1996 Denzinger 533

L'incarnation.

(36) Nous croyons que, de ces trois personnes, seule la personne du Fils a pris une nature humaine véritable, sans péché, de la sainte et immaculée Vierge Marie, pour la libération du genre humain ; il est né d'elle selon un nouvel ordre, selon une nouvelle naissance : un nouvel ordre, parce que invisible en sa divinité il paraît visible en la chair ; nouvelle naissance, parce qu'une virginité intacte n'a pas connu le contact de l'homme et a fourni la matière de son corps fécondé par l'Esprit Saint.
(37) Cet enfantement de la Vierge, la raison ne peut le comprendre ; aucun exemple ne l'éclaire. Si la raison le comprend, il n'est pas admirable ; si des exemples l'éclairent, il ne sera plus particulier.
(38) Il ne faut pas cependant croire que le Saint-Esprit est le Père du Fils, du fait que Marie a conçu sous l'ombre de ce même Saint-Esprit, car nous ne devons pas avoir l'air d'affirmer que le Fils a deux Pères : il est certainement impie de le dire.

534
(39) Dans cette conception admirable, la Sagesse, s'étant bâti une demeure, " le Verbe s'est fait chair et il a habité, parmi nous "
Jn 1,14. Cependant, ce Verbe ne s'est pas transformé ni changé dans la chair, en sorte que celui qui voulait être homme cessât d'être Dieu ; mais " Le Verbe s'est fait chair de telle sorte qu'il y a en lui non seulement le Verbe dde Dieu et la chair de l'homme, mais encore une âme humaine raisonnable et que tout est appelé Dieu à cause de Dieu et homme à cause de l'homme.
(40) Dans le Fils de Dieu, nous croyons qu'il y a deux natures, celle de la divinité et celle de l'humanité, que l'unique personne du Christ a unies en lui de telle sorte qu'il est impossible de jamais séparer la divinité de l'humanité et l'humanité de la divinité.
(41) Dès lors, le Christ est Dieu parfait et homme parfait dans l'unité d'une seule personne ; néanmoins, en disant qu'il y a deux natures dans le Fils nous ne faisons pas qu'il y ait deux personnes en lui, de peur qu'à la Trinité - ce qu'à Dieu ne plaise ! - ne vienne s'ajouter une quaternité.
(42) Car Dieu le Verbe n'a pas pris la personne de l'homme, mais sa nature, et dans la personne éternelle de la divinité, il a pris la substance temporelle de la chair.

535
(43) De même nous croyons que le Père, le Fils et le Saint- Esprit ont une unique substance, sans dire pourtant que la Vierge Marie ait enfanté l'unité de cette Trinité : elle n'a enfanté que le Fils, qui seul a pris notre nature dans l'unité de sa personne.
(44) Nous devons croire aussi que l'Incarnation du Fils de Dieu a été réalisée par la Trinité tout entière car les oeuvres de la Trinité ne peuvent être divisées. Cependant le Fils seul a pris la forme d'esclave
Ph 2,7 dans la singularité d'une personne, non dans l'unité de la nature divine ; dans ce qui est propre au Fils, non dans ce qui est commun à la Trinité :
(45) cette forme a été jointe à l'unité de la personne, en sorte que le Fils de Dieu et le Fils de l'homme sont un seul Christ. De même le Christ, dans ses deux natures, est fait de trois substances, celle du Verbe, qu'il faut rapporter à l'essence de Dieu uniquement, celles du corps et de l'âme qui appartiennent à l'homme véritable.

536
(46) Il a donc en lui la double substance de sa divinité et de notre humanité.
(47) Parce qu'il est venu de Dieu le Père sans commencement, on dit seulement qu'il est né, car il n'a pas été fait ni prédestiné ; mais parce qu'il est né de la Vierge Marie, on doit croire qu'il est né, a été fait et a été prédestiné.
(48) Cependant en lui les deux générations sont admirables, parce qu'il a été engendré du Père, sans mère, avant les siècles, et parce qu'à la fin des siècles il a été engendré d'une mère, sans père. En tant qu'il est Dieu, il a créé Marie; en tant qu'il est homme, il a été créé par Marie. Il est le père et le fils de Marie sa mère.
(49) De même du fait qu'il est Dieu, il est égal au Père ; du fait qu'il est homme, il est moindre que le Père.
(50) De même nous devons croire qu'il est plus et moins que lui-même : dans la forme de Dieu, le Fils est plus que lui-même, parce qu'il a pris l'humanité, à qui la divinité est supérieure ; mais dans la forme d'esclave, il est moins que lui-même, c'est-à-dire dans l'humanité qui est reconnue inférieure à la divinité.
(51) Car de même que la chair qu'il a prise le fait moins, non seulement que son Père, mais que lui-même, de même selon sa divinité par laquelle il est égal au Père, lui-même et le Père sont plus que l'homme, que seule la personne du Fils a assumé.

537
(52) De même, cherche-t-on si le Fils pourrait être à la fois égal au Saint- Esprit et plus grand que lui, comme l'on croit qu'il est tantôt égal au Père et tantôt moindre que le Père, nous répondrons : selon la forme de Dieu, il est égal au Père et au Saint-Esprit ; selon la forme d'esclave, il est moindre que le Père et le Saint-Esprit, parce que ni le Saint-Esprit ni Dieu le Père, mais seule la personne du Fils s'est incarnée, et eu égard à cette chair, nuus croyons qu'il est moindre que ces deux autres personnes.
(53) De même nous croyons que ce Fils, en tant que personne, est distinct, mais inséparable du Père et du Saint-Esprit ; en tant que nature il est distinct de la nature humaine qu'il a prise. De même, avec la nature humaine, il constitue une personne ; avec le Père et le Saint-Esprit, il est la nature ou substance de la divinité.

538
(54) Cependant nous devons croire que le Fils n'a pas été envoyé seulement par le Père, mais par le Saint-Esprit, car lui-même dit par le Prophète : " Voici que maintenant le Seigneur m'a envoyé ainsi que son Esprit "
Is 48,16.
(55) On reconnaît aussi qu'il a été envoyé par lui-même, car indivisible est non seulement la volonté mais l'opération de la Trinité tout entière.
(56). Celui qui a été appelé unique avant les siècles est devenu le premier- né dans le temps : unique en raison de l'essence divine, premier- né en raison de la nature de chair qu'il a prise.

539

La Rédemption.

(57) Dans la forme d'homme qu'il a prise, nous croyons, qu'il est, selon la vérité de l'Evangile, conçu sans péché, né sans péché, mort sans péché, lui qui seul " s'est fait péché " pour nous Is 2, c'est-à-dire sacrifice pour nos péchés.
(58) Néanmoins, il a subi la Passion pour nous, sa divinité demeurant intacte, il a été condamné à mort, a eu sur la croix une vraie mort de la chair ; et le troisième jour, relevé par sa propre puissance, il a surgi du tombeau.

540

Le sort de l'homme après la mort.

(59) Ainsi l'exemple de notre chef nous fuit confesser qu'il y a une véritable résurrection de la chair pour tous les morts.
(60) Nous ne croyons pas que nous ressusciterons dans un corps aérien ou dans quelque autre espèce de chair, selon les divagations de certains, mais dans cette chair avec laquelle nous vivons, nous existons et nous nous mouvons.
(61) Notre Seigneur et Sauveur ayant fourni le modèle de cette sainte résurrection, a regagné par son Ascension le trône paternel que sa divinité n'avait jamais abandonné.
(62) Siégeant là, à la droite du Père, il est attendu pour la fin des siècles comme juge de tous les vivants et de tous les morts.
(63) De là il viendra avec tous les saints pour juger et rendre à chacun le salaire qui lui est personnellement dû, selon ce que chacun aura accompli quand il était en son corps, soit en bien, soit en mal 2Co 5,10.
(64) Nous croyons que la sainte Eglise catholique, rachetée au prix de son sang, régnera avec lui pour toujours.
(65) Rassemblés au sein de cette Eglise, nous croyons et professons un seul baptême en rémission de tous les péchés.
(66) Dans cette foi, nous croyons sincèrement à la résurrection des morts et nous attendons les joies du siècle à venir.
(67) Il ne nous reste qu'à demander ceci dans notre prière : lorsque, après l'exécution et la fin du jugement, le Fils aura remis son Royaume à Dieu son Père 1Co 15,24, qu'il nous y fasse participer, afin que, par cette foi qui nous unit à lui, nous régnions avec lui sans fin.

541
(68) Tel est l'exposé de la foi que nous professons. Par elle, les doctrines de tous les hérétiques sont anéanties ; par elle, les coeurs des fidèles sont purifiés ; par elle, on arrive glorieusement à Dieu...




DONUS : 2 novembre 676 - 11

avril 678

AGATHON : 27 juin 678 - 10

janvier 681


Lettre " consideranti mihi " aux empereurs, 27 mars 680

542

La Trinité divine.

Voici donc en quoi consiste la foi évangélique et apostolique et la tradition qui est la règle : nous confessons que la Trinité sainte et indivisible, c'est- à-dire le Père et le Fils et l'Esprit Saint, est d'une unique divinité, d'une unique nature et substance ou essence, et nous proclamons également qu'elle est d'une unique volonté naturelle, d'une unique force, opération, seigneurie, majesté, puissance et gloire. Et tout ce qui est dit de cette même sainte Trinité quant à l'essence instruits en cela par la doctrine qui est la règle, nous voulons le comprendre au singulier comme de l'unique nature des trois personnes consubstantielles.

543

Le Verbe de Dieu devenu chair.

Mais lorsque nous professons notre foi au sujet de l'une de ces mêmes trois personnes de cette Trinité sainte le Fils de Dieu, Dieu Verbe, et du mystère de son économie adorable dans la chair, nous expliquons, conformément à la tradition de l'Evangile, tout ce qui appartient à l'unique et même Seigneur, notre Sauveur Jésus Christ, d'une double manière c'est-à-dire que nous proclamons ses deux natures, à savoir la divine et l'humaine, à partir desquelles et dans lesquelles il existe également après l'union admirable et inséparable. Nous confessons également que chacune de ses natures a sa propriété naturelle : que la divine possède tout ce qui est divin, et l'humaine tout ce qui est humain, à l'exception du péché. Et nous reconnaissons que les deux appartiennent à l'unique et même Dieu, Verbe incarné, c'est-à-dire devenu homme, sans confusion, sans séparation, sans changement - l'intelligence seule discernant ce qui est uni, en raison de l'erreur que représenterait la confusion. Car nous rejetons de la même façon le blasphème de la division et celui du mélange.

544
Mais lorsque nous confessons deux natures ainsi que deux volontés naturelles et deux opérations naturelles dans notre unique Seigneur Jésus Christ, nous ne disons ni qu'elles sont contraires ou qu'elles s'opposent l'une à l'autre..., ni qu'elles sont comme séparées en deux personnes ou hypostases, mais nous disons que le même Jésus Christ, de même qu'il a deux natures, a également en lui deux volontés et deux opérations naturelles : c'est-à-dire qu'il a la volonté et l'opération divine en commun de toute éternité avec le Père coessentiel, et que la volonté et l'opération humaine il les a prises temporellement de nous avec notre nature. ...

545
De plus l'Eglise apostolique du Christ .. reconnaît, en raison des propriétés naturelles, que chacune de ces natures du Christ est complète, et tout ce qui a trait aux propriétés des natures, elle le confesse comme donné deux fois, puisque notre Seigneur Jésus Christ lui-même est aussi bien Dieu complet qu'homme complet, aussi bien à partir qu'en deux natures...
En conséquence... elle confesse donc et proclame qu'il y a aussi en lui deux volontés naturelles et deux opérations naturelles. Car si quelqu'un comprenait la volonté comme personnelle, il faudrait aussi, puisqu'on parle de trois personnes dans la sainte Trinité, qu'on parle de trois volontés personnelles et de trois opérations personnelles (ce qui est absurde et totalement impie). Mais si, comme le comporte la vérité de la foi chrétienne, la volonté est naturelle, là où l'on parle de cette unique nature de la Trinité sainte et inséparable, il faudra reconnaître aussi, par conséquent, une unique volonté naturelle et une unique opération naturelle. Mais là où nous confessons dans l'unique personne de notre Seigneur Jésus Christ, le médiateur de Dieu et des hommes
1Tm 2,5, deux natures, à savoir la divine et l'humaine, dans lesquelles il existe également après l'union admirable, de même que nous confessons deux natures de l'unique et même, nous confessons également ses deux volontés naturelles et ses deux opérations naturelles.


Concile de Rome, Lettre synodale "omnium bonorum spes"

aux empereurs, 27 mars

546

La Trinité divine.

Nous croyons en Dieu Père... et en son Fils... et en l'Esprit Saint, Seigneur et qui donne la vie, qui procède du Père, qui est coadoré et coglorifié avec le Père et le Fils : la Trinité dans l'unité et l'unité dans la Trinité, c'est-à- dire l'unité de l'essence, mais la Trinité des personnes ou hypostases ; Nous confessons Dieu Père, Dieu Fils et Dieu Esprit Saint, non pas trois dieux, mais un seul Dieu, Père et Fils et Esprit Saint ; non pas l'hypostase de trois noms, mais une seule substance des trois hypostases ; elles possèdent une seule essence ou substance ou nature, c'est-à-dire une unique divinité, une unique éternité, une unique puissance, une unique seigneurie, une unique gloire, une unique adoration, une unique volonté essentielle et une unique opération de la même Trinité sainte et indivisible, qui a tout créé, l'ordonne et le conserve.

Le Verbe de Dieu devenu chair.

547
Nous confessons que l'un de cette même Trinité sainte et coessentielle, Dieu Verbe, qui est né du Père avant les siècles, dans les derniers temps est descendu des cieux pour nous et pour notre salut, et est devenu chair de l'Esprit Saint et de la Sainte, immaculée et glorieuse Marie, toujours vierge, notre Dame, vraiment et proprement Mère de Dieu selon la chair, c'est-à-dire qu'il est né d'elle et est devenu vraiment homme ; le même est vrai Dieu et le même est homme vrai, Dieu de Dieu Père, mais homme de la Vierge mère, incarné de cette chair qui avait une âme rationnelle et intellectuelle ; le même est consubstantiel à Dieu selon la divinité et consubstantiel à nous selon l'humanité, semblable à nous en tout à l'exception du seul péché ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli et est ressuscité...

548
Nous reconnaissons donc qu'un seul et même Jésus Christ notre Seigneur, Fils de Dieu unique engendré, existe de deux et en deux substances sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n'étant jamais supprimée du fait de l'union, mais au contraire les propriétés des deux natures restant sauves et concourant en une unique personne et une unique hypostase ; il n'est pas partagé ou divisé en une dualité de personnes, ni confondu en une unique nature composée : mais nous reconnaissons qu'un seul et même Fils unique, Dieu Verbe, notre Seigneur Jésus Christ, n'est ni un autre dans un autre, ni un autre et un autre, mais le même en deux natures, c'est-à- dire dans la divinité et l'humanité, y compris après l'union hypostatique ; car ni le Verbe n'a été changé en la nature de la chair, ni la chair n'a été transformée en la nature du Verbe les deux en effet sont demeurés ce qu'ils étaient par nature car la différence des natures unies en lui, à partir desquelles il est composé sans confusion, sans séparation, sans changement, nous ne la reconnaissons que par la réflexion : un seul en effet à partir des deux, et les deux par un seul parce que l'élévation de la divinité aussi bien que l'humilité de la chair sont en même temps, chacune des deux natures gardant intacte sa propriété y compris après l'union, et " l'une et l'autre forme faisant en communion avec l'autre ce qui lui est propre : le Verbe opérant ce qui appartient au Verbe, et la chair exécutant ce qui appartient à la chair : l'un resplendit dans les miracles, l'autre succombe sous les outrages ".
294
Par conséquent, de même que nous confessons qu'il a véritablement deux natures ou substances, c'est-à-dire la divinité et l'humanité, sans confusion, sans division et sans changement, de même aussi nous confessons qu'il a deux volontés naturelles aussi bien que deux opérations, puisque la règle de la piété nous apprend qu'un seul et même Seigneur Jésus Christ est Dieu parfait et homme parfait 501-522 ; car il nous est montré que cela a été établi par la tradition apostolique et évangélique et l'enseignement des saints Pères que reconnaissent la sainte Eglise catholique et apostolique et les vénérables synodes.





3e concile de CONSTANTINOPLE

(6e oecuménique)

7 novembre 680-16 septembre 681.


Condamnation des monothélètes et du pape Honorius Ier

550
Après avoir examiné les lettres dogmatiques écrites par Serge, jadis patriarche de cette ville impériale et confiée à la protection de Dieu, à Cyrus, alors évêque de Phasis, ainsi qu'à Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, comme aussi 1a lettre écrite par celui-ci, Honorius, en réponse à ce même Serge
487 , et après avoir trouvé qu'elles contredisent totalement les enseignements apostoliques et les commandements des saints conciles et de tous les saints Pères reconnus, et qu'elles suivent bien plutôt les fausses doctrines des hérétiques, nous les rejetons totalement et nous les abominons comme dommageables pour les âmes.

551
Quant à ceux c'est-à-dire ceux-là même dont nous rejetons les doctrines impies, nous avons jugé que leurs noms également devaient être bannis de la sainte Eglise, à savoir les noms de Serge... qui a commencé à écrire au sujet de cette doctrine impie, de Cyrus d'Alexandrie, de Pyrrhus, de Paul et de Pierre, et de ceux qui ont présidé sur le siège de cette ville confiée à la protection de Dieu et qui ont pensé comme ceux-là ; ensuite également celui de Théodore, jadis évêque de Pharan ; toutes ces personnes ont été mentionnées par Agathon, le pape très saint et trois fois bienheureux de l'ancienne Rome, dans sa lettre à... l'empereur
542-545 et rejetées par lui comme ayant pensé contrairement à notre foi orthodoxe ; et nous décrétons que ceux- là sont également soumis à l'anathème.

552
Mais avec eux nous sommes d'avis de bannir aussi de la sainte Eglise de Dieu Honorius, jadis pape de l'ancienne Rome, et de le frapper d'anathème, parce que nous avons trouvé dans la lettre écrite par lui à Serge qu'il a suivi en tout l'opinion de celui-ci et qu'il a confirmé ses enseignements impies.

18ème session, 16 septembre 681.

Définition des deux vouloirs et opérations dans le Christ.

553
Le présent saint concile oecuménique a reçu fidèlement et accueilli à bras ouverts la relation faite par le très saint et bienheureux pape de l'ancienne Rome Agathon à notre très religieux et fidèle empereur Constantin, qui a nommément rejeté ceux qui ont prêché et enseigné, comme on l'a montré plus haut, une seule volonté et une seule activité dans l'économie du Christ notre vrai Dieu fait chair (voir
542-545 ; de la même manière il a reçu aussi l'autre relation synodale envoyée sous le même pape très saint par le saint synode des cent vingt-cinq évêques aimés de Dieu à Sa Sérénité divinement sage (voir 546- 548 ). Ca ces relations étaient en accord avec le saint concile de Chalcédoine (voir 300-306 et avec le Tome de Léon, le très saint et bienheureux pape de la même ancienne Rome, adressé à Saint Flavien (voir 290- 295 , que ce concile a appelé colonne de l'orthodoxie.

554
Elles étaient en accord aussi avec les lettres synodales écrites par le bienheureux Cyrille contre l'impie Nestorius et envoyées aux évêques orientaux. Suivant donc les cinq conciles saints et oecuméniques, et les saints Pères approuvés, celui-ci définit et confesse unanimement notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, un de la sainte, consubstantielle et vivifiante Trinité, parfait en divinité, et parfait, le même, en humanité ; vraiment Dieu, et vraiment homme, le même, fait d'une âme raisonnable et d'un corps ; consubstantiel au Père selon la divinité, et consubstantiel à nous, le même, selon l'humanité ; en tout semblable à nous, sauf le péché
He 4,15


555
Engendré du Père avant les siècles selon la divinité, et dans les derniers jours, pour nous et pour notre salut, le même, de l'Esprit Saint et de la Vierge Marie, laquelle est de plein droit et véritablement Mère de Dieu, selon l'humanité ; un seul et même Christ, Fils, Seigneur, unique engendré, reconnu en deux natures sans confusion, sans changement, sans séparation, sans division ; la différence des natures n'étant nullement supprimée à cause de l'union, la propriété de chaque nature étant bien plutôt sauvegardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase ; il n'est ni partagé ni divisé en deux personnes, mais il est un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l'ont dit de lui, que Jésus le Christ lui-même nous l'a enseigné et que le Symbole des saints Pères nous l'a transmis
301 .

556
Nous proclamons de la même manière en lui, selon l'enseignement des saints Pères, deux volontés ou vouloirs naturels et deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage et sans confusion. Les deux vouloirs naturels ne sont pas, comme l'ont dit les hérétiques impies, opposés l'un à l'autre, loin de là. Mais son vouloir humain suit son vouloir divin et tout- puissant, il ne lui résiste pas et ne s'oppose pas à lui, il s'y soumet plutôt. Il fallait que le vouloir de la chair fût mû et fût soumis au vouloir divin, selon le très sage Athanase. Car de même que sa chair est dite et qu'elle est la chair du Dieu Verbe, de même le vouloir naturel de sa chair est dit et il est le propre vouloir du Dieu Verbe, comme lui-même déclare : " Je suis descendu du ciel, non pour faire mon vouloir, mais le vouloir du Père qui m'a envoyé "
Jn 6,38 Il déclare sien le vouloir de sa chair, puisque la chair est devenue sienne. Car de même que sa chair animée, toute sainte et immaculée, n'a pas été supprimée en étant divinisée, mais qu'elle est demeurée dans sa propre limite et dans sa raison d'être, de même son vouloir humain en étant divinité n'a pas été supprimé. Il a été plutôt sauvegardé, selon le mot de Grégoire le Théologien : " Car l'acte de volonté de celui que l'on considère en tant que Sauveur n'est pas opposé à Dieu, étant totalement divinisé ".

557
Nous glorifions deux activités naturelles, sans division, sans changement, sans partage, sans confusion, en notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, c'est-à-dire une activité divine et une activité humaine, selon Léon l'inspiré de Dieu, qui affirme très clairement : " Chaque nature fait en communion avec l'autre ce qui lui est propre, le Verbe opérant ce qui est du Verbe, et le corps exécutant ce qui est du corps "
294 . En effet nous n'accorderons pas qu'il y ait une seule activité naturelle de Dieu et de la créature de peur d'élever le créé à la substance divine et d'abaisser la sublimité de la nature divine au niveau qui convient aux êtres engendrés. Car nous reconnaissons que les miracles et les souffrances sont ceux d'un seul et du même, selon l'une et l'autre nature dont il est composé et dans lesquelles il a son être, comme l'a dit l'admirable Cyrille.(cf. 255 260 271-273 423

558
Conservant totalement ce qui est sans confusion ni division, nous proclamons le tout dans une formule concise : croyant que l'un de la Trinité est aussi après l'Incarnation notre Seigneur Jésus Christ, notre vrai Dieu, nous disons qu'il a deux natures brillant dans son unique hypostase. En elle, tout au long de son existence selon l'économie, il a manifesté ses miracles et ses souffrances, non pas en apparence, mais en vérité. La différence naturelle en cette unique hypostase même se reconnaît à ce que l'une et l'autre nature veut et opère ce qui lui est propre en communion avec l'autre. Pour cette raison nous glorifions deux vouloirs et deux activités naturels concourant l'un avec l'autre au salut du genre humain.

559
Après avoir formulé ces points avec une précision et une justesse totales, nous définissons qu'il n'est permis à personne de proposer une autre confession de foi, c'est-à-dire de l'écrire, de la composer, de la méditer ou de l'enseigner à d'autres. Quant à ceux qui oseraient composer une autre confession de foi, diffuser, enseigner, ou transmettre un autre symbole à ceux qui veulent se convertir du paganisme, du judaïsme ou de quelque hérésie que ce soit à la connaissance de la vérité, ou introduire un nouveau langage ou une expression inventée afin d'infirmer les points que nous venons de définir, s'ils étaient évêques ou clercs, ils seraient exclus, les évêques de l'épiscopat et les clercs du clergé ; s'ils étaient moines ou laïcs, ils seraient frappés d'anathème.




LEON II : 17 août 682-3

juillet 683


Lettre " regi regum " à l'empereur Constantin IV vers août 682

Confirmation des décisions du 3ème concile de Constantinople contre les monothélètes et le Pape Honorius 1er.

561
Nous avons appris en effet que le saint et grand synode universel (Constantinople III) a pensé de même que tout le concile réuni autour de ce saint Siège apostolique (Concile de Rome 68O)... et qu'il a confessé en accord avec nous :
Que notre seigneur Jésus Christ est l'un de la sainte et indivisible Trinité, qui existe à partir et en deux natures, sans confusion, sans séparation, sans division ; qu'il est, un seul et même, Dieu parfait et homme parfait , la propriété de chacune des deux natures qui se joignent en lui demeurant sauves ; qu'un seul et même a opéré les choses divines en tant que Dieu, et qu'il a opéré inséparablement les choses humaines en tant qu'homme, à l'exception du seul péché ; et le concile a affirmé en vérité que pour cette raison il a également deux volontés naturelles et deux opérations naturelles par lesquelles est manifestée principalement aussi la vérité de ses natures, pour qu'on reconnaisse en effet clairement la différence, à quelle nature elles appartiennent, à partir desquelles et dans lesquelles existe un seul et même notre Seigneur Jésus Christ ; en raison de cela nous avons effectivement reconnu... que ce saint... sixième synode... s'est attaché sans défaillance à la prédication apostolique, qu'il est en accord en tout avec la définition des cinq saints conciles universels, et qu'il n'a rien ajouté ni retranché aux déterminations de la vraie foi, mais qu'il s'est avancé avec une grande droiture sur le chemin royal et évangélique ; et en eux et par eux a été gardée l'élaboration des saints dogmes et la doctrine des Pères éprouvés de l'Eglise catholique...

562
Et parce que (le synode de Constantinople) a proclamé dans toute sa plénitude... la définition de la foi juste que le Siège apostolique du bienheureux apôtre Pierre, lui aussi...a reçue avec vénération, pour cette raison Nous aussi et, par notre ministère, ce vénérable Siège apostolique, d'un accord unanime, Nous donnons notre assentiment à ce qui a été défini par lui, et Nous le confirmons par l'autorité du bienheureux Pierre...

563
Et de la même manière Nous anathématisons les inventeurs de la nouvelle erreur, à savoir Théodore, l'évêque de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Serge, Pyrrhus ...de même aussi que Honorius qui n'a pas purifié cette Eglise apostolique par l'enseignement de la tradition apostolique, mais a tenté de subvertir la foi immaculée en une trahison impie (texte grec : a permis que l'Eglise immaculée soit souillée par une trahison impie).



BENOIT II : 26 juin 684-8 mai 685


14ème Concile de Tolède, 14-20 novembre 684.

Les propriétés des deux natures dans le Christ.

564
(chap. 8) Mais maintenant... nous prêchons (aux fidèles), en le résumant en une brève définition, qu'ils doivent reconnaître en effet que les propriétés indivisibles des deux natures demeurent dans l'unique personne du Christ, Fils de Dieu, sans division et sans séparation, comme aussi sans confusion et sans changement, l'une de la divinité, l'autre de l'homme, l'une dans laquelle il a été engendré de Dieu le Père, l'autre dans laquelle il est né de Marie la Vierge. L'une et l'autre de ses naissances est donc complète, l'une et l'autre est parfaite, ne possédant rien de moins de la divinité ne prenant rien d'imparfait de l'humanité ; il n'est pas divisé par le doublement des natures, il n'est pas redoublé dans la personne, mais Dieu parfait et homme parfait, sans aucun péché, il est l'unique Christ dans la singularité de la personne.
Existant donc comme un seul dans les deux natures, il resplendit dans les signes de la divinité et est soumis aux souffrances de l'humanité. Ce n'est pas un autre en effet qui a été engendré du Père et un autre de la mère, bien qu'il soit né autrement du Père et de la mère : toutefois le même n'est pas divisé entre les deux genres de natures mais, un seul et même, il est à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme ; il vit bien qu'il meure, et il meurt bien qu'il vive ; il est impassible bien qu'il souffre ; il ne succombe pas à l souffrance ; il n'y est pas soumis dans la divinité et il ne s'y soustrait pas dans l'humanité ; la nature de la divinité lui donne de ne pas pouvoir mourir, la substance de l'humanité lui donne de ne pas vouloir mourir et de le pouvoir ; de par l'une des conditions il est tenu pour immortel, de par l'autre, celle des mortels, il meurt ; c'est par la volonté éternelle de la divinité qu'il assuma l'homme qu'il a pris ; c'est par la volonté de l'homme qu'il a pris que la volonté humaine est soumise à Dieu. C'est pourquoi lui-même dit au Père : " Père, non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite "'
Lc 22,42, montrant ainsi que l'une est la volonté divine par laquelle l'homme a été assumé, l'autre la volonté de l'homme par laquelle on doit obéir à Dieu.
(Chap. 9) C'est pourquoi, conformément à la différence de ces deux natures, il faut aussi proclamer les propriétés de deux volontés et activités inséparables.
(Chap. 10) ... Si donc quelqu'un soit enlève quelque chose de la divinité à Jésus Christ, le Fils de Dieu né du sein de la Vierge Marie, soit soustrait quelque chose à l'humanité qu'il a prise, à la seule exception de la loi du péché, et s'il ne croit pas de façon sincère qu'il existe comme vrai Dieu et homme parfait en une unique personne, qu'il soit anathème.



JEAN V : 23 juillet 685 - 2 août 686

CONON : 21 octobre 686 - 21

septembre 687

SERGE Ier : 15 décembre 687-8

septembre 701


15ème Concile de Tolède, commencé le 11 mai 688

apologie de Julien

Déclaration au sujet de la Trinité divine et de l'Incarnation

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(1) ... Nous avons appris que dans ce Liber responsionis fidei nostrae que nous avions envoyé à l'Eglise romaine par le régionnaire Pierre, il apparaissait audit Pape (Benoît II) que le premier chapitre avait été établi par nous de façon imprudente, là nous avons dit à propos de l'essence divine : " La volonté a engendré la volonté comme la sagesse la sagesse " ; cela, cet homme l'a négligé dans une lecture hâtive, et c'est pourquoi il a pensé que nous aurions employé ces expressions de façon relative ou au sens d'une comparaison avec l'esprit humain ; et c'est pourquoi il fut conduit à nous admonester dans sa réplique en disant : " Nous savons par l'ordre naturel que le verbe tire son origine de l'esprit, comme la raison et la volonté ; et on ne peut pas renverser ces termes en disant : comme le verbe et la volonté procèdent de l'esprit, de même aussi l'esprit procède du verbe ou de la volonté " ; et c'est à cause de cette comparaison que le pontife romain a pensé qu'on ne pouvait pas dire " volonté de la volonté " (ex voluntate).
Quant à nous, ce n'est pas au sens de cette comparaison avec l'esprit humain, ni au sens relatif, mais selon l'essence que nous avons dit : la volonté de la volonté (ex voluntate), comme aussi la sagesse de la sagesse (ex sapientia). Pour Dieu en effet être est la même chose que vouloir, et vouloir la même chose que savoir. Cela on ne peut pas le dire de l'homme. Car pour l'homme autre chose est ce qu'il est sans vouloir, et autre chose de vouloir même sans savoir. Mais il n'en est pas ainsi en Dieu, parce que sa nature est ainsi simple ; et c'est pourquoi pour lui être est la même chose que vouloir et savoir...

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(4) Pour passer aussi à l'examen du deuxième chapitre dans lequel le même pape a pensé que nous aurions dit de façon imprudente que nous professions trois substances dans le Christ, le Fils de Dieu : de même que nous n'avons pas eu honte de défendre ce qui est vrai, de même certains peut-être ont- ils eu honte d'ignorer ce qui est vrai. Car qui ne saurait pas que chaque homme est fait de deux substances, à savoir de l'âme et du corps ? cf.
2Co 4,16 Ps 62,21

(5) Contrairement à cette règle nous trouvons de même dans les Ecritures qu'on peut comprendre l'homme tout entier lorsque habituellement est mentionnée la chair, ou qu'on peut entendre la perfection de l'homme tout entier lorsque parfois n'est mentionnée que l'âme. C'est pourquoi la nature divine et la nature humaine qui y est associée peuvent aussi bien être dites trois substances au sens propre que deux substances au sens figuré Mais autre chose est d'exprimer tout l'homme par une propriété, autre chose est de l'entendre tout entier à partir d'une partie. Il existe en effet une façon de parler que l'on trouve utilisée souvent dans les saintes Ecritures, par laquelle le tout est désigné à partir d'une partie : aussi cet emploi figuré est-il appelé par les grammairiens " synecdoque ".


1996 Denzinger 533