1998 Catéchisme 561

En bref

561 "Toute la vie du Christ fut un continuel enseignement: ses silences, ses miracles, ses gestes, sa prière, son amour de l'homme, sa prédilection pour les petits et les pauvres, l'acceptation du sacrifice total sur la Croix pour la rédemption du monde, sa Résurrection sont l'actuation de sa parole et l'accomplissement de la Révélation" (CTR 9).

562 Les disciples du Christ doivent se conformer à Lui jusqu'à ce qu'il soit formé en eux (cf. Ga 4,19). "C'est pourquoi nous sommes assumés dans les Mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa Résurrection, en attendant de l'être à son Règne" (LG 7).

563 Berger ou Mage, on ne peut atteindre Dieu ici-bas qu'en s'agenouillant devant la crêche de Bethléem et en l'adorant caché dans la faiblesse d'un enfant.

564 Par sa soumission à Marie et Joseph, ainsi que par son humble travail pendant de longues années à Nazareth, Jésus nous donne l'exemple de la sainteté dans la vie quotidienne de la famille et du travail.

565 Dès le début de sa vie publique, à son baptême, Jésus est le "Serviteur", entièrement consacré à l'oeuvre rédemptrice qui s'accomplira par le "baptême" de sa passion.

566 La tentation au désert montre Jésus, Messie humble qui triomphe de Satan par sa totale adhésion au dessein de salut voulu par le Père.

567 Le Royaume des cieux a été inauguré sur la terre par le Christ. "Il brille aux yeux des hommes dans la parole, les oeuvres et la présence du Christ" (LG 5). L'Eglise est le germe et le commencement de ce Royaume. Ses clefs sont confiées à Pierre.

568 La Transfiguration du Christ a pour but de fortifier la foi des Apôtres en vue de la Passion: la montée sur la "haute montagne" prépare la montée au Calvaire. Le Christ, Tête de l'Eglise, manifeste ce que son Corps contient et rayonne dans les sacrements: "l'espérance de la Gloire" (Col 1,27) (cf. S. Léon le Grand, serm. 51,3).

569 Jésus est monté volontairement à Jérusalem tout en sachant qu'il y mourrait de mort violente à cause de la contradiction de la part des pécheurs (cf. He 12,3)..

570 L'entrée de Jésus à Jérusalem manifeste la venue du Royaume que le Roi-Messie, accueilli dans sa ville par les enfants et les humbles de coeur, va accomplir par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection.



Article 4 "Jésus-Christ a souffert sous Ponce-Pilate, il a été crucifié, il est mort, il a été enseveli"


571 Le Mystère pascal de la Croix et de la Résurrection du Christ est au coeur de la bonne nouvelle que les Apôtres, et l'Eglise à leur suite, doivent annoncer au monde. Le dessein sauveur de Dieu s'est accompli "une fois pour toutes" (He 9,26) par la mort rédemptrice de son Fils Jésus-Christ.

572 L'Eglise reste fidèle à "l'interprétation de toutes les Ecritures" donnée par Jésus lui-même avant comme après sa Pâque: "Ne fallait-il pas que le Messie endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire?" (Lc 24,26-27 Lc 24,44-45). Les souffrances de Jésus ont pris leur forme historique concrète du fait qu'il a été "rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes" (Mc 8,31) qui l'ont "livré aux païens pour être bafoué, flagellé et mis en croix" (Mt 20,19).

573 La foi peut donc essayer de scruter les circonstances de la mort de Jésus, transmises fidèlement par les Evangiles (cf. DV 19) et éclairées par d'autres sources historiques, pour mieux comprendre le sens de la Rédemption.



Paragraphe 1 Jésus et Israël

574 Dès les débuts du ministère public de Jésus, des Pharisiens et des partisans d'Hérode, avec des prêtres et des scribes, se sont mis d'accord pour le perdre (cf. Mc 3,6). Par certains de ses actes (expulsions de démons, cf. Mt 12,24; pardon des péchés, cf. Mc 2,7; guérisons le jour du sabbat, cf. Mc 3,1-6; interprétation originale des préceptes de pureté de la Loi, cf. Mc 7,14-23; familiarité avec les publicains et les pécheurs publics, cf. Mc 2,14-17) Jésus a semblé à certains, mal intentionnés, suspect de possession (cf. Mc 3,22 Jn 8,48 Jn 10,20). On l'accuse de blasphème (cf. Mc 2,7 Jn 5,18 Jn 10,33) et de faux prophétisme (cf. Jn 7,12 Jn 7,52), crimes religieux que la Loi châtiait par la peine de mort sous forme de lapidation (cf. Jn 8,59 Jn 10,31).

575 Bien des actes et des paroles de Jésus ont donc été un "signe de contradiction" (Lc 2,34) pour les autorités religieuses de Jérusalem, celles que l'Evangile de S. Jean appelle souvent "les Juifs" (cf. Jn 1,19 Jn 2,18 Jn 5,10 Jn 7,13 Jn 9,22 Jn 18,12 Jn 19,38 Jn 20,19), plus encore que pour le commun du peuple de Dieu (cf. Jn 7,48-49). Certes, ses rapports avec les Pharisiens ne furent pas uniquement polémiques. Ce sont des Pharisiens qui le préviennent du danger qu'il court (cf. Lc 13,31). Jésus loue certains d'entre eux comme le scribe de Mc 12, 34 et il mange à plusieures reprises chez des Pharisiens (cf. Lc 7,36 Lc 14,1). Jésus confirme des doctrines partagées par cette élite religieuse du peuple de Dieu: la résurrection des morts (cf. Mt 22,23-34 Lc 20,39), les formes de piété (aumône, jeûne et prière, cf. Mt 6,18) et l'habitude de s'adresser à Dieu comme Père, le caractère central du commandement de l'amour de Dieu et du prochain (cf. Mc 12,28-34).

576 Aux yeux de beaucoup en Israël, Jésus semble agir contre les institutions essentielles du Peuple élu:

- La soumission à la Loi dans l'intégralité de ses préceptes écrits et, pour les Pharisiens, dans l'interprétation de la tradition orale.
- La centralité du Temple de Jérusalem comme lieu saint où Dieu habite d'une manière privilégiée.
- La foi dans le Dieu unique dont aucun homme ne peut partager la gloire.



I Jésus et la Loi

577 Jésus a fait une mise en garde solennelle au début du Sermon sur la Montagne où il a présenté la Loi donnée par Dieu au Sinaï lors de la Première Alliance à la lumière de la grâce de la Nouvelle Alliance:

N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir mais accomplir. Car je vous le dis en vérité, avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l'un de ces moindres préceptes, sera tenu pour moindre dans le Royaume des cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume de cieux" (
Mt 5,17-19).

578 Jésus, le Messie d'Israël, le plus grand donc dans le Royaume des cieux, se devait d'accomplir la Loi en l'exécutant dans son intégralité jusque dans ses moindres préceptes selon ses propres paroles. Il est même le seul à avoir pu le faire parfaitement (cf. Jn 8,46). Les Juifs, de leur propre aveu, n'ont jamais pu accomplir la Loi dans son intégralité sans en violer le moindre précepte (cf. Jn 7,19 Ac 13,38-41 Ac 15,10). C'est pourquoi à chaque fête annuelle de l'Expiation, les enfants d'Israël demandent à Dieu pardon pour leurs transgressions de la Loi. En effet, la Loi constitue un tout et, comme le rappelle S. Jacques, "aurait-on observé la Loi tout entière, si l'on commet un écart sur un seul point, c'est du tout que l'on devient justiciable" (Jc 2,10 cf. Ga 3,10 Ga 5,3).

579 Ce principe de l'intégralité de l'observance de la Loi, non seulement dans sa lettre mais dans son esprit, était cher aux Pharisiens. En le dégageant pour Israël, ils ont conduit beaucoup de Juifs du temps de Jésus à un zèle religieux extrême (cf. Rm 10,2). Celui-ci, s'il ne voulait pas se résoudre en une casuistique "hypocrite" (cf. Mt 15,3-7 Lc 11,39-54), ne pouvait que préparer le Peuple à cette intervention de Dieu inouïe que sera l'exécution parfaite de la Loi par le seul Juste à la place de tous les pécheurs (cf. Is 53,11 He 9,15).

580 L'accomplissement parfait de la Loi ne pouvait être l'oeuvre que du divin Législateur né sujet de la Loi en la personne du Fils (cf. Ga 4,4). En Jésus, la Loi n'apparaît plus gravée sur des tables de pierre mais "au fond du coeur" (Jr 31,33) du Serviteur qui, parce qu'il "apporte fidèlement le droit" (Is 42,3) est devenu "l'Alliance du peuple" (Is 42,6). Jésus accomplit la Loi jusqu'à prendre sur lui "la malédiction de la Loi" (Ga 3,13) encourue par ceux qui ne "pratiquent pas tous les préceptes de la Loi" (Ga 3,10) car "la mort du Christ a eu lieu pour racheter les transgressions de la Première Alliance" (He 9,15).

581 Jésus est apparu aux yeux des Juifs et de leurs chefs spirituels comme un "rabbi" (cf. Jn 11,38 Jn 3,2 Mt 22,23-24 Mt 22,34-36). Il a souvent argumenté dans le cadre de l'interprétation rabbinique de la Loi (cf. Mt 12,5 Mt 9,12 Mc 2,23-27 Lc 6,6-9 Jn 7,22-23). Mais en même temps, Jésus ne pouvait que heurter les docteurs de la Loi car il ne se contentait pas de proposer son interprétation parmi les leurs, "il enseignait comme quelqu'un qui a autorité et non pas comme les scribes" (Mt 7,28-29). En lui, c'est la même Parole de Dieu qui avait retenti au Sinaï pour donner à Moïse la Loi écrite qui se fait entendre de nouveau sur la Montagne des Béatitudes (cf. Mt 5,1). Elle n'abolit pas la Loi mais l'accomplit en fournissant de manière divine son interprétation ultime: "Vous avez appris qu'il a été dit aux ancêtres ... moi je vous dis" (Mt 5,33-34). Avec cette même autorité divine, il désavoue certaines "traditions humaines" (Mc 7,8) des Pharisiens qui "annulent la Parole de Dieu" (Mc 7,13).

582 Allant plus loin, Jésus accomplit la Loi sur la pureté des aliments, si importante dans la vie quotidienne juive, en dévoilant son sens "pédagogique" (cf. Ga 3,24) par une interprétation divine: "Rien de ce qui pénètre du dehors dans l'homme ne peut le souiller... - ainsi il déclarait purs tous les aliments - ... Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Car c'est du dedans, du coeur des hommes que sortent les desseins pervers" (Mc 7,18-21). En délivrant avec autorité divine l'interprétation définitive de la Loi, Jésus s'est trouvé affronté à certains docteurs de la Loi qui ne recevaient pas son interprétation de la Loi garantie pourtant par les signes divins qui l'accompagnaient (cf. Jn 5,36 Jn 10,25 Jn 10,37-38 Jn 12,37). Ceci vaut particulièrement pour la question du sabbat: Jésus rappelle, souvent avec des arguments rabbiniques (cf. Mc 2,25-27 Jn 7,22-24), que le repos du sabbat n'est pas troublé par le service de Dieu (cf. Mt 12,5 Nb 28,9) ou du prochain (cf. Lc 13,15-16 Lc 14,3-4) qu'accomplissent ses guérisons.



II Jésus et le Temple

583 Jésus, comme les prophètes avant lui, a professé pour le Temple de Jérusalem le plus profond respect. Il y a été présenté par Joseph et Marie quarante jours après sa naissance (cf. Lc 2,22-39). A l'âge de douze ans, il décide de rester dans le Temple pour rappeler à ses parents qu'il se doit aux affaires de son Père (cf. Lc 2,46-49). Il y est monté chaque année au moins pour la Pâque pendant sa vie cachée (cf. Lc 2,41); son ministère public lui-même a été rythmé par ses pélerinages à Jérsualem pour les grandes fêtes juives (cf. Jn 2,13-14 Jn 5,1 Jn 5,14 Jn 7,1 Jn 10 Jn 7,14 Jn 8,2 Jn 10,22-23).

584 Jésus est monté au Temple comme au lieu privilégié de la rencontre de Dieu. Le Temple est pour lui la demeure de son Père, une maison de prière, et il s'indigne de ce que son parvis extérieur soit devenu un lieu de trafic (cf. Mt 21,13). S'il chasse les marchands du Temple, c'est par amour jaloux pour son Père: "Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. Ses disciples se rappelèrent qu'il est écrit: 'Le zèle pour ta maison me dévorera' (Ps 69,10)" (Jn 2,16-17). Après sa Résurrection, les Apôtres ont gardé un respect religieux pour le Temple (cf. Ac 2,46 Ac 3,1 Ac 5,20 Ac 5,21 etc.).

585 Au seuil de sa Passion, Jésus a cependant annoncé la ruine de ce splendide édifice dont il ne restera plus pierre sur pierre (cf. Mt 24,1-2). Il y a ici annonce d'un signe des derniers temps qui vont s'ouvrir avec sa propre Pâque (cf. Mt 24,3 Lc 13,35). Mais cette prophétie a pu être rapportée de manière déformée par de faux témoins lors de son interrogatoire chez le grand-prêtre (cf. Mc 14,57-58) et lui être renvoyée comme injure lorsqu'il était cloué sur la croix (cf. Mt 27,39-40).

586 Loin d'avoir été hostile au Temple (cf. Mt 8,4 Mt 23,21 Lc 17,14 Jn 4,22) où il a donné l'essentiel de son enseignement (cf. Jn 18,20), Jésus a voulu payer l'impôt du Temple en s'associant Pierre (cf. Mt 17,24-27) qu'il venait de poser comme fondement pour son Eglise à venir (cf. Mt 16,18). Plus encore, il s'est identifié au Temple en se présentant comme la demeure définitive de Dieu parmi les hommes (cf. Jn 2,21 Mt 12,6). C'est pourquoi sa mise à mort corporelle (cf. Jn 2,18-22) annonce la destruction du Temple qui manifestera l'entrée dans un nouvel âge de l'histoire du salut: "L'heure vient où ce n'est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père" (Jn 4,21 cf. Jn 4,23-24 Mt 27,51 He 9,11 Ap 21,22).



III Jésus et la foi d'Israel au Dieu Unique et Sauveur

587 Si la Loi et le Temple de Jérusalem ont pu être occasion de "contradiction" (cf. Lc 2,34) de la part de Jésus pour les autorités religieuses d'Israël, c'est son rôle dans la rédemption des péchés, oeuvre divine par excellence, qui a été pour elles la véritable pierre d'achoppement (cf. Lc 20,17-18 Ps 118,22).

588 Jésus a scandalisé les Pharisiens en mangeant avec les publicains et les pécheurs (cf. Lc 5,30) aussi familièrement qu'avec eux-mêmes (cf. Lc 7,36 Lc 11,37 Lc 14,1). Contre ceux d'entre eux "qui se flattaient d'être des justes et n'avaient que mépris pour les autres" (Lc 18,9 cf. Jn 7,49 Jn 9,34), Jésus a affirmé: "Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs au repentir" (Lc 5,32). Il est allé plus loin en proclamant face aux Pharisiens que, le péché étant universel (cf. Jn 8,33-36), ceux qui prétendent ne pas avoir besoin de salut s'aveuglent sur eux-mêmes (cf. Jn 9,40-41).

589 Jésus a surtout scandalisé parce qu'il a identifié sa conduite miséricordieuse envers les pécheurs avec l'attitude de Dieu lui-même à leur égard (cf. Mt 9,13 Os 6,6). Il est allé jusqu'à laisser entendre qu'en partageant la table des pécheurs (cf. Lc 15,1-2), il les admettait au banquet messianique (cf. Lc 15,23-32). Mais c'est tout particulièrement en pardonnant les péchés que Jésus a mis les autorités religieuses d'Israël devant un dilemme. Car, comme celles-ci le disent justement dans leur effroi, "Dieu seul peut pardonner les péchés" (Mc 2,7). En pardonnant les péchés, ou bien Jésus blasphème car c'est un homme qui se fait l'égal de Dieu (cf. Jn 5,18 Jn 10,33), ou bien il dit vrai et sa personne rend présent et révèle le Nom de Dieu (cf. Jn 17,6 Jn 17,26).

590 Seule l'identité divine de la personne de Jésus peut justifier une exigence aussi absolue que celle-ci: "Celui qui n'est pas avec moi est contre moi" (Mt 12,30); de même quand il dit qu'il y a en lui "plus que Jonas, ... plus que Salomon" (Mt 12,41-42), "plus que le Temple" (Mt 12,6); quand il rappelle à son sujet que David a appelé le Messie son Seigneur (cf. Mt 12,36 Mt 12,37), quand il affirme: "Avant qu'Abraham fut, Je Suis" (Jn 8,58); et même: "Le Père et moi nous sommes un" (Jn 10,30).

591 Jésus a demandé aux autorités religieuses de Jérusalem de croire en lui à cause des oeuvres de son Père qu'il accomplit (cf. Jn 10,36-38). Mais un tel acte de foi devait passer par une mystérieuse mort à soi-même pour une nouvelle "naissance d'en haut" (Jn 3,7) dans l'attirance de la grâce divine (cf. Jn 6,44). Une telle exigence de conversion face à un accomplissement si surprenant des promesses (cf. Is 53,1) permet de comprendre la tragique méprise du sanhédrin estimant que Jésus méritait la mort comme blasphémateur (cf. Mc 3,6 Mt 26,64-66). Ses membres agissaient ainsi à la fois par "ignorance" (cf. Lc 23,34 Ac 3,17-18) et par "l'endurcissement" (Mc 3,5 Rm 11,25) de "l'incrédulité" (Rm 11,20).



En bref

592 Jésus n'a pas aboli la Loi du Sinaï, mais il l'a accompli (cf. Mt 5,17-19) avec une telle perfection (cf. Jn 8,46) qu'il en révèle le sens ultime (cf. Mt 5,33) et qu'il rachète les transgressions contre elle (cf. He 9,15).

593 Jésus a vénéré le Temple en y montant aux fêtes juives de pèlerinage et il a aimé d'un amour jaloux cette demeure de Dieu parmi les hommes. Le Temple préfigure son Mystère. S'il annonce sa destruction, c'est comme manifestation de sa propre mise à mort et de l'entrée dans un nouvel âge de l'histoire du salut, où son Corps sera le Temple définitif.

594 Jésus a posé des actes, tel le pardon des péchés, qui l'ont manifesté comme étant le Dieu Sauveur lui-même (cf. Jn 5,16-18). Certains Juifs, qui, ne reconnaissant pas le Dieu fait homme (cf. Jn 1,14), voyaient en lui "un homme qui se fait Dieu" (Jn 10,33), l'ont jugé comme un blasphémateur.



Paragraphe 2 Jésus est mort crucifié


I Le procès de Jésus


Divisions des autorités juives à l'égard de Jésus

595 Parmi les autorités religieuses de Jérusalem, non seulement il s'est trouvé le pharisien Nicodème (cf. Jn 7,52) ou le notable Joseph d'Arimathie pour être en secret disciples de Jésus (cf. Jn 19,38-39), mais il s'est produit pendant longtemps des dissensions au sujet de Celui-ci (cf. Jn 9,16-17 Jn 10,19-21) au point qu'à la veille même de sa passion, S. Jean peut dire d'eux qu'"un bon nombre crut en lui", quoique d'une manière très imparfaite (Jn 12,42). Cela n'a rien d'étonnant si l'on tient compte qu'au lendemain de la Pentecôte "une multitude de prêtres obéissait à la foi" (Ac 6,7) et que "certains du parti des Pharisiens étaient devenus croyants" (Ac 15,5) au point que S. Jacques peut dire à S. Paul que "plusieurs milliers de Juifs ont embrassé la foi et ce sont tous d'ardents partisans de la Loi" (Ac 21,20).

596 Les autorités religieuses de Jérusalem n'ont pas été unanimes dans la conduite à tenir vis-à-vis de Jésus (cf. Jn 9,16 Jn 10,19). Les pharisiens ont menacé d'excommunication ceux qui le suivraient (cf. Jn 9,22). A ceux qui craignaient que "tous croient en Jésus et que les Romains viennent détruire notre Lieu Saint et notre nation" (Jn 11,48), le grand-prêtre Caïphe proposa en prophétisant: "Il est de votre intérêt qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne périsse pas tout entière" (Jn 11,49-50). Le Sanhédrin, ayant déclaré Jésus "passible de mort" (Mt 26,66) en tant que blasphémateur, mais ayant perdu le droit de mise à mort (cf. Jn 18,31), livre Jésus aux Romains en l'accusant de révolte politique (cf. Lc 23,2) ce qui mettra celui-ci en parallèle avec Barrabas accusé de "sédition" (Lc 23,19). Ce sont aussi des menaces politiques que les grands-prêtres exercent sur Pilate pour qu'il condamne Jésus à mort (cf. Jn 19,12 Jn 19,15 Jn 19,21).

Les Juifs ne sont pas collectivement responsables de la mort de Jésus

597 En tenant compte de la complexité historique du procès de Jésus manifestée dans les récits évangéliques, et quel que puisse être le péché personnel des acteurs du procès (Judas, le Sanhédrin, Pilate) que seul Dieu connaît, on ne peut en attribuer la responsabilité à l'ensemble des Juifs de Jérusalem, malgré les cris d'une foule manipulée (cf. Mc 15,11) et les reproches globaux contenus dans les appels à la conversion après la Pentecôte (cf. Ac 2,23 Ac 2,36 Ac 3,13-14 Ac 4,10 Ac 5,30 Ac 7,52 Ac 10,39 Ac 13,27-28 1Th 2,14-15). Jésus lui-même en pardonnant sur la croix (cf. Lc 23,34) et Pierre à sa suite ont fait droit à "l'ignorance" (Ac 3,17) des Juifs de Jérusalem et même de leurs chefs. Encore moins peut-on, à partir du cri du peuple: "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants" (Mt 27,25) qui signifie une formule de ratification (cf. Ac 5,28 Ac 18,6), étendre la responsabilité aux autres Juifs dans l'espace et dans le temps:

Aussi bien l'Eglise a-t-elle déclaré au Concile Vatican II: "Ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. ... Les Juifs ne doivent pas être présentés comme réprouvés par Dieu, ni maudits comme si cela découlait de la Sainte Ecriture" (NAE 4).


Tous les pécheurs furent les auteurs de la Passion du Christ

598 L'Eglise, dans le magistère de sa foi et dans le témoignage de ses saints, n'a jamais oublié que "les pécheurs eux-mêmes furent les auteurs et comme les instruments de toutes les peines qu'endura le divin Rédempteur" (Catech. R. 1, 5, 11 cf. He 12,3). Tenant compte du fait que nos péchés atteignent le Christ lui-même (cf. Mt 25,45 Ac 9,4-5), l'Eglise n'hésite pas à imputer aux chrétiens la responsabilité la plus grave dans le supplice de Jésus, responsabilité dont ils ont trop souvent accablé uniquement les Juifs:

Nous devons regarder comme coupables de cette horrible faute, ceux qui continuent à retomber dans leurs péchés. Puisque ce sont nos crimes qui ont fait subir à Notre-Seigneur Jésus-Christ le supplice de la croix, à coup sûr ceux qui se plongent dans les désordres et dans le mal "crucifient de nouveau dans leur coeur, autant qu'il est en eux, le Fils de Dieu par leurs péchés et le couvrent de confusion" (He 6,6). Et il faut le reconnaître, notre crime à nous dans ce cas est plus grand que celui des Juifs. Car eux, au témoignage de l'Apôtre, "s'ils avaient connu le Roi de gloire, ils ne l'auraient jamais crucifié" (1Co 2,8). Nous, au contraire, nous faisons profession de Le connaître. Et lorsque nous Le renions par nos actes, nous portons en quelque sorte sur Lui nos mains meurtrières (Catech. R. 1, 5, 11).

Et les démons, ce ne sont pas eux qui l'ont crucifié; c'est toi qui avec eux l'as crucifié et le crucifies encore, en te délectant dans les vices et les péchés (S. François d'Assise, admon. 5,3).



II La mort rédemptrice du Christ dans le dessein divin de salut


"Jésus livré selon le dessein bien arrêté de Dieu"

599 La mort violente de Jésus n'a pas été le fruit du hasard dans un concours malheureux de circonstances. Elle appartient au mystère du dessein de Dieu, comme S. Pierre l'explique aux Juifs de Jérusalem dès son premier discours de Pentecôte: "Il avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu" (Ac 2,23). Ce langage biblique ne signifie pas que ceux qui ont "livré Jésus" (Ac 3,13) n'ont été que les exécutants passifs d'un scénario écrit d'avance par Dieu.

600 A Dieu tous les moments du temps sont présents dans leur actualité. Il établit donc son dessein éternel de "prédestination" en y incluant la réponse libre de chaque homme à sa grâce: "Oui, vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville contre ton saint serviteur Jésus, que tu as oint, Hérode et Ponce Pilate avec les nations païennes et les peuples d'Israel (cf. Ps 2,1-2), de telle sorte qu'ils ont accompli tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais prédestiné" (Ac 4,27-28). Dieu a permis les actes issus de leur aveuglement (cf. Mt 26,54 Jn 18,36 Jn 19,11) en vue d'accomplir son dessein de salut (cf. Ac 3,17-18).


"Mort pour nos péchés selon les Ecritures"

601 Ce dessein divin de salut par la mise à mort du "Serviteur, le Juste" (Is 53,11 cf. Ac 3,14) avait été annoncé par avance dans l'Ecriture comme un mystère de rédemption universelle, c'est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l'esclavage du péché (cf. Is 53,11-12 Jn 8,34-36). S. Paul professe, dans une confession de foi qu'il dit avoir "reçue" (1Co 15,3) que "le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures" (ibidem; cf. aussi Ac 3,18 Ac 7,52 Ac 13,29 Ac 26,22-23). La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteur souffrant (cf. Is 53,7-8 et Ac 8,32-35). Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant (cf. Mt 20,28). Après sa Résurrection, il a donné cette interprétation des Ecritures aux disciples d'Emmaüs (cf. Lc 24,25-27), puis aux apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24,44-45).


"Dieu l'a fait péché pour nous"

602 S. Pierre peut en conséquence formuler ainsi la foi apostolique dans le dessein divin de salut: "Vous avez été affranchis de la vaine conduite héritée de vos pères par un sang précieux, comme d'un agneau sans reproche et sans tache, le Christ, discerné avant la fondation du monde et manifesté dans les derniers temps à cause de vous" (1P 1,18-20). Les péchés des hommes, consécutifs au péché originel, sont sanctionnés par la mort (cf. Rm 5,12 1Co 15,56). En envoyant son propre Fils dans la condition d'esclave (cf. Ph 2,7), celle d'une humanité déchue et vouée à la mort à cause du péché (cf. Rm 8,3), "Dieu l'a fait péché pour nous, lui qui n'avait pas connu le péché, afin qu'en lui nous devenions justice pour Dieu" (2Co 5,21).

603 Jésus n'a pas connu la réprobation comme s'il avait lui-même péché (cf. Jn 8,46). Mais dans l'amour rédempteur qui l'unissait toujours au Père (cf. Jn 8,29), il nous a assumé dans l'égarement de notre péché par rapport à Dieu au point de pouvoir dire en notre nom sur la croix: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné" (Mc 15,34 Ps 22,1). L'ayant rendu ainsi solidaire de nous pécheurs, "Dieu n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous" (Rm 8,32) pour que nous soyons "réconciliés avec Lui par la mort de son Fils" (Rm 5,10).


Dieu a l'initiative de l'amour rédempteur universel

604 En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que son dessein sur nous est un dessein d'amour bienveillant qui précède tout mérite de notre part: "En ceci consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés" (1Jn 4,10 cf. 1Jn 4,19). "La preuve que Dieu nous aime, c'est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous" (Rm 5,8).

605 Cet amour est sans exclusion Jésus l'a rappelé en conclusion de la parabole de la brebis perdue: "Ainsi on ne veut pas, chez votre Père qui est aux cieux, qu'un seul de ses petits ne se perde" (Mt 18,14). Il affirme "donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mt 20,28); ce dernier terme n'est pas restrictif: il oppose l'ensemble de l'humanité à l'unique personne du Rédempteur qui se livre pour la sauver (cf. Rm 5,18-19). L'Eglise, à la suite des Apôtres (cf. 2Co 5,15 1Jn 2,2), enseigne que le Christ est mort pour tous les hommes sans exception: "Il n'y a, il n'y a eu et il n'y aura aucun homme pour qui le Christ n'ait pas souffert" (Cc. Quiercy en 853: DS 624).



III Le Christ s'est offert lui-même à son Père pour nos péchés


Toute la vie du Christ est offrande au Père

606 Le Fils de Dieu, "descendu du ciel non pour faire sa volonté mais celle de son Père qui l'a envoyé" (Jn 6,38), "dit en entrant dans le monde: ... Voici je viens ... pour faire ô Dieu ta volonté. ... C'est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés par l'oblation du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes" (He 10,5-10). Dès le premier instant de son Incarnation, le Fils épouse le dessein de salut divin dans sa mission rédemptrice: "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener son oeuvre à bonne fin" (Jn 4,34). Le sacrifice de Jésus "pour les péchés du monde entier" (1Jn 2,2) est l'expression de sa communion d'amour au Père: "Le Père m'aime parce que je donne ma vie" (Jn 10,17). "Il faut que le monde sache que j'aime le Père et que je fais comme le Père m'a commandé" (Jn 14,31).

607 Ce désir d'épouser le dessein d'amour rédempteur de son Père anime toute la vie de Jésus (cf. Lc 12,50 Lc 22,15 Mt 16,21-23) car sa Passion rédemptrice est la raison d'être de son Incarnation: "Père, sauve-moi de cette heure! Mais c'est pour cela que je suis venu à cette heure" (Jn 12,27). "La coupe que m'a donnée le Père ne la boirai-je pas?" (Jn 18,11). Et encore sur la croix avant que "tout soit accompli" (Jn 19,30), il dit: "J'ai soif" (Jn 19,28).


"L'agneau qui enlève le péché du monde"

608 Après avoir accepté de lui donner le baptême à la suite des pécheurs (cf. Lc 3,21 Mt 3,14-15), Jean-Baptiste a vu et montré en Jésus l'"Agneau de Dieu, qui enlève les péchés du monde" (Jn 1,29 cf. Jn 1,36). Il manifeste ainsi que Jésus est à la fois le Serviteur souffrant qui se laisse mener silencieux à l'abattoir (Is 53,7 cf. Jr 11,19) et porte le péché des multitudes (cf. Is 53,12), et l'agneau pascal symbole de la rédemption d'Israël lors de la première Pâque (Ex 12,3-14 cf. Jn 19,36 1Co 5,7). Toute la vie du Christ exprime sa mission: "servir et donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mc 10,45).


Jésus épouse librement l'amour rédempteur du Père

609 En épousant dans son coeur humain l'amour du Père pour les hommes, Jésus "les a aimés jusqu'à la fin" (Jn 13,1) "car il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime" (Jn 15,13). Ainsi dans la souffrance et dans la mort, son humanité est devenue l'instrument libre et parfait de son amour divin qui veut le salut des hommes (cf. He 2,10 He 2,17-18 He 4,15 He 5,7-9). En effet, il a librement accepté sa passion et sa mort par amour de son Père et des hommes que Celui-ci veut sauver: "Personne ne m'enlève la vie, mais je la donne de moi-même" (Jn 10,18). D'où la souveraine liberté du Fils de Dieu quand il va lui-même vers la mort (cf. Jn 18,4-6 Mt 26,53).


A la Cène Jésus a anticipé l'offrande libre de sa vie

610 Jésus a exprimé suprêmement l'offrande libre de lui-même dans le repas pris avec les Douze Apôtres (cf. Mt 26,20), dans "la nuit où il fut livré" (1Co 11,23). La veille de sa passion, alors qu'il était encore libre, Jésus a fait de cette dernière Cène avec ses apôtres le mémorial de son offrande volontaire au Père (cf. 1Co 5,7) pour le salut des hommes: "Ceci est mon corps donné pour vous" (Lc 22,19). "Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés" (Mt 26,28).

611 L'Eucharistie qu'il institue à ce moment sera le "mémorial" (1Co 11,25) de son sacrifice. Jésus inclut les apôtres dans sa propre offrande et leur demande de la perpétuer (cf. Lc 22,19). Par là, Jésus institue ses apôtres prêtres de l'Alliance nouvelle: "Pour eux je me consacre afin qu'ils soient eux aussi consacrés dans la vérité" (Jn 17,19 cf. Cc. Trente: DS 1752 DS 1764).


L'agonie à Gethsémani

612 La coupe de la Nouvelle Alliance, que Jésus a anticipée à la Cène en s'offrant lui-même (cf. Lc 22,20), il l'accepte ensuite des mains du Père dans son agonie à Gethsémani (cf. Mt 26,42) en se faisant "obéissant jusqu'à la mort" (Ph 2,8 cf. He 5,7-8). Jésus prie: "Mon Père, s'il est possible que cette coupe passe loin de moi ..." (Mt 26,39). Il exprime ainsi l'horreur que représente la mort pour sa nature humaine. En effet celle-ci, comme la nôtre, est destinée à la vie éternelle; en plus, à la différence de la nôtre, elle est parfaitement exempte du péché (cf. He 4,15) qui cause la mort (cf. Rm 5,12); mais surtout elle est assumée par la personne divine du "Prince de la Vie" (Ac 3,15), du "Vivant" (Ap 1,17 cf. Jn 1,4 Jn 5,26). En acceptant dans sa volonté humaine que la volonté du Père soit faite (cf. Mt 26,42), il accepte sa mort en tant que rédemptrice pour "porter lui-même nos fautes dans son corps sur le bois" (1P 2,24).


La mort du Christ est le sacrifice unique et définitif

613 La mort du Christ est à la fois le sacrifice pascal qui accomplit la rédemption définitive des hommes (cf. 1Co 5,7 Jn 8,34-36) par "l'agneau qui porte le péché du monde" (Jn 1,19 cf. ) et le sacrifice de la Nouvelle Alliance (cf. 1Co 11,15) qui remet l'homme en communion avec Dieu (cf. Ex 24,8) en le réconciliant avec lui par "le sang répandu pour la multitude en rémission des péchés" (Mt 26,28 cf. Lv 16,15-16).

614 Ce sacrifice du Christ est unique, il achève et dépasse tous les sacrifices (cf. He 10,10). Il est d'abord un don de Dieu le Père lui-même: c'est le Père qui livre son Fils pour nous réconcilier avec lui (cf. 1Jn 4,10). Il est en même temps offrande du Fils de Dieu fait homme qui, librement et par amour (cf. Jn 15,13), offre sa vie (cf. Jn 10,17-18) à son Père par l'Esprit Saint (cf. He 9,14), pour réparer notre désobéissance.


Jésus substitue son obéissance à notre désobéissance

615 "Comme par la désobéissance d'un seul la multitude a été constituée pécheresse, ainsi par l'obéissance d'un seul la multitude sera constituée juste" (Rm 5,19). Par son obéissance jusqu'à la mort, Jésus a accompli la substitution du Serviteur souffrant qui "offre sa vie en sacrifice expiatoire", "alors qu'il portait le péché des multitudes" "qu'il justifie en s'accablant lui-même de leurs fautes" (Is 53,10-12). Jésus a réparé pour nos fautes et satisfait au Père pour nos péchés (cf. Cc. Trente: DS 1529).


Sur la croix, Jésus consomme son sacrifice

616 C'est "l'amour jusqu'à la fin" (Jn 13,1) qui confère sa valeur de rédemption et de réparation, d'expiation et de satisfaction au sacrifice du Christ. Il nous a tous connus et aimés dans l'offrande de sa vie (cf. Ga 2,20 Ep 5,2 Ep 5,25). "L'amour du Christ nous presse, à la pensée que, si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts" (2Co 5,14). Aucun homme, fût-il le plus saint, n'était en mesure de prendre sur lui les péchés de tous les hommes et de s'offrir en sacrifice pour tous. L'existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en même temps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui le constitue Tête de toute l'humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous.

617 "Sua sanctissima passione in ligno crucis nobis justificationem meruit" enseigne le Concile de Trente (DS 1529) soulignant le caractère unique du sacrifice du Christ comme "principe de salut éternel" (He 5,9). Et l'Eglise vénère la Croix en chantant: "O crux, ave, spes unica" (Hymne "Vexilla Regis").


Notre participation au sacrifice du Christ

618 La Croix est l'unique sacrifice du Christ "seul médiateur entre Dieu et les hommes" (1Tm 2,5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, "il s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme" (GS 22), il "offre à tous les hommes, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associés au mystère pascal" (GS 22). Il appelle ses disciples à "prendre leur croix et à le suivre" (Mt 16,24) car "il a souffert pour nous, il nous a tracé le chemin afin que nous suivions ses pas" (1P 2,21). Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires (cf. Mc 10,39 Jn 21,18-19 Col 1,24). Cela s'accomplit suprêmement pour sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice (cf. Lc 2,35):

Fuera de la Cruz no hay otra escala por donde subir al cielo (Ste. Rose de Lima, vita).




1998 Catéchisme 561