1996 Denzinger 342

Lettre " Quantum presbyterorum " à l'évêque Acace de

Constantinople, 10 janvier

L'autorité des évêques romains et des conciles oecuméniques

343
(Par.3, Chap.2) Puisque la doctrine de nos prédécesseurs de sainte mémoire, contre laquelle il n'est pas permis de disputer, existe, et que quiconque pense de façon juste n'a donc pas besoin d'être enseigné par de nouvelles explications, mais que tout est clair et parfait par quoi quelqu'un qui a été séduit par des hérétiques pourra être instruit, ou par quoi quelqu'un qui doit être planté dans la vigne du Seigneur pourra être enseigné, implore la foi du prince très clément et fais qu'il rejette le propos de tenir un synode...(6(3)) Je demande donc, frère très cher, que l'on résiste de toutes les manières aux tentatives de gens scélérats de tenir un synode ; on n'en a jamais convoqué que lorsque dans des esprits faussés a surgi quelque chose de nouveau ou que quelque chose de douteux est apparu dans l'explication des dogmes : pour qu'à ceux qui en traitent en vue du bien commun, s'il existe une obscurité, l'autorité de la délibération des prêtres vienne apporter la lumière, comme a contraint de le faire l'impiété d'Arius d'abord, puis celle de Nestorius et enfin celle de Dioscore et d'Eutychès. Et il faut inculquer qu'il est exécrable - ce dont veuille nous préserver la miséricorde du Christ notre Dieu et Sauveur - de réhabiliter des condamnés contre les jugements des prêtres du Seigneur du monde entier et des deux princes régnants...




FELIX II : 13 mars

483-1er mars 492


Lettre " Quoniam pietas " à l'empereur Zénon, 1er août 484.

La liberté de l'Eglise

345
Puisque même chez les nations barbares et qui ignorent le nom de Dieu, la liberté de n'importe quelle légation est toujours considérée comme sacro-sainte par le droit des gens, même pour la mise en oeuvre d'entreprises purement humaines, chacun sait qu'à plus forte raison elle aurait dû être intégralement sauvegardée par un empereur romain et chrétien, surtout dans les affaires religieuses. ...
Mais je pense que ta piété, prête à s'assujettir à ses propres lois plutôt que de s'y opposer, devrait de même obéir aux célestes décrets, et ne pas oublier que sa suprématie sur les choses humaines ne peut s'étendre aux choses divines qu'elle doit recevoir, sans aucun doute possible, des mains des dispensateurs établis par Dieu. Je pense qu'il t'est certainement utile de laisser, au cours de ton principat, l'Eglise catholique vivre selon ses lois, et de ne permettre à personne de faire obstacle à sa liberté, à elle qui t'a rendu le pouvoir royal.
Il est sûr en effet que la prospérité de tes affaires t'impose, quand il s'agit des intérêts de Dieu, de faire effort, ainsi qu'il l'a voulu, pour soumettre ta volonté aux prêtres du Christ et ne pas la faire prévaloir sur eux: tu dois
d'autre part apprendre de ceux qui y sont préposés les mystères sacrés, et non pas les enseigner ; te plier à l'organisation de l'Eglise, et non pas lui prescrire des règles d'un droit humain, ni vouloir régner sur ses décisions, elle à qui Dieu a voulu par le joug d'un religieux dévouement soumettre ta clémence. Il est à craindre en effet que par les infractions aux dispositions du ciel, on n'en vienne à mépriser celui qui en est l'auteur.



GELASE Ier : 1er mars

492-21 novembre 496


347

Lettre " Famuli vestrae pietatis " à l'empereur Anastase 1er 494.

Le double pouvoir suprême sur terre

(2) Il y a deux principes par lesquels ce monde est régi principalement : l'autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal ; et parmi les deux la charge des prêtres est d'autant plus lourde qu'ils doivent rendre compte devant la justice divine de ceux-là mêmes qui sont les rois.
Tu le sais en effet, fils très clément : bien que ta dignité te place au-dessus du genre humain, tu inclines cependant, par un devoir religieux, ta tête devant ceux qui sont chargés des choses divines et tu attends d'eux les moyens de te sauver ; et pour recevoir les célestes mystères et les dispenser comme il convient, tu dois, tu le sais aussi, selon la règle de la religion, te soumettre plutôt que diriger. Par conséquent, en tout cela tu dépends de leur jugement et tu ne dois pas vouloir les réduire à ta volonté.
Si en effet, pour ce qui concerne les règles de l'ordre public, les chefs religieux admettent que l'empire t'a été donné par une disposition d'en haut et obéissant eux-mêmes à tes lois, ne voulant pas, au moins dans les affaires de ce monde, paraître aller contre... une décision exclue, dans quels sentiments ne faut-il pas, je t'en prie, obéir à ceux qui sont chargés de dispenser les vénérables mystères ?
C'est pourquoi, de même qu'elle n'est pas légère, la menace qui pèse sur les pontifes qui n'ont pas parlé pour le culte de Dieu, comme ils le doivent, ainsi n'est-il pas négligeable le danger - puisse-t-il ne pas exister- encouru par ceux qui, alors qu'ils devraient obéir, méprisent. Et s'il est normal que le coeur des fidèles se soumette à tous les prêtres en général qui s'acquittent convenablement de leurs divines fonctions, combien plus l'unanimité doit-elle se faire autour du préposé à ce siège, à qui la divinité suprême a voulu donner la prééminence sur tous les prêtres et que la piété universelle de l'Eglise a dans la suite constamment célébré ?
(3) C'est là que ta piété se rend compte avec évidence que jamais personne sous aucun prétexte humain ne peut s'élever au-dessus de la situation privilégiée de celui que la voix du Christ a placé au-dessus de tous, que l'Eglise vénérable a toujours reconnu et tient dévotement au premier rang. Elles peuvent être empêchées par des présomptions humaines, les décisions du jugement divin, mais vaincues, elles ne sauraient l'être par aucune puissance de qui que ce soit.

348

Concile de Rome : Actes de l'absolution de Misenus, 13 mai 495

Le Pouvoir de l'Eglise de pardonner les péchés

Puisque le Dieu tout-puissant et miséricordieux a voulu qu'aucune âme qui le désire ne se voie refuser le secours par la miséricorde de l'Eglise, il n'est pas douteux que c'est par l'effet d'une disposition de Dieu lui- même et d'un repentir inspiré par Dieu qu'on traite de sa réception (de Misenus) au moment où une nécessité qui ne doit pas être différée pousse également à l'accorder, d'autant que notre Seigneur a ordonné au bienheureux Pierre avant les autres : " Tout ce que tu lieras sur terre, sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur terre sera délié aussi dans les cieux " Mt 16,19 ; comme il est établi également que rien n'est exclu de ces paroles, tout sans distinction peut être lié par le ministère de la dispensation apostolique, et tout par conséquent peut également être absous par lui, surtout lorsque par là doit être donné plus encore à tous un exemple de la véritable miséricorde apostolique, afin que tous ceux qui ont été condamnés, s'ils viennent à résipiscence et qu'ils s'éloignent de l'erreur... ne doutent pas que par l'absolution ils seront délivrés de leur condamnation...
C'est pourquoi, autant qu'avec la permission du Seigneur c'est dans le pouvoir de l'homme, nous voulons offrir des remèdes à celui qui le désire, en laissant au jugement divin tout ce qui dépasse la mesure de notre possibilité. Et ils ne pourront pas nous faire reproche de pardonner l'offense d'une transgression à des vivants - ce que l'Eglise peut en raison de la largesse de Dieu - alors qu'ils demandent que nous accordions également le pardon à ceux qui sont morts - ce qui manifestement n'est pas dans notre pouvoir. Car puisqu'il est dit : " ce que tu lieras sur terre " ceux dont il est établi qu'ils ne sont plus sur terre, il les a réservés à son propre jugement et non à celui des hommes ; et l'Eglise n'a pas l'audace de revendiquer pour elle-même ce dont elle voit que cela n'a pas été accordé aux bienheureux apôtres eux- mêmes ; car autre est le cas de ceux qui sont encore en vie, autre celui des défunts.

349

Traité " Ne forte " sur le lien de l'anathème, 495.

La rémission des péchés

(5) Le Seigneur a dit qu'à ceux qui pèchent contre l'Esprit Saint il ne sera pardonné ni ici-bas, ni dans le siècle à venir Mt 12,32. Mais pour combien, qui ont péché contre l'Esprit Saint comme divers hérétiques... et qui sont revenus à la foi catholique, voyons-nous qu'ils ont reçu le pardon ici-bas pour leur blasphème et que pour l'avenir aussi ils ont conçu l'espoir d'obtenir miséricorde ? Pour autant le jugement du Seigneur n'est pas dépourvu de vérité et on ne le considérera aucunement comme annulé, car pour ceux qui continuent d'être cela, il est maintenu sans pouvoir jamais être annulé, tandis qu'il ne peut pas s'appliquer à ceux qui sont devenus autres, puisqu'il n'a pas été prononcé sur ceux-là.
C'est ainsi que la parole du bienheureux apôtre Jean a elle aussi sa logique : il existe un péché qui conduit à la mort : je ne dis pas qu'il faut prier pour celui-là ; et il existe un péché qui ne conduit pas à la mort : Je dis qu'il faut prier pour celui-là Mt 1 Jn 5,16s. Il existe un péché qui conduit à la mort pour ceux qui demeurent dans ce péché ; il existe un péché qui ne conduit pas à la mort pour ceux qui quittent ce péché. Car il n'est pas de péché pour lequel l'Eglise ne prie pas pour qu'il soit remis, ou dont elle ne puisse absoudre ceux qui s'en éloignent, ou qu'elle ne puisse remettre à ceux qui font pénitence par le pouvoir qui lui a été donné par Dieu - elle à qui il a été dit

Tout ce que

vous remettrez sur terre... (voir Jn 20,23) ; " Tout ce que vous délierez sur terre, sera délié aussi au ciel " Mt 18,18. En cela sont compris tous les péchés, qu'elle qu'en soit l'importance et qu'elle qu'en soit la nature, mais n'en demeure pas moins vrai le jugement par lequel il est dit que jamais ne sera délié celui qui continue à y persévérer, mais que le sera celui qui après cela s'en sera détaché.

Decretum Gelasianum, ou Lettre décrétale sur les livres à

recevoir et à ne

pas recevoir, date incertaine.

La prééminence du Siège romain

350
Après (toutes ces) Ecritures prophétiques, évangéliques et apostoliques (que nous avons mentionnées plus haut) et sur lesquelles l'Eglise catholique, par la grâce de Dieu, est fondée, nous avons estimé devoir souligner également ceci, à savoir que si c'est bien à l'Eglise catholique répandue par tout l'univers que revient l'unique chambre nuptiale du Christ, pour autant la sainte Eglise romaine n'est pas placée devant les autres Eglises par des édits de synodes, mais elle a reçu la primauté de par la parole évangélique du Seigneur et Sauveur disant : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle, et je te donnerai les clés du Royaume des cieux, et tout ce que tu auras lié sur terre sera lié aussi au ciel, et tout ce que tu auras délié sur terre sera délié aussi au ciel s.
A cela s'est ajouté également la compagnie du très bienheureux Apôtre Paul, le vase d'élection : ce n'est pas à un autre moment, comme le disent sottement les hérétiques, mais au même moment, le même jour, par une mort glorieuse avec Pierre, qu'il a été couronné en combattant, dans la ville de Rome, sous l'empereur Néron : et de la même manière ils ont consacré au Christ l'Eglise romaine susdite, et par leur présence et leur triomphe vénérable ils l'ont placée avant toutes les autres villes dans le monde entier.

351
Le premier siège de l'apôtre Pierre est donc l'Eglise romaine qui n'a ni tache, ni ride, ni rien de semblable
Ep 5,27. Le deuxième siège cependant fut consacré à Alexandrie au nom du bienheureux Pierre par le disciple et évangéliste Marc... Comme troisième est tenu en honneur le siège du bienheureux apôtre Pierre à Antioche, puisqu'il y a habité avant de venir à Rome, et que là est apparu pour la première fois le nom de " chrétiens " pour la race nouvelle (voir Ac 11,26).

L'autorité des conciles ocuméniques

352
Et bien que personne ne puisse poser d'autre fondement que celui qui a été posé et qui est Jésus Christ (voir
1Co 3,11), l'Eglise sainte, c'est-à-dire l'Eglise romaine, n'interdit pas que pour son édification, outre les Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament que nous recevons selon la règle, soient reçus également ces autres écrits, à savoir : le saint synode de Nicée... ; (le saint synode de Constantinople... lors duquel l'hérétique Macedonius a reçu la condamnation méritée ) ; le saint synode d'Ephèse... ; le saint synode de Chalcédoine... (Mais également d'autres synodes, s'il en est, qui ont été tenus par les saints pères jusqu'à aujourd'hui et dont nous avons décrété qu'ils doivent être observés et reçus outre l'autorité de ces quatre.)

Livres qui doivent être reçus

353
De même les ouvrages du bienheureux martyr Cyprien, archevêque de Carthage. De même les ouvrages... (sont mentionnés de la même manière : Grégoire de Naziance, Basile le Grand, Athanase d'Alexandrie, Jean Chrysostome, Théophile d'Alexandrie, Cyrille d'Alexandrie, Hilaire de Poitiers, Ambroise, Augustin, Jérôme, Prosper d'Aquitaine). De même la lettre du bienheureux pape Léon destinée à Flavien, évêque de Constantinople ; quiconque, s'agissant de son texte, discute ne serait-ce qu'un seul iota et qui ne le reçoit pas avec vénération en toutes ses parties, qu'il soit anathème. De même nous décidons que doivent être lus les ouvrages et traités de tous les pères orthodoxes... qui n'ont dévié en rien de la communion de l'Eglise romaine.
De même que doivent être reçues avec vénération les lettres décrétales que les bienheureux papes ont écrites à divers moments depuis la ville de Rome pour conseiller divers pères.
De même les actes des saints martyrs... Mais selon une coutume ancienne et selon une prudence particulière, ils ne sont pas lus dans la sainte Eglise romaine, parce que les noms de ceux qui les ont écrits sont totalement inconnus et qu'ils sont considérés par les non-croyants et par les ignorants comme superflus ou comme moins appropriés que ne l'était la réalité des faits... C'est pourquoi..., pour qu'il n'y ait pas même la moindre occasion de moquerie, ils ne sont pas lus dans la sainte Eglise romaine. Néanmoins, avec ladite Eglise, nous vénérons avec une entière dévotion tous les martyrs ainsi que leurs glorieux combats qui sont mieux connus de Dieu que des hommes.
De même nous recevons avec une pleine vénération les vies de Paul, Antoine, Hilarion, et de tous les ermites, mais seulement celles qu'a composées le très bienheureux Jérôme.
(La suite de l'énumération contient l'avertissement suivant) : si cela parvient entre les mains des catholiques, que précède cette phrase du bienheureux apôtre Paul : " Examinez tout, retenez ce qui est bon " . De même Ruffin, un homme religieux, a publié de nombreux livres d'un ouvrage ecclésiastique et il a interprété également certaines Ecritures.
Mais parce que le vénérable Jérôme l'a blâmé en certaines choses, à propos du libre arbitre, nous pensons ce que nous savons qu'a pensé ledit bienheureux Jérôme, et cela n'est pas vrai seulement pour Ruffin, mais également pour tous ceux que cet homme souvent mentionné blâme dans son zèle pour Dieu et dans la piété de la foi. - De même nous recevons comme devant être lues certaines oeuvres d'Origène que le très bienheureux Jérôme ne rejette pas. Mais tout le reste, nous disons que cela doit être rejeté avec son auteur. ...

Livres qui ne doivent pas être reçus

354
Le reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Eglise catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière.
(suit une longue liste d'Apocryphes, aussi bien au sens restreint, c'est-à-dire d'écrits pseudo-canoniques, qu'au sens large, d'écrits grevés d'une hérésie.)
Tout cela et ce qui y est semblable, qu'ont enseigné ou écrit... les hérésiarques dont les noms n'ont pas du tout été retenus, nous le déclarons non seulement comme rejeté mais également comme éliminé par toute l'Eglise romaine, catholique et apostolique, et comme condamné pour toujours, avec leurs auteurs et leurs lecteurs, par le lien indissoluble de l'anathème.

355

Traité . " Necessarium quoque " contre Eutychès et Nestorius.

date incertaine.

Les deux natures en Christ

(Chap. 4) Il est vrai que le Seigneur Jésus Christ est un seul et même, homme entièrement Dieu en même temps que Dieu entièrement homme, et tout ce qui appartient à l'humanité, le Dieu homme le fait sien, et tout ce qui appartient à Dieu, l'homme Dieu le possède ; cependant pour que ce sacrement demeure et qu'il ne puisse être défait par aucun côté, il reste comme homme entier ce qu'est Dieu, en sorte que comme Dieu entier il reste ce qu'est l'homme...




ANASTASE II :

24 novembre 496-17


356

Lettre " Exordium pontificatus mei " à l'empereur Anastase 1er,

fin de 496

La validité des sacrements conférés par des schismatiques.


(Chap. 7) Conformément à l'usage de l'Eglise catholique, ta très sainte sérénité voudra bien reconnaître qu'aucun de ceux qu'a baptisés Acace ou qu'il a ordonnés prêtres ou lévites conformément aux canons, n'est affecté par quelque dommage en raison du nom d'Acace, en sorte que peut-être la grâce du sacrement transmise par un homme inique paraîtrait moins assurée. En effet, même si le baptême... a été conféré par un adultère ou par un voleur, il parvient comme un don intact à celui qui le reçoit, car cette voix qui a parlé par la colombe exclut toute tache provenant d'une souillure humaine lorsqu'elle dit : " C'est lui qui baptise... " Lc 3,16. Car si les rayons de ce soleil visible, même en traversant les lieux les plus répugnants, ne sont tachés par aucune souillure provenant d'un contact, à plus forte raison la force de ce soleil qui a fait le soleil visible ne sera-t-elle pas limitée par l'indignité du ministre...
(Chap. 9, autres 8) C'est pourquoi celui-là aussi..., en administrant en mal des choses bonnes, ne s'est nui qu'à lui-même. Car le sacrement inviolable qui a été donné par lui a gardé pour les autres la perfection de sa vertu.

Lettre " In prolixitate epistolae " à l'évêque Laurentius de

Lignido (Illyrie),

Profession de foi

357
Nous confessons donc que notre Seigneur Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, est né du Père selon la divinité sans commencement avant tous les siècles, mais qu'en ces derniers temps le même est devenu chair de la sainte Vierge Marie et homme complet moyennant une âme rationnelle et la réception d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité. Car des deux natures complètes l'unité a été faite de façon ineffable. C'est pourquoi l'unique Christ, nous le confessons à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme, unique engendré du Père et premier-né d'entre les morts ; car nous savons qu'il est le créateur de toutes choses, et qu'après le consentement de la Vierge sainte, lorsqu'elle dit à l'ange : " Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole "
Lc 1,38, il a daigné se construire d'elle, de façon ineffable, un temple, et qu'il se l'est uni à lui- même ; ce corps il ne l'a pas amené coéternel de sa substance depuis le ciel, mais, de la pâte de notre substance, c'est-à-dire de la Vierge. En le prenant et en l'unissant à soi, Dieu, le Verbe, n'a pas été changé en chair et il n'est pas apparu non plus comme un être imaginaire, mais il a conservé son essence de façon immuable et sans changement, et il s'est uni à soi les prémices de notre nature. Car le commencement, Dieu Verbe, a daigné dans sa grande bonté unir à soi ces prémices de notre nature, lui qui s'est montré, non pas mélangé, mais un seul et même dans les deux natures selon qu'il est écrit : " Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai " Jn 2,19. Le Christ en effet est détruit selon ma substance qu'il a prise, et il relève son propre temple détruit, et cela selon la substance divine selon laquelle il est aussi le créateur de toutes choses.

358
Jamais cependant après la résurrection de notre nature unie à lui il ne s'est séparé de son temple, et il ne peut pas non plus s'en séparer en raison de son ineffable bonté ; au contraire le Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien passible qu'impassible, passible selon l'humanité, impassible selon la divinité. Dieu, le Verbe, a donc reconstruit son temple, et en lui il a opéré la résurrection et le renouvellement de notre nature. Et celle-ci le Seigneur Christ l'a montrée à ses disciples, après être ressuscité des morts, en disant : " Touchez moi et voyez, car un esprit n'a ni chair ni os comme vous me voyez en avoir "
Lc 24,39. Il n'a pas dit " comme vous dites que je suis " mais avoir, pour que l'on considère aussi bien qui possède que qui est possédé, et que l'on voie que ce n'est pas un mélange ou un changement ou une transformation mais une unité qui s'est faite. C'est pourquoi il a montré également les marques - des clous et la blessure faite par la lance, et il a mangé avec les disciples afin de montrer en toutes choses comment en lui notre nature est ressuscitée et renouvelée ; et parce que selon la substance de la divinité bienheureuse il est sans changement, sans transformation, impassible, immortel, sans avoir besoin de rien, il a accompli toutes les souffrances et il a permis qu'elles soient infligées à son temple qu'il a relevé par sa propre force ; et par la propre perfection de son temple, il a opéré la rénovation de note nature.

359
Mais ceux qui affirment que le Christ est un homme apparent ou que Dieu est passible, ou qu'il s'est transformé en chair, ou qu'il n'avait pas un corps uni à lui, ou qu'il l'a fait descendre du ciel, ou qu'il était une vision, ou qui, en qualifiant Dieu le Verbe de mortel, disent qu'il avait besoin d'être ressuscité par le Père, ou qu'il a pris un corps sans âme ou un homme sans esprit, ou que les deux substances du Christ ont été confondues dans un mélange pour faire une unique substance, et qui ne confessent pas que notre Seigneur Jésus Christ est deux natures sans confusion mais une unique personne, et donc un seul Christ et de même un seul Fils, ceux-là l'Eglise catholique et apostolique les anathématise.

Lettre " Bonum atque iucundum " aux évêques de Gaule, 23 août 498

L'origine de l'âme et le péché originel

360
(Chap. 1, Par 2) (Certains hérétiques affirment que), de même qu'ils lui transmettent les corps à partir d'une excrétion matérielle, les parents donnent aussi au genre humain le souffle de l'âme... (Par 4). Comment donc, contre l'affirmation divine que l'âme des hommes a été faite à l'image de Dieu, pensent-ils avec une intelligence trop charnelle, que l'âme se communique par l'union d'êtres humains alors que l'action de celui qui a fait cela depuis le commencement aujourd'hui encore ne cesse pas, comme il l'a dit lui-même : " Mon Père agit encore et j'agis " (voir
Jn 5,17) ?...
(Par. 5) Car ils devraient également comprendre ce qui est écrit : " Celui qui vit éternellement a créé tout ensemble " Si 18,1. Si donc, avant que l'Ecriture n'ait disposé, suivant les espèces particulières, ordre et raison en chacune des créatures, il agit " potentiellement ", ce qu'on ne saurait nier, et " à titre de cause dans une oeuvre qui se déroule au cours du temps ", ils feraient bien d'accepter une saine doctrine : celui qui infuse les âmes et celui qui " appelle ce qui n'est pas pour que cela soit " (Voir Rm 4,17 .

361
(Chap. 4, Par 13) S'ils pensent peut-être qu'ils parlent pieusement et bien en croyant pouvoir dire que les âmes sont transmises par les parents puisqu'elles sont profondément enfoncées dans le péché, ils doivent, en opérant une sage séparation, distinguer ceci, à savoir que les parents ne peuvent transmettre autre chose que le fruit de leur mauvaise témérité, c'est-à-dire la faute et la peine du péché, ce qui se voit clairement dans la descendance qui provient de cette transmission: les hommes naissent mauvais et déformés. C'est à cela seulement, on le voit clairement, que Dieu n'a aucune part, lui qui, voulant éviter de les voir tomber dans un fatal malheur, le leur a interdit par la terreur de la mort et le leur a prédit. C'est pourquoi, en parlant de transmission, on voit clairement ce qui est transmis par les parents et ce que, du début à la fin, Dieu a fait et fait encore.





SYMMAQUE : 22 novembre 498-19

juillet 514


362

Lettre " Ad augustae memoriae " à l'empereur Anastase Ier,

entre 506 et 512.

Le double pouvoir suprême sur terre

(8) Comparons donc la dignité de l'empereur avec celle du pontife : elles diffèrent dans la mesure même où le premier a la charge des choses humaines, l'autre de celles de Dieu. Toi, l'empereur, c'est par le pontife que tu es baptisé, c'est de sa main que tu communies, ce sont ses prières que tu implores, sa bénédiction que tu espères, c'est à lui que tu demandes ta pénitence. En somme, toi, tu as l'administration des choses humaines, et il te fait participer, lui, aux dons de Dieu. De sorte que sa dignité est au moins égale, pour ne pas dire supérieure. ...
Que le monde assiste à cette instance, sous le regard de Dieu et de ses anges ; oui, soyons en spectacle à tout ce siècle, en sorte que les prêtres trouvent là l'exemple d'une vie sans reproche et les empereurs, celui d'une pieuse modération. C'est en effet surtout à nos deux fonctions que ressortit l'administration du genre humain, et il ne devrait rien se trouver en elles qui pût offenser la divinité, d'autant plus que les deux dignités semblent devoir être perpétuelles et qu'ainsi l'on doit trouver des deux côtés sollicitude pour le genre humain.
Je t'en prie, ô empereur, souviens-toi que tu es un homme, de façon à pouvoir user de ce pouvoir qui t'a été concédé par Dieu ; en effet bien que cela soit advenu selon le jugement des hommes, il faut cependant que cela soit examiné selon le jugement de Dieu.
Peut-être vas-tu dire qu'il est écrit que nous devons être soumis à tout pouvoir (voir Tt 3,1). Mais pour nous,nous reconnaissons, en les mettant à leur place, les autorités humaines, tant qu'elles ne dressent pas leur volonté contre Dieu. D'ailleurs, si tout pouvoir vient de Dieu, c'est plus vrai encore de celui qui s'est vu assigner la charge des affaires divines. Respecte Dieu en nous et nous, nous respectons Dieu en toi.



HORMISDAS : 20 juillet

514-6 août 523



" Libellus fidei " du pape Hormisdas, envoyé à Constantinople

le 11 août 515

Profession de foi contre les erreurs christologiques

363
(1) La condition première du salut est de garder la règle de la foi juste et de ne s'écarter d'aucune façon des décrets des pères. Et parce qu'il n'est pas possible de négliger la parole de notre Seigneur Jésus Christ qui dit : " Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise "
Mt 16,18, ce qui a été dit est prouvé par les faits ; car la religion catholique a toujours été gardée sans tache auprès du Siège apostolique.

364
(2) Ne voulant donc nous séparer d'aucune façon de cette espérance et de cette foi, et suivant en toutes choses ce qu'ont décrété les pères, nous anathématisons tous les hérétiques, et principalement l'hérétique Nestorius qui fut jadis évêque de la ville de Constantinople, condamné au concile d'Ephèse par Célestin, le pape de la ville de Rome, et par saint (l'homme vénérable) Cyrille, l'évêque de la ville d'Alexandrie ; avec celui-ci (de même)nous anathématisons Eutychès et Dioscore d'Alexandrie, condamnés au saint synode de Chalcédoine que nous suivons et embrassons ( qui, suivant le saint concile de Nicée, a proclamé la foi apostolique)
(3) Nous y ajoutons (nous exécrons également) le criminel Timothée, surnommé Aelure, ainsi que son disciple et partisan en toutes choses Pierre d'Alexandrie ; et de même nous condamnons (également) et nous anathématisons Acace, jadis évêque de Constantinople, condamné par le Siège apostolique, leur complice et partisan, et ceux qui sont restés en communion avec eux ; car (Acace), s'étant joint à leur communion, a mérité la même sentence de condamnation. De même nous condamnons Pierre d'Antioche avec tous ceux qui l'ont suivi et les partisans de ceux qui ont été mentionnés plus haut.

365
(4) (Mais) c'est pourquoi nous recevons et approuvons toutes les lettres du bienheureux pape Léon, qu'il a écrites touchant la religion chrétienne. Comme nous le disions plus haut, suivant en toutes choses le Siège apostolique et prêchant tout ce qu'il a décrété, j'espère (donc) mériter de rentrer dans la communion avec vous que prêche le Siège apostolique, communion dans laquelle réside, entière et vraie (et parfaite) la solidité de la religion chrétienne ; nous promettons (je promets) aussi que (à l'avenir) les noms de ceux qui sont séparés de la communion de l'Eglise catholique, c'est-à-dire qui ne sont pas en accord avec le Siège apostolique, ne seront pas lus durant les saints mystères. (Mais si je tentais de dévier en quoi que ce soit de ma profession de foi, je confesse que, selon mon propre jugement, je serais un complice de ceux que j'ai condamnés.) (5) Cette profession de foi je l'ai souscrite de ma propre main, et je l'ai transmise (envoyée) à toi, Hormisdas, le saint et vénérable pape de la ville de Rome...

366

Lettre " Sicut ratione " à l'évêque africain Possessor, 13 août 520

Autorités en matière de doctrine de la grâce

(Chap. 5) Ce que l'Eglise Romaine, c'est-à-dire catholique, suit et observe s'agissant du libre arbitre et de la grâce de Dieu, on peut sans doute le trouver abondamment dans divers livres du bienheureux Augustin, en particulier (dans ceux adressés) à Hilaire et à Prosper ; mais on trouve aussi dans les archives ecclésiastiques des Chapitres relatifs à la question, que nous enverrons s'ils y manquent et que vous les considérez comme nécessaires, bien que celui qui considère avec soin les paroles de l'Apôtre connaît clairement ce qu'il doit suivre.

" Inter ea quae " à l'empereur Justin. 26 mars 521.

La Trinité divine

367
(Chap. 7) Car si la Trinité est Dieu, c'est-à-dire Père, Fils et Esprit Saint, et que Dieu cependant est un seul, en particulier puisque le Législateur dit : " Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu est un seul Dieu "
Dt 6,4 celui qui tient une autre conception divise nécessairement la divinité en plusieurs ou en particulier impute la passion à l'essence de la Trinité elle- même ; et... cela veut dire soit, à la manière du paganisme impie, introduire plusieurs dieux, soit transférer une souffrance sensible à cette nature qui est exempte de toute souffrance.
(Chap. 8) Une est la sainte Trinité ; elle n'est pas multipliée par le nombre, elle ne croît pas par une augmentation et elle ne peut pas être comprise par l'intelligence, et ce qu'est Dieu ne peut pas être disjoint par une séparation. Qui par conséquent pourrait tenter de faire subir une division impie à ce mystère de la substance éternelle et impénétrable qu'aucune nature, même des créatures invisibles, ne peut explorer, et ramener les arcanes du mystère divin à un calcul à la manière humaine ? Adorons le Père et le Fils et l'Esprit Saint, la substance distinctement indistincte, incompréhensible et indicible de la Trinité ; et même si la raison , y admet un nombre de personnes, l'unité cependant ne l'admet pas pour l'essence ; et de même que nous gardons les propriétés de la nature divine, de même nous voulons garder aussi ce qui est propre à chacune des personnes, en sorte que l'unicité de la divinité ne soit pas déniée aux personnes, et que ce qui est propre aux noms ne soit pas non plus transféré à l'essence.
(Chap. 9) Grand et incompréhensible est le mystère de la Trinité ; Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Esprit Saint, Trinité indivise ; et cependant on sait que c'est le propre du Père d'engendrer le Fils ; que c'est le propre du Fils de Dieu qu'il soit né du Père égal au Père, et on sait aussi ce qu'est le propre de l'Esprit Saint.


1996 Denzinger 342