1998 Catéchisme 2850

VII Mais délivre-nous du Mal

2850 La dernière demande à notre Père est aussi portée dans la prière de Jésus: "Je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais" (Jn 17,15). Elle nous concerne, chacun personnellement, mais c'est toujours "nous" qui prions, en communion avec toute l'Eglise et pour la délivrance de toute la famille humaine. La Prière du Seigneur ne cesse pas de nous ouvrir aux dimensions de l'Economie du salut. Notre interdépendance dans le drame du péché et de la mort est retournée en solidarité dans le Corps du Christ, en "communion des saints" (cf. RP 16).

2851 Dans cette demande, le Mal n'est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l'ange qui s'oppose à Dieu. Le "diable" ("dia-bolos") est celui qui "se jette en travers" du Dessein de Dieu et de son "oeuvre de salut" accomplie dans le Christ.

2852 "Homicide dès l'origine, menteur et père du mensonge" (Jn 8,44), "le Satan, le séducteur du monde entier" (Ap 12,9), c'est par lui que le péché et la mort sont entrés dans le monde et c'est par sa défaite définitive que la création toute entière sera "libérée du péché et de la mort" (MR, prière eucharistique IV). "Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais l'Engendré de Dieu le garde et le Mauvais n'a pas prise sur lui. Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais" (1Jn 5,18-19):

Le Seigneur qui a enlevé votre péché et pardonné vos fautes est à même de vous protéger et de vous garder contre les ruses du Diable qui vous combat, afin que l'ennemi, qui a l'habitude d'engendrer la faute, ne vous surprenne pas. Qui se confie en Dieu ne redoute pas le Démon. "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?" (Rm 8,31) (S. Ambroise, sacr. 5,30).

2853 La victoire sur le "prince de ce monde" (Jn 14,30) est acquise, une fois pour toutes, à l'Heure où Jesus se livre librement à la mort pour nous donner sa Vie. C'est le jugement de ce monde et le prince de ce monde est "jeté bas" (Jn 12,31 Ap 12,11). "Il se lance à la poursuite de la Femme" (cf. Ap 12,13-16), mais il n'a pas de prise sur elle: la nouvelle Eve, "pleine de grâce" de l'Esprit Saint, est préservée du péché et de la corruption de la mort (Conception immaculée et Assomption de la très sainte Mère de Dieu, Marie, toujours vierge). "Alors, furieux de dépit contre la Femme, il s'en va guerroyer contre le reste de ses enfants" (Ap 12,17). C'est pourquoi l'Esprit et l'Eglise prient: "Viens, Seigneur Jésus" (Ap 22,17 Ap 22,20) puisque sa Venue nous délivrera du Mauvais.

2854 En demandant d'être délivrés du Mauvais, nous prions également pour être libérés de tous les maux, présents, passés et futurs, dont il est l'auteur ou l'instigateur. Dans cette ultime demande, l'Eglise porte toute la détresse du monde devant le Père. Avec la délivrance des maux qui accablent l'humanité elle implore le don précieux de la paix et la grâce de l'attente persévérante du retour du Christ. En priant ainsi, elle anticipe dans l'humilité de la foi la récapitulation de tous et de tout en Celui qui "détient la clef de la Mort et de l'Hadès" (Ap 1,18), "le Maître de tout, Il est, Il était et Il vient" (Ap 1,8 cf. Ap 1,4):

Libera nos, quæsumus, Domine, ab omnibus malis, da propitius pacem in diebus nostris, ut, ope misericordiæ tuæ adiuti, et a peccatis simus semper liberi et ab omni perturbatione securi: exspectantes beatam spem et adventum Salvatoris nostri Iesu Christi (MR, Embolisme).



Article 4. La doxologie finale


2855 La doxologie finale "Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la gloire et la puissance" reprend, par inclusion, les trois premières demandes à notre Père: la glorification de son Nom, la venue de son Règne et la puissance de sa Volonté salvifique. Mais cette reprise est alors sous forme d'adoration et d'action de grâces, comme dans la Liturgie céleste (cf. Ap 1,6 Ap 4,11 Ap 5,13). Le prince de ce monde s'était attribué mensongèrement ces trois titres de royauté, de puissance et de gloire (cf. Lc 4,5-6); le Christ, le Seigneur, les restitue à son Père et notre Père, jusqu'à ce qu'il lui remette le Royaume quand sera définitivement consommé le Mystère du salut et que Dieu sera tout en tous (cf. 1Co 15,24-28).

2856 "Puis, la prière achevée, tu dis: Amen, contresignant par cet Amen, qui signifie 'Que cela se fasse' (cf. Lc 1,38) ce que contient la prière que Dieu nous a enseignée" (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 5,18).




En bref

2857 Dans le "Notre Père", les trois premières demandes ont pour objet la Gloire du Père: la sanctification du Nom, l'avènement du Règne et l'accomplissement de la volonté divine. Les quatre autres lui présentent nos désirs: ces demandes concernent notre vie pour la nourrir ou pour la guérir du péché et elles se rapportent à notre combat pour la victoire du Bien sur le Mal.

2858 En demandant: "Que ton Nom soit sanctifié" nous entrons dans le dessein de Dieu, la sanctification de son Nom - révélé à Moïse, puis en Jésus - par nous et en nous, de même qu'en toute nation et en chaque homme.

2859 Par la deuxième demande, l'Eglise a principalement en vue le retour du Christ et la venue finale du Règne de Dieu. Elle prie aussi pour la croissance du Royaume de Dieu dans l'"aujourd'hui" de nos vies.

2860 Dans la troisième demande, nous prions notre Père d'unir notre volonté à celle de son Fils pour accomplir son Dessin de salut dans la vie du monde.

2861 Dans la quatrième demande, en disant "Donne-nous", nous exprimons, en communion avec nos frères, notre confiance filiale envers notre Père des cieux. "Notre pain" désigne la nourriture terrestre nécessaire à notre subsistance à tous et signifie aussi le Pain de Vie: Parole de Dieu et Corps du Christ. Il est reçu dans l'"Aujourd'hui" de Dieu, comme la nourriture indispensable, (sur-)essentielle du Festin du Royaume qu'anticipe l'Eucharistie.

2862 La cinquième demande implore pour nos offenses la miséricorde de Dieu, laquelle ne peut pénétrer dans notre coeur que si nous avons su pardonner à nos ennemis, à l'exemple et avec l'aide du Christ.

2863 En disant "Ne nous soumets pas à la tentation" nous demandons à Dieu qu'il ne nous permette pas d'emprunter le chemin qui conduit au péché. Cette demande implore l'Esprit de discernement et de force; elle sollicite la grâce de la vigilance et la persévérance finale.

2864 Dans la dernière demande, "mais délivre nous du Mal", le chrétien prie Dieu avec l'Eglise de manifester la victoire, déjà acquise par le Christ, sur le "Prince de ce monde", sur Satan, l'ange qui s'oppose personnellement à Dieu et à Son dessein de salut.

2865 Par l'"Amen" final nous exprimons notre "fiat" concernant les sept demandes: "Qu'il en soit ainsi".





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