1998 Catéchisme 619

En bref

619 "Le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures" (1Co 15,3).

620 Notre salut découle de l'initiative d'amour de Dieu envers nous car "c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés" (1Jn 4,10). "C'est Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde" (2Co 5,19).

621 Jésus s'est offert librement pour notre salut. Ce don, il le signifie et le réalise à l'avance pendant la dernière cène: "Ceci est mon corps, qui va être donné pour vous" (Lc 22,19).

622 En ceci consiste la rédemption du Christ: il "est venu donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mt 20,28), c'est-à-dire "aimer les siens jusqu'à la fin" (Jn 13,1) pour qu'ils soient "affranchis de la vaine conduite héritée de leurs pères" (1P 1,18).

623 Par son obéissance aimante au Père, "jusqu'à la mort de la croix" (Ph 2,8), Jésus accomplit la mission expiatrice (cf. Is 53,10) du Serviteur souffrant qui "justifie les multitudes en s'accablant lui-même de leurs fautes" (Is 53,11 cf. Rm 5,19).



Paragraphe 3 Jésus Christ a été enseveli

624 "Par la grâce de Dieu, au bénéfice de tout homme, il a goûté la mort" (He 2,9). Dans son dessein de salut, Dieu a disposé que son Fils non seulement "mourrait pour nos péchés" (1Co 15,3) mais aussi qu'il "goûterait la mort", c'est-à-dire connaîtrait l'état de mort, l'état de séparation entre son âme et son corps, durant le temps compris entre le moment où il a expiré sur la croix et le moment où il est ressuscité. Cet état du Christ mort est le Mystère du sépulcre et de la descente aux enfers. C'est le Mystère du Samedi Saint où le Christ déposé au tombeau (cf. Jn 19,42) manifeste le grand repos sabbatique de Dieu (cf. He 4,7-9) après l'accomplissement (cf. Jn 19,30) du salut des hommes qui met en paix l'univers entier (cf. Col 1,18-20).


Le Christ au sépulcre dans son corps

625 Le séjour du Christ au tombeau constitue le lien réel entre l'état passible du Christ avant Pâque et son actuel état glorieux de Ressuscité. C'est la même personne du "Vivant" qui peut dire: "J'ai été mort et me voici vivant pour les siècles des siècles" (Ap 1,18):

Dieu (le Fils) n'a pas empêché la mort de séparer l'âme du corps, selon l'ordre nécessaire à la nature, mais il les a de nouveau réunis l'un à l'autre par la Résurrection, afin d'être lui-même dans sa personnne le point de rencontre de la mort et de la vie en arrêtant en lui la décomposition de la nature produite par la mort et en devenant lui-même principe de réunion pour les parties séparées (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 16).

626 Puisque le "Prince de la vie" qu'on a mis à mort (Ac 3,15) est bien le même que "le Vivant qui est ressuscité" (Lc 24,5-6), il faut que la personne divine du Fils de Dieu ait continué à assumer son âme et son corps séparés entre eux par la mort:

Du fait qu'à la mort du Christ l'âme a été séparée de la chair, la personne unique ne s'est pas trouvée divisée en deux personnes; car le corps et l'âme du Christ ont existé au même titre dès le début dans la personne du Verbe; et dans la mort, quoique séparés l'un de l'autre, ils sont restés chacun avec la même et unique personne du Verbe (S. Damascène, f. o. 3,27).


"Tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption"

627 La mort du Christ a été une vraie mort en tant qu'elle a mis fin à son existence humaine terrestre. Mais à cause de l'union que son corps a gardé avec la personne du Fils, ce n'est pas une dépouille mortelle comme les autres car "la vertu divine a préservé le corps du Christ de la corruption" (S. Thomas d'A., III 51,3). Du Christ on peut dire à la fois: "Il a été retranché de la terre des vivants" (Is 53,8); et: "Ma chair reposera dans l'espérance que tu n'abandonneras pas mon âme aux enfers et ne laisseras pas ton saint voir la corruption" (Ac 2,26-27 cf. Ps 16,9-10). La Résurrection de Jésus "le troisième jour" (1Co 15,4 Lc 24,46 cf. Mt 12,40 Jon 2,1 Os 6,2) en était la preuve car la corruption était censée se manifester à partir du quatrième jour (cf. Jn 11,39):


"Ensevelis avec le Christ ..."

628 Le Baptême, dont le signe originel et plénier est l'immersion, signifie efficacement la descente au tombeau du chrétien qui meurt au péché avec le Christ en vue d'une vie nouvelle: "Nous avons été ensevelis avec le Christ par le Baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,4 cf. Col 2,12 Ep 5,26).



En bref

629 Au bénéfice de tout homme Jésus a goûté la mort (cf. He 2,9). C'est vraiment le Fils de Dieu fait homme qui est mort et qui a été enseveli.

630 Pendant le séjour du Christ au tombeau sa Personne divine a continué à assumer tant son âme que son corps séparés pourtant entre eux par la mort. C'est pourquoi le corps du Christ mort "n'a pas vu la corruption" (Ac 12,37).



Article 5 "Jésus-Christ est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour"


631 "Jésus est descendu dans les régions inférieures de la terre. Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté" (Ep 4,9-10). Le Symbole des Apôtres confesse en un même article de foi la descente du Christ aux enfers et sa Résurrection des morts le troisième jour, parce que dans sa Pâque c'est du fond de la mort qu'il a fait jaillir la vie:

Christus, Filius tuus,
qui, regressus ab inferis,
humano generi serenus illuxit,
et vivit et regnat in sæcula sæculorum. Amen

(MR, Vigile pascale 18: Exsultet)



Paragraphe 1 Le Christ est descendu aux enfers

632 Les fréquentes affirmations du Nouveau Testament selon lesquelles Jésus "est ressuscité d'entre les morts" (Ac 3,15 Rm 8,11 1Co 15,20) présupposent, préalablement à la résurrection, que celui-ci soit demeuré dans le séjour des morts (cf. He 13,20). C'est le sens premier que la prédication apostolique a donné à la descente de Jésus aux enfers: Jésus a connu la mort comme tous les hommes et les a rejoints par son âme au séjour des morts. Mais il y est descendu en Sauveur, proclamant la bonne nouvelle aux esprits qui y étaient détenus (cf. 1P 3,18-19).

633 Le séjour des morts où le Christ mort est descendu, l'Ecriture l'appelle les enfers, le shéol ou l'hadès (cf. Ph 2,10 Ac 2,24 Ap 1,18 Ep 4,9) parce que ceux qui s'y trouvent sont privés de la vision de Dieu (cf. Ps 6,6 Ps 88,11-13). Tel est en effet, en attendant le Rédempteur, le cas de tous les morts, méchants ou justes (cf. Ps 89,49 1S 28,19 Ez 32,17-32) ce qui ne veut pas dire que leur sort soit identique comme le montre Jésus dans la parabole du pauvre Lazare reçu dans "le sein d'Abraham" (cf. Lc 16,22-26). "Ce sont précisément ces âmes saintes, qui attendaient leur Libérateur dans le sein d'Abraham, que Jésus-Christ délivra lorsqu'il descendit aux enfers" (Catech. R. 1, 6, 3). Jésus n'est pas descendu aux enfers pour y délivrer les damnés (cf. Cc. Rome de 745: DS 587) ni pour détruire l'enfer de la damnation (cf. DS 1011 DS 1077) mais pour libérer les justes qui l'avaient précédé (cf. Cc. Tolède IV en 625: DS 485 Mt 27,52-53).

634 "La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts ..." (1P 4,6). La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d'extension de l'oeuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption.

635 Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l'Homme et que ceux qui l'auront entendue vivent" (Jn 5,25). Jésus, "le Prince de la vie" (Ac 3,15), a "réduit à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort" (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité "détient la clef de la mort et de l'Hadès" (Ap 1,18) et "au Nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers" (Ph 2,10).

Un grand silence régne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles ... Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils ... 'Je suis ton Dieu, et à cause de toi je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t'ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l'enfer. Relève-toi d'entre les morts, je suis la Vie des morts' (Ancienne homélie pour le Samedi Saint).



En bref

636 Dans l'expression "Jésus est descendu aux enfers", le symbole confesse que Jésus est mort réellement, et que, par sa mort pour nous, il a vaincu la mort et le diable "qui a la puissance de la mort" (He 2,14).

637 Le Christ mort, dans son âme unie à sa personne divine, est descendu au séjour des morts. Il a ouvert aux justes qui l'avaient précédé les portes du ciel.



Paragraphe 2 Le troisième jour il est ressuscité des morts

638 "Nous vous annonçons la Bonne Nouvelle: la promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie en notre faveur à nous, leurs enfants: il a ressuscité Jésus" (Ac 13,32-33). La Résurrection de Jésus est la vérité culminante de notre foi dans le Christ, crue et vécue comme vérité centrale par la première communauté chrétienne, transmise comme fondamentale par la Tradition, établie par les documents du Nouveau Testament, prêchée comme partie essentielle du Mystère pascal en même temps que la Croix:

Le Christ est ressuscité des morts.
Par sa mort il a vaincu la mort,
Aux morts il a donné la vie.

(Liturgie byzantine, Tropaire de Pâques)



I L'événement historique et transcendant

639 Le mystère de la résurrection du Christ est un événement réel qui a eu des manifestations historiquement constatées comme l'atteste le Nouveau Testament. Déjà S. Paul peut écrire aux Corinthiens vers l'an 56: "Je vous ai donc transmis ce que j'avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, qu'il a été mis au tombeau, qu'il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, qu'il est apparu à Céphas, puis aux Douze" (1Co 15,3-4). L'Apôtre parle ici de la vivante tradition de la Résurrection qu'il avait apprise après sa conversion aux portes de Damas (cf. Ac 9,3-18).


Le tombeau vide

640 "Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts? Il n'est pas ici, mais il est ressuscité" (Lc 24,5-6). Dans le cadre des événements de Pâques, le premier élément que l'on rencontre est le sépulcre vide. Il n'est pas en soi une preuve directe. L'absence du corps du Christ dans le tombeau pourrait s'expliquer autrement (cf. Jn 20,13 Mt 28,11-15). Malgré cela, le sépulcre vide a constitué pour tous un signe essentiel. Sa découverte par les disciples a été le premier pas vers la reconnaissance du fait de la Résurrection. C'est le cas des saintes femmes d'abord (cf. Lc 24,3 Lc 24,22-23), puis de Pierre (cf. Lc 24,12). "Le disciple que Jésus aimait" (Jn 20,2) affirme qu'en entrant dans le tombeau vide et en découvrant "les linges gisant" (Jn 20,6) "il vit et il crut" (Jn 20,8). Cela suppose qu'il ait constaté dans l'état du sépulcre vide (cf. Jn 20,5-7) que l'absence du corps de Jésus n'a pas pu être une oeuvre humaine et que Jésus n'était pas simplement revenu à une vie terrestre comme cela avait été le cas de Lazare (cf. Jn 11,44).


Les apparitions du Ressuscité

641 Marie de Magdala et les saintes femmes, qui venaient achever d'embaumer le corps de Jésus (cf. Mc 16,1 Lc 24,1) enseveli à la hâte à cause de l'arrivée du Sabbat le soir du Vendredi Saint (cf. Jn 19,31 Jn 19,42), ont été les premières à rencontrer le Ressuscité (cf. Mt 28,9-10 Jn 20,11-18). Ainsi les femmes furent-elles les premières messagères de la Résurrection du Christ pour les Apôtres eux-mêmes (Lc 24,9-10). C'est à eux que Jésus apparaît ensuite, d'abord à Pierre, puis aux Douze (cf. 1Co 15,5). Pierre, appelé à confirmer la foi de ses frères (cf. Lc 22,31-32), voit donc le Ressuscité avant eux et c'est sur son témoignage que la communauté s'écrie: "C'est bien vrai! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon" (Lc 24,34 Lc 24,36).

642 Tout ce qui est arrivé dans ces journées pascales engage chacun des Apôtres - et Pierre tout particulièrement - dans la construction de l'ère nouvelle qui a débuté au matin de Pâques. Comme témoins du Ressuscité ils demeurent les pierres de fondation de son Eglise. La foi de la première communauté des croyants est fondée sur le témoignage d'hommes concrets, connus des chrétiens et, pour la plupart, vivant encore parmi eux. Ces "témoins de la Résurrection du Christ" (cf. Ac 1,22) sont avant tout Pierre et les Douze, mais pas seulement eux: Paul parle clairement de plus de cinq cents personnes auxquelles Jésus est apparu en une seule fois, en plus de Jacques et de tous les apôtres (cf. 1Co 15,4-8).

643 Devant ces témoignages il est impossible d'interpréter la Résurrection du Christ en-dehors de l'ordre physique, et de ne pas la reconnaître comme un fait historique. Il résulte des faits que la foi des disciples a été soumise à l'épreuve radicale de la passion et de la mort en croix de leur maître annoncée par celui-ci à l'avance (cf. Lc 22,31-32). La secousse provoquée par la passion fut si grande que les disciples (tout au moins certains d'entre eux) ne crurent pas aussitôt à la nouvelle de la résurrection. Loin de nous montrer une communauté saisie par une exaltation mystique, les Evangiles nous présentent les disciples abattus ("le visage sombre": Lc 24,17) et effrayés (cf. Jn 20,19). C'est pourquoi ils n'ont pas cru les saintes femmes de retour du tombeau et "leurs propos leur ont semblé du radotage" (Lc 24,11 cf. Mc 16,11 Mc 16,13). Quand Jésus se manifeste aux onze au soir de Pâques, "il leur reproche leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité" (Mc 16,14).

644 Même mis devant la réalité de Jésus ressuscité, les disciples doutent encore (cf. Lc 24,38), tellement la chose leur paraît impossible: ils croient voir un esprit (cf. Lc 24,39). "Dans leur joie ils ne croient pas encore et demeurent saisis d'étonnement" (Lc 24,41). Thomas connaîtra la même épreuve du doute (cf. Jn 20,24-27) et, lors de la dernière apparition en Galilée rapportée par Matthieu, "certains cependant doutèrent" (Mt 28,17). C'est pourquoi l'hypothèse selon laquelle la résurrection aurait été un "produit" de la foi (ou de la crédulité) des apôtres est sans consistance. Bien au contraire, leur foi dans la Résurrection est née - sous l'action de la grâce divine - de l'expérience directe de la réalité de Jésus ressuscité.


L'état de l'humanité ressuscitée du Christ

645 Jésus ressuscité établit avec ses disciples des rapports directs, à travers le toucher (cf. Lc 24,39 Jn 20,27) et le partage du repas (cf. Lc 24,30 Lc 24,41-43 Jn 21,9 Jn 21,13-15). Il les invite par là à reconnaître qu'il n'est pas un esprit (cf. Lc 24,39) mais surtout à constater que le corps ressuscité avec lequel il se présente à eux est le même qui a été martyrisé et crucifié puisqu'il porte encore les traces de sa passion (cf. Lc 24,40 Jn 20,20 Jn 20,27). Ce corps authentique et réel possède pourtant en même temps les propriétés nouvelles d'un corps glorieux: il n'est plus situé dans l'espace et le temps, mais peut se rendre présent à sa guise où et quand il veut (cf. Mt 28,9 Mt 28,16-17 Lc 24,15 Lc 24,36 Jn 20,14 Jn 20,19 Jn 20,26 Jn 21,4) car son humanité ne peut plus être retenue sur terre et n'appartient plus qu'au domaine divin du Père (cf. Jn 20,17). Pour cette raison aussi Jésus ressuscité est souverainement libre d'apparaître comme il veut: sous l'apparence d'un jardinier (cf. Jn 20,14-15) ou "sous d'autres traits" (Mc 16,12) que ceux qui étaient familiers aux disciples, et cela pour susciter leur foi (cf. Jn 20,14 Jn 20,16 Jn 21,4 Jn 21,7).

646 La Résurrection du Christ ne fut pas un retour à la vie terrestre, comme ce fut le cas pour les résurrections qu'il avait accomplies avant Pâques: la fille de Jaïre, le jeune de Naïm, Lazare. Ces faits étaient des événements miraculeux, mais les personnes miraculées retrouvaient, par le pouvoir de Jésus, une vie terrestre "ordinaire". A un certain moment, ils mourront de nouveau. La Résurrection du Christ est essentiellement différente. Dans son corps ressuscité, il passe de l'état de mort à une autre vie au-delà du temps et de l'espace. Le corps de Jésus est, dans la Résurrection, rempli de la puissance du Saint-Esprit; il participe à la vie divine dans l'état de sa gloire, si bien que S. Paul peut dire du Christ qu'il est "l'homme céleste" (cf. 1Co 15,35-50).


La Résurrection comme événement transcendant

647 "O nuit, chante l''Exsultet' de Pâques, toi seule as pu connaître le moment où le Christ est sorti vivant du séjour des morts". En effet, personne n'a été le témoin oculaire de l'événement même de la Résurrection et aucun évangéliste ne le décrit. Personne n'a pu dire comment elle s'était faite physiquement. Moins encore son essence la plus intime, le passage à une autre vie, fut perceptible aux sens. Evénement historique constatable par le signe du tombeau vide et par la réalité des rencontres des apôtres avec le Christ ressuscité, la Résurrection n'en demeure pas moins, en ce qu'elle transcende et dépasse l'histoire, au coeur du Mystère de la foi. C'est pourquoi le Christ ressuscité ne se manifeste pas au monde (cf. Jn 14,22) mais à ses disciples, "à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, ceux-là mêmes qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple" (Ac 13,31).



II La Résurrection - oeuvre de la Sainte Trinité

648 La Résurrection du Christ est objet de foi en tant qu'elle est une intervention transcendante de Dieu lui-même dans la création et dans l'histoire. En elle, les trois Personnes divines à la fois agissent ensemble et manifestent leur originalité propre. Elle s'est fait par la puissance du Père qui "a ressuscité" (cf. Ac 2,24) le Christ, son Fils, et a de cette façon introduit de manière parfaite son humanité - avec son corps - dans la Trinité. Jésus est définitivement révélé "Fils de Dieu avec puissance selon l'Esprit, par sa Résurrection d'entre les morts" (Rm 1,3-4). S. Paul insiste sur la manifestation de la puissance de Dieu (cf. Rm 6,4 2Co 13,4 Ph 3,10 Ep 1,19-22 He 7,16) par l'oeuvre de l'Esprit qui a vivifié l'humanité morte de Jésus et l'a appelée à l'état glorieux de Seigneur.

649 Quant au Fils, il opère sa propre Résurrection en vertu de sa puissance divine. Jésus annonce que le Fils de l'homme devra beaucoup souffrir, mourir, et ensuite ressusciter (sens actif du mot) (cf. Mc 8,31 Mc 9,9-31 Mc 10,34). Ailleurs, il affirme explicitement: "Je donne ma vie pour la reprendre ... J'ai pouvoir de la donner et pouvoir de la reprendre" (Jn 10,17-18). "Nous croyons ... que Jésus est mort, puis est ressuscité" (1Th 4,14).

650 Les Pères contemplent la Résurrection à partir de la personne divine du Christ qui est restée unie à son âme et à son corps séparés entre eux par la mort: "Par l'unité de la nature divine qui demeure présente dans chacune des deux parties de l'homme, celles-ci s'unissent à nouveau. Ainsi la mort se produit par la séparation du composé humain, et la Résurrection par l'union des deux parties séparées" (S. Grégoire de Nysse, res. 1; cf. aussi DS 325 DS 359 DS 369 DS 539).



III Sens et portée salvifique de la Résurrection

651 "Si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et vaine aussi notre foi" (1Co 15,14). La Résurrection constitue avant tout la confirmation de tout ce que le Christ lui-même a fait et enseigné. Toutes les vérités, même les plus inaccessibles à l'esprit humain, trouvent leur justification si en ressuscitant le Christ a donné la preuve définitive qu'il avait promise, de son autorité divine.

652 La Résurrection du Christ est accomplissement des promesses de l'Ancien Testament (cf. Lc 24,26-27 Lc 24,44-48) et de Jésus lui-même durant sa vie terrestre (cf. Mt 28,6 Mc 16,7 Lc 24,6-7). L'expression "selon les Ecritures" (cf. 1Co 15,3-4 et le Symbole de Nicée-Constantinople) indique que la Résurrection du Christ accomplit ces prédictions.

653 La vérité de la divinité de Jésus est confirmée par sa Résurrection. Il avait dit: "Quand vous aurez élevé le Fils de l'Homme, alors vous saurez que Je Suis" (Jn 8,28). La Résurrection du Crucifié démontra qu'il était vraiment "Je Suis", le Fils de Dieu et Dieu Lui-même. S. Paul a pu déclarer aux Juifs: "La promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie en notre faveur ...; il a ressuscité Jésus, ainsi qu'il était écrit au Psaume premier: Tu es mon Fils, moi-même aujourd'hui je t'ai engendré" (Ac 13,32 Ac 13,34 cf. Ps 2,7). La Résurrection du Christ est étroitement liée au Mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. Elle en est l'accomplissement selon le dessein éternel de Dieu.

654 Il y a un double aspect dans le Mystère pascal: par sa mort il nous libère du péché, par sa Résurrection il nous ouvre l'accès à une nouvelle vie. Celle-ci est d'abord la justification qui nous remet dans la grâce de Dieu (cf. Rm 4,25) "afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,4). Elle consiste en la victoire sur la mort du péché et dans la nouvelle participation à la grâce (cf. Ep 2,4-5 1P 1,3). Elle accomplit l'adoption filiale car les hommes deviennent frères du Christ, comme Jésus lui-même appelle ses disciples après sa Résurrection: "Allez annoncer à mes frères" (Mt 28,10 Jn 20,17). Frères non par nature, mais par don de la grâce, parce que cette filiation adoptive procure une participation réelle à la vie du Fils unique, qui s'est pleinement révélée dans sa Résurrection.

655 Enfin, la Résurrection du Christ - et le Christ ressuscité lui-même - est principe et source de notre résurrection future: "Le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis ..., de même que tous meurent en Adam, tous aussi revivront dans le Christ" (1Co 15,20-22). Dans l'attente de cet accomplissement, le Christ ressuscité vit dans le coeur de ses fidèles. En Lui les chrétiens "goûtent aux forces du monde à venir" (He 6,5) et leur vie est entraînée par le Christ au sein de la vie divine (cf. Col 3,1-3) "afin qu'ils ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui est mort et ressucité pour eux" (2Co 5,15).



En bref

656 La foi en la Résurrection a pour objet un événement à la fois historiquement attesté par les disciples qui ont réellement rencontré le Ressuscité, et mystérieusement transcendant en tant qu'entrée de l'humanité du Christ dans la gloire de Dieu.

657 Le tombeau vide et les linges gisants signifient par eux-mêmes que le corps du Christ a échappé aux liens de la mort et de la corruption par la puissance de Dieu. Ils préparent les disciples à la rencontre du Ressuscité.

658 Le Christ, "premier né d'entre les morts" (Col 1,18), est le principe de notre propre résurrection, dès maintenant par la justification de notre âme (cf. Rm 6,4), plus tard par la vivification de notre corps (cf. Rm 8,11).



Article 6 "Jésus est monté aux cieux, il siège à la droite de Dieu, le Père tout-puissant"


659 "Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu" (Mc 16,19). Le Corps du Christ a été glorifiée dès l'instant de sa Résurrection comme le prouvent les propriétés nouvelles et surnaturelles dont jouit désormais son corps en permanence (cf. Lc 24,31 Jn 20,19 Jn 20,26). Mais pendant les quarante jours où il va manger et boire familièrement avec ses disciples (cf. Ac 10,41) et les instruire sur le Royaume (cf. Ac 1,3), sa gloire reste encore voilée sous les traits d'une humanité ordinaire (cf. Mc 16,12 Lc 24,15 Jn 20,14-15 Jn 21,4). La dernière apparition de Jésus se termine par l'entrée irréversible de son humanité dans la gloire divine symbolisée par la nuée (cf. Ac 1,9 cf. aussi Lc 9,34-35 Ex 13,22) et par le ciel (cf. Lc 24,51) où il siège désormais à la droite de Dieu (cf. Mc 16,19 Ac 2,33 Ac 7,56 cf. aussi Ps 110,1). Ce n'est que de manière tout à fait exceptionnelle et unique qu'il se montrera à Paul "comme à l'avorton" (1Co 15,8) en une dernière apparition qui le constitue apôtre (cf. 1Co 9,1 Ga 1,16).

660 Le caractère voilé de la gloire du Ressuscité pendant ce temps transparaît dans sa parole mystérieuse à Marie-Madeleine: "Je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va vers mes frères et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu" (Jn 20,17). Ceci indique une différence de manifestation entre la gloire du Christ ressuscité et celle du Christ exalté à la droite du Père. L'événement à la fois historique et transcendant de l'Ascension marque la transition de l'une à l'autre.

661 Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c'est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l'Incarnation. Seul celui qui est "sorti du Père" peut "retourner au Père": le Christ (cf. Jn 16,28). "Personne n'est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l'Homme qui est descendu des cieux" (Jn 3,13 cf. Ep 4,8-10). Laissée à ses forces naturelles, l'humanité n'a pas accès à la "Maison du Père" (Jn 14,2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l'homme, "de sorte que nous, ses membres, nous ayons l'espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés" (MR, éface de l'Ascension)

662 "Moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi" (Jn 12,32). L'élévation sur la Croix signifie et annonce l'élévation de l'Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l'unique Prêtre de l'Alliance nouvelle et éternelle, n'est pas "entré dans un sanctuaire fait de mains d'hommes ... mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur" (He 7,24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, "étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s'avancent vers Dieu" (He 9,25). Comme "grand prêtre des biens à venir" (He 9,11), il est le centre et l'acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4,6-11).

663 Le Christ, désormais, siège à la droite du Père:: "Par droite du Père nous entendons la gloire et l'honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s'est assis corporellement après qu'il s'est incarné et que sa chair a été glorifiée" (S. Damascène, f. o. 4,2: PG 94,1104C).

664 La session à la droite du Père signifie l'inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l'homme: "A lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit" (Da 7,14). A partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du "Règne qui n'aura pas de fin" (Symbole de Nicée-Constantinople).



En bref

665 L'ascension du Christ marque l'entrée définitive de l'humanité de Jésus dans le domaine céleste de Dieu d'où il reviendra (cf. Ac 1,11), mais qui entre-temps le cache aux yeux des hommes (cf. Col 3,3).

666 Jésus Christ, tête de l'Eglise, nous précède dans le Royaume glorieux du Père pour que nous, membres de son corps, vivions dans l'espérance d'être un jour éternellement avec lui.

667 Jésus Christ, étant entré une fois pour toutes dans le sanctuaire du ciel, intercède sans cesse pour nous comme le médiateur qui nous assure en permanence l'effusion de l'Esprit Saint .



Article 7 "D'où il viendra juger les vivants et les morts"


I Il reviendra dans la gloire


Le Christ règne déjà par l'Eglise ...

668 "Le Christ est mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants" (Rm 14,9). L'Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l'autorité de Dieu lui-même. Jésus-Christ est Seigneur: il possède tout pouvoir dans les cieux et sur la terre. Il est "au-dessus de toute autorité, pouvoir, puissance et souveraineté", car le Père "a tout mis sous ses pieds" (Ep 1,20-22). Le Christ est le Seigneur du cosmos (cf. Ep 4,10 1Co 15,24 1Co 15,27-28) et de l'histoire. En lui, l'histoire de l'homme et même toute la création trouvent leur "récapitulation" (Ep 1,10), leur achèvement transcendant.

669 Comme Seigneur, le Christ est aussi la tête de l'Eglise qui est son Corps (cf. Ep 1,22). Elevé au ciel et glorifié, ayant ainsi accompli pleinement sa mission, il demeure sur la terre dans son Eglise. La Rédemption est la source de l'autorité que le Christ, en vertu de l'Esprit Saint, exerce sur l'Eglise (cf. Ep 4,11-13). "Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l'Eglise", "germe et commencement de ce Royaume sur la terre" (LG 3 LG 5).

670 Depuis l'Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à "la dernière heure" (1Jn 2,18 cf. ). "Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. Le renouvellement du monde est irrévocablement acquis et, en toute réalité, anticipé dès maintenant: en effet, déjà sur la terre l'Eglise est parée d'une sainteté imparfaite mais véritable" (LG 48). Le Royaume du Christ manifeste déjà sa présence par les signes miraculeux (cf. Mc 16,17-18) qui accompagnent son annonce par l'Eglise (cf. Mc 16,20).


... en attendant que tout lui soit soumis

671 Déjà présent dans son Eglise, le Règne du Christ n'est cependant pas encore achevé "avec puissance et grande gloire" (Lc 21,27 cf. Mt 25,31) par l'avènement du Roi sur la terre. Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2Th 2,7) même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. Jusqu'à ce que tout lui ai été soumis (cf. 1Co 15,28), "jusqu'à l'heure où seront réalisés les nouveaux cieux et la nouvelle terre où la justice habite, l'Eglise en pèlerinage porte dans ses sacrements et ses institutions, qui relèvent de ce temps, la figure du siècle qui passe; elle vit elle-même parmi les créatures qui gémissent présentement encore dans les douleurs de l'enfantement et attendent la manifestation des fils de Dieu" (LG 48). Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l'Eucharistie (cf. 1Co 11,26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2P 3,11-12) en lui disant: "Viens, Seigneur" (1Co 16,22 Ap 22,17 Ap 22,20).

672 Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n'était pas encore l'heure de l'établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1,6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11,1-9), l'ordre définitif de la justice, de l'amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l'Esprit et du témoignage (cf. Ac 1,8), mais c'est aussi un temps encore marqué par la "détresse" (1Co 7,26) et l'épreuve du mal (cf. Ep 5,16) qui n'épargne pas l'Eglise (cf. 1P 4,17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1Jn 2,18 1Jn 4,3 1Tm 4,1). C'est un temps d'attente et de veille (cf. Mt 25,1 Mt 25,13 Mc 13,33-37).


L'avènement glorieux du Christ, espérance d'Israël

673 Depuis l'Ascension, l'avènement du Christ dans la gloire est imminent (cf. Ap 22,20) même s'il ne nous "appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité" (Ac 1,7 cf. Mc 13,32). Cet avènement eschatologique peut s'accomplir à tout moment (cf. Mt 24,44 1Th 5,2) même s'il est "retenu", lui et l'épreuve finale qui le précédera (cf. 2Th 2,3-12).

674 La venue du Messie glorieux est suspendue à tout moment de l'histoire (cf. Rm 11,31) à sa reconnaissance par "tout Israël" (Rm 11,26 Mt 23,39) dont "une partie s'est endurcie" (Rm 11,25) dans "l'incrédulité" (Rm 11,20) envers Jésus. S. Pierre le dit aux juifs de Jérusalem après la Pentecôte: "Repentez-vous et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés et qu'ainsi le Seigneur fasse venir le temps de répit. Il enverra alors le Christ qui vous est destiné, Jésus, celui que le Ciel doit garder jusqu'au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé dans la bouche de ses saints prophètes" (Ac 3,19-21). Et S. Paul lui fait écho: "Si leur mise à l'écart fut une réconciliation pour le monde, que sera leur assomption, sinon la vie sortant des morts?" (Rm 11,15). L'entrée de "la plénitude des juifs" (Rm 11,12) dans le salut messianique, à la suite de "la plénitude des païens" (Rm 11,25 cf. Lc 21,24), donnera au Peuple de Dieu de "réaliser la plénitude du Christ" (Ep 4,13) dans laquelle "Dieu sera tout en tous" (1Co 15,28).


L'Epreuve ultime de l'Eglise

675 Avant l'avènement du Christ, l'Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18,8 Mt 24,12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21,12 Jn 15,19-20) dévoilera le "Mystère d'iniquité" sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l'apostasie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Anti-Christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2Th 2,4-12 1Th 5,2-3 2Jn 7 1Jn 2,18 1Jn 2,22).

676 Cette imposture anti-christique se dessine déjà dans le monde chaque fois que l'on prétend accomplir dans l'histoire l'espérance messianique qui ne peut s'achever qu'au-delà d'elle à travers le jugement eschatologique: même sous sa forme mitigée, l'Eglise a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme (cf. DS 3839), surtout sous la forme politique d'un messianisme sécularisé, "intrinsèquement perverse" (cf. Pie XI, enc. "Divini Redemptoris" condamnant le "faux mysticisme" de cette "contrefaçon de la rédemption des humbles"; GS 20-21).

677 L'Eglise n'entrera dans la gloire du Royaume qu'à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection (cf. Ap 19,1-9). Le Royaume ne s'accomplira donc pas par un triomphe historique de l'Eglise (cf. Ap 13,8) selon un progrès ascendant mais par une victoire de Dieu sur le déchaînement ultime du mal (cf. Ap 20,7-10) qui fera descendre du Ciel son Epouse (cf. Ap 21,2-4). Le triomphe de Dieu sur la révolte du mal prendra la forme du Jugement dernier (cf. Ap 20,12) après l'ultime ébranlement cosmique de ce monde qui passe (cf. 2P 3,12-13).




1998 Catéchisme 619