1998 Catéchisme 1402

VII L'eucharistie - "pignus futurae gloriae"

1402 Dans une antique prière, l'Eglise acclame le mystère de l'Eucharistie: "O sacrum convivium in quo Christus sumitur. Recolitur memoria passionis eius; mens impletur gratia et futuræ gloriæ nobis pignus datur". Si l'Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Seigneur, si par notre communion à l'autel, nous sommes comblés "de toute bénédiction céleste et grâce" (MR, Canon Romain 96: "Supplices te rogamus"), l'Eucharistie est aussi l'anticipation de la gloire céleste.

1403 Lors de la dernière cène, le Seigneur a lui-même tourné le regard de ses disciples vers l'accomplissement de la Pâque dans le royaume de Dieu: "Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne jusqu'au jour où je boirai avec vous le vin nouveau dans le Royaume de mon Père" (Mt 26,29 cf. Lc 22,18 Mc 14,25). Chaque fois que l'Eglise célèbre l'Eucharistie, elle se souvient de cette promesse et son regard se tourne vers "Celui qui vient" (Ap 1,4). Dans sa prière, elle appelle sa venue: "Maranatha" (1Co 16,22), "Viens, Seigneur Jésus" (Ap 22,20), "Que ta grâce vienne et que ce monde passe!" (Didaché 10,6).

1404 L'Eglise sait que, dès maintenant, le Seigneur vient dans son Eucharistie, et qu'il est là, au milieu de nous. Cependant, cette présence est voilée. C'est pour cela que nous célébrons l'Eucharistie "expectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Jesu Christi" (Embolisme après le Notre Père; cf. Tt 2,13), en demandant "d'être comblés de ta gloire, dans ton Royaume, tous ensemble et pour l'éternité, quand tu essuieras toute larme de nos yeux; en te voyant, toi notre Dieu, tel que tu es, nous te serons semblables éternellement, et sans fin nous chanterons ta louange, par le Christ, notre Seigneur" (MR, prière eucharistique III, 116: prière pour les défunts).

1405 De cette grande espérance, celle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle en lesquels habitera la justice (cf. 2P 3,13), nous n'avons pas de gage plus sûr, de signe plus manifeste que l'Eucharistie. En effet, chaque fois qu'est célébré ce mystère, "l'oeuvre de notre rédemption s'opère" (LG 3) et nous "rompons un même pain qui est remède d'immortalité, antidote pour ne pas mourir, mais pour vivre en Jésus-Christ pour toujours" (S. Ignace d'Antioche, Ep 20,2).



En bref

1406 Jésus dit: "Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais... Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle ... il demeure en moi et moi en lui" (Jn 6,51 Jn 6,54 Jn 6,56).

1407 L'eucharistie est le coeur et le sommet de la vie de l'Eglise car en elle le Christ associe son Eglise et tous ses membres à son sacrifice de louange et d'action de grâces offert une fois pour toutes sur la Croix à son Père; par ce sacrifice il répand les grâces du salut sur son Corps, qui est l'Eglise.

1408 La célébration eucharistique comporte toujours: la proclamation de la Parole de Dieu, l'action de grâce à Dieu le Père pour tous ses bienfaits, surtout pour le don de son Fils, la consécration du pain et du vin et la participation au banquet liturgique par la réception du Corps et du Sang du Seigneur. Ces éléments constituent un seul et même acte de culte.

1409 L'Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ: c'est-à-dire de l'oeuvre du salut accomplie par la vie, la mort et la résurrection du Christ, oeuvre rendue présente par l'action liturgique.

1410 C'est le Christ lui-même, grand prêtre éternel de la nouvelle Alliance, qui, agissant par le ministère des prêtres, offre le sacrifice eucharistique. Et c'est encore le même Christ, réellement présent sous les espèces du pain et du vin, qui est l'offrande du sacrifice eucharistique.

1411 Seuls les prêtres validement ordonnés peuvent présider l'Eucharistie et consacrer le pain et le vin pour qu'ils deviennent le Corps et le Sang du Seigneur.

1412 Les signes essentiels du sacrement eucharistique sont le pain de blé et le vin du vignoble, sur lesquels est invoquée la bénédiction de l'Esprit Saint et le prêtre prononce les paroles de la consécration dites par Jésus pendant la dernière cène: "Ceci est mon corps livré pour vous ... Ceci est la coupe de mon sang ..."

1413 Par la consécration s'opère la transsubstantiation du pain et du vin dans le Corps et le Sang du Christ. Sous les espèces consacrées du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière vraie, réelle et substantielle, son Corps et son Sang, avec son âme et sa divinité (cf. Cc. Trente: DS 1640 DS 1651).

1414 En tant que sacrifice, l'Eucharistie est aussi offerte en réparation des péchés des vivants et des défunts, et pour obtenir de Dieu des bienfaits spirituels ou temporels.

1415 Celui qui veut recevoir le Christ dans la Communion eucharistique doit se trouver en état de grâce. Si quelqu'un a conscience d'avoir péché mortellement, il ne doit pas accéder à l'Eucharistie sans avoir reçu préalablement l'absolution dans le sacrement de Pénitence.

1416 La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l'union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves. Puisque les liens de charité entre le communiant et le Christ sont renforcés, la réception de ce sacrement renforce l'unité de l'Eglise, Corps mystique du Christ.

1417 L'Eglise recommande vivement aux fidèles de recevoir la sainte communion chaque fois qu'ils participent à la célébration de l'Eucharistie; elle leur en fait obligation au moins une fois par an.

1418 Puisque le Christ lui-même est présent dans le Sacrement de l'Autel, il faut l'honorer d'un culte d'adoration. "La visite au Très Saint Sacrement est une preuve de gratitude, un signe d'amour et un devoir d'adoration envers le Christ, notre Seigneur" ().

1419 Le Christ ayant passé de ce monde au Père, nous donne dans l'Eucharistie le gage de la gloire auprès de Lui: la participation au Saint Sacrifice nous identifie avec son Coeur, soutient nos forces au long du pèlerinage de cette vie, nous fait souhaiter la Vie éternelle et nous unit déjà à l'Eglise du Ciel, à la Sainte Vierge Marie et à tous les Saints.



Chapitre deuxième

Les Sacrements de guérison


1420 Par les sacrements de l'initiation chrétienne, l'homme reçoit la vie nouvelle du Christ. Or, cette vie, nous la portons "en des vases d'argile" (2Co 4,7). Maintenant, elle est encore "cachée avec le Christ en Dieu" (Col 3,3). Nous sommes encore dans "notre demeure terrestre" (2Co 5,1) soumise à la souffrance, à la maladie et à la mort. Cette vie nouvelle d'enfant de Dieu peut être affaiblie et même perdue par le péché.

1421 Le Seigneur Jésus-Christ, médecin de nos âmes et de nos corps, Lui qui a remis les péchés au paralytique et lui a rendu la santé du corps (cf. Mc 2,1-12), a voulu que son Eglise continue, dans la force de l'Esprit Saint, son oeuvre de guérison et de salut, même auprès de ses propres membres. C'est le but des deux sacrements de guérison: du sacrement de Pénitence et de l'Onction des malades.



Article 4 Le sacrement de Pénitence et de Réconciliation


1422 "Ceux qui s'approchent du sacrement de Pénitence y reçoivent de la miséricorde de Dieu le pardon de l'offense qu'ils lui ont faite et du même coup sont réconciliés avec l'Eglise que leur péché a blessée et qui, par la charité, l'exemple, les prières, travaille à leur conversion" (LG 11).



I Comment est appelé ce sacrement?

1423 Il est appelé sacrement de conversion puisqu'il réalise sacramentellement l'appel de Jésus à la conversion (cf. Mc 1,15), la démarche de revenir au Père (cf. Lc 15,18) dont on s'est éloigné par le péché.

Il est appelé sacrement de Pénitence puisqu'il consacre une démarche personnelle et ecclésiale de conversion, de repentir et de satisfaction du chrétien pécheur.

1424 Il est appelé sacrement de la confession puisque l'aveu, la confession des péchés devant le prêtre est un élément essentiel de ce sacrement. Dans un sens profond ce sacrement est aussi une "confession", reconnaissance et louange de la sainteté de Dieu et de sa miséricorde envers l'homme pécheur.

Il est appelé sacrement du pardon puisque par l'absolution sacramentelle du prêtre, Dieu accorde au pénitent "le pardon et la paix" (OP formule de l'absolution).

Il est appelé sacrement de Réconciliation car il donne au pécheur l'amour de Dieu qui réconcilie: "Laissez-vous réconcilier avec Dieu" (
2Co 5,20). Celui qui vit de l'amour miséricordieux de Dieu est prêt à répondre à l'appel du Seigneur: "Va d'abord te réconcilier avec ton frère" (Mt 5,24).



II Pourquoi un sacrement de la réconciliation après le Baptême?

1425 "Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus Christ et par l'Esprit de notre Dieu" (1Co 6,11). Il faut se rendre compte de la grandeur du don de Dieu qui nous est fait dans les sacrements de l'initiation chrétienne pour saisir à quel point le péché est une chose exclue pour celui qui a "revêtu le Christ" (Ga 3,27). Mais l'apôtre saint Jean dit aussi: "Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous abusons nous-mêmes, et la vérité n'est point en nous" (1Jn 1,8). Et le Seigneur lui-même nous a enseigné de prier: "Pardonne-nous nos offenses" (Lc 11,4) en liant le pardon mutuel de nos offenses au pardon que Dieu accordera à nos péchés.

1426 La conversion au Christ, la nouvelle naissance du Baptême, le don de l'Esprit Saint, le Corps et le Sang du Christ reçus en nourriture, nous ont rendu "saints et immaculés devant lui" (Ep 1,4), comme l'Eglise elle-même, épouse du Christ, est "sainte et immaculée devant lui" (Ep 5,27). Cependant, la vie nouvelle reçue dans l'initiation chrétienne n'a pas supprimé la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l'inclination au péché que la tradition appelle la concupiscence, qui demeure dans les baptisés pour qu'ils fassent leurs preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ (cf. DS 1515). Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler (cf. DS 1545 LG 40).



III La conversion des baptisés

1427 Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de l'annonce du Royaume: "Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle" (Mc 1,15). Dans la prédication de l'Eglise cet appel s'adresse d'abord à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son Evangile. Aussi, le Baptême est-il le lieu principal de la conversion première et fondamentale. C'est par la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Ac 2,38) que l'on renonce au mal et qu'on acquiert le salut, c'est-à-dire la rémission de tous les péchés et le don de la vie nouvelle.

1428 Or, l'appel du Christ à la conversion continue à retentir dans la vie des chrétiens. Cette seconde conversion est une tâche ininterrompue pour toute l'Eglise qui "enferme des pécheurs dans son propre sein" et qui "est donc à la fois sainte et appellée à se purifier, et qui poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement" (LG 8). Cet effort de conversion n'est pas seulement une oeuvre humaine. Elle est le mouvement du "coeur contrit" (Ps 51,19) attiré et mû par la grâce (cf. Jn 6,44 Jn 12,32) à répondre à l'amour miséricordieux de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1Jn 4,10).

1429 En témoigne la conversion de S. Pierre après le triple reniement de son Maître. Le regard d'infinie miséricorde de Jésus provoque les larmes du repentir (Lc 22,61) et, après la résurrection du Seigneur, la triple affirmation de son amour envers lui (cf. Jn 21,15-17). La seconde conversion a aussi une dimension communautaire. Cela apparaît dans l'appel du Seigneur à toute une Eglise: "Repends-toi!" (Ap 2,5 Ap 2,16).

S. Ambroise dit des deux conversions que, dans l'Eglise, "il y a l'eau et les larmes: l'eau du Baptême et les larmes de la Pénitence" (ep. 41,12).



IV La pénitence intérieure

1430 Comme déjà chez les prophètes, l'appel de Jésus à la conversion et à la pénitence ne vise pas d'abord des oeuvres extérieures, "le sac et la cendre", les jeûnes et les mortifications, mais la conversion du coeur, la pénitence intérieure. Sans elle, les oeuvres de pénitence restent stériles et mensongères; par contre, la conversion intérieure pousse à l'expression de cette attitude en des signes visibles, des gestes et des oeuvres de pénitence (cf. Jl 2,12-13 Is 1,16-17 Mt 6,1-6 Mt 6,16-18).

1431 La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre coeur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la résolution de changer de vie avec l'espérance de la miséricorde divine et la confiance en l'aide de sa grâce. Cette conversion du coeur est accompagnée d'une douleur et d'une tristesse salutaires que les Pères ont appelées "animi cruciatus (affliction de l'esprit)", "compunctio cordis (repentir du coeur)" (cf. Cc. Trente: DS 1677-1678 DS 1705 Catech. R. 2, 5, 4).

1432 Le coeur de l'homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l'homme un coeur nouveau (cf. Ez 36,26-27). La conversion est d'abord une oeuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos coeurs à lui: "Convertis-nous, Seigneur, et nous serons convertis" (Lm 5,21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau. C'est en découvrant la grandeur de l'amour de Dieu que notre coeur est ébranlé par l'horreur et le poids du péché et qu'il commence à craindre d'offenser Dieu par le péché et d'être séparé de lui. Le coeur humain se convertit en regardant vers Celui que nos péchés ont transpercé (cf. Jn 19,37 Za 12,10):

Ayons les yeux fixés sur le sang du Christ et comprenons combien il est précieux à son Père car, répandu pour notre salut, il a ménagé au monde entier la grâce du repentir (S. Clément de Rome, Cor. 7,4).

1433 Depuis Pâques, c'est l'Esprit Saint qui "confond" le monde en matière de péché" (Jn 16,8-9), à savoir que le monde n'a pas cru en Celui que le Père a envoyé. Mais ce même Esprit, qui dévoile le péché, est le Consolateur (cf. Jn 15,26) qui donne au coeur de l'homme la grâce du repentir et de la conversion (cf. Ac 2,36-38 cf. Jean-Paul II, DEV 27-48).



V Les multiples formes de la pénitence dans la vie chrétienne

1434 La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L'Ecriture et les Pères insistent surtout sur trois formes: le jeûne, la prière, l'aumône (cf. Tb 12,8 Mt 6,1-18), qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. A côté de la purification radicale opérée par le Baptême ou par le martyre, ils citent, comme moyen d'obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (cf. Jc 5,20) l'intercession des saints et la pratique de la charité "qui couvre une multitude de péchés" (1P 4,8).

1435 La conversion se réalise dans la vie quotidienne par des gestes de réconciliation, par le souci des pauvres, l'exercice et la défense de la justice et du droit (cf. Am 5,24 Is 1,17), par l'aveu des fautes aux frères, la correction fraternelle, la révision de vie, l'examen de conscience, la direction spirituelle, l'acceptation des souffrances, l'endurance de la persécution à cause de la justice. Prendre sa croix, chaque jour, et suivre Jésus est le chemin le plus sûr de la pénitence (cf. Lc 9,23).

1436 Eucharistie et Pénitence. La conversion et la pénitence quotidiennes trouvent leur source et leur nourriture dans l'Eucharistie, car en elle est rendu présent le sacrifice du Christ qui nous a réconciliés avec Dieu; par elle sont nourris et fortifiés ceux qui vivent de la vie du Christ; "elle est l'antidote qui nous libère de nos fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels" (Cc. Trente: DS 1638).

1437 La lecture de l'Ecriture Sainte, la prière de la Liturgie des Heures et du Notre Père, tout acte sincère de culte ou de piété ravive en nous l'esprit de conversion et de pénitence et contribue au pardon de nos péchés.

1438 Les temps et les jours de pénitence au cours de l'année liturgique (le temps du carême, chaque vendredi en mémoire de la mort du Seigneur) sont des moments forts de la pratique pénitentielle de l'Eglise (cf. SC 109-110 CIC 1249-1253 CIO 880-883). Ces temps sont particulièrement appropriés pour les exercices spirituels, les liturgies pénitentielles, les pèlerinages en signe de pénitence, les privations volontaires comme le jeûne et l'aumône, le partage fraternel (oeuvres caritatives et missionnaires).

1439 Le mouvement de la conversion et de la pénitence a été merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite "du fils prodigue" dont le centre est "le père miséricordieux" (Lc 15,11-24): la fascination d'une liberté illusoire, l'abandon de la maison paternelle; la misère extrême dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune; l'humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons; la réflexion sur les biens perdus; le repentir et la décision de se déclarer coupable devant son père; le chemin du retour; l'accueil généreux par le père; la joie du père: ce sont là des traits propres au processus de conversion. La belle robe, l'anneau et le banquet de fête sont des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie qu'est la vie de l'homme qui revient à Dieu.et au sein de sa famille, qui est l'Eglise. Seul le coeur du Christ qui connaît les profondeurs de l'amour de son Père, a pu nous révéler l'abîme de sa miséricorde d'une manière si pleine de simplicité et de beauté.



VI Le sacrement de la pénitence et de la réconciliation

1440 Le péché est avant tout offense à Dieu, rupture de la communion avec Lui. Il porte en même temps atteinte à la communion avec l'Eglise. C'est pourquoi la conversion apporte à la fois le pardon de Dieu et la réconciliation avec l'Eglise, ce qu'exprime et réalise liturgiquement le sacrement de la Pénitence et de la Réconciliation (cf. LG 11).


Dieu seul pardonne le péché

1441 Dieu seul pardonne les péchés (cf. Mc 2,7). Parce que Jésus est le Fils de Dieu, il dit de lui-même: "Le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre" (Mc 2,10) et il exerce ce pouvoir divin: "Tes péchés sont pardonnés!" (Mc 2,5 Lc 7,48). Plus encore: en vertu de sa divine autorité, il donne ce pouvoir aux hommes (cf. Jn 20,21-23) pour qu'ils l'exercent en son nom.

1442 Le Christ a voulu que son Eglise soit tout entière, dans sa prière, sa vie et son agir, le signe et l'instrument du pardon et de la réconciliation qu'Il nous a acquis au prix de son sang. Il a cependant confié l'exercice du pouvoir d'absolution au ministère apostolique. Celui-ci est chargé du "ministère de la réconciliation" (2Co 5,18). L'apôtre est envoyé "au nom du Christ", et "c'est Dieu lui-même" qui, à travers lui, exhorte et supplie: "Laissez vous réconcilier avec Dieu" (2Co 5,20).


Réconciliation avec l'Eglise

1443 Durant sa vie publique, Jésus n'a pas seulement pardonné les péchés, il a aussi manifesté l'effet de ce pardon: il a réintégré les pécheurs pardonnés dans la communauté du peuple de Dieu d'où le péché les avait éloignés ou même exclus. Un signe éclatant en est le fait que Jésus admet les pécheurs à sa table, plus encore, qu'il se met lui-même à leur table, geste qui exprime de façon bouleversante à la fois le pardon de Dieu (cf. Lc 15) et le retour au sein du peuple de Dieu (cf. Lc 19,9).

1444 En donnant part aux apôtres de son propre pouvoir de pardonner les péchés, le Seigneur leur donne aussi l'autorité de réconcilier les pécheurs avec l'Eglise. Cette dimension ecclésiale de leur tâche s'exprime notamment dans la parole solennelle du Christ à Simon Pierre: "Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux; tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aux cieux" (Mt 16,19). "Cette même charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée au collège des apôtres unis à leur chef (Mt 18,18 Mt 28,16-20)" (LG 22).

1445 Les mots lier et délier signifient: celui que vous excluerez de votre communion, celui-là sera exclu de la communion avec Dieu; celui que vous recevez de nouveau dans votre communion, Dieu l'accueillera aussi dans la sienne. La réconciliation avec l'Eglise est inséparable de la réconciliation avec Dieu.


Le sacrement du pardon

1446 Le Christ a institué le sacrement de Pénitence pour tous les membres pécheurs de son Eglise, avant tout pour ceux qui, après le baptême, sont tombés dans le péché grave et qui ont ainsi perdu la grâce baptismale et blessé la communion ecclésiale. C'est à eux que le sacrement de Pénitence offre une nouvelle possibilité de se convertir et de retrouver la grâce de la justification. Les Pères de l'Eglise présentent ce sacrement comme "la seconde planche (de salut) après le naufrage qu'est la perte de la grâce" (Tertullien, pæn. 4,2 cf. Cc. Trente: DS 1542).

1447 Au cours des siècles la forme concrète, selon laquelle l'Eglise a exercé ce pouvoir reçu du Seigneur, a beaucoup varié. Durant les premiers siècles, la réconciliation des chrétiens qui avaient commis des péchés particulièrement graves après leur Baptême (par exemple l'idolâtrie, l'homicide ou l'adultère), était liée à une discipline très rigoureuse, selon laquelle les pénitents devaient faire pénitence publique pour leurs péchés, souvent durant de longues années, avant de recevoir la réconciliation. A cet "ordre des pénitents" (qui ne concernait que certains péchés graves) on n'était admis que rarement et, dans certaines régions, une seule fois dans sa vie. Pendant le septième siècle, inspirés par la tradition monastique d'Orient, les missionnaires irlandais apportèrent en Europe continentale la pratique "privée" de la pénitence qui n'exige pas la réalisation publique et prolongée d'oeuvres de pénitence avant de recevoir la réconciliation avec l'Eglise. Le sacrement se réalise désormais d'une manière plus secrète entre le pénitent et le prêtre. Cette nouvelle pratique prévoyait la possibilité de la réitération et ouvrait ainsi le chemin à une fréquentation régulière de ce sacrement. Elle permettait d'intégrer dans une seule célébration sacramentelle le pardon des péchés graves et des péchés véniels. C'est, dans les grandes lignes, cette forme de la pénitence que l'Eglise pratique jusqu'à nos jours.

1448 A travers les changements que la discipline et la célébration de ce sacrement ont connu au cours des siècles, on discerne la même structure fondamentale. Elle comporte deux éléments également essentiels; d'une part, les actes de l'homme qui se convertit sous l'action de l'Esprit Saint: à savoir la contrition, l'aveu et la satisfaction; d'autre part, l'action de Dieu par l'intervention de l'Eglise. L'Eglise qui, par l'évêque et ses prêtres, donne au nom de Jésus-Christ le pardon des péchés et fixe la modalité de la satisfaction, prie aussi pour le pécheur et fait pénitence avec lui. Ainsi le pécheur est guéri et rétabli dans la communion ecclésiale.

1449 La formule d'absolution en usage dans l'Eglise latine exprime les éléments essentielles de ce sacrement: le Père des miséricordes est la source de tout pardon. Il réalise la réconciliation des pécheurs par la Pâque de son Fils et le don de son Esprit, à travers la prière et le ministère de l'Eglise:

Que Dieu notre Père vous montre sa miséricorde; par la mort et la résurrection de son Fils, il a réconcilié le monde avec lui et il a envoyé l'Esprit Saint pour la rémission des péchés: par le ministère de l'Eglise, qu'il vous donne le pardon et la paix. Et moi, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, je vous pardonne tous vos péchés.



VII Les actes du pénitent

1450 "Poenitentia cogit peccatorem omnia libenter sufferre; in corde eius contritio, in ore confessio, in opere tota humilitas vel fructifera satisfactio" (Catech. R. 2, 5, 21 cf. Cc. Trente: DS 1673).


La contrition

1451 Parmi les actes du pénitent, la contrition vient en premier lieu. Elle est "une douleur de l'âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l'avenir" (Cc. Trente: DS 1676).

1452 Quand elle provient de l'amour de Dieu aimé plus que tout, la contrition est appelée "parfaite" (contrition de charité). Une telle contrition remet les fautes vénielles; elle obtient aussi le pardon des péchés mortels, si elle comporte la ferme résolution de recourir dès que possible à la confession sacramentelle (cf. Cc. Trente: DS 1677)

1453 La contrition dite "imparfaite" (ou "attrition") est, elle aussi, un don de Dieu, une impulsion de l'Esprit Saint. Elle naît de la considération de la laideur du péché ou de la crainte de la damnation éternelle et des autres peines dont est menacé le pécheur (contrition par crainte). Un tel ébranlement de la conscience peut amorcer une évolution intérieure qui sera parachevée sous l'action de la grâce, par l'absolution sacramentelle. Par elle-même, cependant, la contrition imparfaite n'obtient pas le pardon des péchés graves, mais elle dispose à l'obtenir dans le sacrement de la Pénitence (cf. Cc. Trente: DS 1678 DS 1705).

1454 Il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu. Les textes les plus adaptés à cet effet sont à chercher dans le Décalogue et dans la catéchèse morale des Évangiles et des lettres apostoliques: sermon sur la Montagne, les enseignements apostoliques (cf. Rm 12-15 1Co 12-13 Ga 5 Ep 4-6).


La confession des péchés

1455 La confession des péchés (l'aveu), même d'un point de vue simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres. Par l'aveu, l'homme regarde en face les péchés dont il s'est rendu coupable; il en assume la responsabilité et par là, il s'ouvre de nouveau à Dieu et à la communion de l'Eglise afin de rendre possible un nouvel avenir.

1456 L'aveu au prêtre constitue une partie essentielle du sacrement de Pénitence: "Les pénitents doivent, dans la confession, énumérer tous les péchés mortels dont ils ont conscience après s'être examinés sérieusement, même si ces péchés sont très secrets et s'ils ont été commis seulement contre les deux derniers préceptes du Décalogue (cf. Ex 20,17 Mt 5,28), car parfois ces péchés blessent plus grièvement l'âme et sont plus dangereux que ceux qui ont été commis au su de tous" (Cc. Trente: DS 1680):

Lorsque les fidèles du Christ s'efforcent de confesser tous les péchés qui leur viennent à la mémoire, on ne peut pas douter qu'ils les présentent tous au pardon de la miséricorde divine. Ceux qui agissent autrement et qui en cachent sciemment quelques-uns ne proposent à la bonté divine rien qu'elle puisse remettre par l'intermédiaire du prêtre. Car "si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la médecine ne soigne pas ce qu'elle ignore" (S. Jérôme, Eccl. 10,11) (Cc. Trente: DS 1680).

1457 D'après le commandement de l'Eglise, "tout fidèle parvenu à l'âge de la discrétion doit confesser au moins une fois par an, les péchés graves dont il a conscience" (DS 1683 cf. DS 1708 CIC 989). Celui qui a conscience d'avoir commis un péché mortel ne doit pas recevoir la Sainte Communion, même s'il éprouve une grande contrition, sans avoir préalablement reçu l'absolution sacramentelle (cf. Cc. Trente: DS 1647 DS 1661), à moins qu'il n'ait un motif grave pour communier et qu'il ne lui soit possible d'accéder à un confesseur (cf.CIC 916 CIO 711). Les enfants doivent accéder au sacrement de la Pénitence avant de recevoir pour la première fois la Sainte. Communion (cf.CIC 914).

1458 Sans être strictement nécessaire, la confession des fautes quotidiennes (péchés véniels) est néanmoins vivement recommandée par l'Eglise (cf. Cc. Trente: DS 1680 CIC 988 p2). En effet, la confession régulière de nos péchés véniels nous aide à former notre conscience, à lutter contre nos penchants mauvais, à nous laisser guérir par le Christ, à progresser dans la vie de l'Esprit. En recevant plus fréquemment par ce sacrement, le don de la miséricorde du Père, nous sommes poussés à être miséricordieux comme lui (cf. Lc 6,36):

Celui qui confesse ses péchés agit déjà avec Dieu. Dieu accuse tes péchés; si tu les accuses toi aussi, tu te joins à Dieu. L'homme et le pécheur sont pour ainsi dire deux réalités: quand tu entends parler de l'homme, c'est Dieu qui l'a fait; quand tu entends parler du pécheur, c'est l'homme lui-même qui l'a fait. Détruis ce que tu as fais pour que Dieu sauve ce qu'il a fait... Quand tu commences à détester ce que tu as fait, c'est alors que tes oeuvres bonnes commencent parce que tu accuses tes oeuvres mauvaises. Le commencement des oeuvres bonnes, c'est la confession des oeuvres mauvaises. Tu fais la vérité et tu viens à la Lumière (S. Augustin, ev. Jo. 12,13).


La satisfaction

1459 Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L'absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés (cf. Cc. Trente: DS 1712). Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés: il doit "satisfaire" de manière appropriée ou "expier" ses péchés. Cette satisfaction s'appelle aussi "pénitence".

1460 La pénitence que le confesseur impose, doit tenir compte de la situation personnelle du pénitent et doit chercher son bien spirituel. Elle doit correspondre autant que possible à la gravité et à la nature des péchés commis. Elle peut consister dans la prière, une offrande, dans les oeuvres de miséricorde, le service du prochain, dans des privations volontaires, des sacrifices, et surtout dans l'acceptation patiente de la croix que nous devons porter. De telles pénitences aident à nous configurer au Christ qui, seul, a expié pour nos péchés (cf. Rm 3,25 1Jn 2,1-2) une fois pour toutes. Elles nous permettent de devenir les cohéritiers du Christ ressuscité, "puisque nous souffrons avec lui" (Rm 8,17 cf. Cc. Trente: DS 1690):

Mais notre satisfaction, celle que nous acquittons pour nos péchés, n'est que par Jésus-Christ: nous qui, de nous mêmes comme tels, ne pouvons rien nous-mêmes, avec l'aide "de celui qui nous fortifie, nous pouvons tout" (Ph 4,13). Ainsi l'homme n'a rien dont il puisse se glorifier, mais toute notre "gloire" est dans le Christ... en qui nous satisfaisons, "en faisant de dignes fruits de pénitence" (Lc 3,8), qui en Lui puisent leur force, par Lui sont offerts au Père et grâce à Lui sont acceptés par le Père (Cc. Trente: DS 1691).



VIII Le ministre de ce sacrement

1461 Puisque le Christ a confié à ses apôtres le ministère de la réconciliation (cf. Jn 20,23 2Co 5,18), les évêques, leurs successeurs, et les presbytres, collaborateurs des évêques, continuent à exercer ce ministère. En effet, ce sont les évêques et les presbytres, qui ont, en vertu du sacrement de l'Ordre, le pouvoir de pardonner tous les péchés "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit".

1462 Le pardon des péchés réconcilie avec Dieu mais aussi avec l'Eglise. L'évêque, chef visible de l'Eglise particulière, est donc considéré à juste titre, depuis les temps anciens, comme celui qui a principalement le pouvoir et le ministère de la réconciliation: il est le modérateur de la discipline pénitentielle (LG 26). Les presbytres, ses collaborateurs, l'exercent dans la mesure où ils en ont reçu la charge soit de leur évêque (ou d'un supérieur religieux) soit du Pape, à travers le droit de l'Eglise (cf. CIC 844 CIC 967-969 CIC 972 CIO 722 p3-4).

1463 Certains péchés particulièrement graves sont frappés de l'excommunication, la peine ecclésiastique la plus sévère, qui empêche le réception des sacrements et l'exercice de certains actes ecclésiastiques, et dont l'absolution, par conséquent, ne peut être accordée, selon le droit de l'Eglise, que par le Pape, l'évêque du lieu ou à des prêtres autorisés par eux (cf.CIC 1331 CIC 1354-1357 CIO 1431 CIO 1434 CIO 1420). En cas de danger de mort tout prêtre, même dépourvu de la faculté d'entendre les confessions, peut absoudre de tout péché (cf.CIC 976 CIO 725) et de toute excommunication.

1464 Les prêtres doivent encourager les fidèles à accéder au sacrement de la Pénitence et doivent se montrer disponibles à célébrer ce sacrement chaque fois que les chrétiens le demandent de manière raisonnable (cf.CIC 986 CIO 735 PO 13).

1465 En célébrant le sacrement de la Pénitence, le prêtre accomplit le ministère du Bon Pasteur qui cherche la brebis perdue, celui du Bon Samaritain qui panse les blessures, du Père qui attend le Fils prodigue et l'accueuille à son retour, du juste Juge qui ne fait pas acception de personne et dont le jugement est à la fois juste et misericordieux. Bref, le prêtre est le signe et l'instrument de l'amour miséricordieux de Dieu envers le pécheur.

1466 Le confesseur n'est pas le maître, mais le serviteur du pardon de Dieu. Le ministre de ce sacrement doit s'unir à l'intention et à la charité du Christ (cf. PO 13). Il doit avoir une connaissance éprouvée du comportement chrétien, l'expérience des choses humaines, le respect et la délicatesse envers celui qui est tombé; il doit aimer la vérité, être fidèle au magistère de l'Eglise et conduire le pénitent avec patience vers la guérison et la pleine maturité. Il doit prier et faire pénitence pour lui en le confiant à la miséricorde du Seigneur.

1467 Etant donnée la délicatesse et la grandeur de ce ministère et le respect dû aux personnes, l'Eglise déclare que tout prêtre qui entend des confessions est obligé de garder un secret absolu au sujet des péchés que ses pénitents lui ont confessés, sous des peines très sévères (CIC 1388p1 CIO 1456). Il ne peut pas non plus faire état des connaissances que la confession lui donne sur la vie des pénitents. Ce secret, qui n'admet pas d'exceptions, s'appelle le "sceau sacramentel", car ce que le pénitent a manifesté au prêtre reste "scellé" par le sacrement.




1998 Catéchisme 1402