1998 Catéchisme 2129

IV "Tu ne te feras aucune image sculptée..."

2129 L'injonction divine comportait l'interdiction de toute représentation de Dieu par la main de l'homme. Le Deutéronome explique: "Puisque vous n'avez vu aucune forme, le jour où le Seigneur, à l'Horeb, vous a parlé du milieu du feu, n'allez pas vous pervertir et vous faire une image sculptée représentant quoi que ce soit ..." (Dt 4,15-16). C'est le Dieu absolument Transcendant qui s'est révélé à Israël. "Il est toutes choses", mais en même temps, "Il est au-dessus de toutes ses oeuvres" (Si 43,27-28). Il est "la source même de toute beauté créée" (Sg 13,3).

2130 Cependant dès l'Ancien Testament, Dieu a ordonné ou permis l'institution d'images qui conduiraient symboliquement au salut par le Verbe incarné: ainsi le serpent d'airain (cf. Nb 21,4-9 Sg 16,5-14 Jn 3,14-15), l'arche d'Alliance et les chérubins (cf. Ex 25,10-22 1R 6,23-28 1R 7,23-26).

2131 C'est en se fondant sur le mystère du Verbe incarné que le septième Concile oecuménique, à Nicée (en 787), a justifié, contre les iconoclastes, le culte des icônes: celles du Christ, mais aussi celles de la Mère de Dieu, des anges et de tous les saints. En s'incarnant, le Fils de Dieu a inauguré une nouvelle "économie" des images.

2132 Le culte chrétien des images n'est pas contraire au premier commandement qui proscrit les idoles. En effet, "l'honneur rendu à une image remonte au modèle original" (S. Basile, Spir. 18, 45), et "quiconque vénère une image, vénère en elle la personne qui y est dépeinte" (Cc. Nicée II: DS 601 cf. Cc. Trente: DS 1821-1825 Cc. Vatican II: SC 126 LG 67). L'honneur rendu aux saintes images est une "vénération respectueuse", non une adoration qui ne convient qu'à Dieu seul:

Le culte de la religion ne s'adresse pas aux images en elles- mêmes comme des réalités, mais les regarde sous leur aspect propre d'images qui nous conduisent à Dieu incarné. Or le mouvement qui s'adresse à l'image en tant que telle ne s'arrête pas à elle, mais tend à la réalité dont elle est l'image (S. Thomas d'A., II-II 81,3, ad 3).



En bref

2133 "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toutes tes forces" (Dt 5,6).

2134 Le premier commandement appelle l'homme à croire en Dieu, à espérer en Lui et à L'aimer par-dessus tout.

2135 "C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras" (Mt 4,10). Adorer Dieu, Le prier, Lui offrir le culte qui Lui revient, accomplir les promesses et les voeux qu'on Lui a faits, sont des actes de la vertu de religion qui relèvent de l'obéissance au premier commandement.

2136 Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l'homme individuellement et socialement.

2137 L'homme "doit pouvoir professer librement la religion en privé et en public" (DH 15).

2138 La superstition est une déviation du culte que nous rendons au vrai Dieu. Elle éclate dans l'idolâtrie, ainsi que dans les différentes formes de divination et de magie.

2139 L'action de tenter Dieu, en paroles ou en actes, le sacrilège, la simonie sont des péchés d'irréligion interdits par le premier commandement.

2140 En tant qu'il rejette ou refuse l'existence de Dieu, l'athéisme est un péché contre le premier commandement.

2141 Le culte des images saintes est fondé sur le mystère de l'Incarnation du Verbe de Dieu. Il n'est pas contraire au premier commandement.



Article 2 Le Deuxième commandement

Tu ne prononceras pas le nom du Seigneur ton Dieu à faux (Ex 20,7 Dt 5,11).

Il a été dit aux anciens: "Tu ne parjureras pas" ... Eh bien! moi je vous dis de ne pas jurer du tout (Mt 5,33-34).



I Le nom du Seigneur est saint

2142 Le deuxième commandement prescrit de respecter le nom du Seigneur. Il relève, comme le premier commandement, de la vertu de religion et règle plus particulièrement notre usage de la parole dans les choses saintes.


2143 Parmi toutes les paroles de la Révélation il en est une, singulière, qui est la révélation de son Nom. Dieu confie son nom à ceux qui croient en Lui; Il se révèle à eux dans son mystère personnel. Le don du Nom appartient à l'ordre de la confidence et de l'intimité. "Le nom du Seigneur est saint". C'est pourquoi l'homme ne peut en abuser. Il doit le garder en mémoire dans un silence d'adoration aimante (cf. Za 2,17). Il ne le fera intervenir dans ses propres paroles que pour le bénir, le louer et le glorifier (cf. Ps 29,2 Ps 96,2 Ps 113,1-2).

2144 La déférence à l'égard de son Nom exprime celle qui est due au mystère de Dieu lui-même et à toute la réalité sacrée qu'il évoque. Le sens du sacré relève de la vertu de religion:

Les sentiments de crainte et de sacré sont-ils des sentiments chrétiens ou non? Personne ne peut raisonnablement en douter. Ce sont les sentiments que nous aurions, et à un degré intense, si nous avions la vision du Dieu souverain. Ce sont les sentiments que nous aurions si nous "réalisions" sa présence. Dans la mesure où nous croyons qu'Il est présent, nous devons les avoir. Ne pas les avoir, c'est ne point réaliser, ne point croire qu'Il est présent (Newman, par. 5,2)

2145 Le fidèle doit témoigner du nom du Seigneur, en confessant sa foi sans céder à la peur (cf. Mt 10,32 1Tm 6,12). L'acte de la prédication et l'acte de la catéchèse doivent être pénétrés d'adoration et de respect pour le nom de Notre Seigneur Jésus Christ.

2146 Le deuxième commandement interdit l'abus du nom de Dieu, c'est-à-dire tout usage inconvenant du nom de Dieu, de Jésus Christ, de la Vierge Marie et de tous les saints:


2147 Les promesses faites à autrui au nom de Dieu engagent l'honneur, la fidélité, la véracité et l'autorité divines. Elles doivent être respectées en justice. Leur être infidèle, c'est abuser du Nom de Dieu et, en quelque sorte, faire de Dieu un menteur (cf. 1Jn 1,10).

2148 Le blasphème s'oppose directement au deuxième commandement. Il consiste à proférer contre Dieu - intérieurement ou extérieurement - des paroles de haine, de reproche, de défi, à dire du mal de Dieu, à manquer de respect envers Lui dans ses propos, à abuser du nom de Dieu. S. Jacques réprouve "ceux qui blasphèment le beau Nom (de Jésus) qui a été invoqué sur eux" (Jc 2,7). L'interdiction du blasphème s'étend aux paroles contre l'Eglise du Christ, les saints, les choses sacrées. Il est encore blasphématoire de recourir au nom de Dieu pour couvrir des pratiques criminelles, réduire des peuples en servitude, torturer ou mettre à mort. L'abus du nom de Dieu pour commettre un crime provoque le rejet de la religion.

Le blasphème est contraire au respect dû à Dieu et à son saint nom. Il est de soi un péché grave (cf.CIC 1369).

2149 Les jurons, qui font intervenir le nom de Dieu, sans intention de blasphème, sont un manque de respect envers le Seigneur. Le second commandement interdit aussi l'usage magique du Nom divin.


Le Nom de Dieu est grand là où on le prononce avec le respect dû à sa grandeur et à sa Majesté. Le Nom de Dieu est saint là où on le nomme avec vénération et la crainte de l'offenser (S. Augustin, serm. Dom. 2,45,19).



II Le nom du Seigneur prononcé à faux

2150 Le deuxième commandement proscrit le faux serment. Faire serment ou jurer, c'est prendre Dieu à témoin de ce que l'on affirme. C'est invoquer la véracité divine en gage de sa propre véracité. Le serment engage le nom du Seigneur. "C'est ton Dieu que tu craindras, lui que tu serviras; c'est par son nom que tu jureras" (Dt 6,13).

2151 La réprobation du faux serment est un devoir envers Dieu. Comme Créateur et Seigneur, Dieu est la règle de toute vérité. La parole humaine est en accord ou en opposition avec Dieu qui est la Vérité même. Lorsqu'il est véridique et légitime, le serment met en lumière le rapport de la parole humaine à la vérité de Dieu. Le faux serment appelle Dieu à témoigner d'un mensonge.

2152 Est parjure celui qui, sous serment, fait une promesse qu'il n'a pas l'intention de tenir, ou qui, après avoir promis sous serment, ne s'y tient pas. Le parjure constitue un grave manque de respect envers le Seigneur de toute parole. S'engager par serment à faire une oeuvre mauvaise est contraire à la sainteté du Nom divin.

2153 Jésus a exposé le deuxième commandement dans le sermon sur la montagne: "Vous avez entendu qu'il a été dit aux ancêtres: 'Tu ne parjureras pas, mais tu t'acquitteras envers le Seigneur de tes serments'. Eh bien! moi je vous dis de ne pas jurer du tout ... Que votre langage soit: 'Oui? oui', 'Non? non': ce qu'on dit de plus vient du Mauvais" (Mt 5,33-34 Mt 5,37 cf. Jc 5,12). Jésus enseigne que tout serment implique une référence à Dieu et que la présence de Dieu et de sa vérité doit être honorée en toute parole. La discrétion du recours à Dieu dans le langage va de pair avec l'attention respectueuse à sa présence, attestée ou bafouée, en chacune de nos affirmations.

2154 A la suite de S. Paul (cf. 2Co 1,23 Ga 1,20), la tradition de l'Eglise a compris la parole de Jésus comme ne s'opposant pas au serment lorsqu'il est fait pour une cause grave et juste (par exemple devant le tribunal). "Le serment, c'est-à-dire l'énonciation du Nom divin comme témoin de la vérité, ne peut être porté qu'en vérité, avec discernement et selon la justice" (CIC 1199p1).

2155 La sainteté du nom divin exige de ne pas recourir à lui pour des choses futiles, et de ne pas prêter serment dans des circonstances susceptibles de le faire interpréter comme une approbation du pouvoir qui l'exigerait injustement. Lorsque le serment est exigé par des autorités civiles illégitimes, il peut être refusé. Il doit l'être quand il est demandé à des fins contraires à la dignité des personnes ou à la communion de l'Eglise.



III Le nom chrétien

2156 Le sacrement de Baptême est conféré "au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit" (Mt 28,19). Dans le baptême, le nom du Seigneur sanctifie l'homme, et le chrétien reçoit son nom dans l'Eglise. Ce peut être celui d'un saint, c'est-à-dire d'un disciple qui a vécu une vie de fidélité exemplaire à son Seigneur. Le patronage du saint offre un modèle de charité et assure de son intercession. Le "nom de baptême" peut encore exprimer un mystère chrétien ou une vertu chrétienne. "Les parents, les parrains et le curé veilleront à ce que ne soit pas donné de prénom étranger au sens chrétien" (CIC 855).

2157 Le chrétien commence sa journée, ses prières et ses actions par le signe de la croix, "au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen". Le baptisé voue la journée à la gloire de Dieu et fait appel à la grâce du Sauveur qui lui permet d'agir dans l'Esprit comme enfant du Père. Le signe de la croix nous fortifie dans les tentations et dans les difficultés.


2158 Dieu appelle chacun par son nom (cf. Is 43,1 Jn 10,3). Le nom de tout homme est sacré. Le nom est l'icône de la personne. Il exige le respect, en signe de la dignité de celui qui le porte.

2159 Le nom reçu est un nom d'éternité. Dans le royaume, le caractère mystérieux et unique de chaque personne marquée du nom de Dieu resplendira en pleine lumière. "Au vainqueur, ... je donnerai un caillou blanc, portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit" (Ap 2,17). "Voici que l'Agneau apparut à mes yeux; il se tenait sur le mont Sion, avec cent quarante-quatre milliers de gens portant, inscrits sur le front, son nom et le nom de son Père" (Ap 14,1).



En bref

2160 "O Seigneur notre Dieu qu'il est grand ton nom par tout l'univers" (Ps 8,11).

2161 Le deuxième commandement prescrit de respecter le nom du Seigneur. Le nom du Seigneur est saint.

2162 Le second commandement interdit tout usage inconvenant du Nom de Dieu. Le blasphème consiste à user du Nom de Dieu, de Jésus Christ, de la Vierge Marie et des saints d'une façon injurieuse.

2163 Le faux serment appelle Dieu à témoigner d'un mensonge. Le parjure est un manquement grave envers le Seigneur, toujours fidèle à ses promesses.

2164 "Ne jurer ni par le Créateur, ni par la créature, si ce n'est avec vérité, nécessité et révérence" (S. Ignace, ex. spir. 38).

2165 Dans le Baptême, le chrétien reçoit son nom dans l'Eglise. Les parents, les parrains et le curé veilleront à ce que lui soit donné un prénom chrétien. Le patronage d'un saint offre un modèle de charité et assure sa prière.

2166 Le chrétien commence ses prières et ses actions par le signe de la croix "au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen".

2167
Dieu appelle chacun par son nom (cf.
Is 43,1).




Article 3 Le troisième commandement

Souviens-toi du jour du Sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est un sabbat pour le Seigneur ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage (Ex 20,8-10 cf. Dt 5,12-15).

Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat; en sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat (Mc 2,27-28).



I Le jour du Sabbat

2168 Le troisième commandement du Décalogue rappelle la sainteté du Sabbat: "Le septième jour est un sabbat; un repos complet consacré au Seigneur" (Ex 31,15).


2169 L'Ecriture fait à ce propos mémoire de la création: "Car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve, mais il s'est reposé le septième jour. Voilà pourquoi le Seigneur a béni le jour du Sabbat, il l'a sanctifié" (Ex 20,11).

2170 L'Ecriture révèle encore dans le jour du Seigneur un mémorial de la libération d'Israël de la servitude d'Egypte: "Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Egypte et que le Seigneur ton Dieu t'en a fait sortir à main forte et à bras étendu. Voilà pourquoi le Seigneur ton Dieu te commande de pratiquer le jour du Sabbat" (Dt 5,15).

2171 Dieu a confié à Israël le Sabbat pour qu'il le garde en signe de l'alliance infrangible (cf. Ex 31,16). Le Sabbat est pour le Seigneur, saintement réservé à la louange de Dieu, de son oeuvre de création et de ses actions salvifiques en faveur d'Israël.

2172 L'agir de Dieu est le modèle de l'agir humain. Si Dieu a "repris haleine" le septième jour (Ex 31,17), l'homme doit aussi "chômer" et laisser les autres, surtout les pauvres, "reprendre souffle" (Ex 23,12). Le Sabbat fait cesser les travaux quotidiens et accorde un répit. C'est un jour de protestation contre les servitudes du travail et le culte de l'argent (cf. Ne 13,15-22 2Ch 36,21).

2173 L'Evangile rapporte de nombreux incidents où Jésus est accusé de violer la loi du sabbat. Mais jamais Jésus ne manque à la sainteté de ce jour (cf. Mc 1,21 Jn 9,16). Il en donne avec autorité l'interprétation authentique: "Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat" (Mc 2,27). Avec compassion, le Christ s'autorise "le jour du sabbat, de faire du bien plutôt que le mal, de sauver une vie plutôt que de la tuer" (Mc 3,3). Le sabbat est le jour du Seigneur des miséricordes et de l'honneur de Dieu (cf. Mt 12,5 Jn 7,23). "Le Fils de l'Homme est maître du sabbat" (Mc 2,28).



II Le jour du Seigneur

Ce jour qu'a fait le Seigneur, exultons et soyons dans la joie (Ps 117,24).


Le jour de la Résurrection: la création nouvelle

2174 Jésus est ressuscité d'entre les morts, "le premier jour de la semaine" (Mt 28,1 Mc 16,2 Lc 24,1 Jn 20,1). En tant que "premier jour", le jour de la Résurrection du Christ rappelle la première création. En tant que "huitième jour" qui suit le sabbat (cf. Mc 16,1 Mt 28,1) il signifie la nouvelle création inaugurée avec la Résurrection du Christ. Il est devenu pour les chrétiens le premier de tous les jours, la première de toutes les fêtes, le jour du Seigneur ("Hè kuriakè hèmera", "dies dominica"), le "dimanche":

Nous nous assemblons tous le jour du soleil parce que c'est le premier jour (après le Sabbat juif, mais aussi le premier jour) où, Dieu tirant la matière des ténèbres, a créé le monde et que, ce même jour, Jésus Christ notre Sauveur, ressuscita d'entre les morts (S. Justin, apol. 1,67).


Le Dimanche - accomplissement du Sabbat

2175 Le Dimanche se distingue expressément du Sabbat auquel il succède chronologiquement, chaque semaine, et dont il remplace pour les chrétiens la prescription cérémonielle. Il accomplit, dans la Pâque du Christ, la vérité spirituelle du sabbat juif et annonce le repos éternel de l'homme en Dieu. Car le culte de la loi préparait le mystère du Christ, et ce qui s'y pratiquait figurait quelque trait relatif au Christ (cf. 1Co 10,11):

Ceux qui vivaient selon l'ancien ordre des choses sont venus à la nouvelle espérance, n'observant plus le sabbat, mais le Jour du Seigneur, en lequel notre vie est bénie par Lui et par sa mort (S. Ignace d'Antioche, Magn. 9,1).

2176 La célébration du dimanche observe la prescription morale naturellement inscrite au coeur de l'homme de "rendre à Dieu un culte extérieur, visible, public et régulier sous le signe de son bienfait universel envers les hommes" (S. Thomas d'A., II-II 122,4). Le culte dominical accomplit le précepte moral de l'Ancienne Alliance dont il reprend le rythme et l'esprit en célébrant chaque semaine le Créateur et le Rédempteur de son peuple.


L'Eucharistie dominicale

2177 La célébration dominicale du Jour et de l'Eucharistie du Seigneur est au coeur de la vie de l'Eglise. "Le dimanche, où, de par la tradition apostolique, est célébré le mystère pascal, doit être observé dans l'Eglise tout entière comme le principal jour de fête de précepte" (CIC 1246 p1).

"De même, doivent être observés les jours de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, de l'Epiphanie, de l'Ascension et du Très Saint Corps et Sang du Christ, le jour de Sainte Marie Mère de Dieu, de son Immaculée Conception et de son Assomption, de saint Joseph, des saints Apôtres Pierre et Paul et de tous les Saints" (CIC 1246 p1).

2178 Cette pratique de l'assemblée chrétienne date des débuts de l'âge apostolique (cf. Ac 2,42-46 1Co 11,17). L'épître aux Hébreux rappelle: "Ne désertez pas votre propre assemblée comme quelques-uns ont coutume de le faire; mais encouragez-vous mutuellement" (He 10,25).

La tradition garde le souvenir d'une exhortation toujours actuelle: "Venir tôt à l'Eglise, s'approcher du Seigneur et confesser ses péchés, se repentir dans la prière ... Assister à la sainte et divine liturgie, finir sa prière et ne point partir avant le renvoi ... Nous l'avons souvent dit: ce jour vous est donné pour la prière et le repos. Il est le Jour que le Seigneur a fait. En lui exultons et réjouissons-nous" (Auteur anonyme, serm. dom.).

2179 "La paroisse est une communauté précise de fidèles qui est constituée d'une manière stable dans une Eglise particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l'autorité de l'évêque diocésain" (CIC 515 p1). Elle est le lieu où tous les fidèles peuvent être rassemblés par la célébration dominicale de l'Eucharistie. La parroisse initie le peuple chrétien à l'expression ordinaire de la vie liturgique, elle le rassemble dans cette célébration; elle enseigne la doctrine salvifique du Christ; elle pratique la charité du Seigneur dans des oeuvres bonnes et fraternelles:


Tu ne peux pas prier à la maison comme à l'Eglise, où il y a le grand nombre, où le cri est lancé à Dieu d'un seul coeur. Il y a là quelque chose de plus, l'union des esprits, l'accord des âmes, le lien de la charité, les prières des prêtres (S. Chrysostome, incomprehens. 3,6).


L'obligation du Dimanche

2180 Le commandement de l'Eglise détermine et précise la loi du Seigneur: "Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l'obligation de participer à la Messe" (CIC 1247). "Satisfait au précepte de participation à la Messe, qui assiste à la Messe célébrée selon le rite catholique le jour de fête lui-même ou le soir du jour précédent" (CIC 1248 p1).

2181 L'Eucharistie du dimanche fonde et sanctionne toute la pratique chrétienne. C'est pourquoi les fidèles sont obligés de participer à l'Eucharistie les jours de précepte, à moins d'en être excusés pour une raison sérieuse (par exemple la maladie, le soin des nourrissons) ou dispensés par leur pasteur propre (cf.CIC 1245). Ceux qui délibérément manquent à cette obligation commettent un péché grave.

2182 La participation à la célébration commune de l'Eucharistie dominicale est un témoignage d'appartenance et de fidélité au Christ et à son Eglise. Les fidèles attestent par là leur communion dans la foi et la charité. Ils témoignent ensemble de la sainteté de Dieu et de leur espérance du Salut. Ils se réconfortent mutuellement sous la guidance de l'Esprit Saint.


2183 "Si, faute de ministres sacrés, ou pour toute autre cause grave, la participation à la célébration eucharistique est impossible, il est vivement recommandé que les fidèles participent à la liturgie de la Parole s'il y en a une, dans l'église paroissiale ou dans un autre lieu sacré, célébrée selon les dispositions prises par l'évêque diocésain, ou bien s'adonnent à la prière durant un temps convenable, seuls ou en famille, ou, selon l'occasion, en groupe de familles" (CIC 1248 p2).


Jour de grâce et de cessation du travail

2184 Comme Dieu "se reposa le septième jour après tout le travail qu'il avait fait" (Gn 2,2), la vie humaine est rythmée par le travail et le repos. L'institution du Jour du Seigneur contribue à ce que tous jouissent du temps de repos et de loisir suffisant qui leur permette de cultiver leur vie familiale, culturelle, sociale et religieuse (cf. GS 67).

2185 Pendant le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles s'abstiendront de se livrer à des travaux ou à des activités qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre au Jour du Seigneur, la pratique des oeuvres de miséricorde et la détente convenable de l'esprit et du corps (cf.CIC 1247). Les nécessités familiales ou une grande utilité sociale constituent des excuses légitimes vis-à-vis du précepte du repos dominical. Les fidèles veilleront à ce que de légitimes excuses n'introduisent pas des habitudes préjudiciables à la religion, à la vie de famille et à la santé.

L'amour de la vérité cherche le saint loisir, la nécessité de l'amour accueille le juste travail (S. Augustin, civ. 19,19).


2186 Que les chrétiens qui disposent de loisirs se rappellent leurs frères qui ont les mêmes besoins et les mêmes droits et ne peuvent se reposer à cause de la pauvreté et de la misère. Le dimanche est traditionnellement consacré par la piété chrétienne aux bonnes oeuvres et aux humbles services des malades, des infirmes, des vieillards. Les chrétiens sanctifieront encore le dimanche en donnant à leur famille et à leurs proches le temps et les soins, difficiles à accorder les autres jours de la semaine. Le dimanche est un temps de réflexion, de silence, de culture et de méditation qui favorisent la croissance de la vie intérieure et chrétienne.

2187 Sanctifier les dimanches et jours de fête exige un effort commun. Chaque chrétien doit éviter d'imposer sans nécessité à autrui ce qui l'empêcherait de garder le jour du Seigneur. Quand les coutumes (sport, restaurants, etc.) et les contraintes sociales (services publics, etc.) requièrent de certains un travail dominical, chacun garde la responsabilité d'un temps suffisant de loisir. Les fidèles veilleront, avec tempérance et charité, à éviter les excès et les violences engendrées parfois par des loisirs de masse. Malgré les contraintes économiques, les pouvoirs publics veilleront à assurer aux citoyens un temps destiné au repos et au culte divin. Les employeurs ont une obligation analogue vis-à-vis de leurs employés.


2188 Dans le respect de la liberté religieuse et du bien commun de tous, les chrétiens ont à faire reconnaître les dimanches et jours de fête de l'Eglise comme des jours fériés légaux. Ils ont à donner à tous un exemple public de prière, de respect et de joie et à défendre leurs traditions comme une contribution précieuse à la vie spirituelle de la société humaine. Si la législation du pays ou d'autres raisons obligent à travailler le dimanche, que ce jour soit néanmoins vécu comme le jour de notre délivrance qui nous fait participer à cette "réunion de fête", à cette "assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux" (He 12,22-23).



En bref

2189 "Observe le jour du sabbat pour le sanctifier" (Dt 5,12). "Le septième jour sera jour de repos complet, consacré au Seigneur" (Ex 31,15).

2190 Le Sabbat qui représentait l'achèvement de la première création est remplacé par le dimanche qui rappelle la création nouvelle, inaugurée à la résurrection du Christ.

2191 L'Eglise célèbre le jour de la Résurrection du Christ le huitième jour, qui est nommé à bon droit jour du Seigneur, ou dimanche (cf. SC 106).

2192 "Le dimanche ... doit être observé dans l'Eglise tout entière comme le principal jour de fête de précepte" (CIC 1246 p1). "Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l'obligation de participer à la Messe" (CIC 1247).

2193 "Le dimanche ou les autres jours de précepte, les fidèles s'abstiendront de ces travaux et de ces affaires qui empêchent le culte dû à Dieu, la joie propre du jour du Seigneur ou la détente convenable de l'esprit et de l'âme" (CIC 1247).

2194 L'institution du dimanche contribue à ce que "tous jouissent du temps de repos et de loisir suffisant qui leur permette de cultiver leur vie familiale, culturelle, sociale et religieuse" (GS 67).

2195 Chaque chrétien doit éviter d'imposer sans nécessité à autrui ce qui l'empêcherait de garder le Jour du Seigneur.



Chapitre deuxième

Tu aimeras ton prochain comme toi-même


Jésus dit à ses disciples: "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 13,34).

2196 En réponse à la question posée sur le premier des commandements, Jésus dit: "Le premier, c'est: 'Ecoute Israël! Le Seigneur notre Dieu est l'Unique Seigneur; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force!' Voici le second: 'Tu aimeras ton prochain comme toi-même'. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là" (Mc 12,29-31).

L'apôtre S. Paul le rappelle: "Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la loi. En effet, le précepte: tu ne commettras pas d'adultère; tu ne tueras pas; tu ne voleras pas; tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en ces mots: tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort au prochain. La charité est donc la loi dans sa plénitude" (Rm 13,8-10).



Article 4 Le quatrième commandement


Honore ton père et ta mère afin d'avoir longue vie sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne (Ex 20,12).

Il leur était soumis (Lc 2,51).

Le Seigneur Jésus a lui-même rappelé la force de ce "commandement de Dieu" (Mc 7,8-13). L'Apôtre enseigne: "Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur: cela est juste. 'Honore ton père et ta mère', tel est le premier commandement auquel soit attaché une promesse: 'pour que tu t'en trouves bien et jouisses d'une longue vie sur la terre'" (Ep 6,1-3 cf. Dt 5,16).

2197 Le quatrième commandement ouvre la seconde table. Il indique l'ordre de la charité. Dieu a voulu qu'après Lui, nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous ont transmis la connaissance de Dieu. Nous sommes tenus d'honorer et de respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son autorité.

2198 Ce précepte s'exprime sous la forme positive de devoirs à accomplir. Il annonce les commandements suivants qui concernent un respect particulier de la vie, du mariage, des biens terrestres, de la parole. Il constitue l'un des fondements de la doctrine sociale de l'Eglise.


2199 Le quatrième commandement s'adresse expressément aux enfants dans leurs relations avec leurs père et mère, parce que cette relation est la plus universelle. Il concerne également les rapports de parenté avec les membres du groupe familial. Il demande de rendre honneur, affection et reconnaissance aux aïeux et aux ancètres. Il s'étend enfin aux devoirs des élèves à l'égard du maître, des employés à l'égard des employeurs, des subordonnés à l'égard de leurs chefs, des citoyens à l'égard de leur patrie, de ceux qui l'administrent ou la gouvernent.

Ce commandement implique et sous-entend les devoirs des parents, tuteurs, maîtres, chefs, magistrats, gouvernants, de tous ceux qui exercent une autorité sur autrui ou sur une communauté de personnes.


2200 L'observation du quatrième commandement comporte sa récompense: "Honore ton père et ta mère afin d'avoir longue vie sur la terre que le Seigneur ton Dieu te donne" (Ex 20,12 Dt 5,16). Le respect de ce commandement procure avec les fruits spirituels, des fruits temporels de paix et de prospérité. Au contraire, l'inobservance de ce commandement entraîne de grands dommages pour les communautés et pour les personnes humaines.



I La famille dans le plan de Dieu


Nature de la famille

2201 La communauté conjugale est établie sur le consentement des époux. Le mariage et la famille sont ordonnés au bien des époux et à la procréation et à l'éducation des enfants. L'amour des époux et la génération des enfants instituent entre les membres d'une même famille des relations personnelles et des responsabilités primordiales.

2202 Un homme et une femme unis en mariage forment avec leurs enfants une famille. Cette disposition précède toute reconnaissance par l'autorité publique; elle s'impose à elle. On la considérera comme la référence normale, en fonction de laquelle doivent être appréciées les diverses formes de parenté.

2203 En créant l'homme et la femme, Dieu a institué la famille humaine et l'a dotée de sa constitution fondamentale. Ses membres sont des personnes égales en dignité. Pour le bien commun de ses membres et de la société, la famille implique une diversité de responsabilités, de droits et de devoirs.


La famille chrétienne

2204 "La famille chrétienne constitue une révélation et une réalisation spécifiques de la communion ecclésiale; pour cette raison, ... elle doit être désignée comme une église domestique" (FC 21 cf. LG 11). Elle est une communauté de foi, d'espérance et de charité elle revêt dans l'Eglise une importance singulière comme il apparaît dans le Nouveau Testament (cf. Ep 5,21-6 Ep 5,4 Col 3,18-21 1P 3,1-7).

2205 La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l'Esprit Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l'oeuvre créatrice du Père. Elle est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ. La prière quotidienne et la lecture de la Parole de Dieu fortifient en elle la charité. La famille chrétienne est évangélisatrice et missionnaire.


2206 Les relations au sein de la famille entraînent une affinité de sentiments, d'affections et d'intérêts, qui provient surtout du mutuel respect des personnes. La famille est une communauté privilégiée appelée à réaliser "une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l'éducation des enfants" (GS 52).



II La famille et la société

2207 La famille est la cellule originelle de la vie sociale. Elle est la société naturelle où l'homme et la femme sont appelés au don de soi dans l'amour et dans le don de la vie. L'autorité, la stabilité et la vie de relations au sein de la famille constituent les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité au sein de la société. La famille est la communauté dans laquelle, dès l'enfance, on peut apprendre les valeurs morales, commencer à honorer Dieu et bien user de la liberté. La vie de famille est initiation à la vie en société.

2208 La famille doit vivre de façon que ses membres apprennent le souci et la prise en charge des jeunes et des anciens, des personnes malades ou handicapées et des pauvres. Nombreuses sont les familles qui, à certains moments, ne se trouvent pas en mesure de fournir cette aide. Il revient alors à d'autres personnes, à d'autres familles et, subsidiairement, à la société, de pourvoir à leurs besoins: "La dévotion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci: visiter orphelins et veuves dans leurs épreuves et se garder de toute souillure du monde" (Jc 1,27).

2209 La famille doit être aidée et défendue par les mesures sociales appropriées. Là où les familles ne sont pas en mesure de remplir leurs fonctions, les autres corps sociaux ont le devoir de les aider et de soutenir l'institution familiale. Suivant le principe de subsidiarité, les communautés plus vastes se garderont d'usurper ses pouvoirs ou de s'immiscer dans sa vie.

2210 L'importance de la famille pour la vie et le bien-être de la société (cf. GS 47) entraîne une responsabilité particulière de celle-ci dans le soutien et l'affermissement du mariage et de la famille. Que le pouvoir civil considère comme un devoir grave de "reconnaître et de protéger la vraie nature du mariage et de la famille, de défendre la moralité publique et de favoriser la prospérité des foyers" (GS 52).

2211 La communauté politique a le devoir d'honorer la famille, de l'assister, de lui assurer notamment:

- la liberté de fonder un foyer, d'avoir des enfants et de les élever en accord avec ses propres convictions morales et religieuses;
- la protection de la stabilité du lien conjugal et de l'institution familiale;
- la liberté de professer sa foi, de la transmettre, d'élever ses enfants en elle, avec les moyens et les institutions nécessaires;
- le droit à la propriété privée, la liberté d'entreprendre, d'obtenir un travail, un logement, le droit d'émigrer;
- selon les institutions des pays, le droit aux soins médicaux, à l'assistance pour les personnes âgées, aux allocations familiales;
- le protection de la sécurité et de la salubrité, notament à l'égard des dangers comme la drogue, la pornographie, l'alcoolisme, etc.
- la liberté de former des associations avec d'autres familles et d'être ainsi représentées auprès des autorités civiles (cf.
FC 46).

2212 Le quatrième commandement éclaire les autres relations dans la société. Dans nos frères et soeurs, nous voyons les enfants de nos parents; dans nos cousins, les descendants de nos aïeux; dans nos concitoyens, les fils de notre patrie; dans les baptisés, les enfants de notre mère, l'Eglise; dans toute personne humaine, un fils ou une fille de Celui qui veut être appelé "notre Père". Par là, nos relations avec notre prochain sont reconnues d'ordre personnel. Le prochain n'est pas un "individu" de la collectivité humaine; il est "quelqu'un" qui, par ses origines connues mérite une attention et un respect singuliers.

2213 Les communautés humaines sont composées de personnes. Leur bon gouvernement ne se limite pas à la garantie des droits et à l'accomplissement des devoirs, ainsi qu'à la fidélité aux contrats. De justes relations entre employeurs et employés, gouvernants et citoyens, supposent la bienveillance naturelle conforme à la dignité des personnes humaines, soucieuses de justice et de fraternité.




1998 Catéchisme 2129