1996 Denzinger 797

Lettre " In quadam nostra " à l'évêque Hugues de Ferrare, 5

mars 1209.

L'eau mêlée au vin de messe.

798
Tu dis avoir lu dans une de nos lettres décrétales
784 qu'il était impie de penser ce que certains ont eu la présomption de dire, à savoir que dans le sacrement de l'eucharistie l'eau est changée en glaire ; ils affirment en effet faussement que ce n'est pas de l'eau qui est sortie du côté du Christ, mais une humeur aqueuse. Mais même si tu avances que cela a été pensé par des hommes importants et dignes de foi, dont tu as suivi jusqu'ici l'opinion en paroles et par écrit, les raisons qui font que Nous pensons le contraire te contraindront néanmoins de donner ton assentiment à notre conception....
En effet si cela n'avait pas été de l'eau mais de la glaire qui a coulé du côté du Sauveur, celui qui a vu et qui a rendu témoignage à la vérité Jn 19,3 ss. n'aurait certainement pas dit " de l'eau " mais " de la glaire "...
Il reste donc que cette eau, quelle qu'elle ait été, naturelle ou miraculeuse, créée de façon nouvelle par la vertu divine ou tirée des composantes de quelque partie, était sans aucun doute de l'eau véritable.

Lettre " Licet apud " à l'évêque Henri de Strasbourg, 9 janvier

1212.

Les jugements de Dieu

799
Même si chez les juges séculiers sont pratiqués des jugements populaires, comme celui de l'eau froide, du fer ardent ou du duel, l'Eglise cependant n'accepte pas des jugements de cette sorte, car il est écrit dans la Loi divine: " Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu "
Dt 6,16 Mt 4,7.




4e concile du LATRAN

(12eme Oecuméniq

11-30 novembre 1215


Chap. 1 - La foi catholique

Définition contre les albigeois et les cathares

800
Nous croyons fermement et confessons avec simplicité qu'il y a un seul et unique vrai Dieu, éternel et immense, tout-puissant, immuable, qui ne peut être ni saisi ni dit, Père et Fils et Saint-Esprit, trois personnes, mais une seule essence, substance ou nature absolument simple. Le Père ne vient de personne, le Fils vient du seul Père et le Saint-Esprit également de l'un et de l'autre, toujours, sans commencement et sans fin. Le Père engendrant, le Fils naissant et le Saint-Esprit procédant, consubstantiels et semblablement égaux, également tout-puissants, également éternels. Unique principe de toutes choses, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, spirituelles et corporelles, qui, par sa force toute-puissante, a tout ensemble créé de rien dès le commencement du temps l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle, c'est-à- dire les anges et le monde, puis la créature humaine faite à la fois d'esprit et de corps. En effet le diable et les autres démons ont été créés par Dieu bons par nature ; mais ce sont eux qui se sont rendus eux-mêmes mauvais. Quant à l'homme, c'est à l'instigation du démon qu'il a péché.
Cette sainte Trinité, indivise selon son essence commune et distincte selon les propriétés des personnes, a donné au genre humain la doctrine du salut par Moïse, par les saints prophètes et par ses autres serviteurs, selon une disposition des temps parfaitement ordonnée.

801
Enfin, le Fils unique de Dieu, Jésus Christ, incarné par une oeuvre commune de toute la Trinité, conçu de Marie toujours Vierge par la coopération du Saint- Esprit, fait homme véritable composé d'une âme raisonnable et d'une chair humaine, une seule personne en deux natures, a montré plus manifestement la voie de la vie. Alors que, selon la divinité, il est immortel et incapable de souffrir, il s'est fait lui-même, selon l'humanité, capable de souffrir et mortel ; bien plus pour le salut du genre humain, il a souffert et est monté au ciel ; mais il est descendu en son âme et ressuscité en son corps et est monté en l'une et l'autre également ; il viendra à la fin des temps juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses oeuvres, aussi bien aux réprouvés qu'aux élus. Tous ressusciteront avec leur propre corps qu'ils ont maintenant, pour recevoir, selon ce qu'ils auront mérité en faisant le bien ou en faisant le mal, les uns un châtiment sans fin avec le diable, les autres une gloire éternelle avec le Christ.

802
Il y a une seule Eglise universelle des fidèles, en dehors de laquelle absolument personne n'est sauvé, et dans laquelle le Christ est lui-même à la fois le prêtre et le sacrifice, lui dont le corps et le sang, dans le sacrement de l'autel, sont vraiment contenus sous les espèces du pain et du vin, le pain étant transsubstantié au corps et le vin au sang par la puissance divine, afin que, pour accomplir le mystère de l'unité, nous recevions nous- mêmes de lui ce qu'il a reçu de nous. Et assurément ce sacrement, personne ne peut le réaliser, sinon le prêtre qui a été légitimement ordonné selon le pouvoir des clés de l'Eglise que Jésus Christ lui-même a accordé aux apôtres et à leurs successeurs.
Le sacrement du baptême qui s'effectue dans l'eau en invoquant la Trinité indivise, c'est-à-dire le Père, le Fils et le Saint-Esprit légitimement conféré par qui que ce soit selon la forme de l'Eglise aussi bien aux enfants qu'aux adultes sert au salut.
Et si, après avoir reçu le baptême, quelqu'un est tombé dans le péché, il peut toujours être rétabli dans son état par une vraie pénitence. Ce ne sont pas seulement les vierges et les continents, mais aussi les gens mariés qui, plaisant à Dieu par une foi droite et de bonnes oeuvres, méritent de parvenir à la vie éternelle.

Chap. 2. La fausse doctrine de Joachim de Flore.

La Trinité

803
Nous condamnons donc et nous réprouvons l'opuscule ou traité que l'abbé Joachim a publié contre maître Pierre Lombard au sujet de l'unité ou de l'essence de la Trinité, l'appelant hérétique et insensé à cause de ce qu'il a dit dans ses sentences : " Il y a une réalité suprême qui est Père et Fils et Saint-Esprit, et celle-ci n'engendre pas, n'est pas engendrée et ne procède pas ".
D'où il affirme que celui-ci a érigé en Dieu non pas tant une trinité qu'une quaternité, c'est-à-dire trois personnes et en quelque sorte une quatrième qui serait cette essence commune, alors qu'il professe manifestement qu'il n'y a aucune réalité, ni essence, ni substance, ni nature qui soit Père et Fils et Saint-Esprit, bien qu'il concède que Père et Fils et Saint-Esprit sont une seule essence, une seule substance et une seule nature. Mais il reconnaît qu'une telle unité n'est ni vraie ni propre, mais en quelque sorte collective et analogique, de la même manière qu'on dit que beaucoup d'hommes sont un seul peuple et beaucoup de fidèles une seule Eglise, conformément à ce qui est dit : " La multitude des croyants était un seul coeur et une seule âme "
Ac 4,32 et " Celui qui s'attache à Dieu est un seul esprit " 1Co 6,17 avec lui ; et encore: " Celui qui arrose et celui qui plante ne font qu'un " 1Co 3,8 ; et tous " nous sommes un seul corps dans le Christ " Rm 12,5 ; et encore, dans le livre des Rois : " Ton peuple et mon peuple sont une même chose " 1R 22,5 ; Vulgate ; voir Rt 1,16.
Mais pour fonder cette affirmation il a surtout recours à ce que le Christ dit des fidèles dans l'Evangile : " Je veux Père, qu'en nous ils soient un comme nous aussi nous sommes un, afin qu'ils soient parfaitement un " Jn 17,22 ss.. En effet, dit-il, les fidèles du Christ ne sont pas un, c'est-à- dire une seule réalité qui serait commune à tous ; ils sont seulement un, c'est- à-dire une seule Eglise à cause de l'unité de la foi catholique et un seul Royaume à cause de l'union dans une charité indissoluble. De la même manière, on lit dans l'épître canonique de Jean : " Car ils sont trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père et le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois sont un " 1Jn 5,7 ; et Jean ajoute aussitôt : " Et ils sont trois qui rendent témoignage sur la terre, l'esprit, l'eau et le sang, et ces trois sont un " 1Jn 5,8 selon ce qu'on trouve dans certains manuscrits.

804
Quant à nous, avec l'approbation du saint concile universel, nous croyons et confessons avec maître Pierre qu'il y a une seule réalité suprême, qui ne peut être saisie ni dite, qui est véritablement Père et Fils et Saint- Esprit, les trois personnes ensemble et chacune d'elles en particulier. C'est pourquoi il y a en Dieu seulement Trinité et non pas quaternité, parce que chacune des trois personnes est cette réalité, c'est-à-dire la substance, l'essence et la nature divine. Elle seule est le principe de toutes choses, en dehors duquel aucun autre principe ne peut être trouvé. Et cette réalité n'engendre pas, n'est pas engendrée et ne procède pas, mais c'est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré et le Saint-Esprit qui procède, en sorte qu'il y a distinction dans les personnes et unité dans la nature.

805
Donc "bien que le Père soit autre, autre le Fils, autre le Saint-Esprit, il n'a cependant pas une autre réalité", mais ce qu'est le Père, le Fils l'est et le Saint-Esprit, absolument la même chose, en sorte que, conformément à la foi orthodoxe et catholique, nous croyons qu'ils sont consubstantiels. En effet, le Père, en engendrant le Fils de toute éternité, lui a donné sa substance, ce même Fils en témoigne : "Ce que m'a donné le Père est plus grand que tout"
Jn 10,29

Et on ne peut pas dire qu'il lui a donné une partie de sa substance et en a retenu une partie pour lui-même, puisque la substance du Père est indivisible, étant absolument simple. Mais on ne peut pas dire que le Père a transféré sa substance dans le Fils en l'engendrant, comme s'il l'avait donnée à un fils sans la retenir pour lui-même : autrement il aurait cessé d'être substance. Il est donc clair que le Fils, en naissant, a reçu la substance du Père sans aucune diminution de celle-ci et que, ainsi, le Père et le Fils ont la même substance et, ainsi encore, sont une même réalité le Père et le Fils et aussi le Saint- Esprit qui procède de l'un et de l'autre.

806
Donc, lorsque la Vérité prie le Père pour ses fidèles en disant: "Je veux
qu'eux-mêmes soient un en nous comme nous sommes un"
Jn 17,22, ce mot "un" est pris pour les fidèles en ce sens qu'il signifie l'union de la charité dans la grâce, et pour les personnes divines en ce sens qu'est soulignée l'unité de l'identité dans la nature, comme le dit ailleurs la Vérité : "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait". Mt 5,48, comme s'il était dit plus clairement : "Soyez parfaits, de la perfection de la grâce", " comme votre Père céleste est parfait " de la perfection de la nature, chacun à sa manière. Car si grande que soit la ressemblance entre le Créateur et la créature, on doit encore noter une plus grande dissemblance entre eux.
Si quelqu'un ose donc défendre ou approuver sur ce point l'affirmation ou la doctrine du susdit Joachim, qu'il soit réfuté par tous comme hérétique.

807
Cependant nous ne voulons en rien par cela faire tort au monastère de Flore, qui a été institué par Joachim lui-même, parce que l'institution en est régulière et l'observance salutaire. Et cela d'autant plus que ce même Joachim nous a fait remettre tous ses écrits afin qu'ils soient approuvés ou corrigés par le jugement du Siège apostolique, dictant une lettre, signée de sa main, dans laquelle il confesse ferment tenir la foi que tient l'Eglise romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles par la disposition du Seigneur.

808
Nous réprouvons aussi et condamnons l'opinion extravagante de l'impie Amalric, dont le père du mensonge a tellement aveuglé l'esprit que sa doctrine ne doit pas tant être regardée comme hérétique que comme insensée.

Chap. 3. A propos des hérétiques (Vaudois).

La nécessité de la mission canonique.

809
Parce que " certains ", selon ce que dit l'Apôtre, " ayant les apparences de la piété, mais en reniant la force "
2Tm 3,5, s'arrogent le droit de prêcher, alors que le même Apôtre dit : "Comment prêcheront-ils s'ils ne sont pas envoyés ?" Rm 10,15, tous ceux à qui cela a été défendu ou qui n'ont pas été envoyés, et qui oseraient usurper, en public ou en privé, l'office de la prédication sans autorisation donnée par le Siège apostolique ou par l'évêque catholique du lieu " 761 , seront frappés d'excommunication ; s'ils ne viennent pas promptement à résipiscence, ils seront châtiés par une autre peine appropriée.

Chap. 4. L'insolence des Grecs envers les Latins.

Le mépris à l'égard des rites sacramentels de l'Eglise latine.

810
Bien que nous voulions encourager et honorer les Grecs qui, de nos jours, reviennent à l'obéissance du Siège apostolique en acceptant, autant que nous le pouvons dans le Seigneur, leurs habitudes et leurs rites, nous ne voulons ni ne devons pourtant pas tolérer chez eux ce qui met les âmes en danger et déroge à l'honnêteté ecclésiastique. En effet, après que l'Eglise grecque avec certains complices et partisans se fut soustraite à l'obéissance au Siège apostolique, les Grecs se sont mis à abominer tellement les Latins que, entre autres pratiques impies marquant leur mépris à leur égard, s'il arrivait que des prêtres latins célèbrent sur leurs autels, ils ne voulaient eux- mêmes offrir le saint sacrifice sur ces autels avant de les avoir d'abord lavés, comme s'ils avaient été souillés par ce seul fait. Et même, dans une audace téméraire, ces mêmes Grecs osaient rebaptiser ceux qui avaient été baptisés par les Latins ; et nous avons appris que, encore maintenant, certains ne craignent pas de le faire.
Voulant donc écarter de l'Eglise de Dieu un si grand scandale, sur le conseil du saint concile, nous ordonnons absolument qu'ils n'osent plus désormais agir ainsi, se conformant, en fils obéissants, à leur mère la sainte Eglise romaine, afin qu'il y ait "un seul troupeau et un seul pasteur"
Jn 10,16.
Si quelqu'un devait agir de cette façon, il serait frappé du glaive de l'excommunication et déposé de tout office et bénéfice ecclésiastique.

Chap. 5. Le rang des patriarches.

La prééminence du Siège romain.

811
Renouvelant les anciens privilèges des sièges patriarcaux, avec l'approbation du saint concile universel, nous prescrivons ce qui suit : après l'Eglise romaine qui, le Seigneur en disposant ainsi, détient la primauté du pouvoir ordinaire sur toutes les autres Eglises en tant que mère et maîtresse de tous les chrétiens, l'Eglise de Constantinople détiendra la première place, celle d'Alexandrie la deuxième, celle d'Antioche la troisième, celle de Jérusalem la quatrième.

Chap. 21. L'obligation de se confesser, le secret de la confession,

la réception de la communion à Pâques.

L'obligation de la confession annuelle et de la communion Pascale.

812
Tout fidèle de l'un et l'autre sexe, après avoir atteint l'âge de raison, confessera personnellement et fidèlement tous ses péchés au moins une fois par an à son curé, s'appliquera, dans la mesure de ses forces, d'accomplir la pénitence qui lui sera imposée, recevant avec respect au moins à Pâques le sacrement de l'eucharistie, à moins que, sur le conseil de son curé et pour quelque raison valable, il juge qu'il lui faut s'en abstenir pour un temps ; sinon, il sera empêché d'entrer dans l'église de son vivant et sera privé de sépulture chrétienne à sa mort, afin que personne ne puisse avoir d'excuse pour son ignorance.
Si quelqu'un veut, pour une juste cause, confesser ses péchés à un autre prêtre, il devra d'abord demander et obtenir la permission de son curé, puisque autrement cet autre prêtre ne pourrait l'absoudre ou le lier.

813
Que ce prêtre soit un homme de discernement et prudent afin que, comme un médecin expérimenté, il répande le vin et l'huile sur les plaies du blessé
Lc 10,14 s'enquérant diligemment des circonstances concernant et le pécheur et le péché ; il comprendra ainsi, avec prudence, quels conseils il doit lui donner, quel remède apporter en usant de moyens divers pour guérir le malade.

814
Il prendra grandement garde de ne jamais trahir le pécheur par un mot, un signe ou de quelque manière ; mais s'il a besoin d'un avis plus éclairé, il le demandera prudemment sans rien révéler de la personne ; car si quelqu'un osait révéler un péché qui lui a été découvert au tribunal de la pénitence, nous décrétons, non seulement qu'il doit être déposé du ministère sacerdotal, mais encore qu'il soit voué, à perpétuité, à faire pénitence dans un monastère de stricte observance.

Chap. 22. Les malades doivent veiller à leur âme avant de

veiller à leur corps.

Moyens interdits pour rétablir la santé.

815
En outre l'âme étant beaucoup plus précieuse que le corps, nous défendons sous peine d'anathème qu'un médecin conseille à un malade pour le salut du corps quelque chose qui deviendrait un danger pour l'âme.

Chap. 41. La nécessité de la bonne foi pour la prescription.

La bonne foi nécessaire pour la prescription.

816
Parce que " tout ce qui ne procède pas de la foi est péché "
Rm 14,23, nous définissons cela par sentence synodale : sans bonne foi, aucune prescription n'est valide, qu'elle soit canonique ou civile, puisque, d'une manière générale, on doit déroger à toute constitution et à toute coutume qui ne peuvent être observées sans péché mortel. Il faut donc que celui qui prescrit n'ait à aucun moment conscience d'avoir une chose appartenant à autrui.

Chap. 51. L'interdiction des mariages clandestins.

Les mariages clandestins ne sont pas permis.

817
Suivant les pas de nos prédécesseurs, nous interdisons formellement les mariages clandestins, défendant aussi que n'importe quel prêtre ose être présent à de tels mariages. C'est pourquoi, étendant une coutume propre à certains lieux à tous les autres, nous statuons que, lorsque des mariages doivent être contractés, ils seront publiquement annoncés dans les églises par les prêtres, dans un délai convenable fixé à l'avance, au cours duquel celui qui en aurait la volonté et la capacité pourrait opposer un empêchement légitime. Néanmoins les prêtres rechercheront eux-mêmes si quelque empêchement fait obstacle au mariage. ...

Chap. 62. Les reliques des saints.

Usage indigne des reliques.

818
La religion chrétienne est trop souvent dénigrée parce que certains exposent des reliques des saints pour les vendre ou en faire ostention n'importe où. Pour que cela ne se produise pas à l'avenir, nous statuons par le présent décret que les reliques anciennes ne soient plus exposées hors de leur reliquaire ni montrées pour être vendues. Quant à celles qui ont été nouvellement trouvées, que personne ne les vénère publiquement si elles n'ont pas été auparavant approuvées par l'autorité du pontife romain. A l'avenir, que les responsables ne permettent pas que ceux qui viennent dans leurs églises en vue de vénérer des reliques ne soient trompés par de vaines fictions ou de faux documents, comme on a eu l'habitude de le faire en plusieurs lieux en vue d'un gain.

Abus concernant les indulgences.

819
... Parce que, par suite d'indulgences indiscrètes ou superflues que ne craignent pas d'octroyer certains prélats, le pouvoir des clés de l'Eglise est méprisé et la satisfaction pénitentielle est privée de sa force, nous décrétons que, lorsque est dédiée une basilique, l'indulgence ne dépassera pas un an... ; ensuite, lors de l'anniversaire de la dédicace, que la rémission pour les pénitences imposées ne dépasse pas quarante jours. Nous ordonnons que les lettres d'indulgence, qui sont accordées pour des raisons variées, doivent aussi se conformer à ce nombre de jours, puisque le pontife romain, qui détient la plénitude du pouvoir, a l'habitude de suivre cette règle en ce domaine.

Chap. 63. Simonie.

820
... En de nombreux endroits de nombreuses personnes - semblables aux vendeurs de colombes dans le Temple - commettent de honteuses et exécrables exactions et extorsions pour la consécration des évêques, la bénédiction des abbés et l'ordination des clercs. On tarifie ce qui doit être payé à celui- ci ou à celui- là, à tel ou tel autre ; et, comble de perdition, certains s'efforcent de justifier cette honte et cette dépravation au nom d'une coutume observée de longue date.
Voulant donc abolir un si grand abus, nous réprouvons totalement une telle coutume dont le vrai nom est corruption ; nous statuons formellement que, pour la collation ou la réception des ordres, personne n'ose exiger et extorquer quelque chose sous quelque prétexte que ce soit ; sinon, aussi bien celui qui aura reçu que celui qui aura donné une telle somme absolument interdite sera condamné avec Guéhazi
2R 5,20-27 et Simon Ac 8,9-24.




HONORIUS III : 18 juillet

1216 - 18 mars 1227


Lettre " Perniciosus valde " à l'archevêque Olaf d'Uppsala, 13

décembre 1220.

L'eau mêlée au vin lors du sacrifice de la messe.

822
Comme nous l'avons entendu, un abus très pernicieux s'est développé dans ta région, à savoir que lors du sacrifice on utilise une plus grande quantité d'eau que de vin : car selon la coutume bien fondée de l'ensemble de l'Eglise, il faut utiliser plus de vin que d'eau. C'est pourquoi Nous ordonnons à ta fraternité par lettre apostolique que désormais tu ne le fasses plus, et que tu n'admettes pas que cela se fasse dans ta province.




GREGOIRE IX : 19 mars 1227 - 22

août 1241


Lettre " Ab Aegyptiis argentea " aux théologiens de Paris, 7

juillet 1228.

Le maintien de la terminologie et de la tradition théologiques.

824
Il appartient certes à l'intelligence théologique de présider comme l'homme en quelque sorte à n'importe quelle faculté et, comme l'esprit le fait pour la chair, d'exercer son pouvoir sur elle et de la diriger dans la voie de la droiture en sorte qu'elle ne s'égare pas. ...
En vérité nous sommes frappés intérieurement de douleur dans notre coeur
Gn 6,6 et saturés de l'amertume de l'absinthe Lm 3,15 de ce que... certains chez vous .. s'occupent avec ardeur à déplacer par des nouveautés impies, " les bornes posées par les Pères " Pr 22,28 ; en effet, la compréhension de l'Ecriture céleste qui est délimitée, de par les efforts des saints Pères, par les bornes de l'interprétation qu'il n'est pas seulement téméraire mais impie de transgresser, ils la tournent en doctrine philosophique concernant les choses naturelles, de manière à faire montre de leur Science et non pas pour le profit des auditeurs, en sorte qu'ils n'apparaissent pas comme des hommes qui enseignent Dieu ou des théologiens, mais comme des hommes qui médisent de Dieu.
En effet, bien qu'ils doivent exposer la doctrine de Dieu selon les traditions reconnues des saints et non pas avec des armes charnelles, mais avec des armes " dont la puissance vient de Dieu, capables de détruire toute puissance hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu et de faire captive toute pensée pour l'amener à obéir au Christ " 2Co 10,4 s, séduits par des doctrines diverses et étrangères He 13,9, ils font de la tête la queue Dt 28,13 Dt 28,44 et contraignent la reine à se mettre au service de la servante, c'est-à-dire ce qui est céleste au service des doctrines terrestres, en attribuant à la nature ce qui appartient à la grâce. De fait, s'occupant des choses de la nature plus qu'il ne convient, revenus... aux éléments faibles et pauvres du monde et les servant à nouveau Ga 4,9, comme des faibles en Christ ils se nourrissent " de lait et non d'une nourriture solide " He 5,12 et ils ne semblent pas avoir fortifié leur coeur par la grâce He 13,9 ; c'est pourquoi, " dépouillés des dons gratuits et blessés dans leurs dons naturels ", ils ne se remémorent pas cette parole de l'Apôtre... : " Evite les nouveautés et les expressions impies et les opinions d'une science mensongère ; pour l'avoir recherchée, certains se sont écartés de la foi " 1Tm 6,20 s...
Et lorsqu'ils s'efforcent plus qu'il ne convient de prouver la foi par la raison naturelle, ne la rendent-ils pas en quelque sorte inutile et vaine ? Car " la foi n'a pas de mérite si la raison humaine lui fournit la preuve ". La nature en effet croit ce qu'elle a compris, mais la foi saisit ce qui est cru par sa propre force et par la compréhension que lui donne la grâce, elle qui pénètre avec audace et témérité ce que l'intelligence naturelle est incapable d'atteindre.

Lettre " Consultationi tuae " à l'archevêque de Bari, 12

Novembre 1231.

Le caractère sacramentel reçu dans l'ordination.

825
A ta consultation nous répondons ainsi : ceux qui ont reçu les ordres sacrés en dehors des temps fixés ont reçu sans aucun doute le caractère ; après qu'une pénitence appropriée leur aura été imposée pour cette transgression, tu pourras admettre qu'ils exercent leur ministère dans les ordres reçus.

Lettre " Presbyter et diaconus " à l'évêque Olaf de Lund, 9

décembre 1232.

Matière et forme de l'ordination.

826
Lorsque le presbytre et le diacre sont ordonnés, ils reçoivent l'imposition des mains par contact corporel, selon le rite établi par les apôtres
1Tm 4,14 1Tm 5,22 2Tm 1,6 Ac 6,6 ; mais si cela a été omis, il n'y a pas lieu de le réitérer d'une quelconque manière, mais au temps fixé pour conférer ces ordres on suppléera prudemment ce qui a été omis par erreur. Cependant les mains doivent être levées lorsque la prière est répandue sur la tête de l'ordinand.

Décret fragmentaire "Si condiciones", entre 1227 et 1234.

L'invalidité d'un mariage sous condition.

827
Lorsque sont insérées des conditions contraires à la substance du mariage, par exemple si l'un dit à l'autre " je contracte (mariage) avec toi si tu évites d'engendrer des descendants ", ou " jusqu'à ce que j'en trouve une autre plus digne par l'honneur ou la fortune ", ou " si tu te livres à l'adultère contre rétribution ", le contrat de mariage, tout bienvenu qu'il puisse être, est dépourvu d'effet ; cependant d'autres conditions ajoutées au mariage, si elles sont déshonnêtes ou irréalisables, doivent être tenues pour non ajoutées en raison de la faveur (du droit) dont il jouit.

Lettre " Naviganti vel " au frère R., entre 1227 et 1234.

Usure.

828
Quelqu'un qui prête une somme d'argent déterminée à un autre qui se rend à un marché, par terre ou par mer, et qui, parce qu'il accepte un risque pour lui- même, entend recevoir quelque chose au-delà du capital, doit (ne doit pas ? ) être considéré comme usurier.
De même celui qui donne dix sols pour qu'à un autre moment lui soient rendues autant de mesures de grain, de vin et d'huile à propos desquelles, même si elles valent alors davantage, on peut douter avec vraisemblance si au moment du paiement elles vaudront plus ou moins, ne doit pas à cause de cela être considéré comme usurier.
En raison de ce doute est excusé également celui qui vend du drap, du grain, du vin, de l'huile et d'autres marchandises pour recevoir davantage pour elles à un moment donné que ce qu'elles valent au moment même (du contrat), à condition cependant de n'avoir pas été sur le point de les vendre à un autre moment du contrat.

Lettre " Cum sicut ex " à l'archevêque Sigurd de Trondheim

(Norvège), 8 juillet

La matière du baptême.

829
Etant donné que, comme nous l'avons appris de ton rapport, il arrive parfois que par manque d'eau des enfants de ton pays soient baptisés avec de la cervoise, nous te répondons par la présente que puisque selon l'enseignement de l'Evangile on doit renaître d'eau et d'Esprit Saint
Jn 3,5, ceux qui ont été baptisés avec de la cervoise doivent être considérés comme n'ayant pas été baptisés de façon régulière.




CELESTIN IV : 25 octobre -

10 novembre 1241

INNOCENT IV : 25 juin 1243 -

7 décembre 1254



1er concile de LYON (13ème oecuménique) 28 juin-17juillet 1245

Lettre "Sub catholicae professione" à l'évêque de Tusculum, légat du Siège apostolique auprès des Grecs, 6 mars 1254.

Les rites et les doctrines qui doivent être inculqués aux Grecs.

830
Par 3 (autres Par. 4). 1. A ce sujet notre réflexion nous a conduit à décider que les Grecs de ce royaume (Chypre), pour ce qui est des onctions qui sont habituellement faites en lien avec le baptême, doivent suivre et observer la coutume de l'Eglise romaine.
2. Mais si le rite ou la coutume qu'ils disent être les leurs - à savoir d'oindre entièrement le corps de ceux qui doivent être baptisés - ne peut pas être supprimé ou écarté sans scandale, on le tolérera puisqu'il importe peu pour l'effet ou l'efficacité du baptême que cela soit fait ou non.
3. De même il importe peu qu'ils baptisent dans de l'eau froide ou de l'eau chaude, puisque selon leurs dires le baptême a sa vertu et son effet dans les deux cas.

831
4 (Par 5). Seuls les évêques cependant doivent marquer le front des baptisés avec le chrême, puisque cette onction ne doit être conférée que par les évêques. Car, ainsi qu'on peut le lire, seuls les apôtres, dont les évêques tiennent la place, ont conféré l'Esprit Saint par l'imposition des mains que représente la confirmation ou la chrismation du front
Ac 8,14-25.
5. Les différents évêques peuvent également confectionner le chrême dans leurs Eglises le jour de la Cène du Seigneur et selon la forme de l'Eglise, c'est-à-dire avec du baume et de l'huile d'olive. Car dans l'onction avec le chrême est conféré le don de l'Esprit Saint. Et de fait, comme un peut le lire, la colombe qui désigne l'Esprit Saint lui-même a ramené dans l'arche un rameau d'olivier. Mais si à ce sujet les Grecs préfèrent garder leur rite ancien, à savoir que le patriarche avec les archevêques et ses évêques suffragants, et les archevêques avec leurs suffragants, confectionnent ensemble le chrême, cette coutume qui est la leur doit être tolérée.

832
6. Mais personne ne doit être simplement oint d'une onction par les prêtres ou les confesseurs à la place de la satisfaction lors de la pénitence.

833
7. Mais selon la parole de l'apôtre Jacques
Jc 5,14 s l'extrême-onction doit être conférée aux malades.

834
8 (Par. 6). En outre, lorsqu'ils ajoutent de l'eau, soit froide, soit chaude, soit tiède, lors du sacrifice de l'autel, les Grecs doivent suivre leur coutume s'ils le veulent, pourvu qu'ils croient et confessent que, la forme du canon étant respectée, le sacrifice est réalisé de la même manière à partir des deux.
9. Mais qu'ils ne conservent pas l'eucharistie consacrée le jour de la Cène du Seigneur durant toute l'année en prétextant les malades, c'est- à-dire pour leur donner la communion en la prenant de là. Cependant il leur sera permis de consacrer le corps du Christ pour ces malades et de le conserver durant quinze jours, pas davantage, pour que du fait d'une conservation plus longue les espèces ne risquent pas d'être altérées, et de devenir moins aptes à être consommées : même si la vérité et l'efficacité demeurent toujours pleinement les mêmes et qu'elles ne disparaissent jamais du fait d'une durée plus longue ou du temps qui passe.

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18 (Par. 14) Pour ce qui est de la fornication commise par un célibataire avec une célibataire, on ne doit absolument pas douter qu'il s'agit d'un péché mortel, puisque l'Apôtre assure qu'aussi bien les fornicateurs que les adultères sont exclus du Royaume de Dieu
1Co 6,9 s.

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19 (Par. 15). En outre nous voulons et prescrivons expressément que désormais les évêques grecs doivent conférer sept ordres conformément à l'usage de l'Eglise romaine, puisqu'on lit que jusqu'à présent ils ont négligé ou omis trois des ordres mineurs chez les ordinands. Mais ceux qui ont déjà été ordonnés de cette manière par eux, en raison de leur trop grand nombre ils seront tolérés dans les ordres reçus ainsi.

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20 (Par. 16). Mais parce que selon l'apôtre une femme est libérée de sa loi après la mort du mari, de sorte qu'elle est entièrement libre d'épouser dans le Seigneur qui elle veut
Rm 7,2 1Co 7,39, les Grecs ne doivent aucunement blâmer ou condamner les secondes et les troisièmes noces, et même d'autres, mais ils doivent bien plutôt les reconnaître entre personnes qui par ailleurs peuvent être unies licitement par un mariage.
21. Cependant les prêtres ne doivent en aucun cas bénir ceux qui se marient une seconde fois.

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(Le sort des défunts) 23 (Par. 18). Enfin puisque la Vérité affirme dans l'Evangile que si quelqu'un a blasphémé contre l'Esprit Saint il ne lui sera pas pardonné, ni dans ce monde ni dans le monde à venir
Mt 12,32 - ce qui nous fait comprendre que certains sont déliés de leur faute dans le siècle présent, mais d'autres dans le siècle à venir- et que l'Apôtre dit que " le feu éprouvera l'oeuvre de chacun selon ce qu'elle est " et que " celui dont l'oeuvre est consumée en subira la perte, mais que lui-même sera sauvé, mais comme à travers le feu " 1Co 13,15 et puisqu'on dit que les Grecs eux-mêmes croient et affirment en toute vérité et sans aucun doute que les âmes de ceux qui meurent après avoir reçu la pénitence, mais sans l'avoir accomplie, ou qui meurent sans péché mortel mais avec des péchés véniels et minimes, sont purifiés après la mort et peuvent être aidés par les suffrages de l'Eglise, étant donné qu'ils disent qu'aucun nom certain et déterminé ne désigne chez leurs docteurs le lieu d'une telle purification, et puisque selon la tradition et l'autorité des saints Pères nous l'appelons " purgatoire ", Nous voulons que désormais il soit appelé ainsi chez eux. En effet ce feu temporaire purifie les péchés, non toutefois les péchés mortels ou capitaux qui n'auraient pas d'abord été remis par la pénitence, mais les péchés légers et minimes qui pèsent encore sur eux après leur mort, même s'ils ont été pardonnés pendant la vie.

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24. (Par. 19). Mais si quelqu'un meurt sans pénitence en état de péché mortel, il ne fait pas de doute qu'il sera tourmenté pour toujours par les feux de l'enfer éternel.
25 (Par. 20). Mais les âmes des petits enfants qui meurent après le bain du baptême et celles des adultes qui meurent en état de charité, qui ne sont ni retenus par un péché ni tenus à telle ou telle satisfaction pour leur péché, passent immédiatement dans la patrie éternelle.



1996 Denzinger 797