1996 Denzinger 839


ALEXANDRE IV : 12 décembre

1254 - 25 mai 126


Constitution " Romanus Pontifex de summi, " 5 octobre 1256.

Erreurs de Guillaume de Saint-Amour au sujet des moines mendiants

840
(L'écrit de Guillaume) a été lu par eux de façon attentive et examiné mûrement et avec rigueur, et il nous en a été fait une relation complète ; parce que nous avons appris qu'on y trouve manifestement certaines choses fausses et condamnables.

contre le pouvoir et l'autorité du pontife romain et de ses

coévêques,

841
et contre ceux qui, à cause de Dieu, mendient dans la pauvreté la plus rigoureuse, en surmontant ainsi le monde avec ses biens par une indigence volontaire ;

842
d'autres choses aussi contre ceux qui, animés d'un zèle ardent pour le salut des âmes et soucieux des études sacrées, opèrent dans l'Eglise de Dieu de nombreux progrès spirituels et y portent beaucoup de fruit ;

843
certaines contre l'état salutaire des moines pauvres, ou mendiants, que sont nos chers fils les frères prêcheurs et les frères mineurs qui, dans la force de l'Esprit, abandonnent le siècle avec ses richesses et n'aspirent de toutes leurs forces qu'à la seule patrie céleste ;
ainsi que plusieurs autres choses inconvenantes et dignes par conséquent d'être rejetées et vouées à l'infamie pour toujours ;

844
et parce que cet écrit a été également la source d'un grand scandale, qu'il a donné lieu à beaucoup de trouble et qu'il a causé également des dommages aux âmes, puisqu'il a détourné les fidèles de la dévotion qui leur était familière, de leur libéralité habituelle en matière d'aumône, ainsi que de la conversion et de l'entrée en religion :
sur le conseil de nos frères et en vertu de l'autorité apostolique Nous rejetons et condamnons pour toujours comme inique, sacrilège et exécrable l'écrit qui commence ainsi : " Ecce videntes clamabunt foris ", et qui porte le titre " Tractatus brevis de periculis novissimorum temporum " et les enseignements et les doctrines qu'il contient. Nous les condamnons comme erronés, faux et impies..



URBAIN IV : 29 août

1261 - 2 octobre 12


Bulle " Transiturus de hoc mundo ", 11 août 1264.

L'eucharistie comme mémorial du Christ.

846
Or lors de l'institution de ce sacrement il dit lui-même aux apôtres : " Faites ceci en mémoire de moi "
Lc 22,19, afin que ce sacrement sublime et vénérable soit pour nous un mémorial éminent et insigne de l'amour extraordinaire par lequel il nous a aimés. Un mémorial admirable, dis-je... dans lequel nous obtenons sûrement une aide pour la vie et pour la mort. C'est là le mémorial...salvifique dans lequel nous faisons mémoire avec gratitude de notre Rédemption, dans lequel nous sommes éloignés du mal et confortés dans le bien, et progressons dans la croissance des vertus et des grâces, dans lequel en vérité nous progressons de par la présence corporelle du Sauveur lui-même.
D'autres réalités dont nous faisons mémoire, nous les embrassons par l'esprit et par l'intelligence, mais nous n'en possédons pas pour autant la présence réelle. Mais dans cette commémoration sacramentelle du Christ, Jésus Christ nous est présent, certes sous une autre forme, mais dans sa propre substance. Avant de monter au ciel il dit en effet aux apôtres et à leurs successeurs : " Voici, je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles " Mt 28,20 et il les conforta par la promesse bienfaisante qu'il demeurera et sera aussi avec eux d'une présence corporelle.

L'Eucharistie, aliment de l'âme.

847
Dépassant toute plénitude de largesse, allant au-delà de toute mesure de l'amour, il se distribua en nourriture. O libéralité unique et admirable, où le donateur devient le don, et où ce qui est donné est pleinement identique à celui qui donne ! ...
Il s'est donc donné en nourriture pour que l'homme, qui avait été abattu par la mort, fût relevé par une nourriture à la vie... Manger a blessé et manger a guéri. Voici que de là où est née la blessure est venu aussi le remède, et de là où la mort s'est introduite est sortie aussi la vie. De ce manger- là en effet il est dit : " Du jour où tu en mangeras, de mort tu mourras "
Gn 2,17 mais de ce manger-ci on peut lire : " Celui qui aura mangé de ce pain vivra à jamais " Jn 6,52...
Ce fut aussi une libéralité qui convient et un acte approprié que le Verbe éternel de Dieu, qui est l'aliment et le réconfort de la créature raisonnable, s'étant fait chair se soit donné en nourriture à la chair et au corps de la créature raisonnable, c'est-à-dire à l'homme...Ce pain est consommé, mais il n'est pas épuisé ; il est mangé, mais il n'est pas changé, car il n'est nullement transformé en celui qui le mange, mais s'il est reçu dignement, celui qui le reçoit lui est conformé.



CLEMENT IV : 5 Février 1265-29

novembre 1268.


Lettre " Quanto sincerius " à l'archevêque Maurin de Narbonne,

28 octobre 1267.

La présence réelle du Christ dans l'eucharistie.

849
(Nous avons appris que tu...) as dit que le corps très saint de notre Seigneur Jésus Christ ne se trouve pas substantiellement sur l'autel, mais seulement comme ce qui est signifié l'est sous le signe, et que tu as ajouté qu'il s'agit là d'une opinion souvent entendue à Paris. Mais cette affirmation s'est répandue... et lorsque enfin elle est parvenue jusqu'à Nous, elle Nous a scandalisé au plus haut point ; et il n'a pas été facile pour Nous de croire que tu as dit de telles choses qui contiennent une hérésie manifeste et dérogent à la vérité de ce sacrement dans lequel la foi s'accomplit d'autant plus utilement qu'elle dépasse les sens, qu'elle tient captive l'intelligence, et qu'elle soumet la raison à ses lois...
Tiens fermement ce que l'Eglise tient en commun... à savoir que sous les espèces du pain et du vin, après que les paroles sacrées ont été dites par la bouche du prêtre, conformément au rite de l'Eglise, le corps et le sang de notre Seigneur Jésus Christ sont présents vraiment, réellement et substantiellement, bien que selon le lieu il se trouve au ciel.



GREGOIRE X : 1er

septembre 1271 - 10 janv


2e concile de LYON (14e oecuménique) 7 mai - 17 juillet 1274.

2e session, 18 mai 1274 : constitution sur la Trinité

souveraine et la foi cat

La procession du Saint-Esprit.

850
Nous professons avec fidélité et dévotion que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, non pas comme deux principes, mais comme d'un seul principe, non pas par deux spirations, mas par une seule et unique spiration. C'est ce que la sainte Eglise romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles, a jusqu'à maintenant professé, prêché et enseigné ; c'est ce qu'elle tient fermement, prêche, professe et enseigne ;c'est là l'immuable et véritable doctrine des Pères et des Docteurs orthodoxes, aussi bien latins que grecs.
Mais parce que certains, en raison d'une ignorance de la vérité irréfutable affirmée plus haut, sont tombés dans diverses erreurs, nous-mêmes désireux de fermer la route à des erreurs de ce genre, avec l'approbation du saint concile, nous condamnons et réprouvons tous ceux qui oseraient nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, ou qui même, dans une audace téméraire, iraient jusqu'à affirmer que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et non comme d'un seul.

4e session, 6 juillet 1274, lettre de l'empereur Michel au

pape Grégoire X.

Profession de foi de l'empereur Michel Paléologue.

851
(Profession de foi). Nous croyons la sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu tout-puissant, et que, dans la Trinité, toute la divinité est également essentielle, consubstantielle, également éternelle, également toute-puissante, qu'il y a en elle une seule volonté, une seule puissance, une seule majesté, qu'elle est le créateur de toutes les créatures, de qui, en qui, par qui sont toutes les choses qui sont dans le ciel et sur la terre, visibles, invisibles, corporelles et spirituelles. Nous croyons que chacune des personnes dans la Trinité est vraiment, pleinement et parfaitement Dieu.

852
Nous croyons le Fils de Dieu, Verbe de Dieu, né éternellement du Père, consubstantiel, également tout-puissant et égal en tout au Père en la divinité : né dans le temps, du Saint-Esprit et de Marie toujours vierge, avec une âme raisonnable. Il a deux naissances, une naissance éternelle, du Père, une naissance temporelle, de sa mère. Vrai Dieu et vrai homme, proprement et parfaitement en l'une et l'autre nature ; ni fils adoptif, ni fils en apparence, mais un seul et unique Fils de Dieu, en deux natures, et de deux natures, la divine et l'humaine, dans l'unité d'une seule personne, incapable de souffrir et immortel par sa divinité, mais qui dans son humanité, a souffert une vraie Passion corporelle, pour nous et pour notre salut ; il est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, et, et le troisième jour, est ressuscité des morts, sa chair étant vraiment ressuscitée, quarante jours après sa Résurrection, avec sa chair ressuscitée et son âme. Il est monté au ciel et il siège à la droite de Dieu le Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts et rendra à chacun selon que ses oeuvres auront été bonnes ou mauvaises.

853
Nous croyons aussi le Saint-Esprit, pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, procédant du Père et du Fils, égal en tout et consubstantiel, également tout-puissant, également éternel, en tout comme le Père et le Fils. Nous croyons que cette sainte Trinité n'est pas trois dieux, mais un unique Dieu tout- puissant, éternel, invisible et immuable.

854
Nous croyons aussi que l'Eglise, sainte, catholique et apostolique, est la seule vraie, dans laquelle se donne un saint baptême et la véritable rémission de tous les péchés. Nous croyons aussi à la vraie résurrection de cette chair qui est maintenant nôtre, et à la vie éternelle. Nous croyons aussi qu'il y a un seul auteur du Nouveau et de l'Ancien Testament, de la Loi, des prophètes et des apôtres, le Dieu et Seigneur tout-puissant.

855

(Ajouts particuliers contre les erreurs des Orientaux).

Telle est la vraie foi catholique que, dans les articles ci- dessus, tient et prêche la sainte Eglise romaine. Mais en raison de diverses erreurs que certains ont introduites par ignorance et d'autres par malice, elle dit et prêche : Ceux qui, après le baptême, tombent dans le péché, ne doivent pas être rebaptisés, mais obtiennent le pardon de leur péchés par une vraie pénitence.

856
(Le sort des défunts) Que si, vraiment pénitents, ils sont morts dans la charité, avant d'avoir satisfait, par de dignes fruits de pénitence, pour ce qu'ils ont commis ou omis, leurs âmes sont purifiés après la mort par des peines purgatoires et purifiantes, comme l'a expliqué notre frère Jean (Parastron, o.f.m.). Pour adoucir ces peines, les intercessions des fidèles vivants leur sont utiles, à savoir le sacrifice de la messe, les prières, les aumônes et les autres oeuvres de piété que les fidèles ont coutume de faire pour d'autres fidèles selon les institutions de l'Eglise.

857
Pour les âmes de ceux qui, après avoir reçu le saint baptême, n'ont contracté absolument aucune souillure du péché, pour celles aussi qui, après avoir contracté la souillure du péché ont été purifiées, soient lorsqu'elles demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être dépouillées, comme on l'a dit plus haut, elles sont immédiatement reçues dans le ciel.

858
Pour les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, elles descendent immédiatement en enfer, où elles reçoivent cependant des peines inégales.

859
La même sainte Eglise romaine croit et affirme fermement que néanmoins, au jour du jugement, tous les hommes comparaîtront avec leur corps devant le tribunal du Christ pour y rendre compte de leurs actions
Rm 14,10 s.

860
La même sainte Eglise romaine tient et enseigne encore qu'il y a sept sacrements de l'Eglise : le baptême, dont on a parlé plus haut ; un autre est le sacrement de la confirmation, que les évêques confèrent par l'imposition des mains en oignant les baptisés ; un autre la pénitence ; un autre est l'Eucharistie, un autre le sacrement de l'ordre, un autre le mariage, un autre l'extrême-onction qui, selon la doctrine du bienheureux Jacques, est administrée aux malades.
La même Eglise romaine fait le sacrement de l'eucharistie avec du pain azyme ; elle tient et enseigne que, dans ce sacrement, le pain est vraiment transsubstantié en corps et le vin en sang de notre Seigneur Jésus Christ.
Sur le mariage, elle tient qu'un homme n'a pas le droit d'avoir simultanément plusieurs épouses, ni une femme plusieurs maris. Quand le mariage légitime est rompu par la mort d'un des conjoints, elle déclare que les secondes et, ensuite, les troisièmes noces sont successivement licites, si ne s'y oppose pas un autre empêchement canonique pour quelque raison.

861
Cette même sainte Eglise romaine possède aussi la primauté et autorité souveraine et entière sur l'ensemble de l'Eglise catholique. Elle reconnaît sincèrement et humblement l'avoir reçue, avec la plénitude du pouvoir, du Seigneur lui-même, en la personne du bienheureux Pierre, chef ou tête des apôtres, dont le pontife romain est le successeur. Et comme elle doit, avant les autres, défendre la vérité de la foi, ainsi les questions qui surgiraient à propos de la foi doivent être définies par son jugement. N'importe quel accusé peut en appeler à elle, dans les affaires qui relèvent des tribunaux d'Eglise ; et dans toutes les causes qui touchent à la juridiction ecclésiastique, on peut recourir à son jugement. A elle sont soumises toutes les Eglises, dont les prélats lui rendent obéissance et révérence. Sa plénitude de pouvoir est si établie qu'elle admet les autres Eglises à partager sa sollicitude. Cette même Eglise romaine a honoré beaucoup d'Eglises, et surtout les Eglises patriarcales, de divers privilèges, sa prérogative étant cependant toujours sauve dans les conciles généraux comme en d'autres occasions.



INNOCENT V : 21

janvier-22 juin 1276

ADRIEN V : 11

juillet-18 août 1276

JEAN XXI : 8 septembre

1276-20 mai 1277

NICOLAS III : 25 novembre

1277-22 août 1280

MARTIN IV : 22 février

1281-28 mars 1285

HONORIUS IV : 2 avril

1285-3 avril 1287

NICOLAS IV : 22 février

1288-4 avril 1292

CÉLESTIN V : 5 juillet-13

décembre 1294

BONIFACE VIII : 24 décembre

1294-11 octobre 1303


Bulle " Saepe sanctam ecclesiam ", 1er Août 1296.

Erreurs de la secte laïque du nouvel Esprit

866
Nous avons appris en effet que certaines personnes - même de sexe féminin - qui s'érigent contre la sainte Eglise catholique, enseignent qu'elles auraient les clés pour lier et délier, qu'elles entendent les confessions et absolvent les péchés, qu'elles tiennent des assemblées, non seulement de jour mais de nuit, dans lesquelles elles s'entretiennent de leurs absurdités... et qu'elles ont l'audace de prêcher ; abusant de la tonsure cléricale, contrairement au rite de l'Eglise, elles prétendent donner le Saint-Esprit par l'imposition des mains et qu'il ne faudrait manifester (compléter : 'de révérence' ? 'd'obéissance' ?) qu'à Dieu seul et non à quelqu'un d'autre, quelle que soit sa condition, sa dignité et son état. Elles affirment également plus efficaces les prières présentées par des personnes au corps totalement dénudé ;... et nient qu'il y ait dans ladite Eglise le pouvoir de lier et de délier... C'est pourquoi nous déclarons cette secte...condamnée et hérétique.

Bulle " Antiquorum habet ", 22 février 1300.

Indulgences.

868
Une relation digne de foi des anciens rapporte qu'à ceux qui se rendaient à la vénérable basilique des princes des apôtres de la Ville, étaient accordées de grandes rémissions et indulgences des péchés.
Nous donc... qui considérons toutes et chacune de ces rémissions et de ces indulgences comme légitimes et bienvenues, nous les confirmons et les approuvons en vertu de l'autorité apostolique...
Confiants en la miséricorde de Dieu tout-puissant et dans les mérites et l'autorité de ces mêmes apôtres, sur le conseil de nos frères et en vertu de la plénitude du pouvoir apostolique, à tous ceux qui... se rendent avec respect dans ces basiliques, qui ont vraiment fait pénitence et se sont confessés,... dans la présente année et dans chaque centième année qui suivra, nous concéderons et nous concédons un pardon non seulement large et plénier, mais le plus plénier, de tous leurs péchés.

Bulle " Unam sanctam ", 18 novembre 1302.

L'unicité de l'Eglise

870
La foi nous oblige instamment à croire et à tenir une seule sainte Eglise catholique et en même temps apostolique, et nous la croyons fermement et la confessons simplement, elle hors de laquelle il n'y a pas de salut ni de rémission des péchés... ; elle représente l'unique corps mystique

corps dont

le Christ est la tête, Dieu cependant étant celle du Christ. En elle il y a " un seul Seigneur, une seule foi, et un seul baptême " Ep 4,5. Unique en effet fut l'arche de Noé au temps du déluge, qui préfigurait l'unique Eglise ; achevée à une coudée, elle avait un seul pilote et chef, à savoir Noé, et hors d'elle, nous l'avons lu, tout ce qui subsistait sur terre fut détruit.

871
Nous la vénérons également comme l'unique, car le Seigneur dit dans le prophète : " Dieu, délivre mon âme de l'épée, et des pattes du chien mon unique "
Ps 22,2. Car il a prié à la fois pour l'âme, c'est-à-dire pour lui-même, la tête, et pour le corps, puisque le corps il l'a appelé l'unique, c'est-à-dire l'Eglise, à cause de l'unité de l'époux, de la foi, des sacrements, et de la charité de l'Eglise. Elle est cette " tunique sans couture " Jn 19,23 du Seigneur qui n'a pas été déchirée, mais tirée au sort.

872
C'est pourquoi cette Eglise une et unique n'a qu'un seul corps, une seule tête, non pas deux têtes comme pour un monstre, à savoir le Christ et le vicaire du Christ, Pierre, et le successeur de Pierre, car le Seigneur dit à Pierre lui- même : " Pais mes brebis "
Jn 21,17. Il dit " mes " en général, et non telle ou telle en particulier, d'où l'on comprend que toutes lui ont été confiées. Si donc les Grecs ou d'autres disent qu'ils n'ont pas été confiés à Pierre et à ses successeurs, il leur faut reconnaître qu'ils ne font pas partie des brebis du Christ, car le Seigneur dit lui-même en Jean : " il y a un seul bercail, un seul et unique pasteur " Jn 10,16.

Le pouvoir spirituel de l'Eglise.

873
Les paroles de l'Evangile nous l'enseignent : en elle et en son pouvoir il y a deux glaives, le spirituel et le temporel
Lc 22,38 Mt 26,52 ..
Les deux sont donc au pouvoir de l'Eglise, le glaive spirituel et le glaive matériel. Cependant l'un doit être manié pour l'Eglise, l'autre par l'Eglise. L'autre par la main du prêtre, l'un par la main du roi et du soldat, mais au consentement et au gré du prêtre. Or il convient que le glaive soit sous le glaive, et que l'autorité temporelle soit soumise au pouvoir spirituel... Que le pouvoir spirituel doive l'emporter en dignité et en noblesse sur toute espèce de pouvoir terrestre, il nous faut le reconnaître d'autant plus nettement que les réalités spirituelles ont le pas sur les temporelles... Comme la Vérité l'atteste : il appartient au pouvoir spirituel d'établir le pouvoir terrestre, et de le juger s'il n'a pas été bon...
Si donc le pouvoir terrestre dévie, il sera jugé par le pouvoir spirituel ; et si un pouvoir spirituel inférieur dévie, il le sera par celui qui lui est supérieur ; mais si le pouvoir suprême dévie, c'est par Dieu seul et non par l'homme qu'il pourra être jugé, comme l'atteste l'Apôtre : " L'homme spirituel juge de tout, et n'est lui-même jugé par personne " 1Co 2,15.

874
Cette autorité cependant, bien que donnée à un homme et exercée par un homme, n'est pas un pouvoir humain, mais bien plutôt divin. Donné à Pierre de la bouche de Dieu, confirmé pour lui et ses successeurs dans le Christ lui- même qu'il a confessé, lui, le roc, lorsque le Seigneur dit à Pierre lui-même : "Tout ce que tu lieras", etc.
Mt 16,19. Quiconque par conséquent résiste à ce pouvoir ordonné par Dieu, "résiste à ce que Dieu a ordonné" Rm 13,2, à moins qu'il n'imagine, comme Manès, deux principes, ce que nous jugeons faux et hérétique, car au témoignage de Moïse ce n'est pas dans les principes, mais " dans le principe (que) Dieu a créé le ciel et la terre " Gn 1,1.

875
En conséquence nous déclarons, disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain.



BENOIT XI : 22 octobre

1303-7 juillet 13


Constitution, " Inter cunctas sollicitudines " 17 février 1304.

La réitération de la confession.

880
Même s'il... n'est pas nécessaire de confesser à nouveau les péchés, Nous n'en demandons pas moins de façon ferme - car en raison de la honte qui représente une grande partie de la pénitence, Nous considérons qu'il est salutaire que soit réitérée la confession des mêmes péchés - que les frères (prêcheurs et mineurs) admonestent eux-mêmes les pénitents et les exhortent dans leurs prédications à se confesser au moins une fois l'an à leurs prêtres, en expliquant que cela fait partie sans aucun doute du progrès des âmes.


CLEMENT V : 5 juin 1305-20

avril 1314


Concile de VIENNE (15e oecuménique) 16 octobre 1311-6 mai 1312

3e session, 6 mai 1312.

a) Constitution "Ad nostrum qui".

Erreurs des Bégards et des Béguines concernant l'état de

perfection.

891
(1) Dans la vie présente l'homme pourrait atteindre un degré de perfection si élevé qu'il serait rendu incapable de pécher et ne pourrait davantage progresser dans la grâce. Car, disent-ils, si quelqu'un pouvait toujours progresser, il pourrait devenir plus parfait que le Christ.

892
(2)L'homme ne doit ni jeûner ni prier après avoir atteint ce degré de perfection, car la sensualité est alors si parfaitement soumise à l'esprit et à la raison, que l'homme peut librement consentir au corps ce qui lui plaît.

893
(3) Ceux qui ont atteint le degré mentionné de perfection et de liberté de l'esprit ne sont pas soumis à l'obéissance humaine et ne sont pas obligés d'obéir aux préceptes de l'Eglise, car, disent-ils, " là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté "
2Co 3,17.

894
(4) L'homme peut atteindre dans la vie présente la béatitude finale dans toute sa perfection comme il l'obtiendra dans la vie bienheureuse.

895
(5) Toute âme intellectuelle est en elle-même naturellement bienheureuse et l'âme n'a pas besoin de la lumière de la gloire qui l'élève pour voir Dieu et en jouir dans la béatitude.

896
(6) La pratique des actes de vertu est le fait de l'homme imparfait et l'âme parfaite donne congé aux vertus.

897
(7) Embrasser une femme, lorsque la nature n'y incline pas, est un péché mortel, mais l'acte charnel, lorsque la nature y incline, n'est pas un péché surtout lorsque celui qui le pratique est tenté.

898
(8) Ils ne doivent pas se lever au moment de l'élévation du corps du Christ Jésus, ni lui manifester de la révérence, car ils affirment que ce serait pour eux une imperfection de descendre de la pureté et de l'élévation de leur contemplation pour accorder une pensée au ministère ou au sacrement de l'eucharistie ou à la Passion de l'humanité du Christ.

899
(Censure) Nous condamnons cette secte en même temps que ses erreurs, Nous les réprouvons complètement et Nous interdisons avec la plus grande rigueur que quelqu'un à l'avenir les soutienne, les approuve ou les défende.

b) Constitution " Fidei catholica ".

Erreurs attribuée à Pierre Olivi.

900
(Les deux natures du Christ.) En adhérant fermement au fondement de la foi catholique, auquel personne ne peut en substituer un autre, selon le témoignage de l'apôtre
1Co 3,11, Nous confessons ouvertement avec la sainte Mère Eglise que le Fils unique de Dieu, qui subsiste éternellement avec le Père en tout ce en quoi le Père existe comme Dieu, a assumé dans le temps et dans le sein virginal, en l'unité de son hypostase et personne, les parties de notre nature qui lui sont en même temps unies, par lesquelles lui, qui existe en lui-même comme vrai Dieu, est devenu vrai homme, à savoir un corps humain passible et une âme intellective ou rationnelle, informant véritablement par elle- même et de manière essentielle le corps lui-même.

901
(Le côté transpercé du Christ). Nous confessons aussi que non seulement le Verbe de Dieu lui-même a voulu être cloué sur une croix dans la nature ainsi assumée et y mourir pour accomplir le salut de tous, mais aussi que, après avoir rendu son esprit, il a enduré que son côté fût transpercé par une lance, afin que, du flot d'eau et de sang qui s'en écoulait
Jn 19,34, fût formée la sainte Mère Eglise, unique, immaculée et vierge, épouse du Christ à l'image d'Eve qui a été formée à partir du côté du premier homme endormi pour devenir son épouse Gn 2,21 s, de sorte que, à la figure du premier et ancien Adam qui, selon l'Apôtre, "est la figure de celui qui était à venir" Rm 5,14, à savoir dans le Christ.
Telle est, dis-je, la vérité appuyée par le témoignage de cet aigle très grand que le prophète Ezéchiel Ez 1,4-28 a vu voler au-dessus des autres animaux évangéliques, c'est-à-dire le bienheureux Jean, apôtre et évangéliste, qui, en décrivant la réalité et l'ordre de ce mystère, dit dans son évangile : "Lorsqu'ils arrivèrent à Jésus, après avoir constaté qu'il était mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats lui ouvrit le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau. Et celui qui a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai, et lui sait qu'il a dit la vérité afin que vous croyiez" Jn 19,33-35.
Attentif à ce témoignage autorisé et à l'explication que les Pères et docteurs ont donnée de l'observation apostolique, avec l'approbation du saint concile, Nous déclarons que l'apôtre et évangéliste Jean, déjà mentionné, a respecté l'ordre exact des faits dans ce qui précède, en relatant qu'un des soldats ouvrit avec sa lance le côté du Christ, alors que celui-ci était déjà mort.

902
(L'âme forme du corps). De plus, avec l'approbation du saint concile, Nous rejetons comme étant erronée et ennemie de la foi toute doctrine ou position qui affirme témérairement ou qui met en doute que la substance de l'âme rationnelle ou intellective n'est pas vraiment et par elle-même forme du corps humain, et, pour que la vérité de l'authentique foi catholique soit connue de tous et que soit barrée la route conduisant à toutes les erreurs et que personne ne s'y engage, Nous définissons que doit être considéré comme hérétique quiconque osera désormais affirmer, soutenir ou tenir avec entêtement que l'âme rationnelle ou intellective n'est pas forme du corps humain par elle-même et par essence.

903
(l'effet du baptême). Pour cette raison, tous doivent fidèlement confesser qu'un unique baptême régénère tous ceux qui sont baptisés dans le Christ comme il n'y a qu'un seul Dieu et une seule foi
Ep 4,5, et que, célébré dans l'eau au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, Nous croyons qu'il est un remède parfait pour le salut aussi bien pour les adultes que pour les enfants.

904
Au vrai, en ce qui concerne l'effet du baptême chez les enfants, il se trouve des théologiens qui ont eu des opinions contraires, certains affirmant que, par l'efficacité du baptême, la faute était remise aux enfants, mais que la grâce ne leur était pas conférée ; d'autres au contraire que, par le baptême, la faute leur était remise et que les vertus et la grâce informante leur étaient infusées à l'état d'habitus
780 .
Considérant l'efficacité générale de la mort du Christ, qui est également appliquée à tous les baptisés par le baptême, Nous avons décidé que la deuxième opinion, qui affirme que la grâce informante et les vertus sont conférées aux enfants comme aux adultes par le baptême, doit être retenue comme plus probable et conforme aux affirmations des saints et des docteurs modernes en théologie.

c) Constitution "Ex gravi ad Nos".

L'usure

906
... Si quelqu'un tombe dans cette erreur au point d'avoir la présomption d'affirmer avec entêtement que ce n'est pas un péché de pratiquer l'usure, Nous décidons qu'il doit être puni comme hérétique.

d) Constitution "Exivi de paradiso".

Erreur concernant l'obligation du voeu de pauvreté (franciscaine).

908
Il a surgi parmi les frères une question qui n'est pas peu scrupuleuse, à savoir s'ils sont tenus, en vertu de la règle qu'ils professent, à un usage pauvre, restreint et parcimonieux des biens : certains d'entre eux croient et disent que, de même qu'ils ont complètement abandonné par voeu le droit de propriété sur les choses, de même la restriction et la parcimonie les plus grandes leur sont enjointes quant à leur usage ; au contraire, d'autres affirment qu'ils ne sont pas obligés par leur profession à un usage qui ne serait pas exprimé dans la règle, bien qu'ils soient tenus à un usage modéré selon la tempérance, qui leur convient encore davantage qu'aux autres chrétiens.
Désireux donc d'apporter le repos aux consciences desdits frères et de mettre un terme à leurs disputes, Nous disons par mode de déclaration que les Frères mineurs sont tenus, en vertu de leur profession, à cet usage restreint et pauvre qui est contenu dans leur règle, et selon le mode d'obligation contenue ou précisée dans la règle pour ledit usage. Nous jugeons présomptueux et téméraire de dire, comme certains semblent l'affirmer, qu'il est hérétique de considérer que l'usage pauvre est inclus ou n'est pas inclus dans le voeu de pauvreté évangélique.



JEAN XXII : 7 août

1316-4 décembre 1334


Constitution " Gloriosam Ecclesiam ", 23 janvier 1318.

L'Eglise et les sacrements, contre les Fraticelles.

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Par 12 .... Lesdits fils de la témérité et de l'impiété sont tombés, comme le rapportent des indications dignes de foi, à un tel point de pauvreté de l'esprit qu'ils pensent de façon impie contre la vérité la plus éminente et la plus salutaire de la foi chrétienne, qu'ils méprisent les sacrements vénérables de l'Eglise et que, poussés par le désir de la voir rapidement ruinée, ils cherchent, remplis d'une fureur aveugle, à ébranler la glorieuse primauté de l'Eglise romaine auprès de toutes les nations.

911
Par. 14. La première erreur donc qui sort de leur officine remplie de ténèbres invente deux Eglises, l'une charnelle, écrasée par les richesses, débordant de richesses et souillée de méfaits, et sur laquelle règnent, disent- ils, le pontife romain et les autres prélats inférieurs ; l'autre spirituelle, pure de par sa frugalité, ornée de vertus, ceinte par la pauvreté, dans laquelle ils se trouvent seuls avec leurs pareils, et à laquelle ils président également eux-mêmes de par le mérite d'une vie spirituelle, si du moins l'on peut faire crédit à leurs mensonges.

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Par. 16. La deuxième erreur qui souille la conscience de ces gens arrogants clame très haut que les vénérables prêtres et les autres serviteurs de l'Eglise sont dénués à ce point du pouvoir de juridiction et d'ordre, qu'ils ne peuvent ni porter des sentences, ni accomplir les sacrements, ni instruire et enseigner le peuple qui leur est soumis, et ils prétendent que sont privés de tout pouvoir ecclésiastique ceux dont ils voient qu'ils sont étrangers à leur perfidie, puisque c'est auprès d'eux seuls (selon leurs divagations) que demeure la sainteté de la vie spirituelle et de ce fait l'autorité ; et en cela ils suivent l'erreur des donatistes.

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Par. 18. Leur troisième erreur conspire avec l'erreur des vaudois, puisque les uns comme les autres affirment qu'on ne doit jurer dans aucun cas, et enseignent que sont souillés par la tache d'un péché mortel et voués au châtiment ceux qui se trouveraient liés par les obligations d'un serment.

914
Par. 20. Le quatrième blasphème de ces impies, qui jaillit de la source empoisonnée des vaudois susdits, invente que des prêtres qui ont été ordonnés de façon régulière et légitime selon le rite de l'Eglise, mais qui sont chargés de quelque méfait, ne peuvent accomplir ou conférer les sacrements de l'Eglise.

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Par. 22. La cinquième erreur aveugle à ce point l'esprit de ces hommes, qu'ils affirment que l'Evangile est accompli en eux seuls dans le temps présent, et que jusqu'ici (selon leurs divagations) il était voilé, voire totalement éteint.

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Par. 24. Il est bien d'autres choses encore, dit-on, que ces hommes présomptueux déblatèrent contre le vénérable sacrement du mariage, beaucoup d'autres choses qu'ils affabulent au sujet du cours des temps et de la fin du monde, beaucoup de choses que dans leurs mensonges déplorables ils répandent dans le peuple au sujet de la venue de l'Antichrist dont ils affirment qu'elle est imminente. Tout cela, que nous considérons pour partie comme hérétique, pour partie comme malsain, pour partie comme inventé, Nous pensons qu'il faut le condamner avec ceux qui en sont les auteurs, plutôt que de l'évoquer ou de le réfuter par écrit.


1996 Denzinger 839