2003 Oecuménisme 195
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La nouvelle Edition revue et augmentée du Directoire pour l'application des principes et des normes sur l'oecuménisme, que j'ai la joie et l'honneur de présenter aujourd'hui à la presse, réaffirme avec vigueur et sans équivoque la prise de position de l'Eglise catholique en faveur de l'oecuménisme, dans le contexte actuel caractérisé, à partir du concile Vatican II, par une expérience de contacts féconds avec les autres Eglises et communautés ecclésiales.
Ce n'est pas là une affirmation de principe. Le Directoire oecuménique indique concrètement l'objectif de la recherche actuelle de la pleine unité entre les chrétiens, les moyens pour y parvenir (prière, contacts, Etudes, dialogues, coopération), les voies les plus opportunes à suivre et les bases théologiques sur lesquelles elle repose, afin d'atteindre le but de la façon la plus rapide et la plus sûre et d'éviter les déviations ou les fausses pistes.
Le Directoire oecuménique révisé est non seulement un document d'orientation générale pour l'engagement oecuménique, mais aussi un moyen de formation et de promotion pratique. Sa publication répond, d'une part, à la norme établie par le nouveau Code de droit canonique et, d'autre part, à la tâche institutionnelle confiée au Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Le Codex Iuris Canonici a posé la norme générale: "Il appartient en premier lieu au Collège des Evêques tout entier et au Siège Apostolique d'encourager et de diriger, chez les catholiques, le mouvement oecuménique dont le but est de rétablir l'unité entre tous les chrétiens, unité que l'Eglise est tenue de promouvoir de par la volonté du Christ" CIC 755 Par. 1. On trouve une norme analogue dans le Codex Canonum Ecclesiarum orientalium CIO 902-904.
En ce qui concerne le rôle spécifique du Conseil pontifical pour l'Unité, la constitution apostolique Pastor bonus établit ce qui suit: "(Le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens) est chargé de veiller à ce que soient mis en oeuvre les décrets du concile Vatican II concernant l'oecuménisme et en assure l'exécution " Par. 1.
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Bref historique du Directoire oecuménique et motifs de sa révision.
L'opportunité de rédiger un Directoire oecuménique avait déjà été mentionnée pendant le concile Vatican II. Le rapporteur officiel, Son Excellence Mgr J.-M. MARTIN, archevêque de Rouen, membre de ce qui était à l'époque le Secrétariat pour l'unité des chrétiens, en présentant le troisième chapitre du décret sur l'oecuménisme, Unitatis redintegratio, avait annoncé qu'un Directoire oecuménique spécial aurait, par la suite, abordé les questions d'ordre plus pratique qui ne pouvaient logiquement être incluses dans un document conciliaire.
Aussitôt après le Concile, le Secrétariat pour l'unité des chrétiens se mettait au travail pour rédiger le Directoire en deux parties, publiées respectivement en 1967 et en 1970 sous les titres: Directoire pour l'application des décisions du concile Vatican II sur l'oecuménisme (AAS 1967, 574-592); L'oecuménisme dans l'enseignement supérieur (AAS 1970, 706- 724).
Le Saint Père Jean-Paul II a affirmé que ce Directoire - qui traitait les questions des commissions oecuméniques, de la validité du baptême administré dans les autres Eglises et communautés ecclésiales, de l'oecuménisme spirituel, de la "communicatio in sacris" et de la dimension oecuménique de la formation théologique - "a rendu de précieux services en vue d'orienter, de coordonner et de développer l'effort oecuménique" (AAS 1988, 1203).
Mais le mouvement oecuménique est, en tant que mouvement, une réalité dynamique. Après la publication du Directoire oecuménique, les autorités compétentes ont dû intervenir plusieurs fois pour donner des orientations spécifiques sur différents sujets impliquant une dimension oecuménique. En particulier, plus récemment, ont été publiés les deux Codes de droit canonique pour l'Eglise latine (1983) et pour les Eglises orientales (1990), qui reprennent une grande partie des dispositions existantes en les ordonnant dans un cadre canonique. Enfin, dans le tout récent Catéchisme de l'Eglise catholique (1992), la dimension oecuménique est sous-jacente à l'enseignement que l'Eglise doit donner à tous les fidèles.
Si l'on ajoute à ces éléments intérieurs à l'Eglise catholique le développement des rapports avec les autres Eglises et communautés ecclésiales, on comprend qu'il devenait nécessaire d'entreprendre une révision et une mise à jour du Directoire.
Le 28.6.1985, dans son discours à la Curie romaine à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la fondation du Secrétariat pour l'unité des chrétiens, le Saint Père avait déjà annoncé cette révision dans les termes suivants: "Il me plaît, en cette circonstance, de remercier ces Eglises locales et les conférences Episcopales de ce qu'elles ont fait pour l'unité et de la bonne volonté avec laquelle elles ont reçu et appliqué les normes du Directoire oecuménique qui, dans les prochains mois, sera progressivement mis à jour pour tenir compte du nouveau Code de Droit canonique et des progrès du mouvement oecuménique auquel il veut directement contribuer. Un guide contribue positivement au progrès d'un pèlerinage vers son but, même si parfois il doit signaler les fausses routes et les impasses à éviter".
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Révision du Directoire à la suite d'une ample consultation et son approbation par le Saint Père.
La réélaboration du Directoire oecuménique est le résultat d'un processus complexe et sérieux, comprenant une minutieuse consultation à plusieurs niveaux.
Après le travail préliminaire d'une consulta spéciale et l'approbation de l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens (1986 et 1988), le projet a été envoyé aux conférences épiscopales du monde entier. Il a ensuite été revu (1988-1989), en tenant compte des points de vue des conférences épiscopales, et examiné de nouveau par l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour l'unité.
En 1989, le projet est soumis aux dicastères de la Curie romaine, à la suite de quoi la consulta se remet au travail pour analyser et intégrer les suggestions des dicastères.
Enfin, le 11.1.1990, comme le prévoit la constitution Pastor bonus pour les documents dont le contenu revêt une importance doctrinale particulière, le Directoire est envoyé à la Congrégation pour la doctrine de la foi pour être examiné avant sa publication; à cet examen participe Egalement une commission mixte interdicastères. Au terme de ce cheminement, le texte du Directoire est soumis à l'approbation du Saint Père.
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Le nouveau Directoire.
En regard de l'ancien Directoire, le nouveau texte apparaît mis à jour et augmenté; les nouvelles sections constituent non seulement une aide immédiate pour résoudre les problèmes qui se posent dans l'action pastorale et dans la promotion oecuménique, mais aussi un instrument de formation à l'oecuménisme.
La structure du nouveau Directoire et son contenu se présentent de la façon suivante: la préfac6 indique les motifs de la révision exposés ci-dessus, les destinataires du document et les buts qu'il se propose de réaliser. "Le Directoire s'adresse aux pasteurs de l'Eglise catholique, mais il concerne aussi tous les fidèles appelés à prier et à travailler pour l'unité des chrétiens sous la direction de leurs Evêques (...) " (n. 4). "Mais il est souhaité, en outre, que le Directoire soit utile aux membres des Eglises et communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique" (...) (n. 5).
Le paragraphe consacré aux buts du Directoire affirme, entre autres: "La nouvelle Edition du Directoire est destinée à être un instrument mis au service de toute l'Eglise, et spécialement de ceux qui sont directement engagés dans une activité oecuménique dans l'Eglise catholique. Le Directoire entend la motiver, l'éclairer, la guider et, en certains cas particuliers, donner aussi des directives obligatoires (...). A la lumière de l'expérience de l'Eglise depuis le Concile, et en tenant compte de la situation oecuménique actuelle, le Directoire rassemble toutes les normes déjà fixées pour appliquer et développer les décisions du Concile et, au besoin, les adapter à la réalité actuelle. Il renforce les structures qui ont été mises en place pour soutenir et guider l'activité oecuménique à chaque niveau de l'Eglise".
Et encore: "A notre Epoque, il existe, ici ou là, une certaine tendance à la confusion doctrinale. Aussi est-il très important d'éviter, dans le domaine de l'oecuménisme comme dans d'autres, des abus qui pourraient y contribuer ou entraîner l'indifférentisme doctrinal (...)" (n. 6).
Il est peut-être utile de souligner que le Directoire oecuménique déclare explicitement ne pas vouloir "traiter des rapports de l'Eglise catholique avec les sectes ou avec les nouveaux mouvements religieux" (n. 5), en renvoyant, à ce propos, au document publié, en 1986, par quatre dicastères de la Curie romaine: Le Phénomène des sectes ou nouveaux mouvements religieux: un défi pastoral (Service d'information du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, SI. 61, 1989, p. 158-169).
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La préface du Directoire est suivie de cinq chapitres. Les trois premiers concernent exclusivement l'action à l'intérieur de l'Eglise catholique: les principes catholiques de l'engagement oecuménique, les structures et les personnes qui s'occupent de la promotion oecuménique et la formation oecuménique à tous les niveaux de la vie de l'Eglise. Les deux derniers chapitres traitent des rapports avec les autres chrétiens au niveau spirituel (prière en commun, communicatio in sacris, mariages mixtes) et au niveau de la collaboration pratique dans différents domaines.
Le premier chapitre ("La recherche de l'unité des chrétiens") est de nature théologique et Enonce les principes fondamentaux sur lesquels se base la recherche de la pleine unité. Son optique est celle de l'Eglise comme communion. Les rapports entre l'Eglise catholique et les autres Eglises et communautés ecclésiales, différenciés selon les diverses communautés, se fondent sur la communion réelle, bien que partielle et imparfaite, qui existe entre elles. Le mouvement oecuménique tend précisément à faire progresser cette communion partielle vers la pleine unité.
Dans le deuxième chapitre ("L'organisation dans l'Eglise catholique du service de l'unité des chrétiens") sont indiquées les personnes et les structures destinées à promouvoir l'oecuménisme à tous les niveaux de la vie de l'Eglise. On y rappelle également les normes qui règlent leur activité. Le chapitre parle ensuite des délégués diocésains à l'oecuménisme, des commissions ou secrétariats oecuméniques des diocèses, des commissions oecuméniques des synodes des Eglises catholiques orientales et des conférences épiscopales, des structures oecuméniques dans d'autres contextes ecclésiaux (instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique, organisations de fidèles), et enfin du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
Le troisième chapitre ("La formation à l'oecuménisme dans l'Eglise catholique") concerne la nécessité, les buts, les modalités et les méthodes de la formation oecuménique à tous les niveaux, de tous les fidèles (prédication, catéchèse, liturgie, etc., dans le milieu familial, paroissial, scolaire), de ceux qui exercent plus directement un ministère pastoral (séminaires, facultés de théologie, universités catholiques, instituts oecuméniques spécialisés), de la "formation permanente" des opérateurs pastoraux.
Le quatrième chapitre ("La communion de vie et d'activité spirituelle parmi les baptisés") est consacré à la question particulièrement importante de la communicatio in sacris avec les autres chrétiens, c'est-à-dire des possibilités et des limites de la participation aux sacrements dans certains cas spéciaux prévus tant par le Codex Iuris Canonici CIC 844 que par le Codex Canonum Ecclesiarum orientalium CIO 671. Le Directoire traite dans des paragraphes distincts les rapports avec les Eglises orthodoxes (n. 122-128) et ceux avec les autres Eglises et communautés ecclésiales (n. 129-142). Ce chapitre examine également la question des mariages mixtes (n. 143-166). On s'étend plus longuement, dans ce quatrième chapitre, sur la communion entre les chrétiens basée sur le lien sacramentel du baptême et sur la possibilité qui en découle de participer à des activités, à des biens spirituels et à la prière en commun.
Dans le cinquième chapitre ("La collaboration oecuménique, dialogue et témoignage commun"), sont exposées les différentes possibilités, formes et structures de collaboration oecuménique, de travail en commun concernant la Bible, de collaboration dans le domaine de la catéchèse et dans celui de la mission, dans la formation donnée dans les instituts d'enseignement supérieur, de collaboration dans la vie sociale et culturelle, dans les moyens de communication sociale, etc. Ce chapitre parle entre autres du dialogue théologique (n. 172-182) et d'une question de plus en plus urgente: comment faire accepter, par l'ensemble des fidèles, les résultats acquis dans un dialogue donné. On y parle en outre des conseils d'Eglises et des conseils chrétiens (n. 166-170) que l'on peut désormais compter "parmi les structures les plus stables pour la promotion de l'unité et de la collaboration oecuménique".
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Fondement et perspective du Directoire oecuménique.
Le Directoire oecuménique se situe dans la perspective évangélique de la prière de Jésus: "Qu'ils soient un afin que le monde croie" Jn 17,21.
La recherche de cette unité, pour l'Eglise catholique, est fondée sur une double conviction profondément enracinée: d'une part sur le fait que "les catholiques gardent la ferme conviction que l'unique Eglise du Christ subsiste en l'Eglise catholique" Directoire oecuménique, n. 17 ; LG 8; d'autre part sur la conviction, tout aussi ferme, que "l'Eglise catholique se sait unie par de multiples rapports" LG 15 avec ceux qui, baptisés, s'honorent du nom de chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas l'unité de la communion avec le successeur de Pierre.
Cette réalité d'une communion vraie et profonde, mais malheureusement partielle et imparfaite avec les autres Eglises et communautés ecclésiales, est affirmée et jugée positivement par le concile Vatican II, et donc par le Directoire oecuménique, à la lumière même du mystère du salut. Le Directoire cite l'affirmation conciliaire selon laquelle "l'Esprit du Christ ne refuse pas de se servir d'elles comme de moyens de salut" n. 18 ; UR 3.
Le décret conciliaire Unitatis redintegratio et, par conséquent, le Directoire oecuménique, fondent la diversité des normes qui règlent les possibilités et les limites de la communicatio in sacris et même de la coopération oecuménique, sur les différents degrés de communion existant entre l'Eglise catholique et les autres Eglises et communautés ecclésiales. C'est pourquoi les normes relatives aux orthodoxes sont différentes de celles qui concernent les protestants.
Compte tenu de la diversité des situations oecuméniques dans le monde, le Directoire estime qu'une analyse mise à jour et faite de manière responsable est nécessaire. En harmonie avec ce que prescrit le décret conciliaire sur l'oecuménisme et avec les dispositions contenues dans le Code de droit canonique, le Directoire attribue cette analyse aux Evêques. Unitatis redintegratio avait affirmé: "Le Concile constate avec joie l'accroissement de la participation des fidèles à la tâche oecuménique. Il confie celle-ci aux Evêques de toute la terre pour qu'ils veillent à la promouvoir et qu'ils l'orientent avec prudence" UR 4. Cela doit se faire aussi bien au plan diocésain qu'au niveau des conférences épiscopales.
Dans l'optique du Directoire oecuménique, la recherche de l'unité engage l'Eglise catholique tout entière, toutes ses composantes et toutes ses expressions. C'est pourquoi les références aux normes canoniques concernent aussi bien le Code de droit canonique pour l'Eglise latine que celui pour les Eglises catholiques orientales, selon l'affirmation conciliaire: "Le souci de parvenir à l'union concerne l'Eglise tout entière, fidèles autant que pasteurs, et touche chacun selon ses possibilités, aussi bien dans la vie chrétienne que dans les recherches théologiques et historiques" UR 5.
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Nouveaux éléments du Directoire oecuménique.
Le Directoire oecuménique est non seulement mis à jour, mais il est aussi augmenté. L'ensemble de la réglementation est précédé d'un premier chapitre sur les principes théologiques fondamentaux de la recherche oecuménique. Ce chapitre soutient et éclaire le Directoire tout entier. Cela permet de donner une base plus solide aux normes, afin de mieux les comprendre et les appliquer.
Le Directoire contient aussi des sections entièrement neuves, comme celles qui concernent la dimension oecuménique dans la catéchèse, la collaboration dans l'activité missionnaire, l'importante question des mariages mixtes et la collaboration oecuménique, sujet traité dans un chapitre à part. Ce chapitre se base sur UR 12 selon lequel la coopération entre les chrétiens, d'une part, "exprime l'union déjà existante entre eux, et elle met en plus lumineuse évidence le visage du Christ Serviteur", et d'autre part, permet d'apprendre à "préparer la voie à l'unité des chrétiens".
En ce qui concerne la partie plus strictement canonique, le Directoire oecuménique applique les normes des deux Codes de droit canonique parce que "les décrets généraux exécutoires, même s'ils sont publiés dans les directoires ou dans tout autre document, ne dérogent pas aux lois, et celles de leurs dispositions qui sont contraires aux lois n'ont aucune valeur" CIC 33 Par. 1.
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Approbation du Saint-Père.
Le Directoire oecuménique a été approuvé par le Saint-Père Jean-Paul II qui en a autorisé la publication dans les termes suivants: "Sa Sainteté le pape Jean-Paul a approuvé ce Directoire le 25.3.1993, il l'a confirmé de son autorité et il en a ordonné la publication. Nonobstant toutes choses contraires".
La formule originelle d'approbation est en français, car le texte utilisé pendant la dernière phase des consultations a été rédigé dans cette langue, quoique deux textes parallèles, l'un en français et l'autre en anglais, aient été utilisés comme base de travail tout au long du processus de révision.
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Conclusion.
On peut affirmer que le Directoire se propose - d'une façon plus générale - de faire avancer les rapports oecuméniques entre les Eglises et les différentes communautés ecclésiales; mais il vise également l'oecuménisme local, car ce dernier est non seulement une partie intégrante de l'ensemble du mouvement oecuménique, mais c'est sur place que se vivent de façon dramatique les divisions avec toutes leurs conséquences. L'oecuménisme local présente en outre des ressources qui lui sont propres et peut faire preuve de créativité.
Les commissions oecuméniques, aux différents niveaux où elles sont appelées à opérer, ont une tâche essentielle qui consiste à faire avancer concrètement la recherche de la pleine unité. Nous espérons que, surtout pour elles, le Directoire puisse se révéler un instrument adapté à notre temps, qui soit en mesure de stimuler, de coordonner et de développer le service qu'elles rendent. Dans l'espoir que l'Esprit de Dieu fera naître des situations neuves qui nous permettront de nous rapprocher de notre but: la pleine unité.
8 juin 1993.
CARDINAL EDWARD IDRIS CASSIDY,
président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.
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Dès sa parution, le 8.6.1993, le Directoire pour l'application des principes et des normes sur l'oecuménisme fut l'objet d'une présentation de la Commission Episcopale pour l'unité des chrétiens, fruit du travail des Evêques de cette commission dans leur session des 24-25.5.1993.
Cette présentation, datée du 14.6.1993, appliquait à notre pays le Directoire à destination de l'Eglise universelle. Elle garde toute sa valeur. (Voir Annexes, p. 173s.)
La meilleure introduction à la lecture du Directoire catholique universel est celle que fit le cardinal CASSIDY, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens et signataire du texte du Directoire, lors de la conférence de presse du Vatican, le 8.6.1993. Dans les premières pages de cet ouvrage, nous avons reproduit ce texte de présentation du Directoire, et nous soulignons maintenant quelques aspects qui concernent notre situation française, à l'issue des travaux de nos sessions des 20-21.12.1993 et des 22-23.2.1994.
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Le Directoire adresse une invitation importante: tenir compte des situations locales, pour appliquer ce texte destiné "aux pasteurs de l'Eglise catholique (...), à tous les fidèles" n. 4 mais "utile aux membres des Eglises et des communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique" n. 5 .
Cette remarque, qui est à l'origine de notre présentation de juin 1993 et des pages qui suivent, est formulée ainsi dans le Directoire: "Les situations dont l'oecuménisme s'occupe sont très souvent sans précédent; elles varient de lieu en lieu et d'Epoque en Epoque" n. 30 .
"La nature de l'action oecuménique entreprise dans une région particulière sera toujours influencée par le caractère particulier de la situation oecuménique locale. Le choix de l'engagement oecuménique approprié revient de façon générale à l'Evêque qui doit tenir compte des responsabilités spécifiques et des appels caractéristiques de son diocèse" n. 31 .
"La tâche oecuménique se présentera différemment dans un pays à prédominance catholique et dans un pays où un grand nombre ou une majorité sont des chrétiens orientaux, des anglicans ou des protestants (...). La participation de l'Eglise catholique au mouvement oecuménique, dans des pays où elle est en grande majorité, est cruciale pour que l'oecuménisme soit un mouvement qui engage l'Eglise entière" n. 32 .
"C'est le contexte local particulier qui fournira toujours les différentes caractéristiques de la tâche oecuménique" n. 34 .
Et en préalable, le n. 28 du Directoire avait précisé que les conférences épiscopales, telles que celle des évêques de France qui exerce cette fonction par sa Commission épiscopale pour l'unité, "peuvent faciliter beaucoup le développement de relations oecuméniques efficaces avec les Eglises et communautés ecclésiales d'une même région qui ne sont pus en pleine communion avec nous (...). Etant plus capables qu'une Eglise particulière de traiter de façon représentative les éléments régionaux et nationaux de l'activité oecuménique, les synodes des Eglises orientales catholiques et les conférences épiscopales peuvent créer des organisations destinées à constituer et à coordonner les ressources et les efforts de leur territoire d'une façon qui soutienne les activités des Eglises particulières et leur permette de suivre, en leurs activités oecuméniques, un cheminement catholique homogène."
Tout cela rejoint le but même du Directoire tel que le précise le n. 6 : "(...) être un instrument (...) pour soutenir et guider l'activité oecuménique à chaque niveau de l'Eglise, En respectant pleinement la compétence des autorités à ces divers niveaux, le Directoire donne des orientations et des normes d'application universelles (...). Leur application donnera consistance et cohérence aux façons variées de pratiquer l'oecuménisme par lesquelles des Eglises particulières (...) répondent aux différentes situations locales."
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On l'a déjà constaté par ces simples rappels:
1. Le Directoire fonde la dimension oecuménique de l'Eglise sur une ecclésiologie de communion mise en oeuvre dans la réception de la communion comme "un don de Dieu (...). L'unité de l'Eglise se réalise au milieu d'une riche diversité. La diversité dans l'Eglise est une dimension de sa catholicité" n. 16 .
2. " Aucun chrétien ou chrétienne (...) ne peut se satisfaire de ces formes imparfaites de communion. Elles ne correspondent pas à la volonté du Christ." On ne peut donc maintenir la situation actuelle. C'est pourquoi "la grâce de Dieu a poussé des membres de beaucoup d'Eglises (...) à s'efforcer de surmonter les divisions héritées du passé et de bâtir à nouveau une communion d'amour par la prière, par le repentir et par la demande réciproque de pardon pour les péchés de désunion du passé et du présent, par des rencontres pour des actions de coopération et de dialogue théologique" n. 19 .
3. Le Directoire redit le solennel engagement pour l'unité du concile Vatican II et la déclaration du synode extraordinaire de 1985 "recevant" le Concile: "Se basant sur l'ecclésiologie de communion (...), nous pouvons affirmer que l'oecuménisme s'est profondément et irrévocablement gravé dans la conscience de l'Eglise. Evêques, nous désirons ardemment que la communion incomplète qui existe déjà avec les Eglises et communautés non catholiques parvienne, avec la grâce de Dieu, à une pleine communion" (Relatio finalis II C, 7; cf. n. 20-21 .
Ces trois insistances ne sont pas les seules du Directoire, mais elles invitent tous les catholiques, et au premier chef leurs Evêques, à s'insérer plus profondément et consciemment dans une mentalité oecuménique.
Sans vouloir reprendre ce qu'ont relevé la conférence de presse du cardinal CASSIDY ou la note de présentation de la Commission Episcopale française reproduites ici, nous voudrions attirer l'attention sur quelques aspects du Directoire dont il n'est pas superflu de souligner l'importance.
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du Service de l'unité des chrétiens.
L'Eglise qui est en France n'a aucune peine à se retrouver dans ce qui est préconisé pour les responsabilités de l'oecuménisme, en ce qui concerne les Evêques dans la ligne du décret conciliaire UR 4 CIC 755,, ou en ce qui concerne les délégués diocésains depuis près de vingt-cinq ans. Mais le Directoire devrait nous appeler à un rajeunissement de ces délégués n. 41 et à la mise en place, en tous les diocèses, de commissions diocésaines n. 42-45 . Les instituts de vie consacrée ont senti et vécu, depuis le Concile surtout, les harmoniques oecuméniques de leurs charismes propres et ont constitué, sans relâche, l'aile priante et apostolique de l'histoire oecuménique de la France. Nous le dirions, sans vouloir le faire autrement qu'avec action de grâces, pour la vie religieuse des communautés non catholiques autant que pour les communautés contemplatives et apostoliques catholiques n. 50-51 . Nous ne voulons pas oublier le caractère oecuménique de beaucoup de "nouvelles communautés".
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Ce troisième chapitre du Directoire est d'une importance qui ne nous Echappera pas et qui actualise concrètement une insistance privilégiée du concile Vatican II, invitant "fidèles autant que pasteurs" UR 3 à "un renouvellement d'attitude et de la souplesse dans les méthodes de recherche de l'unité" n. 56 .
Mais parce que "le souci de l'unité est au coeur de la conception de l'Eglise" n. 58 , ce sont "tous les fidèles (qui) sont appelés à s'engager" n. 55 et à se former pour être "animés par l'esprit oecuménique, quelles que soient leur mission et leur fonction particulières dans le monde et dans la société" n. 58 .
Le n. 57 donne tout un programme de formation pour "tous ceux qui s'occupent de pastorale" qui mérite de retenir l'attention des prêtres, des agents pastoraux, des laïcs et des religieuses auxquels ont été confiées des charges pastorales.
- a. Connaissance de l'Ecriture et formation doctrinale "liées à la connaissance de l'histoire et de la situation oecuménique du pays où l'on vit". Nos régions et nos diocèses ont des passés si différents de ce point de vue.
- b. Connaissance de l'histoire des divisions, des efforts de réconciliation, des positions doctrinales des autres Eglises et communautés ecclésiales pour "discerner dans les expressions de la foi ce qui est diversité légitime et ce qui est divergence incompatible". Nous reconnaissons là le vocabulaire de notre session nationale des délégués à l'oecuménisme de Chantilly 1986 et de la publication de notre Comité mixte catholique-protestant, Consensus oecuménique et différence fondamentale (Ed. du Centurion, 1987).
- c. Prise en compte des clarifications venant des dialogues théologiques et des Etudes scientifiques. "Il est même souhaitable que les chrétiens Ecrivent ensemble l'histoire de leurs divisions et de leurs efforts dans la recherche de l'unité." C'est la méthode vécue et appliquée par le Groupe des DOMBES. Cela a donné naissance aux deux derniers ouvrages parus: Pour la communion des Eglises (Ed. du Centurion, 1988), Pour la conversion des Eglises (Ed. du Centurion, 1991).
- d. Eviter le danger des interprétations subjectives les uns des autres.
- e. Faire "apparaître comme inséparables le souci de l'unité de l'Eglise catholique, et celui de la communion avec les autres Eglises".
- f. "Approfondir les relations à la fois avec les chrétiens orientaux et les chrétiens issus de la Réforme."
- g. "Distribuer graduellement la matière (...), selon les phases diverses de la formulation doctrinale et de l'expérience oecuménique."
Le n. 57 conclut par ces mots: "Ainsi, tous ceux qui s'occupent de pastorale seront fidèles à la sainte et vivante Tradition qui, dans l'Eglise, est source d'initiative. Ils sauront Evaluer et accueillir la vérité, où qu'elle soit: 'Toute vérité, d'où qu'elle vienne, est de l'Esprit Saint" (Ambrosiaster, PL 17,245)."
Connaissance de l'Ecriture, réconciliation des mémoires (*), assimilation et réception des résultats des dialogues théologiques, purification et révision des idées reçues à la lumière de la Parole de Dieu mieux connue et de la fidélité aux acquis de Vatican II doivent animer nos groupes bibliques, nos groupes oecuméniques. Citons en particulier le Service biblique Evangile et Vie, l'Association oecuménique de recherche biblique, la diffusion de la TOB et de ses instruments de travail, l'Association Unité des chrétiens et sa revue, l'Institut supérieur d'Etudes oecuméniques et les centres oecuméniques de Lyon, Toulouse ou Paris... n. 90 .
- (*) Note (Cf. le discours de Jean-Paul II, durant son voyage apostolique en Suisse, le 14.8.1984: "Le souvenir des événements du passé ne doit pas limiter la liberté de nos efforts actuels en vue de réparer les dégâts provoqués par ces événements. La purification de la mémoire est un élément capital du progrès oecuménique. Elle comporte la franche reconnaissance des torts réciproques et des erreurs commises dans la manière de réagir les uns envers les autres, alors que tous avaient l'intention de rendre l'Eglise plus fidèle à la volonté de son Seigneur" (D.C., n. 1878, 1984, p.726).)
Les préparations de prédication entre prêtres et pasteurs, la "catéchèse oecuménique", les célébrations liturgiques oecuméniques, les centres de retraites oecuméniques spirituelles que nous connaissons en France pourraient encore être multipliés et encouragés n. 60-64 .
La formation oecuménique donnée dans les séminaires, les noviciats, les centres de formation permanente, les facultés et les universités catholiques n. 72-81 , 83-84 , 87-91 est déjà développée en notre pays, mais mérite de l'être davantage, compte tenu que rien ne remplace l'expérience oecuménique de la vie quotidienne n. 65-69 , 82 , 85-86 .
Nous ne pouvons oublier l'importance de la politique Editoriale de nos grandes maisons d'Editions de livres religieux en France, et les collaborations oecuméniques qu'elles pratiquent et qui méritent appui et encouragement autant que les Emissions oecuméniques du dimanche matin ou certaines réalisations dans le domaine des nouveaux médias (cf. entre autres n. 91 d .
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