1998 Catéchisme 1275

En bref

1275 L'initiation chrétienne s'accomplit par l'ensemble de trois sacrements: le Baptême qui est le début de la vie nouvelle; la Confirmation qui en est l'affermissement; et l'Eucharistie qui nourrit le disciple avec le Corps et le Sang du Christ en vue de sa transformation en Lui.

1276 "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit" (Mt 28,19-20).

1277 Le Baptême constitue la naissance à la vie nouvelle dans le Christ. Selon la volonté du Seigneur il est nécessaire pour le salut, comme l'Eglise elle-même, à laquelle introduit le Baptême.

1278 Le rite essentiel du Baptême consiste à plonger dans l'eau le candidat ou à verser de l'eau sur sa tête, en prononçant l'invocation de la Très Sainte Trinité, c'est à dire du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

1279 Le fruit du Baptême ou grâce baptismale est une réalité riche qui comporte: la rémission du péché originel et de tous les péchés personnels; la naissance à la vie nouvelle par laquelle l'homme devient fils adoptif du Père, membre du Christ, temple du Saint-Esprit Par le fait même, le baptisé est incorporé à l'Eglise, Corps du Christ, et rendu participant du sacerdoce du Christ.

1280 Le Baptême imprime dans l'âme un signe spirituel indélébile, le caractère, qui consacre le baptisé au culte de la religion chrétienne. En raison du caractère le Baptême ne peut pas être réitéré (cf. DS 1609 DS 1624).

1281 Ceux qui subissent la mort à cause de la foi, les catéchumènes et tous les hommes qui, sous l'impulsion de la grâce, sans connaître l'Église, cherchent sincèrement Dieu et s'efforcent d'accomplir sa volonté, peuvent être sauvés même s'ils n'ont pas reçu le Baptême (cf. LG 16).

1282 Depuis les temps les plus anciens, le Baptême est administré aux enfants, car il est une grâce et un don de Dieu qui ne supposent pas des mérites humains; les enfants sont baptisés dans la foi de l'Eglise. L'entrée dans la vie chrétienne donne accès à la vraie liberté.

1283 Quant aux enfants morts sans Baptême, la liturgie de l'Eglise nous invite à avoir confiance en la miséricorde divine, et à prier pour leur salut.

1284 En cas de nécessité, toute personne peut baptiser, pourvu qu'elle ait l'intention de faire ce que fait l'Eglise, et qu'elle verse de l'eau sur la tête du candidat en disant: "Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit".



Article 2 Le sacrement de la Confirmation


oi par la parole et par l'action en vrais témoins du Christ" (LG 11 cf. OCf prænotanda 2).



I La confirmation dans l'économie du salut

1286 Dans l'Ancien Testament, les prophètes ont annoncé que l'Esprit du Seigneur reposerait sur le Messie espéré (cf. Is 11,2) en vue de sa mission salvifique (cf. Lc 4,16-22 Is 61,1). La descente de l'Esprit Saint sur Jésus lors de son baptême par Jean fut le signe que c'était Lui qui devait venir, qu'il était le Messie, le Fils de Dieu (cf. Mt 3,13-17 Jn 1,33-34). Conçu de l'Esprit Saint, toute sa vie et toute sa mission se réalisent en une communion totale avec l'Esprit Saint que le Père lui donne "sans mesure" (Jn 3,34).

1287 Or, cette plénitude de l'Esprit ne devait pas rester uniquement celle du Messie, elle devait être communiquée à tout le peuple messianique (cf. Ez 36,25-27 Jl 3,1-2). A plusieurs reprises le Christ a promis cette effusion de l'Esprit (cf. Lc 12,12 Jn 3,5-8 Jn 7,37-39 Jn 16,7-15 Ac 1,8), promesse qu'il a réalisée d'abord le jour de Pâques (Jn 20,22) et ensuite, de manière plus éclatante le jour de la Pentecôte (cf. Ac 2,1-4). Remplis de l'Esprit Saint, les apôtres commencent à proclamer "les merveilles de Dieu" (Ac 2,11) et Pierre de déclarer que cette effusion de l'Esprit est le signe des temps messianiques (cf. Ac 2,17-18). Ceux qui ont alors cru à la prédication apostolique et qui se sont fait baptiser, ont à leur tour reçu le don du Saint-Esprit (cf. Ac 2,38).

1288 "Depuis ce temps, les apôtres, pour accomplir la volonté du Christ, communiquèrent aux néophytes, par l'imposition des mains, le don de l'Esprit qui porte à son achèvement la grâce du Baptême (cf. Ac 8,15-17 Ac 19,5-6). C'est pourquoi dans l'Epître aux Hébreux, prend place, parmi les éléments de la première instruction chrétienne, la doctrine sur les Baptêmes et aussi sur l'imposition des mains (cf. He 6,2). L'imposition des mains est à bon droit reconnue par la tradition catholique comme l'origine du sacrement de la Confirmation qui perpétue, en quelque sorte, dans l'Eglise, la grâce de la Pentecôte" (Paul VI, const. ap. "Divinæ consortium naturæ").

1289 Très tôt, pour mieux signifier le don du Saint-Esprit, s'est ajoutée à l'imposition des mains une onction d'huile parfumée (chrême). Cette onction illustre le nom de "chrétien" qui signifie "oint" et qui tire son origine de celui du Christ lui même, lui que "Dieu a oint de l'Esprit Saint" (Ac 10,38). Et ce rite d'onction existe jusqu'à nos jours, tant en Orient qu'en Occident. C'est pourquoi, en Orient, on appelle ce sacrement chrismation, onction de chrême, ou myron, ce qui signifie "chrême". En Occident le nom de Confirmation suggère à la fois la ratification du baptême, qui complète l'initiation chrétienne, et l'affermissement de la grâce baptismale, tous fruits du Saint-Esprit.


Deux traditions: l'Orient et l'Occident

1290 Aux premiers siècles, la Confirmation constitue généralement une unique célébration avec le Baptême, formant avec celui-ci, selon l'expression de S. Cyprien, un "sacrement double". Parmi d'autres raisons, la multiplication des Baptêmes d'enfants, et ce en tout temps de l'année, et la multiplication des paroisses (rurales), agrandissant les diocèses, ne permettent plus la présence de l'évêque à toutes les célébrations baptismales. En Occident, parce que l'on désire réserver à l'évêque l'achèvement du Baptême s'instaure la séparation temporelle des deux sacrements. L'Orient a gardé unis les deux sacrements, si bien que la confirmation est donnée par le prêtre qui baptise. Celui-ci cependant ne peut le faire qu'avec le "myron" consacré par un évêque (cf. CIO 695 p1 CIO 696 p1).

1291 Une coutume de l'Eglise de Rome a facilité le développement de la pratique occidentale: grâce à une double onction au saint-chrême après le Baptême: accomplie déjà par le prêtre sur le néophyte, au sortir du bain baptismal, elle est achevée par une deuxième onction faite par l'évêque sur le front de chacun des nouveaux baptisés (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 21). La première onction au saint-chrême, celle que donne le prêtre, est restée rattachée au rite baptismal; elle signifie la participation du baptisé aux fonctions prophétique, sacerdotale et royale du Christ. Si le Baptême est conféré à un adulte, il n'y a qu'une onction postbaptismale: celle de la Confirmation.

1292 La pratique des Eglises d'Orient souligne davantage l'unité de l'initiation chrétienne. Celle de l'Eglise latine exprime plus nettement la communion du nouveau chrétien avec son évêque, garant et serviteur de l'unité de son Eglise, de sa catholicité et de son apostolicité, et par là, le lien avec les origines apostoliques de l'Eglise du Christ.



II Les signes et le rite de la Confirmation

1293 Dans le rite de ce sacrement, il convient de considérer le signe de l'onction et ce que l'onction désigne et imprime: le sceau spirituel.

L'onction, dans la symbolique biblique et antique, est riche de nombreuses significations: l'huile est signe d'abondance (cf.
Dt 11,14 etc.) et de joie (cf. Ps 23,5 Ps 104,15), elle purifie (onction avant et après le bain) et elle rend souple (l'onction des athlètes et des lutteurs); elle est signe de guérison, puisqu'elle adoucit les contusions et les plaies (cf. Is 1,6 Lc 10,34) et elle rend rayonnant de beauté, de santé et de force.

1294 Toutes ces significations de l'onction d'huile se retrouvent dans la vie sacramentelle. L'onction avant le Baptême avec l'huile des catéchumènes signifie purification et fortification; l'onction des malades exprime la guérison et le réconfort. L'onction du saint-chrême après le Baptême, dans la Confirmation et dans l'Ordination, est le signe d'une consécration. Par la Confirmation, les chrétiens, c'est-à-dire ceux qui sont oints, participent davantage à la mission de Jésus-Christ et à la plénitude de l'Esprit Saint dont Il est comblé, afin que toute leur vie dégage "la bonne odeur du Christ" (cf. 2Co 2,15).

1295 Par cette onction, le confirmand reçoit "la marque", le sceau de l'Esprit Saint. Le sceau est le symbole de la personne (cf. Gn 38,18 Ct 8,6), signe de son autorité (cf. Gn 41,42), de sa propriété sur un objet (cf. Dt 32,34) - c'est ainsi que l'on marquait les soldats du sceau de leur chef et aussi les esclaves de celui de leur maître -; il authentifie un acte juridique (cf. 1R 21,8) ou un document (cf. Jr 32,10) et le rend éventuellement secret (cf. Is 29,11).

1296 Le Christ lui-même se déclare marqué du sceau de son Père (cf. Jn 6,27). Le chrétien, lui aussi, est marqué d'un sceau: "Celui qui nous affermit avec vous dans le Christ et qui nous a donné l'onction, c'est Dieu, Lui qui nous a marqués de son sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit" (2Co 1,22 cf. Ep 1,13 Ep 4,30). Ce sceau de l'Esprit Saint, marque l'appartenance totale au Christ, la mise à son service pour toujours, mais aussi la promesse de la protection divine dans la grande épreuve eschatologique (cf. Ap 7,2-3 Ap 9,4 Ez 9,4-6).


La célébration de la Confirmation

1297 Un moment important qui précède la célébration de la Confirmation, mais qui, d'une certaine façon, en fait partie, est la consécration du saint-chrême. C'est l'évêque qui, le Jeudi Saint, au cours de la Messe chrismale, consacre le saint-chrême pour tout son diocèse. Dans les Eglises d'Orient, cette consécration est même réservée au Patriarche:

La liturgie syriaque d'Antioche exprime ainsi l'épiclèse de la consécration du saint-chrême (myron): "(Père .... envoie ton Esprit Saint) sur nous et sur cette huile qui est devant nous et consacre-la, afin qu'elle soit pour tous ceux qui en seront oints et marqués: myron saint, myron sacerdotal, myron royal, onction d'allégresse, le vêtement de la lumière, le manteau du salut, le don spirituel, la sanctification des âmes et des corps, le bonheur impérissable, le sceau indélébile, le bouclier de la foi et le casque terrible contre toutes les oeuvres de l'Adversaire".

1298 Lorsque la Confirmation est célébrée séparément du Baptême, comme c'est le cas dans le rite romain, la liturgie du sacrement commence par le renouvellement des promesses du Baptême et par la profession de foi des confirmands. Ainsi il apparaît clairement que la Confirmation se situe dans la suite du Baptême (cf. SC 71). Lorsqu'un adulte est baptisé, il reçoit immédiatement la Confirmation et participe à l'Eucharistie (cf. CIC 866).

1299 Dans le rite romain, l'évêque étend les mains sur l'ensemble des confirmands, geste qui, depuis le temps des apôtres, est le signe du don de l'Esprit. Et l'évêque d'invoquer l'effusion de l'Esprit:

Dieu très bon, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, regarde ces baptisés sur qui nous imposons les mains: par le Baptême, tu les as libérés du péché, tu les as fait renaître de l'eau et de l'Esprit. Comme tu l'as promis, répands maintenant sur eux ton Esprit Saint; donne-leur en plénitude l'Esprit qui reposait sur ton Fils Jésus: esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et d'affection filiale; remplis-les de l'esprit de la crainte de Dieu. Par le Christ, notre Seigneur.

1300 Suit le rite essentiel du sacrement. Dans le rite latin, "le sacrement de Confirmation est conféré par l'onction du saint chrême sur le front, faite en imposant la main, et par ces paroles: 'Accipe signaculum doni Spiritus Sancti' ('Sois marqué de l'Esprit Saint, le don de Dieu')" (Paul VI, const. ap. Divinæ consortium naturæ). Dans les Églises orientales de rite byzantin, l'onction du myron se fait, après une prière d'Epiclèse, sur les parties les plus significatives du corps: le front, les yeux, les narines, les oreilles, les lèvres, la poitrine, le dos, les mains et les pieds; chaque onction étant accompagnée de la formule: "Sfragiz dwreaz Pneumatoz Agiou" ("Signaculum doni Spiritus Sancti", "Sceau du don de l'Esprit-Saint" Rituale per le Chiese orientali di rito bizantino in lingua greca, Pars 1, Vatican 1954 p. 36).

1301 Le baiser de paix qui achève le rite du sacrement signifie et manifeste la communion ecclésiale avec l'évêque et avec tous les fidèles (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 21).



III Les effets de la Confirmation

1302 Il ressort de la célébration que l'effet du sacrement de Confirmation est l'effusion plénière de l'Esprit Saint, comme elle fut accordée jadis aux Apôtres au jour de la Pentecôte.

1303 De ce fait, la Confirmation apporte croissance et approfondisse-ment de la grâce baptismale:

- elle nous enracine plus profondément dans la filiation divine qui nous fait dire "Abba, Père" (
Rm 8,15);
- elle nous unit plus fermement au Christ;
- elle augmente en nous les dons de l'Esprit Saint;
- elle rend notre lien avec l'Eglise plus parfait (cf. LG 11);
- elle nous accorde une force spéciale de l'Esprit-Saint pour répandre et défendre la foi par la parole et par l'action en vrais témoins du Christ, pour confesser vaillamment le nom du Christ et pour ne jamais éprouver de la honte à l'égard de la croix (cf. DS 1319 LG 11 LG 12):

Rapelle-toi donc que tu as reçu le signe spirituel, l'Esprit de sagesse et d'intelligence, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de connaissance et de piété, l'Esprit de la sainte crainte, et garde ce que tu as reçu. Dieu le Père t'a marqué de son signe, le Christ Seigneur t'a confirmé et il a mis en ton coeur le gage de l'Esprit (S. Ambroise, myst. 7,42).

1304 Comme le Baptême dont elle est l'achèvement, la Confirmation est donnée une seule fois. La Confirmation imprime en effet dans l'âme une marque spirituelle indélébile, le "caractère" (cf. DS 1609), qui est le signe de ce que Jésus-Christ a marqué un chrétien du sceau de son Esprit en le revêtant de la force d'en haut pour qu'il soit son témoin (cf. Lc 24,48-49).

1305 Le "caractère" perfectionne le sacerdoce commun des fidèles, reçu dans le Baptême, et "le confirmé reçoit la puissance de confesser la foi du Christ publiquement, et comme en vertu d'une charge (quasi ex officio)" (S. Thomas d'A., III 72,5, ad 2).



IV Qui peut recevoir ce sacrement?

1306 Tout baptisé non encore confirmé peut et doit recevoir le sacrement de la Confirmation (cf.CIC 889p1). Puisque Baptême, Confirmation et Eucharistie forment une unité, il s'en suit que "les fidèles sont tenus par l'obligation de recevoir ce sacrement en temps opportun" (CIC 890), car sans la Confirmation et l'Eucharistie, le sacrement du Baptême est, certes, valide et efficace, mais l'initiation chrétienne reste inachevée.

1307 La tradition latine donne "l'âge de la discrétion" comme point de référence pour recevoir la Confirmation. En danger de mort, on doit cependant confirmer les enfants même s'ils n'ont pas encore atteint l'âge de la discrétion (cf.CIC 891 CIC 883p3).

1308 Si l'on parle parfois de la Confirmation comme du "sacrement de la maturité chrétienne", il ne faudrait pas pour autant confondre l'âge adulte de la foi avec l'âge adulte de la croissance naturelle, ni oublier que la grâce baptismale est une grâce d'élection gratuite et imméritée qui n'a pas besoin d'une "ratification" pour devenir effective. S. Thomas le rappelle:

L'âge du corps ne constitue pas un préjudice pour l'âme. Ainsi, même dans l'enfance, l'homme peut recevoir la perfection de l'âge spirituel dont parle la Sagesse (
Sg 4,8): 'La vieillesse honorable n'est pas celle que donnent de longs jours, elle ne se mesure pas au nombre des années'. C'est ainsi que de nombreux enfants, grâce à la force du Saint-Esprit qu'ils avaient reçue, ont lutté courageusement et jusqu'au sang pour le Christ (III 72,8, ad 2).

1309 La préparation à la Confirmation doit viser à conduire le chrétien vers une union plus intime au Christ, vers une familiarité plus vive avec l'Esprit Saint, son action, ses dons et ses appels, afin de pouvoir mieux assumer les responsabilités apostoliques de la vie chrétienne. Par là, la catéchèse de la confirmation s'efforera d'éveiller le sens de l'appartenance à l'Eglise de Jésus-Christ, tant à l'Eglise universelle qu'à la communauté paroissiale. Cette dernière porte une responsabilité particulière dans la préparation des confirmands (cf. OCf prænotanda 3).

1310 Pour recevoir la Confirmation il faut être en état de grâce. Il convient de recourir au sacrement de Pénitence pour être purifié en vue du don du Saint-Esprit. Une prière plus intense doit préparer à recevoir avec docilité et disponiblilité la force et les grâces du Saint-Esprit (cf. Ac 1,14).

1311 Pour la Confirmation, comme pour le Baptême, il convient que les candidats cherchent l'aide spirituelle d'un parrain ou d'une marraine. Il convient qu'il soit le même que pour le Baptême pour bien marquer l'unité des deux sacrements (cf. OCf prænotanda 5 6 CIC 893p1-2).



V Le ministre de la Confirmation

1312 Le ministre originaire de la Confirmation est l'évêque (LG 26).

En Orient, c'est ordinairement le prêtre qui baptise qui donne aussi immédiatement la Confirmation dans une seule et même célébration. Il le fait cependant avec le saint chrême consacré par le patriarche ou l'évêque, ce qui exprime l'unité apostolique de l'Eglise dont les liens sont renforcés par le sacrement de Confirmation. Dans l'Eglise latine on applique la même discipline dans les baptêmes d'adultes ou lorsqu'est admis à la pleine communion avec l'Eglise un baptisé d'une autre communauté chrétienne qui n'a pas validement le sacrement de confirmation (cf.CIC 883p2).

1313 Dans le rite latin, le ministre ordinaire de la Confirmation est l'évêque (cf.CIC 882). Même si l'évêque peut, pour des raisons graves, concéder la faculté à des prêtres d'administrer la Confirmation (CIC 884p2), il est convenable, de par le sens même du sacrement, qu'il le confère lui-même, n'oubliant pas que c'est pour cette raison que la célébration de la Confirmation a été temporellement séparée du Baptême. Les évêques sont les successeurs des apôtres, ils ont reçu la plénitude du sacrement de l'ordre. L'administration de ce sacrement par eux marque bien qu'il a pour effet d'unir ceux qui le reçoivent plus étroitement à l'Eglise, à ses origines apostoliques et à sa mission de témoigner du Christ.

1314 Si un chrétien est en danger de mort, tout prêtre doit lui donner la Dieu qui fait revenir nos coeurs à lui: "Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis" (Lm 5,21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C'est en découvrant la grandeur de l'amour de Dieu que notre coeur est ébranlé par l'horreur et le poids du péché et qu'il commence à craindre d'offenser Dieu par le péché et d'être séparé de lui. Le coeur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19,37 Za 12,10):

Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à sConfirmation (cf.CIC 883p3). En effet, l'Eglise veut qu'aucun de ses enfants, même tout petit, ne sorte de ce monde sans avoir été parfait par l'Esprit Saint avec le don de la plénitude du Christ.



En bref

1315 "Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les Apôtres qui étaient à Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci descendirent donc chez les Samaritains et prièrent pour eux, afin que l'Esprit Saint leur fût donné. Car il n'était encore tombé sur aucun d'eux; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean se mirent à leur imposer les mains et ils recevaient l'Esprit Saint" (Ac 8,14-17).

1316 La Confirmation parfait la grâce baptismale; elle est le sacrement qui donne l'Esprit Saint pour nous enraciner plus profondément dans la filiation divine, nous incorporer plus fermement au Christ, rendre plus solide notre lien avec l'Eglise, nous associer davantage à sa mission et nous aider à rendre témoignage de la foi chrétienne par la parole accompagnée des oeuvres.

1317 La Confirmation, comme le Baptême, imprime dans l'âme du chrétien un signe spirituel ou caractère indélébile; c'est pourquoi on ne peut recevoir ce sacrement qu'une seule fois dans la vie .

1318 En Orient, ce sacrement est administré immédiatement après le Baptême; il est suivi de la participation à l'Eucharistie, tradition qui met en relief l'unité des trois sacrements de l'initiation chrétienne. Dans l'Eglise latine on administre ce sacrement lorsque l'âge de raison est atteint, et on en réserve ordinairement la célébration à l'évêque, signifiant ainsi que ce sacrement affermit le lien ecclésial.

1319 Un candidat pour la Confirmation qui a atteint l'âge de raison doit professer la foi, être en état de grâce, avoir l'intention de recevoir le sacrement et être préparé à assumer son rôle de disciple et de témoin du Christ, dans la communauté ecclésiale et dans les affaires temporelles.

1320 Le rite essentiel de la Confirmation est l'onction avec le Saint-Chrême sur le front du baptisé (en Orient également sur d'autres organes des sens), avec l'imposition de la main du ministre et les paroles: "Accipe signaculum doni Spiritus Sancti", dans le rite romain, "Sceau du don de l'Esprit Saint", dans le rite byzantin.

1321 Lorsque la Confirmation est célébrée séparément du Baptême, son lien avec le Baptême est exprimé entre autres par le renouvellement des engagements baptismaux. La célébration de la Confirmation au cours de l'Eucharistie contribue à souligner l'unité des sacrements de l'initiation chrétienne.



Article 3 Le sacrement de l'Eucharistie


1322 La Sainte Eucharistie achève l'initiation chrétienne. Ceux qui ont été élevés à la dignité du sacerdoce royal par le baptême et configurés plus profondément au Christ par la confirmation, ceux-là, par le moyen de l'Eucharistie, participent avec toute la communauté au sacrifice même du Seigneur.

1323 "Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la croix au long des siècles, jusqu'à ce qu'il vienne, et pour confier à l'Eglise, son Epouse bien-aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection: sacrement de l'amour, signe de l'unité, lien de la charité, banquet pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture, l'âme est comblée de grâce et le gage de la gloire future nous est donné" (SC 47).



I L'Eucharistie - source et sommet de la vie ecclésiale

1324 L'Eucharistie est "source et sommet de toute la vie chrétienne" (LG 11). "Les autres sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques sont tous liés à l'Eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l'Eglise, c'est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque" (PO 5).

1325 "La communion de vie avec Dieu et l'unité du peuple de Dieu, par lesquelles l'Eglise est elle-même, l'Eucharistie les signifie et les réalise. En elle se trouve le sommet à la fois de l'action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le monde, et du culte qu'en l'Esprit Saint les hommes rendent au Christ et, par lui, au Père" (CdR, instr. "Eucharisticum mysterium" 6).

1326 Enfin, par la célébration eucharistique nous nous unissons déjà à la liturgie du ciel et nous anticipons la vie éternelle quand Dieu sera tout en tous (cf. 1Co 15,28).

1327 Bref, l'Eucharistie est le résumé et la somme de notre foi: "Notre manière de penser s'accorde avec l'Eucharistie, et l'Eucharistie en retour confirme notre manière de penser" (S. Irénée, hær. 4,18,5).



II Comment est appellé ce sacrement?

1328 La richesse inépuisable de ce sacrement s'exprime dans les différents noms qu'on lui donne. Chacun de ces noms en évoque certains aspects. On l'appelle:

Eucharistie parce qu'il est action de grâces à Dieu. Les mots "eucharistein" (
Lc 22,19 1Co 11,24) et "eulogein" (Mt 26,26 Mc 14,22) rappellent les bénédictions juives qui proclament - surtout pendant le repas - les oeuvres de Dieu: la création, la rédemption et la sanctification.

1329 Repas du Seigneur (cf. 1Co 11,20) parce qu'il s'agit de la Cène que le Seigneur a pris avec ses disciples la veille de sa passion et de l'anticipation du repas des noces de l'Agneau (cf. Ap 19,9) dans la Jérusalem céleste.

Fraction du Pain parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus lorsqu'il bénissait et distribuait le pain en maître de table (cf. Mt 14,19 Mt 15,36 Mc 8,6 Mc 8,19), surtout lors de la dernière Cène (cf. Mt 26,26 1Co 11,24). C'est à ce geste que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection (cf. Lc 24,13-35), et c'est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques (cf. Ac 2,42 Ac 2,46 Ac 20,7 Ac 20,11). Ils signifient par là que tous ceux qui mangent à l'unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec Lui et ne forment plus qu'un seul corps en Lui (cf. 1Co 10,16-17).

Assemblée eucharistique ("synaxis") parce que l'Eucharistie est célébrée en l'assemblée des fidèles, expression visible de l'Eglise (cf. 1Co 11,17-34).

1330
Mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur.

Saint Sacrifice, parce qu'il actualise l'unique sacrifice du Christ Sauveur et qu'il inclut l'offrande de l'Eglise; ou encore saint sacrifice de la messe, "sacrifice de louange" (
He 13,15 cf. Ps 116,13 Ps 116,17), sacrifice spirituel (cf. 1P 2,5), sacrifice pur (cf. Ml 1,11) et saint, puisqu'il achève et dépasse tous les sacrifices de l'Ancienne Alliance.

Sainte et divine Liturgie, parce que toute la liturgie de l'Eglise trouve son centre et son expression la plus dense dans la célébration de ce sacrement; c'est dans le même sens qu'on l'appelle aussi célébration des Saints Mystères. On parle aussi du Très Saint Sacrement parce qu'il est le sacrement des sacrements. On désigne de ce nom les espèces eucharistiques gardées dans le tabernacle.

1331 Communion, parce que c'est par ce sacrement que nous nous unissons au Christ qui nous rend participants de son Corps et de son Sang pour former un seul corps (cf. 1Co 10,16-17); on l'appelle encore les choses saintes ("ta hagia; sancta") (Const. App. 8,13, 12 Didaché 9,5 10,6) - c'est le sens premier de la "communion des saints" dont parle le Symbole des Apôtres -, pain des anges, pain du ciel, médicament d'immortalité (S. Ignace d'Antioche, Ep 20,2), viatique ...

1332 Sainte Messe parce que la liturgie dans laquelle s'est accompli le mystère du salut, se termine par l'envoi des fidèles ("missio") afin qu'ils accomplissent la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne.



III L'eucharistie dans l'économie du salut


Les signes du pain et du vin

1333 Au coeur de la célébration de l'Eucharistie il y a le pain et le vin qui, par les paroles du Christ et par l'invocation de l'Esprit Saint, deviennent le Corps et le Sang du Christ. Fidèle à l'ordre du Seigneur l'Eglise continue de faire, en mémoire de Lui, jusqu'à son retour glorieux, ce qu'il a fait la veille de sa passion: "Il prit du pain...", "Il prit la coupe remplie de vin...". En devenant mystérieusement le Corps et le Sang du Christ, les signes du pain et du vin continuent à signifier aussi la bonté de la création. Ainsi, dans l'Offertoire, nous rendons grâce au Créateur pour le pain et le vin (cf. Ps 104,13-15), fruit "du travail de l'homme", mais d'abord "fruit de la terre" et "de la vigne", dons du Créateur. L'Eglise voit dans le geste de Melchisédech, roi et prêtre, qui "apporta du pain et du vin" (Gn 14,18) une préfiguration de sa propre offrande (cf. MR, Canon Romain 95: "Supra quæ").

1334 Dans l'Ancienne Alliance, le pain et le vin sont offerts en sacrifice parmi les prémices de la terre, en signe de reconnaissance au Créateur. Mais ils reçoivent aussi une nouvelle signification dans le contexte de l'Exode: Les pains azymes qu'Israël mange chaque année à la Pâque, commémorent la hâte du départ libérateur d'Egypte; le souvenir de la manne du désert rappellera toujours à Israël qu'il vit du pain de la Parole de Dieu (cf. Dt 8,3). Enfin, le pain de tous les jours est le fruit de la Terre promise, gage de la fidélité de Dieu à ses promesses. La "coupe de bénédiction" (1Co 10,16), à la fin du repas pascal des juifs, ajoute à la joie festive du vin une dimension eschatologique, celle de l'attente messianique du rétablissement de Jérusalem. Jésus a institué son Eucharistie en donnant un sens nouveau et définitif à la bénédiction du pain et de la coupe.

1335 Les miracles de la multiplication des pains, lorsque le Seigneur dit la bénédiction, rompit et distribua les pains par ses disciples pour nourrir la multitude, préfigurent la surabondance de cet unique pain de son Eucharistie (cf. Mt 14,13-21 Mt 15,32-39). Le signe de l'eau changé en vin à Cana (cf. Jn 2,11) annonce déjà l'Heure de la glorification de Jésus. Il manifeste l'accomplissement du repas des noces dans le Royaume du Père, où les fidèles boiront le vin nouveau (cf. Mc 14,25) devenu le Sang du Christ.

1336 La première annonce de l'Eucharistie a divisé les disciples, tout comme l'annonce de la Passion les a scandalisés: "Ce langage-là est trop fort! Qui peut l'écouter?" (Jn 6,60). L'Eucharistie et la croix sont des pierres d'achoppement. C'est le même mystère, et il ne cesse d'être occasion de division. "Voulez-vous partir, vous aussi?" (Jn 6,67): Cette question du Seigneur retentit à travers les âges, invitation de son amour à découvrir que c'est Lui seul qui a "les paroles de la vie éternelle" (Jn 6,68) et qu'accueillir dans la foi le don de son Eucharistie, c'est l'accueillir Lui-même.


L'institution de l'Eucharistie

1337 Le Seigneur, ayant aimé les siens, les aima jusqu'à la fin. Sachant que l'heure était venue de partir de ce monde pour retourner à son Père, au cours d'un repas, il leur lava les pieds et leur donna le commandement de l'amour (cf. Jn 13,1-17). Pour leur laisser un gage de cet amour, pour ne jamais s'éloigner des siens et pour les rendre participants de sa Pâque, il institua l'Eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection, et il ordonna à ses apôtres de le célébrer jusqu'à son retour, "les établissant alors prêtres du Nouveau Testament" (Cc. Trente: DS 1740).

1338 Les trois évangiles synoptiques et S. Paul nous ont transmis le récit de l'institution de l'Eucharistie; de son côté, S. Jean rapporte les paroles de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, paroles qui préparent l'institution de l'Eucharistie: Le Christ se désigne comme le pain de vie, descendu du ciel (cf. Jn 6).

1339 Jésus a choisi le temps de la Pâque pour accomplir ce qu'il avait annoncé à Capharnaüm: donner à ses disciples son Corps et son Sang:

Vint le jour des Azymes, où l'on devait immoler la pâque. (Jésus) envoya alors Pierre et Jean: 'Allez dit-il, nous préparer la Pâque, que nous la mangions'... Ils s'en allèrent donc ... et préparèrent la Pâque. L'heure venue, il se mit à table avec ses apôtres et leur dit: 'J'ai désiré avec ardeur manger cette pâque avec vous avant de souffrir; car je vous le dis, je ne la mangerai jamais plus jusqu'à ce qu'elle s'accomplisse dans le Royaume de Dieu' ... Puis, prenant du pain et rendant grâces, il le rompit et le leur donna, en disant: 'Ceci est mon Corps, qui va être donné pour vous; faites ceci en mémoire de moi'. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant: ''Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon Sang, qui va être versé pour vous' (
Lc 22,7-20 cf. Mt 26,17-29 Mc 14,12-25 1Co 11,23-26).

1340 En célébrant la dernière Cène avec ses apôtres au cours du repas pascal, Jésus a donné son sens définitif à la pâque juive. En effet, le passage de Jésus à son Père par sa mort et sa résurrection, la Pâque nouvelle, est anticipée dans la Cène et célébrée dans l'Eucharistie qui accomplit la pâque juive et anticipe la pâque finale de l'Eglise dans la gloire du Royaume.


"Faites ceci en mémoire de moi"

1341 Le commandement de Jésus de répéter ses gestes et ses paroles "jusqu'à ce qu'il vienne", ne demande pas seulement de se souvenir de Jésus et de ce qu'il a fait. Il vise la célébration liturgique, par les apôtres et leurs successeurs, du mémorial du Christ, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de son intercession auprès du Père.

1342 Dès le commencement l'Eglise a été fidèle à l'ordre du Seigneur. De l'Eglise de Jérusalem il est dit:

Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières... Jour après jour, d'un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de coeur (
Ac 2,42 Ac 2,46).

1343 C'était surtout "le premier jour de la semaine", c'est-à-dire le jour du dimanche, le jour de la résurrection de Jésus, que les chrétiens se réunissaient "pour rompre le pain" (Ac 20,7). Depuis ces temps-là jusqu'à nos jours la célébration de l'Eucharistie s'est perpétuée, de sorte qu'aujourd'hui nous la rencontrons partout dans l'Eglise, avec la même structure fondamentale. Elle demeure le centre de la vie de l'Eglise.

1344 Ainsi, de célébration en célébration, annonçant le mystère pascal de Jésus "jusqu'à ce qu'Il vienne" (1Co 11,26), le peuple de Dieu en pèlerinage "s'avance par la porte étroite de la Croix" (AGD 1) vers le banquet céleste, quand tous les élus s'assiéront à la table du Royaume.




1998 Catéchisme 1275