1996 Denzinger 3272

3272
.. Les deux lois divines, aussi bien celle qui a été proclamée par la lumière de la raison naturelle que celle qui l'a été par les Ecriture composées sous l'inspiration divine, défendent formellement que personne, en dehors d'une cause publique, blesse ou tue un homme, à moins d'y être contraint par la nécessité de défendre sa vie. Mais ceux qui appellent à un combat privé ou qui, si on le leur offre, l'acceptent, le font en ayant pour but et en s'efforçant, sans y être poussés par aucune nécessité, d'arracher la vie à leur adversaire ou du moins de le blesser.
Les deux lois divines interdisent en outre d'exposer témérairement sa vie en affrontant un péril grave et manifeste, alors qu'aucun motif de devoir ou de charité magnanime n'y invite ; or cette témérité aveugle, au mépris de la vie, est clairement dans la nature du duel.
C'est pourquoi il ne peut être obscur ou douteux pour personne que ceux qui s'engagent de façon privée dans un combat singulier, tout à la fois encourent le crime du sang d'autrui et exposent volontairement leur propre vie. Enfin il n'est guère de fléau qui soit plus contraire à la discipline de la vie sociale, et qui détruise davantage l'ordre public que cette licence accordée aux citoyens de se faire chacun, de sa propre autorité et de sa propre main, le défenseur de son droit et le vengeur de l'honneur qu'il juge outragé.

3273
Pour ceux aussi qui acceptent un combat qui leur est offert, la crainte n'est pas une excuse suffisante, lorsqu'ils redoutent de passer communément pour lâches s'ils refusent de se battre. Car s'il fallait mesurer les devoirs des hommes aux fausses opinions de la foule, et non d'après la norme éternelle de ce qui est droit et juste, il n'y aurait pas de différence naturelle et véritable entre les actions honnêtes et les faits honteux. Les sages païens eux-mêmes ont su et enseigné que l'homme fort et courageux devait mépriser les jugements trompeurs de la foule. Au contraire, c'est une crainte juste et sainte qui détourne l'homme du meurtre inique, qui lui fait avoir le souci de sa propre vie et de celle des frères. En outre, celui qui dédaigne les vains jugements de la foule, qui aime mieux subir le coup des outrages que d'être jamais infidèle à son devoir, celui-là possède manifestement une âme plus grande et plus élevée que l'autre qui court aux armes, aiguillonné par l'injure. Bien plus, à juger sainement, il est même le seul en qui brille le courage solide, ce courage, dis- je, qui est appelé à juste titre vertu, et qu'accompagne une gloire ni trompeuse, ni mensongère. La vertu en effet consiste dans le bien en accord avec la raison, et à moins qu'elle ne se fonde sur l'approbation de Dieu, toute gloire est stupide.



Encyclique "Octobri mense", 22 septembre 1891.

Marie médiatrice des grâces

3274
Lorsque le Fils éternel de Dieu voulut, pour le rachat et l'honneur de l'homme, prendre une nature humaine et pour cela réaliser comme une union mystique avec le genre humain tout entier, il ne l'a pas fait avant que la mère choisie n'ait donné son libre consentement ; elle agissait en quelque sorte en la personne du genre humain lui-même, selon l'opinion très célèbre et très vraie de 1'Aquinate : "A travers l'Annonciation était attendu le consentement de la Vierge au nom de toute la nature humaine."
C'est pourquoi il est permis d'affirmer avec non moins de vérité et de justesse, qu'absolument rien de cet immense trésor de toute grâce apporté par le Seigneur - puisque "la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ"
Jn 1,17 rien ne nous est distribué, de par la volonté de Dieu, sinon par Marie, de sorte que de même que personne ne peut accéder au Père sinon par le Fils, de même pour ainsi dire personne ne peut parvenir au Christ sinon par la mère...

3275
Telle nous l'a donnée Dieu, comme celle à qui, en la choisissant comme la mère de son Fils, il a inspiré des sentiments vraiment maternels qui ne sont qu'amour et pardon ; telle nous l'a montrée Jésus Christ par son agir, en voulant librement être soumis à Marie et lui obéir comme un fils à sa mère ; telle il l'a proclamée sur la croix, en confiant tout le genre humain à sa sollicitude et à sa protection en la personne du disciple Jean
Jn 19,26 s ; telle enfin elle s'est présentée elle-même, elle qui accepta de grand coeur l'héritage de l'immense labeur laissé par son Fils mourant, et qui se mit aussitôt à remplir son office maternel à l'égard de tous.



Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Fribourg, 27 juillet 1892.

Crémation des corps

3276
Questions : 1. Est-il permis d'administrer les derniers sacrements à des fidèles qui certes n'appartiennent pas à la secte maçonnique et qui ne sont pas guidés par les principes de celles-ci, mais qui, mus par d'autres raisons, ont ordonné que leur corps soient brûlés après leur mort, s'ils ne veulent par rétracter cet ordre ?

3277
2. Est-il permis d'offrir publiquement le sacrifice de la messe, ou aussi de l'appliquer de façon privée, pour des fidèles qui sans faute de leur part ont été brûlés, et de même d'accepter des fondations à cette fin?

3278
3 Est-il permis de coopérer à la crémation des corps, soit en donnant un ordre ou un conseil, soit en y apportant son concours, comme dans le cas de médecins, de fonctionnaires ou d'ouvriers qui accomplissent leur service dans un crématoire ? Ou cela est-il au moins permis si cela se fait en cas de nécessité et pour éviter un grave danger ?
4. Est-il permis de donner les sacrements à ceux qui coopèrent ainsi s'ils ne veulent pas cesser cette coopération ou qu'ils affirment ne pas le pouvoir ?

3279
Réponses : Pour 1. si après admonestation ils refusent : non. Pour savoir s'il doit y avoir une admonestation ou non, on observera les règles transmises par les auteurs éprouvés, en veillant surtout à éviter le scandale.
Pour 2. Pour ce qui est de l'application publique de la messe: on pour ce qui est de l'application privée : oui.
Pour 3. Il n'est jamais permis de coopérer formellement par un ordre ou par un conseil. Il peut cependant être toléré parfois une coopération matérielle dès lors que - 1. la crémation n'est pas considérée comme un signe d'expression de la secte maçonnique, que - 2. rien n'y est contenu qui de soi exprime directement et uniquement le rejet de la doctrine catholique et l'approbation de la secte, et que - 3. il n'est pas établi que les fonctionnaires et les ouvriers catholiques sont astreints ou appelés à ce travail pour mépriser la religion catholique. Même si au demeurant dans ces cas ils doivent être maintenus dans leur bonne foi, ils doivent cependant être toujours exhortés à ne pas chercher à coopérer à la crémation.
Pour 4 - A été clarifié dans ce qui précède. Et on donnera le décret du 15/12/1886



Encyclique "Providentissimus Deus", 18 novembre 1893.

Les autorités pour l'interprétation de la sainte Ecriture.

3280
(Dans son enseignement, le maître) se référera à la traduction de la Vulgate, au sujet de laquelle le concile de Trente a décrété que "dans les leçons publiques, les discussions, les prédications et les explications" elle devra être tenue pour "authentique "
1506 , et qui est recommandée également par la pratique quotidienne de l'Eglise. Cependant on tiendra compte également, comme il convient, des autres traductions que l'antiquité chrétienne a reconnues et utilisées, en particulier des premiers manuscrits. En effet, si pour ce qui concerne le donné principal, la façon dont s'exprime la Vulgate fait bien apparaître le sens hébreu et grec, lorsque quelque chose y est exprimé de façon ambiguë, ou l'est de façon moins précise, il sera utile, comme le conseille Augustin, de "considérer les langues antérieures". ..

3281
.. Le concile du Vatican a repris la doctrine des Pères lorsqu'il renouvela le décret du concile de Trente concernant l'interprétation de la Parole divine écrite, et qu'il déclara que sa volonté était que "dans les matières de foi et de moeurs qui concernent l'élaboration de la doctrine chrétienne, on doit tenir pour véritable sens de la sainte Ecriture celui qu'a tenu et que tient notre Mère la sainte Eglise, à laquelle il appartient de juger du sens et de l'interprétation véritables des saintes Ecritures ; et que, dès lors, il n'est permis à personne d'interpréter cette sainte Ecriture contrairement à ce sens ni non plus contrairement au consentement unanime des Pères"
1507 , 3007 .

3282
Par cette loi pleine de sagesse, l'Eglise n'arrête et ne contrarie en rien la recherche de la science biblique : au contraire, elle la maintient à l'abri de l'erreur et contribue puissamment à son progrès véritable. En effet, chaque docteur privé voit ouvert devant lui un vaste champ dans lequel, en suivant une direction sûre, il pourra, dans son travail d'interprétation, combattre d'une façon remarquable et avec profit pour l'Eglise. Dans les passages de la sainte Ecriture en effet qui attendent encore une explication certaine et bien définie, il pourra se faire, grâce à un dessein bienveillant de la Providence divine, que le jugement de l'Eglise se trouve pour ainsi dire mûri par une étude préparatoire ; mais pour les passages déjà définis, le docteur privé pourra jouer un rôle également utile, soit en les expliquant plus clairement à la foule des fidèles ou de façon plus ingénieuse aux hommes instruits, soit en les défendant plus fortement contre les adversaires. ..

3283
Dans les autres questions, on suivra l'analogie de la foi et on prendra pour norme suprême la doctrine catholique, telle qu'elle est reçue de l'autorité de l'Eglise. ..

3284
Les saints Pères qui "après les apôtres, ont planté, arrosé, bâti fait paître, nourri la sainte Eglise qui, par eux, s'est développée", ont la plus haute autorité chaque fois qu'ils expliquent tous, d'une seule manière, un texte de la Bible concernant la doctrine de la foi et des moeurs : leur accord en effet met nettement en relief que là est une tradition venant des apôtres, selon la foi catholique. ..
(L'exégète) ne doit pas penser pour autant que la route lui est fermée et qu'il ne peut pas, lorsqu'une juste cause existe, aller plus loin dans ses recherches et ses explications, pourvu qu'il suive religieusement le sage précepte donné par Augustin de ne s'écarter en rien du sens littéral et comme évident, à moins qu'il n'y ait quelque raison qui l'empêche de s'y attacher ou qui rende nécessaire de l'abandonner. ...



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Srinagar (Inde), 18

juillet 1894.

Le baptême d'enfants de parents infidèles

3296
Questions (28 août 1886): 1 . Des enfants d'infidèles peuvent- ils être baptisés s'ils se trouvent en péril (de mort), mais non à l'article de la mort ?
2 . Ces enfants peuvent-ils au moins être baptisés s'il n'est pas d'espoir de les revoir à nouveau ?
3 . Qu'en est-il si on peut présumer avec prudence qu'ils ne survivront pas à une maladie dont ils sont actuellement atteints, et qu'ils mourront avant l'âge de discrétion ?
4 . Peut-on baptiser des enfants d'infidèles qui se trouvent en péril (de mort) ou à l'article de la mort, dont on doute qu'ils aient atteint l'âge de discrétion, et qu'il n'y a pas d'occasion de les instruire dans les réalités de la foi ?

Réponse : Pour 1-3 : oui; pour 4 : les missionnaires s'efforceront de les instruire de la meilleure manière possible, sinon ils doivent être baptisés sous condition.



Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Cambrai, 24 juillet 1895.

Avortement

3298
Exposé : lorsque le médecin Titius fut appelé auprès d'une femme enceinte qui se trouvait dans un état grave, il constata que la maladie qui la mettait en danger de mort n'avait pas d'autre cause que la grossesse elle- même, c'est-à- dire la présence du foetus dans l'utérus. Aussitôt la voie lui est apparue permettant de sauver la mère d'une mort certaine, à savoir faire en sorte qu'il se produise un avortement, c'est-à-dire une sortie du foetus. C'est cette voie qu'il suivait habituellement, en mettant en oeuvre cependant des moyens et des opérations qui par eux-mêmes et de façon directe ne visent pas à tuer le foetus dans le sein de la mère, mais seulement à ce que, si possible, le foetus vienne au jour vivant, même s'il devait mourir aussitôt puisque totalement immature encore. Mais ayant lu ce que le Saint-Siège a répondu le 19 août l889 à l'archevêque de Cambrai, "à savoir qu'il ne peut pas être enseigné de façon sûre" qu'une opération qui tue directement le foetus est licite, même si cela était nécessaire pour sauver la mère, Titius se trouve dans le doute concernant la licéité des opérations chirurgicales par lesquelles il a parfois lui-même provoqué un avortement de manière à sauver des femmes enceintes gravement malades.
Question : Titius demande s'il peut procéder à nouveau de façon sûre aux opérations évoquées si les circonstances susdites se répètent.
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 25 juillet) : Non, conformément à d'autres décrets, à savoir ceux du 28 mai 1884 et du 19 août 1889.



Réponse du Saint-Office à un évêque du Brésil, 5 août 1896

Le vin de messe

3312
Exposé ... Dans cette région le raisin est si faible et si aqueux que pour obtenir un vin passable il faut mêler au moût un peu de sucre tiré d'une plante appelée dans la langue du pays canna de assugar (canne à sucre). ... Ayant pris connaissance de... la réponse de la Sainte Inquisition romaine et universelle du 25 juin 1891, des doutes ont surgi :

Question : Le vin ainsi fabriqué peut-il être utilisé de façon sûre pour le saint sacrifice de la messe ?

Réponse (confirmée par le souverain pontife, le 7 août : Au lieu du sucre extrait de la canne à sucre appelée dans la langue du pays canna de assugar, il faut plutôt ajouter de l'alcool, à condition seulement qu'il soit tiré du fruit de la vigne, et que sa quantité, ajoutée à celle que le vin dont il s'agit contient naturellement, n'excède pas une proportion de douze pour cent ; ce mélange cependant doit être fait lorsque ce qu'on appelle la fermentation tumultueuse a commencé de s'apaiser.




Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Tarragone, 5 août 1896.

Le vin de messe

3313
Question : 1 - Peut-on ... ajouter pour leur conservation aux vins (à exporter), en particulier aux vins doux, de l'esprit de vin ou de l'alcool, sans que pour autant ils cessent d'être une matière appropriée pour le saint sacrifice de la messe ?
2. Est-il permis, pour accomplir le saint sacrifice de la messe, d'utiliser du vin qui a été tiré du moût qui, avant la fermentation du vin, a été concentré par évaporation au-dessus du feu ?

Réponse (confirmée par le Souverain pontife, le 7 août): Pour 1. Dès lors que ... l'esprit-de-vin a été tiré du fruit de la vigne, et que la quantité d'alcool à ajouter, avec celle que le vin dont il s'agit contient naturellement, n'excède pas une proportion de dix-sept ou dix-huit pour cent, et que le mélange est fait lorsque ce qu'on appelle la fermentation tumultueuse a commencé à s'apaiser, rien ne s'oppose à ce que ce vin soit utilisé lors du sacrifice de la messe.
Pour 2. Cela est permis dès lors qu'une telle décoction n'exclut pas la fermentation alcoolique, et que la fermentation elle-même peut être obtenue de façon naturelle et qu'elle l'est effectivement.

Lettre "Apostolicae curae et caritatis", 13 septembre 1896

Ordinations anglicanes

3315
Dans le rite de la confection et de l'administration de tout sacrement, on distingue avec raison entre la partie cérémonielle et la partie essentielle qu'on a coutume d'appeler matière et forme. Chacun sait que les sacrements de la Loi nouvelle, en tant que signes sensibles et efficaces d'une grâce invisible, doivent signifier la grâce qu'ils produisent et produire la grâce qu'ils signifient
1310 ;1606 . Même si cette signification doit se trouver dans tout le rite essentiel, c'est-à-dire dans la matière et la forme, elle appartient particulièrement à la forme, étant donné que la matière est en partie indéterminée par elle-même, et que c'est la forme qui la détermine. Et cela apparaît avec plus d'évidence encore dans le sacrement de l'ordre où, lorsqu'il est conféré, la matière telle qu'elle se donne à voir à cette place, est l'imposition des mains ; celle-ci, assurément, ne signifie par elle-même rien de défini, et on l'emploie aussi bien pour certains ordres que pour la confirmation.

3316
Or les paroles qui sont utilisées jusqu'à nos jours par les anglicans comme la forme propre à l'ordination presbytérale, à savoir "Reçois l'Esprit Saint", sont loin de signifier de façon précise l'ordination au sacerdoce ou sa grâce, et le pouvoir qui est principalement le pouvoir de "consacrer et d'offrir le vrai corps et le vrai sang du Seigneur"
1771 dans ce sacrifice, qui n'est pas "la simple commémoration du sacrifice accompli sur la croix" 1753 . Certes, à cette forme furent ajoutées plus tard les mots "pour l'office et la charge de presbytre" ; mais cela donne à penser plutôt que les anglicans eux- mêmes ont vu que cette première forme était défectueuse et non appropriée à la chose. Mais cette même addition, à supposer qu'elle eût pu donner à la forme la signification requise, fut introduite trop tard, puisqu'un siècle déjà s'était écoulé depuis l'adoption de l'Ordinale Eduardianum car, la hiérarchie s'étant éteinte, il n'y avait plus de pouvoir d'ordonner. ...

3317
(Ce numéro est subdivisé en 3 parties : 3317, 3317a, 3317b)

Il en va de même pour la consécration épiscopale. En effet, la formule "Reçois l'Esprit Saint" non seulement fut complétée trop tard par les mots "pour l'office et la charge d'évêque", mais, Nous le dirons bientôt, ces mots doivent aussi être compris autrement que dans le rite catholique. Et il ne sert de rien d'avoir recours à la prière de la Préface Dieu tout-puissant, puisqu'on en a également retranché les mots qui désignent le sacerdoce suprême.
Certes, il n'y a pas lieu de rechercher ici si l'épiscopat est un complément du sacerdoce ou un ordre distinct de celui-ci ou si lorsqu'il est conféré per saltum, c'est-à-dire à un homme qui n'est pas prêtre, il a un effet ou non. Mais il est hors de doute, comme il ressort de l'institution même du Christ, que (l'épiscopat) fait partie véritablement du sacrement de l'ordre, et qu'il est sacerdoce à un degré éminent ; en effet, aussi bien dans le langage des saints Pères que dans notre usage liturgique, il est appelé sacerdoce suprême, sommet du ministère sacré.
Il en résulte ceci : étant donné que le sacrement de l'ordre et le vrai sacerdoce du Christ ont été totalement bannis du rite anglican, et que par conséquent dans la consécration épiscopale de ce rite le sacerdoce n'est d'aucune manière conféré, l'épiscopat ne peut pas non plus, et d'aucune manière, être conféré vraiment et de façon légitime, et cela d'autant plus que parmi les premières fonctions de l'épiscopat il y a celle d'ordonner les ministres pour la sainte eucharistie et le sacrifice.

3317a

Pour apprécier de façon juste et complète l'Ordinal anglican, outre ce qui a été critiqué pour certains de ses passages, rien n'est plus important que de considérer comme il convient dans quelles circonstances il a été composé et mis en vigueur publiquement. Il serait trop long de les passer toutes en revue, et cela n'est pas non plus nécessaire : l'histoire de cette époque en effet montre assez clairement quel esprit animait les auteurs de l'Ordinal à l'égard de l'Eglise catholique, quels appuis ils ont recherchés auprès de sectes hétérodoxes, et quel but ils poursuivaient.

Sachant très bien le lien nécessaire qui existe entre la foi et le culte, entre la règle de la foi et la règle de la prière, ils ont déformé de multiples manières l'Ordonnance de la liturgie dans le sens des erreurs des novateurs, et cela sous couvert de rétablir sa forme primitive. C'est pourquoi, dans tout l'Ordinal, non seulement il n'est fait aucune mention expresse du sacrifice, de la consécration, du sacerdoce et du pouvoir de consacrer et d'offrir le sacrifice ; mais encore les moindres traces de ces réalités qui subsistaient encore dans les prières du rite catholique qui n'ont pas été totalement rejetées, ont été supprimées et effacées avec ce soin que nous avons mentionné plus haut.

3317b

Le caractère originel et l'esprit de l'Ordinal, comme ils disent, apparaissent ainsi d'eux-mêmes. Mais étant donné qu'il comprenait ce défaut dès le commencement, et qu'il ne pouvait d'aucune manière être valide pour l'ordination, il ne pouvait pas être valide non plus dans la suite des temps, puisqu'il demeurait tel quel. Et c'est en vain qu'ont agi ceux qui depuis l'époque de Charles 1er se sont efforcés d'admettre quelque chose du sacrifice et du sacerdoce et qui firent un ajout à l'Ordinal ; et de même que c'est en vain que s'emploient un petit nombre d'anglicans qui se sont réunis récemment et qui pensent que ce même Ordinal peut être compris en un sens juste et y être ramené.
Ces efforts, disons-Nous, ont été et sont vains, et cela pour cet autre motif également que si, dans l'Ordinal anglican tel qu'il est maintenant, certaines expressions contiennent un double sens, elles ne peuvent pas cependant prendre la signification qu'elles ont dans le rite catholique. En effet, lorsqu'un rite a été adopté dans lequel, nous l'avons vu, a été nié ou dénaturé le sacrement de l'ordre, et dans lequel a été répudiée toute mention de la consécration et du sacrifice, la formule "Reçois l'Esprit Saint", c'est-à-dire l'Esprit qui, avec la grâce du sacrement, est infusé dans l'âme, n'a plus de consistance ; et de même les expressions "pour l'office et la charge de presbytre" ou "d'évêque" et d'autres semblables n'ont plus de consistance et demeurent comme des mots sans la réalité qu'a instituée le Christ.

3318
A ce défaut de forme très profond est lié un défaut de cette intention qui est requise elle aussi de façon nécessaire pour qu'il y ait sacrement. L'Eglise ne porte pas de jugement sur la pensée ou l'intention, puisqu'il s'agit de quelque chose qui de soi est intérieur ; mais dans la mesure où elle est exprimée, elle doit en juger. Lorsque donc quelqu'un, pour conférer ou administrer un sacrement, utilise sérieusement et régulièrement la matière et la forme requises, on considère, par le fait même, que manifestement il a voulu faire ce que fait l'Eglise. C'est sur ce principe que prend appui la doctrine selon laquelle il s'agit d'un sacrement véritable, même lorsqu'il a été conféré par le ministère d'un hérétique ou d'un non-baptisé, dès lors qu'il l'a été selon le rite catholique.
En revanche, lorsque le rite est modifié dans le dessein néfaste d'en introduire un autre, non reçu par l'Eglise, et de rejeter ce que l'Eglise fait et qui, de par l'institution du Christ, fait partie de la nature du sacrement, il est clair alors que non seulement l'intention nécessaire pour le sacrement fait défaut, mais que bien plus il y a là une intention contraire et opposée au sacrement.

3319
.. (Les consulteurs du Saint-Office) furent unanimes à reconnaître que la cause proposée avait été depuis longtemps pleinement instruite et jugée par le Siège apostolique... (Mais il Nous a paru bon) que cela soit déclaré à nouveau en vertu de notre autorité ...
C'est pourquoi,... confirmant et renouvelant (les décrets des pontifes nos prédécesseurs), Nous prononçons et déclarons par notre autorité, de notre propre mouvement et de science certaine, que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles.



Encyclique "identem piumque", 20 septembre 1896.

Marie médiatrice des grâces

3320
Il est très certain que le nom et la fonction de Conciliateur parfait ne conviennent à nul autre qu'au Christ, car lui seul, à la fois homme et Dieu, a rétabli le genre humain dans la grâce auprès du Père très haut : "Un seul médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus Christ..."
1Tm 2,5 s. Mais si "rien n'empêche, comme l'enseigne le Docteur angélique, que quelques autres soient appelés, sous un certain rapport, médiateurs entre Dieu et les hommes, en tant qu'ils coopèrent d'une façon dispositive et subordonnée à unir les hommes à Dieu", parmi lesquels se trouvent les anges et les saints du ciel, les prophètes et les prêtres des deux Testaments, alors en vérité la parure de cette gloire revient de façon plus éminente encore à la Vierge très haute.

3321
Il est impossible en effet de concevoir quelqu'un qui, pour réconcilier les hommes avec Dieu, ait jamais pu ou puisse jamais réaliser une oeuvre pareille à celle de Marie. C'est elle en effet qui a donné le Sauveur aux hommes qui couraient à la perte éternelle, à savoir lorsque par son assentiment admirable elle accueillit "au nom de toute la nature humaine" l'annonce du Mystère de paix apporté par l'ange sur la terre ; elle "de qui est né Jésus"
Mt 1,16 sa mère en vérité, et, pour ce motif, la digne médiatrice très agréée auprès du Médiateur.



Réponse du Saint-Office, 17 mars 1897.

fécondation artificielle


3323
Question : Une fécondation artificielle de la femme peut-elle être mise en oeuvre ? -
Réponse (confirmée par le Souverain Pontife le 26 mars) : n'est pas permis.



Réponse du Saint-Office, 30 mars 1898.

La foi et l'intention requises pour le baptême.

3333
Question : Un missionnaire peut-il conférer le baptême à l'article de la mort à un mahométan adulte dont on suppose qu'il est de bonne foi dans ses erreurs :
1 - S'il a encore une pleine capacité d'attention et s'il l'exhorte seulement à l'affliction (pour ses péchés) et à la confiance, sans parler du tout de nos mystères de crainte qu'il n'y croira pas.

3334
2. Si, quelle que soit encore sa capacité d'attention, il ne lui dit rien étant donné qu'on suppose d'un côté qu'il ne lui manque pas la contrition, et que de l'autre il ne serait pas prudent de parler avec lui de nos mystères.

3335
3. S'il a déjà perdu sa capacité d'attention et qu'il ne lui dit rien.

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 1er avril). Pour 1 et 2. Non, c'est-à-dire qu'il n'est pas permis d'administrer le baptême à de tels mahométans..., ni de façon absolue, ni sous condition ; et on donnera les décrets du Saint-Office à l'évêque de Québec du 25 janvier et du 10 mai 1703
2380-2382 , et l'instruction du Saint-Office au vicaire apostolique de Tche-Kiang du 1er août 1860 2835-2839 .
Pour 3. Pour ce qui est des mahométans moribonds et déjà privés de leurs sens, il faut répondre comme dans le décret du Saint-Office du 18 septembre 1850 à l'évêque de Perth, à savoir : "Si auparavant ils ont donné des signes qu'ils veulent être baptisés, ou que dans l'état présent ils ont manifesté cette même disposition par un signe ou d'une autre manière, ils peuvent être baptisés sous condition, dès lors cependant que le missionnaire en aura jugé ainsi compte tenu de toutes les circonstances "



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Sinaloa (Mexique), 4 mai 1898.

Différentes manières d'extraire un foetus

3336
Questions : 1. Une accélération de l'accouchement sera-t-elle permise lorsque la sortie du foetus se révèle impossible en raison de l'étroitesse (du bassin) de la femme ?

3337
2. Et lorsque l'étroitesse de la femme est telle qu'une naissance prématurée n'est pas considérée comme possible non plus, sera-t-il permis de provoquer un avortement ou de procéder à une opération césarienne au moment opportun?

3338
3. Une laparotomie est-elle licite dans le cas d'une grossesse extra-utérine ou d'embryons mal situés ?

Réponse (confirmée par le pape le 6 mai) .- Pour 1. L'accélération de l'accouchement n'est pas illicite en elle-même, pourvu seulement qu'il y soit procédé pour de justes causes, et au moment et de la manière qui pourvoient à la vie de la mère et de l'enfant selon le cours ordinaire.
Pour 2. Pour ce qui est de la première partie : non, conformément au décret du 24 juillet 1895 concernant le caractère illicite de l'avortement. - Mais pour ce qui concerne la deuxième partie, rien ne s'oppose à ce que, au moment opportun, la femme dont il s'agit se soumette à une opération césarienne.
Pour 3. En cas de nécessité contraignante, une laparotomie destinée à extraire du sein de la mère des embryons mal situés est licite, pourvu seulement que, dans la mesure du possible, il soit veillé de façon sérieuse et appropriée à la vie du foetus aussi bien que de la mère.



Encyclique "Caritatis studium" aux évêques d'Écosse, 25 juillet 1898

L'identité du sacrifice de la croix et du sacrifice de la messe

3339
La nature même de la religion implique la nécessité du sacrifice.. Et si on éloigne les sacrifices, aucune religion ne peut plus exister, ni être pensée. La loi de l'Evangile n'est pas inférieure à la Loi ancienne ; au contraire, elle est bien plus éminente encore, puisqu'elle a accompli de façon plus éminente ce que cette dernière avait commencé. Or les sacrifices en usage dans l'Ancien Testament présignifiaient déjà le sacrifice accompli sur la croix, bien avant que le Christ soit né ; après son ascension au ciel, ce même sacrifice est continué par le sacrifice eucharistique. C'est pourquoi ceux qui le rejettent se trompent immensément, comme s'il diminuaient la vérité et la vertu du sacrifice accompli par le Christ, fixé sur la croix ; "offert une fois pour toutes pour enlever les péchés de la multitude"
He 9,28.

Cette expiation pour les mortels a été parfaite et absolue, et ce n'est aucunement une autre, mais celle-là même, qui est incluse dans le sacrifice eucharistique. Du fait en effet que le rite sacrificiel devait être lié pour toujours à la religion, ce fut le propos le plus divin du Sauveur que le sacrifice, consommé une fois pour toutes sur la croix, devienne perpétuel et durable. La raison de ce caractère perpétuel cependant est inhérente à la très sainte eucharistie, laquelle ne livre pas une similitude vaine ou seulement une commémoration de la réalité, mais la réalité elle-même, bien que sous une espèce dissemblable ; et c'est pourquoi toute l'efficience de ce sacrifice, soit pour obtenir, soit pour expier, provient totalement de la mort du Christ.



Lettre "Testem benevolentiae" à l'archevêque de Baltimore, 22

janvier 1899.

L'erreur de l'adaptation des doctrines de la foi à la

conception moderne.

3340
Le principe des opinions nouvelles dont Nous avons parlé se présente à peu près comme suit : pour que ceux qui pensent autrement soient conduits plus facilement à la sagesse catholique, l'Eglise doit s'approcher davantage de l'humanité d'un siècle devenu adulte et, relâchant sa sévérité ancienne, considérer avec bienveillance les aspirations et les conceptions exprimées par les peuples. Or selon l'opinion de beaucoup, cela ne doit pas être entendu seulement des façons de vivre, mais également des doctrines dans lesquelles est contenu le dépôt de la foi. Ils soutiennent en effet que, pour gagner la volonté de ceux qui sont en désaccord, il est opportun d'omettre certains chapitres de doctrine comme étant de moindre importance, ou de les atténuer au point qu'ils ne gardent plus le même sens que celui que l'Eglise a constamment tenu.
Il n'est pas besoin d'un long discours... pour montrer dans quel propos condamnable cela a été conçu ; il suffit de rappeler la nature et l'origine de la doctrine que transmet l'Eglise. Le concile du Vatican dit à ce sujet : "La doctrine de la foi ... compréhension plus poussée"
3020 ..

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L'histoire de tous les temps passés est témoin de ce que le Siège apostolique, à qui est confié non seulement le magistère mais également le gouvernement de toute l'Eglise, a été attaché de façon constante "à la même doctrine, dans le même sens et dans la même pensée"
3020 mais que d'autre part il a toujours eu coutume de régler la discipline de la vie de telle sorte que - ce qui est de droit divin demeurant sauf - les moeurs et les usages des peuples divers qu'il embrasse ne soient jamais négligés. Si le salut des âmes l'exigeait, qui peut douter qu'il ne le ferait pas également maintenant.
Cependant, en décider n'appartient pas au gré de chacun, presque toujours trompé par l'apparence du bon ; c'est à l'Eglise qu'il doit revenir de porter un jugement. ..

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Tout magistère extérieur est rejeté comme superflu, voire même comme peu utile, par ceux qui veulent s'efforcer d'obtenir la perfection chrétienne : le Saint-Esprit, disent-ils, répand aujourd'hui dans les âmes des fidèles des dons plus étendus et plus abondants qu'aux temps passés, et il les enseigne et les conduit sans intermédiaire, par une sorte d'instinct mystérieux. ...


1996 Denzinger 3272