1996 Denzinger 916

Constitution " Vas electionis " 24 juillet 1321.

Erreurs de Jean de Polliaco concernant la juridiction en

matière de confession

921
(1) - Celui qui s'est confessé à des frères qui ont la faculté générale d'entendre des confessions, est tenu de confesser à nouveau à son prêtre propre les mêmes péchés qu'il a confessés.

922
(2) - Aussi longtemps que vaut la prescription Omnis utriusque sexus du concile général
812 , le pontife romain ne peut pas faire que des paroissiens ne soient pas tenus de confesser tous leurs péchés au moins une fois l'an à leur prêtre propre dont il est dit qu'il est le curé de la paroisse ; pas même Dieu ne pourrait le faire puisque comme il l'a dit, cela implique une contradiction.

923
(3) - Le pape ne peut pas donner un pouvoir général d'entendre les confessions, et pas même Dieu, sans que celui qui s'est confessé à quelqu'un qui possède une faculté générale soit tenu de se confesser à nouveau à son prêtre propre dont il dit (comme cela est présupposé) qu'il est le curé de la paroisse.

924
(Censure) : ... Nous avons reconnu que les articles précités contiennent une doctrine qui n'est pas saine, mais très dangereuse et contraire à la vérité. Ces articles, le même maître Jean... les a rétractés tous, sans exception. Tous ces articles et chacun d'entre eux Nous les condamnons et les rejetons, sur le conseil de nos frères, en vertu de notre autorité apostolique, comme étant faux, erronés, s'éloignant de la saine doctrine, et Nous assurons que la doctrine qui leur est contraire est vraie et catholique...

Lettre " Nequaquam sine dolore " aux Arméniens 21 novembre 1321

Le sort des défunts

925
(L'Eglise romaine enseigne) ... Les âmes de ceux qui, après avoir reçu le sacrement du baptême, n'ont contracté absolument aucune souillure du péché, comme celles aussi qui après avoir contracté la souillure du péché ont été purifiées, soit lorsqu'elles demeuraient encore dans leurs corps, soit après s'en être dépouillées, sont immédiatement reçues dans le ciel.

926
Les âmes cependant de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, descendent immédiatement en enfer où elles reçoivent cependant des peines différentes en des lieux différents.

Constitution " Cum inter nonnullos " 12 novembre 1323.

Erreurs des spirituels au sujet de la pauvreté du Christ.

930
Puisqu'il arrive souvent chez certains scolastiques qu'on doute s'il faut considérer comme hérétique le fait d'affirmer avec obstination que notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ et ses apôtres n'ont rien possédé, ni personnellement, ni en commun, et qu'ils ont à ce sujet des opinions diverses et même contradictoires : soucieux de mettre fin à cette controverse, Nous déclarons, conformément au conseil de nos frères, par cet édit perpétuel que cette affirmation obstinée,
- Etant donné qu'elle contredit expressément les saintes Ecritures qui affirment en beaucoup d'endroits qu'ils ont possédé certaines choses, et qu'elle implique ouvertement que l'Ecriture sainte elle-même, par laquelle en vérité sont authentifiés les articles de la foi orthodoxe, contient le ferment du mensonge pour ce qui vient d'être dit, et par conséquent,
en détruisant entièrement la crédibilité qui est la sienne elle rend la foi catholique douteuse et incertaine en supprimant ce qui l'accrédite doit être considérée désormais comme erronée et hérétique.

931
Et encore (s 'il faut considérer comme hérétique) d'affirmer à l'avenir avec obstination qu'on ne doit pas reconnaître que notre Sauveur susdit et ses apôtres ont eu le droit d'user de ce dont l'Ecriture sainte atteste qu'ils le possédaient, et qu'ils n'avaient pas le droit de le vendre ou d'en faire don, ou de s'en servir pour acquérir autre chose, alors que la sainte Ecriture atteste qu'ils l'ont fait de ce qui a été mentionné, ou qu'ils auraient pu faire comme elle le donne à entendre expressément ;
- étant donné qu'une telle affirmation, qui n'est pas juste dans ses prémisses, inclut avec évidence ce qu'a été leur usage et ce qu'ils ont fait, - et qu'en tout cas penser cela de l'usage et des faits et gestes de notre Sauveur le Fils de Dieu est impie, contraire à la sainte Ecriture et ennemi de la doctrine catholique - Nous déclarons conformément au conseil de nos frères, que cette affirmation obstinée doit être considérée désormais à juste titre comme erronée et hérétique.

Constitution " Licet iuxta Doctrinam " à l'évêque de Worcester

23/10/1327

Erreurs de Marsile de Padoue concernant la constitution de

l'Eglise

941
(1) - Ce qu'on lit du Christ dans l'Evangile du bienheureux Matthieu
Mt 17,27 à savoir qu'il a payé le tribut à César lorsqu'il ordonna de donner un statère pris dans la bouche d'un poisson à ceux qui demandaient un didrachme, il ne l'a pas fait par condescendance, en raison de la libéralité de sa piété, mais contraint par la nécessité.

942
(2) - Le bienheureux apôtre Pierre n'était pas davantage tête de l'Eglise que tous les autres apôtres, et n'avait pas davantage d'autorité que les autres apôtres ; et le Christ n'a laissé aucune tête à l'Eglise et n'a fait de personne son vicaire.

943
(3) - I1 revient à l'empereur de corriger le pape et de le punir, de l'instituer et de le destituer.

944
(4) - Tous les prêtres, que ce soit le pape, un archevêque ou un simple prêtre, ont de par l'institution du Christ une autorité et une juridiction égales ; mais ce que l'on a de plus que l'autre correspond à ce que l'empereur a concédé en plus ou en moins, et, de même qu'il l'a concédé, il peut le révoquer.

945
(5) - Le pape ou l'Eglise prise tout entière ne peut pas punir un homme, quelque scélérat qu'il soit, par une punition contraignante, à moins que l'empereur leur en ait donné le pouvoir.

946
(Censure : les articles précités) ... Nous déclarons par jugement qu'ils sont contraires à la sainte Ecriture et ennemis de la foi catholique, hérétiques ou analogues à des hérésies et erronés, et que les susdits Marsile et Jean sont des hérétiques et même des hérésiarques manifestes et notoires.

Constitution " In agro dominico " 27 Mars 1329.

Erreurs d'Eckhart concernant le rapport de Dieu au monde et à

l'homme.

950
De l'enquête ... faite d'abord par ordre... de l'archevêque de Cologne, et finalement reprise sur notre ordre à la Curie romaine, nous avons appris qu'il est établi de évidente par les aveux du même Eckhart qu'il a prêché, enseigné, écrit vingt-six propositions dont la teneur suit :

951
(1) - Comme on lui demandait un jour pourquoi Dieu n'avait pas produit le monde plus tôt, il répondît alors, comme encore maintenant, que Dieu n'avait pu produire le monde d'abord parce qu'une chose ne peut pas agir avant d'être par conséquent, dès que Dieu fut, il créa le monde.

952
(2) - De plus, on peut concéder que le monde a existé de toute éternité.

953
(3) - De plus, en même temps et à la fois, dès l'instant où Dieu fut et engendra le Fils, Dieu coéternel et coégal en toute choses, il créa aussi le monde.

954
(4) - De plus, en toute oeuvre, même mauvaise, je dis mauvaise aussi bien du mal de la peine que du mal de la faute se manifeste et brille également la gloire de Dieu.

955
(5) - De plus, celui qui injurie un autre loue Dieu par le péché même qu'il commet par ces injures, et il loue Dieu d'autant plus qu'il injurie davantage et qu'il pèche plus gravement.

956
(6) - De plus, celui qui blasphème Dieu lui-même loue Dieu

957
(7) - De plus, celui qui demande ceci ou cela demande le mal et demande mal, parce qu'il demande la négation du bien et la négation de Dieu, et prie Dieu de se nier soi-même.

958
(8) - Ceux qui cherchent ni les biens, ni les honneurs, ni l'agrément, ni le plaisir, ni l'utilité, ni la dévotion intérieure, ni la sainteté, ni la récompense, ni le Royaume des cieux, mais ont, au contraire, renoncé à tout cela, comme à tout ce qui est leur, dans ces hommes-là Dieu est honoré.

959
(9) - Je me suis demandé récemment si je voudrais recevoir ou désirer quelque chose de Dieu. Je veux y penser très sérieusement, parce que là où je serais en acceptant quelque chose de Dieu, je serais sous lui ou son inférieur, tel un serviteur ou un esclave, et lui-même, en donnant, serait comme un maître et ce n'est pas ainsi que nous devons être dans la vie éternelle.

960
(10) - Nous sommes totalement transformés en Dieu et changés en lui ; de la même manière que, dans le sacrement, le pain est changé en corps du Christ, je suis changé en lui, parce qu'il me fait son être un et non pas simplement semblable. Par le Dieu vivant, il est vrai que là il n'y a plus aucune distinction.

961
(11) - Tout ce que Dieu le Père a donné à son Fils unique dans la nature humaine, il me l'a donné tout entier. Ici je n'excepte rien : ni l'union ni la sainteté. Il me l'a donné tout entier comme il le lui a donné.

962
(12) - Tout ce que la sainte Ecriture dit du Christ se vérifie intégralement de tout homme bon et divin.

963
(13) - Tout ce qui est propre à la nature divine est aussi en totalité propre à l'homme juste et divin ; c'est pourquoi cet homme opère tout ce que Dieu opère et il a, en commun avec Dieu, créé le ciel et la terre et il est générateur du Verbe éternel et Dieu ne saurait rien faire sans un tel homme.

964
(14) - L'homme bon doit conformer sa volonté à la volonté de Dieu de telle façon qu'il veuille tout ce que Dieu veut : et puisque Dieu veut, en quelque sorte, que j'aie péché, je ne voudrais pas ne pas avoir commis de péchés, et c'est là la vraie pénitence.

965
(15) - Si un homme avait commis mille péchés mortels et que cet homme fût droitement disposé, il ne devrait pas vouloir ne pas les avoir commis.

966
(16) - Dieu ne commande à proprement parler aucun acte extérieur.

967
(17) - L'acte extérieur n'est proprement ni bon, ni divin, et ce n'est pas proprement Dieu qui l'opère ou le produit.

968
(18) - Portons le fruit non d'actes extérieurs qui ne nous rendent pas bons, mais des actes intérieurs que fait et opère le Père qui demeure en nous.

969
(19) - Dieu aime les âmes, non l'oeuvre extérieure.

970
(20) - L'homme bon est le Fils unique de Dieu.

971
(21) - L'homme noble est ce Fils unique de Dieu, que le Père a engendré de toute éternité.

972
(22) - Le Père m'engendre comme son fils et le même fils. Tout ce que Dieu opère, tout cela est un ; c'est pourquoi Il m'engendre comme son fils, sans aucune distinction.

973
(23) - Dieu est Un sous toutes les formes et sous tous les rapports, en sorte qu'il ne peut être trouvé en lui nulle multiplicité qu'elle soit réelle ou de raison. Quiconque voit dualité ou voit distinction ne voit pas Dieu, car Dieu est un, hors du nombre et au-dessus du nombre et il ne fait nombre avec rien. Il en résulte (à savoir dans un passage ultérieur) qu'il ne peut y avoir et l'on ne peut concevoir aucune distinction en Dieu lui-même.

974 (24) - Toute distinction est étrangère à Dieu dans la nature et dans les personnes. La preuve en est que la nature est une et Un, et chaque personne est également une et ce même Un que la nature.

975
(25) - Lorsqu'il est dit : "Simon, m'aimes-tu plus que tous ceux-ci ?"
Jn 21,15 le sens "plus que tu aimes ceux-ci" est bon, mais non parfait. Car, dans le premier et le second, dans plus et moins, il y a une gradation et un ordre, mais dans l'unité il n'y a ni gradation ni ordre. Donc celui qui aime Dieu plus que son prochain aime bien, mais pas encore parfaitement.

976
(26) - Toutes les créatures sont un pur néant ; je ne dis pas qu'elles sont peu de chose ou quelque chose, mais qu'elles sont un pur néant.
On a, de plus, reproché audit Eckhart d'avoir prêché deux autres articles en ces termes :

977
(1) - il y a dans l'âme quelque chose qui est incréée et incréable ; si l'âme entière était telle, elle serait incréé et incréable ; et c'est cela l'intellect.

978
(2) - Dieu n'est ni bon, ni meilleur, ni le meilleur ; quand j'appelle Dieu bon, je parle aussi mal que si j'appelais noir ce qui est blanc.

979 (Censure)... Parce que Nous... avons trouvé que les quinze premiers articles mentionnés et aussi les deux derniers, tant par les termes employés que par l'enchaînement de leurs idées, contiennent des erreurs ou sont entachés d'hérésie mais les onze autres, dont le premier commence par les mots " Dieu ne commande, etc. 966 Nous les avons trouvés tout à fait malsonnants, très téméraires et suspects d'hérésie, bien que, moyennant force explications et compléments, ils puissent prendre ou avoir un sens catholique :
pour que des articles de ce genre ou leur contenu ne puissent continuer de corrompre les coeurs des gens simples qui les ont entendus,... Nous... condamnons et réprouvons expressément comme hérétiques les quinze premiers articles et les deux derniers, et comme malsonnants, téméraires et suspects d'hérésie les onze autres articles précités, et pareillement tous livres ou opuscules contenant lesdits articles ou l'un d'entre eux...

980
En outre ... Nous tenons à faire savoir, ainsi qu'il appert du protocole rédigé par la suite, que ledit Eckhart, confessant à la fin de sa vie la foi catholique, révoqua quant a leur sens et désavoua même les vingt- six articles précités qu'il reconnut avoir prêchés, de même que toutes autres choses écrites ou enseignées par lui... qui pourraient faire adopter aux esprits des fidèles un sens hérétique ou erroné et contraire à la vraie foi..., soumettant tant sa personne que tous ses écrits et toutes ses paroles à la décision du Siège apostolique, notre Siège.

Bulle " Ne super bis " 3 décembre 1334.

Rétractation de Jean XXII - La béatitude des saints.

990
Pour que ce qui a souvent été dit au sujet des âmes purifiées séparées du corps (si avant de reprendre les corps elles voient l'essence divine de cette vision que l'Apôtre appelle face à face), aussi bien par Nous que par certains autres en notre présence, par la citation de la sainte Ecriture et des dits authentiques des saints ou par d'autres raisonnements, n'en vienne pas à s'imprimer autrement dans les oreilles des fidèles qu'elles ont été dites et comprises, et qu'elles sont dites et comprises par Nous, voici que par la présente Nous déclarons comme suit la pensée qui est et qui était la nôtre, avec la sainte Eglise catholique, à ce sujet.

991
Nous professons donc et Nous croyons que les âmes purifiées séparées des corps sont rassemblées au ciel, dans le Royaume des cieux et au paradis, avec le Christ dans la compagnie des anges, et que, suivant la loi commune, elles voient Dieu et l'essence divine face à face et clairement, autant que le permet l'état et la condition de l'âme séparée.
Mais si de façon quelconque sur cette matière autre chose avait été dit par Nous, ou dit autrement, Nous l'avons dit dans la disposition de la foi catholique, et Nous affirmons l'avoir dit ainsi en en traitant et en l'exposant, et Nous voulons que cela ait été dit ainsi. De plus : si au sujet de ce qui a trait à la foi catholique, à la sainte Ecriture ou aux bonnes moeurs, Nous avons dit d'autres choses dans la prédication, l'explication, la doctrine, l'enseignement ou d'une autre manière, Nous les approuvons pour autant qu'elles consonnent avec la foi catholique, la détermination de l'Eglise, la sainte Ecriture et les bonnes moeurs ; sinon Nous voulons que cela soit tenu comme n'ayant pas été dit, et Nous ne l'approuvons d'aucune manière, au contraire dans la mesure où cela n'était pas en accord avec ce que Nous avons mentionné - la foi catholique, la détermination de l'Eglise, la sainte Ecriture ou les bonnes moeurs, ou l'une de ces choses - Nous le réprouvons ; et de la même façon tout ce que Nous avons dit et écrit sur quelque matière que ce soit, où que ce soit, en quelque lieu que ce soit, et quel que soit ou qu'ait été notre état jusque- là, Nous le soumettons à la détermination de l'Eglise et de nos successeurs.



BENOIT XII: 20 décembre 1334

- 25 avril 1342


Constitution " Benedictus Deus " 29 Janvier 1336

Le sort de l'homme après la mort.

1000
(la vision béatifique de Dieu). Par cette constitution qui restera à jamais en vigueur, et en vertu de l'autorité apostolique nous définissons:
- que selon la disposition générale de Dieu, les âmes de tous les saints qui ont quitté ce monde avant la Passion de notre Seigneur Jésus Christ, ainsi que celles des saints apôtres, martyrs, confesseurs, vierges et autres fidèles morts après avoir reçu le saint baptême du Christ, en qui il n'y avait rien à purifier lorsqu'ils sont morts, et en qui il n'y aura rien à purifier lorsqu'ils mourront à l'avenir, ou s'il y a eu ou s'il y aura quelque chose à purifier, lorsque, après leur mort, elles auront été purifiées,
- et que les âmes des enfants régénérés par ce même baptême du Christ ou encore à baptiser, une fois qu'ils l'auront été, s'ils viennent à mourir avant d'user de leur libre arbitre, aussitôt après leur mort et la purification dont nous avons parlé pour celles qui en auraient besoin, avant même de reprendre leurs corps et avant même le jugement et cela depuis l'Ascension de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ au ciel, ont été, sont et seront au ciel, au Royaume des cieux et au paradis céleste avec le Christ, réunis dans la compagnie des saints anges,
et que depuis la Passion et la mort du Seigneur Jésus Christ elles ont vu et voient l'essence divine d'une vision intuitive et même face à face - dans la médiation d'aucune créature qui serait un objet de vision ; au contraire l'essence divine se manifeste à eux immédiatement à nu, clairement et à découvert -, et que par cette vision elles jouissent de cette même essence divine ; et qu'en outre, en raison de cette vision et de cette jouissance, les âmes de ceux qui sont déjà morts sont vraiment bienheureuses et possèdent la vie et le repos éternel, et que de même les âmes de ceux qui mourront dans la suite verront cette même essence divine et en jouiront avant le jugement général ;

1001
et que cette vision de l'essence divine et sa jouissance font disparaître en elles les actes de foi et d'espérance, dans la mesure où la foi et l'espérance sont des vertus proprement théologiques ;
et que, après qu'une telle vision intuitive face à face et une telle jouissance ont ou auront commencé, cette même vision et cette même jouissance existent de façon continue, sans interruption ni amoindrissement de cette vision et de cette intuition, et demeurent sans fin jusqu'au jugement dernier, et après lui pour toujours.

1002

(Enfer. - Jugement général.) En outre nous définissons que,
selon la disposition générale de Dieu, les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après leur mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles, et que néanmoins au jour du jugement tous les hommes comparaîtront avec leurs corps "devant le tribunal du Christ " pour rendre compte de leurs actes personnels, " afin que chacun reçoive le salaire de ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal "
2Co 5,10.


Ecrit " cum dudum " aux Arméniens - Août 1341

Erreurs reprochées aux Arméniens

1006
4. De même les Arméniens disent et tiennent que le péché personnel des premiers parents eux-mêmes était si grave que tous leurs enfants engendrés de leur semence, jusqu'à la passion du Christ, ont été damnés en raison du péché personnel de ceux-là qu'on vient de dire, et qu'après leur mort ils furent précipités en enfer, non pas parce qu'ils auraient contracté eux- mêmes d'Adam un péché originel - puisqu'ils disent que les enfants n'ont absolument aucun péché originel, ni avant la Passion du Christ, ni après -, mais la damnation mentionnée les a atteints avant la Passion du Christ en raison de la gravité du péché personnel qu'ont commis Adam et Eve en transgressant le précepte divin qui leur avait été donné ; mais après la Passion du Christ dans laquelle le péché des premiers parents a été détruit, les enfants nés des fils d'Adam ne sont pas livrés à la damnation et ne doivent pas être précipités en enfer en raison du péché qui a été mentionné, puisque le Christ a détruit entièrement dans sa Passion le péché des premiers parents.

1007
5. De même un maître des Arméniens du nom de Mechitriz, ce qui se traduit par Paraclet, a de nouveau introduit et enseigné que l'âme humaine de l'enfant est propagée à partir de l'âme du père, comme le corps l'est à partir du corps, et aussi un ange à partir de l'autre ; car puisque l'âme humaine qui est douée de raison et l'ange qui est doué d'une nature intellectuelle sont en quelque sorte des lumières spirituelles, elles propagent par elles-mêmes d'autres lumières spirituelles.

1008
6. De même les Arméniens disent que les enfants qui naissent de parents chrétiens après la Passion du Christ, s'ils meurent avant d'être baptisés, vont au paradis terrestre dans lequel se trouvait Adam avant le péché ; quant aux âmes des enfants qui naissent de parents non chrétiens après la Passion du Christ et qui meurent sans le baptême, elles vont aux lieux où se trouvent les âmes de leurs parents.

1009
De même les Arméniens disent que les âmes des enfants baptisés et les âmes des hommes très parfaits entreront après le jugement général dans le Royaume des cieux où elles seront libres de tout mal de cette vie servant de peine... Cependant elles ne verront pas l'essence de Dieu, car aucune créature ne peut la voir ; mais elles verront l'éclat de Dieu qui émane de son essence de même que la lumière émane du soleil et pourtant n'est pas le soleil.

1010
17. De même les Arméniens tiennent communément qu'il n'y a pas de purgatoire des âmes dans l'autre monde puisque, disent-ils, si le chrétien reconnaît ses péchés, tous les péchés et les peines du péché lui sont remis. Ils ne prient pas non plus pour les défunts, pour que dans l'autre monde les péchés leur soient remis, mais ils prient de façon générale pour tous les morts, comme par exemple pour la bienheureuse Marie, les apôtres...

1011
18. De même les Arméniens croient et tiennent que le Christ est descendu du ciel et s'est incarné pour le salut des hommes non pas parce que les enfants nés d'Adam et d'Eve contractent d'eux, après leur péché, le péché originel dont ils sont sauvés par l'Incarnation et la mort du Christ - puisqu'ils disent qu'il n'existe aucun péché de cette sorte dans les fils d'Adam ; mais ils disent que le Christ s'est incarné et a souffert pour le salut des hommes parce que par sa Passion les fils d'Adam qui ont précédé ladite Passion ont été libérés de l'enfer dans lequel ils se trouvaient, non pas en raison du péché originel qui aurait été en eux, mais en raison de la gravité du péché personnel des premiers parents. Ils croient aussi que le Christ s'est incarné et a souffert pour le salut des enfants nés après sa Passion parce que par sa Passion il a totalement détruit l'enfer. ...

1012
19.... Ils affirment à ce point que... la concupiscence de la chair est un péché et un mal, que même des parents chrétiens, lorsqu'ils s'unissent maritalement, commettent un péché..., puisqu'ils disent que l'acte matrimonial et même le mariage sont un péché.

1013
40.... D'autres cependant disent que les évêques et les prêtres des Arméniens ne font rien pour la rémission des péchés, ni de façon principale, ni de façon ministérielle, mais que seul Dieu remet les péchés ; les évêques et les prêtres n'interviennent pour l'effectuation de cette rémission des péchés que parce qu'ils ont reçu de Dieu le pouvoir de prononcer ces paroles et qu'ils disent par conséquent, lorsqu'ils donnent l'absolution : " Que Dieu te remette tes péchés", ou : "Je te remets tes péchés sur terre, et que Dieu te les remette dans les cieux."

1014
42. De même les Arméniens disent et tiennent que seule la Passion du Christ, sans aucun autre don de Dieu, même rendant agréable à Dieu, suffit pour la rémission des péchés et ils ne disent pas que pour opérer la rémission des péchés est requise la grâce qui rend agréable à Dieu ou qui justifie, ni non plus que dans les sacrements de la Loi nouvelle est donnée la grâce qui rend agréable à Dieu.

1015
49. De même ils disent que si quelqu'un... prend une troisième (femme), ou une quatrième et ainsi de suite, il ne peut pas être absous par leur Eglise puisqu'ils disent qu'un tel mariage est de la fornication.

1016
58. De même les Arméniens disent et tiennent que pour qu'un baptême soit vrai, trois choses sont requises, à savoir de l'eau, du chrême... et l'eucharistie, de sorte que si quelqu'un en baptisait un autre et disait "Je te baptise au nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint, Amen", et qu'il ne serait pas oint ensuite de chrême, il ne serait pas baptisé... Et de même Si l'eucharistie ne lui était pas donnée, il ne serait pas baptisé.

1017
66. De même tous les Arméniens disent et tiennent communément que par les paroles qui se trouvent dans leur canon de la messe, lorsqu'il est dit par le prêtre : " Il prit du pain et rendit grâce, le rompit et le donna à ses disciples élus se trouvant à table : Prenez et mangez-en tous, ceci est mon Corps... ; de même il prit le calice... en disant Prenez et buvez- en tous, ceci est mon Sang ... en rémission des péchés", le Corps et le Sang du Christ ne sont pas réalisés, et qu'il n'ont pas non plus l'intention de les réaliser, et qu'ils ne disent ces paroles que par mode de récit, c'est-à-dire en récitant ce que le Seigneur a fait lorsqu'il a institué le sacrement. Et après lesdites paroles le prêtre dit beaucoup de prières qui se trouvent dans leur canon, et après ces prières il arrive à l'endroit où est dit ceci dans leur canon : " Nous t'adorons, nous te supplions et te demandons, Dieu très bon, envoie sur nous et sur ce don qui est présenté, l'Esprit qui t'est consubstantiel, par lequel du pain qui a été béni tu feras vraiment le Corps de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ - et ces paroles le prêtre les dit trois fois, et ensuite le prêtre dit sur le calice et le vin qui a été béni " Tu feras vraiment le Sang de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ", et ils croient que c'est par ces paroles (appelées " épiclèse") que sont réalisés le Corps et le Sang du Christ. ...

1018
67. De même les Arméniens ne disent pas qu'après les paroles de consécration mentionnées ci-dessus s'est produite une transsubstantiation du pain et du vin dans le vrai Corps et le vrai Sang du Christ qui est né de la Vierge Marie, qui a souffert et qui est ressuscité, mais ils tiennent que ce sacrement est une représentation, ou une similitude ou une figure du vrai Corps et du vrai Sang du Seigneur .. c'est pourquoi ils n'appellent pas le sacrement de l'autel Corps et Sang du Christ, mais hostie, sacrifice ou communion.

1019
68. De même les Arméniens disent et tiennent que si un prêtre ou un évêque ordonné se livre à la fornication, même en secret, il perd le pouvoir d'accomplir tous les sacrements et de les administrer.

1020
70. De même les Arméniens ne disent pas et ne tiennent pas que le sacrement de l'eucharistie reçu dignement opère la rémission des péchés en celui qui les reçoit, ou la remise des peines dues pour le péché, ou que par lui est donnée la grâce de Dieu ou son accroissement, mais ils disent seulement que .. le Corps du Christ entre dans son corps et se change en lui, de même que d'autres aliments se changent en celui qui a été alimenté.




CLEMENT VI : 7 Mai 1342 -

6 Décembre 1352


Bulle jubilaire " Unigenitus Dei Filius " 27 Janvier 1343.

Le trésor des mérites du Christ qui doit être distribué par

l'Eglise.

1025
Le Fils unique de Dieu... " qui. est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et Rédemption "
1Co 1,30, " non pas avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire et nous a acquis une Rédemption éternelle " He 9,12.
Car ce n'est par rien de corruptible, or ou argent, mais par son sang précieux, le sang de l'agneau pur et sans tache, qu'il nous a rachetés 1P 1,18 ss ; et ce sang, nous le savons, il l'a répandu, innocent immolé sur l'autel de la croix, non pas en une infime goutte, qui pourtant aurait suffi en raison de son union avec le Verbe à la Rédemption de tout le genre humain, mais en abondance, comme un fleuve, tellement que " de la plante des pieds au sommet de la tête plus rien d'intact" Is 1,6 ne se trouvait en lui.
Il a donc acquis un trésor si grand à l'Eglise militante, pour que la miséricorde d'une telle effusion ne soit pas inutile, vaine ou superflue ; en bon Père il a voulu amasser des trésors pour ses fils, afin que par là "les hommes eussent un inépuisable trésor, où ceux qui y puisent aient part à l'amitié de Dieu" Sg 7,14.

1026
Ce trésor il a voulu qu'il soit dispensé aux fidèles pour leur salut par le bienheureux Pierre, porteur des clés au ciel, et ses successeurs, ses vicaires sur terre, et que, pour des motifs justes et raisonnables, afin de remettre tantôt partiellement tantôt complètement la peine temporelle due au péché, il soit appliqué miséricordieusement, en général comme en particulier (comme ils estimeraient devant Dieu qu'il serait utile) à ceux qui, vraiment pénitents, se seraient confessés.

1027
A l'abondance de ce trésor contribuent, nous le savons, les mérites de la bienheureuse Mère de Dieu et de tous les élus, du premier juste jusqu'au dernier, et il ne faut pas craindre qu'il s'épuise ou qu'il diminue, aussi bien en raison des mérites infinis du Christ (comme il a été dit) que parce que plus il y d'hommes amenés à la justice lorsqu'on applique ce trésor, plus s'accroît l'abondance des mérites.


Rétractation de Nicolas d'Autrecourt, 25 Novembre 1347.

Erreurs philosophiques de Nicolas d'Autrecourt

1028
1... On ne peut avoir pour ainsi dire aucune certitude concernant les réalités moyennant les apparences naturelles mais on peut l'avoir rapidement de façon modique si les hommes tournent leur intellect vers les réalités et non pas vers l'intellect d'Aristote et du commentateur.

1029
2... On ne peut pas, en raison de l'évidence susdite, inférer ou conclure avec évidence d'une seule chose une autre chose, ou du non-être de l'une le non- être de l'autre.

1030
3... Les propositions " Dieu est " et " Dieu n'est pas " signifient totalement la même chose, bien que d'une autre manière.

1031
9... La certitude de l'évidence n'a pas de degrés.

1032
10... Nous n'avons pas la certitude de l'évidence au sujet d'une substance matérielle qui est autre chose que notre âme.

1033
11... A l'exception de la certitude de la foi il n'y avait pas d'autre certitude que la certitude du premier principe ou celle qui peut être ramenée au premier principe.

1034
14... Nous ne savons pas de façon évidente qu'autre chose que Dieu peut être la cause d'un effet quelconque - qu'une cause quelconque, qui n'est pas Dieu, cause de façon efficace - qu'il y a ou qu'il peut y avoir une cause efficiente naturelle quelconque.

1035
15... Nous ne savons pas avec évidence qu'un effet quelconque est ou peut être produit de façon naturelle.

1036
17... Nous ne savons pas avec évidence qu'un sujet concourt dans une production quelconque.

1037
21... Si une réalité quelconque est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle ne dépasse pas toutes les autres en excellence.

1038
22... Si une réalité quelconque est démontrée, nul ne sait de façon évidente qu'elle n'est pas Dieu, si par Dieu nous entendons l'être le plus excellent.

1039
25... Nul ne sait de façon évidente que ceci ne peut pas être concédé de façon raisonnable : " Si une réalité quelconque est produite, Dieu est produit."

1040
26... On ne peut pas montrer avec évidence que n'importe quelle réalité n'est pas éternelle.

1041
30... Ces déductions ne sont pas évidentes : " Il existe un acte d'intellection, donc il existe une intelligence. Il existe de vouloir, donc il existe une volonté."

1042
31... On ne peut pas montrer avec évidence que tout ce qui apparaît n'est pas vrai.

1043
32... Dieu et la créature ne sont pas quelque chose.

1044
39... L'univers est pleinement parfait en lui-même et en toutes ses parties, et il ne peut pas exister d'imperfection, ni dans le tout, ni dans les parties, et c'est pourquoi il faut que le tout aussi bien que les parties soient éternels, et qu'ils ne passent pas du non-être à l'être, ni inversement, parce qu'il résulte nécessairement de cela de l'imperfection dans l'univers ou dans ses parties.

1045
40... Tout ce qui est dans l'univers est mieux lui-même que non lui-même.

1046
42... La récompense des bons et la punition des mauvais se fait par ceci que, lorsque les corps faits d'atomes sont séparés, il reste un certain esprit appelé intellect, et un autre appelé sens ; et de même que dans le bon ces esprits se trouvaient dans la disposition la meilleure, de même ils se trouveront une infinité de fois, conformément au fait que ces atomes se rencontreront une infinité de fois ; et c'est en cela que le bon sera récompensé ; mais le mauvais sera puni parce que une infinité de fois, lorsque se répétera la rencontre de ses atomes, il aura toujours la disposition mauvaise. Ou bien, dit-il (Nicolas d'Autrecourt), on peut admettre d'une autre façon que ces deux esprits des bons, lorsqu'on dit que leur suppôt est détruit, deviennent présents à un autre suppôt constitué d'atomes plus parfaits. Et alors, du fait qu'un tel suppôt a plus de flexibilité et de perfection, ce qui est intelligible vient à eux davantage qu'auparavant.

1047
43... Le fait d'être corruptible inclut un antagonisme une contradiction.

1048
53... Ceci est le premier principe, et aucun autre : " Si quelque chose est, il est quelque chose. "

1049
58...Dieu peut commander à une créature rationnelle qu'elle doit le haïr, et si elle obéit, elle a plus de mérite que si elle l'aimait en raison d'un précepte, car elle le ferait avec un effort plus grand et davantage contre sa propre inclination.



1996 Denzinger 916