2003 Oecuménisme 387

387Index Table

167. Comme il est souhaitable que l'Eglise catholique trouve, à différents niveaux, l'expression propre de ses relations avec d'autres Eglises et communautés ecclésiales, et comme les conseils d'Eglises et les conseils chrétiens comptent parmi les formes les plus importantes de la collaboration oecuménique, il faut se réjouir des contacts grandissants que l'Eglise catholique établit avec ces conseils dans de nombreuses parties du monde.

388Index Table

168. La décision de se joindre à un conseil est du ressort des évêques de la région desservie par le conseil, qui ont ainsi la responsabilité de veiller sur la participation catholique à ces conseils. Pour les conseils nationaux, ce sera généralement le synode des Eglises orientales catholiques ou la conférence épiscopale (sauf là où il n'y a qu'un diocèse dans la nation). En examinant la question de l'appartenance à un conseil, les autorités compétentes - pendant qu'elles préparent la décision - devraient se mettre en rapport avec le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens.

389Index Table

169. Parmi les nombreux facteurs qui doivent être pris en considération dans la décision de se joindre à un conseil, se trouve l'opportunité pastorale d'une telle démarche. Il faut, avant tout, s'assurer que la participation à la vie du conseil soit compatible avec l'enseignement de l'Eglise catholique et n'estompe pas son identité spécifique et unique. La première préoccupation doit être celle de la clarté doctrinale, surtout en ce qui concerne l'ecclésiologie. En effet, les conseils d'Eglises et les conseils chrétiens ne contiennent ni en eux- mêmes ni par eux-mêmes le commencement d'une nouvelle Eglise qui remplacerait la communion qui existe maintenant dans l'Eglise catholique. Ils ne se proclament pas Eglises et ils ne réclament pas pour eux-mêmes une autorité leur permettant de conférer un ministère de la parole ou du sacrement (SPUC, La Collaboration oecuménique ..., SI 29, 1975, n. 4 A c). Il faudrait accorder une attention particulière au système de représentation de ces conseils et au droit de vote, à leurs procédures pour prendre des décisions, à leur manière de faire des déclarations publiques et au degré d'autorité attribué à ces déclarations. Un accord net et précis sur ces points devrait être réalisé avant que ne soit entreprise la démarche d'adhésion en tant que membre (Les conférences épiscopales et les synodes des Eglises orientales catholiques prendront soin de ne pas autoriser la participation des catholiques à des conseils dans lesquels se trouvent des groupes qui ne sont pas vraiment considérés comme Communauté ecclésiale).

390Index Table

170. L'appartenance catholique à un conseil local, national ou régional est un sujet complètement différent de celui des relations entre l'Eglise catholique et le conseil oecuménique des Eglises. Le conseil oecuménique peut, en effet, inviter des conseils choisis "à entrer en relation de travail en tant que conseils associés", mais il n'a aucune autorité ni contrôle sur ces conseils ou sur leurs Eglises membres.

391Index Table

171. Le fait de se joindre à un conseil devrait être considéré comme l'acceptation de sérieuses responsabilités. L'Eglise catholique doit être représentée par des personnes compétentes et engagées. Dans l'exercice de leur mandat elles devraient connaître parfaitement les limites au-delà desquelles elles ne peuvent engager l'Eglise sans en référer à l'autorité qui les a nommées. Plus le travail de ces conseils sera suivi avec attention par les Eglises qui y sont représentées, plus leur contribution au mouvement oecuménique sera importante et efficace.

392Index Table

Le dialogue oecuménique.

172. Le dialogue est au coeur de la collaboration oecuménique et l'accompagne en toutes ses formes. Le dialogue demande que l'on écoute et réponde, que l'on essaye de comprendre et de se faire comprendre. C'est être disposé à poser des questions et à être interrogé à son tour. C'est communiquer quelque chose de soi et avoir confiance en ce que les autres disent d'eux-mêmes. Chacun des interlocuteurs doit être prêt à clarifier toujours davantage et à modifier ses vues personnelles et ses manières de vivre et d'agir, en se laissant guider par l'amour authentique de la vérité. La réciprocité et l'engagement mutuel sont des éléments essentiels du dialogue et, de même, le sentiment que les interlocuteurs sont sur un pied d'égalité UR 9. Le dialogue oecuménique permet aux membres des différentes Eglises et communautés ecclésiales d'arriver à se connaître les uns les autres, d'identifier les sujets de foi et de pratique qu'ils ont en commun et les points sur lesquels ils diffèrent. Ils essaient de comprendre les racines de ces différences et d'évaluer dans quelle mesure elles constituent un réel obstacle à une foi commune. Lorsqu'ils reconnaissent que les différences constituent une réelle barrière à la communion, ils essaient de trouver des moyens pour les surmonter à la lumière de ces points de la foi qu'ils ont déjà en commun.

393Index Table

173. L'Eglise catholique peut engager le dialogue au niveau diocésain, au niveau de la conférence épiscopale ou des synodes des Eglises orientales catholiques et au niveau de l'Eglise universelle. Sa structure, comme communion universelle de foi et de vie sacramentelle, lui permet de présenter une position cohérente et unie à chacun de ces niveaux. Lorsqu'il n'y a qu'un seul interlocuteur, Eglise ou communauté, le dialogue est appelé bilatéral; lorsqu'il y en a plusieurs, il est qualifié de multilatéral.

394Index Table

174. Au niveau local, il y a des occasions sans nombre d'échanges entre chrétiens, allant des conversations informelles qui ont lieu dans la vie quotidienne aux sessions pour examiner ensemble, dans une perspective chrétienne, des problèmes de la vie locale ou de groupes professionnels particuliers (médecins, travailleurs sociaux, parents, éducateurs) et aux groupes d'étude sur des sujets spécifiquement oecuméniques. Les dialogues peuvent être menés par des groupes soit de laïcs, soit de membres du clergé, soit de théologiens professionnels ou par différents agencements de ces groupes. Qu'ils aient un statut officiel (résultant du fait qu'ils ont été établis ou autorisés formellement par l'autorité ecclésiastique) ou non, ces échanges doivent toujours être empreints d'un très vigoureux sens ecclésial. Les catholiques qui y participent sentiront la nécessité de bien connaître leur foi et de l'avoir bien enracinée en leur vie, et ils auront soin de demeurer en communion de pensée et de vouloir avec leur Eglise.

395Index Table

175. Dans certains dialogues, les participants sont mandatés par la hiérarchie pour y prendre part non à titre personnel mais en tant que représentants délégués de leur Eglise. De tels mandats peuvent être donnés par l'Ordinaire du lieu, par le synode des Eglises orientales catholiques ou la conférence épiscopale pour son territoire, ou par le Saint- Siège. Dans ces cas, les participants catholiques ont une responsabilité spéciale vis-à-vis de l'autorité qui les a envoyés. L'approbation de cette autorité est également nécessaire avant que tout résultat du dialogue n'engage officiellement l'Eglise.

396Index Table

176. Les participants catholiques du dialogue suivent les principes, concernant la doctrine catholique, énoncés par Unitatis redintegratio: "La méthode et la manière d'exprimer la foi catholique ne doivent nullement faire obstacle au dialogue avec les frères. Il faut absolument exposer clairement la doctrine intégrale. Rien n'est plus étranger à l'oecuménisme que ce faux irénisme qui cause du dommage à la pureté de la doctrine catholique et obscurcit son sens authentique et incontestable.
"En même temps, il faut expliquer la foi catholique de façon plus profonde et plus droite, utilisant une manière de parler et un langage qui soient facilement accessibles même aux frères séparés.
"En outre, dans le dialogue oecuménique, les théologiens catholiques, fidèles à la doctrine de l'Eglise, doivent procéder en conduisant leurs recherches sur les divins mystères, en union avec les frères séparés, dans l'amour de la vérité, la charité et l'humilité. En exposant la doctrine, ils se rappelleront qu'il y a un ordre ou une "hiérarchie" des vérités de la doctrine catholique en raison de leur rapport différent avec le fondement de la foi chrétienne. Ainsi sera tracée la voie qui les conduira tous, par cette émulation fraternelle, à une connaissance plus profonde et une manifestation plus évidente des insondables richesses du Christ". UR 11
La question de la hiérarchie des vérités est également traitée dans le document intitulé 'Réflexions et suggestions concernant le dialogue oecuménique': "Tout ne se présente pas sur le même plan, tant dans la vie de l'Eglise que dans son engagement; certes, toutes les vérités révélées exigent la même adhésion de foi, mais selon la plus ou moins grande proximité qu'elles ont à l'égard du fondement du mystère révélé, elles sont dans des situations diverses les unes vis- à-vis des autres et en des rapports différents entre elles". (Réflexions et suggestions SPUC n. 4, b; cf. aussi UR 11 et ME, 4. Cf. n. 61a 74-75 et 181 )

397Index Table

177. Le sujet du dialogue peut être un large éventail de questions doctrinales couvrant un certain laps de temps ou une simple question limitée à une époque bien déterminée; ce peut être un problème pastoral ou missionnaire au sujet duquel les Eglises veulent trouver une position commune afin d'éliminer les conflits qui s'élèvent entre elles et de promouvoir une aide mutuelle et un témoignage commun. Pour certaines questions un dialogue bilatéral peut se révéler plus efficace, pour d'autres un dialogue multilatéral donne de meilleurs résultats. L'expérience prouve que, dans la tâche complexe de promouvoir l'unité des chrétiens, les deux formes de dialogue se complètent l'une l'autre. Les résultats d'un dialogue bilatéral devraient être promptement communiqués à toutes les autres Eglises et communautés ecclésiales intéressées.

398Index Table

178. Une commission ou un comité institué pour engager le dialogue à la demande de deux ou plusieurs Eglises ou communautés ecclésiales peut parvenir à des degrés divers d'accord sur le thème proposé et peut formuler des conclusions dans une déclaration. Avant même que cet accord ne soit atteint, une commission peut parfois juger utile de publier une déclaration ou un rapport indiquant les convergences atteintes, identifiant les problèmes en suspens et suggérant la direction qu'un futur dialogue pourrait prendre. Toutes les déclarations ou les rapports des commissions du dialogue sont soumises aux Eglises intéressées, pour approbation. Les déclarations faites par les commissions du dialogue ont une valeur intrinsèque en raison de la compétence et du statut de leurs auteurs. Toutefois, elles n'engagent pas l'Eglise catholique aussi longtemps qu'elles n'ont pas été approuvées par les autorités ecclésiastiques appropriées.

399Index Table

179. Lorsque les résultats d'un dialogue sont considérés par les autorités compétentes comme étant prêts à être soumis à une évaluation, les membres du Peuple de Dieu, selon leur rôle et leur charisme, doivent être engagés dans ce processus critique. Les fidèles en effet sont appelés à exercer "le sens surnaturel de la foi (sensus fidei)" qui est celui du peuple entier, lorsque, "des évêques jusqu'au dernier des fidèles laïcs", il apporte un consentement universel aux vérités concernant la foi et les moeurs. Grâce à ce sens de la foi, éveillé et nourri par l'Esprit de Vérité et sous la conduite du magistère sacré (magisterium) qui permet, si on lui obéit fidèlement, de recevoir non plus une parole humaine mais véritablement la parole de Dieu 1Th 2,13, le Peuple de Dieu s'attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes Jud 3, il y pénètre plus profondément en l'interprétant comme il faut et la met plus parfaitement en oeuvre dans sa vie. LG 12
Tous les efforts doivent être faits pour trouver la meilleure façon de porter les résultats du dialogue à l'attention de tous les membres de l'Eglise. Les nouveaux aperçus sur la foi, les nouveaux témoignages de sa vérité et les nouvelles formes d'expression développés dans le dialogue, devraient leur être expliqués autant que possible, ainsi que l'étendue des accords qui ont été proposés. Cela permettrait de bien juger les réactions de tous, en évaluant leur fidélité à la Tradition de foi reçue des apôtres et transmise à la communauté des croyants sous la conduite de ses maîtres qualifiés. Il faut espérer que cette façon de procéder sera adoptée par chaque Eglise ou communauté ecclésiale qui est interlocutrice du dialogue et aussi par toutes les Eglises et communautés ecclésiales qui entendent l'appel de l'unité, et que les Eglises collaboreront à cet effort.

400Index Table

180. La vie de foi et la prière de foi, tout autant que la réflexion sur la doctrine de foi, entrent dans ce processus de réception par lequel, sous l'inspiration de l'Esprit Saint "qui dispense des grâces spéciales parmi les fidèles de tous ordres" LG 12 et qui guide plus particulièrement le ministère de ceux qui enseignent, l'Eglise tout entière fait siens les fruits d'un dialogue, dans un processus d'écoute, d'expérimentation, de jugement et de vie.

401Index Table

181. En évaluant et en assimilant de nouvelles formes d'expression de la foi, qui peuvent apparaître dans des déclarations issues du dialogue oecuménique, ou bien d'anciennes expressions reprises parce que préférées à certains termes théologiques plus récents, les catholiques auront à l'esprit la distinction faite, dans le décret sur l'oecuménisme, entre "la manière dont l'enseignement de l'Eglise a été formulé" et "le dépôt de la foi elle-même" UR 6 GS 62 Ils auront soin toutefois d'éviter les expressions ambiguës, notamment dans la recherche d'un accord sur les points de doctrine traditionnellement controversés. Ils tiendront également compte de la manière dont le deuxième concile du Vatican lui-même a appliqué cette distinction dans sa formulation de la foi catholique; ils admettront aussi la "hiérarchie des vérités" dans la doctrine catholique, dont parle le décret sur l'oecuménisme. UR 11

402Index Table

182. Le processus de réception inclut une réflexion théologique de caractère technique sur la Tradition de foi ainsi que sur la réalité pastorale et liturgique de l'Eglise d'aujourd'hui. D'importantes contributions à ce processus proviennent de la compétence spécifique des facultés de théologie. Tout le processus est guidé par l'autorité enseignante officielle de l'église qui a la responsabilité de rendre le jugement final sur les déclarations oecuméniques. Les nouvelles vues qui sont alors acceptées entrent dans la vie de l'Eglise et renouvellent, dans un certain sens, ce qui favorise la réconciliation avec d'autres Eglises et communautés ecclésiales.

403Index Table

Le travail commun concernant la Bible.

183. La Parole de Dieu, qui est consignée dans les Ecritures, nourrit la vie de l'Eglise de diverses façons DV 21-25 et elle est un "instrument insigne entre les mains puissantes de Dieu pour obtenir cette unité que le Sauveur offre à tous les hommes" UR 21. La vénération des Ecritures est un lien fondamental d'unité entre les chrétiens et ce lien demeure même quand les Eglises et communautés ecclésiales auxquelles ils appartiennent ne sont pas en pleine communion les unes avec les autres. Tout ce qui peut être fait pour que les membres des Eglises et des communautés ecclésiales lisent la Parole de Dieu et le fassent, si possible, ensemble (par exemple les "Semaines de la Bible"), tout cela renforce ce lien d'unité qui les unit déjà, les ouvre à l'action unifiante de Dieu et renforce le témoignage commun rendu à la Parole salvatrice de Dieu qu'ils donnent au monde. La publication et la diffusion d'éditions adéquates de la Bible sont une condition préalable de l'écoute de la Parole. Tout en continuant à publier des éditions de la Bible qui correspondent à ses propres normes et exigences, l'église catholique collabore aussi et volontiers avec d'autres églises et communautés ecclésiales pour réaliser des traductions et pour publier des éditions communes, en accord avec ce qui a été prévu au deuxième concile du Vatican et qui est énoncé dans le Droit canonique. CIC 825 Par. 2 et CIO 655 Par. 1. Elle considère la collaboration oecuménique en ce domaine comme une forme importante de service et de témoignage communs dans l'Eglise et pour le monde.

404Index Table

184. L'Eglise catholique est engagée dans cette coopération de bien des façons et à bien des niveaux. Le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, en 1969, a inspiré la fondation de la Fédération catholique mondiale pour l'apostolat biblique (Fédération biblique catholique) qui est une organisation catholique internationale à caractère public, destinée à la mise en oeuvre pastorale de Dei Verbum, DV 21-25. Dans ce but, il serait souhaitable, là où les circonstances le permettent, tant au niveau des Eglises particulières qu'au niveau régional, que l'on favorise une collaboration effective entre le délégué pour l'oecuménisme et les sections locales de la Fédération.

405Index Table

185. Par l'intermédiaire du Secrétariat général de la fédération biblique catholique, le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens entretient et développe des relations avec l'Alliance biblique universelle qui est l'organisation chrétienne internationale avec laquelle le Secrétariat a publié conjointement les Directives concernant la coopération interconfessionnelle dans la traduction de la Bible (Edition révisée en 1987 du document de 1968, dans SI du SPUC, n. 65, p. 150-156.). Ce document établit les principes, les moyens et les orientations pratiques de ce genre particulier de collaboration dans le domaine biblique, qui a déjà donné des résultats probants. Des rapports et une coopération semblables, avec des institutions consacrées à la publication et à l'usage de la Bible, sont encouragés à tous les niveaux de la vie de l'Eglise. Ils peuvent faciliter la coopération entre les Eglises et communautés ecclésiales pour le travail missionnaire, pour la catéchèse et l'enseignement religieux, tout autant que pour la prière et l'étude communes. Ils peuvent souvent aboutir à l'édition commune d'une bible qui peut être utilisée par beaucoup d'Eglises et de communautés ecclésiales d'un territoire culturel donné, ou à des fins plus précises telles que l'étude ou la vie liturgique (En accord avec les normes établies dans le CIC 825-827 CIC 838 CIO 655-659 CIO 668
et dans le Décrétum de la S. Congregatio pro Doctrina Fidei Ecclesiae pastorum de Ecclesiae pastorum vigilantia circa libres (19.3.1975), AAS 1975, 281- 284). Une collaboration de cette sorte peut être un antidote contre l'usage de la Bible selon une perspective fondamentaliste ou avec des vues sectaires.

406Index Table

186. Les catholiques peuvent partager l'étude des Ecritures avec des membres d'autres Eglises et communautés ecclésiales en de nombreuses manières et à beaucoup de niveaux différents, allant du type de travail qui peut être fait dans des groupes de voisinage ou paroissiaux à celui de la recherche scientifique entre exégètes professionnels. Pour avoir une valeur oecuménique, à quelque niveau que ce soit, cette étude doit être fondée sur la foi et nourrir la foi. Souvent elle fera voir clairement aux participants combien les positions doctrinales des différentes Eglises et communautés ecclésiales et les différences de leurs approches dans l'utilisation et l'exégèse de la bible, mènent à des interprétations différentes de certains passages. Pour les catholiques, il est utile que les Editions des Ecritures qu'ils utilisent attirent l'attention sur les passages où la doctrine de l'Eglise est engagée. Ils ne manqueront pas d'affronter les difficultés et les différences que cause l'usage oecuménique des Ecritures avec compréhension et loyauté envers l'enseignement de l'Eglise. Mais que cela ne les empêche pas de reconnaître combien ils sont proches des autres chrétiens dans l'interprétation des Ecritures. Ils en viendront à apprécier la lumière que l'expérience et les traditions des différentes Eglises peuvent jeter sur des passages des Ecritures qui sont particulièrement significatifs pour eux. Ils seront ouverts à la possibilité de trouver de nouveaux points de départ dans les Ecritures pour discuter des points controversés. Ils seront poussés à découvrir la signification de la Parole de Dieu en relation avec les situations humaines contemporaines qu'ils partagent avec leurs frères chrétiens. Et ils expérimenteront, dans la joie, la puissance unificatrice de la Parole de Dieu.

407Index Table

Textes liturgiques communs.

187. Les Eglises et les communautés ecclésiales dont les membres vivent dans un milieu culturel homogène devraient, là où cela est possible, rédiger ensemble un recueil des textes chrétiens les plus importants (le Notre Père, le Symbole des apôtres, le Credo de Nicée-Constantinople, une Doxologie trinitaire, le Gloria). Ce recueil serait destiné à être employé régulièrement par toutes les Eglises et communautés ecclésiales, tout au moins lorsqu'elles prient en commun, en des occasions oecuméniques. Un accord sur une version du Psautier à usage liturgique serait souhaitable également, ou au moins un accord sur certains psaumes qui sont le plus fréquemment utilisés. Il est recommandé qu'un accord similaire soit recherché pour des lectures communes des Ecritures destinées à l'usage liturgique. L'usage de prières liturgiques et autres qui datent du temps de l'Eglise indivise peut aider à développer l'esprit oecuménique. Sont à recommander également des livres de chant communs ou au moins une collection de chants communs à insérer dans les livres de chant des différentes Eglises et communautés ecclésiales; à recommander aussi une collaboration dans le développement de la musique liturgique. Lorsque des chrétiens prient ensemble, d'une seule voix, leur témoignage commun atteint les cieux mais il est également entendu sur terre.

408Index Table

La collaboration oecuménique dans le domaine de la

catéchèse.

188. En complément de la catéchèse normale que de toute façon les catholiques doivent recevoir, l'Eglise catholique reconnaît que, dans des situations de pluralisme religieux, la collaboration dans le domaine de la catéchèse peut enrichir sa vie et celle d'autres Eglises et communautés ecclésiales, et aussi fortifier sa capacité de rendre, au milieu du monde, un témoignage commun, dans la mesure actuellement possible, à la vérité de l'Evangile. Le fondement de cette collaboration, ses conditions et ses limites, sont exposés dans l'exhortation apostolique Catechesi tradendae: "De telles expériences trouvent leur fondement théologique dans les éléments qui sont communs à tous les chrétiens. Mais la communion de foi entre les catholiques et les autres chrétiens n'est pas complète et parfaite; il existe même, en certains cas, de profondes divergences. En conséquence, cette collaboration oecuménique est de par sa nature même limitée: elle ne doit jamais signifier une réduction au minimum commun. De plus, la catéchèse ne consiste pas seulement à enseigner la doctrine, mais à initier à toute la vie chrétienne, en faisant pleinement participer aux sacrements de l'Eglise. D'où la nécessité, là où il y a une expérience de collaboration oecuménique dans le domaine de la catéchèse, de veiller à ce que la formation des catholiques soit bien assurée dans l'Eglise catholique en matière de doctrine et de vie chrétienne" CTR 33.

409Index Table

189. En quelques pays, une forme d'enseignement chrétien, commun aux catholiques et aux autres chrétiens, est imposée par l'Etat ou par des circonstances particulières, et comprend des livres de textes et le contenu du cours déjà fixé. Dans de tels cas, il ne s'agit pas d'une vraie catéchèse, ni de livres pouvant être utilisés comme catéchismes. Mais, quand il présente loyalement des éléments de doctrine chrétienne, un tel enseignement a une authentique valeur oecuménique. Dans ces cas, tout en appréciant la valeur potentielle d'un tel enseignement, il ne demeure pas moins indispensable d'assurer aux enfants catholiques une catéchèse spécifiquement catholique.

410Index Table

190. Lorsque l'enseignement de la religion dans des écoles est fait en collaboration avec des membres de religions autres que chrétiennes, un effort particulier doit être fourni pour s'assurer que le message chrétien est présenté de manière à rehausser l'unité de foi existant entre des chrétiens sur des sujets fondamentaux, tout en expliquant en même temps les divisions qui existent et les démarches qui ont été entreprises pour les surmonter.

411Index Table

La collaboration dans des instituts d'enseignement

supérieur.

191. Il existe bien des occasions de collaboration oecuménique et de témoignage commun dans l'étude scientifique de la théologie et des disciplines qui s'y rattachent. Une telle collaboration profite à la recherche théologique. Elle augmente la qualité de l'enseignement théologique, en aidant les professeurs à accorder à l'aspect oecuménique des questions théologiques l'attention qui est requise, dans l'Eglise catholique, par le décret conciliaire Unitatis redintegratio UR 10-11. Elle facilite la formation oecuménique des agents pastoraux voir chap. III . Elle aide les chrétiens à examiner ensemble les grands problèmes intellectuels qu'affrontent les hommes et les femmes d'aujourd'hui à partir d'un fonds commun de sagesse et d'expérience chrétiennes. Au lieu d'accentuer leur différence, ils sont capables d'accorder la préférence due à la profonde harmonie de foi et de compréhension qui peut exister au milieu de la diversité de leurs expressions théologiques.

412Index Table

Dans les séminaires et au premier cycle.

192. La collaboration oecuménique dans l'étude et l'enseignement est également souhaitable dans les programmes de la phase initiale de l'enseignement théologique, tels qu'ils sont établis dans les séminaires et au premier cycle des facultés de théologie, bien que cette étude et cet enseignement ne soient encore selon la forme qui est possible au niveau de la recherche et chez ceux qui ont déjà terminé leur formation théologique générale. Une condition élémentaire de la collaboration oecuménique à ces niveaux supérieurs, qui seront envisagés aux n. 196-203 , est que les participants soient bien formés dans leur propre foi et dans la tradition de leur propre Eglise. L'instruction du séminaire ou du premier cycle en théologie a pour but de donner à l'étudiant cette formation de base. L'Eglise catholique, comme les autres Eglises et communautés ecclésiales, élabore le programme et les cours qu'elle considère appropriés à ce but et choisit des directeurs et des professeurs compétents. La règle est que les professeurs des cours de doctrine soient catholiques. Par conséquent, les principes élémentaires de l'initiation à l'oecuménisme et à la théologie oecuménique, qui est une partie nécessaire de la formation théologique de base (Cf. n. 70 , et la lettre circulaire du SPUC aux évêques sur l'enseignement oecuménique, n. 6, dans SI, n. 62, 1986, p. 214), sont donnés par des professeurs catholiques. Une fois que ces intérêts fondamentaux de l'église concernant l'objectif, la valeur et les exigences d'une formation théologique initiale - compris et partagés par beaucoup d'autres Eglises et communautés ecclésiales - sont respectés, les étudiants et les professeurs des séminaires catholiques et des facultés de théologie peuvent participer à la collaboration oecuménique de diverses façons.

413Index Table

193. Les normes pour promouvoir et régler la collaboration entre les catholiques et les autres chrétiens, au niveau du séminaire et du premier cycle des études théologiques, doivent être déterminées par les synodes des Eglises orientales catholiques et les conférences épiscopales, particulièrement en tout ce qui touche à l'instruction des candidats à l'ordination. La commission oecuménique appropriée doit être entendue à ce sujet. Les directives voulues doivent être incluses dans le programme de formation sacerdotale établi en accord avec le décret sur la formation des prêtres Optatam totius. Puisque les instituts de formation pour les membres des ordres religieux peuvent également être concernés par cette forme de collaboration oecuménique dans la formation théologique, les supérieurs majeurs ou leurs délégués doivent contribuer à la rédaction des règlements en accord avec le décret conciliaire Christus Dominus CD 35 n. 5-6.

414Index Table

194. Les étudiants catholiques peuvent assister à des cours spéciaux donnés dans les institutions, y compris les séminaires, par des chrétiens d'autres Eglises et communautés ecclésiales en accord avec les critères généraux pour la formation oecuménique des étudiants catholiques et en se soumettant à toutes les normes qui ont pu être établies par le synode des Eglises orientales catholiques ou la conférence épiscopale. Quand une décision doit être prise pour savoir s'ils doivent ou non assister réellement à des cours spéciaux, il faut bien considérer l'utilité du cours dans le contexte général de leur formation, la qualité et l'esprit oecuménique du professeur, le niveau de préparation préalable des étudiants eux-mêmes, leur maturité spirituelle et psychologique. Plus les conférences ou les cours se rapportent de près à des sujets doctrinaux et plus il faudra évaluer avec soin l'opportunité, pour les étudiants, d'y assister. La formation des étudiants et le développement de leur sens oecuménique doivent être accomplis graduellement.

415Index Table

195. Dans le deuxième et troisième cycle des facultés, et dans les séminaires, après que les étudiants auront reçu la formation de base, des professeurs d'autres Eglises et communautés ecclésiales peuvent être invités à donner des conférences sur les positions doctrinales des Eglises et des communautés qu'ils représentent, afin de compléter la formation oecuménique que les étudiants sont en train de recevoir de leurs professeurs catholiques. Ces professeurs pourront également donner des cours de nature technique, comme par exemple des cours de langues, de communication sociale, de sociologie religieuse, etc. En fixant des normes pour régler cette question, les conférences épiscopales et les synodes des Eglises orientales catholiques tiendront compte du degré de développement atteint par le mouvement oecuménique dans leur pays et de l'Etat des relations entre les catholiques et les autres Eglises et communautés ecclésiales (Cf. SPUC, lettre circulaire aux évêques sur l'enseignement oecuménique, n. 10a). Elles spécifieront notamment comment appliquer dans leur région les critères catholiques concernant la qualification des professeurs, la période de leur enseignement et leur responsabilité quant au contenu des cours (Cf. SPUC, lettre circulaire aux évêques sur l'enseignement oecuménique, n. 10a). Elles donneront aussi des indications sur la façon dont l'enseignement reçu par les étudiants catholiques à ces cours pourra être intégré à l'ensemble de leur programme. Les professeurs invités seront qualifiés de "conférenciers invités". Si nécessaire, les institutions catholiques organiseront des séminaires ou des cours pour situer dans son contexte l'enseignement donné par les conférenciers d'autres Eglises ou communautés ecclésiales. Les professeurs catholiques invités, dans des circonstances analogues, à donner des conférences dans les séminaires et les écoles théologiques d'autres Eglises, se soumettront de bonne grâce aux mêmes conditions. Un tel échange de professeurs, qui respecte les intérêts de chaque Eglise quant à la formation théologique de base de ses propres membres, et spécialement de ceux qui sont appelés à être ses ministres, est une forme efficace de collaboration oecuménique et donne un témoignage commun approprié de l'intérêt chrétien pour un enseignement authentique dans l'Eglise du Christ.

416Index Table


2003 Oecuménisme 387