneur de Dieu, le salut des âmes, votre paix et votre repos. Je déplore la peine que mes concitoyens se donnent de me juger; il semble qu'ils n'ont pas d'autre chose à faire que de dire du mal de moi et de ceux qui m'accompagnent. Pour moi ils ont raison, car je suis pleine de défauts; ils ont tort pour ceux qui m'accompagnent. Mais nous vaincrons par la patience; la patience n'est jamais vaincue, elle est toujours victorieuse, et elle reste maîtresse. Ce qui m'afflige, c'est que les traits retombent sur ceux qui les lancent; souvent ils pèchent, et ils en sont punis. Je ne vous en dis pas davantage [469]. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.








Lettre n. 61, AUX SEIGNEURS DEFENSEURS DU PEUPLE ET DE LA COMMUNE DE SIENNE

LXI (203). - AUX SEIGNEURS DEFENSEURS DU PEUPLE ET DE LA COMMUNE DE SIENNE, lettre écrite en extase. - De la justice que nous devons à Dieu, à la sainte Église, et à nous-mêmes. - Le Pape Urbain VI est le vrai Souverain Pontife.



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très chers Frères dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang avec le désir de voir briller en vous la perle précieuse de la justice, afin que vous rendiez fidèlement à chacun ce qui lui est dû. A qui devons-nous? A Dieu, à la sainte Église, à notre prochain comme Dieu l'ordonne, et à nous-mêmes. Voyons en quoi consiste cette dette. D'abord, nous devons rendre à Dieu, par l'amour, honneur et gloire à son Nom. Il nous a donné l'amour, car il nous a aimés avant notre naissance, et il nous a donné l'honneur en nous ôtant la honte où nous étions tombés par le péché d'Adam. Il nous en délivre par le sang de son Fils qui donne le fruit de la grâce; et c'est le plus grand bien que nous puissions recevoir, car il nous ôte la mort et il nous donne la vie. Nous devons lui rendre honneur et amour; mais nous ne pouvons pas lui être utiles, et ce que nous ne pouvons pas faire pour lui, nous devons [471] le faire à notre prochain, en l'assistant de tout notre pouvoir, en lui rendant l'amour qui lui est dû; car l'éternelle Vérité nous l'a commandé en disant: Aime Dieu par-dessus toute chose, et le prochain comme toi-même. A nous, nous devons rendre la haine et le regret du péché et de la sensualité, qui en est cause, et l'amour des vertus en les aimant pour Dieu, avec un tendre amour.

2. Il semble au contraire que nous agissons comme des voleurs et des débiteurs de mauvaise foi, privant injustement nos créanciers de ce qui leur appartient. L'honneur et l'amour que nous devons à Dieu, nous les donnons à nous-mêmes. Nous nous donnons l'honneur en cherchant avec orgueil les biens, les délices et les grandeurs du monde, et nous offensons Dieu en attribuant à notre mérite ce que nous avons, et en outrageant Dieu par notre ignorance, nous donnons à nous l'amour, à lui la haine. Notre amour n'est pas raisonnable, car c'est l'amour sensitif. Nous offrons à Dieu la corruption, et nous gardons le parfum des plaisirs et des jouissances du monde. Nous ne voyons pas dans notre aveuglement, que le mal, la corruption, la ruine de nos iniquités retombent sur nous: car nos offenses ne peuvent lui nuire, et nos hommages lui profiter; il n'a pus besoin de nous, c'est nous qui avons besoin de lui. Nous rendons au prochain, la haine et la colère, et nous commettons contre lui de nombreuses injustices. Celui qui est maître ne rend la justice que par intérêt, pour plaire aux créatures et à lui-même: il ne suit pas la raison, et il ne craint pas d'ôter au prochain l'honneur, la réputation, les biens temporels [471], la vie même; il gouverne avec une telle injustice ceux qui lui sont soumis, qu'il semble n'avoir aucun seigneur au-dessus de lui; il ne pense pas que la verge du souverain Juge puisse lui rendre ce qu'il donne aux autres; il ne s'applique pas au bien général, mais seulement au sien propre, car il est aveuglé par l'amour de lui-même. Ceux-là n'acquittent pas leur quatrième dette a la sainte Église et au Vicaire de Jésus-Christ. Quelle est cette dette que nous devons payer? Un respect profond, un amour filial, que nous témoignerons, non seulement par des paroles, mais en assistant notre Père, quand il le faut comme des enfants véritables, regardant l'injure qui lui est faite comme la nôtre, et nous employant tout entier pour vaincre ses ennemis.

3. Beaucoup font le contraire, et s'excusent en disant: leurs défauts sont si grands, que nous n'en recevons que du mal. Il n'est pas digne de respect et d'assistance, puisqu'il n'est pas ce qu'il devrait être; il devrait s'occuper des choses spirituelles, et non des choses temporelles. Et alors ils sont ingrats et infidèles, ils ne lui rendent pas l'obéissance, le respect et l'assistance qu'il mérite: souvent même ils détournent ceux qui voudraient le secourir; et ils agissent sans aucune retenue, comme des personnes aveuglées par l'amour-propre. Nous ne voyons pas que notre raisonnement est faux; car de toute manière, qu'il soit bon ou mauvais, nous ne devons pas lui refuser le respect qui lui est dû. Ce respect ne se rapporte pas à lui, mais au sang du Christ, à l'autorité, à la dignité que Dieu lui a données pour nous. Cette autorité, cette dignité ne peuvent être affaiblies [472] par aucun défaut personnel: il n'agit jamais avec moins de puissance et de vertu; notre respect et notre obéissance ne doivent donc pas diminuer, sans cela nous serions en état de damnation. Nous ne devons pas non plus cesser de l'assister. En lui étant utiles, nous le sommes à nous-mêmes, car ses défauts ne font pas cesser le besoin que nous avons de lui. Nous devons donc être reconnaissants et fidèles, et faire tout ce que nous pourrons pour l'utilité de la sainte Eglise et pour l'amour des clefs que Dieu lui a confiées.

4. S'il faut agir ainsi à l'égard de celui qui serait coupable et méchant, que devons-nous faire avec celui que Dieu nous a donné, et qui est un homme juste, vertueux, craignant. Dieu, ayant des intentions droites et saintes comme personne n'en a eu depuis longtemps dans l'Eglise de Dieu. Je vous parle du Pape Urbain VI, qui est le Souverain Pontife, malgré tous ceux qui nous disent le contraire. C'est donc une chose juste de le respecter, d'obéir à Sa Sainteté, de. l'assister autant que possible, non seulement à cause de son autorité, mais par justice et à cause de la vie; parce que non seulement il nous distribue les grâces spirituelles nécessaires à notre salut et à notre âme, mais parce qu'il vous aime d'un amour particulier et qu'il vous l'a témoigné en vous traitant comme ses plus chers enfants. Si vous ne le faites pas, vous vous ferez tort à vous-mêmes, et vous en serez punis par Dieu et par les créatures. Dieu nous châtiera de l'ingratitude que nous montrons à l'égard de la sainte Église et de son Vicaire: et Dieu le fera avec justice, pour nous corriger de notre misère et de notre [473] ignorance; car nous agissons vraiment comme des mercenaires qui reçoivent ses grâces comme si elles leur étaient dues, et qui veulent cacher leurs fautes avec celles des autres; mais ils les découvrent au contraire davantage en montrant une si grande ingratitude. Nous pouvons aussi être châtiés par les créatures: nous l'avons vu lorsqu'est venu un maître étranger. Il vaut mieux rester unis à notre Père et à notre Mère, c'est-à-dire au Pape Urbain VI et à la sainte Église, plutôt qu'à des tyrans (Il s'agit peut-être de Charles Durazzo, dont les troupes, au service de l'Eglise, rançonnèrent les Siennois). Il vaut mieux S'appuyer sur la colonne inébranlable que frappent des persécutions nombreuses, mais qui n'est jamais brisée, plutôt que sur une paille qui ne résistera pas certainement, et que le moindre vent renversera par terre.

5. Ouvrez donc un peu les yeux, et voyez combien il peut y avoir d'inconvénients à faire semblant de ne pas apercevoir les besoins de votre Père, et à ne pas le défendre contre ses ennemis, qui sont les vôtres. Vous ne pouvez pas dire qu'il demande votre secours pour conquérir dos biens temporels que l'Église a perdus! C'est pour votre foi, pour confondre le mensonge, exalter la vérité, pour retirer la main du dé. mon et empêcher notre foi d'être profanée par les méchants. Vous voyez bien que vous êtes tenus et obligés d'acquitter ce que vous devez à l'Église et à votre Père. Je suis certaine que si la perle précieuse de la justice brille dans vos coeurs, la justice ne sera pas séparée de la reconnaissance, et vous satisferez [474] Dieu, le Christ de la terre, votre prochain et vous-mêmes, par les moyens que je vous ai indiqués. Les grâces spirituelles et temporelles se multiplieront alors et vous conserverez la paix et le repos de votre état; vous ne le pourrez pas autrement, et vous serez privés des biens du ciel et de la terre. C'est pourquoi je vous ai dit que je désirais voir briller en vous la perle de la justice. Je termine. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je vous en conjure par l'amour de Jésus crucifié, ne donnez plus des paroles au Christ de la terre, mais donnez-lui des actes et rendez-lui le bien qu'il vous a fait. Vous savez qu'il vous a donné l'absolution, avec bienveillance; c'est aussi par la bonté de Dieu et par la sienne que Talamon (En 1375, les chevaliers de Rhodes et de Pise s'étaient emparés, au nom de l'Eglise, de la terre de Talamon, située dans les marennes de Sienne. Par un traité du mois de juillet 1370, Urbain VI rendit cette terre aux Siennois moyennant douze mille florins.) n'est pas tombé entre les mains des Pisans; et il semble maintenant que vous voulez le traiter avec ingratitude, en l'amusant par des paroles comme un enfant. Je vous dis que c'est un homme qui voit plus loin que vous ne pensez, et qui distingue dans son coeur les fils qui sont fidèles et ceux qui sont dénaturés; et quand viendra le temps, il montrera qu'il les a connus. N'agissez donc plus ainsi, pour l'amour de Dieu; mais traitez-le comme le Vicaire du Christ de la terre, comme votre Père bien-aimé, et faites loyalement pour lui, tout ce qui vous sera possible de faire. Doux Jésus, Jésus amour [475].








Lettre n. 62, AUX MAGNIFIQUES SEIGNEURS

LXII (204). - AUX MAGNIFIQUES SEIGNEURS, défenseurs du peuple et de la commune de Sienne. - Elle les exhorte à être fidèles à l'Eglise, et à avoir le zèle de la justice.

(Cette lettre, publiée pour la première fois par Gigli, porte la date du 9 décembre 1379. Sainte Catherine était depuis un an à Rome.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE.




1. Très chers Frères et Pères dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec, le désir de vous voir fidèles à notre sainte Mère l'Eglise, afin que vous soyez des membres unis à votre chef, de vrais et fidèles chrétiens pleins de zèle pour la sainte et vraie justice, voulant qu'elle brille comme une pierre précieuse dans vos coeurs, en vous dépouillant de tout amour-propre pour vous appliquer au bien général de la Cité, et non pas à vos intérêts particuliers. Celui qui ne pense qu'à lui, a peu la crainte de Dieu; il n'observe pas la justice, mais il la viole et commet de nombreuses injustices; il se laisse corrompre par les hommes, quelquefois pour de l'argent, quelquefois pour plaire à celui qui lui demande un service qui sera une injustice; d'autrefois, pour éviter la punition d'une faute qu'il aura commise, il acquittera celui que les coups de la justice devaient atteindre. Il devient ainsi le complice de l'homme coupable, et il mériterait [476] de souffrir lui-même le châtiment qu'il a épargné à un autre pour de l'argent. Si un pauvre avait fait la millième partie de ce qu'il a fait, il le punirait sans miséricorde.

2. Ce malheureux, qui doit gouverner la ville et qui ne se gouverne pas lui-même, ne s'inquiète pas de voir dépouiller les pauvres; il méconnaît leurs droits, tandis qu'il donne raison à celui qui ne l'a pas. Il n'est pas étonnant que ceux-là commettent des injustices, puisqu'ils sont cruels pour eux-mêmes, en vivant dans la débauche comme le pourceau dans la fange. Ils sont insensibles à tout, et si orgueilleux, qu'ils ne peuvent supporter qu'on leur dise la vérité. Ils déchirent leur prochain et le tourmentent par leurs profits illicites, et par une foule de maux dont je ne parle pas pour ne pas vous fatiguer de paroles. Mais je ne m'étonne pas qu'ils manquent ainsi à la vraie et sainte justice: Dieu a permis et permet que nous éprouvions des châtiments et des fléaux tels qu'on en a jamais vu, je crois, de semblables depuis que le monde est monde. Quelle en est la cause? L'amour-propre, qui engendre l'injustice et fait outrager la sainte Église par ses enfants devenus infidèles.

3. Nous avons vu et nous voyons clairement qu'il en est ainsi. Je vous ai dit que je voulais que vous soyez justes et que la perle de la justice brillât dans vos coeurs: je désire, par conséquent, que vous soyez les serviteurs fidèles de la sainte Église, et que vous obéissiez comme de bons et vrais chrétiens au Pape Urbain VI, qui est vraiment Pape et Vicaire du Christ sur terre. Je verrai maintenant, mes chers Pères, si vous êtes ses enfants ou non. Dans ces circonstances [477] difficiles, on reconnaît si le fils aime véritablement son Père, en l'assistant dans ses nécessités autant qu'il lui sera possible. Nous voyons maintenant notre Père et la sainte Eglise au milieu de difficultés si grandes, que les méchants ne leur en ont jamais causé de semblables. Ceux qui étaient placés dans les greniers de la sainte Église pour répandre la Foi, sont ceux-là mêmes qui l'ont toute souillée en répandant le schisme et l'hérésie. Nous qui sommes chrétiens et fils du Pape Urbain VI, ce doux et bon Père, nous devons faire tous nos efforts pour confondre et détruire le mensonge; nous devons mourir s'il le faut; cette mort sera pour nous la vie. Ne dormez plus, ce n'est pas le moment de dormir; mais secouez le sommeil pour l'honneur de Dieu, le bien de l'Eglise et pour votre utilité même.

4. Vous ne pouvez offrir à votre Créateur un sacrifice qui lui soit plus agréable. Et que cela ne vous paraisse pas pénible ne vous a-t-il pas paru plus dur et plus pénible de servir contre Dieu et la justice, ceux qui étaient alors les membres corrompus et rebelles de la sainte Église? Et vous n'avez retiré de ce service que la ruine de votre âme, de votre corps, de vos biens, avec la confusion, la honte, et le remords qui déchire votre conscience. N'hésitez donc plus, niais renoncez-vous généreusement, et ne prétendez pas être fidèles à ce que vous avez promis. Ces promesses ne doivent pas se tenir, puisque vous ne pourriez pas le faire sans péché, et qu'on ne doit pécher pour aucune raison. Si vous avez tant fait pour le service du démon, combien plus maintenant devez-vous faire d'efforts dans le sens contraire [478]. Vous devez, pour Jésus crucifié et par reconnaissance, servir son Vicaire, son Christ sur terre, le Pape Urbain VI, que vous devez reconnaître pour Souverain Pontife; et celui qui ne le reconnaît pas est un hérétique réprouvé de Dieu, un membre du démon.

5. Que personne n'hésite et ne boite dans son esprit, pour se laisser tromper par le démon, en écoutant ceux qui disent peut-être c'est lui, peut-être ce n'est pas lui. Ne faites pas ainsi, pour l'amour de Dieu; mais croyez fermement et avec amour qu'Urbain VI est bien notre Saint-Père le Pape, malgré tous ceux qui disent le contraire. Vous devez lui obéir, l'assister et mourir, s'il le faut, pour cette vérité. A l'assistance que vous lui donnerez, je verrai si la très sainte Foi fleurit en vous, si vous êtes fidèles à la sainte Église et à votre doux et bon Père. Pour moi, je confesse et je confesserai devant le monde entier, jusqu'à la mort, que le Pape Urbain VI est bien véritablement le vrai Souverain Pontife. Hélas n'hésitez plus à secourir la douce Épouse du Christ. J'espère de la Bonté infinie de Dieu qu'il vous fera faire ce qu'il est de votre devoir de faire. Je termine. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je sais qu'il vous aime tendrement comme ses enfants; aimez-le et respectez-le comme votre Père. Doux Jésus, Jésus amour [479].









Catherine de Sienne, Lettres - Lettre n. 58, A THOMAS D'ALVIANO