2003 Oecuménisme 342

Partage de vie sacramentelle, spécialement de l'Eucharistie.

- a. Partage de vie sacramentelle avec les membres des différentes Eglises orientales.

122. Entre l'Eglise catholique et les Eglises orientales qui ne sont pas en pleine communion avec elle, il existe toujours une communion très étroite dans le domaine de la foi UR 14. De plus, "par la célébration de l'Eucharistie du Seigneur en chacune de ces Eglises, l'Eglise de Dieu s'édifie et grandit" et "ces Eglises, bien que séparées, ont de vrais sacrements, surtout - grâce à la succession apostolique - le sacerdoce et l'Eucharistie (...)" UR 15. Cela fournit un fondement ecclésiologique et sacramentel, selon la conception de l'Eglise catholique, pour permettre et même encourager un certain partage avec ces Eglises, dans le domaine du culte liturgique, même pour l'Eucharistie, "dans des circonstances favorables et avec l'approbation de l'autorité ecclésiastique" UR 15. Cependant, il est reconnu que, en raison de leur propre conception ecclésiologique, les Eglises orientales peuvent avoir une discipline plus restrictive en la matière et que les autres doivent la respecter. Il convient que les pasteurs instruisent soigneusement les fidèles pour qu'ils aient une connaissance claire des raisons particulières de ce partage dans le domaine du culte liturgique, et des différentes disciplines existant sur ce sujet.

343Index Table

123. Lorsqu'une nécessité l'exige ou qu'un véritable bien spirituel le suggère et pourvu que soit évité tout danger d'erreur ou d'indifférentisme, il est permis à tout catholique, à qui il est physiquement ou moralement impossible de joindre un ministre catholique, de recevoir les sacrements de pénitence, d'Eucharistie et d'onction des malades de la part d'un ministre d'une Eglise orientale CIC 844 Par. 2; CIO 671 Par. 2.

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124. Etant donné que, chez les catholiques et chez les chrétiens orientaux, il existe des usages différents concernant la fréquence de la communion, la confession avant la communion et le jeûne eucharistique, il faut que les catholiques prennent soin de ne pas susciter le scandale et la méfiance parmi les chrétiens orientaux en ne suivant pas les usages orientaux. Un catholique, qui désire légitimement recevoir la communion chez les chrétiens orientaux, doit autant que possible respecter la discipline orientale et s'abstenir d'y prendre part si cette Eglise réserve la communion sacramentelle à ses propres fidèles à l'exclusion de tous les autres.

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125. Les ministres catholiques peuvent licitement administrer les sacrements de pénitence, d'eucharistie et d'onction des malades aux membres des Eglises orientales qui le demandent de leur propre initiative et qui ont les dispositions requises. Dans ces cas aussi, il faut prêter attention à la discipline des Eglises orientales pour leurs propres fidèles et éviter tout prosélytisme même en apparence CIC 844 Par 3; CIO 671 Par. 3 et n. 106

346Index Table

126. Lors d'une célébration liturgique sacramentelle dans une Eglise orientale, les catholiques peuvent faire des lectures, s'ils y ont été invités. Un chrétien oriental peut être invité à faire des lectures lors de célébrations semblables dans des Eglises catholiques.

347Index Table

127. Un ministre catholique peut être présent et prendre part à une cérémonie de mariage, célébrée selon les règles, entre chrétiens orientaux ou entre deux personnes dont l'une est catholique et l'autre chrétienne orientale dans une Eglise orientale, s'il y est invité par l'autorité de l'Eglise orientale et s'il se conforme aux normes données ci-dessous qui concernent les mariages mixtes, là où elles s'appliquent.

348Index Table

128. Une personne appartenant à une Eglise orientale peut être témoin à un mariage dans une Eglise catholique; de même une personne appartenant à l'Eglise catholique peut être témoin à un mariage, célébré selon les règles, dans une Eglise orientale. Dans tous les cas, cette façon de faire doit être conforme à la discipline générale des deux Eglises, concernant les règles de participation à de tels mariages.

349Index Table

- b) Partage de vie sacramentelle avec les chrétiens d'autres Eglises et communautés ecclésiales.

129. Le sacrement est une action du Christ et de l'Eglise par l'Esprit CIC 840 CIO 667. Sa célébration dans une communauté concrète est le signe de la réalité de son unité dans la foi, le culte et la vie communautaire. Tout comme ils sont des signes, les sacrements, tout spécialement l'eucharistie, sont des sources d'unité de la communauté chrétienne et de vie spirituelle et des moyens de les développer. En conséquence, la communion eucharistique est inséparablement liée à la pleine communion ecclésiale et à son expression visible.
En même temps, l'Eglise catholique enseigne que par le baptême les membres d'autres Eglises et communautés ecclésiales se trouvant dans une réelle communion, bien qu'imparfaite, avec l'Eglise catholique UR 3 et que "le baptême est le lien sacramentel d'unité existant entre ceux qui ont été régénérés par lui (...), il tend tout entier à l'acquisition de la plénitude de la vie du Christ" UR 22. L'Eucharistie est, pour les baptisés, une nourriture spirituelle qui les rend capables de surmonter le péché et de vivre de la vie même du Christ, d'être plus profondément incorporés à Lui et de participer plus intensément à toute l'économie du mystère du Christ.
C'est à la lumière de ces deux principes de base, qui doivent toujours être considérés ensemble, que l'Eglise catholique de façon générale donne accès à la communion eucharistique et aux sacrements de pénitence et d'onction des malades, uniquement à ceux qui sont dans son unité de foi, de culte et de vie ecclésiale UR 8 CIC 844 Par. 1 CIO 671 Par. 1. Pour les mêmes raisons, elle reconnaît aussi que, dans certaines circonstances, de façon exceptionnelle et à certaines conditions, l'admission à ces sacrements peut être autorisée ou même recommandée à des chrétiens d'autres Eglises et communautés ecclésiales CIC 844 Par. 4 CIO 671 Par. 4.

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130. En cas de danger de mort, les ministres catholiques peuvent administrer ces sacrements dans les conditions énumérées ci-dessous (n. 131). En d'autres cas, il est fortement recommandé que l'évêque du diocèse, en tenant compte des normes qui ont pu être établies en cette matière par la conférence épiscopale ou par les synodes des Eglises orientales, établisse des normes générales servant à juger des situations de grave et pressante nécessité et à vérifier les conditions mentionnées ci-dessous (n. 131) (Pour l'établissement des ces normes on se référera aux documents suivants: Instruction sur les cas d'admission des autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique (1972) et Note sur certaines interprétations de l'"Instruction sur les cas d'admission des autres chrétiens à la communion eucharistique dans l'Eglise catholique" 1973). Conformément au droit canonique CIC 844 Par. 5 et CIO 671 Par. 5, ces normes générales ne doivent être établies qu'après consultation de l'autorité compétente, au moins locale, de l'autre Eglise ou communauté ecclésiale concernée. Les ministres catholiques jugeront les cas particuliers et n'administreront ce sacrement qu'en conformité avec ces normes, là où elles existent. Autrement, ils jugeront d'après les normes de ce Directoire.

351Index Table

131. Les conditions, d'après lesquelles un ministre catholique peut administrer les sacrements de l'eucharistie, de la pénitence et de l'onction des malades à une personne baptisée se trouvant dans les circonstances mentionnées ci- dessus (n. 130), sont que cette personne soit dans l'impossibilité, pour le sacrement désiré, d'avoir recours à un ministre de son Eglise ou communauté ecclésiale, qu'elle demande ce sacrement de son plein gré, qu'elle manifeste la foi catholique en ce sacrement et qu'elle soit dûment disposée. CIC 844 Par. 4 et CIO 671 Par. 4.

352Index Table

132. En s'appuyant sur la doctrine catholique des sacrements et de leur validité, un catholique, dans les circonstances mentionnées ci-dessus (n. 130-131) ne peut demander ces sacrements qu'à un ministre d'une Eglise dont les sacrements sont valides ou à un ministre qui, selon la doctrine catholique de l'ordination, est reconnu comme validement ordonné.

353Index Table

133. La lecture de l'Ecriture pendant une célébration eucharistique de l'Eglise catholique est faite par des membres de cette Eglise. Dans des occasions exceptionnelles et pour une juste cause, l'Evêque du diocèse peut permettre qu'un membre d'une autre Eglise ou communauté ecclésiale y tienne la charge de lecteur.

354Index Table

134. Pour la liturgie eucharistique catholique, l'homélie, qui fait partie de la liturgie elle-même, est réservée au prêtre ou au diacre, car elle est la présentation des mystères de la foi et des normes de la vie chrétienne en accord avec l'enseignement et la tradition catholiques CIC 767 CIO 614 Par. 4.

355Index Table

135. Pour la lecture de l'Ecriture et la prédication pendant des célébrations autres que la célébration eucharistique, les normes données plus haut n. 118 doivent être appliquées.

356Index Table

136. Les membres d'autres Eglises ou communautés ecclésiales peuvent être témoins à une célébration de mariage dans une Eglise catholique. Les catholiques peuvent aussi être témoins aux mariages qui sont célébrés dans d'autres Eglises et communautés ecclésiales.

357Index Table

Partage d'autres ressources pour la vie et l'activité

spirituelle.

137. Les églises catholiques sont des édifices consacrés ou bénits qui ont une importante signification théologique et liturgique pour la communauté catholique. Par conséquent, elles sont généralement réservées au culte catholique. Toutefois, si des prêtres, des ministres ou des communautés qui ne sont pas en pleine communion avec l'Eglise catholique n'ont pas d'endroit, ni les objets liturgiques nécessaires pour célébrer dignement leurs cérémonies religieuses, l'évêque du diocèse peut leur permettre d'utiliser une église ou un édifice catholique, et aussi leur prêter ces objets nécessaires pour leurs services. Dans des circonstances semblables, la permission peut leur être accordée de faire des enterrements ou de célébrer des offices dans des cimetières catholiques.

358Index Table

138. En raison de l'évolution sociale, de l'accroissement rapide de la population et de l'urbanisation et pour des raisons financières, là où existent de bonnes relations oecuméniques et de la compréhension entre les communautés, la possession ou l'usage communs de lieux de culte pendant un laps de temps prolongé peut devenir d'un intérêt pratique.

359Index Table

139. Quand l'évêque du diocèse en a donné l'autorisation, conforme aux normes de la conférence épiscopale ou du Saint- Siège, si elles existent, il faut prendre judicieusement en considération la question de la réserve du Saint Sacrement de façon qu'elle soit résolue en fonction d'une saine théologie sacramentelle et avec tout le respect qui lui est dû et en tenant compte aussi des différentes sensibilités de ceux qui utiliseront l'édifice, par exemple, en construisant une pièce séparée ou une chapelle.

360Index Table

140. Avant de faire les plans d'un édifice commun, les autorités des communautés concernées devraient d'abord parvenir à un accord sur la façon dont leurs disciplines différentes seront respectées, particulièrement en ce qui concerne les sacrements. De plus, il faudrait faire un accord écrit traitant clairement et adéquatement toutes les questions qui peuvent être soulevées en matière de finances et d'obligations devant les lois ecclésiastiques et civiles.

361Index Table

141. Dans les écoles et institutions catholiques, tous les efforts doivent être faits pour respecter la foi et la conscience des étudiants ou des professeurs appartenant à d'autres Eglises ou communautés ecclésiales. En conformité avec leurs statuts propres et approuvés, les autorités de ces écoles et institutions devraient veiller à ce que le clergé des autres communautés aient toute facilité pour exercer leur service spirituel et sacramentel envers leurs fidèles fréquentant de telles écoles ou institutions. Dans la mesure où les circonstances le permettent, avec la permission de l'évêque du diocèse, ces possibilités peuvent être offertes dans des locaux appartenants aux catholiques, y compris une église ou une chapelle.

362Index Table

142. Dans les hôpitaux, les maisons pour les personnes âgées et les institutions semblables, dirigés par des catholiques, les autorités doivent diligemment avertir les prêtres et ministres des autres communautés de la présence de leurs fidèles, et leur donner toute facilité pour rendre visite à ces personnes et leur apporter un secours spirituel et sacramentel dans des conditions dignes et respectueuses, pouvant comprendre l'usage de la chapelle.

363Index Table

C. MARIAGES MIXTES

143. Cette section du Directoire oecuménique ne cherche pas à traiter de façon exhaustive toutes les questions pastorales et canoniques liées soit à la célébration même du sacrement du mariage chrétien, soit à l'action pastorale à exercer auprès des familles chrétiennes, puisque ces questions font partie de l'action pastorale générale de tout évêque ou de la conférence régionale des évêques. Ce qui suit met l'accent sur les questions spécifiques concernant les mariages mixtes, et doit être compris en ce contexte. Le terme de "mariage mixte" se réfère à tout mariage entre une partie catholique et toute autre partie chrétienne baptisée n'étant pas en pleine communion avec l'Eglise catholique CIC 1124 CIO 813.

364Index Table

144. En tout mariage, la préoccupation première de l'Eglise est de maintenir la solidité et la stabilité du lien conjugal indissoluble et de la vie familiale qui en découle. L'union parfaite des personnes et le partage complet de la vie qui constituent l'état de mariage, sont plus aisément assurés quand les deux conjoints appartiennent à la même communauté de foi. De plus, l'expérience pratique et les observations résultant de dialogues divers entre les représentants d'Eglises et de communautés ecclésiales montrent que les mariages mixtes présentent souvent, pour les couples eux-mêmes et pour leurs enfants, des difficultés pour le maintien de leur foi et de leur engagement chrétien et pour l'harmonie de la vie familiale. Pour toutes ces raisons, le mariage entre des personnes de la même communauté ecclésiale demeure l'objectif à recommander et à encourager.

365Index Table

145. Constatant cependant le nombre croissant des mariages mixtes en bien des parties du monde, la vive sollicitude pastorale de l'Eglise s'étend aux couples qui se préparent à contracter de tels mariages et aux couples qui les ont déjà contractés. Ces mariages, même s'ils ont leurs difficultés propres, "présentent de nombreux éléments qu'il est bon de valoriser et de développer, soit pour leur valeur intrinsèque, soit pour la contribution qu'ils peuvent apporter au mouvement oecuménique. Cela se vérifie en particulier lorsque les deux époux sont fidèles à leur engagement religieux. Le baptême commun et le dynamisme de la grâce fournissent aux époux, dans ces mariages, le fondement et la motivation qui les portent à exprimer leur unité dans la sphère des valeurs morales et spirituelles" FC 78.

366Index Table

146. Il est de la responsabilité permanente de tous, mais spécialement des prêtres, des diacres et de ceux qui les assistent dans le ministère pastoral, de fournir un enseignement et un soutien particuliers au conjoint catholique dans sa vie de foi et aux couples des mariages mixtes pour leur préparation au mariage, lors de sa célébration sacramentelle, et pour leur vie commune qui en découle. Ce soin pastoral doit tenir compte de la condition spirituelle concrète de chaque conjoint, de son éducation à la foi et de sa pratique de la foi. Il faudrait, en même temps, respecter la situation spéciale de chaque couple, la conscience de chaque conjoint et la sainteté du mariage sacramentel lui- même. Si cela est jugé utile, les évêques diocésains, les synodes des Eglises orientales catholiques ou les conférences épiscopales pourraient établir des directives plus précises pour ce service pastoral.

367Index Table

147. Pour s'acquitter de cette responsabilité, lorsque la situation le demande, il faudrait faire, si possible, une démarche positive pour créer des liens avec le ministre de l'autre Eglise ou communauté ecclésiale, même si cela ne s'avère pas toujours facile. De façon générale, les rencontres mutuelles de pasteurs chrétiens, visant à soutenir ces mariages et à en maintenir les valeurs, peuvent être un excellent terrain de collaboration oecuménique.

368Index Table

148. En établissant les programmes de la nécessaire préparation au mariage, le prêtre ou le diacre, et ceux qui l'assistent, devraient insister sur les aspects positifs de ce que le couple, en tant que chrétien, partage de la vie de grâce, de foi, d'espérance et d'amour et d'autres dons intérieurs du Saint-Esprit UR 3. Chaque conjoint, tout en continuant à être fidèle à son engagement chrétien et à le mettre en pratique, devrait rechercher ce qui peut mener à l'unité et à l'harmonie, sans minimiser les réelles différences, et en évitant une attitude d'indifférence religieuse.

369Index Table

149. Pour favoriser une compréhension et une unité plus grandes, chaque conjoint devrait apprendre à mieux connaître les convictions religieuses de l'autre et les enseignements et les pratiques religieuses de l'Eglise ou communauté ecclésiale à laquelle cet autre appartient. Pour aider les deux conjoints à vivre de l'héritage chrétien qui leur est commun, il doit leur être rappelé que la prière en commun est essentielle pour leur harmonie spirituelle, et que la lecture et l'étude des Saintes Ecritures sont de grande importance. Pendant la période de préparation, l'effort du couple pour comprendre les traditions religieuses et ecclésiales de chacun, et l'examen sérieux des différences qui existent, peut mener à une honnêteté, à une charité et à une compréhension plus grandes envers ces réalités mais aussi envers le mariage lui-même.

370Index Table

150. Lorsque, pour une cause juste et raisonnable, la permission de contracter un mariage mixte est damandée, les deux parties devront être instruites des fins et des propriétés essentielles du mariage qui ne doivent être exclues par aucune des deux parties. De plus, il sera damandé à la partie catholique, selon la forme établie par le droit particulier des Eglises orientales catholiques ou par la conférence épiscopale, de déclarer qu'elle est prête à écarter les dangers d'abandon de la foi et de promettre sincèrement de faire son possible pour que tous les enfants soient baptisés et éduqués dans l'Eglise catholique. L'autre partenaire doit être informé de ces promesses et responsabilités CIC 1125-1126 CIO 814-815 En même temps, il faut constater que la partie non catholique peut éprouver une obligation semblable en raison de son propre engagement chrétien. Il est à noter que, dans le droit canonique, il n'est requis de ce partenaire aucune promesse écrite ou orale.
Dans les contacts que l'on aura avec ceux qui veulent célébrer un mariage mixte, on suggérera et on favorisera la discussion, et si possible la décision avant le mariage, de la question du baptême et de l'éducation catholique des enfants qu'ils auront.
L'Ordinaire du lieu, pour évaluer l'existence ou non d'"une cause juste et raisonnable" en vue d'accorder la permission de ce mariage mixte, tiendra compte entre autres d'un refus explicite de la partie non catholique.

371Index Table

151. Dans l'accomplissement de son devoir de transmettre la foi catholique à ses enfants, le parent catholique respectera la liberté religieuse et la conscience de l'autre parent, et aura soin de l'unité et de la permanence du mariage et du maintien de la communion de la famille. Si, malgré tous les efforts, les enfants ne sont pas baptisés ni élevés dans l'Eglise catholique, le parent catholique ne tombe pas sous la censure du droit canonique CIC 1366 CIO 1439. Toutefois, l'obligation qu'il a de partager avec ses enfants la foi catholique ne cesse pas. Cette exigence demeure et peut comporter, par exemple, qu'il joue une partie active dans la contribution à l'atmosphère chrétienne du foyer; qu'il fasse tout son possible par la parole et par l'exemple pour aider les autres membres de la famille à apprécier les valeurs spécifiques de la tradition catholique; qu'il prenne toutes les dispositions nécessaires pour que, bien informé de sa propre foi, il puisse être capable de l'exposer et d'en discuter avec les autres; qu'il prie avec sa famille pour demander la grâce de l'unité des chrétiens, telle que le Seigneur la veut.

372Index Table

152. Tout en gardant clairement à l'esprit qu'il existe des différences doctrinales qui empêchent la pleine communion sacramentelle et canonique entre l'Eglise catholique et les diverses Eglises orientales, dans la pastorale des mariages entre catholiques et chrétiens orientaux, il faut accorder une attention particulière à l'enseignement correct et solide de la foi qui est partagée par les deux conjoints et au fait que l'on trouve dans les Eglises orientales "de vrais sacrements, surtout, en vertu de la succession apostolique, le sacerdoce et l'Eucharistie, qui les unissent intimement à nous" UR 15. Une véritable attention pastorale accordée aux personnes engagées dans ces mariages peut les aider à mieux comprendre comment leurs enfants seront initiés aux mystères sacramentels du Christ et en seront spirituellement nourris. Leur formation à la doctrine chrétienne authentique et à la façon de vivre en chrétien doit être, en sa majeure partie, semblable en chacune des Eglises. Les diversités en matière de vie liturgique et de dévotion privée peuvent servir à encourager la prière familiale, au lieu de la gêner.

373Index Table

153. Le mariage entre une partie catholique et un membre d'une Eglise orientale est valide s'il a été célébré selon un rite religieux par un ministre ordonné, pourvu que les autres règles du droit requises pour la validité aient été observées. Dans ce cas, la forme canonique de la célébration est requise pour la licéité CIC 1127 Par. 1 et CIO 834 Par 2. La forme canonique est requise pour la validité des mariages entre catholiques et chrétiens d'autres Eglises et communautés ecclésiales CIC 1127 Par. 1 et CIO 834 Par 1.

374Index Table

154. Pour de graves raisons, l'Ordinaire du lieu de la partie catholique, restant sauf le droit des Eglises orientales CIO 835, après avoir consulté l'Ordinaire du lieu où le mariage sera célébré, peut dispenser la partie catholique de l'observance de la forme canonique du mariage CIC 1127 Par. 2. Parmi les raisons de la dispense, peuvent être prises en considération le maintien de l'harmonie familiale, l'obtention de l'accord des parents pour le mariage, la reconnaissance de l'engagement religieux particulier de la partie non catholique ou de son lien de parenté avec un ministre d'une autre Eglise ou communauté ecclésiale. Les conférences épiscopales devraient établir des normes pour qu'une telle dispense puisse être accordée en suivant une pratique commune.

375Index Table

155. L'obligation, imposée par certaines Eglises ou communautés ecclésiales, d'observer leur propre forme de mariage n'est pas une cause de dispense automatique de la forme canonique catholique. Les situations particulières de ce genre doivent être l'objet du dialogue entre les Eglises, au moins au niveau local.

376Index Table

156. On gardera présent à l'esprit qu'une certaine forme publique de célébration est requise pour la validité CIC 1127 Par. 2, si le mariage est célébré avec dispense de la forme canonique. Pour souligner l'unité du mariage, il n'est pas permis qu'aient lieu deux célébrations religieuses séparées où l'échange de consentement serait exprimé deux fois ou bien un service où seraient célébrés conjointement ou successivement de tels échanges CIO 839 CIC 1127 Par. 3.

377Index Table

157. Avec l'autorisation préalable de l'Ordinaire du lieu, un prêtre catholique ou un diacre, s'il y est invité, peut être présent ou participer de quelque manière à la célébration des mariages mixtes, lorsque la dispense de la forme canonique a été accordée. En ce cas, il ne peut y avoir qu'une seule cérémonie dans laquelle la personne qui préside reçoit l'échange des consentements des époux. Sur invitation de ce célébrant, le prêtre catholique ou le diacre peut réciter des prières supplémentaires et appropriées, lire les Ecritures, faire une brève exhortation et bénir le couple.

378Index Table

158. Si le couple le demande, l'Ordinaire du lieu peut permettre que le prêtre catholique invite le ministre de l'Eglise ou de la communauté ecclésiale de la partie non catholique à participer à la célébration du mariage, y lire les Ecritures, faire une brève exhortation et bénir le couple.

379Index Table

159. Parce que des problèmes concernant le partage eucharistique peuvent se poser en raison de la présence de témoins ou d'invités non catholiques, un mariage mixte, célébré selon la forme catholique, a généralement lieu en dehors de la liturgie eucharistique. Cependant, pour une juste raison, l'évêque du diocèse peut permettre la célébration de l'eucharistie (Ordo celebrandi matrimonium, n. 8). Dans ce dernier cas, la décision d'admettre ou non la partie non catholique du mariage à la communion eucharistique, est à prendre en accord avec les normes générales existant en la matière, tant pour les chrétiens orientaux n. 125 que pour les autres chrétiens n. 129-131 , et en tenant compte de cette situation particulière de la réception du sacrement de mariage chrétien par deux chrétiens baptisés.

380Index Table

160. Bien que les époux d'un mariage mixte aient en commun les sacrements du baptême et du mariage, le partage eucharistique ne peut être qu'exceptionnel et l'on doit, en chaque cas, observer les normes rapportées ci-dessus concernant l'admission d'un chrétien non catholique à la communion eucharistique n. 125 130-131 , de même que celles concernant la participation d'un catholique à la communion eucharistique dans une autre Eglise n. 132 .

381Index Table

V - COLLABORATION OECUMENIQUE,

DIALOGUE ET TEMOIGNAGE COMMUN

161. Quand les chrétiens vivent et prient ensemble de la façon décrite au chapitre IV, ils donnent le témoignage de la foi qu'ils partagent et de leur baptême au nom de Dieu, le Père de tous, en son Fils Jésus, Rédempteur de tous, et dans le Saint-Esprit qui transforme et unit toutes choses par la puissance de son amour. Fondées sur cette communion de vie et de dons spirituels, il y a beaucoup d'autres formes de collaboration oecuménique qui expriment et favorisent l'unité et mettent en valeur le témoignage de la puissance salvifique de l'Evangile que les chrétiens donnent au monde. Quand les chrétiens collaborent pour l'étude et la diffusion de la Bible, pour les études liturgiques, pour la catéchèse et les études supérieures, pour la pastorale, pour l'évangélisation, pour servir dans la charité un monde qui lutte pour réaliser ses idéaux de justice, de paix et d'amour, ils mettent en pratique ce qui a été proposé dans le décret sur l'oecuménisme: "Que tous les chrétiens, face à l'ensemble des nations, confessent leur foi en Dieu un et trine, en le Fils de Dieu incarné, notre Rédempteur et Seigneur, et par un commun effort, dans une estime mutuelle, qu'ils rendent témoignage à notre espérance qui ne sera pas confondue. Aujourd'hui qu'une très large collaboration s'est instaurée dans le domaine social, tous les hommes sans exception sont appelés à cette oeuvre commune, mais surtout ceux qui croient en Dieu, et, en tout premier lieu, tous les chrétiens, à cause même du nom du Christ dont ils sont ornés. La collaboration de tous les chrétiens exprime vivement l'union déjà existante entre eux, et elle met en plus lumineuse évidence le visage du Christ Serviteur" UR 12.

382Index Table

162. Les chrétiens ne peuvent fermer leur coeur au criant appel des nécessités humaines du monde contemporain. La contribution qu'ils peuvent apporter dans tous les domaines de la vie humaine où le besoin de salut se manifeste est plus efficace quand ils l'accomplissent tous ensemble et quand on voit qu'ils sont unis en le faisant. Ils désireront donc faire ensemble tout ce que leur foi leur permet. L'absence d'une communion complète entre les différentes églises et communautés ecclésiales, les divergences qui existent encore dans l'enseignement de la foi et de la morale, les mémoires blessées et l'héritage d'une histoire de séparation, chacun de ces éléments limite ce que les chrétiens peuvent faire ensemble en ce moment. Leur collaboration peut les aider à surmonter ce qui fait obstacle à la pleine communion, à mettre ensemble leurs ressources pour construire une vie et un service chrétiens et le témoignage commun qui en découle, en vue de la mission qu'ils partagent: " Dans cette union au plan de la mission, qui est voulue principalement par le Christ lui-même, tous les chrétiens doivent découvrir ce qui les unit déjà avant même que ne se réalise leur pleine communion. RH 12

383Index Table

Formes et structures de la collaboration oecuménique.

163. La collaboration oecuménique peut prendre la forme d'une participation, par différentes Eglises et communautés ecclésiales, à des programmes déjà établis par un de leurs membres, ou bien celle d'une coordination d'actions indépendantes ayant pour résultat d'éviter le redoublement et la multiplication inutile de structures administratives, ou encore celle d'initiatives et de programmes conjoints. Différentes sortes de conseils ou de comités peuvent être créés, sous une forme plus ou moins permanente, pour faciliter les relations entre des Eglises et d'autres communautés ecclésiales et pour promouvoir entre elles la collaboration et le témoignage commun.

384Index Table

164. La participation catholique à toutes les formes de rencontres oecuméniques et de projets de coopération respectera les normes établies par l'autorité ecclésiastique locale. Finalement, c'est à l'évêque du diocèse, en tenant compte de ce qui a été décidé au niveau régional ou national, de juger du caractère opportun et approprié de toutes les formes d'action oecuménique locale. Les évêques, les synodes des Eglises orientales catholiques et les conférences épiscopales agiront en accord avec les directives du Saint- Siège et en particulier avec celles du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.

385Index Table

165. Les rencontres de représentants autorisés d'Eglises et de communautés ecclésiales, qui ont lieu périodiquement ou à des occasions spéciales, peuvent aider grandement à promouvoir la collaboration oecuménique. Tout en constituant elles-mêmes un important témoignage de l'engagement de ceux qui participent à la promotion de l'unité des chrétiens, ces rencontres peuvent donner la marque de l'autorité aux activités, réalisées en collaboration, des membres des églises et des communautés qu'ils représentent. Elles peuvent aussi fournir l'occasion d'examiner quels sont les problèmes particuliers et les tâches de coopération oecuménique à affronter, et de prendre les décisions nécessaires à la mise en place de groupes de travail ou de programmes pour y faire face.

386Index Table

Conseils d'Eglises et conseils chrétiens.

166. Les conseils d'Eglises et les conseils chrétiens figurent parmi les structures les plus stables qui sont établies pour promouvoir l'unité et la collaboration oecuméniques. Un conseil d'Eglises est composé d'Eglises (Dans ce contexte, le terme "Eglise" doit généralement être entendu dans le sens sociologique plutôt que dans le sens strictement théologique.) et est responsable devant les Eglises qui le constituent. Un conseil chrétien est composé d'autres organisations et groupes chrétiens aussi bien que d'Eglises. D'autres institutions de coopération semblables à ces conseils, mais avec des titres différents, existent également. Généralement, conseils et institutions similaires cherchent à donner à leurs membres la possibilité de travailler ensemble, d'engager un dialogue, de surmonter les divisions et les incompréhensions, de soutenir la prière et le travail pour l'unité, et de donner, dans la mesure du possible, un témoignage et un service chrétiens communs. Ils doivent être évalués selon leurs activités et selon ce qu'ils disent sur eux-mêmes dans leurs constitutions. Ils ont uniquement la compétence que leur accordent leurs membres constituants. En général, ils n'ont pas de responsabilité dans les tractations en vue de l'union entre des Eglises.


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