1998 Catéchisme 857

IV L'Eglise est apostolique

857 L'Eglise est apostolique parce qu'elle est fondée sur les Apôtres, et ceci en un triple sens:

- elle a été et demeure bâtie sur "le fondement des Apôtres" (
Ep 2,20 Ap 21,14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28,16-20 Ac 1,8 1Co 9,1 1Co 15,7-8 Ga 1,1 etc.);
- elle garde et transmet, avec l'aide de l'Esprit qui habite en elle, l'enseignement (cf. Ac 2,42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des Apôtres (cf. 2Tm 1,13-14);
- elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les Apôtres jusqu'au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale: le collège des évêques, "assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l'Eglise" (AGD 5):
Gregem tuum, Pastor æterne, non deseris, sed per beatos Apostolos continua protectione custodis, ut iisdem rectoribus gubernetur, quos Filii tui vicarios eidem contulisti præesse pastores (MR,Préface des Apôtres).


La mission des Apôtres

858 Jésus est l'Envoyé du Père. Dès le début de son ministère, il "appela à lui ceux qu'il voulut, et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer prêcher" (Mc 3,13-14). Dès lors, ils seront ses "envoyés" (ce que signifie le mot grec "apostoloi"). En eux continue sa propre mission: "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20,21 cf. Jn 13,20 Jn 17,18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission: "qui vous accueille, m'accueille", dit-il aux Douze (Mt 10,40 cf. Lc 10,16).

859 Jésus les unit à sa mission reçue du Père: comme "le Fils ne peut rien faire de Lui-même" (Jn 5,19 Jn 5,30), mais reçoit tout du Père qui l'a envoyé, ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15,5) de qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l'accomplir. Les Apôtres du Christ savent donc qu'ils sont qualifiés par Dieu comme "ministres d'une alliance nouvelle" (2Co 3,6), "ministres de Dieu" (2Co 6,4), "en ambassade pour le Christ" (2Co 5,20), "serviteurs du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu" (1Co 4,1).

860 Dans la charge des Apôtres, il y a un aspect intransmissible: être les témoins choisis de la Résurrection du Seigneur et les fondements de l'Eglise. Mais il y a aussi un aspect permanent de leur charge. Le Christ leur a promis de rester avec eux jusqu'à la fin des temps (cf. Mt 28,20). "La mission divine confiée par Jésus aux Apôtres est destinée à durer jusqu'à la fin des siècles, étant donné que l'Evangile qu'ils doivent transmettre est pour l'Eglise principe de toute sa vie, pour toute la durée du temps. C'est pourquoi les Apôtres prirent soin d'instituer ... des successeurs" (LG 20).


Les évêques successeurs des Apôtres

861 "Pour que la mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les Apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats d'achever leur tâche et d'affermir l'oeuvre commencée par eux, leur recommandant de prendre garde au troupeau dans lequel l'Esprit Saint les avait institués pour paître l'Eglise de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et disposèrent par la suite qu'après leur mort d'autres hommes éprouvés recueilleraient leur ministère" (LG 20 cf. S. Clément de Rome, Cor. 42 44).

862 "De même que la charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge permanente, permanente est également la charge confiée aux Apôtres d'être les pasteurs de l'Eglise, charge dont l'ordre sacré des évêques doit assurer la pérennité". C'est pourquoi l'Eglise enseigne que "les évêques, en vertu de l'institution divine, succèdent aux Apôtres, comme pasteurs de l'Eglise, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ" (LG 20).


L'apostolat

863 Toute l'Eglise est apostolique en tant qu'elle demeure, à travers les successeurs de S. Pierre et des Apôtres, en communion de foi et de vie avec son origine. Toute l'Eglise est apostolique en tant qu'elle est "envoyée" dans le monde entier; tous les membres de l'Eglise, toutefois de diverses manières, ont part à cet envoi. "La vocation chrétienne est aussi par nature vocation à l'apostolat". On appelle "apostolat" "toute activité du Corps mystique" qui tend à "étendre le règne du Christ à toute la terre" (AA 2).

864 "Le Christ envoyé par le Père étant la source et l'origine de tout l'apostolat de l'Eglise", il est évident que la fécondité de l'apostolat, celui des ministres ordonnés comme celui des laïcs, dépend de leur union vitale avec le Christ (cf. Jn 15,5 AA 5). Selon les vocations, les appels du temps, les dons variés du Saint-Esprit, l'apostolat prend les formes les plus diverses. Mais c'est toujours la charité, puisée surtout dans l'Eucharistie, "qui est comme l'âme de tout apostolat" (AA 3).




865 L'Eglise est une, sainte, catholique et apostolique dans son identité profonde et ultime, parce que c'est en elle qu'existe déjà et sera accompli à la fin des temps "le Royaume des cieux", "le Règne de Dieu" (cf. Ap 19,6), advenu dans la Personne du Christ et grandissant mystérieusement au coeur de ceux qui Lui sont incorporés, jusqu'à sa pleine manifestation eschatologique. Alors tous les hommes rachetés par Lui, rendus en lui "saints et immaculés en présence de Dieu dans l'Amour" (cf. Ep 1,4), seront rassemblés comme l'unique Peuple de Dieu, "l'Epouse de l'Agneau" (Ap 21,9), "la Cité Sainte descendant du Ciel, de chez Dieu, avec en elle la Gloire de Dieu" (Ap 21,10-11); et "le rempart de la ville repose sur les douze assises portant chacune le nom de l'un des douze Apôtres de l'Agneau" (Ap 21,14).



En bref

866 L'Eglise est une: Elle a un seul Seigneur, elle confesse une seule foi, elle naît d'un seul Baptême, elle ne forme qu'un Corps, vivifié par un seul Esprit, en vue d'une unique espérance (cf. Ep 4,3-5) au terme de laquelle seront surmontées toutes les divisions.

867 L'Eglise est sainte: Le Dieu très saint est son auteur; le Christ, son Epoux, s'est livré pour elle pour la sanctifier; l'Esprit de sainteté la vivifie. Encore qu'elle comprenne des pécheurs, elle est "ex maculatis immaculata". Dans les saints brille sa sainteté; en Marie elle est déjà la toute sainte.

868 L'Eglise est catholique: Elle annonce la totalité de la foi; elle porte en elle et administre la plénitude des moyens de salut; elle est envoyée à tous les peuples; elle s'adresse à tous les hommes; elle embrasse tous les temps; "elle est, de par sa nature même, missionnaire" (AGD 2).

869 L'Eglise est apostolique: Elle est bâtie sur des assises durables: "les douze Apôtres de l'Agneau" (Ap 21,14); elle est indestructible (cf. Mt 16,18); elle est infailliblement tenue dans la vérité: le Christ la gouverne par Pierre et les autres apôtres, présents en leurs successeurs, le Pape et le collège des évêques.

870 "L'unique Eglise du Christ, dont nous professons dans le Symbole qu'elle est une, sainte, catholique et apostolique, ... c'est dans l'Eglise catholique qu'elle existe, gouvernée par le successeur de Pierre et par les évêques qui sont en communion avec lui, encore que des éléments nombreux de sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures" (LG 8).



Paragraphe 4 Les fideles du Christ - Hiérarchie, laïcs, vie consacrée

871 "Les fidèles du Christ sont ceux qui, en tant qu'incorporés au Christ par le Baptême, sont constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette raison, participant à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, sont appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission que Dieu a confiée à l'Eglise pour qu'elle l'accomplisse dans le monde" (CIC 204 p.1 cf. LG 31).

872 "Entre tous les fidèles du Christ, du fait de leur regénération dans le Christ, il existe, quant à la dignité et à l'activité, une véritable égalité en vertu de laquelle tous coopèrent à l'édification du Corps du Christ, selon la condition et la fonction propre de chacun" (CIC 208 cf. LG 32).

873 Les différences mêmes que le Seigneur a voulu mettre entre les membres de son Corps servent son unité et sa mission. Car "il y a dans l'Eglise diversité de ministères, mais unité de mission. Le Christ a confié aux Apôtres et à leurs successeurs la charge d'enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son pouvoir. Mais les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ assument, dans l'Eglise et dans le monde, leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier" (AA 2). Enfin il y a "des fidèles qui appartiennent à l'une et l'autre catégorie (hiérarchie et laïcs) et qui, par la profession des conseils évangéliques ... sont consacrés à Dieu et concourent à la mission salvatrice de l'Eglise à leur manière propre" (CIC 207 p.2).



I La constitution hiérarchique de l'Eglise


Pourquoi le ministère ecclésial?

874 Le Christ est lui-même la source du ministère dans l'Eglise. Il l'a instituée, lui a donné autorité et mission, orientation et finalité:

Le Christ Seigneur, pour assurer au peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a institué dans son Eglise des ministères variés qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres qui disposent du pouvoir sacré, sont au service de leurs frères, pour que tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu ... parviennent au salut (
LG 18).

875 "Comment croire sans d'abord entendre? Et comment entendre sans prédicateur? Et comment prêcher sans être d'abord envoyé?" (Rm 10,14-15). Personne, aucun individu ni aucune communauté, ne peut s'annoncer à lui-même l'Évangile. "La foi vient de l'écoute" (Rm 10,17). Personne ne peut se donner lui-même le mandat et la mission d'annoncer l'Évangile. L'envoyé du Seigneur parle et agit non pas par autorité propre, mais en vertu de l'autorité du Christ; non pas comme membre de la communauté, mais parlant à elle au nom du Christ. Personne ne peut se conférer à lui-même la grâce, elle doit être donnée et offerte. Cela suppose des ministres de la grâce, autorisés et habilités de la part du Christ. De Lui, les évêques et les prêtres reçoivent la mission et la faculté (le "pouvoir sacré") d'agir in persona Christi Capitis, les Diacres, la force de servir le peuple de Dieu dans la "diaconie" de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l'évêque et son presbytérium. Ce ministère, dans lequel les envoyés du Christ font et donnent par don de Dieu ce qu'ils ne peuvent faire et donner d'eux-mêmes, la tradition de l'Église l'appelle "sacrement". Le ministère de l'Église est conféré par un sacrement propre..

876 Intrinsèquement lié à la nature sacramentelle du ministère ecclésial est son caractère de service. En effet, entièrement dépendant du Christ qui donne mission et autorité, les ministres sont vraiment "esclaves du Christ" (Rm 1,1), à l'image du Christ qui a pris librement pour nous "la forme d'esclave" (Ph 2,7). Parce que la parole et la grâce dont ils sont les ministres ne sont pas les leurs, mais celles du Christ qui les leurs a confiées pour les autres, ils se feront librement esclaves de tous (cf. 1Co 9,19).

877 De même, il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu'il ait un caractère collégial. En effet, dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus institua les Douze, "les germes du Nouvel Israël et en même temps l'origine de la hiérarchie sacrée" (AGD 5). Choisis ensemble, ils sont aussi envoyés ensemble, et leur unité fraternelle sera au service de la communion fraternelle de tous les fidèles; elle sera comme un reflet et un témoignage de la communion des personnes divines (cf. Jn 17,21-23). Pour cela, tout évêque exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en communion avec l'évêque de Rome, successeur de S. Pierre et chef du collège; les prêtres exercent leur ministère au sein du presbyterium du diocèse, sous la direction de leur évêque.

878 Enfin il est de la nature sacramentelle du ministère ecclésial qu'il ait un caractère personnel. Si les ministres du Christ agissent en communion, ils agissent toujours aussi de façon personnelle. Chacun est appelé personnellement: "Toi, suis-moi" (Jn 21,22 cf. Mt 4,19 Mt 4,21 Jn 1,43) pour être, dans la mission commune, témoin personnel, portant personnellement responsabilité devant Celui qui donne la mission, agissant "en Sa personne" et pour des personnes: "Je te baptise au nom du Père ..."; "Je te pardonne ...".

879 Le ministère sacramentel dans l'Église est donc un service exercé au nom du Christ. Il a un caractère personnel et une forme collégiale. Cela se vérifie dans les liens entre le collège épiscopal et son chef, le successeur de S. Pierre, et dans le rapport entre la responsabilité pastorale de l'évêque pour son Église particulière et la sollicitude commune du collège épiscopal pour l'Église Universelle.


Le collège épiscopal et son chef, le Pape

880 Le Christ, en instituant les Douze, "leur donna la forme d'un collège, c'est-à-dire d'un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux" (LG 19). "De même que S. Pierre et les autres apôtres constituent, de par l'institution du Seigneur, un seul collège apostolique, semblablement le Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques, successeurs des Apôtres, forment entre eux un tout" (LG 22 cf. CIC 330).

881 Le Seigneur a fait du seul Simon, auquel il donna le nom de Pierre, la pierre de son Eglise. Il lui en a remis les clefs (cf. Mt 16,18-19); il l'a institué pasteur de tout le troupeau (cf. Jn 21,15-17). "Mais cette charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des Apôtres unis à leur chef" (LG 22). Cette charge pastorale de Pierre et des autres Apôtres appartient aux fondements de l'Eglise. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du Pape.

882 Le Pape, évêque de Rome et successeur de S. Pierre, "est principe perpétuel et visible et fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude des fidèles" (LG 23). "En effet, le Pontife romain a sur l'Eglise, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l'Eglise, un pouvoir plénier, suprême et universel qu'il peut toujours librement exercer" (LG 22 cf. CD 2 CD 9).

883 "Le collège ou corps épiscopal n'a d'autorité que si on l'entend comme uni au Pontife romain, comme à son chef". Comme tel, ce collège est "lui aussi le sujet d'un pouvoir suprême et plénier sur toute l'Eglise, pouvoir cependant qui ne peut s'exercer qu'avec le consentement du Pontife romain" (LG 22 cf. CIC 336).

884 "Le Collège des Evêques exerce le pouvoir sur l'Eglise tout entière de manière solennelle dans le Concile Oucuménique" (CIC 337,1). "Il n'y a pas de Concile Oucuménique s'il n'est comme tel confirmé ou tout au moins accepté par le successeur de Pierre" (LG 22).

885 "Par sa composition multiple, ce collège exprime la variété et l'universalité du peuple de Dieu; il exprime, par son rassemblement sous un seul chef, l'unité du troupeau du Christ" (LG 22).

886 "Les évêques sont, chacun pour sa part, principe et fondement de l'unité dans leurs Eglises particulières" (LG 23). Comme tels ils "exercent leur autorité pastorale sur la portion du peuple de Dieu qui leur a été confiée" (LG 23), assistés des prêtres et des diacres. Mais, comme membres du collège épiscopal chacun d'entre eux a part à la sollicitude pour toutes les Eglises (cf. CD 3), qu'ils exercent d'abord "en gouvernant bien leur propre Eglise comme une portion de l'Eglise universelle", contribuant ainsi "au bien de tout le Corps mystique qui est aussi le Corps des Eglises" (LG 23). Cette sollicitude s'étendra particulièrement aux pauvres (cf. Ga 2,10), aux persécutés pour la foi, ainsi qu'aux missionnaires qui oeuvrent sur toute la terre.

887 Les Eglises particulières voisines et de culture homogène forment des provinces ecclésiastiques ou des ensembles plus vastes appelés patriarcats ou régions (cf. Canon des Apôtres 34). Les évêques de ces ensembles peuvent se réunir en synodes ou en conciles provinciaux. "De même, les Conférences épiscopales peuvent, aujourd'hui, contribuer de façon multiple et féconde à ce que l'esprit collégial se réalise concrètement" (LG 23).


La charge d'enseigner

888 Les évêques, avec les prêtres, leurs coopérateurs, "ont pour première tâche d'annoncer l'Evangile de Dieu à tous les hommes" (PO 4), selon l'ordre du Seigneur (cf. Mc 16,15). Ils sont "les hérauts de la foi, qui amènent au Christ de nouveaux disciples, les docteurs authentiques" de la foi apostolique, "pourvus de l'autorité du Christ" (LG 25).

889 Pour maintenir l'Eglise dans la pureté de la foi transmise par les apôtres, le Christ a voulu conférer à son Eglise une participation à sa propre infaillibilité, Lui qui est la Vérité. Par le "sens surnaturel de la foi", le Peuple de Dieu "s'attache indéfectiblement à la foi", sous la conduite du Magistère vivant de l'Eglise (cf. LG 12 DV 10).

890 La mission du Magistère est liée au caractère définitif de l'Alliance instaurée par Dieu dans le Christ avec son Peuple; il doit le protéger des déviations et des défaillances, et lui garantir la possibilité objective de professer sans erreur la foi authentique. La charge pastorale du Magistère est ainsi ordonnée à veiller à ce que le Peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Pour accomplir ce service, le Christ a doté les pasteurs du charisme d'infaillibilité en matière de foi et de moeurs. L'exercice de ce charisme peut revêtir plusieurs modalités:

891 "De cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les moeurs ... L'infaillibilité promise à l'Eglise réside aussi dans le corps des évêques quand il exerce son magistère suprême en union avec le successeur de Pierre", surtout dans un Concile oecuménique (LG 25 cf. Vatican I: DS 3074). Lorsque par son Magistère suprême, l'Eglise propose quelque chose "à croire comme étant révélé par Dieu" (DV 10) et comme enseignement du Christ, "il faut adhérer dans l'obéissance de la foi à de telles définitions" (LG 25). Cette infaillibilité s'étand aussi loin que le dépot lui-même de la Révélation divine (cf. LG 25).

892 L'assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le successeur de Pierre, et, d'une manière particulière, à l'évêque de Rome, Pasteur de toute l'Eglise, lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se prononcer d'une "manière définitive", ils proposent dans l'exercice du magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de moeurs. A cet enseignement ordinaire les fidèles doivent "donner l'assentiment religieux de leur esprit" (LG 25) qui, s'il se distingue de l'assentiment de la foi, le prolonge cependant.


La charge de sanctifier

893 L'évêque porte aussi "la responsabilité de dispenser la grâce du suprême sacerdoce" (LG 26), en particulier dans l'Eucharistie qu'il offre lui-même ou dont il assure l'oblation par les prêtres, ses coopérateurs. Car l'Eucharistie est le centre de la vie de l'Eglise particulière. L'évêque et les prêtres sanctifient l'Eglise par leur prière et leur travail, par le ministère de la parole et des sacrements. Ils la sanctifient par leur exemple, "non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau" (1P 5,3). C'est ainsi "qu'ils parviennent, avec le troupeau qui leur est confié, à la vie éternelle" (LG 26).


La charge de régir

894 "Les évêques dirigent leurs Eglises particulières comme vicaires et légats du Christ par leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur autorité et par l'exercice de leur pouvoir sacré" (LG 27), qu'ils doivent cependant exercer pour édifier, dans l'esprit de service qui est celui de leur Maître (cf. Lc 22,26-27).

895 "Ce pouvoir qu'ils exercent personellement au nom du Christ est un pouvoir propre, ordinaire et immédiat: il est soumis cependant dans son exercice à la régulation dernière de l'autorité suprême de l'Eglise" (LG 27). Mais on ne doit pas considérer les évêques comme des vicaires du Pape dont l'autorité ordinaire et immédiate sur toute l'Eglise n'annule pas, mais au contraire confirme et défend la leur. Celle-ci doit s'exercer en communion avec toute l'Eglise sous la conduite du Pape.

896 Le Bon Pasteur sera le modèle et la "forme" de la charge pastorale de l'évêque. Conscient de ses faiblesses, "l'évêque peut se montrer indulgent envers les ignorants et les égarés. Qu'il ne répugne pas à écouter ceux qui dépendent de lui, les entourant comme de vrais fils ... Quant aux fidèles, ils doivent s'attacher à leur évêque comme l'Eglise à Jésus-Christ et comme Jésus-Christ à son Père" (LG 27):

Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ (suit) son Père, et le presbytérium comme les apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse en dehors de l'évêque rien de ce qui regarde l'Eglise (S. Ignace d'Antioche, Smyrn. 8, 1).



II Les fidèles laïcs

897 "Sous le nom de laïcs, on entend ici l'ensemble des chrétiens excepté les membres de l'ordre sacré et de l'état religieux reconnu par l'Eglise, c'est-à-dire les chrétiens qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu, faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, exercent pour leur part, dans l'Eglise et dans le monde, la mission qui est celle de tout le peuple chrétien" (LG 31).


La vocation des laïcs

898 "La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu... C'est à eux qu'il revient, d'une manière particulière, d'éclairer et d'orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu'elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur" (LG 31).

899 L'initiative des chrétiens laïcs est particulièrement nécessaire lorsqu'il s'agit de découvrir, d'inventer des moyens pour imprégner les réalités sociales, politiques, économiques, les exigences de la doctrine et de la vie chrétiennes. Cette initiative est un élément normal de la vie de l'Eglise:

Les fidèles laïcs se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l'Eglise; par eux, l'Eglise est le principe vital de la société. C'est pourquoi eux surtout doivent avoir une conscience toujours plus claire, non seulement d'appartenir à l'Eglise, mais d'être l'Eglise, c'est-à-dire la communauté des fidèles sur la terre sous la conduite du Chef commun, le Pape, et des Evêques en communion avec lui. Ils sont l'Eglise (Pie XII, discours 20 février 1946: cité par Jean-Paul II,
CL 9).

900 Parce que, comme tous les fidèles, ils sont chargés par Dieu de l'apostolat en vertu du baptême et de la confirmation, les laïcs sont tenus par l'obligation et jouissent du droit, individuellement ou groupés en associations, de travailler à ce que le message divin du salut soit connu et reçu par tous les hommes et par toute la terre; cette obligation est encore plus pressante lorsque ce n'est que par eux que les hommes peuvent entendre l'Evangile et connaître le Christ. Dans les communautés ecclésiales, leur action est si nécessaire que, sans elle, l'apostolat des pasteurs ne peut, la plupart du temps, obtenir son plein effet (cf. LG 33)..


La participation des laïcs à la charge sacerdotale du Christ

901 "Les laïcs, en vertu de leur consécration au Christ et de l'onction de l'Esprit-Saint, reçoivent la vocation admirable et les moyens qui permettent à l'Esprit de produire en eux des fruits toujours plus abondants. En effet, toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d'esprit et de corps, s'ils sont vécus dans l'Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu'elles soient patiemment supportées, tout cela devient 'offrande spirituelle, agréable à Dieu par Jésus-Christ' (1P 2,5); et dans la célébration eucharistique, ces offrandes rejoignent l'oblation du Corps du Seigneur pour être offertes en toute piété au Père. C'est ainsi que les laïcs consacrent à Dieu le monde lui-même, rendant partout à Dieu dans la sainteté de leur vie un culte d'adoration" (LG 34 cf. LG 10).

902 De façon particulière, les parents participent de la charge de sanctification "lorsqu'ils mènent une vie conjugale selon l'esprit chrétien et procurent à leurs enfants une éducation chrétienne" (CIC 835 p4).

903 Les laïcs, s'ils ont les qualités requises, peuvent être admis de manière stable aux ministères de lecteurs et d'acolyte (cf. CIC 230p2). "Là où le besoin de l'Eglise le demande par défaut de ministres, les laïcs peuvent aussi, même s'ils ne sont ni lecteurs ni acolytes, suppléer à certaines de leurs fonctions, à savoir exercer le ministère de la parole, présider les prières liturgiques, conférer le baptême et distribuer la sainte communion, selon les dispositions du droit" (CIC 230 p3).


Leur participation à la charge prophétique du Christ

904 "Le Christ ... accomplit sa fonction prophétique non seulement par la hiérarchie ... mais aussi par les laïcs dont il fait pour cela des témoins en les pourvoyant du sens de la foi et de la grâce de la parole" (LG 35):

Enseigner quelqu'un pour l'amener à la foi est la tâche de chaque prédicateur et même de chaque croyant (S. Thomas d'A., III 71,4, ad 3).

905 Leur mission prophétique, les laïcs l'accomplissent aussi par l'évangélisation, "c'est-à-dire l'annonce du Christ faite par le témoignage de la vie et par la parole". Chez les laïcs, "cette action évangélisatrice ... prend un caractère spécifique et une particulière efficacité du fait qu'elle s'accomplit dans les conditions communes du siècle" (LG 35):

Cet apostolat ne consiste pas dans le seul témoignage de la vie: le véritable apôtre cherche les occasions d'annoncer le Christ par la parole, soit aux incroyants ..., soit aux fidèles (AA 6 cf. AGD 15).

906 Ceux d'entre les fidèles laïcs qui en sont capables et qui s'y forment peuvent aussi prêter leur concours à la formation catéchétique (cf. CIC 774 CIC 776 CIC 780), à l'enseignement des sciences sacrées (cf. CIC 229), aux moyens de communication sociale (cf. CIC 823 p1).

907 "Selon le devoir, la compétence et le prestige dont ils jouissent, ils ont le droit et même parfois le devoir de donner aux Pasteurs sacrés leur opinion sur ce qui touche le bien de l'Eglise et de la faire connaître aux autres fidèles, restant sauves l'intégrité de la foi et des moeurs et la révérence due aux pasteurs, et tenant compte de l'utilité commune et de la dignité des personnes" (CIC 212p.3).


Leur participation à la charge royale du Christ

908 Par son obéissance jusqu'à la mort (cf. Ph 2,8-9), le Christ a communiqué à ses disciples le don de la liberté royale, "pour qu'ils arrachent au péché son empire en eux-mêmes par leur abnégation et la sainteté de leur vie" (LG 36):

Celui qui soumet son propre corps et régit son âme, sans se laisser submerger par les passions est son propre maître: il peut être appelé roi parcequ'il est capable de régir sa propre personne; il est libre et indépendant et ne se laisse captiver par un esclavage coupable (S. Ambroise, Ps 118,14 Ps 30: PL 15, 1403A).

909 "Que les laïcs, en outre, unissant leurs forces, apportent aux institutions et aux conditions de vie dans le monde, quand elles provoquent au péché, les assainissements convenables, pour qu'elles deviennent toutes conformes aux règles de la justice et favorisent l'exercice de la vertu au lieu d'y faire obstacle. En agissant ainsi ils imprègnent de valeur morale la culture et les oeuvres humaines" (LG 36).

910 "Les laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer avec les pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères très diversifiés, selon la grâce et les charismes que le Seigneur voudra bien déposer en eux" (EN 73).

911 Dans l'Église, "les fidèles laïcs peuvent coopérer selon le droit à l'exercice du pouvoir de gouvernement" (CIC 129p.2). Ainsi de leur présence dans les Conseils particuliers (can. CIC 443,4), les Synodes diocésains (can. CIC 463 p1-2), les Conseils pastoraux (can. CIC 511 CIC 536); dans l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse (can. CIC 517 p2); la collaboration aux Conseils des affaires économiques (can. CIC 492 p1 CIC 536); la participation aux tribunaux ecclésiastiques (CIC 1421 p2), etc.

912 Les fidèles doivent "distinguer avec soin entre les droits et devoirs qui leur incombent en tant que membres de l'Eglise et ceux qui leur reviennent comme membres de la société humaine. Qu'ils s'efforcent d'accorder harmonieusement les uns et les autres entre eux, se souvenant que la conscience chrétienne doit être leur guide en tous domaines temporels, car aucune activité humaine, fut-elle d'ordre temporel, ne peut être soustraite à l'empire de Dieu" (LG 36).

913 "Ainsi tout laïc, en vertu des dons qui lui ont été faits, constitue un témoin et en même temps un instrument vivant de la mission de l'Eglise elle-même 'à la mesure du don du Christ' (Ep 4,7)" (LG 33).



III La vie consacrée

914 "L'état de vie constitué par la profession des conseils évangéliques, s'il ne concerne pas la structure hiérarchique de l'Eglise, appartient cependant sans conteste à sa vie et à sa sainteté" (LG 44).


Conseils évangéliques, vie consacrée

915 Les conseils évangéliques sont, dans leur multiplicité, proposés à tout disciple du Christ. La perfection de la charité à laquelle tous les fidèles sont appelés comporte pour ceux qui assument librement l'appel à la vie consacrée, l'obligation de pratiquer la chasteté dans le célibat pour le Royaume, la pauvreté et l'obéissance. C'est la profession de ces conseils dans un état de vie stable reconnu par l'Eglise, qui caractérise la "vie consacrée" à Dieu (cf. LG 42-43 PC 1).

916 L'état de la vie consacrée apparaît dès lors comme l'une des manières de connaître une consécration "plus intime", qui s'enracine dans le Baptême et dédie totalement à Dieu (cf. PC 5). Dans la vie consacrée, les fidèles du Christ se proposent, sous la motion de l'Esprit Saint, de suivre le Christ de plus près, de se donner à Dieu aimé par-dessus tout et, poursuivant la perfection de la charité au service du Royaume, de signifier et d'annoncer dans l'Église la gloire du monde à venir (cf. CIC 573).


Un grand arbre, de multiples rameaux

917 "Comme un arbre qui se ramifie de façons admirables et multiples dans le champ du Seigneur, à partir d'un germe semé par Dieu, ainsi se développèrent des formes variées de vie solitaire ou commune, des familles diverses dont le capital spirituel profite à la fois aux membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ" (LG 43).

918 "Dès les origines de l'Eglise, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l'imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu. Beaucoup parmi eux, sous l'impulsion du Saint-Esprit, vécurent dans la solitude, ou bien fondèrent des familles religieuses que l'Eglise accueillit volontiers et approuva de son autorité" (PC 1).

919 Les évêques s'efforceront toujours de discerner les nouveaux dons de vie consacrée confiés par l'Esprit-Saint à son Eglise; l'approbation de nouvelles formes de vie consacrée est réservée au Siège Apostolique (cf. CIC 605).


La vie érémitique

920 Sans toujours professer publiquement les trois conseils évangéliques, les ermites, "dans un retrait plus strict du monde, dans le silence de solitude, dans la prière assidue et la pénitence, vouent leur vie à la louange de Dieu et au salut du monde" (CIC 603 p1).

921 Ils montrent à chacun cet aspect intérieur du mystère de l'Église qu'est l'intimité personnelle avec le Christ. Cachée aux yeux des hommes, la vie de l'ermite est prédication silencieuse de Celui auquel il a livré sa vie, parce qu'Il est tout pour lui. C'est là un appel particulier à trouver au désert, dans le combat spirituel même, la gloire du Crucifié.


Les vierges consacrées

922 Dès les temps apostoliques, des vierges (cf. 1Co 7,34-36) et des veuves chrétiennes (cf. Jean-Paul II, exh. ap. ), appelées par le Seigneur à s'attacher à Lui sans partage dans une plus grande liberté de cour, de corps et d'esprit, ont pris la décision, approuvée par l'Église, de vivre, respectivement, dans l'état de la virginité ou de la chasteté perpétuelle "à cause du Royaume des cieux" (Mt 19,12).

923 "Exprimant le propos sacré de suivre le Christ de plus près, (des vierges) sont consacrées à Dieu par l'évêque diocésain selon le rite liturgique approuvé, sont épousées mystiquement par le Christ Fils de Dieu et sont vouées au service de l'Eglise" (CIC 604 p1). Par ce rite solennel ("Consecratio virginum"), "la vierge est constituée personne consacrée, "signe transcendant de l'amour de l'Eglise envers le Christ, image eschatologique de cette Epouse du Ciel et de la vie future" (OCV prænotanda 1)

924 "Proche des autres formes de vie consacrée" (CIC 604 p1), l'ordre des vierges établit la femme vivant dans le monde (ou la moniale) dans la prière, la pénitence, le service de ses frères et le travail apostolique, selon l'état et les charismes respectifs offerts à chacune (OCV prænotanda 2). Les vierges consacrées peuvent s'associer pour garder plus fidèlement leur propos (cf. CIC 604 p2).


La vie religieuse

925 Née en Orient dans les premiers siècles du christianisme (cf. UR 15) et vécue dans les instituts canoniquement érigés par l'Eglise (cf. CIC 573), la vie religieuse se distingue des autres formes de la vie consacrée par l'aspect cultuel, la profession publique des conseils évangéliques, la vie fraternelle menée en commun, le témoignage rendu à l'union du Christ et de l'Eglise (cf. CIC 607).

926 La vie religieuse relève du mystère de l'Eglise. Elle est un don que l'Eglise reçoit de son Seigneur et qu'elle offre comme un état de vie stable au fidèle appelé par Dieu dans la profession des conseils. Ainsi l'Eglise peut-elle à la fois manifester le Christ et se reconnaître Epouse du Sauveur. La vie religieuse est invitée à signifier, sous ses formes variées, la charité même de Dieu, dans le langage de notre temps.

927 Tous les religieux, exempts ou non (cf. CIC 591), prennent place parmi les coopérateurs de l'évêque diocésain dans sa charge pastorale (cf. CD 33-35). L'implantation et l'expansion missionnaire de l'Eglise requièrent la présence de la vie religieuse sous toutes ses formes dès les débuts de l'évangélisation (cf. AGD 18 AGD 40). "L'histoire atteste les grands mérites des familles religieuses dans la propagation de la foi et dans la formation de nouvelles Eglises, depuis les antiques Institutions monastiques et les Ordres médiévaux jusqu'aux Congrégations modernes" (Jean-Paul II, RMA 69).


Les instituts séculiers

928 "L'institut séculier est un institut de vie consacrée où les fidèles vivant dans le monde tendent à la perfection de la charité et s'efforcent de contribuer surtout de l'intérieur à la sanctification du monde" (CIC 710).

929 Par une "vie parfaitement et entièrement consacrée à (cette) sanctification" (Pie XII, const. ap. "Provida Mater"), les membres de ces instituts participent à la tâche d'évangélisation de l'Eglise, "dans le monde et à partir du monde", où leur présence agit "à la manière d'un ferment" (PC 11). Leur "témoignage de vie chrétienne" vise à "ordonner selon Dieu les réalités temporelles et pénétrer le monde de la force de l'Evangile". Ils assument par des liens sacrés les conseils évangéliques et gardent entre eux la communion et la fraternité propres à leur "mode de vie séculier" (CIC 713 p2).


Les sociétés de vie apostolique

930 Au côté des formes diverses de vie consacrée "prennent place les sociétés de vie apostolique dont les membres, sans les voeux religieux, poursuivent la fin apostolique propre de leur société et, menant la vie fraternelle en commun, tendent, selon leur mode de vie propre, à la perfection de la charité par l'observation des constitutions. Il y a parmi elles des sociétés dont les membres assument les conseils évangéliques", selon leurs constitutions (CIC 731 p1-2).


Consécration et mission: annoncer le Roi qui vient

931 Livré à Dieu suprêmement aimé, celui que le Baptême avait déjà voué à Lui se trouve ainsi consacré plus intimement au service divin et dédié au bien de l'Eglise. Par l'état de consécration à Dieu, l'Eglise manifeste le Christ et montre comment l'Esprit Saint agit en elle de façon admirable. Ceux qui professent les conseils évangéliques ont donc d'abord pour mission de vivre leur consécration. Mais puisqu'ils se vouent au service de l'Eglise en vertu même de leur consécration, ils sont tenus par obligation de travailler de manière spéciale à l'oeuvre missionnaire, selon le mode propre à leur Institut" (CIC 783 cf. RMA 69).

932 Dans l'Eglise qui est comme le sacrement, c'est-à-dire le signe et l'instrument de la vie de Dieu, la vie consacrée apparaît comme un signe particulier du mystère de la Rédemption. Suivre et imiter le Christ "de plus près", manifester "plus clairement" son anéantissement, c'est se trouver "plus profondément" présent, dans le coeur du Christ, à ses contemporains. Car ceux qui sont dans cette voie "plus étroite" stimulent leurs frères par leur exemple, ils rendent ce témoignage éclatant "que le monde ne peut être transfiguré et offert à Dieu sans l'esprit des béatitudes" (LG 31).

933 Que ce témoignage soit public, comme dans l'état religieux, ou plus discret, ou même secret, la venue du Christ demeure pour tous les consacrés l'origine et l'orient de leur vie:

Comme le Peuple de Dieu n'a pas ici-bas de cité permanente, (cet état) ... manifeste pour tous les croyants la présence, déjà dans ce siècle, des biens célestes; il témoigne de la vie nouvelle et éternelle acquise par la Rédemption du Christ, il annonce la résurrection future et la gloire céleste (
LG 44).




1998 Catéchisme 857