1998 Catéchisme 1468

IX Les effets de ce sacrement

1468 "Poenitentiæ omnis in eo vis est, ut nos in Dei gratiam restituat, cum eoque summa amicitia coniungat" (Catech. R. 2, 5, 18). Le but et l'effet de ce sacrement sont donc la réconciliation avec Dieu. Chez ceux qui reçoivent le sacrement de Pénitence avec un coeur contrit et dans une disposition religieuse, "il est suivi de la paix et de la tranquillité de la conscience, qu'accompagne une forte consolation spirituelle" (Cc. Trente: DS 1674). En effet, le sacrement de la réconciliation avec Dieu apporte une véritable "résurrection spirituelle", une restitution de la dignité et des biens de la vie des enfants de Dieu dont le plus précieux est l'amitié de Dieu (Lc 15,32).

1469 Ce sacrement nous réconcilie avec l'Eglise. Le péché ébrèche ou brise la communion fraternelle. Le sacrement de Pénitence la répare ou la restaure. En ce sens, il ne guérit pas seulement celui qui est rétabli dans la communion ecclésiale, il a aussi un effet vivifiant sur la vie de l'Eglise qui a souffert du péché d'un de ses membres (cf. 1Co 12,26). Rétabli ou affermi dans la communion des saints, le pécheur est fortifié par l'échange des biens spirituels entre tous les membres vivants du Corps du Christ, qu'ils soient encore dans l'état de pèlerinage ou qu'ils soient déjà dans la patrie céleste (cf. LG 48-50):

Il faut rappeler que la réconciliation avec Dieu a comme conséquence, pour ainsi dire, d'autres réconciliations qui porteront remède à d'autres ruptures produites par le péché: le pénitent pardonné se réconcilie avec lui-même dans la profondeur de son être, où il recupère la propre vérité intérieure; il se réconcilie avec les frères que de quelque manière il a offensé et blessé; il se réconcilie avec l'Eglise; il se réconcilie avec la création toute entière (RP 31).

1470 Dans ce sacrement, le pécheur, en se remettant au jugement miséricordieux de Dieu, anticipe d'une certaine façon le jugement auquel il sera soumis à la fin de cette vie terrestre. Car c'est maintenant, dans cette vie-ci, que nous est offert le choix entre la vie et la mort, et ce n'est que par le chemin de la conversion que nous pouvons entrer dans le Royaume d'où exclut le péché grave (cf. 1Co 5,11 Ga 5,19-21 Ap 22,15). En se convertissant au Christ par la pénitence et la foi, le pécheur passe de la mort à la vie "et il n'est pas soumis au jugement" (Jn 5,24).



X Les indulgences

1471 La doctrine et la pratique des indulgences dans l'Eglise sont étroitement liées aux effets du sacrement de Pénitence.


Qu'est-ce que l'indulgence?

"L'indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée, rémission que le fidèle bien disposé obtient à certaines conditions déterminées, par l'action de l'Eglise, laquelle, en tant que dispensatrice de la rédemption, distribue et applique par son autorité le trésor des satisfactions du Christ et des saints".

"L'indulgence est partielle ou plénière, selon qu'elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le péché". Les indulgences peuvent être appliquées aux vivants ou aux défunts (Paul VI, const. ap. "Indulgentiarum doctrina").


Les peines du péché

1472 Pour comprendre cette doctrine et cette pratique de l'Eglise il faut voir que le péché a une double conséquence. Le péché grave nous prive de la communion avec Dieu, et par là il nous rend incapables de la vie éternelle, dont la privation s'appelle la "peine éternelle" du péché. D'autre part, tout péché, même véniel, entraîne un attachement malsain aux créatures, qui a besoin de purification, soit ici-bas, soit après la mort, dans l'état qu'on appelle Purgatoire. Cette purification libère de ce qu'on appelle la "peine temporelle" du péché. Ces deux peines ne doivent pas être conçues comme une espèce de vengeance, infligée par Dieu de l'extérieur, mais bien comme découlant de la nature même du péché. Une conversion qui procède d'une fervente charité, peut arriver à la totale purification du pécheur, de sorte qu'aucune peine ne subsisterait (cf. Cc. Trente: DS 1712-1713 DS 1820).

1473 Le pardon du péché et la restauration de la communion avec Dieu entraînent la remise des peines éternelles du péché. Mais des peines temporelles du péché demeurent. Le chrétien doit s'efforcer, en supportant patiemment les souffrances et les épreuves de toutes sortes et, le jour venu, en faisant sereinement face à la mort, d'accepter comme une grâce ces peines temporelles du péché; il doit s'appliquer, par les oeuvres de miséricorde et de charité, ainsi que par la prière et les différentes pratiques de la pénitence, à se dépouiller complètement du "vieil homme" et à revêtir "l'homme nouveau" (cf. Ep 4,24).


Dans la communion des saints

1474 Le chrétien qui cherche à se purifier de son péché et à se sanctifier avec l'aide de la grâce de Dieu ne se trouve pas seul. "La vie de chacun des enfants de Dieu se trouve liée d'une façon admirable, dans le Christ et par le Christ, avec la vie de tous les autres frères chrétiens, dans l'unité surnaturelle du Corps mystique du Christ, comme dans une personne mystique" (Paul VI, const. ap. "Indulgentiarum doctrina" 5).

1475 Dans la communion des saints "il existe donc entre les fidèles - ceux qui sont en possession de la patrie céleste, ceux qui ont été admis à expier au purgatoire ou ceux qui sont encore en pèlerinage sur la terre - un constant lien d'amour et un abondant échange de tous biens" (ibid.). Dans cet échange admirable, la sainteté de l'un profite aux autres, bien au-delà du dommage que le péché de l'un a pu causer aux autres. Ainsi, le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit d'être plus tôt et plus efficacement purifié des peines du péché.

1476 Ces biens spirituels de la communion des saints, nous les appellons aussi le trésor de l'Eglise, "qui n'est pas une somme de biens, ainsi qu'il en est des richesses matérielles accumulées au cours des siècles, mais qui est le prix infini et inépuisable qu'ont auprès de Dieu les expiations et les mérites du Christ Notre Seigneur, offerts pour que l'humanité soit libérée du péché et parvienne à la communion avec le Père. C'est dans le Christ, notre Rédempteur, que se trouvent en abondance les satisfactions et les mérites de sa rédemption (cf. He 7,23-25 He 9,11-28)".

1477 "Appartiennent également à ce trésor le prix vraiment immense, incommen- surable et toujours nouveau qu'ont auprès de Dieu les prières et les bonnes oeuvres de la bienheureuse Vierge Marie et de tous les saints qui se sont sanctifiés par la grâce du Christ, en marchant sur ses traces, et ont accompli une oeuvre agréable au Père, de sorte qu'en travaillant à leur propre salut, ils ont coopéré également au salut de leurs frères dans l'unité du Corps mystique" (Paul VI, const. ap. "Indulgentiarum doctrina" 5).


Obtenir l'indulgence de Dieu par l'Eglise

1478 L'indulgence s'obtient par l'Eglise qui, en vertu du pouvoir de lier et de délier qui lui a été accordé par le Christ Jésus, intervient en faveur d'un chrétien et lui ouvre le trésor des mérites du Christ et des saints pour obtenir du Père des miséricordes la remise des peines temporelles dues pour ses péchés. C'est ainsi que l'Eglise ne veut pas seulement venir en aide à ce chrétien, mais aussi l'inciter à des oeuvres de piété, de pénitence et de charité (cf. Paul VI, loc. cit. 8 Cc. Trente: DS 1835).

1479 Puisque les fidèles défunts en voie de purification sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider entre autres en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu'ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés.



XI La célébration du sacrement de pénitence

1480 Comme tous les sacrements, la pénitence est une action liturgique. Tels sont ordinairement les éléments de la célébration: salutation et bénédiction du prêtre, lecture de la Parole de Dieu pour éclairer la conscience et susciter la contrition, et exhortation à la repentance; la confession qui reconnait les péchés et les manifeste au prêtre; l'imposition et acceptation de la pénitence; l'absolution du prêtre; louange d'action de grâces et envoi avec la bénédiction du prêtre.

1481 La liturgie byzantine connaît plusieures formules d'absolution, de forme déprécative, qui expriment admirablement le mystère du pardon: "Que le Dieu, qui par le prophète Nathan, a pardonné à David lorsqu'il eut confessé ses propres péchés, et à Pierre lorsqu'il eut pleuré amèrement, et à la courtisane lorsqu'elle eut répandu ses larmes sur ses pieds, et au pharisien, et au prodigue, que ce même Dieu vous pardonne, par moi, pécheur, en cette vie et dans l'autre et qu'Il vous fasse comparaître sans vous condamner à son redoutable tribunal, Lui qui est béni dans les siècles des siècles. Amen."

1482 Le sacrement de la Pénitence peut aussi avoir lieu dans le cadre d'une célébration communautaire, dans laquelle on se prépare ensemble à la confession et on rend grâce ensemble pour le pardon reçu. Ici, la confession personnelle des péchés et l'absolution individuelle sont insérées dans une liturgie de la Parole de Dieu, avec lectures et homélie, examen de conscience mené en commun, demande communautaire du pardon, prière du "Notre Père" et action de grâce en commun. Cette célébration communautaire exprime plus clairement le caractère ecclésial de la pénitence. Quelle que soit cependant la manière de sa célébration, le sacrement de Pénitence est toujours, d'après sa nature même, une action liturgique, donc ecclésiale et publique (cf. SC 26-27).

1483 En des cas de nécessité grave on peut recourir à la célébration communautaire de la réconciliation avec confession générale et absolution générale. Une telle nécessité grave peut se présenter lorsqu'il y a un danger imminent de mort sans que le ou les prêtres aient le temps suffisant pour entendre la confession de chaque pénitent. La necéssité grave peut exister aussi lorsque, compte tenu du nombre des pénitents, il n'y a pas assez de confesseurs pour entendre dûment les confessions individuelles dans un temps raisonnable, de sorte que les pénitents, sans faute de leur part, se verraient privés pendant longtemps de la grâce sacramentelle ou de la sainte communion. Dans ce cas les fidèles doivent avoir, pour la validité de l'abbsolution, le propos de confesser individuellement leurs péchés en temps voulu (cf.CIC 962p1). C'est à l'Evêque diocésain de juger si les conditions requises pour l'absolution générale existent (cf.CIC 961p2). Un grand concours de fidèles à l'occasion de grandes fêtes ou de pèlerinages ne constitue pas un cas d'une telle grave nécessité (cf.CIC 961p1)

1484 "La confession individuelle et intégrale suivie de l'absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l'Eglise, sauf si une impossiblité physique ou morale dispense d'une telle confession" (OP 31). Ceci n'est pas sans raisons profondes. Le Christ agit en chacun des sacrements. Il s'adresse personnellement à chacun des pécheurs: "Mon enfant, tes péchés sont remis" (Mc 2,5); il est le médecin qui se penche sur chacun des malades qui ont besoin de lui (cf. Mc 2,17) pour les guérir; il les relève et les réintègre dans la communion fraternelle. La confession personnelle est donc la forme la plus significative de la réconciliation avec Dieu et avec l'Eglise.



En bref

1485 "Le soir de Pâques, le Seigneur Jésus se montra à ses Apôtres et leur dit: 'Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus'" (Jn 20,22-23).

1486 Le pardon des péchés commis après le Baptême est accordé par un sacrement propre appellé sacrement de la conversion, de la confession, de la pénitence ou de la réconciliation.

1487 Qui pèche blesse l'honneur de Dieu et son amour, sa propre dignité d'homme appelé à être fils de Dieu et le bien-être spirituel de l'Eglise dont chaque chrétien doit être une pierre vivante.

1488 Aux yeux de la foi, aucun mal n'est plus grave que le péché et rien n'a de pires conséquences pour les pécheurs eux-mêmes, pour l'Eglise et pour le monde entier.

1489 Revenir à la communion avec Dieu après l'avoir perdue par le péché, est un mouvement né de la grâce du Dieu plein de miséricorde et soucieux du salut des hommes. Il faut demander ce don précieux pour soi-même comme pour autrui.

1490 Le mouvement de retour à Dieu, appelé conversion et repentir, implique une douleur et une aversion vis-à-vis des péchés commis, et le propos ferme de ne plus pécher à l'avenir. La conversion touche donc le passé et l'avenir; elle se nourrit de l'espérance en la miséricorde divine.

1491 Le sacrement de la Pénitence est constitué par l'ensemble des trois actes posés par le pénitent, et par l'absolution du prêtre. Les actes du pénitent sont: le repentir, la confession ou manifestation des péchés au prêtre et le propos d'accomplir la réparation et les oeuvres de réparation.

1492 Le repentir (appelé aussi contrition) doit être inspiré par des motifs qui relèvent de la foi. Si le repentir est conçu par amour de charité envers Dieu, on le dit "parfait"; s'il est fondé sur d'autres motifs, on l'appelle "imparfait".

1493 Celui qui veut obtenir la réconciliation avec Dieu et avec l'Eglise, doit confesser au prêtre tous les péchés graves qu'il n'a pas encore confessé et dont il se souvient après avoir examiné soigneusement sa conscience. Sans être en soi nécessaire, la confession des fautes vénielles est néanmoins vivement recommandée par l'Eglise.

1494 Le confesseur propose au pénitent l'accomplissement de certains actes de "satisfaction" ou de "pénitence", en vue de réparer le dommage causé par le péché et de rétablir les habitudes propres au disciple du Christ.

1495 Seuls les prêtres qui ont reçu de l'autorité de l'Eglise la faculté d'absoudre peuvent pardonner les péchés au nom du Christ.

1496 Les effets spirituels du sacrement de Pénitence sont:

- la réconciliation avec Dieu par laquelle le pénitent recouvre la grâce,
- la réconciliation avec l'Eglise;
- la remise de la peine éternelle encourue par les péchés mortels;
- la remise, au moins en partie, des peines temporelles, suites du péché;
- la paix et la sérénité de la conscience, et la consolation spirituelle;
- l'accroissement des forces spirituelles pour le combat chrétien.

1497 La confession individuelle et intégrale des péchés graves suivie de l'absolution demeure le seul moyen ordinaire pour la réconciliation avec Dieu et avec l'Eglise.

1498 Par les indulgences les fidèles peuvent obtenir pour eux-mêmes et aussi pour les âmes du Purgatoire, la rémission des peines temporelles, suites des péchés.



Article 5 L'Onction des malades


1499 "Par l'Onction sacrée des malades et la prière des prêtres, c'est l'Eglise toute entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu'il les soulage et les sauve; bien mieux, elle les exhorte, en s'associant librement à la passion et à la mort du Christ à apporter leur part pour le bien du peuple de Dieu" (LG 11).



I Ses fondements dans l'Economie du Salut


La maladie dans la vie humaine

1500 La maladie et la souffrance ont toujours été parmi les problèmes les plus graves qui éprouvent la vie humaine. Dans la maladie, l'homme fait l'expérience de son impuissance, de ses limites et de sa finitude. Toute maladie peut nous faire entrevoir la mort.

1501 La maladie peut conduire à l'angoisse, au repliement sur soi, parfois même au désespoir et à la révolte contre Dieu. Elle peut aussi rendre la personne plus mûre, l'aider à discerner dans sa vie ce qui n'est pas essentiel pour se tourner vers ce qui l'est. Très souvent, la maladie provoque une recherche de Dieu, un retour à Lui.


Le malade devant Dieu

1502 L'homme de l'Ancien Testament vit la maladie en face de Dieu. C'est devant Dieu qu'il déverse sa plainte sur sa maladie (cf. Ps 38) et c'est de Lui, le Maître de la vie et de la mort, qu'il implore la guérison (cf. Ps 6,3 Is 38). La maladie devient chemin de conversion (cf. Ps 38,5 Ps 39,9 Ps 39,12) et le pardon de Dieu inaugure la guérison (cf. Ps 32,5 Ps 107,20 Mc 2,5-12). Israël fait l'expérience que la maladie est, d'une façon mystérieuse, liée au péché et au mal, et que la fidélité à Dieu, selon sa Loi, rend la vie: "car c'est moi, le Seigneur, qui suis ton médecin" (Ex 15,26). Le prophète entrevoit que la souffrance peut aussi avoir un sens rédempteur pour les péchés des autres (cf. Is 53,11). Enfin, Isaïe annonce que Dieu amènera un temps pour Sion où il pardonnera toute faute et guérira toute maladie (cf. Is 33,24).


Le Christ - médecin

1503 La compassion du Christ envers les malades et ses nombreuses guérisons d'infirmes de toute sorte (cf. Mt 4,24) sont un signe éclatant de ce "que Dieu a visité son peuple" (Lc 7,16) et que le Royaume de Dieu est tout proche. Jésus n'a pas seulement pouvoir de guérir, mais aussi de pardonner les péchés (cf. Mc 2,5-12): il est venu guérir l'homme tout entier, âme et corps; il est le médecin dont les malades ont besoin (cf. Mc 2,17). Sa compassion envers tous ceux qui souffrent va si loin qu'il s'identifie avec eux: "J'ai été malade et vous m'avez visité" (Mt 25,36). Son amour de prédilection pour les infirmes n'a cessé, tout au long des siècles, d'éveiller l'attention toute particulière des chrétiens envers tous ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur âme. Elle est à l'origine des efforts inlassables pour les soulager.

1504 Souvent Jésus demande aux malades de croire (cf. Mc 5,34 Mc 5,36 Mc 9,23). Il se sert de signes pour guérir: salive et imposition des mains (cf. Mc 7,32-36 Mc 8,22-25), boue et ablution (cf. Jn 9,6 s). Les malades cherchent à le toucher (cf. Mc 1,41 Mc 3,10 Mc 6,56) "car une force sortait de lui qui les guérissait tous" (Lc 6,19). Ainsi, dans les sacrements, le Christ continue à nous "toucher" pour nous guérir.

1505 Emu par tant de souffrances, le Christ non seulement se laisse toucher par les malades, mais il fait siennes leurs misères: "Il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies" (Mt 8,17 cf. Is 53,4). Il n'a pas guéri tous les malades. Ses guérisons étaient des signes de la venue du Royaume de Dieu. Ils annonçaient une guérison plus radicale: la victoire sur le péché et la mort par sa Pâque. Sur la Croix, le Christ a pris sur lui tout le poids du mal (cf. Is 53,4-6) et a enlevé le "péché du monde" (Jn 1,29), dont la maladie n'est qu'une conséquence. Par sa passion et sa mort sur la Croix, le Christ a donné un sens nouveau à la souffrance: elle peut désormais nous configurer à lui et nous unir à sa passion rédemptrice.


"Guérissez les malades..."

1506 Le Christ invite ses disciples à le suivre en prenant à leur tour leur croix (cf. Mt 10,38). En le suivant, ils acquièrent un nouveau regard sur la maladie et sur les malades. Jésus les associe à sa vie pauvre et servante. Il les fait participer à son ministère de compassion et de guérison: "Ils s'en allèrent prêcher qu'on se repentît; et ils chassaient beaucoup de démons et faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades et les guérissaient" (Mc 6,12-13).

1507 Le Seigneur ressuscité renouvelle cet envoi ("Par mon nom ... ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris": Mc 16,17-18) et le confirme par les signes que l'Eglise accomplit en invoquant son nom (cf. Ac 9,34 Ac 14,3). Ces signes manifestent d'une manière spéciale que Jésus est vraiment "Dieu qui sauve" (cf. Mt 1,21 Ac 4,12).

1508 L'Esprit Saint donne à certains un charisme spécial de guérison (cf. 1Co 12,9 1Co 28 1Co 12,30) pour manifester la force de la grâce du Ressuscité. Même les prières les plus intenses n'obtiennent toutefois pas la guérison de toutes les maladies. Ainsi S. Paul doit apprendre du Seigneur que "ma grâce te suffit: car ma puissance se déploie dans la faiblesse" (2Co 12,9), et que les souffrances à endurer peuvent avoir comme sens que "je complète dans ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l'Eglise" (Col 1,24).

1509 "Guérissez les malades!" (Mt 10,8). Cette charge, l'Eglise l'a reçue du Seigneur et tâche de la réaliser autant par les soins qu'elle apporte aux malades que par la prière d'intercession avec laquelle elle les accompagne. Elle croit en la présence vivifiante du Christ, médecin des âmes et des corps. Cette présence est particulièrement agissante à travers les sacrements, et de manière toute spéciale par l'Eucharistie, pain qui donne la vie éternelle (cf. Jn 6,54 Jn 6,58) et dont S. Paul insinue le lien avec la santé corporelle (cf. 1Co 11,30).

1510 L'Eglise apostolique connaît cependant un rite propre en faveur des malades, attesté par S. Jacques: "Quelqu'un parmi vous est malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient, et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis" (Jc 5,14-15). La Tradition a reconnu dans ce rite un des septs Sacrements de l'Eglise (cf. DS 216 DS 1324-1325 DS 1695-1696 DS 1716-1717).


Un sacrement des malades

1511 L'Eglise croit et confesse qu'il existe, parmi les sept sacrements, un sacrement spécialement destiné à réconforter ceux qui sont éprouvés par la maladie: l'Onction des malades:

Cette onction sainte des malades a été instituée par le Christ notre Seigneur comme un sacrement du Nouveau Testament, véritablement et proprement dit, insinué par Marc (cf.
Mc 6,13), mais recommandé aux fidèles et promulgué par Jacques, apôtre et frère du Seigneur (cf. Jc 5,14-15) (Cc. Trente: DS 1695).

1512 Dans la tradition liturgique, tant en Orient qu'en Occident, on possède dès l'antiquité, des témoignages d'onctions de malades pratiquées avec de l'huile bénite. Au cours des siècles, l'Onction des malades a été conférée de plus en plus exclusivement à ceux qui étaient sur le point de mourir. A cause de cela elle avait reçu le nom d' "Extrême-Onction". Malgré cette évolution la liturgie n'a jamais omis de prier le Seigneur afin que le malade recouvre sa santé si cela est convenable à son salut (cf. DS 1696).

1513 La Constitution apostolique "Sacram unctionem infirmorum" du 30 novembre 1972, à la suite du deuxième Concile du Vatican (cf. SC 73) a établi que désormais, dans le rite romain, on observe ce qui suit:

Le sacrement de l'Onction des malades est conféré aux personnes dangereusement malades, en les oignant sur le front et sur les mains avec de l'huile dûment bénite - huile d'olive ou autre huile extraite de plantes - en disant une seule fois: "Per istam sanctam unctionem et suam piissimam misericordiam adiuvet te Dominus gratia Spiritus Sancti, ut a peccatis liberatum te salvet atque propitius allevet" (cf.CIC 847p1).



II Qui reçoit et qui administre ce sacrement?


En cas de maladie grave ...

1514 L'Onction des malades "n'est pas seulement le sacrement de ceux qui se trouvent à toute extrémité. Aussi, le temps opportun pour la recevoir est-il certainement déja arrivé lorsque le fidèle commence à être en danger de mort à cause de la maladie par suite d'affaiblissement physique ou de vieillesse" (SC 73 cf.CIC 1004p1 CIC 1005 CIC 1007 CIO 738).

1515 Si un malade qui a reçu l'Onction recouvre la santé, il peut, en cas de nouvelle maladie grave, recevoir de nouveau ce sacrement. Au cours de la même maladie, ce sacrement peut être réitéré si la maladie s'aggrave. Il est approprié de recevoir l'Onction des malades au seuil d'une opération importante. Il en va de même pour les personnes âgées dont la fragilité s'accentue.


"...qu'il appelle les presbytres de l'Eglise"

1516 Seuls les prêtres (évêques et presbytres) sont les ministres de l'Onction des malades (cf. Cc. Trente: DS 1697 DS 1719 CIC 1003 CIO 739p1). C'est le devoir des pasteurs d'instruire les fidèles des bienfaits de ce sacrement. Que les fidèles encouragent les malades à faire appel au prêtre pour recevoir ce sacrement. Que les malades se préparent pour le recevoir dans les bonnes dispositions, avec l'aide de leur pasteur et de toute la communauté ecclésiale qui est invitée à entourer tout spécialement les malades de ses prières et de ses attentions fraternelles.



III Comment est célébré ce sacrement?

1517 Comme tous les sacrements, l'Onction des malades est une célébration liturgique et communautaire (cf. SC 27), qu'elle ait lieu en famille, à l'hôpital ou à l'Eglise, pour un seul malade ou pour tout un groupe d'infirmes. Il est très convenable qu'elle soit célébrée au sein de l'Eucharistie, mémorial de la Pâque du Seigneur. Si les circonstances y invitent, la célébration du sacrement peut être précédée du sacrement de Pénitence et suivie du sacrement de l'Eucharistie. En tant que sacrement de la Pâque du Christ, l'Eucharistie devrait toujours être le dernier sacrement de la pérégrination terrestre, le "viatique" pour le "passage" vers la vie éternelle.

1518 Parole et sacrement forment un tout inséparable. La Liturgie de la Parole, précédée d'un acte de pénitence, ouvre la célébration. Les paroles du Christ, le témoignage des Apôtres éveillent la foi du malade et de la communauté pour demander au Seigneur la force de son Esprit.

1519 La célébration du sacrement comprend principalement les éléments suivants: "les prêtres de l'Eglise" (Jc 5,14) imposent - en silence - les mains aux malades; ils prient sur les malades dans la foi de l'Eglise (cf. Jc 5,15); c'est l'épiclèse propre de ce sacrement; ils donnent alors l'onction avec l'huile bénite, si possible, par l'évêque.

Ces actions liturgiques indiquent quelle grâce ce sacrement confère aux malades.



IV Les effets de la célébration de ce sacrement

1520 Un don particulier de l'Esprit Saint. La grâce première de ce sacrement est une grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l'état de maladie grave ou à la fragilité de la vieillesse. Cette grâce est un don du Saint-Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et d'angoisse de la mort (cf. He 2,15). Cette assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire le malade à la guérison de l'âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu (cf. Cc. Florence: DS 1325). En outre, "s'il a commis des péchés, ils lui seront remis" (Jc 5,15 cf. Cc. Trente: DS 1717).

1521 L'union à la Passion du Christ. Par la grâce de ce sacrement, le malade reçoit la force et le don de s'unir plus intimement à la Passion du Christ: il est d'une certaine façon consacré pour porter du fruit par la configuration à la Passion rédemptrice du Sauveur. La souffrance, séquelle du péché originel, reçoit un sens nouveau: elle devient participation à l'oeuvre salvifique de Jésus.

1522 Une grâce ecclésiale. Les malades qui reçoivent ce sacrement, "en s'associant librement à la Passion et à la mort du Christ", apportent "leur part pour le bien du peuple de Dieu" (LG 11). En célébrant ce sacrement, l'Eglise, dans la communion des saints, intercède pour le bien du malade. Et le malade, à son tour, par la grâce de ce sacrement, contribue à la sanctification de l'Eglise et au bien de tous les hommes pour lesquels l'Eglise souffre et s'offre, par le Christ, à Dieu le Père.

1523 Une préparation au dernier passage. Si le sacrement de l'Onction des malades est accordé à tous ceux qui souffrent de maladies et d'infirmités graves, il l'est à plus forte raison à ceux qui sont sur le point de sortir de cette vie ("in exitu vitæ constituti": Cc. Trente: DS 1698), de sorte qu'on l'a aussi appellé "sacramentum exeuntium" (ibid.). L'Onction des malades achève de nous conformer à la mort et à la résurrection du Christ, comme le Baptême avait commencé de le faire. Elle parachève les onctions saintes qui jalonnent toute la vie chrétienne; celle du Baptême avait scellé en nous la vie nouvelle; celle de la Confirmation nous avait fortifiés pour le combat de cette vie. Cette dernière onction munit la fin de notre vie terrestre comme d'un solide rempart en vue des dernières luttes avant l'entrée dans la Maison du Père (ibid.: DS 1694).



V Le Viatique, dernier sacrement du chrétien

1524 A ceux qui vont quitter cette vie, l'Eglise offre, en plus de l'Onction des malades, l'Eucharistie comme viatique. Reçue à ce moment de passage vers le Père, la Communion au Corps et au Sang du Christ a une signification et une importance particulières. Elle est semence de vie éternelle et puissance de résurrection, selon les paroles du Seigneur: "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6,54). Sacrement du Christ mort et ressuscité, l'Eucharistie est ici sacrement du passage de la mort à la vie, de ce monde vers le Père (cf. Jn 13,1).

1525 Ainsi, comme les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Eucharistie constituent une unité appelée "les sacrements de l'initiation chrétienne", on peut dire que la Pénitence, la Sainte Onction et l'Eucharistie, en tant que viatique, constituent, quand la vie chrétienne touche à son terme, "les sacrements qui préparent à la Patrie" ou les sacrements qui achèvent la pérégrination.



En bref

1526 "Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui, après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient, et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis" (Jc 5,14-15).

1527 Le sacrement de l'Onction des malades a pour but de conférer une grâce spéciale au chrétien qui éprouve les difficultés inhérentes à l'état de maladie grave ou à la vieillesse.

1528 Le temps opportun pour recevoir la Sainte Onction est certainement arrivé lorsque le fidèle commence à se trouver en danger de mort pour cause de maladie ou de vieillesse.

1529 Chaque fois qu'un chrétien tombe gravement malade, il peut recevoir la Sainte Onction, de même lorsqu'après l'avoir reçue la maladie s'aggrave.

1530 Seuls les prêtres (presbytres et évêques) peuvent donner le sacrement de l'Onction des malades; pour le conférer ils emploient de l'huile bénite par l'Evêque, ou, au besoin, par le presbytre célébrant lui-même.

1531 L'essentiel de la célébration de ce sacrement consiste en l'onction sur le front et les mains du malade (dans le rite romain) ou sur d'autres parties du corps (en Orient), onction accompagnée de la prière liturgique du prêtre célébrant qui demande la grâce spéciale de ce sacrement.

1532 La grâce spéciale du Sacrement de l'Onction des malades a comme effets:

- l'union du malade à la Passion du Christ, pour son bien et pour celui de toute l''Eglise;

- le réconfort, la paix et le courage pour supporter chrétiennement les souffrances de la maladie ou de la vieillesse;

- le pardon des péchés si le malade n'a pas pu l'obtenir par le sacrement de la Pénitence;

- le rétablissement de la santé, si cela convient au salut spirituel;

- la préparation au passage à la vie éternelle.



Chapitre troisième

Les sacrements du service de la communion


1533 Le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie sont les sacrements de l'initiation chrétienne. Ils fondent la vocation commune de tous les disciples du Christ, vocation à la sainteté et à la mission d'évangéliser le monde. Ils confèrent les grâces nécessaires pour la vie selon l'Esprit en cette vie de pèlerins en marche vers la patrie.

1534 Deux autres sacrements, l'Ordre et le Mariage, sont ordonnés au salut d'autrui. S'ils contribuent également au salut personnel, c'est à travers le service des autres qu'ils le font. Ils confèrent une mission particulière dans l'Eglise et servent à l'édification du peuple de Dieu.

1535 En ces sacrements, ceux qui ont été déjà consacrés par le Baptême et la Confirmation (cf. LG 10) pour le sacerdoce commun de tous les fidèles, peuvent recevoir des consécrations particulières. Ceux qui reçoivent le sacrement de l'Ordre sont consacrés pour être, au nom du Christ, "par la parole et la grâce de Dieu les pasteurs de l'Eglise" (LG 11). De leur côté, "les époux chrétiens, pour accomplir dignement les devoirs de leur état, sont fortifiés et comme consacrés par un sacrement spécial" (GS 48,2).



1998 Catéchisme 1468