Catéchisme France 436

Dispositions et actes du pénitent

436 Le pardon sacramentel, ainsi opéré par le ministère de l'Église, suppose toujours un certain nombre de dispositions ou d'actes du pénitent. Ils sont constitutifs du sacrement et ils résument ce que l'Église a toujours demandé au pécheur qui se convertit. Ils sont la preuve de l'authenticité de sa démarche au moment où il demande le sacrement. Ils la précèdent, la motivent et lui donnent corps. Sans eux, le sacrement de réconciliation risquerait de devenir une démarche purement formelle, grandement dévalorisée, voire rabaissée au rang de routine.

La première disposition est le regret, la "contrition". Le pécheur doit être lucide et reconnaître qu'il a mal agi, qu'il a blessé l'amour de Dieu et des autres, qu'il a fait du tort à l'Église et à la communauté humaine.

Le mot de contrition souligne la profondeur de cette attitude intérieure: avoir le coeur broyé, brisé. Bien évidemment, plus le chrétien aime Dieu, plus il regrette; moins il aime, moins il a le coeur contrit. La contrition est proportionnelle à l'amour et non d'abord à la faute, à la différence du remords lié à la culpabilité et à son retentissement dans la conscience. Les motivations du regret peuvent être multiples, allant de l'amour parfait pour Dieu à une simple crainte des conséquences engendrées par les fautes commises. L'attitude spirituelle de regret, de contrition ou de pénitence constitue l'un des aspects de la grâce sacramentelle. Le prix attaché à cette grâce explique qu'un chrétien puisse désirer recevoir souvent le sacrement.

437 La contrition engendre logiquement chez le pécheur la volonté de changer sa manière de penser et de vivre, et celle de réparer les dommages commis chez les autres ou en soi-même. Cette réparation est appelée traditionnellement la "satisfaction" encore la "pénitence".

Beaucoup trop oubliée, la réparation des dommages commis ne concerne pas seulement le vol, le faux témoignage, la paternité-maternité hors foyer, le travail mal fait. Elle doit habiter le coeur et engendrer un engagement personnel. Elle aide à prendre la mesure du mal dont on est la source et qui prolifère même lorsque nous cessons d'y collaborer. En approfondissant la conscience du péché, elle contribue à la guérison du pécheur.

438 L'acte significatif que doit poser le pénitent est l'aveu (la "confession") personnel de son péché fait au prêtre. Geste de loyauté et clé courage. Attitude humble de celui qui s'en remet au jugement de la miséricorde de Dieu. Contrition, satisfaction, aveu et ferme propos de conversion constituent les actes de la vertu de pénitence, dont le concile Vatican Il a rappelé qu'elle consiste à détester "le péché en tant qu'il est une offense à Dieu" (SC 109).

L'aveu sincère peut souvent avoir un pouvoir libérateur sur le plan psychologique. Mais quand le chrétien avoue ses péchés, c'est qu'il reconnaît essentiellement l'amour fidèle de Dieu et veut recommencer à en vivre. Le croyant, qui confesse sa totale confiance en un Dieu d'amour et de pardon, confesse ainsi tout à la fois l'amour de Dieu et le regret de ses péchés.

L'aveu doit porter sur tous les péchés graves commis après le baptême, dont on a conscience après un sérieux examen de soi-même, et qui n'ont pas encore été accusés en confession individuelle et remis par le pouvoir de l'Église (cf. CIC 988).

439 C'est un des commandements de l'Église que les péchés graves soient confessés au moins une fois l'an, pas nécessairement au temps pascal. Et ceci à partir de l'âge de raison qui est celui de la conscience éveillée (cf. CIC 964).

La confession des péchés véniels est "recommandée" (cf CIC 988): elle approfondit le mouvement de conversion du baptisé et augmente la contrition spirituelle. De même la "confession de dévotion" qui entretient la lucidité sur le péché et la confiance en la miséricorde de Dieu. Ceux qui la pratiquent ne doivent pourtant jamais oublier les autres voies non sacramentelles et quotidiennes du pardon. Et ceci à partir de l'âge de raison qui est celui de la conscience éveillée.

Le lieu le plus adapté à la célébration du sacrement est l'église (cf CIC 964), de même que le baptistère est le lieu le mieux adapté à la célébration du baptême.


Sous la lumière de la Parole de Dieu et dans des perspectives communautaires

440 Le rituel du sacrement de pénitence et de réconciliation prévoit, après l'accueil mutuel du prêtre et du pénitent, une écoute de la Parole de Dieu. Elle va illuminer l'ensemble de la démarche. Elle fait découvrir le péché. Elle rappelle la fidélité de Dieu qui pardonne. Elle invite à regarder vers le Christ, crucifié par le péché des hommes pécheurs et implorant pour eux le pardon du Père. Elle insère l'acte sacramentel dans la longue histoire des réconciliations entre Dieu et l'homme. Elle empêche d'oublier que Dieu prend toujours l'initiative de ces réconciliations. Ce n'est pas nous qui l'aimons les premiers: c'est lui qui nous aime alors que nous sommes pécheurs.

441 La "confession", toute personnelle qu'elle soit, revêt nécessairement une dimension ecclésiale, donc communautaire. Nos péchés sont toujours aussi une blessure du Corps du Christ, qui est l'Église. "Cette accusation arrache d'une certaine façon le péché des secrètes profondeurs du coeur et donc du cercle de la pure individualité, en mettant aussi en relief son caractère social; en effet, par l'entremise du ministre de la Pénitence, c'est la communauté ecclésiale, lésée par le péché, qui accueille de nouveau le pécheur repenti et pardonné" (RP 31).

L'Église entière, en tant que peuple sacerdotal, agit de façon diversifiée en exerçant l'oeuvre de réconciliation (cf. rituel romain, 4). Elle a prévu plusieurs liturgies différentes: la réconciliation individuelle; la célébration communautaire avec confession et absolution individuelles; la célébration pénitentielle non sacramentelle. La dimension communautaire du sacrement est plus manifeste dans les célébrations communautaires, qui entourent la confession et l'absolution individuelles. L'absolution collective ne peut être qu'exceptionnelle, liée à des raisons impératives; elle reste soumise à l'autorisation expresse de l'évêque du lieu (cf CIC 961). "Pour qu'un fidèle bénéficie validement d'une absolution sacramentelle donnée à plusieurs ensemble, il est requis non seulement qu'il y soit bien disposé, mais qu'il ait en même temps le propos de confesser individuellement, en temps voulu, les péchés graves qu'il ne peut pas confesser ainsi actuellement" (CIC 962). "Un fidèle dont les péchés graves sont remis par une absolution générale recourra à la confession individuelle le plus tôt possible et dès qu'il en a l'occasion, avant de recevoir une nouvelle absolution générale, à moins que n'intervienne une juste cause" (CIC 963).

442 L'accueil du pécheur par la communauté ecclésiale marque que le sacrement de réconciliation est oeuvre de paix. Cette oeuvre de paix dépasse le cercle de ceux qui le reçoivent. Le sacrement agit au bénéfice de tous les hommes et rend présentes au monde la miséricorde et la réconciliation auxquelles ils aspirent et que Dieu rend possibles.

C'est pourquoi, ceux qui sont réconciliés avec Dieu, avec leurs frères et avec eux-mêmes, par le sacrement, sont appelés à devenir, de manière grandissante, des messagers de la paix et de la joie qui leur ont été données ou rendues. "A l'Église est confiée la parole de réconciliation pour la réaliser dans le monde. Elle montre à l'homme les chemins et lui offre les moyens de se réconcilier avec Dieu, avec lui-même, avec ses frères et toute la Création" (cf.
RP 8).


L'onction des malades

443 L'onction des malades est par excellence le sacrement de la miséricorde du Christ et de l'Église.


L'épreuve de la maladie

444 La maladie et la souffrance marquent la vie de tout homme, souvent de manière très aiguë, au point de pouvoir conduire à la révolte ou au désespoir. Par ailleurs le grand âge, à lui seul, comporte souvent des handicaps qui s'apparentent à la maladie.

L'épreuve de la maladie favorise le souvenir des expériences et des choix qui ont marqué la vie. Elle peut raviver parfois le sentiment des erreurs commises et de leurs conséquences. Elle s'ouvre souvent sur une angoisse concernant le jour et l'heure de la fin. Le croyant s'interroge sur la fidélité de sa vie à l'Évangile. Il peut en venir à douter de la miséricorde de Dieu et de la vie éternelle. Nul n'est assuré de sa persévérance finale dans la foi, l'espérance et la charité.

Devant ces épreuves le Christ ne laisse pas ses fidèles démunis. Pour son Église et ceux qu'elle sert, il a voulu le sacrement de sa compassion.


Sacrement de la "compassion" du Christ et de l'Église

445 Le Christ, qui "a connu l'épreuve comme nous, et n'a pas péché" (He 4,15), a témoigné d'une compassion toute particulière pour les malades et tous ceux qui étaient atteints par la souffrance physique. Annonçant la Bonne Nouvelle du salut, il guérissait ceux qui venaient à lui (cf. Mt 9,35 Mt 14,35-36). Homme des douleurs, il a porté toutes les souffrances des hommes et c'est grâce aux blessures de sa passion qu'il apporte la guérison (cf. Is 53).

Son attitude en face de la souffrance et de la mort, il veut qu'elle soit aussi celle de ses disciples. "Guérissez les malades", leur ordonne-t-il en les envoyant en mission (cf. Mt 10,8). Et, de fait, "ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d'huile à de nombreux malades, et les guérissaient" (Mc 6,13).

446 Après la résurrection les apôtres continuent cette mission que Jésus leur a confiée, comme le montre l'exhortation contenue dans l'épître de saint Jacques: "Si l'un de vous est malade, qu'il appelle ceux qui exercent dans l'Église la fonction d'Anciens: ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d'huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade: le Seigneur le relèvera et, s'il a commis des péchés, il recevra le pardon. Reconnaissez vos péchés les uns devant les autres, et priez les uns pour les autres afin d'être guéris, car la supplication du juste agit avec beaucoup de puissance" (Jc 5,14-16).

Dans ce texte de l'Écriture se trouvent déjà mentionnés les rites principaux du sacrement: la prière, l'imposition des mains et l'onction d'huile par le prêtre (s'y ajoute l'écoute de la Parole de Dieu), en même temps que les effets du sacrement. Dans cette liturgie "l'Église recommande les fidèles dangereusement malades au Seigneur souffrant et glorifié pour qu'il les relève et les sauve" (CIC 998 cf LG 11).

447 Dans l'onction des malades, le Christ associe, comme il le faisait durant sa vie terrestre, le souci du bien des corps et celui des biens spirituels. C'est pourquoi ce sacrement est un sacrement de guérison. Guérison intérieure d'abord, des angoisses, des doutes et des déchirements qu'apporte toute maladie grave ou une blessure corporelle sérieuse. Guérison physique aussi parfois, car le Christ est toujours agissant dans son Corps qui est l'Église. Le prêtre, en faisant l'onction, dit au malade: "N., par cette onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l'Esprit Saint; ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu'il vous sauve et vous relève." Au chrétien dans l'épreuve, il donne la grâce spéciale qui lui permettra d'être associé à la passion et à l'agonie du Christ jusqu'au dernier combat avec la mort.

448 L'onction des malades signifie d'abord sacramentellement l'action du Christ sur le malade, c'est-à-dire son relèvement et son salut. Par la grâce de cet amour, les fidèles malades ou gravement handicapés sont situés - ou devraient l'être toujours davantage coeur du mystère pascal. Mais ce mystère est toujours vécu en Eglise. La célébration communautaire de l'onction des malades permet aux malades, à leurs proches et à l'assemblée des bien portants qui y participent, de célébrer la "compassion" du Christ et de son Église se envers ceux qui souffrent. Elle renouvelle souvent la manière dont une communauté situe ou devrait situer les malades: à l'une des premières places. Comme tous les sacrements, le sacrement des malades contribue à construire l'Eglise. Il signifie aussi que le règne de Dieu est ouvert à tous, notamment à ceux qui vivent une situation d'exclusion ou de rejet.

449 "L'onction des malades peut être administrée au fidèle qui, parvenu à l'usage de la raison, commence à se trouver en danger pour cause de maladie, ou de vieillesse" (CIC 1004). "Le sacrement sera donné aux malades qui, lorsqu'ils étaient conscients, l'ont demandé au moins implicitement" (CIC 1006). "L'onction des malades ne sera pas donnée à ceux qui persévèrent avec obstination dans un péché grave manifeste" (CIC 1007)

"Pour autant qu'il soit possible, la célébration de l'onction doit être précédée du sacrement de pénitence; ceci est nécessaire pour les fidèles qui ont péché gravement et sont en mesure de confesser leur péché dans le sacrement de la réconciliation. Postérieurement au sacrement de l'onction, le fidèle, si c'est possible, recevra l'eucharistie" (rituel romain 30).

"Ce sacrement peut être réitéré si le malade, après guérison, tombe de nouveau gravement malade ou si, au cours de la même maladie, le danger s'aggrave" (CIC 1004).


Une heure de grâce

450 Dans la grâce de l'onction des malades, qui conforme le fidèle au Christ s'offrant à son Père, les périodes de maladie peuvent être spirituellement fécondes. Elles sont un temps possible de confiance renouvelée et d'abandon au Père. Elles sont souvent périodes décisives de relèvement et de salut.

La paix reçue se transforme en action de grâce. L'eucharistie complète le plus souvent la célébration de ce sacrement. La communion au corps et au sang du Christ associe alors pleinement le malade au corps du Christ comme membre souffrant, accomplissant dans sa propre chair "ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ [...] pour son corps qui est l'Église" (
Col 1,24).


Le viatique, sacrement des mourants

451 Pour les mourants l'eucharistie est vraiment le "dernier sacrement". Reçue à l'intérieur ou en dehors de la messe, l'ultime communion du chrétien porte le nom de viatique: nourriture pour la dernière étape, celle du passage vers le Père et de l'entrée dans le Royaume. Le viatique est la grande communion pascale du chrétien. Elle porte jusqu'aux extrêmes limites de cette vie la présence réelle du Christ et les lumières de son Alliance, capables de transfigurer la souffrance et même la mort. Cette communion est semence de vie éternelle et suprême profession de foi en cette vie éternelle. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6,54).

"A l'heure où pour le malade tout semble s'effondrer, la communion au Corps et au Sang du Christ manifeste qu'en Jésus Christ, Dieu fait avec nous une Alliance éternelle; elle annonce aussi qu'au-delà de la mort Dieu invite à la joie du banquet messianique" (rituel romain, 26).



L'ordre

452 Le Seigneur Jésus, pour le service du peuple de Dieu, a institué dans son Église des pasteurs qui tendent au bien de tout le corps ecclésial. Ces chrétiens, à qui est confié le ministère pastoral, sont habilités à cette tâche par le sacrement de l'ordre. "Par la vertu du sacrement de l'ordre, à l'image du Christ prêtre suprême et éternel", les prêtres "sont consacrés pour prêcher l'Évangile, pour être les pasteurs des fidèles et pour célébrer le culte divin en vrais prêtres du Nouveau Testament" (LG 28).


Un unique médiateur

453 Dieu ne cesse de proposer à l'homme son Alliance. Il choisit un médiateur pour la première Alliance: Moïse. Celui-ci est l'artisan visible de la libération du peuple, son guide dans la marche au désert, l'intermédiaire par lequel Dieu donne sa Loi et scelle l'Alliance au Sinaï. En faveur du peuple qui a péché, Moïse intercède et devient ainsi la figure du médiateur.

L'Évangile nous présente Moïse et Élie auprès du Christ transfiguré (cf.
Mt 17,3). Ils soulignent ainsi que la réalité définitive est désormais présente en Jésus dont ils n'étaient que la figure. Le Christ agit comme médiateur de la Nouvelle Alliance. Sur la montagne, il donne les béatitudes, charte du Royaume qu'il institue. Il parle en médiateur avec une autorité totalement nouvelle. Cette loi vient de lui, comme Fils unique du Père. "Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour; écoutez-le!" (Mt 17,5). Le Christ n'est pas seulement le porte-parole de Dieu, comme Moïse et Élie. Il est Dieu fait homme. A lui seul, il est déjà la Nouvelle Alliance réalisée. Quand il prie et intercède, il présente à Dieu toutes les aspirations et les! souffrances de l'humanité. Quand il parle, ce sont les secrets du Père qui prennent chair en des paroles humaines. Il est médiateur au sens le plus fort.

La communion entre Dieu et l'humanité ne s'accomplira jamais parfaitement qu'en la personne du Christ. Il en est l'unique artisan. "Il n'y a qu'un seul Dieu, il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes: un homme, le Christ Jésus, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous les hommes" (1Tm 2,5-6 He 8,6 He 9,15 He 12,24). "Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix" (Col 1,19-20).


Un unique Prêtre

454 Les prêtres, selon les récits de l'Ancien Testament, offraient régulièrement à Dieu des sacrifices de louange et de repentance. Ils étaient choisis dans la descendance d'Aaron, de la tribu de Lévi. Leurs fonctions étaient héréditaires. Ils entraient dans une longue tradition d'offrants depuis Abel le juste, Abraham, le père des croyants, et Melchisédech, le grand prêtre (cf. prière eucharistique I). Par eux la fonction sacerdotale d'offrande sacrificielle était institutionnalisée.

Jésus, lui, n'était pas descendant de la famille sacerdotale d'Aaron. Il n'avait donc ni rang ni fonction de prêtre. Il n'a offert qu'un seul et unique sacrifice, entièrement nouveau: le sacrifice de sa propre vie. Il accomplissait et dépassait ainsi tous les sacrifices de la première Alliance (cf.
He 8-10). Il a scellé l'Alliance nouvelle dans son sang. C'est par sa naissance de Fils unique de Dieu en notre chair qu'il est devenu Prêtre en ce sens exceptionnel. S'étant aussi présenté comme nouveau Temple de Dieu, il affirme que, désormais, le vrai sacrifice sera célébré dans ce Temple, lieu où l'homme rencontre Dieu.

La lettre aux Hébreux souligne ce caractère absolument unique du sacerdoce de Jésus (cf. He 9,11 He 9,13-14).

De même qu'il est l'unique médiateur de la Nouvelle Alliance, le Christ en est l'unique Prêtre. A juste titre, l'épître aux Hébreux réserve donc au Christ seul le mot antique de "prêtre", au sens de: homme du sacré, homme du temple, homme sacerdotal.


Une "communauté sacerdotale"

455 C'est toute la communauté de la Nouvelle Alliance qui est désormais appelée "sacerdotale". Elle prend le relais de la descendance d'Aaron, mais dans un sens radicalement transformé. Grâce au Christ et en lui, tous les fidèles de la Nouvelle Alliance deviennent temple de Dieu, lieu où il demeure et où il est célébré. A la suite du Christ, "par lui, avec lui et en lui" ils offrent le sacrifice spirituel de leur propre existence. Le Christ, unique prêtre, les consacre par le don de l'Esprit (cf. Jn 17,19). Ils ont à devenir ensemble hostie vivante, offerte au milieu du monde. "Je vous exhorte, mes frères, par la tendresse de Dieu, à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu: c'est là pour vous l'adoration véritable" (Rm 12,1). "Comme des pierres vivantes, vous êtes édifiés en maison spirituelle, pour constituer une sainte communauté sacerdotale, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ" (1P 2,5).

Lorsque Pierre dit aux chrétiens qu'ils forment un "sacerdoce saint", un "sacerdoce royal", il souligne cette nouveauté du sacerdoce chrétien. Il aide les fidèles à prendre conscience de ce qu'ils sont: un peuple s'offrant et se consacrant dans l'Alliance. Il rappelle que cette qualité d'offrants et d'offerts à Dieu doit sans cesse progresser.

Cette communauté sacerdotale reçoit son identité de celui qui en demeure la "tête" (Ep 1,22). Plus elle vit en communion avec le Christ, plus elle devient le peuple sacerdotal dont le Christ demeure l'unique Tête.


Le sacerdoce ministériel

456 Pourtant, nous voyons Jésus instituer des ministres pour son Église. Ces ministres ne prennent pas sa place d'unique prêtre et n'enlèvent pas à la communauté son caractère sacerdotal, prophétique et royal. "Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d'un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l'offrir à Dieu au nom du peuple tout entier" (LG 10).

Au début de son ministère public, Jésus choisit, par un appel souverain, douze disciples qu'il associe de manière particulière à sa tâche (cf Mc 3,13-18). Il les envoie dans une première mission, de courte durée, à travers les villages où il avait l'intention de se rendre. Il les charge d'annoncer la paix et l'imminence du Royaume. Il leur demande une grande disponibilité. Pour être les précurseurs du Royaume, ils doivent mener une vie simple, vivre au milieu des gens et guérir (cf Lc 9,1-6). "Quand les Apôtres revinrent, ils racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Alors Jésus, les prenant avec lui, partit à l'écart" (Lc 9,10). Il leur explique le sens des paraboles qui demeure encore partiellement incompris des foules (cf Lc 8,10). Il les interroge sur ce que les foules pensent de lui (cf. Mt 16,13-20). Jusqu'au dernier moment, Jésus forme, en les associant au service du Royaume, ceux auxquels il veut confier la charge de continuer cette mission de Pasteur.

457 A la veille de sa mort, il les institue dans le sacerdoce en leur demandant de perpétuer la présence efficace et la célébration de soli sacrifice rédempteur dans l'eucharistie: "Faites cela en mémoire de moi" (Lc 22,19 cf. concile de Trente, DS 1740 FC 766). Après la résurrection, il apparaît aux Onze, se fait reconnaître d'eux, les invite à la paix. Il guérit en eux la blessure causée par leur propre absence au moment où il offrait sa vie sur la croix. Il leur communique l'Esprit Saint pour pardonner les péchés (cf Jn 20,22-23). Il leur ouvre l'esprit à l'intelligence des Écritures et il conclut: "C'est bien ce qui était annoncé par l'Écriture: les souffrances du Messie, sa résurrection d'entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C'est vous qui en êtes les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis" (Lc 24,45-48). Au moment de les quitter, il leur confie la mission de baptiser et de porter son Évangile jusqu'aux extrémités de la terre (cf Mt 28,19-20).

Pierre demande à l'assemblée réunie au cénacle de choisir un homme pour remplacer Judas. Il rappelle que ce choix doit porter sur des hommes qui ont accompagné le Seigneur depuis le baptême de Jean jusqu'au jour où le Christ leur fut "enlevé". Car la mission de cet homme sera essentiellement de "devenir témoin de sa résurrection" (cf. Ac 1,22). Un lien très fort est donc établi, dès le début, entre le ministère des apôtres et le témoignage à rendre au Christ devant le monde. C'est désormais le collège des apôtres qui authentifie le choix des témoins au sein de la communauté ecclésiale. Il a conscience de le faire au nom du Christ. Il sait que ce choix devient choix du Christ Tête. Le collège des Douze montre ainsi que sa responsabilité ne vient pas de lui-même mais du Christ qui demeure la véritable Tête vivante de l'Église.

458 Les Actes des apôtres décrivent les rites essentiels de cet établissement dans le ministère de témoin de la Résurrection. La communauté prie, souvent en jeûnant. Elle discerne les aptitudes du nouveau témoin. Les apôtres, une fois la décision prise, imposent les mains sur les hommes choisis et les envoient. C'est de l'Esprit que ces envoyés tiennent leur mission (cf. Ac 13,1-4 Ac 20,28).

Au temps des apôtres comme dans les années qui vont suivre, nous voyons ces ministres de l'Évangile rappeler le commandement de Jésus, rassembler les fidèles et célébrer la fraction du pain ou eucharistie. Ils président à la charité et à l'entraide. C'est au nom du Christ qu'ils assument cette responsabilité diversifiée. Ils demeurent toujours situés dans une communauté, même s'ils passent de communauté en communauté pour porter le Christ jusqu'aux extrémités du monde. Leur assurance vient de l'Esprit, reçu par l'imposition des mains, et du rayonnement de l'Évangile qu'ils proclament (cf. 2Tm 1,6-14). Choisis, envoyés, investis de cette grâce de témoignage, de présidence et de responsabilité, ils demeurent sous l'influence du Christ, non seulement par ce qu'ils font mais aussi par ce qu'ils sont.


Un sacrement appelé "ordre"

459 Très tôt, s'appuyant sur les épîtres de saint Paul qui emploient les trois termes d'évêque, de presbytre (que l'on traduit en français par prêtre) et de diacre, l'Église a distingué trois degrés dans ce sacrement unique. Le mot choisi pour le caractériser, ordre, désignait dans l'antiquité romaine les corps constitués, au sens civil. L'Église a repris ce terme à propos de ses propres corps constitués et notamment de l'ordre des évêques, des prêtres et des diacres. L'intégration dans l'un de ces corps de l'Église se fait par une ordination comprenant l'imposition des mains et la prière de consécration, qui fait d'un fidèle baptisé un ministre ordonné.


Les évêques

460 Les évêques reçoivent "la plénitude du sacrement de l'ordre" (LG 21). Ils entrent ainsi dans le Collège apostolique, qui succède au Collège des douze Apôtres. Ils sont collégialement envoyés au monde entier et portent en commun le souci de toutes les Eglises. Au sein et à la tête de ce Collège épiscopal, l'évêque de Rome assume la charge confiée par le Christ à Pierre au milieu des Douze. "Le Collège des évêques, dont le chef est le pontife suprême [...], et dans lequel se perpétue le corps apostolique, est lui aussi en union avec son chef et jamais sans lui, sujet du pouvoir suprême et plénier sur l'Église tout entière" (CIC 336). "Par la consécration épiscopale elle-même, les évêques reçoivent, avec la charge de sanctifier, celles d'enseigner et de gouverner, mais, en raison de leur nature, ils ne peuvent les exercer que dans la communion hiérarchique avec le chef et les membres du Collège" (CIC 375 LG 21).

Les évêques reçoivent ordinairement la charge d'un diocèse. Ils président au nom et en place de Dieu le troupeau, dont ils sont les pasteurs, avec l'aide des prêtres et des diacres qu'ils sont les seuls à ordonner (cf. LG 20).

461 La consécration épiscopale est célébrée par trois évêques au moins. Ils imposent les mains sur le nouvel évêque. Une prière de consécration est prononcée tandis que le livre des évangiles est tenu sur sa tête et ses épaules: elle exprime le sens du ministère épiscopal et sa réalisation par l'Esprit du Christ. Les évêques consécrateurs disent ensemble: "Et maintenant, Seigneur, répands sur celui que tu as choisi la force qui vient de toi, l'Esprit qui fait les chefs, l'Esprit que tu as donné à ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, celui qu'il a donné lui-même aux saints Apôtres qui établirent l'Église en chaque lieu comme ton sanctuaire, à la louange incessante et à la gloire de ton Nom."

Le mot "évêque" vient du grec "episcopos" et désigne la mission de veiller sur le troupeau, en voyant ce qui lui convient et en intervenant pour qu'il se comporte le plus parfaitement possible en peuple de Dieu.


Les prêtres

462 Dans l'unité du "presbyterium", les prêtres sont établis par l'ordination coopérateurs des évêques, participant à "l'autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps". En effet, ils sont configurés au Christ Prêtre pour être rendus "capables d'agir au nom du Christ Tête en personne" (PO 2).

Le mot "prêtre" qui les désigne, et mieux encore celui de "presbyterium", collège des prêtres (comme aussi le mot de "presbytère"), vient d'un mot grec signifiant "ancien". Il rappelle que, depuis l'époque apostolique, les prêtres sont choisis parmi des baptisés qui ont donné la preuve de leur attachement au Seigneur et de leurs aptitudes à servir le bien de la communauté qui leur est confiée.

L'ordination presbytérale est conférée à des hommes choisis et formés au sein de la communauté ecclésiale et, dans l'Église latine, ayant choisi le célibat dans un esprit de consécration totale de leur personne.

463 La tradition antique de l'Église latine d'exiger que les clercs majeurs s'abstiennent du mariage est attestée par des canons conciliaires dès le début du IVème siècle. Par le signe de la chasteté vécue dans le célibat les prêtres expriment leur attachement déterminant au Christ Prêtre et à l'Église son Épouse. Ce signe n'est pas d'abord celui d'un effort de perfection personnelle dans une rupture avec le monde, mais la manifestation et le moyen d'une vie donnée, saisie par le Christ et le service de son Évangile, au point de "n'appartenir" à personne d'autre.

L'évêque interroge ceux qu'il a choisis et appelés pour s'assurer de leur liberté et de leurs aptitudes à devenir pasteurs. Il leur impose les mains et prononce la prière d'appel à l'Esprit Saint qui précise le sens de leur ministère: "Nous t'en prions, Père tout-puissant, donne à tes serviteurs que voici d'entrer dans l'ordre des prêtres; répands une nouvelle fois au plus profond d'eux-mêmes l'Esprit de sainteté. Qu'ils reçoivent de toi, Seigneur, la charge de seconder l'ordre épiscopal. Qu'ils incitent à la pureté des moeurs par l'exemple de leur conduite. Qu'ils soient de fidèles collaborateurs des évêques pour faire parvenir à toute l'humanité le message de l'Évangile et pour que toutes les nations ressemblées dans le Christ soient transformées en l'unique peuple de Dieu." Les prêtres présents s'associent à cette imposition des mains pour signifier l'entrée dans un "presbyterium".

464 "La fonction des prêtres, en tant qu'elle est unie à l'ordre épiscopal, participe à l'autorité par laquelle le Christ lui-même construit, sanctifie et gouverne son Corps. [...] Participant, pour leur part, à la fonction des apôtres, les prêtres reçoivent de Dieu la grâce qui les fait ministres du Christ Jésus auprès des nations, assurant le service sacré de l'Évangile" (PO 2).

A la suite de Jésus, le bon pasteur (cf. Jn 10,1-21), les prêtres ont charge de conduire le peuple de Dieu. Revêtus du ministère sacerdotal, ils communiquent la grâce par les sacrements qu'ils confèrent. Ils annoncent la Parole dont eux-mêmes et tous les chrétiens sont invités à témoigner dans le monde. Ils président la célébration de l'eucharistie où leur ministère trouve son accomplissement (cf. PO 2). Ils pardonnent les péchés et donnent l'onction des malades.

465 Continuateur pour sa part du ministère apostolique, le ministère des prêtres, comme celui des évêques, est tout à la fois pastoral, sacramentel et missionnaire. En rattachant l'institution du ministère sacerdotal aux paroles de Jésus à la Cène: "Faites cela en mémoire de moi" (Lc 22,19 1Co 11,24), le concile de Trente (cf. DS 1740 FC 766) souligne que l'eucharistie est le sommet et l'aboutissement de ce ministère.

Les prêtres sont choisis par Dieu à l'intérieur de son peuple. C'est au sein de ce peuple qu'ils entendent son appel (la vocation), dont l'authenticité est vérifiée par l'Église. La perception des besoins de la mission, la rencontre Je l'incroyance comme l'appel à guider et animer les communautés ecclésiales constituent les chemins par lesquels est perçu l'appel au ministère de prêtre. Mais la réponse positive demande un climat de prière et de générosité spirituelle. La qualité de la vie chrétienne des familles et des communautés constitue un soutien important. Tout le peuple de Dieu a ainsi la responsabilité d'entretenir les conditions qui permettent à ces vocations particulières d'éclore et de s'épanouir, pour son propre service et celui de l'Évangile.



Catéchisme France 436