1996 Denzinger 249


Concile d'EPHESE (3e

Oecuménique)

22 juin -

septembre 431


1ere session des cyrilliens, 22 juin 431.

a) 2eme lettre de Cyrille d'Alexandrie à Nestorius

L'Incarnation du Fils de Dieu

250
Nous ne disons pas en effet que la nature du Verbe par suite d'une transformation est devenue chair, ni non plus qu'elle a été changée en un homme complet, composé d'une âme et d'un corps, mais plutôt ceci : le Verbe, s'étant uni selon l'hypostase une chair animée d'une âme raisonnable, est devenu homme d'une manière indicible et incompréhensible et a reçu le titre de Fils d'homme, non par simple vouloir ou bon plaisir, ni non plus parce qu'il en aurait pris seulement le personnage ; et nous disons que différentes sont les natures rassemblées en une véritable unité, et que des deux il est résulté un seul Christ et un seul Fils, non que la différence des natures ait été supprimée par l'union, mais plutôt parce que la divinité et l'humanité ont formé pour nous l'unique Seigneur Christ et Fils par leur ineffable et indicible concours dans l'unité.
Ainsi, bien qu'il subsiste avant les siècles et qu'il ait été engendré par le Père, il est dit aussi avoir été engendré selon la chair par une femme, non point que sa nature divine ait commencé à être en la sainte Vierge, ni qu'elle ait eu nécessairement besoin d'une seconde naissance par elle après celle qu'il avait reçue du Père, car c'est légèreté et ignorance de dire que celui qui existe avant les siècles et est coéternel au Père a besoin d'une seconde génération pour exister,- mais puisque c'est pour nous et pour notre salut qu'il s'est uni selon l'hypostase l'humanité, et qu'il est né de la femme, on dit qu'il a été engendré d'elle selon la chair.

251
(ce numéro est subdivisé en sous-chapitres : 251a ; 251b ; 251c ; 251d ; 251e)

Car ce n'est pas un homme ordinaire qui a d'abord été engendré de la sainte Vierge et sur lequel ensuite le Verbe serait descendu, mais c'est pour avoir été uni à son humanité dès le sein même qu'il est dit avoir subi la génération charnelle, en tant qu'il s'est approprié la génération de sa propre chair. C'est ainsi que nous disons qu'il a souffert et qu'il est ressuscité, non pas que le Dieu Verbe ait souffert en sa propre nature les coups, les trous des clous et les autres blessures (car la divinité est impassible, puisqu'elle est incorporelle); mais puisque le corps qui est devenu le sien propre, a souffert tout cela, on dit encore une fois que c'est lui (le Verbe) qui a souffert pour nous : l'Impassible était dans le corps qui souffrait Et c'est de la même façon que nous pensons au sujet de sa mort. Car le Verbe de Dieu est par nature immortel, incorruptible, vie et vivifiant. Mais encore une fois puisque son propre corps a, par la grâce de Dieu, goûté la mort pour tout homme, comme dit Paul
He 2,9, on dit qu'il a souffert la mort pour nous : non qu'il ait fait l'expérience de la mort en ce qui regarde sa propre nature (ce serait folie de dire cela ou de le penser), mais parce que, comme je l'ai dit à l'instant, sa chair a goûté la mort. Ainsi, sa chair étant ressuscitée, on parle de la résurrection du Verbe, non point que le Verbe soit tombé dans la corruption, non certes, mais encore une fois parce que son corps est ressuscité. ...
C'est ainsi qu'ils (les saints pères) se sont enhardis à nommer la sainte Vierge Mère de Dieu, non que la nature du Verbe ou sa divinité ait reçu le début de son existence à partir de la sainte Vierge, mais parce qu'a été engendré d'elle son saint corps animé d'une âme raisonnable, corps auquel le Verbe s'est uni selon l'hypostase et pour cette raison est dit avoir été engendré selon la chair.

b) 2. lettre de Nestorius à Cyrille

L'union des natures dans le Christ

- 251a

(Chap. 3) Je crois (nous croyons) donc, disent-ils (les saints pères) en notre Seigneur Jésus Christ, son Fils, son unique. Observe comment ils ont posé d'abord comme des fondements " Seigneur ", " Jésus ", " Christ ", " unique engendré ", " Fils ", ces noms communs à la divinité et à l'humanité, et édifient ensuite la tradition de l'Incarnation, de la Résurrection et de la Passion ; leur but était, une fois posés certains noms significatifs communs à l'une et à l'autre nature, qu'on ne divise pas ce qui se rapporte à la filiation et à la seigneurie, et que dans l'unicité de la filiation ce qui se rapporte aux natures ne soit pas non plus en péril de disparaître par confusion.

- 251b

(Chap. 4) Cela, Paul le leur avait en effet enseigné qui, faisant mention de la divine Incamation et sur le point d'ajouter la Passion, commence par poser ce nom de Christ commun aux natures, comme je l'ai dit un peu plus haut, puis ajoute le discours relatif aux deux natures. Que dit-il en effet : " Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Lui, qui existant en forme de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu, Mais (pour ne pas tout citer en détail) il devint obéissant jusqu'à la mort et à la mort de la croix " Ph 2,5 Ph 8).Ainsi,comme il allait faire mention de la mort, pour qu'on n'en tirât pas la conclusion que le Dieu Verbe est passible, il pose ce nom de Christ, comme une appellation signifiant la substance impassible et passible dans une personne unique, impassible par la divinité, passible par la nature corporelle.

- 251c

(Chap. 5) Bien que je puisse en dire long sur ce sujet et tout d'abord qu'à propos de l'économie ces saints pères n'ont même pas fait mention de génération mais d'Incarnation, je sens que ma promesse de brièveté dans mon préambule refrène mon discours et qu'elle m'amène au second point de Ta Charité. J'y louais la division des natures selon la raison de l'humanité et de la divinité et leur conjonction en une seule personne ; et aussi que tu dis que le Dieu Verbe n'a pas eu besoin d'une seconde génération à partir de la femme et que tu confesses que la divinité n'est pas susceptible de pâtir. Tout cela est orthodoxe parce que vrai et contraire aux fausses opinions de toutes les hérésies touchant les natures du Seigneur. Si le reste contient une sagesse cachée, incompréhensible aux oreilles des lecteurs, il appartient à ta pénétration de le savoir : pour moi en tout cas, cela m'a paru renverser ce qui précède. Celui en effet qui avait été précédemment proclamé impassible et non susceptible d'une seconde génération, était présenté de nouveau, je ne sais comment, comme passible et nouvellement créé, comme si les qualités par nature inhérentes au Dieu Verbe avaient été détruites par la conjonction avec le Temple, ou que ce fût peu de chose aux yeux des hommes que le Temple sans péché et inséparable de la nature divine eût subi génération et mort pour les pécheurs, ou qu'il ne fallût pas croire à la voix du Seigneur criant aux juifs : " Détruisez ce Temple et je le relèverai en trois jours " Jn 2,19 et non pas : " Détruisez ma divinité, et elle se relèvera en trois jours."

- 251d

(Chap. 6)... En tout lieu de la divine Ecriture, quand elle fait mention de l'économie du Seigneur, la génération et la Passion qui sont présentées ne sont pas celles de la divinité, mais de l'humanité du Christ, en sorte que la sainte Vierge doive être appelée d'une dénomination plus exacte mère du Christ et non Mère de Dieu. Ecoute aussi ces paroles de l'Evangile qui proclament : " Livre de la génération de Jésus Christ, est-il dit, fils de David, fils d'Abraham " Mt 1,1 Il est donc clair que le Dieu Verbe n'était pas fils de David. Apprends, s'il te plaît, un autre témoignage : " Jacob a engendré Joseph l'époux de Marie, de laquelle a été engendré Jésus qu'on appelle le Christ " Mt 1,16 Examine encore une autre voix qui nous atteste : " Voici quelle fut la génération de Jésus Christ. Comme Marie sa mère avait été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par l'opération de l'Esprit Saint " Mt 1,18. Qui supposerait que la divinité du Fils unique fût une créature de l'Esprit ? Et que dire de ce mot : " La mère de Jésus était là " Jn 2,1. Et encore : " Avec Marie la mère de Jésus " Ac 1,14, et " Ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint " Mt 1,20 et : " Prends l'enfant et sa mère et fuis vers l'Egypte " Mt 2,13 et:
Au sujet de son Fils qui est né de la race de David selon la chair " Rm 1,3 et au sujet de la Passion de nouveau : " Dieu, ayant envoyé son Fils dans une ressemblance à la chair de péché et en raison du péché, a condamné le Péché dans la chair " Rm 8,3 et encore : " Le Christ est mort pour nos péchés " 1Co 15,3 et : " Le Christ a souffert en sa chair " 1P 4,1, et: " Ceci est " non ma divinité, mais " mon corps rompu pour vous " 1Co 11,24.

- 251e

(Chap. 7) Et comme une infinité d'autres voix témoignent au genre humain qu'il ne faut pas regarder la divinité du Fils comme récente ou comme susceptible de souffrance corporelle, mais bien la chair unie à la nature de la divinité (d'où vient que le Christ se nomme lui-même Seigneur de David et son fils : " Quel est votre sentiment, dit-il, sur le Christ ? De qui est-il fils ? " Ils lui disent : " de David ". Jésus leur répondit : " Comment donc David, sous l'action de l'Esprit le nomme-t-il Seigneur, disant : le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite " Mt 22,42-44, dans la pensée qu'il est totalement fils de David selon la chair, mais Seigneur de David selon la divinité), il est bon et conforme à la tradition évangélique de confesser que le corps est le Temple de la divinité du Fils et un Temple uni selon une suprême et divine conjonction, en sorte que la nature de la divinité s'approprie ce qui appartient à ce Temple ; mais au nom de cette appropriation, attribuer au Verbe jusqu'aux propriétés de la chair conjointe, je veux dire la génération, la souffrance et la mortalité, c'est le fait, frère, d'une pensée ou égarée par les Grecs, ou malade de la folie d'Apollinaire, d'Arius et des autres hérésies, ou plutôt c'est quelque chose de plus grave que celles-ci. Car de toute nécessité ceux qui se laissent entraîner par le mot " appropriation " devront faire communier le Dieu Verbe à l'allaitement, à cause de l'appropriation, le faire participer à la croissance progressive et à la crainte au moment de la Passion et le mettre dans le besoin de l'assistance d'un ange. Et je passe sous silence la circoncision, le sacrifice, la sueur, la faim, toutes choses qui, attachées à la chair, sont adorables comme étant survenues à cause de nous, mais qui, si elles sont attribuées à la divinité, sont mensongères et cause pour nous, en tant que calomniateurs, d'une juste condamnation.

c) Anathèmes de Cyrille d'Alexandrie, joints à la lettre du

concile

d'Alexandrie, à Nestorius (3e lettre de Cyrille à Nestorius).

L'union des natures dans le Christ

252
1. Si quelqu'un ne confesse pas que l'Emmanuel est Dieu en vérité et que pour cette raison la sainte Vierge est Mère de Dieu (car elle a engendré charnellement le Verbe de Dieu fait chair), qu'il soit anathème.

253
2. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe issu du Dieu Père a été uni selon l'hypostase à la chair et qu'il est un unique Christ avec sa propre chair, c'est-à-dire le même tout à la fois Dieu et homme, qu'il soit anathème.

254
3. Si quelqu'un, au sujet de l'unique Christ, divise les hypostases après l'union, les conjuguant selon la seule conjonction de la divinité, de la souveraineté ou de la puissance, et non plutôt par la rencontre selon une union physique, qu'il soit anathème.

255
4. Si quelqu'un répartit entre deux personnes ou hypostases les paroles contenues dans les évangiles et les écrits des apôtres, qu'elles aient été prononcées par les saints sur le Christ ou par lui sur lui-même, et lui attribue les unes comme à un homme considéré séparément à part du Verbe issu de Dieu, et les autres au seul Verbe issu du Dieu Père parce qu'elles conviennent à Dieu, qu'il soit anathème.

256
5. Si quelqu'un ose dire que le Christ est un homme théophore et non pas plutôt Dieu en vérité en tant que Fils unique et par nature, selon que le Verbe s'est fait chair et a pris part de la même façon que nous au sang et à la chair, qu'il soit anathème.

257
6. Si quelqu'un dit que le Verbe issu du Dieu père est le Dieu ou le Maître du Christ et ne confesse pas plutôt que le même est tout à la fois Dieu et homme, étant donné que le Verbe s'est fait chair selon les Ecritures, qu'il soit anathème.

258
7. Si quelqu'un dit que Jésus en tant qu'homme a été mû par le Dieu Verbe et que la gloire du Fils unique lui a été attribuée comme à un autre subsistant à part lui, qu'il soit anathème.

259
8. Si quelqu'un ose dire que l'homme assumé doit être coadoré et coglorifié avec le Dieu Verbe et qu'il doit être coappelé Dieu comme un autre avec un autre (car chaque fois l'addition du mot " avec " forcera de concevoir la chose ainsi) et n'honore pas plutôt l'Emmanuel d'une seule adoration et ne lui adresse pas une seule glorification, selon que le Verbe s'est fait chair, qu'il soit anathème.

260
9. Si quelqu'un dit que l'unique Seigneur Jésus Christ a été glorifié par l'Esprit, comme s'il avait utilisé un pouvoir étranger qui lui venait de l'Esprit et qu'il a reçu de lui le pouvoir d'agir contre les esprits impurs et d'accomplir ses signes divins parmi les hommes, et ne dit pas plutôt que cet Esprit, par lequel il a opéré les signes divins, était le sien propre, qu'il soit anathème.

261
10. La sainte Ecriture dit que le Christ a été le grand prêtre et l'apôtre de notre confession de foi (voir
He 3,1) et qu'il s'est offert lui- même pour nous en parfum d'agréable odeur au Dieu et Père. Si donc quelqu'un dit que notre grand prêtre et apôtre n'a pas été le Verbe lui-même issu de Dieu quand il est devenu chair et homme semblable à nous, mais qu'il a été un autre proprement distinct de lui, un homme né de la femme ; ou si quelqu'un dit qu'il a présenté l'offrande pour lui-même et non pas plutôt pour nous seuls (car celui qui n'a pas connu la péché ne saurait avoir besoin de l'offrande), qu'il soit anathème.

262
11. Si quelqu'un ne confesse pas que la chair du Seigneur est vivifiante et qu'elle est la propre chair du Verbe issu du Dieu Père mais prétend qu'elle est celle de quelqu'un d'autre, distinct de lui et conjoint à lui selon la dignité ou qu'il a reçu seulement l'habitation divine ; et s'il ne confesse pas plutôt qu'elle est vivifiante, comme nous l'avons dit, parce qu'elle a été la propre chair du Verbe qui a le pouvoir de vivifier toutes choses, qu'il soit anathème.

263
12. Si quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert dans la chair, qu'il a été crucifié dans la chair, qu'il a goûté la mort dans la chair et qu'il a été le premier-né d'entre les morts, en tant qu'il est la vie et vivifiant comme Dieu, qu'il soit anathème.


d) Sentence du concile contre Nestorius.

Condamnation du nestorianisme

264
Comme le très honoré Nestorius, entre autres choses, n'a ni voulu obéir à notre citation ni même reçu les très saints et religieux évêques que nous lui avions envoyés, nous avons été forcés d'en venir à l'examen des impiétés qu'il a proférées, et comme, par ses lettres, par les écrits de lui qui ont été lus et par les propos qu'il a récemment tenus en cette métropole, et sur lesquels nous avons des témoignages, nous l'avons pris en flagrant délit de penser et de prêcher de manière impie, contraints tant par les canons que par la lettre de notre très saint père et collègue dans le ministère Célestin, évêque de l'Eglise de Rome, nous en sommes venus, non sans beaucoup de larmes, à cette triste sentence contre lui :
Notre Seigneur Jésus Christ, blasphémé par lui, a décidé par le très saint présent concile que le dit Nestorius est désormais déchu de la dignité épiscopale et séparé de tout le corps sacerdotal.

6eme session des cyrilliens, 22 juillet 431.

L'attachement a la profession de foi de Nicée.

265
... Le saint concile a décidé qu'il n'est permis à personne de professer, ou d'écrire, ou de composer une confession de foi autre que celle définie par les saints pères réunis à Nicée avec le Saint-Esprit. ...

266
Si certains, évêques, clercs ou laïcs, étaient convaincus d'accepter, de partager ou d'enseigner les doctrines contenues dans l'exposé du prêtre Charisius au sujet de l'Incarnation du Fils unique de Dieu, ou bien encore celles, néfastes et déformées de Nestorius... qu'ils tombent sous le coup de la sentence de ce saint concile oecuménique.

7e session des cyrilliens, 31 août (?) 431 ; Lettre synodale.

Condamnation du pélagianisme.

267
1. Le métropolitain d'une éparchie qui se sépare de ce saint concile oecuménique... ou qui a partagé les opinions de Célestius ou les partagera à l'avenir, celui-là ne peut plus agir en aucune façon contre les évêques de l'éparchie, alors qu'il se trouve désormais exclu par le concile de toute communion ecclésiastique et suspendu de toute activité.

268
4. Si certains clercs s'étaient séparés et osaient partager en privé ou publiquement les opinions de Nestorius ou de Célestius, il a été jugé qu'ils sont eux aussi déposés par le saint concile.



XISTE (SIXTE) III : 31 juillet 432 - 19

août 440


Formule d'union entre Cyrille d'Alexandrie et les évêques

de l'Eglise d'Antioche, printemps 433.

Les deux natures en Christ

271
Ce que nous pensons et disons au sujet de la Vierge Mère de Dieu et du mode de l'Incarnation du Fils unique de Dieu, nous le dirons brièvement et autant qu'il est nécessaire, non pour ajouter quelque chose, mais pour vous en assurer pleinement, comme nous le tenons depuis le commencement, pour l'avoir reçu des divines Ecritures et de la tradition des saints pères, sans rien ajouter à la foi qui a été exposée par les saints pères de Nicée. Comme nous l'avons déjà dit, elle suffit à la connaissance de la vraie foi et à la réfutation de toute erreur hérétique. Nous parlerons donc sans avoir l'audace d'aborder ce qui est inaccessible, mais, en confessant notre propre faiblesse, nous fermerons la bouche à ceux qui veulent nous attaquer parce que nous scrutons ce qui est au- dessus de l'homme.

272
Nous confessons donc notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Dieu parfait et homme parfait, fait d'une âme raisonnable et d'un corps, engendré du Père avant les siècles en sa divinité, et à la fin des jours le même pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie en son humanité ; le même consubstantiel au Père en sa divinité et consubstantiel à nous en son humanité. Car des deux natures l'union s'est faite ; c'est pourquoi nous confessons un seul Christ, un seul Fils, un seul Seigneur. Et à cause de cette notion d'une union sans mélange, nous confessons que la sainte vierge est Mère de Dieu, parce que le Verbe de Dieu s'est fait chair et s'est fait homme, et que dès la conception il s'est uni le Temple qu'il a pris d'elle.

273
Quant aux expressions des évangiles et des apôtres au sujet du Seigneur, nous savons que les théologiens appliquent les unes indifféremment, parce qu'elles visent l'unique personne, mais qu'ils distinguent les autres parce qu'elles visent les deux natures, et qu'ils attribuent à la divinité du Christ celles qui conviennent à Dieu, et à son humanité celles qui marquent son abaissement.



LEON Ier LE GRAND : 29 septembre

440-10 novembre


Lettre Ut nobis gratulationem aux évêques de Campanie,

Picenum et Tuscie, 10 octobre 443.

Usure

280
(Chap.3). Nous avons estimé également ne pas devoir passer sous silence le fait que certains, qui sont captivés par l'envie d'un gain honteux, se livrent à des trafics usuraires, et veulent s'enrichir par le prêt à intérêt ; et que cela vaille, je ne veux pas dire pour ceux qui sont établis dans un office clérical, mais aussi pour des laïcs qui veulent être appelés chrétiens, nous le déplorons beaucoup. Nous décrétons que l'on sévisse plus vivement contre ceux qui en auront été trouvés coupables, afin que soit éloignée toute occasion de pécher.

281
(Chap.4) Nous avons estimé également devoir rappeler qu'aucun clerc ne doit tenter de pratiquer le prêt à intérêt, pas plus au nom d'autrui qu'en son propre nom : il ne convient pas en effet de commettre un forfait pour soi-même en vue de l'avantage d'autrui. Nous devons considérer et pratiquer seulement ce prêt à intérêt qui consiste en ce que ce que nous accordons ici avec miséricorde, nous pouvons le recevoir à nouveau du Seigneur qui accordera avec abondance ce qui demeurera toujours.

Lettre " Quanta fraternitati " à l'évêque Anastase de

Thessalie, en 446

La hiérarchie et la monarchie ecclésiastiques.

282
(Chap.11)... La conjonction de tout le corps opère une seule et même santé, une seule et même beauté ; et cette conjonction demande l'unanimité de tout le corps mais exige en particulier la concorde des prêtres. Bien qu'ils aient une dignité commune, le rang n'est pas le même car même parmi les bienheureux apôtres il y eut dans un honneur semblable une certaine différence de pouvoir ; et si l'élection de tous fut la même, il fut donné à l'un seulement d'être au- dessus des autres. De ce modèle est issue également une distinction entre les évêques, et par une sage disposition il a été fait en sorte que tous ne revendiquent pas tout pour eux-mêmes mais que dans chaque province il y en ait dont l'avis doit être tenu pour premier parmi les frères et que de même certains, qui sont institués dans des villes plus importantes, portent une sollicitude plus grande ; par eux la charge universelle de l'Eglise doit confluer ver l'unique Siège de Pierre et rien, nulle part, ne doit être séparé de son chef.

Lettre " Quam laudabiliter " à l'évêque Turribius d'Astorga, 21

Juillet 447.

Les erreurs des priscillianistes en général.

283
(L'impiété des priscillianistes) a surgi même dans les ténèbres du paganisme, en sorte que par les pratiques secrètes et impies des arts magiques et les tromperies vaines des astrologues, ils fondèrent la foi de la religion et la règle des moeurs sur le pouvoir des démons et l'effet des astres. S'il était permis de croire et d'enseigner cela, la récompense ne serait plus due aux vertus, ni le châtiment aux vices, et toutes les ordonnances, non seulement des lois humaines mais également des commandements divins, se trouveraient dissoutes ; car il ne pourrait plus y avoir de jugement, ni sur les actes bons, ni sur les actes mauvais, si une nécessité du destin poussait le mouvement de l'esprit vers chacun des deux côtés, et si tout ce qui est fait par les hommes ne relevait pas des hommes mais des astres. ...
C'est à juste titre que nos pères... ont agi avec fermeté pour que cet égarement impie soit chassé de toute l'Eglise : les princes du monde également ont abominé à ce point cette folie sacrilège, qu'ils ont abattu son auteur (Priscillien) par l'épée des lois publiques, en même temps que la plupart de ses disciples. Ils voyaient en effet que le lien des mariages serait entièrement défait, et que de même la Loi divine et humaine serait subvertie, s'il était permis à de tels hommes de vivre avec une telle profession en quelque lieu que ce soit. Pendant longtemps cette sévérité a profité à la douceur ecclésiastique, laquelle, même si elle se contente du jugement des prêtres et évite les peines sanglantes, reçoit néanmoins l'aide des décrets sévères des princes chrétiens, puisqu'on voit parfois recourir au remède spirituel ceux qui craignent le supplice corporel.

284

La Trinité divine, contre les modalistes

(Chap. 1) C'est pourquoi, dans un premier chapitre, on montre quelle opinion impie ont de la Trinité divine ceux qui affirment que les personnes du Père, du Fils et de l'Esprit Saint sont une seule et identique personne, comme si le même Dieu était nommé tantôt Père, tantôt Fils, tantôt Esprit Saint; il n'y aurait pas un qui engendre, un autre qui est engendré, un autre qui procède des deux ; mais cette unité singulière, recevable en tant que dénomination, ne saurait l'être de trois personnes. Ce type de blasphème leur vient de l'opinion de Sabellius, dont les disciples sont justement appelés patripassiens ; car si le Fils est celui qui est le Père, la croix du Fils est la passion du Père, et tout ce que le Fils a enduré dans la forme d'esclave en obéissant au Père, le Père en personne l'a totalement éprouvé en soi.
Cette affirmation est indubitablement contraire à la foi catholique qui professe si fortement l'identité de la substance de la Trinité divine, qu'elle croit que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont indivis sans confusion, sont éternels sans être soumis au temps, sont égaux sans différence, car ce n'est pas une même personne mais une même essence qui réalise l'unité dans la Trinité...

La nature de l'âme humaine.

285
(Chap. 5) Dans un cinquième chapitre est rapportée leur conception selon laquelle l'âme de l'homme serait d'une substance divine et la nature de notre condition ne se distinguerait pas de la nature de son créateur. Cette impiété... la foi catholique la condamne : elle sait en effet qu'il n'est pas de créature aussi sublime et aussi éminente, pour laquelle Dieu serait sa nature propre. Car ce qui est de lui-même est cela même qu'il est lui-même, et ce n'est pas autre chose que le Fils et l'Esprit Saint. En dehors de cette unique divinité, consubstantielle, éternelle et immuable de la très haute Trinité, il n'est absolument rien parmi les créatures qui n'ait été créé de rien à son commencement.
Aucun des hommes n'est la vérité, aucun la sagesse, aucun la justice ; mais beaucoup ont part à la vérité, à la sagesse et à la justice. Mais seul Dieu n'a pas besoin de participer à quoi que ce soit : tout ce qui à son sujet est cru de façon juste, de quelque manière que ce soit, n'est pas qualité mais essence. A qui est sans changement, rien ne s'ajoute et rien n'est enlevé, car à ce qui est éternel l'être appartient toujours en propre. C'est pourquoi il renouvelle tout en demeurant en lui-même, et il n'a rien reçu qu'il n'ait lui-même donné.

La nature du démon.

286
(Chap. 6) La sixième remarque concerne leur affirmation selon laquelle le diable n'a jamais été bon et que sa nature n'est pas l'ouvrage de Dieu, mais qu'il a émergé du chaos et des ténèbres, parce qu'il n'a aucun créateur mais qu'il est lui-même le principe et la substance de tout mal ; mais la vraie foi... professe que la substance de toutes les créatures spirituelles ou corporelles est bonne, et que le mal n'a pas de nature parce que Dieu, qui est le créateur de l'univers, n'a rien fait que de bon. De ce fait le diable serait bon s'il était resté dans l'état où il a été fait. Mais ayant mal usé de son excellence naturelle et " n'étant pas demeuré dans la vérité "
Jn 8,44 il n'est pas passé à une substance contraire mais il s'est séparé du souverain bien auquel il devait rester uni, de même que ceux qui affirment cela se précipitent eux-mêmes de ce qui est vrai dans ce qui est faux, et s'en prennent à la nature pour ce qu'ils ont commis intentionnellement, et sont condamnés du fait de leur perversité volontaire. Le mal sera d'ailleurs en eux-mêmes et le mal lui-même ne sera pas la substance mais le châtiment pour la substance.

Lettre " Lectis dilectionis tuae " à l'évêque Flavien de

Constantinople (" Tomus (I) Leonis "), 13 juin 449.

L'Incarnation du Verbe de Dieu

290
(Chap. 2) Ignorant donc ce qu'il devait penser sur l'Incarnation du Verbe de Dieu..., il aurait dû au moins écouter d'une oreille attentive la confession commune et unanime, par laquelle l'universalité des fidèles fait profession de croire " en Dieu le Père tout-puissant et en Jésus Christ son Fils unique, notre Seigneur, qui est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie " (confession de foi apostolique) cf
Can.12 ...
Quand on croit en effet en un Dieu tout-puissant et Père, on démontre que son Fils lui est coéternel, ne différant en rien de son Père, puisqu'il est né Dieu de Dieu, tout-puissant du Tout-Puissant, coéternel de l'Eternel, pas postérieur dans le temps, pas inférieur quant au pouvoir, pas dissemblable en gloire, pas séparé quant à l'essence.

291
Mais ce même Fils unique et éternel d'un Père éternel est né de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, naissance dans le temps qui n'a rien diminué, rien ajouté à la naissance divine et éternelle, mais s'est tout entière employée à refaire l'homme, qui avait été trompé, afin que celui-ci vainquît la mort et détruisît par sa propre force le diable qui détenait l'empire de la mort. Nous ne pouvions, en effet, l'emporter sur l'auteur du péché et de la mort, si celui que ni le péché n'a pu contaminer ni la mort retenir, n'avait assumé notre nature et ne l'avait faite sienne.
Oui, il a donc été conçu du Saint-Esprit dans le sein la Vierge Mère, qui l'a mis au monde, sa virginité étant sauve tout comme elle avait été sauve quand elle l'a conçu.

292
Ou bien peut-être a-t-il (Eutychès) pensé que notre Seigneur Jésus Christ n'a pas été de notre nature pour la raison que l'ange envoyé à la bienheureuse Marie a dit : " L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très- Haut te couvrira de son ombre, et c'est pourquoi l'être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu "
Lc 1,35, en sorte que, la conception de la Vierge ayant été une opération divine, la chair de l'être conçu n'a pas été de la nature de celle qui concevait ? Mais il ne faut pas comprendre cette génération singulièrement merveilleuse et merveilleusement singulière en ce sens que ce qui est le propre de l'espèce ait été écarté par la nouveauté de sa création. La fécondité de la Vierge est un don de l'Esprit Saint, mais un corps réel a été tiré de son corps. Et la Sagesse se bâtissant une maison Pr 9,1 le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous Jn 1,14 ce qui veut dire dans cette chair qu'il a prise de l'homme et qu'il a animée du souffle de la vie rationnelle.

293
(Chap. 3) Ainsi donc, étant maintenues sauves les propriétés de l'une et l'autre nature réunies dans une seule personne, l'humilité a été assumée par la majesté, la faiblesse par la force, la mortalité par l'éternité, et, pour acquitter la dette de notre condition, la nature inviolable s'est unie à la nature passible, en telle sorte que, comme il convenait à notre guérison, un seul et même " médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Christ Jésus.
1Tm 2,5, fût tout à la fois capable de mourir d'une part, et de l'autre incapable de mourir. C'est donc dans la nature intacte d'un homme vrai que le vrai Dieu est né, complet dans ce qui lui est propre, complet dans ce qui nous est propre. Par " ce qui nous est propre ", nous voulons dire la condition dans laquelle le créateur nous a établis au commencement et qu'il a assumée pour la restaurer ; car de ce que le trompeur a apporté et que l'homme trompé a accepté, il n'y a nulle trace dans le Sauveur...
Il a assumé la forme du serviteur sans la souillure du péché, enrichissant l'humain sans diminuer le divin, parce que cet anéantissement par lequel l'invisible s'est rendu visible, été inclination de sa miséricorde, non déficience de sa puissance.

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(Chap. 4) Voici donc que le Fils de Dieu entre dans ces lieux les plus bas du monde, descendant du trône céleste sans pourtant quitter la gloire de son Père, engendré dans un nouvel ordre, par une nouvelle naissance. Un nouvel ordre parce que invisible en ce qui est sien, il a été rendu visible en ce qui est nôtre ; infini il a voulu être contenu ; subsistant avant tous les temps, il a commencé d'exister dans le temps ; Seigneur de l'univers, il a voilé d'ombre l'immensité de sa majesté, il a pris la forme de serviteur ; Dieu impassible, il n'a pas dédaigné d'être homme passible, immortel, de se soumettre aux lois de la mort. Engendré par une naissance nouvelle, parce que la virginité inviolée, sans connaître la concupiscence, a fourni la matière de la chair. De la mère du Seigneur fut assumée la nature, non la faute, et dans le Seigneur Jésus Christ engendré du sein d'une vierge, la merveilleuse naissance ne fait pas que sa nature soit différente de la nôtre. Car celui qui est vrai Dieu est, le même, vrai homme. Dans cette unité il n'y a pas de mensonge, dès lors que l'humilité de l'homme et l'élévation de la divinité s'enveloppent l'une l'autre. Car de même que Dieu n'est pas changé par la miséricorde, de même l'homme n'est pas absorbé par la dignité. Car chacune des deux formes accomplit sa tâche propre dans la communion avec l'autre, le Verbe opérant ce qui est du Verbe, la chair effectuant ce qui est de la chair. Un des deux resplendit de miracles, l'autre succombe aux outrages. Et de même que le Verbe ne cesse pas d'être en égalité de gloire avec le Père, de même la chair ne se dérobe pas à la nature de notre race.

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...Ce n'est pas acte de même nature que dire " Moi et le Père nous sommes un.
Jn 10,30 et dire : " Le Père est plus grand que moi " Jn 14,28 Car bien que dans le Seigneur Jésus Christ la personne de Dieu et de l'homme soit une, autre chose est ce par quoi les outrages sont communs à l'un et à l'autre, autre chose ce par quoi la gloire leur est commune. De ce qui est nôtre, en effet, il tient l'humanité, inférieure au Père, du Père il tient la divinité, égale au Père.


1996 Denzinger 249