Catherine de Sienne, Lettres - Lettre n. 120, AUX FRERES NICOLAS DE GUIDA, JEAN DE ZERRI, NICOLAS-JACQUES DE VA
CXXI (75). A FRERE NICOLAS DE NANNI, religieux Olivetain et à DOM PIERRE-JEAN DE VIVA, religieux Chartreux de Maggiano, près Sienne. - Comment l'âme se fortifie contre les tentations, en les découvrant à son directeur.
(Cette lettre fut adressée à deux religieux: seulement celle destinée à Nicolas Nanni était plus longue. Frère Nicolas était probablement fils de Jean Nanni, converti par sainte Catherine. (Vie de sainte Catherine, II e p., ch. 7. ) La chartreuse de Maggiano était à un mille de Sienne.)
AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE
1. Très cher Fils dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je Vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir constant et persévérant dans la sainte et bonne résolution que vous avez prise dans votre coeur et votre esprit de servir Dieu en vérité dans votre saint Ordre. Car, sans la persévérance, vous ne recevriez pas le fruit de vos peines la persévérance seule est couronnée. Aussi, voyez combien cette glorieuse vertu de la persévérance est nécessaire. Puisque nous en avons si grand besoin, comment pouvons-nous l'avoir? Je vous le dirai: toute vertu tire sa vie de l'ardeur de la charité, et sans la charité il n'y a pas d'acte de vertu qui puisse mériter à l'âme le fruit de la grâce. Il faut donc acquérir la vertu par l'ardeur de l'amour; mais il est impossible d'arriver à l'amour véritable, si le [759] coeur ne se dépouille pas de l'amour-propre. L'amour-propre et la tendresse que l'homme a pour sa passion sensitive, ôtent la vie de la grâce et obscurcissent la lumière de l'intelligence (, , ); c'est un nuage placé sur la pupille de la lumière de la très sainte Foi, qui fait perdre le goût des saints désirs. La vertu, qui paraissait bonne, qu'on aimait à voir dans les autres, et qu'on s'efforçait de trouver en Jésus crucifié, ne semble plus la même à celui qui s'abandonne à l'amour-propre. Il devient faible et timide; son ombre lui fait peur, et c'est ce qui empêche l'homme de persévérer dans ce qu'il a commencé, tant que la racine de l'amour-propre vit en lui; car, n'ayant plus la lumière qu'il a perdue, comme je l'ai dit, il marche dans les ténèbres, et ne connaît pas la vérité. Il ne connaît pas ses défauts, les grâces et les bienfaits qu'il a reçus de l'infinie bonté de Dieu. S'il avait cette connaissance, il ne serait pas faible, mais fort et persévérant, et il ne céderait pas aux pernicieuses tentations du démon, aux importunités de sa propre faiblesse, aux séductions du monde et aux difficultés de la règle; mais il surmonterait tout avec courage à la lumière de la très sainte Foi.
2. Ainsi donc, mon très cher Fils, le moyen d'arriver à une persévérance parfaite est de dépouiller votre coeur et votre affection de tout amour de vous-même et de toute faiblesse pour votre corps; fuyez le souvenir du monde, de votre père, de vos frères et soeurs, de vos parents; ne vous les rappelez que pour [760] désirer leur salut par de saintes prières, mais retranchez tout autre sentiment. Vous savez que notre Sauveur l'a dit: Nous devons renoncer à notre père, à notre mère, à nos soeurs, à nos frères, à nous-mêmes, c'est-à-dire à notre volonté propre, si nous voulons être dignes de lui; nous ne pouvons pas d'une autre manière. Vous avez commencé à renoncer au monde, à votre propre volonté, et vous avez pris le joug de la vraie obéissance. Pour y être fidèle, et accomplir cette résolution jusqu'à la mort, il faut chaque jour, renoncer de nouveau au monde et à toutes ses jouissances. Mais remarquez qu'on ne peut ni prendre ni laisser ce qu'on ne connaît pas. La lumière de la très sainte Foi est donc nécessaire, et il faut, à cette lumière, fixer le regard de votre intelligence sur Jésus crucifié; c'est en le contemplant que vous connaîtrez combien est odieux et coupable le péché mortel, qui se commet par la volonté et l'amour déréglé que l'homme a pour lui-même, pour les créatures raisonnables, ou pour les choses créées.
3. La malice du pêché mortel est si grande, qu'un seul suffit pour mériter l'enfer à l'âme qui en est souillée. Le péché déplaît tant à Dieu, que, pour punir le péché d'Adam, il a envoyé le Verbe, son Fils unique, et a voulu satisfaire sa justice sur son corps Le poison du pêché n'était pas en lui; mais, pour expier la faute de l'homme et ne pas la laisser impunie, il l'a châtiée sur le Verbe, son Fils unique. Ainsi le Christ béni a été notre justice; le juste châtiment que l'homme devait souffrir, il l'a souffert; et dans son amour, pour obéir à son Père et nous [761] sauver, il a couru à la mort honteuse de la très sainte Croix. Nous voyons donc, en regardant le Christ, combien le péché mortel est coupable. Des que l'âme comprend, à la lumière de la Foi, l'horreur que Dieu en a, elle déteste aussi le péché et la cause du péché; et, perce qu'elle voit une loi mauvaise dans son corps, un poids qui l'incline au péché, un mouvement qui combat contre l'esprit, la raison se lève avec le libre arbitre, avec une volonté sainte et bonne, avec la haine et le mépris, pour mortifier son corps et sa chair, pour tuer la volonté propre avec le glaive de l'obéissance.
4. Le religieux alors ne se révolte jamais contre la règle et son supérieur, mais il persévère et doit toujours persévérer dans l'amour de l'obéissance qu'il a choisi le premier jour; il doit y rester fidèle avec une sainte crainte jusqu'au dernier moment de sa vie, s'appliquant à une humble et continuelle prière, afin que son esprit ne soit jamais oisif. Il veut toujours l'occuper en psalmodiant, en élevant son coeur à Dieu, en s'efforçant d'acquérir cette ardente charité qu'elle voit et qu'elle trouve dans le sang du Verbe, le Fils de Dieu, qui nous a fait un bain de ce sang pour laver nos fautes.
5. Quand l'âme voit et pense qu'elle est tant aimée de Dieu, elle ne peut s'empêcher de l'aimer; et dès qu'elle l'aime, l'esprit s'occupe de son amour. Comme il est impossible de vivre sans aimer, et que deux amours contraires ne peuvent exister ensemble, il faudra que l'âme se dépouille de l'amour coupable et se revêtir de l'amour de Dieu. Alors le coeur, qui ne peut oublier ce qu'il aime, chasse avec les saintes 762 pensées, les pensées mauvaises que le démon voulait lui donner; et le démon, trouvant un coeur qu'embrase le feu de la divine charité, ne s'en approche que comme la mouche d'un vase d'eau qui bout; mais si le démon le trouvait tiède et timide, il y entrerait avec ses pensées mauvaises et ses fantômes. Nous devons donc tâcher de ne pas être trouvés tièdes et vides, mais toujours pleins de Dieu par nos saints désirs, en méditant, en nous rappelant les bienfaits que nous avons reçus de lui. Et si d'autres pensées nous viennent, parce que le démon ne dort jamais et nous poursuit toujours, nous ne devons pas nous décourager et nous troubler; mais nous devons résister et empêcher notre volonté de consentir. Car tant que la volonté ne consent pas aux pensées du démon et aux faiblesses de la chair, l'homme ne pèche pas. Il mérite au contraire par la peine qu'il souffre; et s'il ne tombe pas dans la négligence, s'il ne se laisse point aller au trouble et au découragement, s'il n'abandonne pas l'exercice de la prière, il acquiert une vraie et solide vertu, parce que c'est au milieu des combats qu'il se connaît mieux lui-même, qu'il connaît sa faiblesse et la bonté de Dieu à son égard. Il voit que Dieu par sa grâce a conservé sainte et bonne sa volonté et c'est par la volonté qu'on offense ou qu'on mérite. Vous voyez donc que C'est au tempe des grands combats que l'âme acquiert une plus grande perfection, et donne des preuves de sa vertu.
6. Je veux aussi que vous soyez bien persuadé que Dieu ne nous impose pas plus de fardeau que nous n'en pouvons porter; il les mesure à nos forces, car [763] il est notre Dieu, et ne veut pas autre chose que notre sanctification. Délivrez-vous donc par la lumière de la Foi de tout amour-propre, et tâchez d'arriver à l'amour parlait. Fixez le regard de votre intelligence sur Jésus crucifié et sur l'ineffable charité qu'il nous a montrée en répandant son sang avec un si ardent amour. La lumière vous fera voir dans le doux Verbe la gravité du péché, votre faiblesse et sa charité. Dans cette charité, vous aimerez et vous chercherez la vertu; vous voudrez souffrir toute sorte de peines pour pouvoir l'acquérir, et vous aimerez votre prochain. Vous devez surtout vous appliquer à aimer Dieu en vérité, et le prochain comme vous-même, à être humble et obéissant avec une vraie patience, supportant les peines, les injures, les mépris, les affronts, les charges de l'Ordre, les obligations pénibles qui vous seront imposées par votre supérieur, et les tentations du démon; vous souffrirez tout avec une vraie persévérance jusqu'à la mort, et vous recourrez, au moment de la fatigue et du combat, à la lumière de la sainte Foi. Vous embrasserez la très sainte Croix, et vous vous y attacherez avec une ferme espérance dans le sang de Jésus crucifié. Je n'en doute pas, si vous êtes humble, l'humilité nourrira la charité dans votre âme; vous obéirez avec une vraie patience, et par la vertu de ce sang, vous triompherez de vos ennemis, du monde, de la chair du démon, et vous retournerez victorieux dans votre ville de Jérusalem, qui est la vision de la paix. Mais sans la force et la persévérance, qui se perd par l'amour-propre, vous n'y reviendrez jamais.
7. Je vous ai dit que je désirais vous voir constant [764] et persévérant dans vos saintes résolutions jusqu'à la mort, et je vous conjure de le faire, mon très cher Fils, car Dieu vous a fait de grandes miséricordes. Le glorieux saint Nicolas vous a retiré de la corruption du monde et de toutes les misères où vous étiez plongé (Ce qui suit était seulement écrit au religieux olivétain.). Il vous a placé dans le jardin de la vie religieuse pour combattre les vices et la propre volonté, pour acquérir les vertus, et pour accomplir la douce volonté de Dieu en vous. Combattez donc généreusement sans tourner la tête en arrière, avec le bouclier et la lumière de la Foi; portez le joug de la sainte obéissance, et aimez mieux mourir que de ne pas lui être fidèle. Si quelquefois il vous paraît dur à porter, si quelquefois votre âme est découragée. par les pensées qui se présentent à l'esprit, et lui ôtent la paix qu'il désire, relevez-vous alors par une humilité sincère, vous trouvant indigne de la paix et du repos de l'esprit, digne au contraire de toutes les peines que Dieu vous envoie, vous rappelant les peines que le Fils de Dieu a souffertes pour nous, et considérant aussi les peines que vous supportiez au service du démon. Vous vous direz alors à vous-même: Pauvre nature, qui as souffert tant de peines quand tu étais dans les ténèbres du pêché mortel, ne dois-tu pas en supporter bien davantage pour Jésus crucifié, maintenant que Dieu t'a donné la lumière? Souffre donc aujourd'hui, mon âme, et demain tu feras ce que Dieu te fera faire. Demain peut-être ta vie sera terminée, et tu recevras la récompense de tes fatigues par la vertu du Sang [765].
8. C'est ainsi que vous vous rendrez digne de souffrir par amour pour Jésus crucifié; la considération de vos fautes vous fera supporter les fatigues, et vous trouverez le joug du Christ doux et léger en développant dans votre âme l'ardeur de son ineffable charité. Baignez-vous dans le sang de Jésus crucifié, afin d'être constant et persévérant, et vous mettrez le comble à la joie, que j'ai ressentie de votre salut, lorsque vous avez' pris le saint habit et le joug de l'obéissance. Pensez combien serait grande ma douleur, Si, après avoir retiré par la bonté de Dieu un fils des mains du démon; je ne le voyais pas persévérer, si vous n'étiez pas dans votre Ordre un miroir d'humilité et d'obéissance! Je vous en conjure donc, je vous le commande autant que je le sais et que je le puis, ne tournez pas la tète en arrière pour regarder la charrue; mais allez toujours devant vous sans aucune crainte servile. Je vous prie de savoir mettre un frein à votre langue; et quand des pensées ou de fortes tentations viennent troubler votre coeur sur quelque chose en particulier, ne les cachez pas, lors mêmes qu'elles vous seraient odieuses, mais faites-les connaître au Père de votre âme. Car le démon aime beaucoup que nous les cachions, et craint beaucoup que nous, les révélions, parce que l'âme en les cachant se trouble, se décourage, abandonne ses exercices spirituels, et tombe souvent dans le désespoir; le démon ne veut que nous faire tomber dans ce désespoir. Il est donc nécessaire de ne pas craindre de découvrir toutes nos infirmités au médecin de notre âme, avec l'espérance du sang de Jésus-Christ. Je ne vous en dis pas davantage [766]. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.
CXXII (78). - AU PRERE JEAN BINDO, de Duccio, religieux Olivétain. - La persévérance s'obtient en souffrant beaucoup. - Il faut souffrir, ou pour Dieu ou pour le démon.
AU NOM DE JÉSUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE
1. Mon très cher Fils dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir constant et persévérant dans la vertu, afin que vous ne tourniez pas la tète en arrière pour regarder le sillon, mais que vous suiviez avec persévérance la voie de la vérité; car la persévérance, seule est couronnée, et sans la persévérance nous ne pouvons plaire et être agréables a Dieu. C'est cette vertu qui, avec l'abondance de la charité, porte le fruit de nos peines dans l'intérieur de nos âmes. Oh! combien est heureuse l'âme qui court, et qui consume sa vie dans la vraie et sainte vertu! Dés cette vie, elle goûte les arrhes de la vie éternelle. Mais nous ne pourrons jamais arriver à cette perfection sans beaucoup souffrir, parce que cette vie ne se passe pas sans peine; et celui qui veut fuir la peine, fuit la récompense sans éviter la peine; car nous devons la supporter, dans quelque [767] condition que nous soyons. Il est vrai que nous la supportons avec mérite ou sans mérite, selon que notre volonté est soumise à Dieu. Les hommes du monde, parce que le principe de leur amour est corrompu, font des oeuvres mauvaises et corrompues; ils souffrent aussi sans aucun mérite. Combien sont grandes les fatigues et les peines qu'ils endurent au service du démon, puisque souvent, pour commettre un péché mortel, ils s'exposent à des souffrances cruelles et à la mort même! Ces martyrs du démon et ces enfants des ténèbres doivent instruire les enfants de la lumière, et les faire rougir de honte et de confusion devant Dieu.
2. O mon Fils bien-aimé! combien sont grandes notre ignorance et notre misère, lorsque nous pensons qu'il est dur et insupportable de souffrir pour Jésus crucifié, et pour obtenir la vie éternelle; et il ne répugne pas aux hommes du monde de tant souffrir pour le service du démon! Tout cela vient de ce que nous n'avons pas pris pour fondement la vérité et la connaissance de nous-mêmes; nous ne Sommes pas appuyés sur la pierre vivante, qui est le Christ, le doux Jésus. Car celui qui ne se connaît pas ne peut connaître Dieu; et ne connaissant pas Dieu, il ne peut l'aimer. Dès qu'il ne l'aime pas, il ne peut avoir la charité parfaite et la haine de soi-même; et c'est cette haine qui fait supporter avec une véritable patience toutes les peines, les fatigues, les tribulations des hommes et des démons. Car, si souvent nous sommes poursuivis par les injures, les paroles et les actions des hommes, Dieu le permet pour éprouver notre vertu; quelquefois le démon [769] nous attaque par un grand nombre de pensées pour nous priver de la grâce et nous conduire à la mort. Ces combats sont variés: quelquefois il nous tentera contre notre Supérieur, en nous faisant paraître indiscrets les ordres qu'il nous donne; il nous inspire du dégoût pour lui et pour notre Ordre, afin de nous éloigner de l'obéissance; et dès que le démon est entré par la porte de la désobéissance, nous ne nous apercevons pas qu'il nous tire hors de l'Ordre en nous disant intérieurement: puisque tes supérieurs sont si indiscrets, et que tu es jeune, tu ne peux souffrir ainsi; tu trouveras quelque moyen d'obtenir la permission de t'absenter, de te retirer. Et il persuade ainsi qu'on peut en conscience quitter l'Ordre.
3. Tous ces combats et toutes les autres misères, qui viennent assaillir l'âme, ne lui nuisent pas si la volonté résiste; car Dieu ne nous les donne pas pour la mort, mais pour la vie; non pour que nous soyons vaincus, mais pour que nous soyons vainqueurs, et pour éprouver notre vertu. Combattons donc avec courage à la lumière de la très sainte Foi; fixons les regards de notre intelligence sur le sang de Jésus crucifié, afin qu'il fortifie notre faiblesse, et que nous connaissions la vertu et la persévérance dans ce glorieux et précieux sang. Dans le sang de Jésus-Christ se montrent la grandeur et l'horreur du péché; là se manifeste la justice, là se manifeste la miséricorde. Nous savons bien que si Dieu n'avait pas détesté le péché, s'il n'avait pas vu la perte de notre salut, il ne nous eut pas donné le Verbe, son Fils unique, dont il a voulu faire une enclume pour punir [769] nos fautes sur son corps. C'est ainsi qu'il a fait justice du péché: le Fils non plus n'aurait pas sacrifié sa vie en versant son sang avec tant d'amour, pour nous en faire un bain, et nous purifier de la lèpre du péché. Il l'a fait par grâce et par miséricorde, et non par obligation.
4. Il est donc vrai que dans ce Sang, nous trouvons l'horreur et la gravité de la faute, la justice, l'abondance de la miséricorde, et cette prompte obéissance, qui l'a fait courir avec humilité jusqu'à la mort honteuse de la Croix. Je dis donc que c'est le moyen d'arriver à la persévérance, de résister aux hommes et aux attaques du démon. Nous nous humilierons à la lumière de la vraie Foi, et avec la connaissance de nous-mêmes; et avec cette connaissance nous arriverons à la haine parfaite de la sensualité. Cette haine fera justice de la faute, et donnera la vraie patience pour supporter l'injure, les coups, les mépris, les affronts, les ordres indiscrets, les difficultés de la règle et tous les autres combats, de quelque part qu'ils viennent; et de cette manière, l'âme goûtera le fruit de la divine miséricorde qu'elle a trouvé par un mouvement d'amour, et qu'elle a vu avec l'oeil de l'intelligence.
5. Ainsi, mon très cher Fils, je ne veux pas que vous tombiez dans la négligence en vous privant de cette sainte connaissance, et en détachant le regard de votre intelligence de ce glorieux et précieux Sang; car si vous n'y mettez du zèle, vous tomberez dans une grande ignorance, et vous méconnaîtrez la vérité. Votre vue sera couverte d'un nuage, et vous vous tromperez en cherchant le bonheur où il n'est [770] pas, en aimant les choses créées plus que le Créateur et en vous attachant à la créature. Quelquefois l'âme commence à aimer les créatures sous l'apparence d'un amour spirituel; et si elle n'y fait pas attention, si elle ne pratique pas les vertus, elle ne connaît pas la vérité, et ne contemple pas le sang de Jésus crucifié. Alors l'amour devient tout sensuel; et lorsque le démon l'a conduite où il voulait, c'est-à-dire lorsqu'il lui a fait rechercher les rapports avec la créature sous des apparences spirituelles, lorsqu'il lui a fait négliger le saint exercice de la prière, le désir des vertus et la connaissance de la vérité, il lui inspire aussitôt un ennui, une tristesse d'esprit et un découragement si grand, qu'elle veut secouer le joug de l'obéissance et quitter le jardin de l'Ordre, où elle goûtait des fruits si doux et si savoureux, avant de perdre le saint désir qu'elle éprouvait, quand les difficultés et les fardeaux de la règle lui semblaient d'une douceur extrême. Vous voyez bien le mal qui peut résulter de tout ceci, et je veux que vous vous appliquiez de toutes vos forces et de tout votre coeur à éviter tout ce qui pourrait vous arriver de semblable. Que votre esprit ne tombe pas dans la confusion, mais contemplez ce Sang, et concevez une grande et douce espérance; prenez tous les moyens d'éloigner toutes les choses qui mettent obstacle à la vérité. Vous recevrez alors des grâces extraordinaires de Dieu, et vous commencerez à goûter le fruit de vos peines en recevant l'abondance de la charité dans votre âme.
6. Réfugiez-vous donc, mon cher Fils, dans la cellule de la connaissance de vous-même; embrassez le bois de la très sainte Croix, baignez-vous dans le [771] sang de l'humble Agneau sans tache, et fuyez toutes les conversations qui pourraient nuire à votre salut. Ne vous arrêtez pas a dire: Que pensera-t-on, si je quitte ces personnes? Je leur déplairai, et elles y trouveront du mal. N'oubliez pas que nous sommes faits pour plaire au Créateur, et non aux créatures. Vous savez bien que devant le Juge suprême, personne ne répondra pour vous au moment de la mort; il n'y aura que la vertu qui élèvera la voix avec la miséricorde. Combien la vertu est nécessaire! Sans la vertu, nous ne pouvons vivre de la vie de la grâce. Aussi je vous disais que je désire vous voir constant et persévérant dans la vertu jusqu'à la mort; ne tournez donc pas la tête en arrière, pour quelque cause que ce soit. J'espère de la bonté de Dieu que vous ferez ce que doit faire un bon fils; vous ferez ce que vous êtes obligé de faire, et vous accomplirez mon désir. Je ne vous en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour.
CXXIII (77). - AUX FRERES PHILIPPE DE VANNUCCIO, ET NICOLAS DE PIERRE, de Florence, religieux Olivétains- Lettre dictée en extase.- De la véritable obéissance, et de la lumière nécessaire pour l'obtenir. - Des malheurs de la désobéissance.
AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE
1. Mes très chers Fils dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine la servante et l'esclave des [772] serviteurs de Jésus-Christ crucifié, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir affermis dans la vraie et parfaite patience; car, sans la patience, vous ne serez pas agréables à Dieu, et vous ne porterez pas le joug de la sainte obéissance, mais vous résisterez avec impatience à votre supérieur et à votre Ordre. La patience ne peut exister que dans celui qui est dans la parfaite charité; celui qui aime ne ressent pas la peine qu'on trouve à supporter les obligations de la règle, et les commandements pénibles et quelquefois indiscrets. Mais parce que l'amour fait disparaître la peine et supporter tout avec patience, le religieux devient humble et obéissant; s'il est humble, l'orgueil ne lui fera jamais lever la tête contre son supérieur, et il sera aussi humble qu'il sera obéissant, et aussi obéissant qu'il sera humble. Oh! combien est douce, mes Fils bien aimés, cette douce vertu de la prompte obéissance! Cette obéissance ôte toute fatigue parce qu'elle est fondée sur la charité, et la charité n'est jamais sans la patience et sans l'humilité; car l'humilité est la nourrice et la gouvernante de la charité. Mais voyons un peu les fruits de cette vertu de l'obéissance, si ce sont des fruits de vie, et voyons ceux que donne la désobéissance.
2. Toute créature raisonnable, mes très chers fils, doit être obéissante aux commandements de Dieu. Cette obéissance préserve du péché mortel et reçoit la vie de la grâce. Il n'y a pas d'autre moyen d'éviter la faute et de ne pas commettre l'offense. Dans l'obéissance on évite la faute parce qu'on observe les commandements de la loi; et dans la désobéissance [773] on commet l'offense parce qu'on ne fait pas ce qui est commandé, et qu'on fait ce qui est défendu; de là vient la mort. L'âme choisit ce que le Christ a fui, et elle fuit ce qu'il a choisi. Le Christ a fui les délices et les honneurs du monde, et l'âme les recherche, se livrant ainsi aux mains des démons pour satisfaire ses désirs déréglés, et fuyant ce que le Fils de Dieu a embrassé, c'est-à-dire le mépris, les coups, les outrages, qu'il a supportés avec patience jusqu'à la mort honteuse de la Croix, et cela si humblement, qu'on n'a pas entendu sortir un seul murmure de sa bouche; il a souffert jusqu'à la mort pour obéir à son Père et nous sauver. Celui qui est obéissant suit les traces de ce doux et tendre Verbe; il cherche l'honneur de Dieu et le salut des âmes. Vous voyez donc bien que toute créature raisonnable, si elle veut la vie de la grâce, doit passer sous le joug de l'obéissance; mais remarquez que c'est là une obéissance générale qui oblige tous les hommes.
3. Il y a une obéissance particulière pour ceux qui, après avoir observé les commandements, veulent suivre les conseils et marcher réellement dans la voie de la perfection ce sont ceux qui entrent dans le jardin de la vie religieuse. Il sera facile d'obéir à la règle et à son supérieur, pour celui qui a observé l'obéissance générale, et qui va de l'obéissance générale à l'obéissance particulière. S'il y va avec une volonté morte, comme il le doit, il est heureux; il goûte la douceur dans l'amertume, et la paix au moment de la guerre; il traverse sans crainte les orages de la mer, parce que le souffle de l'obéissance est si fort, qu'il conduit l'âme dans la barque de l'Ordre [774], et aucun vent contraire qui s'élève ne peut l'arrêter. Ce ne sera pas le vent de l'orgueil, car il est humble; autrement, il ne serait pas obéissant; ce ne sera pas l'impatience, car il aime, et par amour il se soumet à l'Ordre et à son supérieur, et non seulement à son supérieur, mais à toute créature, pour Dieu. La patience est la moelle de la charité. Il ne peut être ébranlé ni par le vent de l'infidélité ni par celui de l'injustice, car il accomplit fidèlement son devoir; il se hait lui-même et déteste sa sensualité, qui se révolte contre l'obéissance lorsqu'elle n'est pas soumise au frein de la raison; il rend gloire à Dieu et à son nom; il est plein de bienveillance pour son prochain, dont il supporte les défauts. Alors, avec cette foi vive qui produit toujours les oeuvres, il espère, jusqu'au dernier moment de sa vie, arriver enfin à la vie éternelle, comme le lui a promis son supérieur lors de sa profession, car il lui a promis de lui donner la vie éternelle s'il observe véritablement ces trois grands voeux, l'obéissance, la continence et la pauvreté volontaire; et celui qui est vraiment obéissant les observe. Sa barque va si directement au port de la vie éternelle avec le vent de l'obéissance, qu'elle ne touche jamais à aucun écueil.
4. Beaucoup d'écueils se trouvent dans la mer orageuse de cette vie, et nous nous y brisons si nous n'avons pas le bon vent de l'obéissance. Combien est terrible l'écueil des tentations du démon, qui ne dort jamais, assiégeant toujours l'aine d'une foule de pensées mauvaises, surtout quand l'âme veut profiter du vent de l'obéissance, et se préserver par une humble prière, qui est le moyen de nourrir les vertus. La malice [775] du démon n'a d'autre but que de nous dégoûter de la prière et de la sainte obéissance, pour nous faire croire à l'impossibilité de persévérer dans ce que nous avons commencé, et de supporter davantage les obligations de l'Ordre. Il nous fait prendre une paille pour une poutre, et une parole prononcée au moment de l'épreuve pour un coup de poignard. Il lui dit: Que fais-tu au milieu de tant de peines? Il vaudrait mieux suivre une autre route. Mais c'est là un piège grossier pour celui qui a un peu d'intelligence; car l'homme voit. bien qu'il est meilleur pour son âme de persévérer avec constance dans le chemin de la vertu, ou il est engagé. Alors le démon lui présente une tentation plus spécieuse, sous l'apparence de la haine qu'il a de ses défauts, et du désir qu'il éprouve de servir son Créateur parfaitement; il lui dit intérieurement Misérable, tu devrais faire toutes tes oeuvres et tes prières avec une grande pureté d'esprit et une grande simplicité de coeur, sans penser à des choses étrangères, et tu fais tout le contraire; tu ne fais donc pas ce que tu devrais faire; tu ne peux plaire à Dieu; il vaudrait mieux ne pas continuer. Mes chers enfants, c'est là un piège caché; il nous montre d'abord la vérité et nous la fait connaître, puis il nous attaque avec le mensonge, qui engendre le poison du trouble. Le trouble fait négliger les saints exercices, et quand on les abandonne, on est près de tomber dans toutes sortes de misères, et enfin dans le désespoir. Tous les artifices du démon ont pour but de conduire l'âme où elle n'aurait pas consenti d'aller avant d'avoir ces pensées. Quel est celui qui évite et ne touche pas cet écueil? le seul obéissant, parce [776] qu'il est humble, et que l'humble évite et brise tous les filets du démon.
5. Vous voyez bien que l'obéissant n'a pas besoin de craindre, d'une crainte servile, les tentations et les attaques du démon. Que sa volonté soit ferme et ne faiblisse jamais; qu'elle soit trempée dans le sang de Jésus crucifié, et enchaînée avec la lumière de la véritable obéissance, par l'amour et par le respect du Verbe, le Fils unique de Dieu. On trouve encore l'écueil de la chair faible et misérable, qui veut combattre contre l'esprit; elle est revêtue de l'amour sensuel, qui entraîne au pêché, parce que la chair se révolte toujours et cause souvent la corruption. Mais il n'y a péché que quand la volonté, liée par l'amour-propre sensuel, cède aux faiblesses de la chair, et se plaît dans la corruption. Si la volonté est morte a l'amour sensuel et a son propre plaisir, si elle est liée par l'obéissance, comme nous l'avons dit, toutes les révoltes ne peuvent lui nuire et arrêter Sa barque. Elles augmentent, au contraire, la force du vent, et la font arriver au but plus promptement, parce que l'âme qui se sent attaquée, secoue le sommeil de la négligence par la haine et la connaissance de soi-même et par la véritable humilité. S'il n'en était pas ainsi, elle s'endormirait dans la négligence, l'ignorance et la présomption. La présomption nourrirait l'orgueil; elle compterait sur elle-même en quelque chose, tandis que les combats la rendent humble. Si donc la vertu de l'humilité augmente, la vertu de l'obéissance augmentera aussi vous voyez bien qu'on avance avec plus de rapidité.
6. Il y a encore l'écueil du monde, qui nous trompe [777] en s'offrant à nous tout paré de plaisirs, de richesses et d'honneurs. Il n'y a pourtant en lui que chagrins continuels. Il n'a aucune puissance, aucune durée, et tout son bien-être, toutes ses jouissances disparaissent bientôt. Il ressemble à la beauté des fleurs quand on les cueille dans les champs, elles réjouissent la vue et l'odorat; mais, dès qu'elles sont cueillies, leur beauté disparaît avec leur parfum, et il n'en reste rien. La beauté et les honneurs du monde séduisent comme les fleurs; mais, dès que l'âme les prend avec un amour déréglé; elle les trouve vides, sans beauté, sans parfum. Le parfum des choses terrestres vient de la sainte pensée de Dieu, d'où elles sortent; mais il se perd pour celui qui les cueille et les possède avec un amour déréglé; ce n'est pas leur faute, ni celle du Créateur, qui les a données, mais c'est la faute de celui qui les a prises, et qui ne les a pas laissées où elles devaient être, c'est-à-dire qui ne les a pas aimées pour la gloire et l'honneur du nom de Dieu.
7. Qui évite cet écueil? l'obéissant, qui observe le voeu de la pauvreté volontaire (, et suivants). Vous voyez donc bien que vous n'avez à craindre aucun écueil, si vous avez pour vous conduire le bon vent de la véritable obéissance. L'obéissant est heureux parce qu'il ne compte pas, pour arriver au port, sur ses propres forces, mais sur celles de l'Ordre. Il ne ressent aucune peine sensible, parce que la volonté propre qui les cause est morte en lui; les peines ne sont pénibles qu'autant que la volonté les trouve pénibles; mais pour l'obéissant, qui n'a pas de volonté, les peines sont [778] un plaisir, les gémissements une nourriture, les larmes un breuvage; il se met sur le sein de la divine charité, et savoure le lait des douceurs célestes par le moyen de Jésus crucifie, dont il suit fidèlement les traces et la doctrine.
8. O obéissance! toujours unie à la paix et à l'obéissance du Verbe, tu es une reine couronnée de puissance, tu tiens le sceptre de la persévérance, tu portes sur ton sein les fleurs des vraies et solides vertus; tu fais goûter les biens éternels à l'homme mortel, tu en fais un ange; oui, l'homme devient l'ange de la terre; tu mets la paix et l'union au milieu des discordes, celui qui te possèdes se soumet au plus petit; et, plus il se soumet, plus il est maître, car plus il triomphe de la sensualité; il en éteint le feu avec la divine charité, parce qu'il obéit par amour; il se fait de sa cellule un ciel; Il ne sort jamais de la cellule de la connaissance de lui-même, et il se nourrit, sur la table de la Croix avec l'obéissant Agneau, de l'honneur de Dieu et du salut des âmes. Obéissance! tu ne fais aucun jugement sur les créatures, et surtout sur ton supérieur, parce que tu rapportes tout à la douce volonté de Dieu, jugeant que Dieu ne veut autre chose que ta sanctification; tout ce qu'il donne ou permet est dans ce but. Tu as compassion du prochain, sans le juger et sans murmurer contre lui; tu ne veux pas discuter la volonté de celui qui te commande, mais tu obéis avec simplicité de coeur et prudence, en tout ce qui n'est pas péché; et rien ne peut t'arrêter. Il est donc bien vrai que l'obéissance goûte la douceur dans l'amertume, et la vie de la grâce au milieu de la mort. O mes enfants bien-aimés! qui ne [779] se passionnerait pas pour les fruits si suaves et si doux que l'âme trouve dans la vertu de l'obéissance? Savez-vous qui les recueille? Celui dont l'oeil de l'intelligence et la pupille de la très sainte Foi contemplent la vérité: il connaît dans cette vérité la bonté de Dieu à son égard, et dans cette bonté se trouve l'excellence de cette douce et royale vertu.
9. Quel est celui qui ne la voit pas? Celui qui n'a pas la lumière et ne la connaît pas; ne la connaissant pas, il ne l'aime pas; et ne l'aimant pas, il n'est pas revêtu, mais il est dépouillé de l'obéissance; il est couvert de la désobéissance, qui donne un fruit de mort: c'est un vent contraire qui brise la barque, en la jetant contre des écueils signalés. Ainsi l'âme privée de la grâce se perd au milieu des flots et des malheurs où l'entraîne le péché mortel; elle devient insupportable à elle-même, parce qu'elle n'a plus la charité fraternelle; elle oublie le voeu qu'elle a fait, et ne l'observe pas. En manquant à l'obéissance, elle manque à la continence. Il est impossible à celui qui n'obéit pas d'être chaste, et, s'il l'est de corps, il ne le sera pas d'esprit. Il n'observe pas le voeu de pauvreté volontaire, parce que l'amour-propre lui fait désirer les plaisirs du monde, et il s'ennuie de la prière et de la cellule, parce qu'il se plaît à la conversation des hommes: quelle misère ne lui cause-t-elle pas! Il perd son temps, il tourne la tête en arrière pour regarder la charrue, et il ne persévère pas; il devient faible, et la moindre chose le renverse; il se prive de toute vertu, et il discute toujours avec orgueil les intentions des autres, et surtout celles de son supérieur.
10. La langue, mes chers enfants, ne saurait dire [780] tous les maux que cause la désobéissance. Le désobéissant est impatient et ne peut supporter une parole; il est entouré de liens nombreux et ne peut s'en débarrasser; il goûte dès cette vie, les arrhes de l'enfer. Que dire enfin? Nous dirons que tout mal vient de la désobéissance, parce qu'elle est privée de la charité et de l'humilité, qui sont les deux ailes qui servent à voler jusqu'à la vie éternelle. Elle n'a pas non plus la patience qui est la moelle de la charité; c'est par la charité que l'âme arrive à l'obéissance. Aussi, c'est en voyant qu'il n'y a pas d'autres moyens d'éviter tous ces maux et d'acquérir tous les biens que donne l'obéissance, que je vous ai dit que je désirais vous voir affermis dans la vraie et sainte patience, car on ne peut avoir l'obéissance sans la patience, et la patience procède de la charité. C'est l'amour qui rend patient, obéissant, et qui remplit du parfum de l'humilité. Ainsi donc, mes enfants, puisque vous êtes entrés dans la barque de la vie religieuse, courez avec le bon vent de l'obéissance jusqu'à la mort, afin d'arriver sans péril au port de la vie éternelle. Baignez-vous dans le sang de Jésus cruel lié. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour. Recommandez-moi particulièrement au prieur et à tous ses enfants, et soyez des miroirs d'obéissance. Doux Jésus, Jésus amour [781].
Catherine de Sienne, Lettres - Lettre n. 120, AUX FRERES NICOLAS DE GUIDA, JEAN DE ZERRI, NICOLAS-JACQUES DE VA