2003 Oecuménisme 209

209 DPF.Index Table

La communion de vie entre baptisés.

Il est certain que le quatrième chapitre du Directoire est celui qui a retenu le plus l'attention de beaucoup, et spécialement par des articles dans la presse protestante et de la part de praticiens les plus engagés dans l'oecuménisme. Ce n'est pas pur hasard si les débats oecuméniques des cinquante dernières années se sont finalement polarisés sur l'ecclésiologie et sur la sacramentalité du baptême, de l'eucharistie et du ministère tels qu'ils se vivent et se pratiquent.
Nous n'exagérons pas la souveraine importance qu'ont représentée pour la France les documents des DOMBES rassemblés dans Pour la communion des Eglises (1988), Pour la conversion des Eglises (1991). Nous y joindrons volontiers le document allemand Les anathèmes du XVIe siècle sont-ils encore actuels? (1989) et le Rapport sur le processus BEM et les réactions des Eglises (1993), élaboré dix ans après le document de Lima par Foi et Constitution pour sa cinquième conférence mondiale de Saint Jacques de Compostelle, en août 1993.
Par la manière dont ces documents ont été reçus, appliqués, traduits dans nos changements de comportement, nos théologies et nos liturgies nous pourrions mesurer les avancées, les lenteurs ou les reculs dans la communion de vie et d'activité spirituelle parmi les baptisés.
Nous ne retiendrons que quatre points d'application pastorale qui, comme quatre points cardinaux, délimitent souvent notre horizon oecuménique avec ses splendeurs et ses impatiences. Mais, au préalable, nous voudrions faire une remarque qui concerne l'interprétation des textes disciplinaires de nos Eglises.
Comme toute communication qui se veut précise, le vocabulaire de nos communautés chrétiennes utilise des mots que l'histoire, l'usage, le droit, les textes mis par Ecrit par les conciles, les synodes, les liturgies officielles ont déterminé et qu'il faut recevoir dans leur sens exact sans se contenter d'à-peu-près ou de lointaine analogie (On en trouvera une application ecclésiologique n. 216 ). La plupart de nos incompréhensions, ou même de nos conflits et de nos divisions, viennent de ce que nous ne mettons pas les mêmes choses, le même contenu, sous les mêmes mots. Quel est le texte, surtout s'il se veut universel, qui échappe totalement à ce risque d'ambiguïté ou d'équivoque? C'est en grande partie pour cela, comme nous l'avons souligné au début, que le Directoire oecuménique a demandé aux Eglises particulières de tenir compte des "différentes situations locales" n. 6 .
Pour l'Eglise catholique, les documents conciliaires, le Code de droit canonique, les orientations doctrinales pastorales (Prae-notanda) ou les présentations générales de nos livres liturgiques officiels précisent le sens exact (et souvent propre et technique) des termes du vocabulaire utilisé. Connaître ce sens précis fait sans doute également partie de la "formation" dont parlait le précédent chapitre du Directoire.

210 DPF.Index Table

Le baptême, "lien sacramentel de l'unité"

n. 92 .

Notre commission avait situé les n. 92-99 du Directoire universel pour l'oecuménisme dans ses remarques au sujet des hases doctrinales de notre comportement oecuménique. Ces numéros soulignent la double affirmation selon laquelle "Le baptême Etablit (...) le lien sacramentel de l'unité" et "est ordonné à la profession de la foi, à la pleine intégration dans l'économie du salut et à la communion eucharistique" n. 92 . C'était déjà l'enseignement de UR 22 Cela fonde les conséquences ecclésiologiques sur la reconnaissance de la validité du baptême. Le CIC 869 exprimait cet a priori de reconnaissance (et de non- réitération possible) du baptême conféré dans les Eglises et communautés ecclésiales chrétiennes n. 99 . Deux applications pastorales nous paraissent devoir être relevées pour éviter des incompréhensions ici ou là manifestées, et exprimer la valeur oecuménique des termes français utilisés.

211 DPF.Index Table

Parrain ou témoin?

Le n. 98 du Directoire a été accueilli avec surprise par plusieurs, et en particulier ce qui est dit au n. 98, a : "Se basant sur le baptême commun, et à cause des liens fraternels de famille ou d'amitié, un baptisé qui appartient à une autre communauté ecclésiale peut être admis comme témoin du baptême, mais seulement avec un parrain
catholique." Et la surprise s'est accrue
de la suite au n. 98, b : "En raison de l'Etroite communion existante entre l'Eglise catholique et les Eglises orientales orthodoxes, il est permis pour une juste raison d'admettre un fidèle oriental au rôle de parrain en même temps qu'un parrain catholique (ou une marraine catholique) au baptême d'un enfant ou d'un adulte catholique."
Pour comprendre ces dispositions du Directoire, il faudrait se rappeler les travaux sur la liturgie du baptême du concile Vatican II et des années qui le suivirent. Nous y renvoyons en note (*).

- Note (*) (La constitution sur la liturgie du concile Vatican II, après avoir demandé SC 64 de restaurer le catéchuménat des adultes, distribué en plusieurs Etapes, avait consacré le SC 66 à demander de réviser le rite pour le baptême des adultes, et avait ajouté au SC 67: "On révisera le rite pour le baptême des enfants et on l'adaptera à la situation réelle des tout-petits; en outre, le rôle des parents et des parrains, ainsi que leurs devoirs, seront mieux mis en Evidence dans le rite lui-même" - Le Conseil, créé pour mettre en oeuvre cette constitution sur la liturgie, composa un Rituel liturgique de l'initiation chrétienne aux sacrements de baptême, de confirmation et d'eucharistie dont les Praenotanda expliquaient, avant la publication du Rituel du baptême des adultes par Etapes, du Rituel des enfants en âge de scolarité et d'un Rituel du baptême des petits enfants, le sens des mots employés. Il précisait, par exemple, au numéro 8: "Selon une très ancienne coutume de l'Eglise, on n'admet pas au baptême un adulte sans parrain (homme ou femme), pris dans la communauté chrétienne. Ce parrain vise à aider le catéchumène au moins dans l'ultime préparation au sacrement et, après le baptême, il contribuera à sa persévérance dans la foi et dans la vie chrétienne." - Les membres du Conseil chargé de mettre en oeuvre la constitution de Vatican II sur la liturgie se trouvaient devant une situation originale en ce qui concerne le SC 67 au sujet du rituel du baptême des enfants et de son adaptation "à la situation réelle des tout- petits". Il n'avait en effet, avant Vatican II, jamais existé de rituel propre au baptême des enfants en âge de scolarité, ni des petits enfants. L'Eglise n'avait utilisé, depuis la création du Rituel liturgique du baptême, que le même livre liturgique composé aux origines pour les adultes qui adhéraient à la foi. C'est pourquoi ce Rituel, que jusqu'en 1969-1972 on appliquait à tous ceux qui se présentaient ou étaient présentés au baptême, ne mentionnait pas une seule fois les parents du futur baptisé, mais engageait des dialogues soit avec lui soit avec ceux qui se portaient garants (le Rituel latin les appelle sponsor (RR 42) de ses dispositions, du sérieux de sa démarche et de sa vie chrétiennes, et qu'on appelait le (ou les) parrain(s), ou la (ou les) marraine(s). Les numéros 42 et 43 du Rituel latin de l'Initiation chrétienne des adultes précisaient le rôle de témoin, devant l'Eglise, insistaient sur l'importance d'apprécier le comportement de foi et de volonté du catéchumène, envisageaient la possibilité pour ce sponsor (c'est-à-dire garant ou répondant) d'être choisi comme parrain au cours du baptême par Etapes et de son accompagnement dans les premières phases de sa vie de chrétien. - Que fallait-il faire pour les enfants en âge de scolarité et pour les tout- petits enfants? La réponse des deux rituels catholiques du baptême, composés autour des années 1970, fut la suivante. S'appuyant sur les numéros 308 et 314 du Rituel latin, le Rituel français du baptême des enfants en âge de scolarité précise, dans ses numéros 7 et 8, après avoir souligné l'engagement des parents qui demandent le baptême pour leur enfant (ou, éventuellement, de ceux qui en tiennent la place): "C'est le groupe tout entier qui, comme cellule d'Eglise, entoure et soutient l'enfant dans son cheminement vers le baptême et dans l'apprentissage de sa vie chrétienne (...). C'est le rôle traditionnel du parrainage." Au regard de la foi, de la démarche évangélique, la situation des parents ou de ceux qu'ils choisissent pour parrains peut être très diversifiée. "En tout état de cause, il faudra avoir le souci que, dans les célébrations, chacun s'exprime en vérité, selon ce qu'il est, et qu'y soit manifestée par quelques-uns la responsabilité propre de l'Eglise.")

212 DPF.Index Table

Qu'il nous suffise de redire que dans le cas du Rituel latin du baptême des petits enfants, l'affirmation de départ (Rituel latin, n. 5) Etait la suivante: "L'ordre même de la création demande que, dans le baptême des petits enfants, le ministère et la fonction des parents aient plus d'importance que la fonction des parrains" (Rituel français, n. 40, dans l'Edition de 1984). Et le Rituel détaille longuement ce ministère et cette fonction des parents. Ce n'est qu'ensuite, avec le numéro 6 du Rituel universel latin, que le Rituel français ajoute dans son numéro 41: "Pour chaque enfant, on peut admettre un parrain et une marraine" et renvoie au numéro 8 du Rituel général pour déterminer le rôle du parrain dans le cas du baptême d'un petit enfant: "Chaque petit enfant pour son baptême peut aussi avoir un parrain (adsit patrinus). Sa présence élargit dans un sens spirituel la famille du futur baptisé et signifie le rôle maternel de l'Eglise. Il pourra, en certains cas, aider les parents afin que l'enfant parvienne un jour à professer la foi et à l'exprimer dans sa vie".
La légitimité du baptême des petits enfants, c'est-à-dire précise le Rituel de "ceux qui n'étant pas arrivés à l'âge de raison, ne peuvent professer une foi personnelle" (n. 36 du Rituel français) est ainsi exprimée: "Pour la vérité du sacrement, il faut donc que, par la suite, les enfants soient élevés dans cette foi dans laquelle ils ont été baptisés: le sacrement reçu sera le fondement de leur éducation chrétienne. La formation chrétienne, qui leur est due en justice, n'a pas d'autre objectif que de les amener à apprendre peu à peu quel est le dessein de Dieu dans le Christ, de sorte que finalement ils puissent ratifier eux-mêmes la foi dans laquelle ils ont été baptisés" (Rituel latin, n. 3; Rituel français, n. 38).
Pour jouer ce rôle en vérité, l'Eglise catholique réserve dans ses trois rituels du baptême (adultes, enfants en âge de scolarité, petits enfants), le nom de parrain n. 98 aux catholiques ou aux membres des seules Eglises-soeurs qui sont, avec l'Eglise catholique, actuellement en communion Etroite non seulement sur le baptême et l'eucharistie mais aussi sur la conception de l'Eglise et de ses ministères ordonnés, et considère les baptisés des autres communautés ecclésiales comme de légitimes témoins du baptême chrétien, susceptibles d'accompagner le petit enfant dans la croissance vers la foi qu'il aura à professer par lui-même, et d'attester de l'exigence oecuménique vers la pleine communion de cette foi fondée sur le commun baptême. Malgré les apparences, il y a dans l'admission de ce terme "témoins" un progrès oecuménique et une attente.

213 DPF.Index Table

Nos dialogues oecuméniques sur le baptême.

Les n. 92-94 posent les principes catholiques d'un accord sur la signification et la célébration du baptême qui permet sa reconnaissance mutuelle. Nous sommes conscients que, sur cette route, l'ensemble des chrétiens qui vivent en France ont encore à avancer dans leur dialogue oecuménique. Nous avons reçu avec reconnaissance le rapport de la commission Foi et Constitution du Conseil oecuménique des Eglises sur 'Le Processus BEM entre 1982 et 1990'. Baptême, eucharistie, ministère (Ed. du Cerf, 1993).
Nous sommes aussi très attentifs au dialogue engagé sur le baptême au sein de la Fédération protestante de France et au document qui a paru sur ce sujet en septembre 1990 (BIP, n. 1197 du 7 novembre 1990, p. 6-13, ou Positions luthériennes, janvier 1991, p. 60-73.).
Le Comité mixte baptiste-catholique en France a engagé, au printemps 1992, un dialogue important sur nos conceptions théologiques du baptême et sur nos possibilités d'arriver sur ce point à une reconnaissance de la légitimité de nos pratiques différentes. Les Echanges continuent.
Evidemment, ces pierres d'attente expliquent le vocabulaire différent dont nous parlions plus haut.

214 DPF.Index Table

L'eucharistie: parole et partage eucharistique.

Le Directoire consacre ses n. 122-135 à rappeler pour l'Eglise universelle la doctrine de Vatican II et les traductions canoniques qui en ont été faites dans CIC 844 Par. 2-5. En France notre Note sur l'hospitalité eucharistique du 14.3.1983 avait promulgué la même doctrine. voir Annexes, . Nous nous contenterons de renvoyer à ce document.
De plusieurs côtés, on a été surpris de la différence entre la pratique française des "Echanges de chaire" et le texte du droit canon de 1983, rappelé par le n. 134 . Essayons de préciser un peu ce que ce texte appelle "l'homélie de la liturgie eucharistique catholique".
Une fois encore, nous rencontrons la nécessité de bien comprendre les mots du vocabulaire utilisé, si nous voulons Eviter une mauvaise interprétation du Directoire.
La constitution sur la liturgie du concile Vatican II (4.12.1963) avait Ecrit, SC 52: "L'homélie par laquelle, au cours de l'année liturgique, on explique à partir du texte sacré les mystères de la foi et les normes de la vie chrétienne est fortement recommandée comme faisant partie de la liturgie elle-même; bien plus (...), les dimanches et jours de fête de précepte, on ne l'omettra que pour un motif grave".
En application de cette constitution conciliaire, le pape Paul VI promulguait, le 14.2.1969, le Missel romain qui, dans sa "Présentation générale", précisait en son numéro 41: "L'homélie fait partie de la liturgie, et elle est fort recommandée car elle est nécessaire pour nourrir la vie chrétienne. Elle doit expliquer un aspect des lectures scripturaires, ou bien d'un autre texte de l'ordinaire, ou du propre de la messe du jour, en tenant compte soit du mystère que l'on célèbre, soit des besoins particuliers des auditeurs". Le numéro 42 rappelait l'obligation de l'homélie dominicale et recommandait l'homélie les autres jours en ajoutant: "Habituellement, l'homélie sera faite par le prêtre célébrant".
Le Code de droit canon de 1983 redisait cela dans le CIC 767 "Parmi les formes de prédication, l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même et est réservée au prêtre ou au diacre tient une place Eminente".
Le sens est clair. "L'homélie", entendue au sens technique du vocabulaire catholique, fait partie intégrante de la liturgie eucharistique catholique et, comme telle, revient habituellement à celui qui célèbre et préside cette eucharistie.
Toutefois, le CIC 766 disait: "Les laïcs peuvent être admis à prêcher dans une Eglise ou un oratoire, si le besoin le requiert en certaines circonstances si l'utilité le suggère dans des cas particuliers, selon les dispositions de la conférence des Evêques (...)"
L'assemblée plénière de la conférence des évêques de France d'octobre 1985 a pris les dispositions suivantes: "Pour qu'un laïc soit admis à prêcher, en application du CIC 766, il devra avoir la préparation voulue et être désigné par l'ordinaire (...) (Cf. Bulletin officiel de la Conférence des évêques de France, n. 30, 28.1.1986)"
On a remarqué les expressions "habituellement", "prêcher si le besoin le requiert", "en certaines circonstances", "dans des cas particuliers", "désigné par l'ordinaire".
C'est en tenant compte de ces nuances et précisions importantes que notre commission, au terme de sa session des 20-21.12.1993 et à la veille des célébrations de la Semaine de l'unité, a précisé les points suivants: "Au mois de juin dernier, lorsqu'à paru le Directoire universel sur l'Oecuménisme du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, notre commission avait commenté le n. 134 qui ne faisait que rappeler le CIC 767 Par. 1 en ces termes: "Pour la liturgie eucharistique catholique, l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même, est réservée au prêtre ou au diacre."
"Dans les termes consacrés par la constitution sur la liturgie du concile Vatican II (n. 52), par la "Présentation générale" du missel romain (n. 41-42), par le CIC 766-767, l'Eglise catholique appelle "homélie", au sens strict de son vocabulaire, une des formes de la prédication qui est réservée au célébrant d'une liturgie eucharistique catholique "car elle est la présentation des mystères de la foi et des normes de la vie chrétienne en accord avec l'enseignement et la tradition catholiques" n. 134 .
"La pratique qui s'est répandue en certaines régions de ce que nous avons pris l'habitude d'appeler "Echanges de chaire", si elle relève de formes de la prédication, ne peut définir ce que l'Eglise catholique appelle "homélie liturgique".
"Si, au cours d'une eucharistie, le prêtre qui la préside a invité un pasteur à commenter la Parole de Dieu, il adressera aux fidèles, en accord avec le pasteur, quelques mots pour le présenter et le remercier, et marquer le caractère exceptionnel de cette prédication. Ainsi, le célébrant maintiendra l'unité de l'enseignement et de l'unique sacrifice du Christ qui sont rendus présents dans le mystère de l'eucharistie.
"Il reste que la législation du Directoire ne concerne pas les assemblées de prière non eucharistiques, ou les "célébrations de la parole" qui sont organisées à l'occasion de la Semaine de l'Unité ou en toute autre circonstance pendant l'année".


215 DPF.Index Table

Mariages mixtes.

Notre commission a signalé, dans sa note du 14.6.1993, la conformité de ce qu'expliquent les n. 143-160 pour tous les pays du monde avec le Directoire de discernement concernant les engagements et la vocation des foyers mixtes (Notre commission avait publié ce Directoire avec l'approbation du Conseil permanent de l'Episcopat français en 1980 (cf. D.C. n. 1782, 1980, p. 284-290)).
Sans revenir sur la totalité du texte et les importantes affirmations des n. 144-145 , nous voudrions relever les trois déclarations nuancées du n. 150 :
- a. "Les deux parties devront être instruites des fins et des propriétés essentielles du mariage qui ne doivent être exclues pour aucune des deux parties. De plus, il sera demandé à la partie catholique, selon la forme établie par le droit particulier des Eglises orientales ou par la conférence épiscopale (C'est le cas en France pour les "déclarations d'intention" dont nous parlions dans notre note du 14.6.1993, et qui furent publiées par la conférence épiscopale en 1970 et 1990 dans Entretien pastoral en vue du mariage, Ed. du Centurion-Tardy, 1990, p. 119-137) de déclarer qu'elle est prête à écarter les dangers d'abandon de la foi et de promettre sincèrement de faire son possible pour que tous les enfants soient baptisés et éduqués dans l'Eglise catholique. L'autre partenaire doit être informé de ces promesses et responsabilités", précisent les articles cités du Code de droit canonique latin ou oriental. Mais le Directoire ajoute ici une première remarque importante: "En même temps, il faut constater que la partie non catholique peut éprouver une obligation semblable en raison de son propre engagement chrétien. Il est à noter que, dans le Droit canonique, il n'est requis de ce partenaire aucune promesse écrite ou orale".

- b. Le deuxième alinéa de ce n. 150 va aller plus loin et mérite d'être lu dans toutes ses nuances: "Dans les contacts que l'on aura avec ceux qui veulent célébrer un mariage mixte, on suggérera et on favorisera la discussion et, si possible, la décision avant le mariage de la question du baptême et de l'Education catholique des enfants qu'ils auront".

- c. Le dernier alinéa va confier la décision finale à l'Evêque ou à son représentant qualifié (appelé en termes juridiques l'"ordinaire du lieu"): "L'ordinaire du lieu, pour évaluer l'existence ou non d'une "cause juste et raisonnable" en vue d'accorder la permission de ce mariage mixte, tiendra compte entre autres d'un refus explicite de la partie non catholique". Quand on a suivi l'évolution de la discipline de l'Eglise catholique, depuis son Code de droit canonique de 1917 jusqu'à la parution du Directoire de 1993, on se rend compte du chemin parcouru grâce au dialogue oecuménique et à la meilleure connaissance réciproque que nous avons progressivement acquise en ce qui concerne les foyers interconfessionnels que le Directoire français de 1980 appelait "un véritable "tissu conjonctif" qui lie entre elles les Eglises encore séparées".

216 DPF.Index Table

Eglises et communautés ecclésiales.

Dans son introduction n. 3, 5 et tout au long de ces cinq chapitres (cf. plus spécialement, à cause des définitions de termes données dans le texte ou en note, les n. 17- 18 , le Directoire distingue entre les Eglises et les communautés ecclésiales. Il explique ainsi son vocabulaire: "Dans ce Directoire, l'adjectif "catholique" s'applique aux fidèles et aux Eglises qui sont en pleine communion avec l'Evêque de Rome" n. 4-5 .
"Le terme "orthodoxe" est généralement appliqué aux Eglises orientales ayant accepté les décisions des Conciles d'Ephèse et de Chalcédoine. Toutefois, récemment ce terme a aussi été appliqué, pour des raisons historiques, aux Eglises n'ayant pas accepté des formules dogmatiques de l'un ou de l'autre des deux Conciles (cf. ). Pour éviter toute confusion, dans le Directoire, le terme général d'"Eglises orientales" sera utilisé pour désigner toutes les Eglises des diverses traditions orientales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise de Rome" n. 18 n. 28 .
On peut faire des choix différents ou discuter les choix du sens des termes mais, une fois encore nous le redisons, le dialogue (et donc le dialogue oecuménique) suppose qu'on sache exactement ce que le partenaire met sous les mots qu'il emploie.
Sur ce point, le Directoire n'innove pas. Il reprend les distinctions qu'avait utilisées le chapitre III de UR 13-23. Sans dispenser de la relecture des distinctions de tout ce chapitre III, nous constatons qu' UR 15 exprime un critère essentiel lorsqu'en parlant des Eglises "orientales" et, après les avoir qualifiées d'Eglises-soeurs UR 14 il déclare: "Puisque ces Eglises, bien que séparées, ont de vrais sacrements - principalement, en vertu de la succession apostolique, le sacerdoce et l'eucharistie - qui les unissent intimement à nous, un certaine communicatio in sacris, dans des circonstances favorables et avec l'approbation de l'autorité ecclésiastique, est non seulement possible mais même recommandable. " Et le même UR 15, citant saint Jean CHRYSOSTOME, venait de dire: "par la célébration de l'Eucharistie du Seigneur dans ces Eglises particulières, l'Eglise de Dieu s'Edifie et grandit (Ecclesia Dei aedificatur et crescit)". Ce qui explique les ouvertures des n. 122- 128 , citant le CIC 844 Par. 2-3.
Mais, après avoir relevé dans les n. 19-23 "de nombreux éléments de sanctification et de vérité" LG 8, "des éléments remarquables de l'antique liturgie commune" UR 23 des Eglises et communautés ecclésiales séparées en Occident, Vatican II, ayant évoqué "la totale insertion dans la communion eucharistique" à laquelle le baptême, lien sacramentel d'unité, "est ordonné", rappelle aussi des différences fondamentales qui demeurent: "Bien qu'elles n'aient pas avec nous la pleine unité dont le baptême est la source et bien que nous croyions que, en raison surtout de l'absence du sacrement de l'ordre (praesertim propter sacramenti ordinis defectum), elles n'ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique, cependant les communautés ecclésiales séparées de nous, lorsqu'elles célèbrent à la sainte Cène le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, professent que la vie consiste dans la communion au Christ et attendent son retour glorieux. Il faut donc que la doctrine sur la Cène du Seigneur, les autres sacrements, le culte et les ministères de l'Eglise, fasse l'objet du dialogue" UR 22.
Le décret conciliaire fut promulgué solennellement le 21.11.1964. Il s'achevait par ce voeu: "Le Concile souhaite instamment que les initiatives des enfants de l'Eglise catholique progressent, unies à celles des frères séparées, sans mettre un obstacle quelconque aux voies de la Providence et sans préjuger des impulsions futures de l'Esprit Saint" UR 24 Le Directoire de 1993 n'a pu encore dépasser les constats de Vatican II sur la distinction entre Eglises orientales, et Eglises et communautés ecclésiales en Occident UR 13-23.
Nous sommes conscients, en France, de l'importance du document de Lima de 1982, dans sa troisième partie sur les ministères ordonnés, des travaux et décisions des synodes réformés de France de 1983-1985 sur le ministère pastoral, des textes du Groupe des DOMBES sur la reconnaissance des ministères (1972), le ministère Episcopal (1976), le ministère de communion dans l'Eglise universelle (1986), et la liste n'est pas exhaustive. Mais nous ne sommes pas au terme, même si nous savons le chemin parcouru vers l'accord sur le contenu du ministère pastoral et la nature de la liturgie d'ordination. L'heure reste à la prière, au dialogue théologique et fraternel, à l'espérance en l'unique Seigneur.
Le Directoire de 1993 ne constituera pas "un obstacle quelconque aux voies de la Providence" et ne veut pas "préjuger des impulsions futures de l'Esprit Saint". Le pape Jean-Paul II, qui l'a fait suivre le 25.3.1993 de la formule originelle d'approbation en français qu'a relevée le cardinal CASSIDY, président du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, s'est rendu le 12.12.1993 en visite pastorale à l'Institut pontifical oriental à Rome, et a déclaré dans son discours officiel aux professeurs et Etudiants qui l'accueillaient: "L'Eglise doit donc se consacrer à faire germer les graines d'unité, de sorte que, lorsqu'elle Etablit une loi, elle sente déjà en elle l'espérance qu'elle sera dépassée par de nouvelles acquisitions, par des espérances plus exigeantes, par des fidélités difficiles mais passionnantes, qui brisent nos immobilismes, pour que soit finalement possible et réalisable ce qui, même jusqu'à hier, semblait irréalisable" (Cf. L'Oss.Romano en langue française, n. 51, 21.12.1993, p. 3, n. 5). Pourrait-on mieux exprimer la finalité d'un Directoire oecuménique?

217 DPF.Index Table

Collaboration entre Eglises et témoignage commun.

Nous sommes reconnaissants aussi de tout ce qu'ont fait et vécu, de tout ce que font et vivent en France, l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), la FIACAT (Fédération internationale des ACAT), Justice et Paix, et les organes des membres d'Eglises-soeurs comme l'ACER (Aide aux croyants de l'ex-URSS) ou de communautés ecclésiales comme la CIMADE (Comité inter-mouvements d'aide aux évacués), la CSEI (Commission sociale Economique et internationale) ... n. 52 .
Nous ne voudrions ajouter que quelques lignes à la note de notre commission, datée du 14.6.1993.
Nous y avions surtout parlé de la collaboration entre Eglises chrétiennes en France, et nous Etions contentés de mentionner "la participation commune aux tâches missionnaires d'évangélisation" dont parlent les n. 205-209 , dans la ligne du décret sur l'activité missionnaire AGD 6 AGD 15 et de EN 77. Mais il est certain que cette partie du cinquième chapitre du Directoire doit être vue sur l'arrière-fond de RMi 50 RMi 55-57 qui avaient été cités à l'assemblée plénière de Lourdes 1992, lors de la journée consacrée à l'oecuménisme (On peut aussi se reporter à une étude de Mgr John Mutiso- Mbinda du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, publiée dans la revue Omnis terra, n. 299, janvier 1994, p. 31-34, sous le titre "Dimension missionnaire du Directoire de l'oecuménisme".).
Mais ce bref rappel ne se veut qu'une invitation à la lecture et à l'étude d'un texte qui stimule beaucoup tous les chrétiens et leur apporte énormément.

22 février 1994.

Avec les Evêques de la Commission Episcopale pour l'unité des chrétiens, le président de la commission,

GERARD DAUCOURT, Evêque de Troyes.



221Index Table

DIRECTOIRE

POUR L'APPLICATION DES PRINCIPES ET DES NORMES

SUR L'OECUMENISME


PREFACE

1. La recherche de l'unité des chrétiens a été l'un des principaux objectifs du deuxième concile du Vatican. Le Directoire oecuménique, demandé pendant le Concile et publié en deux parties, l'une en 1967 et l'autre en 1970 (Secrétariat pour la promotion de l'unité des chrétiens (SPUC), Directoire oecuménique, Ad totam Ecclesiam, AAS 1967, 574-592; AAS 1970, 705-724.), "a rendu de précieux services pour orienter, coordonner et développer l'effort oecuménique (Discours du pape Jean-Paul II à l'assemblée plénière du SPUC, 6.2.1988, AAS 1988, 1203)",

222Index Table

Raisons de cette révision.

2. Outre la publication du Directoire, de nombreux autres documents ayant trait à l'oecuménisme ont été publiés par les autorités compétentes (Parmi eux figurent le motu proprio Matrimonia mixta, ; les Réflexions et suggestions concernant le dialogue oecuménique, SPUC, Service d'information (SI) 12, 1970, p. 3-11; l'instruction sur l'admission d'autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique, AAS 1972, 518-525; la Note sur certaines interprétations de l'instruction sur les cas d'admission d'autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique, AAS 1973, 616-619; le document sur La Collaboration oecuménique au plan régional, au plan national et au plan local, SPUC, SI 29, 1975, p. 8-34; l'exhortation apostolique Evangelii nuntiandi EN 1; la constitution apostolique Sapientia Christiana (SapC) sur les universités et facultés ecclésiastiques (1979), l'exhortation apostolique Catechesi tradendae CTR 1, et la Relatio finalis du Synode extraordinaire des Evêques de 1985, la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis, de la Congrégation pour l'Education catholique, Rome 1985; la constitution apostolique Ex corde Ecclesiae, AAS 1990, 1475-1509).
La promulgation du nouveau Code de droit canonique pour l'Eglise latine (1983) et celle du Code des canons des Eglises orientales (1990), ont créé en matière oecuménique une situation disciplinaire en partie nouvelle pour les fidèles de l'Eglise catholique.
De même la publication du Catéchisme de l'Eglise catholique (1992) a assumé la dimension oecuménique dans l'enseignement de base de tous les fidèles de l'Eglise.

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3. De plus, à partir du Concile se sont intensifiés des rapports fraternels avec les Eglises et communautés ecclésiales qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique; des dialogues théologiques ont été instaurés et multipliés.
Dans son discours à l'occasion d'une assemblée plénière du Secrétariat (1988) qui s'occupait de la révision du Directoire, le Saint-Père fit remarquer que "l'ampleur du mouvement oecuménique, la multiplication des documents de dialogue, l'urgence ressentie d'une plus grande participation de tout le Peuple de Dieu à ce mouvement, et par conséquent la nécessité d'une information doctrinale exacte en vue d'un engagement juste, tout cela demande que l'on donne, sans tarder, des orientations mises à jour" (AAS 1988, 1204). C'est dans cet esprit et à la lumière de ces développements que la révision de ce Directoire a été faite.

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