1996 Denzinger 468

468
Bien que ressorte clairement de la parole du Seigneur lui-même dans le saint Evangile où se trouve le fondement de l'Eglise, écoutons néanmoins ce qu'a déterminé le bienheureux Augustin en se souvenant de cette même parole. L'Eglise de Dieu est fondée, dit-il, sur ceux qui sont reconnus en raison de la succession des évêques, comme ayant présidé des Sièges apostoliques ; et quiconque s'est séparé de la communion ou de l'autorité de ces sièges, il est montré qu'il se trouve dans le schisme. Et après d'autres choses : " te tenant au-dehors, tu seras mort également pour le nom du Christ. Parmi les membres du Christ, souffre pour le Christ en étant attaché au corps ; combats pour la tête (Tu ne seras pas compté parmi les membres du Christ, souffre pour le Christ, en étant attaché au corps combats pour la tête).

469
Mais le bienheureux Cyprien lui aussi... dit entre autres choses ceci : " Le commencement procède de l'unité et le primat est donné à Pierre pour qu'il soit montré que l'Eglise du Christ et la chaire font un " ; et pasteurs, tous le sont, mais le troupeau est montré comme étant un seul, ce troupeau qui doit être mené à la pâture par les apôtres dans un accord unanime.
Et peu après : " Celui qui ne tient pas cette unité de l'Eglise, croit-il qu'il tient la foi ? Celui qui déserte la chaire de Pierre sur laquelle est fondée l'Eglise
Mt 16,18 et lui résiste, se flatte-t-il d'être dans l'Eglise ? "...
Ils ne peuvent pas demeurer avec Dieu, ceux qui n'ont pas voulu vivre de façon unanime dans l'Eglise de Dieu ; et même s'ils brûlent dans les flammes, s'ils exposent leur vie au bûcher et aux bêtes, ils n'obtiendront pas la couronne de la foi, mais le châtiment de leur mauvaise foi, ni la gloire finale, mais la mort du désespoir. Un tel homme peut être mis à mort, il ne peut recevoir la couronne "...
" Le crime du schisme est pire que le crime de ceux qui ont sacrifié ; ceux-ci du moins se soumettent à la pénitence de leur crime et implorent Dieu en acquittant pleinement les satisfactions requises. Ici on cherche l'Eglise et on lui adresse sa demande, là on combat l'Eglise. Ici celui qui a failli n'a nui qu'à lui-même ; là celui qui s'efforce de faire un schisme entraîne avec lui beaucoup de gens dans l'erreur. Ici il n'y a de dommage que pour une seule âme, là le péril est pour le grand nombre. Celui-ci, du moins, reconnaît qu'il a péché et pleure et se lamente ; celui-là s'enorgueillit de sa faute, se complaît dans son délit, sépare les enfants de la mère, détourne les brebis de leur pasteur, bouleverse les sacrements de Dieu, et alors que celui qui a failli n'a péché qu'une fois, celui-là pèche tous les jours. Enfin celui qui a failli, s'il obtient le martyr après coup, peut recevoir les promesses du Royaume ; celui-ci, s'il est mis à mort en dehors de l'Eglise, ne peut pas parvenir aux récompenses de l'Eglise. "


3ème concile de Tolède, commencé le 8 mai 589

profession de foi du roi Reccared.

470

La Trinité divine.

Nous confessons qu'il y a un Père, qui a engendré de sa substance le Fils qui lui est coégal et coéternel, non pas cependant que le même soit né et ait engendré (né non engendré) mais de telle sorte que selon la personne autre est le Père qui a engendré, et autre le Fils, qui a été engendré et que cependant, selon la divinité, les deux sont d'une même substance : le Père, de qui est le Fils, n'est lui-même d'aucun autre ; le Fils, qui a un Père, existe cependant sans commencement ni diminution dans cette divinité, parce qu'il est coégal et coéternel au Père. De même nous devons confesser et prêcher que l'Esprit procède du Père et du Fils, et qu'avec le Père et le Fils il est d'une unique substance ; la troisième personne dans la Trinité est celle de l'Esprit Saint, qui cependant possède l'essence de la divinité en commun avec le Père et le Fils. Cette sainte Trinité est en effet un seul Dieu, Père et Fils et Esprit Saint, et par sa bonté toute créature (la nature de l'homme) certes a été créée bonne, mais par la forme de l'aspect humain prise par le Fils, de la génération damnée nous sommes rétablis dans la béatitude première.



GREGOIRE Ier LE GRAND : 3

septembre 590-12 ma


Lettre " Consideranti mihi " aux patriarches. Février 591.

L'autorité des conciles oecuméniques.

472
...De même que les quatre livres du saint Evangile, je confesse que je reçois et vénère les quatre conciles : j'embrasse en effet avec une entière dévotion et je garde avec un plein assentiment celui de Nicée où est détruite la doctrine perverse d'Arius ; celui de Constantinople également où est réfutée l'erreur d'Eunome et de Macedonius, de même le premier d'Ephèse où est jugée l'impiété de Nestorius et celui de Chalcédoine où est condamnée l'erreur d'Eutychès et de Dioscore; car sur eux s'élève, comme sur une pierre quadrangulaire, l'édifice de la sainte foi, sur eux s'appuie l'édifice de toute vie et de toute action ; et quiconque ne tient pas leur solidité, même s'il est considéré comme une pierre, gît cependant en dehors de l'édifice.
Je vénère de même le cinquième concile où est condamnée la lettre dite d'Ibas comme pleine d'erreurs, où Théodore (de Mopsueste) qui sépare la personne du Médiateur de Dieu et des hommes en deux hypostases est convaincu d'être tombé dans le crime de l'impiété, et où sont rejetés également les écrits de Théodoret qui sont le fait d'une entreprise folle, et par lesquels est blâmée la foi du bienheureux Cyrille. Toutes les personnes que les vénérables conciles susdits rejettent, je les rejette, ceux qu'ils vénèrent, je les reconnais ; car puisqu'ils sont fondés sur un consensus universel, c'est lui-même et non pas ceux-là que détruit quiconque a l'audace soit de délier ceux qu'ils lient, soit de lier ceux qu'ils délient. Si donc quelqu'un pense autrement, qu'il soit anathème.


Lettre " 0 quam bona " à l'évêque Virgile d'Arles, 12 août 595.

La simonie

473
...J'ai appris que dans les régions des Gaules et de la Germanie nul ne parvient à l'ordre sacré sans accorder un cadeau approprié. S'il en est ainsi, je le dis en pleurant, et je le proclame dans les gémissements : si l'ordre sacerdotal s'est effondré du dedans, il ne pourra pas tenir longtemps au-dehors. Nous savons en effet de par l'Evangile ce que notre Rédempteur a fait lui-même : lorsqu'il est entré dans le Temple, il a renversé les sièges des vendeurs de colombes
Mt 21,12. Vendre des colombes signifie en effet percevoir un avantage temporel du Saint-Esprit que le Dieu tout-puissant confère aux hommes comme consubstantiel à lui par l'imposition des mains. Ce qui résulte de ce mal, comme je l'ai dit, est déjà indiqué ; car ceux qui ont l'audace de vendre des colombes dans le Temple de Dieu, leurs sièges sont tombés selon le jugement de Dieu.
Cette erreur en effet s'amplifie et se propage chez les subordonnés. Car celui qui est conduit à l'honneur (l'ordre) sacré en échange d'un paiement est déjà corrompu à la racine même de sa promotion, et il est davantage disposé à vendre à d'autres ce qu'il a acheté. Et où est alors ce qui est écrit : "Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement" Mt 10,8 ?
Et puisque l'hérésie simoniaque a surgi comme la première hérésie contre la sainte Eglise, pourquoi ne considère-t-on pas, pourquoi ne voit-on pas que si on ordonne quelqu'un contre un paiement, on fait, en le promouvant, qu'il devient hérétique ?


Lettre " Sicut aqua " au patriarche Euloge d'Alexandrie, août 600

La science du Christ (contre les Agnoètes)

474
Pour ce qui concerne ... le passage de l'Ecriture selon lequel " ni le Fils ni les anges ne connaissent le jour et l'heure " (voir
Mc 13,32 , votre Sainteté pense très justement qu'il n'est pas à rapporter à ce même Fils considéré comme tête, mais considéré en son corps que nous sommes... A ce sujet Augustin fait usage en beaucoup d'endroits de cette signification.
Il dit autre chose également, qu'on peut entendre de ce même Fils, à savoir que le Dieu tout-puissant parle parfois de façon humaine, par exemple lorsqu'il dit à Abraham : " Maintenant je sais que tu crains Dieu " (Gn 22,12 non pas que Dieu ait alors appris qu'il était craint, mais parce que, par lui, Abraham a reconnu alors qu'il craignait Dieu. Comme nous parlons d'un jour heureux, non pas parce que le jour lui-même est heureux, mais parce qu'il nous rend heureux, de même le Fils tout-puissant dit qu'il ignore le jour que lui- même fait ignorer, non qu'il l'ignore, mai parce qu'il ne permet absolument pas qu'on le connaisse.

475
D'où on dit aussi que seul le Père sait, parce que le Fils, qui lui est consubstantiel, de par sa nature, par laquelle il est au-dessus des anges, a le pouvoir de savoir ce que les anges ignorent. D'où on peut comprendre ceci plus subtilement en disant que le Fils unique incarné, fait pour nous homme parfait, a connu le jour et l'heure du jugement dans la nature humaine et ne l'a pourtant pas connu de par la nature humaine. Ce qu'il a donc connu en elle, il ne l'a pas connu par elle, car c'est par la puissance de sa divinité que le Dieu fait homme a connu le jour et l'heure du jugement...
C'est pourquoi la science qu'il n'avait pas de par la nature humaine, qui le faisait créature avec les anges, il a refusé de l'avoir avec les anges qui sont des créatures. Le Dieu homme connaît donc le jour et l'heure du jugement, mais précisément parce que Dieu est homme.

476
La chose est des plus claires, car quiconque n'est pas nestorien ne peut nullement être agnoète. En effet, celui qui confesse que la Sagesse de Dieu elle-même s'est incarnée, comment va-t-il pouvoir dire qu'il y a quelque chose qu'ignore la Sagesse de Dieu ? Il est écrit : " Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu. Tout a été fait par lui "
Jn 1,1-3. Si c'est " tout " c'est sans aucun doute aussi le jour et l'heure du jugement. Qui donc est assez fou pour oser dire que le Verbe du Père a fait ce qu'il ignorait ? Il est écrit encore : Jésus sachant que le Père avait tout remis entre ses mains Jn 13,3. Si c'est " tout " c'est manifestement aussi le jour et l'heure du jugement. Qui donc est assez sot pour dire que le Fils a reçu dans ses mains ce qu'il ne connaît pas ?
S'agissant du passage dans lequel il dit aux femmes à propos de Lazare : " Où l'avez-vous déposé ? " Jn 11,34, nous avons pensé exactement ce que vous avez pensé, à savoir que s'ils disent que le Seigneur ne savait pas où Lazare était enseveli et qu'il a demandé pour cette raison, ils sont contraints sans aucun doute de reconnaître que le Seigneur ne savait pas en quels lieux s'étaient cachés Adam et Eve après leur péché lorsqu'au paradis il dit : " Adam, où es-tu ? " Gn 3,9, ou lorsqu'il fait reproche à Caïn en disant : " Où est Abel ton frère ? " Gn 4,9. S'il ne le savait pas, pourquoi a-t-il ajouté aussitôt : " Le sang de ton frère crie de la terre vers moi " ?



Lettre " Litterarum tuarum primordia " à l'évêque Serenus de

Marseille, octobre

Le droit des fidèles de vénérer les images des saints

477
Il Nous a été rapporté... que tu aurais brisé des images des saints, en avançant cette excuse qu'elles ne doivent pas être adorées. Nous louons pleinement, certes, que tu aies interdit qu'elles soient adorées ; mais nous blâmons que tu les aies brisées...Une chose en effet est d'adorer une image, autre chose est d'apprendre, par ce que l'image raconte, ce qui doit être adoré. Car ce que sont les Ecritures pour ceux qui savent lire, cela l'image le réalise pour les simples qui la regardent, puisque les ignorants voient en effet ce à quoi ils doivent s'attacher, et qu'y lisent ceux qui ne connaissent pas les lettres ; c'est pourquoi, pour les peuples principalement, l'image tient la place de la lecture...
Si quelqu'un veut faire des images, ne l'interdis aucunement; mais adorer les images, évite-le de toutes les manières. Que ta fraternité au contraire exhorte instamment à ce que la vision de ce qui s'est passé leur fasse ressentir l'ardeur du repentir, et qu'ils se prosternent humblement dans l'adoration de la seule Trinité toute-puissante et sainte.


Lettre " Quia caritati nihil " aux évêques d'Ibérie (Georgie),

vers le 22 juin 6

Baptême et ordres sacrés des hérétiques.

478
Nous avons appris de l'enseignement ancien des Pères que tous ceux qui ont été baptisé dans l'hérésie au nom de la Trinité, lorsqu'ils reviennent à la sainte Eglise, doivent être rappelés dans le sein de la mère Eglise soit par l'onction du chrême, soit par l'imposition de la main, soit par la simple profession de la foi. C'est pourquoi l'Occident régénère les ariens par l'imposition de la main, l'Orient par l'onction du saint chrême en vue de l'entrée dans l'Eglise catholique. Mais les monophysites et d'autres, elle les reçoit par la seule profession vraie de la foi, parce que le saint baptême qu'ils ont obtenu chez les hérétiques reçoit alors en eux les forces de la purification lorsque les uns ont reçu l'Esprit Saint par l'imposition de la main, et que les autres ont été unis au sein de l'Eglise sainte et universelle par la profession de la vraie foi.
Quant aux hérétiques qui n'ont pas été baptisés au nom de la Trinité, comme par exemple les bonosiens et les cataphrygiens, parce que les uns ne croient pas au Christ Seigneur, et que les autres croient faussement que le Saint-Esprit est un homme dépravé du nom de Montan, on les baptise lorsqu'ils viennent à la sainte Eglise parce que ce qu'ils ont reçu, lorsqu'ils étaient dans l'erreur, sans le nom de la Sainte Trinité, n'était pas un baptême. Et on ne peut pas non plus appeler cela un baptême réitéré, puisque, comme il a été dit, le premier n'était pas donné au nom de la Trinité...
Votre Sainteté doit les (les nestoriens) recevoir sans aucune hésitation dans sa communauté en gardant leurs ordres, afin que...en ne suscitant pas par votre mansuétude, d'opposition ou de difficulté au sujet de leurs ordres, vous les arrachiez à la gueule de l'antique ennemi.


Le moment de l'union hypostatique.

479
Or la chair n'a pas été d'abord conçue dans le sein de la Vierge, et ensuite la divinité est venue dans la chair ; mais aussitôt que le Verbe est venu dans le sein, le Verbe s'est fait chair en gardant la vertu de sa propre nature. ... Et il n'a pas non plus été d'abord conçu et ensuite oint ; mais être conçu de l'Esprit Saint de la chair de la Vierge était la même chose qu'être oint par le Saint-Esprit.



Lettre " Qui sincera " à l'évêque Paschase de Naples. novembre 602,

La tolérance à l'égard des convictions religieuses différentes

480
Ceux qui, avec une intention droite, désirent amener des gens étrangers à la religion chrétienne, à la foi juste, doivent s'y efforcer par des paroles de bonté et non pas par des paroles dures, en sorte que l'inimitié ne repousse pas au loin ceux dont l'esprit aurait pu être mis en mouvement par l'indication d'une raison claire. Car tous ceux qui agissent autrement, et qui sous ce couvert veulent les éloigner de la pratique habituelle de leur rite, il s'avère qu'ils travaillent à leur propre cause plus qu'à celle de Dieu. Des juifs en effet qui habitent Naples se sont plaints auprès de Nous en disant que certains s'efforçaient de façon irraisonnée de les empêcher d'accomplir certaines célébrations de leurs fêtes, en sorte qu'il ne leur soit plus permis d'accomplir les célébrations de leurs fêtes comme il leur était permis depuis longtemps, ainsi qu'à leurs parents, de les observer ou de les accomplir. S'il en est vraiment ainsi, ces gens semblent mettre leurs efforts dans une entreprise vaine. Car quelle utilité y a-t-il à cela dès lors que, même si on le leur interdit au rebours d'un long usage, ils n'y trouvent aucun profit pour la foi et la conversion ? Ou pourquoi établissons-nous des règles pour les juifs quant à la manière dont ils doivent accomplir leurs cérémonies, si nous ne pouvons pas les gagner par là ?
Il faut donc faire en sorte qu'encouragés plutôt par la raison et la douceur, ils veuillent nous suivre et non pas nous fuir, pour que, leur expliquant par les Ecritures ce que nous disons, nous puissions avec l'aide de Dieu les convertir au sein de la mère Eglise. C'est pourquoi, que ta fraternité les enflamme à la conversion par des monitions, autant qu'elle le peut avec l'aide de Dieu, et qu'elle ne permette pas à nouveau qu'ils soient inquiétés à cause de leurs célébrations ; qu'ils aient au contraire une entière liberté d'observer et de célébrer leurs festivités et leurs fêtes, comme ils l'on fait jusqu'ici.




SABINIEN : 13

septembre 604 - 22 févri

BONIFACE III : 19

février - 12 novembr

BONIFACE IV : 25 août

608 - 8 mai 615

DEUSDEDIT (Adéodat

Ier) : 19 octobre 61

BONIFACE V : 23

décembre 619 - 25 octob

HONORIUS Ier : 27

octobre 625-12 octobre



4ème concile de Tolède, commencé le 5 décembre 633 : chapitres.

Profession de foi trinitaire et christologique.

485
(Chap. 1) Conformément aux Ecritures divines et à la doctrine que nous avons reçues des saints Pères, nous confessons que le Père et le Fils et l'Esprit Saint sont d'une unique divinité et substance ; croyant en la trinité dans la diversité des personnes et prêchant l'unité dans la divinité, nous ne confondons pas les personnes et nous ne séparons pas non plus la substance. Nous disons que le Père n'a été engendré par personne, nous affirmons que le Fils n'a pas été fait par le Père, mais engendré ; de l'Esprit Saint nous confessons qu'il n'a été ni fait ni engendré, mais qu'il procède du Père et du Fils ; notre Seigneur Jésus Christ lui-même, le Fils de Dieu et créateur de tout, a été engendré avant les siècles de la substance du Père, dans les derniers temps, pour la Rédemption du monde, il est descendu du Père, lui qui n'a jamais cessé d'être avec le Père ; il s'est incarné en effet de l'Esprit Saint et de la sainte et glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, et seul il est né d'elle ; le même Seigneur Jésus Christ, l'un de la sainte Trinité, a pris l'homme complet dans son âme et sa chair, sans péché, restant ce qu'il était, assumant ce qu'il n'était pas, égal au Père selon la divinité, moindre que le Père selon l'humanité, ayant en une unique personne les propriétés des deux natures ; il y avait en effet en lui deux natures, Dieu et homme : non pas deux fils et deux dieux, mais le même était une seule personne dans les deux natures ; il a enduré la Passion et la mort pour notre salut, non pas dans la force de la divinité, mais dans la faiblesse de l'humanité ; il est descendu aux enfers pour délivrer les saints qui y étaient retenus, et ayant vaincu le pouvoir de la mort, il est ressuscité ; monté ensuite aux cieux, il viendra dans l'avenir pour juger les vivants et les morts ; purifiés par sa mort et par son sang, nous avons obtenu la rémission des péchés, pour être ressuscités par lui au dernier jour dans la chair dans laquelle nous vivons maintenant, et dans la forme dans laquelle le Seigneur est ressuscité ; les uns recevront de lui la vie éternelle pour les mérites de la justice, les autres la condamnation à la peine éternelle pour leurs péchés. Telle est la foi de l'Eglise catholique, cette profession de foi nous la gardons et la tenons, et quiconque la gardera très fermement aura le salut éternel.

L'Apocalypse de Jean, Livre des saintes Ecritures.

486
(Chap. 17) L'autorité de nombreux conciles et les décrets synodiques des saints évêques romains attribuent le livre de l'Apocalypse à l'évangéliste Jean, et ont commandé qu'il soit reçu parmi les livres divins. Et parce qu'il en est beaucoup qui ne reçoivent pas son autorité et qui négligent de l'annoncer dans l'Eglise de Dieu, si quelqu'un désormais soit ne le reçoit pas, soit ne l'annonce pas dans l'Eglise durant les messes de Pâques à Pentecôte, il sera excommunié.

Lettre " Scripta fraternitatis " au patriarche Serge de

Constantinople, 634

Les deux volontés et opérations dans le Christ.

487
Sous la conduite de Dieu nous parviendrons à la mesure de la juste foi que les apôtres de la vérité ont répandue par la règle des saintes Ecritures : confessant que le Seigneur Jésus Christ, médiateur de Dieu et des hommes
1Tm 2,5 a opéré ce qui est divin moyennant l'humanité unie au Verbe de Dieu selon la nature (grec : selon l'hypostase) et que le même a opéré ce qui est humain par la chair assumée de façon ineffable et unique et remplie par la divinité de façon distincte (grec : sans distinction), sans confusion et sans changement... en sorte que manifestement, avec un très grand étonnement de l'esprit, on reconnaît que (la chair capable de souffrance) s'unit (à la divinité), tandis que les différences des deux natures demeurent de façon admirable...
C'est pourquoi nous confessons, également une seule volonté de notre Seigneur Jésus Christ, parce que de fait notre nature, non pas la faute, a été assumée par la divinité : à savoir cette nature qui a été créée avant le péché, et non celle qui a été viciée après la transgression. Le Christ en effet... conçu de l'Esprit Saint sans péché, est né de même sans péché de la Vierge sainte et immaculée, Mère de Dieu, sans avoir connu aucun contact avec la nature viciée... Car il n'y avait pas dans ses membres d'autre loi, ni une volonté différente et contraire au Sauveur, puisqu'il est né sans être soumis à la loi de l'humaine condition...
Que le Seigneur Jésus Christ, Fils et Verbe de Dieu " par qui tout a été fait " Jn 1,3 soit lui-même l'unique opérateur de la divinité et de l'humanité, les saintes Ecritures dans leur entier le démontrent clairement. Quant à savoir si en raison des oeuvres de la divinité et de l'humanité il faut dire ou concevoir une seule ou deux opérations dérivées, cela ne doit pas nous importer ; nous laissons cela aux grammairiens qui ont coutume de vendre aux petits enfants des termes acquis par dérivation. Quant à nous, nous n'avons pas appris des Ecritures que le Seigneur Jésus Christ et son Esprit Saint a une seule ou deux opérations, mais nous avons reconnu qu'il a opéré de façon multiforme.

Lettre " Scripta dilectissimi filii " à Serge de Constantinople.

Les deux opérations du Christ.

488
En ce qui concerne la doctrine de l'Eglise et ce que nous devons tenir et enseigner, à cause de la simplicité des hommes et pour mettre fin aux obscurités inextricables des controverses..., nous devons non pas définir une seule ou deux opérations dans le médiateur de Dieu et des hommes, mais confesser que les deux natures, unies d'une unité de nature dans l'unique Christ, opèrent et agissent chacune en lien avec l'autre, c'est-à-dire que la divine opère ce qui est de Dieu, et l'humaine accomplit ce qui est de la chair : enseignant que, sans division et sans confusion ni changement, la nature de Dieu s'est changée en l'homme, et la nature humaine en Dieu, mais confessant que les différences des natures demeurent intactes.
Voulant donc... écarter le scandale de l'invention nouvelle nous ne devons pas définir et prêcher une seule ou deux opérations, mais au lieu de l'unique opération qu'affirment certains, nous devons confesser en vérité l'unique Christ Seigneur qui opère dans les deux natures ; et au lieu des deux opérations, écartant le terme de double opération, il faut proclamer bien plutôt avec nous que les deux natures elles-mêmes, c'est-à-dire celle de la divinité et celle de la chair assumée, opèrent ce qui leur est propre dans la personne unique du Fils unique de Dieu Père, sans confusion, ni division, et sans changement.

6eme Concile de Tolède, commencé le 9 janvier 638.

La Trinité et le Fils de Dieu, le Sauveur fait chair.

490
Nous croyons et confessons la Trinité très sainte et toute- puissante, le Père et le Fils et l'Esprit Saint, un seul Dieu non solitaire, d'une seule essence, force, puissance, majesté, et d'une unique nature, inséparablement distincte dans les personnes, indistincte quant à l'essence dans la substance de la divinité, créatrice de toutes les créatures ; le Père, non engendré, incréé, est la source et l'origine de toute la divinité ; le Fils a été engendré, non créé, par le Père intemporellement avant toute créature sans commencement ; car le Père n'a jamais existé sans le Fils, ni le Fils sans le Père, cependant le Fils est Dieu à partir de Dieu Père, et le Père n'est pas Dieu à partir de Dieu Fils, le Père du Fils n'est pas Dieu à partir du Fils ; mais celui-ci est le Fils du Père et Dieu à partir du Père, égal en tout au Père, vrai Dieu de vrai Dieu ; l'Esprit Saint cependant n'est ni engendré ni créé, mais l'Esprit des deux qui procède du Père et du Fils ; et par là ils sont un par la substance, parce qu'un seul procède des deux. Mais dans cette Trinité il est une telle unité de substance qu'elle est dénuée de pluralité et qu'elle conserve l'égalité, et qu'elle n'est pas moindre en chacune des personnes qu'en toutes, ni plus grande en toutes qu'en chacune.

491
De ces trois personnes de la divinité, nous le confessons, seul le Fils, pour la Rédemption du genre humain, afin de supprimer les dettes du péché que nous avons contractées au commencement par la désobéissance d'Adam, est sorti du secret et du mystère du Père, et a assumé de Marie, la sainte toujours Vierge, l'homme sans péché, en sorte que le même Fils de Dieu Père est aussi Fils d'homme, Dieu parfait et homme parfait, en sorte que l'unique Christ est homme et Dieu en deux natures, un seul dans la personne, afin qu'à la Trinité ne vienne pas s'ajouter une quaternité si dans le Christ la personne était dédoublée. Il est donc inséparablement distinct du Père et de l'Esprit Saint par la personne, mais de l'homme assumé, il l'est par la nature, et notre Seigneur Jésus Christ est, comme nous l'avons dit, un seul de deux natures et dans une seule personne, égal au Père dans la forme de la divinité, moindre que le Père dans la forme d'esclave ; c'est à partir de là qu'il faut comprendre sa parole dans le Psaume
Ps 22,11 : " Du sein de ma mère tu es mon Dieu ". Lui seul par conséquent est né de Dieu sans mère, et né de la Vierge sans père, et " Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous " Jn 1,14 ; et bien que la Trinité entière ait coopéré à la formation de l'homme assumé, parce que les oeuvres de la Trinité sont inséparables, seul cependant il a assumé l'homme dans la singularité de la personne, non dans l'unité de la nature divine, en ce qui est propre au Fils, non en ce qui est commun à la Trinité ; car s'il avait mêlé l'une en l'autre la nature de l'homme et celle de Dieu, toute la Trinité aurait assumé le corps, puisqu'il est établi que la nature de la Trinité est une seule, mais non la personne.

492
Ce Seigneur Jésus Christ fut donc envoyé par le Père, prenant ce qu'il n'était pas, et ne perdant pas ce qu'il était, ne pouvant subir d'atteinte en raison de ce qui est sien, mortel en raison de ce qui est nôtre, et il est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs et justifier ceux qui croient, et lui qui faisait des miracles, il fut livré en raison de nos forfaits, est mort pour notre expiation ; il est ressuscité pour notre justification ; par ses blessures nous sommes sauvés
Is 53,5, réconciliés par sa mort avec Dieu le Père, et ressuscités par sa Résurrection ; nous attendons aussi qu'il vienne à la fin des siècles, pour, en même temps que la résurrection de tous, donner aux justes leur récompense et aux impies leur châtiment, selon son très juste jugement.

493
Nous croyons aussi que l'Eglise catholique, sans tache dans son oeuvre ni ride
Ep 5,23-27 dans la foi, est son corps, et qu'elle obtiendra le Règne avec sa Tête, Jésus Christ le tout-puissant, après que cette réalité corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, et cette réalité mortelle l'immortalité 1Co 15,43, afin que Dieu soit tout en tous', 1Co 15,28.
Par cette foi les coeurs sont purifiés Ac 15,9, par elle les hérésies sont extirpées, en elle l'Eglise tout entière séjourne déjà dans le Règne céleste et se glorifie tant qu'elle demeure dans le siècle présent ; et il n'est pas de salut dans une autre foi : " Car il n'y a sous le ciel aucun nom offert aux hommes dans lequel il faut que nous soyons sauvés " Ac 4,12




SEVERIN : 28 mai - 2 août 640

JEAN IV : 24 décembre 640-12 octobre 642


Lettre " Dominus qui dixit ", à l'empereur Constantin III

(Défense du pape Honorius), printemps 641.

La signification des paroles d'Honorius concernant les deux

volontés

496

Le patriarche Serge de bienheureuse mémoire a fait savoir au pontife de la ville de Rome susdit, de sainte mémoire (Honorius), que certains affirmaient qu'il y avait dans notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ deux volontés contraires ; ayant appris cela, ledit pape lui répondit que de même que notre Sauveur est une unité unique, de même aussi il a été conçu et est né miraculeusement au-dessus de tout genre humain. Et en raison de sa sainte économie incarnée, il enseignait que notre Rédempteur, de même qu'il est Dieu parfait est aussi homme parfait, pour que, né sans aucun péché, il rétablisse la noblesse de l'état originel que le premier homme avait perdu par la transgression. Il est donc né comme le second Adam, n'ayant aucun péché, ni du fait de la naissance, ni du fait de ses rapports avec les hommes ; car le Verbe fait chair dans la ressemblance avec la chair de péché a pris tout ce qui est nôtre, sans porter aucune culpabilité encourue de par la transmission de la transgression....
L'unique et seul médiateur sans péché de Dieu et des hommes est donc l'homme Christ Jésus 1Tm 2,5, qui a été conçu et est né libre au milieu des morts. Dans l'économie de sa chair sainte il n'avait donc jamais deux volontés opposées, et jamais la volonté de sa chair n'a contredit la volonté de son esprit...
Puisque donc nous savons qu'en lui, lorsqu'il est né et qu'il était en rapport avec les hommes, il n'y avait absolument aucun péché, nous déclarons, comme il convient, et nous confessons en vérité une seule volonté dans l'humanité de son économie sainte, et nous ne prêchons pas deux volontés contraires, de l'esprit et de la chair, comme dans un simple homme, à la façon dont manifestement le prétendent dans leur délire certains hérétiques.

497
C'est de cette façon donc qu'il apparaît... qu'il (le pape Honorius) a écrit (à Serge), à savoir que dans notre Sauveur il n'y a d'aucune manière deux volontés opposées, c'est-à-dire dans ses membres
Rm 7,23 puisqu'il n'a contracté aucun défaut de la transgression du premier homme.
Mais pour que nul, de moindre intelligence, ne blâme (Honorius) de ce qu'il ne parle que de la nature humaine et non pas également de la nature divine... celui qui en débat doit savoir qu'il s'agit d'une réponse donnée à une question dudit patriarche. Pour le reste aussi on a coutume d'appliquer l'aide de la médecine là où se trouve la blessure. Et le bienheureux Apôtre lui aussi, manifestement, l'a souvent fait lorsqu'il s'adaptait à l'habitude des auditeurs ; tantôt, lorsqu'il parle de la nature la plus éminente, il se tait totalement quant à la nature humaine ; tantôt, traitant de l'économie humaine, il ne touche pas le mystère de sa divinité...

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Mon prédécesseur susdit disait donc, dans son enseignement sur le mystère de l'Incarnation du Christ,qu'il n'a pas existé en lui, comme en nous pécheurs, deux volontés contraires, de l'esprit et de la chair. Ce que certains ont retourné en leur propre conception, et ils ont pensé qu'il aurait enseigné une seule volonté de sa divinité et de son humanité, ce qui est totalement contraire à la vérité.




1996 Denzinger 468