1997 Directoire pour la catechèse 226
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Le témoignage de vie chrétienne donné par les parents au sein de la famille arrive aux enfants enrobé l'entourage de la tendresse et du respect maternels et paternels. Ainsi, les enfants perçoivent et vivent joyeusement la proximité de Dieu et de Jésus manifestée par les parents; cette première expérience chrétienne les marque souvent pour toute la vie. L'éveil religieux dans l'enfance, au sein de la famille, a un caractère " irremplaçable ". (167)
Cette première initiation se consolide quand, à l'occasion de certains événements familiaux ou de fêtes, " on prend soin d'expliciter en famille le contenu chrétien ou religieux de ces événements ". (168) Et cette initiation s'approfondit si les parents commentent et aident à intérioriser la catéchèse plus méthodique que leurs enfants reçoivent dans la communauté chrétienne en grandissant. En effet, " la catéchèse familiale précède, accompagne, enrichit toute autre forme de catéchèse ". (169)
Notes:
(166) Cf. au chapitre de de cette partie le passage consacré à la " famille comme milieu ou moyen de croissance dans la foi ", où sont analysées les caractéristiques de la catéchèse familiale. Ce numéro traite davantage des parents comme agents de la catéchèse; cf. CIC 226 n2 CIC 774 n2.
(167) CTR 68
(168) Ibid
(169) Ibid
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Les parents reçoivent dans le sacrement de Mariage la grâce et la responsabilité de l'éducation chrétienne de leurs enfants, (170) devant lesquels ils portent témoignage tout en leur transmettent les valeurs humaines et religieuses. Cette activité éducative, à la fois humaine et religieuse, est un " véritable ministère ", (171) par lequel l'Evangile est transmis et rayonne à tel point que la vie familiale devient un itinéraire de foi et une école de vie chrétienne. Au fur et à mesure que les enfants grandissent, l'échange devient réciproque et " dans un tel dialogue catéchétique chacun reçoit et donne ". (172)
C'est pourquoi la communauté chrétienne portera une attention très spéciale aux parents. Par des contacts personnels, des rencontres, des cours et aussi par une catéchèse des adultes destinée aux parents, ceux-ci seront aidés dans l'accomplissement d'une tâche, aujourd'hui particulièrement délicate: l'éducation de leur enfants à la foi. Cela est notamment urgent dans les endroits où la législation civile ne permet pas ou rend difficile une libre éducation dans la foi. (173) Dans ces cas, " l'Eglise domestique " (174) reste l'unique milieu où enfants et jeunes peuvent recevoir une authentique catéchèse.
Notes:
(170) Cf. ChL 62; FC 38
(171) FC 38
(172) CTR 68 cf. EN 71.
(173) Cf. CTR 68
(174) LG 11 cf. FC 36.
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L'Eglise convoque pour l'activité catéchétique particulièrement les personnes consacrées et souhaite " que les communautés religieuses consacrent le maximum de leurs capacités et de leurs possibilités à l'oeuvre spécifique de la catéchèse ". (175)
La contribution particulière à la catéchèse qu'apportent les religieux, les religieuses et les membres des Sociétés de vie apostolique vient de leur condition spécifique. La profession des conseils évangéliques qui caractérise la vie religieuse est un don pour toute la communauté chrétienne. Dans l'activité catéchétique diocésaine, leur contribution originale ne pourra être remplacée ni par celle des prêtres ni par celle des laïcs. Cet apport original vient du témoignage public de leur consécration qui en fait des signes vivants de la réalité du Royaume: " C'est la profession de ces conseils, dans un état de vie stable reconnu par l'Eglise, qui caractérise la vie consacrée à Dieu ". (176) Même si chaque chrétien est appelé à vivre les valeurs évangéliques, les personnes consacrées " incarnent l'Eglise désireuse de se livrer au radicalisme des béatitudes ". (177) Le témoignage des religieux, uni au témoignage des laïcs, montre l'unique visage de l'Eglise qui est le signe du Royaume de Dieu. (178)
Notes:
(175) CTR 65 cf. CIC 778
(176) CEC 915 cf. LG 44
(177) EN 69 cf. VC 33.
(178) Cf. VC 31 sur " les rapports entre les divers états de vie du chrétien "; cf. CEC 932
229
" Bien des familles religieuses, masculines et féminines, sont nées pour l'éducation chrétienne des enfants et des jeunes, surtout des plus abandonnés ". (179) Fidèles au charisme de leurs fondateurs, de nombreux religieux et religieuses collaborent aujourd'hui à la catéchèse diocésaine des adultes. Au cours de l'histoire, " les religieux et les religieuses se sont trouvés très engagés dans l'activité catéchétique de l'Eglise ". (180)
Lorsqu'ils se consacrent à la catéchèse, les religieux ne mettent pas de côté leurs charismes de fondation. (181) Sans rien ôter au caractère spécifique de la catéchèse, les charismes des diverses communautés religieuses impriment à cette tâche leurs propres connotations, souvent d'une grande profondeur religieuse, sociale et pédagogique. L'histoire de la catéchèse manifeste la vitalité que ces charismes ont apporté à l'activité éducative de l'Eglise.
Notes:
(179) CTR 65 cf. RMA 69
(180) CTR 65
(181) Cf. 1Co 12,4 LG 12.
230
L'activité catéchétique des laïcs tient son caractère particulier de leur condition dans l'Eglise: " le caractère séculier est propre et particulier aux laïcs ". (182) Les laïcs exercent la catéchèse à partir de leur insertion dans le monde, en partageant toutes les formes d'engagement avec les autres hommes et femmes, et en apportant à la transmission de l'Evangile une sensibilité et des marques spécifiques: " cette évangélisation . acquiert une certaine note spécifique et une particulière efficacité du fait qu'elle s'accomplit dans les conditions communes du siècle ". (183)
En effet, en partageant le mode de vie de ceux qu'ils catéchisent, les catéchistes laïcs ont une sensibilité spéciale pour incarner l'Evangile dans la vie concrète des hommes. Les catéchumènes et les catéchisés peuvent trouver en eux un modèle chrétien, dans lequel projeter leur avenir de croyants.
Notes:
(182) LG 31 ChL 15 analyse dans les détails ce " caractère séculier ".
(183) LG 35
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La vocation du laïc à la catéchèse découle du sacrement de Baptême et est renforcée par la Confirmation, ces sacrements par lesquels il participe à " l'office sacerdotal, prophétique et royal du Christ ". (184) En plus de la vocation commune à l'apostolat, certains laïcs se sentent appelés intérieurement par Dieu à assumer la charge de catéchistes. L'Eglise suscite et discerne cette vocation divine et confère la mission de catéchiser. Le Seigneur Jésus invite ainsi des hommes et des femmes, d'une manière spéciale, à Le suivre, Lui le Maître et formateur des disciples. Cet appel personnel de Jésus-Christ et le rapport avec Lui sont le vrai moteur de l'action du catéchiste. " De cette connaissance amoureuse du Christ jaillit le désir de L'annoncer, d'évangéliser et de conduire d'autres au 'oui' de la foi en Jésus-Christ ". (185)
Se sentir appelé à être catéchiste et recevoir de l'Eglise la mission de le faire peut comporter divers degrés de dévouement, selon les caractéristiques de chacun. Parfois le catéchiste collabore au service de la catéchèse pour un temps limité ou même parfois de manière occasionnelle; son service et sa collaboration n'en restent pas moins précieuses. Cependant, étant donné l'importance du ministère de la catéchèse, il est souhaitable que, dans le diocèse, un certain nombre de religieux et de laïcs se consacrent de manière stable et avec générosité à la catéchèse; reconnus officiellement, en communion avec les prêtres et l'évêque, ils contribuent à donner à ce service diocésain la configuration ecclésiale qui lui est propre. (186)
Notes:
(184) AA 2 cf. Rituale Romanum, Ordo Baptismi Parvulorum, n. 62, Editio Typica, Typis Polyglottis Vaticanis 1969; RICA 224.
(185) CEC 429
(186) Le Code de droit canon établit que l'autorité de l'Eglise peut confier officiellement un office ou service ecclésial aux laïcs, sans tenir compte du fait que ce service soit ou non un " ministère " non ordonné formellement institué comme tel: " Les laïcs reconnus idoines ont capacité à être admis par les Pasteurs sacrés à des offices et charges ecclésiastiques (officia ecclesiastica et munera) que les dispositions du droit les autorise à remplir " (CIC 228 n1); cf. EN 73 ChL 23.
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La catéchèse devant répondre à des besoins divers, le type ou la figure du catéchiste dans l'Eglise présente diverses modalités.
- " Les catéchistes en terre de mission " (187) portent par excellence le titre de catéchistes. " Des Eglises aujourd'hui florissantes ne se seraient pas édifiées sans eux ". (188) Certains ont " la tâche spécifique de la catéchèse "; (189) et d'autres " collaborent aux diverses formes d'apostolat ". (190)
- Certaines Eglises de vieille chrétienté, avec grand manque de clergé, requièrent un type de catéchiste analogue, d'une certaine façon, à celui des terres de mission, car il s'agit de faire face à des besoins urgents: l'animation communautaire de petites populations rurales qui manquent de la présence assidue du prêtre; la convenance d'une présence et d'une pénétration missionnaire " dans les quartiers populaires de grandes métropoles ". (191)
- Dans les pays de tradition chrétienne qui réclament une " nouvelle évangélisation ", (192) la figure du catéchiste des jeunes et celle du catéchiste des adultes deviennent indispensables pour animer les processus de catéchèses d'initiation. Ils doivent se consacrer aussi à la catéchèse permanente. Dans ces tâches, le rôle du prêtre sera également fondamental.
- La figure du catéchiste des petits enfants, des enfants et des adolescents reste à la base. Il a la mission délicate de donner " les premières notions de catéchisme et de préparer au sacrement de la réconciliation, à la première communion et à la confirmation ". (193) Cette tâche est encore plus urgente aujourd'hui quand les petits enfants et les adolescents " ne reçoivent pas dans leur foyer une formation religieuse convenable ". (194)
- Un type de catéchiste dont il faut assurer la formation est le catéchiste pour les rencontres de préparation aux sacrements; (195) il est destiné au monde des adultes, et plus particulièrement lors du baptême, de la première communion de leurs enfants, ou à l'occasion de leur mariage sacramentel. Cette tâche a son originalité, en elle convergent les dimensions de l'accueil et de la première annonce, avec l'occasion de se faire compagnon de route dans la recherche de la foi.
- D'autres types de catéchistes sont demandés avec urgence pour des catégories à la sensibilité particulière: les personnes du troisième âge, (196) qui ont besoin d'une présentation de l'Evangile adaptée à leurs conditions; les inadaptés et les handicapés qui ont besoin d'une pédagogie catéchétique spéciale, (197) en plus d'être intégrés pleinement à la communauté; les migrants et les personnes marginalisées par l'évolution moderne. (198)
- D'autres types de catéchistes peuvent être conseillés. Chaque Eglise particulière découvrira, après avoir examiné sa situation culturelle et religieuse, ses propres nécessités et envisagera, avec réalisme, les types de catéchistes dont elle a besoin. Sa tâche fondamentale sera d'orienter et organiser la formation des catéchistes.
Notes:
(187) CTR 66
(188) CTR 66.
(189) GCM 4.
(190) Ibid.
(191) CTR 45 cf. RMA 37, ad b, par. 2.
(192) RMA 33
(193) CTR 66.
(194) Ibid.cf. CTR 42
(195) Cf. DGC (1971) 96c.
(196) Cf. CTR 45 cf. GDC (1971) 95.
(197) Cf. DGC (1971) 91; CTR 41
(198) CTR 45.
233
Pour le bon fonctionnement du ministère catéchétique dans l'Eglise particulière, il est très important de pouvoir compter sur une pastorale des catéchistes adaptée. Dans cette pastorale il faut tenir compte de divers aspects. Il faut essayer notamment de:
- Susciter dans les paroisses et dans les communautés chrétiennes des vocations à la catéchèse. Actuellement, alors que les besoins de la catéchèse sont de plus en plus différenciés, il faut promouvoir divers types de catéchistes. " Des catéchistes spécialisés sont nécessaires ". (199) A ce sujet il faudra déterminer des critères de choix.
- Assurer un certain nombre de catéchistes à plein temps, qui se consacrent de manière plus intense et plus stable à la catéchèse, (200) en sus du soutien aux catéchistes à temps partiel, qui généralement seront les plus nombreux.
- Etablir une répartition plus équilibrée des catéchistes parmi les secteurs de destinataires. La prise de conscience de la nécessité d'une catéchèse des jeunes et des adultes, par exemple, conduira à l'établissement d'un plus grand équilibre par rapport au nombre des catéchistes qui se consacrent à l'enfance et à l'adolescence.
- Promouvoir des animateurs responsables de l'action catéchétique qui assument des responsabilités au niveau du diocèse, du doyenné et de la paroisse. (201)
- Organiser convenablement la formation des catéchistes, aussi bien la formation de base que la formation permanente.
- Soigner l'attention personnelle et spirituelle aux catéchistes et au groupe des catéchistes en tant que tel. Cette tâche est principalement du ressort des prêtres, dans les communautés chrétiennes respectives.
- Coordonner les catéchistes avec les autres artisans de la pastorale dans les communautés chrétiennes, en vue d'exercer une activité d'évangélisation cohérente et pour que le groupe des catéchistes ne reste pas isolé et en marge de la vie de la communauté.
Notes:
(199) GCM 5.
(200) Le Concile Vatican II distingue deux types de catéchistes: " les catéchistes entièrement dévoués " et " les catéchistes auxiliaires " (cf. AGD 17) . Cette distinction est reprise dans le GCM 4, sous les termes de " catéchistes à plein temps " et " catéchistes à temps partiel ".
(201) Cf. GCM 5.
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Toutes ces tâches sont dictées par la conviction que toute activité pastorale qui ne bénéficie pas du concours de personnes vraiment formées et préparées, compromet sa qualité. Les instruments de travail eux-mêmes ne seraient d'aucun secours s'ils n'étaient utilisés par des catéchistes bien formés. C'est pourquoi, la formation appropriée des catéchistes ne saurait être négligée au profit du renouvellement des textes ou d'une meilleure organisation de la catéchèse. (202)
Aussi la pastorale diocésaine de la catéchèse accordera la priorité absolue à la formation des catéchistes laïcs. En même temps - comme élément réellement décisif -, il faudra veiller à la formation catéchétique des prêtres, aussi bien dans les plans d'étude de la formation au séminaire que lors de la formation permanente. On demande aux évêques de veiller à ce que cette formation soit scrupuleusement assurée.
Notes:
(202) Cf. DGC (1971) 108a.
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La formation vise à habiliter les catéchistes à transmettre l'Evangile à ceux qui souhaitent se confier à Jésus-Christ. La finalité de la formation exige donc que le catéchiste soit le plus possible rendu capable de réaliser un acte de communication: " le but essentiel de la formation catéchétique est d'habiliter à la communication du message chrétien ". (203)
La finalité christocentrique de la catéchèse, qui tend à favoriser la communion du converti avec Jésus-Christ, marque profondément toute la formation des catéchistes. (204) Celle-ci ne vise en effet qu'à conduire le catéchiste à animer efficacement un itinéraire catéchétique dans lequel, en passant par les étapes nécessaires, il annonce Jésus-Christ, il en fait connaître la vie en la situant dans toute l'histoire du Salut; il explique le mystère du Fils de Dieu qui s'est fait homme pour notre salut; il aide enfin le catéchumène ou le catéchisé à s'identifier à Jésus-Christ par les sacrements de l'initiation. (205) Dans la catéchèse permanente, le catéchiste ne fait qu'approfondir ces aspects fondamentaux.
Cette perspective christologique influence directement l'identité du catéchiste et sa préparation. " L'unité et l'harmonie du catéchiste doivent être considérées dans une vision christocentrique et construites dans une familiarité profonde avec le Christ et avec le Père, dans l'Esprit ". (206)
Notes:
(203) DGC (1971) 111.
(204) Cf. CTR 5 Ce texte définit la finalité christocentrique de la catéchèse. Elle détermine le christocentrisme du contenu de la catéchèse, le christocentrisme de la réponse du destinataire, le oui à Jésus-Christ et le christocentrisme de la spiritualité du catéchiste et de sa formation.
(205) Nous signalons ici les quatre étapes du Catéchuménat baptismal perçues dans une vision christocentrique.
(206) GCM 20.
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La formation qui vise à rendre le catéchiste apte à transmettre l'Evangile au nom de l'Eglise a, par là-même, une nature ecclésiale. La formation des catéchistes n'est autre qu'une aide pour qu'ils aient de l'Evangile la même conscience vivante et actuelle qu'en a l'Eglise, s'habilitant ainsi à le transmettre en son nom.
Plus concrètement, dans sa formation, le catéchiste entre en communion avec le désir de l'Eglise qui, comme épouse, " conserve intègre et pure la foi donnée à son Epoux " (207) et, comme " mère et maîtresse ", veut transmettre l'Evangile dans toute son authenticité, en l'adaptant à toutes les cultures, âges et situations. Cette nature ecclésiale de la transmission de l'Evangile imprègne toute la formation des catéchistes.
Notes:
(207) LG 64
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Pour concevoir convenablement la formation des catéchistes, il faut tenir compte au préalable de certains critères qui inspireront cette formation avec différents accents.
- Il s'agit tout d'abord de former des catéchistes pour répondre aux besoins d'évangélisation du temps actuel, avec ses valeurs, ses défis et ses ombres. Pour cette tâche, il faut des catéchistes qui aient une foi profonde, (208) une claire identité chrétienne et ecclésiale (209) et une grande sensibilité sociale. (210) Tout projet de formation doit tenir compte de ces aspects.
- Dans la formation, il faudra aussi tenir compte du concept de catéchèse que défend l'Eglise aujourd'hui. Il s'agit de former des catéchistes pour qu'ils soient en mesure de donner non seulement un enseignement mais également une formation chrétienne intégrale, par la promotion de " tâches d'initiation, d'éducation et d'enseignement ". (211) Autrement dit, des catéchistes qui soient, à la fois, des maîtres, des éducateurs et des témoins.
- Le moment catéchétique que vit l'Eglise est une invitation à préparer des catéchistes capables de dépasser les " tendances unilatérales divergentes " (212) et d'offrir une catéchèse pleine et complète, des catéchistes qui sachent conjuguer la dimension de vérité et celle porteuse de sens de la foi, l'orthodoxie et l'orthopraxie, le sens ecclésial et le sens social. Leur formation devra contribuer à ce que les éléments de ces couples, qui peuvent subir des tensions, se fécondent mutuellement.
- La formation des catéchistes laïcs ne peut ignorer le caractère propre du laïc dans l'Eglise et ne doit pas être conçue comme une pure synthèse de la formation reçue par les religieux ou les prêtres. Au contraire, il faudra se rappeler que " leur formation apostolique reçoit une note spéciale du caractère séculier propre au laïcat, ainsi que de leur forme de vie spirituelle " (AA 29) .
- Enfin, la pédagogie adoptée dans cette formation a une importance fondamentale. Comme critère général, il faut souligner la nécessité d'une cohérence entre la pédagogie globale de la formation des catéchistes et la pédagogie propre à un processus catéchétique. Dans son activité, le catéchiste aurait beaucoup de mal à improviser un style et une sensibilité auxquels il n'aurait pas été initié pendant sa formation.
Notes:
(208) Cf. DGC (1971) 114.
(209) Cf. GCM 7.
(210) Cf. GCM 13.
(211) DGC (1971) 31.
(212) CTR 52 cf. CTR 22
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La formation des catéchistes revêt plusieurs dimensions. La plus profonde a trait à l'être du catéchiste, à sa dimension humaine et chrétienne. La formation doit en effet l'aider à mûrir, avant tout, comme personne, comme croyant et comme apôtre. Puis, il y a ce que le catéchiste doit savoir pour bien accomplir sa tâche. Cette dimension marquée par la double fidélité au message et à la personne humaine, exige que le catéchiste connaisse bien à la fois le message qu'il transmet et celui qui le reçoit ainsi que le contexte social dans lequel il vit. Enfin, il y a la dimension du savoir faire, puisque la catéchèse est un acte de communication. La formation tend à faire du catéchiste un " éducateur de l'homme et de la vie de l'homme ". (213)
Notes:
(213) CTR 22.
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A partir d'une maturité humaine initiale, (214) l'exercice de la catéchèse, sans cesse revu et évalué, permettra au catéchiste de croître dans l'équilibre affectif, le sens critique, l'unité intérieure, la capacité de relations et de dialogue, l'esprit constructif et le travail d'équipe. (215) Il cherchera avant tout à développer ces qualités par respect et amour envers les catéchumènes et les catéchisés: " Quelle est cette affection? Bien plus que celle d'un pédagogue, elle est celle d'un père; et plus encore: celle d'une mère. C'est cette affection que le Seigneur attend de chaque prédicateur de l'Evangile, de chaque bâtisseur de l'Eglise ". (216)
La formation veillera en même temps à ce que l'exercice de la catéchèse alimente la foi du catéchiste en le faisant grandir comme croyant. Aussi la vraie formation alimentera surtout la spiritualité du catéchiste, (217) afin que son activité naisse vraiment de son témoignage de vie. Chacun des thèmes catéctétiques qu'il dispense doit nourrir en premier lieu la foi du catéchiste. On catéchise les autres en se catéchisant d'abord soi-même.
Pour finir, la formation alimentera constamment la conscience apostolique du catéchiste, son sens de l'évangélisation. Ainsi devra-t-il connaître et vivre le projet concret d'évangélisation de son Eglise diocésaine et celui de sa paroisse, pour se mettre au diapason de la conscience que l'Eglise particulière a de sa propre mission. La meilleure manière d'alimenter cette lucidité apostolique est de s'identifier avec la personne de Jésus-Christ, maître et formateur de ses disciples, en cherchant à faire sien le zèle qu'il a manifesté pour le Royaume. Grâce à l'exercice de la catéchèse, la vocation apostolique du catéchiste - soutenue par une formation permanente - mûrira peu à peu.
Notes:
(214) Cf. GCM 21.
(215) Les qualités humaines suggérées par le GCM sont les suivantes: facilité de rapports humains et de dialogue, capacité de communication, disposition à la collaboration, rôle de guide, sérénité de jugement, compréhension et réalisme, capacité d'apporter réconfort et espérance. (cf. 21).
(216) EN 79
(217) Cf. ChL 60.
240
Le catéchiste doit non seulement être un témoin, mais aussi un maître qui enseigne la foi. Une formation biblique et théologique lui permettra d'avoir une connaissance organique du message chrétien, articulé autour du mystère central de la foi, Jésus-Christ.
La formation doctrinale doit contenir toutes les parties d'un projet organique de catéchèse:
- les trois grandes étapes de l'histoire du salut: l'Ancien Testament, la vie de Jésus-Christ et l'histoire de l'Eglise;
- les grands noyaux du message chrétien: symbole, liturgie, vie morale et prière.
A son niveau d'enseignement théologique, le contenu de la formation doctrinale d'un catéchiste est le même que celui que la catéchèse doit transmettre. Quant à l'Ecriture Sainte, elle devra être " comme l'âme de cette formation ". (218) Le Catéchisme de l'Eglise catholique sera la référence doctrinale fondamentale, en même temps que le catéchisme de l'Eglise particulière ou locale.
Cette formation biblique et théologique doit avoir certaines qualités:
a) Tout d'abord, elle doit avoir le caractère synthétique du message à transmettre, où les divers éléments de la foi chrétienne apparaissent, bien structurés et en harmonie entre eux, dans une vision organique qui respecte la " hiérarchie des vérités ".
b) Cette synthèse de foi sera telle qu'elle aidera le catéchiste à mûrir dans sa foi, et en même temps, l'habilitera à rendre raison de l'espérance au temps de la mission. " La formation doctrinale des fidèles se révèle de nos jours de plus en plus urgente, du fait non seulement du dynamisme naturel d'approfondissement de la foi, mais aussi de la nécessité de rendre raison de l'espérance qui est en eux en face du monde et de ses problèmes graves et complexes ". (219)
c) Cette formation théologique sera très proche de l'expérience humaine, capable de faire le lien entre les différents aspects du message chrétien et la vie concrète des hommes et des femmes, " pour l'inspirer ou pour la critiquer, à la lumière de l'Evangile ". (220) Tout en restant un enseignement théologique, elle doit adopter, en quelque sorte, un style catéchétique.
d) Enfin, cette formation sera telle que le catéchiste " pourra non seulement transmettre exactement le message évangélique, mais encore rendre les catéchisés capables de recevoir ce message de manière active; il pourra également discerner dans l'itinéraire spirituel des catéchisés ce qui est en accord avec la foi ". (221)
Notes:
(218) Cf. DGC (1971) 112. GCM 23 souligne l'importance primordiale de l'Ecriture Sainte dans la formation des catéchistes: " Que l'Ecriture Sainte continue à être le sujet principal d'enseignement et comme l'âme de toute l'étude théologique. Là où c'est nécessaire, que cet enseignement soit renforcé ".
(219) ChL 60c.
(220) CTR 22
(221) DGC (1971) 112.
Les sciences humaines dans la formation du catéchiste
242
Le catéchiste apprend à connaître l'homme et la réalité dans laquelle il vit en utilisant aussi les sciences humaines, qui de nos jours ont rejoint un point extraordinaire de développement. " Que dans la pastorale, on ait une connaissance suffisante non seulement des principes de la théologie, mais aussi des découvertes scientifiques profanes, notamment de la psychologie et de la sociologie, et qu'on en fasse usage: de la sorte, les fidèles, à leur tour, seront amenés à une plus grande pureté et maturité dans leur vie de foi ". (222)
Il est nécessaire que le catéchiste soit mis au contact d'au moins quelques notions fondamentales de psychologie: les dynamismes psychologiques de l'homme; la structure de sa personnalité; les besoins et les attentes les plus profondes du coeur humain; la psychologie évolutive et les étapes du cycle de vie de l'homme; la psychologie religieuse et les expériences qui ouvrent l'homme au mystère du sacré.
Les sciences sociales permettent de connaître le contexte socio-culturel dans lequel l'homme vit, et qui l'influence puissamment. C'est pourquoi, dans la formation du catéchiste " on analysera les conditions sociologiques, culturelles et économiques, puisque ces données de la vie collective peuvent avoir une grande influence sur le développement de l'évangélisation ". (223)
En même temps que ces sciences, explicitement recommandées par le Concile Vatican II, d'autres doivent faire partie, d'une manière ou d'une autre, de la formation des catéchistes, notamment les sciences de l'éducation et de la communication.
Notes:
(222) GS 62.
(223) DGC (1971) 100.
243
Ces critères sont:
a) Le respect de l'autonomie des sciences: " l'Eglise affirme l'autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences ". (224)
b) Le discernement évangélique des différentes tendances ou écoles psychologiques, sociologiques et pédagogiques: leurs valeurs et leurs limites.
c) L'étude des sciences humaines n'est pas une fin en soi dans la formation du catéchiste. On prend conscience de la situation existentielle, psychologique, culturelle et sociale de l'homme en regardant vers la foi à laquelle on doit l'éduquer. (225)
d) La théologie et les sciences humaines, dans la formation des catéchistes, doivent se féconder réciproquement. Il faut donc éviter que ces sciences deviennent la seule norme pour la pédagogie de la foi, sans tenir compte des critères théologiques qui dérivent de la pédagogie même de Dieu. Il s'agit de disciplines fondamentales, nécessaires, mais toujours au service d'une activité évangélisatrice qui n'est pas seulement humaine. (226)
Notes:
(224) GS 59
(225) " L'enseignement des sciences humaines, étant donné l'étendue et la diversité de ces disciplines, pose de sérieux problèmes de choix et de mise en place. Du moment qu'il ne s'agit pas de former des spécialistes en psychologie mais des catéchistes, la règle à suivre est de discerner et de choisir ce qui peut directement leur servir à acquérir une aptitude à la communication " (DGC (1971)
(226) Un texte fondamental pour l'usage des sciences humaines dans la formation des catéchistes reste cette recommandation du Concile Vatican II en GS 62: " Que les fidèles vivent donc en très étroite union avec les autres hommes de leur temps et qu'ils s'efforcent de comprendre à fond leurs façons de penser et de sentir, telles qu'elles s'expriment par la culture. Qu'ils marient la connaissance des sciences et des théories nouvelles, comme des découvertes les plus récentes, avec les moeurs et l'enseignement de la doctrine chrétienne, pour que le sens religieux et la rectitude morale marchent de pair chez eux avec la connaissance scientifique et les incessants progrès techniques; ils pourront ainsi apprécier et interpréter toutes choses avec une sensibilité authentiquement chrétienne ".
244
En même temps que l'être et le savoir, la formation du catéchiste doit comprendre aussi le savoir faire. Le catéchiste est un éducateur qui facilite la maturation de la foi que le catéchumène ou le catéchisé réalisent avec l'aide de l'Esprit Saint. (227)
La première chose dont il faut tenir compte dans ce secteur décisif de la formation, est le respect de la pédagogie originale de la foi. Le catéchiste se prépare en effet à faciliter la croissance d'une expérience de foi dont il n'est pas le dépositaire. C'est Dieu qui l'a déposée au coeur de l'homme et de la femme. La tâche du catéchiste se borne à cultiver ce don, à l'offrir, à l'alimenter et à l'aider à croître. (228)
La formation cherchera à développer chez le catéchiste la capacité éducative qui comprend: une faculté d'attention aux personnes, l'habileté pour interpréter et répondre à la demande d'éducation, l'esprit d'initiative pour mettre en route des processus d'apprentissage, et l'art de conduire un groupe humain vers la maturité. Comme pour tous les arts, le plus important est que le catéchiste acquiert son propre style de catéchiser, en adaptant à sa personnalité les principes généraux de la pédagogie catéchétique. (229)
. Plus concrètement, le catéchiste, et tout particulièrement celui qui se consacre à la catéchèse à plein temps, sera habilité à programmer, au sein du groupe de catéchistes, l'activité éducative, en tenant compte des circonstances, en élaborant un plan réaliste, et après l'avoir réalisé, en en faisant une évaluation critique. (230) Le catéchiste doit être capable d'animer un groupe en faisant usage avec discernement des techniques de l'animation de groupe qu'offre la psychologie.
Cette capacité éducative et ce savoir faire, avec les connaissances, les attitudes et les techniques qu'ils comportent, " peuvent être mieux assimilées si elles sont données en cours de travail, par exemple au cours de sessions où l'on prépare et critique des leçons de catéchèse ". (231)
L'idéal serait que les catéchistes soient les artisans de leur apprentissage, c'est-à-dire que leur formation soit créative et pas seulement l'assimilation de règles extérieures. C'est pourquoi la formation doit être très proche de la pratique: il faut partir de la pratique pour arriver à la formation. (232)
Notes:
(227) L'importance de la pédagogie a été soulignée par CTR 58: " Parmi les nombreuses et prestigieuses sciences de l'homme qui connaissent de nos jours un immense progrès, la pédagogie est certainement l'une des plus importantes. La science de l'éducation et l'art d'enseigner sont l'objet de continuelles remises en question, en vue d'une meilleure adaptation ou d'une plus grande efficacité ".
(228) Cf. CTR 58
(229) Cf. DGC (1971) 113.
(230) Ibid.
(231) DGC (1971) 112.
(232) Cf. GCM 28.
1997 Directoire pour la catechèse 226