1996 Denzinger 3567

Réponse de la Commission biblique, 26 juin 1912.

I. Auteur, date de composition et vérité historique des

évangiles selon Marc et

3568
Question 1 : La voix claire de la Tradition, qui depuis les commencements de l'Eglise est admirablement unanime et qui a été confirmée par des preuves multiples, à savoir les témoignages explicites des saints Pères et des écrivains ecclésiastiques, les citations et les allusions qui se trouvent dans leurs écrits, l'usage des hérétiques anciens, les traductions des livres du Nouveau Testament, presque tous les manuscrits les plus anciens, comme aussi par des raisons internes, tirées du texte des livres saints eux-mêmes, est-il possible d'affirmer de façon certaine que Marc, le disciple et l'interprète de Pierre, et le médecin Luc, l'assistant et le compagnon de Paul, sont réellement les auteurs des évangiles qui leur sont respectivement attribués ?
Réponse : Oui.

3569
Question 2 : Les arguments par lesquels certains critiques cherchent à démontrer que les derniers douze versets de l'évangile de Marc
Mc 16,9-20

n'ont pas été rédigés par Marc, mais ajoutés par une autre main, sont-ils de nature à donner le droit d'affirmer qu'ils ne doivent pas être reconnus comme inspirés et canoniques ; ou du moins qu'ils démontrent que Marc n'est pas l'auteur de ces versets ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3570
Question 3 : Est-il permis de même de douter de l'inspiration et de la canonicité des récits de Luc concernant l'enfance du Christ
Lc 16,9-20 ou l'apparition de l'Ange qui réconforta Jésus et la sueur de sang Lc 22,43 s ; ou peut-on au moins montrer par des arguments solides - ce qui plaisait aux hérétiques anciens et qui plaît également à des critiques plus récents - que ces récits ne font pas partie de l'Evangile originel de Luc ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3571
Question 4 : Les documents très rares et tout à fait isolés dans lesquels le cantique Magnificat
Lc 1,46-55 n'est pas attribué à la bienheureuse Vierge Marie mais à Elisabeth, peuvent-ils et doivent-ils prévaloir de quelque manière contre le témoignage concordant de presque tous les manuscrits aussi bien du texte original grec que des traductions, et contre l'interprétation que le contexte n'exige pas moins que le sentiment de la Vierge elle-même et la Tradition constante de l'Eglise ?
Réponse : Non.

3572
Question 5 : S'agissant de l'ordre chronologique des évangiles est-il permis de s'éloigner de l'opinion corroborée par le témoignage à la fois très ancien et constant de la Tradition et qui atteste qu'après Matthieu qui, le premier de tous, composa son évangile dans la langue maternelle, Marc a écrit le deuxième, et Luc le troisième ; ou faut-il d'un autre côté considérer comme contraire à cette conception l'opinion qui affirme que le deuxième et le troisième évangile ont été composés avant la traduction grecque du premier évangile ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3573
Question 6 : Peut-on différer la date de composition des Evangiles de Marc et de Luc jusqu'à la destruction de Jérusalem ; ou parce que chez Luc la prophétie du Seigneur concernant la destruction de cette ville apparaît plus précise, peut-on soutenir que son évangile au moins a été composé après que le siège eut déjà commencé ?
Réponse : Non pour les deux parties.

3574
Question 7: Doit-on affirmer que l'évangile de Luc a précédé le livre des Actes des Apôtres, et que puisque ce livre, composé par le même Luc
Ac 1,1, était terminé à la fin de la captivité romaine de l'Apôtre Ac 28,30 s, son évangile n'a pas été composé après cette date ?
Réponse : Oui.

3575
Question 8 : Si on considère aussi bien les témoignages de la Tradition que les arguments internes concernant les sources qu'ont utilisées l'un et l'autre évangéliste en composant l'évangile, peut-on raisonnablement mettre en doute la conception qui tient que Marc a écrit selon la prédication de Pierre, et Luc selon la prédication de Paul, et qui affirme en même temps que ces évangélistes ont disposé également d'autres sources dignes de foi, soit orales soit aussi déjà mises par écrit ?
Réponse : Non.

3576
Question 9 : Les paroles et les actions qui sont racontées de façon exacte et pour ainsi dire littéralement par Marc selon la prédication de Pierre, et qui sont présentées de la façon la plus sincère par Luc, qui dès le départ s'est soigneusement informé de tout auprès de témoins très dignes de foi puisqu'ils ont vu eux-mêmes dès le commencement et qu'ils furent des serviteurs de la Parole
Lc 1,2 s réclament-elles à juste titre pour elles-mêmes cette foi historique que l'Eglise leur a toujours accordée ; ou au contraire ces mêmes actions et ces mêmes paroles doivent-elles être considérées comme "tant dénuées, au moins en partie, de vérité historique, soit parce que les écrivains n'étaient pas des témoins oculaires, soit parce qu'il n'est pas rare qu'on constate chez les deux évangélistes un manque d'ordre et une différence dans la succession des faits ; soit parce que, étant venus et ayant écrit plus tard, ils ont dû nécessairement rapporter des conceptions qui étaient étrangères à ce qu'ont pensé le Christ et les apôtres, ou des faits déjà plus ou moins déformés par l'imagination du peuple, ou enfin parce que, chacun selon son dessein, ils se sont laissé conduire par des idées dogmatiques préconçues ?
Réponse : Oui pour la première partie ; non pour la deuxième.

II. La question synoptique, ou les rapports mutuels entre les

trois premiers é

3577
Question 1 : En maintenant sauf ce qui, conformément àce qui a été établi précédemment, doit-être maintenu sauf - en particulier pour ce qui est de l'authenticité et de l'intégrité des trois évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc, de l'identité substantielle de l'évangile grec de Matthieu avec son original primitif, ainsi que pour ce qui est de l'ordre chronologique dans lequel ils ont été écrits -, compte tenu des conceptions diverses et opposées si nombreuses des auteurs, est-il permis aux exégètes de discuter librement pour expliquer les ressemblances et les différences entre les évangiles, et de recourir aux hypothèses de la Tradition soit écrite, soit orale, ou encore de la dépendance de l'un par rapport à celui ou à ceux qui précèdent ?
Réponse : Oui.

3578
Question 2 : Doit-on considérer que maintiennent sauf ce qui a été établi plus haut ceux qui, ne s'appuyant sur aucun témoignage de la Tradition, et sur aucune preuve historique, approuvent sans hésiter l'hypothèse dite des "deux sources", laquelle tente d'expliquer la composition de l'évangile grec de Matthieu et de l'évangile de Luc à partir surtout de leur dépendance de l'évangile de Marc et d'une collection dite des paroles du Seigneur ; et peuvent-ils dès lors la défendre librement ?
Réponse : Non pour les deux parties.



Réponse de la Commission biblique, 12 juin 1913.

I. Auteur, date de composition et vérité historique des Actes

des Apôtres

3581
Question 1 : Eu égard tout spécialement à la Tradition de l'Eglise universelle qui remonte aux premiers écrivains ecclésiastiques, et en tenant compte des caractères internes du livre des Actes considéré, soit en lui-même, soit en rapport avec le troisième évangile, principalement en ce qui touche l'affinité et la connexité mutuelle des deux prologues
Lc 1,1-4 Ac 1,1-5

doit-on tenir pour certain que le livre intitulé Actes des Apôtres, ou 'Praxeis Apostolon', a pour auteur l'évangéliste Luc ?
Réponse : Oui.

3582
Question 2 : Peut-on par des arguments critiques, suggérés aussi bien par la langue et le style que par la forme du récit, ainsi que par l'unité de but et de doctrine, démontrer que le livre des Actes ne doit être attribué qu'à un seul auteur, et que, par suite, est dénuée de tout fondement l'opinion de critiques récents suivant laquelle Luc n'est pas l'auteur unique de ce livre mais qu'il faut reconnaître à cet écrit plusieurs auteurs distincts ?
Réponse : Oui sur les deux points.

3583
Question 3 : Particulièrement les péricopes principales des Actes où, abandonnant le discours à la troisième personne, on parle à la première personne du pluriel (Wir-Stücke), infirment-elles l'unité de composition et l'authenticité des Actes ? Ou doit-on plutôt déclarer que, considérées historiquement et philologiquement, elles la confirment ?
Réponse : Non sur le premier point ; oui sur le second.

3584
Question 4 : Du fait que le livre lui-même, après une mention rapide des deux ans de la première captivité de Paul à Rome, se ferme brusquement, a-t-on le droit de conclure que l'auteur a écrit un autre volume aujourd'hui perdu, ou qu'il a eu l'intention de l'écrire, et dès lors peut-on reporter la date de la composition du livre des Actes longtemps après cette captivité ; ou plutôt doit- on légitimement et à bon droit en inférer que l'apôtre Luc a terminé son ouvrage aux derniers jours de la première captivité de Paul à Rome ?
Réponse : Non sur le premier point ; oui sur le second.

3585
Question 5 : Si l'on considère tout à la fois les relations fréquentes et faciles que Luc eut certainement avec les premiers et principaux fondateurs de l'Eglise de Palestine, et aussi avec Paul, l'Apôtre des nations, dont il fut le collaborateur dans la prédication évangélique et le compagnon de voyage ; son habituelle sagacité et le soin qu'il apporte à rechercher les témoins et à constater les choses de ses yeux enfin le très fréquent accord, évident et admirable, du livre des Actes avec les épîtres de Paul et les monuments les plus véridiques de l'histoire, doit-on tenir pour certain que Luc a eu en main des sources absolument dignes de foi, qu'il les a utilisées avec soin, probité et fidélité, et qu'il peut dès lors revendiquer à bon droit une pleine autorité historique ?
Réponse: Oui.

3586
Question 6 : Quant aux difficultés qu'on est accoutumé de soulever de-ci, de- là, du fait des miracles racontés par Luc, ou de certains discours qui, rapportés sous forme de résumés, passent pour fabriqués et appropriés aux circonstances, ou de certains passages en désaccord au moins apparent avec l'histoire profane ou biblique ; ou enfin de quelques récits qui semblent en contradiction avec l'auteur même des Actes ou avec d'autres écrivains bibliques, sont-elles de nature à jeter des doutes sur l'autorité historique des Actes ou du moins à l'amoindrir de quelque manière ?
Réponse : Non.

II Auteur, intégrité et date de composition des épîtres

pastorales de

l'apôtre Paul

3587
Question 1 : Si on considère la Tradition ecclésiastique qui depuis l'origine s'affirme partout et avec fermeté, ainsi qu'en témoignent de maintes manières d'antiques monuments ecclésiastiques, doit-on tenir pour certain que les épîtres dites pastorales, c'est-à-dire les deux à Timothée et l'épître à Tite, en dépit de l'audace de quelques hérétiques, qui, les trouvant contraires à leur enseignement, les ont rayées, sans donner aucune raison, du nombre des épîtres pauliniennes, ont été écrites par l'apôtre Paul lui-même et ont toujours été rangées parmi les épîtres authentiques et canoniques ?
Réponse : Oui.

3588
Question 2 : L'hypothèse dite des fragments, introduite et proposée sous diverses formes par certains critiques contemporains qui, du reste, sans aucun motif plausible, et même en se contredisant les uns les autres, soutiennent que les épîtres pastorales ont été formées plus tard, par des auteurs inconnus, de fragments d'épîtres ou d'épîtres pauliniennes perdues et notablement augmentées, peut-elle infirmer quelque peu le témoignage précis et très ferme de la Tradition ?
Réponse : Non.

3589
Question 3 : Les difficultés qu'on est accoutumé d'opposer diversement, ou du fait du style et de la langue de l'auteur, ou du fait des erreurs, principalement des gnostiques, décrites alors déjà comme des serpents qui s'insinuent, ou du fait de l'état de la hiérarchie ecclésiastique supposée comme déjà développée, et autres objections de même sorte, infirment- elles d'une manière quelconque la thèse qui tient pour établie et certaine l'authenticité des épîtres pastorales ?
Réponse : Non.

3590
Question 4 : Etant donné que des arguments historiques et la Tradition ecclésiastique, conforme aux témoignages des Pères d'Orient et d'Occident, non moins que des preuves tirées aisément soit de la brusque conclusion du livre des Actes, soit des épîtres pauliniennes composées à Rome, principalement la seconde à Timothée, obligent à tenir pour certaine la double captivité de l'apôtre Paul à Rome, peut-on affirmer avec certitude que les épîtres pastorales ont été écrites entre la fin de la première captivité et la mort de l'Apôtre ?
Réponse : Oui.



Réponse de la Commission biblique, 24 juin 1914.

Auteur et date de composition de l'épître aux Hébreux

3591
Question 1 : Faut-il attribuer une telle force aux doutes qui dès les premiers siècles, en raison surtout de l'abus des hérétiques, ont habité les esprits de certains en Occident au sujet de l'inspiration divine et de l'origine paulinienne de l'épître aux Hébreux que, compte tenu de l'affirmation continuelle, unanime et constante des Pères orientaux à laquelle s'est joint, après le IVème siècle, le plein assentiment de toute l'Eglise occidentale ; et en considérant également les actes des souverains pontifes et des saints conciles, en particulier celui de Trente, ainsi que l'usage perpétuel des Eglises, il soit permis d'hésiter non seulement à la compter parmi les épîtres canoniques - ce qui a été défini de foi - mais également à la compter de façon certaine parmi les épîtres authentiques de l'apôtre Paul ?
Réponse : Non.

3592
Question 2 : Les arguments qu'on a coutume de prendre de l'absence inhabituelle du nom de Paul et de l'omission de l'exorde et de la salutation habituels dans l'épître aux Hébreux, ou de la pureté de sa langue grecque, de l'élégance et de la perfection de l'expression et du style, ou de la manière dont l'Ancien Testament est cité et dont on argumente à partir de lui, ou de certaines différences qu'on dit exister entre la doctrine de cette épître et celle des autres épîtres de Paul, sont-ils à mêmes de réfuter de quelque manière son origine paulinienne ; ou au contraire la concordance parfaite de la doctrine et des pensées, la similitude des monitions et des exhortations, ainsi que l'accord des façons de parler et des mots eux-mêmes, souvent loué également par certains non-catholiques, qu'on observe entre elle et les autres écrits de l'Apôtre des nations manifestent et confirment-ils précisément cette origine paulinienne ?
Réponse : Non pour la première partie ; oui pour la seconde.

3593
Question 3 : L'apôtre Paul doit-il être considéré comme l'auteur de cette épître en ce sens qu'on doit nécessairement affirmer qu'il ne l'a pas seulement conçue et élaborée tout entière sous l'inspiration du Saint- Esprit, mais qu'il lui a donné également la forme dans laquelle elle se présente ?
Réponse : Non, sous réserve d'un jugement ultérieur de l'Eglise.



Décret de la Sacrée Congrégation des études, 27 juillet 1914.

Thèses approuvées de philosophie thomiste

3601
1. La puissance et l'acte divisent l'être en sorte que tout ce qui est ou bien est acte pur, ou bien est composé nécessairement de puissance et d'acte comme de principes premiers et intrinsèques.

3602
2. L'acte, en tant que perfection, n'est limité que par la puissance, qui est l'aptitude à la perfection. En conséquence, selon que l'acte est pur il n'existe qu'en tant qu'illimité et unique ; mais lorsqu'il est fini et multiple, il entre en composition véritable avec la puissance.

3603
3. C'est pourquoi, pour la raison absolue de son être même Dieu est un, l'un le plus simple ; tous les autres êtres qui participent à l'être même ont une nature par laquelle l'être est limité, et sont composés d'essence et d'existence comme de deux principes réellement distincts.

3604
4. L'être, qui est dénommé à partir de l'exister, n'est pas attribué à Dieu et aux créatures de manière univoque, ni non plus de manière totalement équivoque, mais de manière analogue, d'après l'analogie tantôt d'attribution, tantôt de proportionnalité.

3605
5. En outre il y a en toute créature une composition réelle du sujet subsistant et de formes ajoutées de façon seconde, c'est-à-dire d'accidents : ceux-ci ne seraient pas intelligibles si l'être n'était pas reçu réellement dans une essence distincte.

3606
6. Outre les accidents absolus il existe également un relatif, c'est-à-dire relatif à quelque chose. Bien que relatif à quelque chose ne signifie pas qu'une chose est inhérente à une autre selon sa raison propre, souvent cependant elle a sa cause dans les choses, et c'est pourquoi elle a une entité réelle distincte du sujet.

3607
7. La créature spirituelle est en son essence entièrement simple. Mais il reste en elle une double composition d'essence et d'existence, de substance et d'accidents.

3608
8. La créature corporelle est, sous le rapport de l'essence elle-même, composée d'acte et de puissance ; cette puissance et cet acte, dans l'ordre de l'essence, sont désignés par les termes de matière et de forme.

3609
9. Aucune de ces deux parties ne possède l'existence par elle- même, ni ne peut se produire ou se détruire par elle-même, ni être prise comme prédicament si ce n'est comme principe substantiel.

3610
10. Même si l'étendue résulte de la nature corporelle dans ses parties intégrales, ce n'est cependant pas la même chose pour un corps d'être une substance et d'être étendu. La substance en tant que telle est indivisible non pas à la manière d'un point, mais à sa manière à elle qui n'est pas de l'ordre de la dimension. La quantité en effet, qui donne à la substance l'étendue, est réellement distincte de la substance et, de plein droit, est un accident.

3611
11. La matière considérée sous l'aspect de la quantité est le principe de l'individuation, c'est-à-dire de la distinction numérique d'un individu par rapport à un autre appartenant à la même espèce, ce qui ne peut être le cas des créatures purement spirituelles.

3612
12. Il résulte du même attribut de la quantité qu'un corps est circonscrit en un lieu et qu'il est seulement en un seul lieu sous ce mode par quelque puissance que ce soit.

3613
13. Il y a deux sortes de corps, les corps vivants et les corps inertes. Dans les corps vivants, étant donné que se trouvent dans le même sujet la partie motrice et la partie mue, la forme substantielle appelée du nom d'âme appelle une disposition organique, c'est-à-dire des parties distinctes.

3614
14. En aucune manière les âmes d'ordre végétatif et d'ordre sensible ne subsistent par elles-mêmes ni ne se produisent elles-mêmes, mais elles existent seulement selon le principe par lequel le vivant existe et vit, et comme elles dépendent entièrement de la matière, lorsque le composé périt, elles périssent par là même par accident.

3615
15. Au contraire, l'âme humaine subsiste par elle-même ; elle est créée par Dieu pour être unie à un sujet suffisamment préparé, et par nature elle est impérissable et immortelle.

3616
16. Cette âme rationnelle est unie au corps de manière à en constituer la forme substantielle unique, et par elle l'homme existe comme homme, comme animal, comme vivant, comme substance et comme être. L'âme donne à l'homme toute sa perfection essentielle ; en outre elle communique au corps l'acte d'exister par lequel elle existe elle-même.

3617
17. Deux ordres de facultés proviennent de l'âme humaine en vertu de sa nature, les premières qui ont rapport aux sens ont pour sujet le composé, les secondes l'âme seule. L'intellect est une faculté intrinsèquement indépendante d'un organe.

3618
18. L'intelligence suit nécessairement l'immatérialité, en sorte que le degré d'intellectualité correspond au degré d'éloignement de la matière. L'objet adéquat de l'intelligence est communément l'être lui-même ; le propre de l'intellect humain dans l'état présent de l'union est limité à abstraire les quiddités de leurs conditions matérielles.

3619
19. Nous puisons la connaissance dans les choses sensibles. Mais comme le sensible n'est pas intelligible en acte, il faut admettre, en plus de l'intellect atteignant formellement (les intelligibles), l'existence dans l'âme d'une faculté active abstrayant les formes intelligibles des images.

3620
20. Par ces formes intelligibles nous connaissons directement les formes universelles ; les êtres individus nous les atteignons par les sens et par l'intellect faisant retour aux images ; par analogie, nous accédons à la connaissance des réalités spirituelles.

3621
21. La volonté suit l'intellect, elle ne le précède pas ; la volonté désire nécessairement ce qui lui est présenté comme le bien qui satisfait son appétit de toute manière, mais parmi plusieurs biens qui lui sont présentés comme désirables, elle choisit librement par un acte de jugement révocable. Ainsi le choix suit le dernier jugement pratique ; enfin la volonté exécute.

3622
22. Nous n'atteignons pas dans une intuition directe l'existence de Dieu ni ne pouvons la démontrer a priori, mais bien a posteriori, "à partir des choses créées
Rm 1,20, par un raisonnement allant des effets à la cause ; c'est-à- dire des choses qui se meuvent et ne peuvent avoir en elles-mêmes le principe adéquat de leur mouvement au premier moteur non mû ; du déroulement des choses du monde subordonnées entre elles à la première cause sans cause ; des choses corruptibles qui pourraient aussi bien ne pas être qu'être à l'être absolument nécessaire ; des choses qui, parmi les perfections limitées de l'être, de la vie, de l'intelligence ont plus ou moins l'être, la vie et l'intelligence, à celui qui est au plus haut degré l'intelligence, la vie et l'être ; enfin de l'ordre de l'univers à une intelligence séparée qui ordonne, dispose et dirige toute chose vers sa fin.

3623
23. L'essence divine, parce que son être même est identifié à l'acte en exercice, c'est-à-dire parce qu'elle est l'Etre même subsistant, se présente aussi à nous comme la raison métaphysique du bien et, à cause de cela, nous dévoile la raison de son infinie perfection.

3624
24. En raison de la pureté de son être Dieu est séparé des choses limitées. D'où il suit premièrement que le monde ne peut procéder de Dieu sinon par création ; ensuite que l'énergie créatrice par laquelle est formé d'abord en lui-même l'être en tant qu'être ne peut être communiquée même pas par miracle à quelque nature finie ; enfin qu'aucun agent créé ne peut agir sur quelque être que ce soit si ce n'est par une motion reçue de la Cause première.



BENOIT XV : 3

septembre 1914-22 janv


Réponse de la commission biblique, 18 juin 1915.

La deuxième venue du Christ dans les épîtres pauliniennes.

3628
Question 1 : Pour résoudre les difficultés que l'on rencontre dans les épîtres de Saint Paul et des autres apôtres où il est question de la 'Parousie' comme on dit, ou de la deuxième venue de Notre Seigneur Jésus- Christ, est-il permis à l'exégète catholique, d'affirmer que les apôtres, bien qu'ils n'enseignent aucun erreur sous l'inspiration du Saint-Esprit, expriment néanmoins des sentiments humains personnels où peut se glisser l'erreur ou l'illusion ?
Réponse : non.

3629
Question 2 : Etant donné la notion exacte de la charge apostolique, l'indubitable fidélité de saint Paul à la doctrine du Maître et le dogme catholique de l'inspiration et de l'inerrance des saintes Ecritures, en vertu duquel tout ce que l'écrivain sacré affirme, énonce et insinue doit être regardé comme affirmé, énoncé et insinué par l'Esprit Saint ; après une étude attentive et directe des textes des épîtres de l'Apôtre reconnus parfaitement conformes à la manière de parler du Seigneur lui-même, faut-il affirmer que l'apôtre Paul n'a rien dit dans ses écrits qui ne concorde parfaitement avec l'ignorance du temps de la Parousie que le Christ lui-même a déclarée propre aux hommes ?
Réponse : Oui.

3630
Question 3 : Si on considère attentivement la locution grecque "nous les vivants, qui serons restés", si l'on tient compte aussi des explications des Pères et surtout de Jean Chrysostome si versé dans la connaissance de sa langue maternelle et des épîtres de saint Paul, est-il permis de rejeter comme venant de trop loin et manquant de base solide l'interprétation traditionnelle dans les écoles catholiques (que d'ailleurs retinrent les novateurs du XVIème siècle eux- mêmes) qui explique les paroles de saint Paul au chapitre 4 de la première épître aux Thessaloniciens, versets 15-17,
1Th 4,15-17 sans y comprendre l'affirmation d'une Parousie si prochaine que l'Apôtre se mette, lui et ses lecteurs, au nombre des survivants qui iront au-devant du Christ ?
Réponse : Non.



Décret du Saint-Office, 29 mars (8 avril) 1916.

Rejet des images représentant Marie en vêtements sacerdotaux.

3632
Comme on a entrepris, ces derniers temps surtout, à peindre et à répandre des images représentant la très bienheureuse Vierge Marie revêtue d'habits sacerdotaux,... les cardinaux... ont décidé le 15 janvier 1913 : l'image de la bienheureuse Vierge Marie revêtue des habits sacerdotaux doit être réprouvée.



Réponse de la sacrée Pénitencerie, 3 avril 1916

L'usage onaniste du mariage

3634
Question : Une femme peut-elle coopérer à une action du mari qui, pour s'adonner à la volupté, veut commettre le crime d'Onan et des Sodomites et qui la menace du châtiment de la mort ou de sévices graves si elle n'obtempère pas ?
Réponse : a) Si le mari veut commettre dans l'usage du mariage le crime d'Onan, en répandant la semence en dehors du vase après qu'a commencé l'union, et qu'il menace la femme de mort ou de graves sévices si elle ne cède pas à sa volonté perverse, selon l'opinion de théologiens éprouvés elle peut dans ce cas s'unir ainsi avec son mari, puisque pour sa part elle se livre à une chose et à une action licites, mais qu'elle permet le péché du mari pour une raison grave qui l'excuse ; car l'amour par lequel elle serait tenue de l'empêcher n'oblige pas dès lors qu'il est lié à un tel détriment.
b) Mais si le mari veut commettre avec elle le crime des Sodomites, étant donné que cette union sodomite est un acte contre nature de la part de chacun des époux qui s'unissent ainsi, et un acte gravement mauvais au jugement de tous les docteurs, la femme ne peut en cette affaire céder licitement à son mari impudique pour aucune raison, même pour éviter la mort.



Réponse du Saint-Office à divers Ordinaires des lieux, 17 mai 1916.

Les derniers sacrements pour les schismatiques

3635
Question 1 : Peut-on, sans abjuration de leurs erreurs, conférer ces sacrements à des schismatiques matériels qui se trouvent à l'article de la mort et qui demandent de bonne foi soit l'absolution, soit l'extrême- onction ?
Réponse : Non ; il est requis au contraire qu'ils rejettent les erreurs de la meilleure manière possible, et qu'ils fassent une profession de foi.

3636
Question 2 : Peut-on conférer l'absolution et l'extrême-onction à des schismatiques à l'article de la mort et privés de leurs sens ?
Réponse : Oui sous condition, surtout si les circonstances permettent de conjecturer qu'ils ont rejeté au moins implicitement leurs erreurs, mais en écartant efficacement tout scandale, c'est-à-dire en signifiant aux assistants que l'Eglise suppose qu'au dernier moment ils sont revenus à l'unité.



Réponse de la Sacrée Pénitencerie, 3 juin 1916

L'usage onaniste du mariage à l'aide de moyens artificiels

3638
Questions : 1. Dans le cas où le mari veut utiliser un instrument pour pratiquer l'onanisme, la femme est-elle tenue de résister de façon positive ?

3639
2. Si la réponse est non pour justifier la résistance passive de la part de la femme, suffit-il de raisons du même poids que pour l'onanisme naturel (sans instrument), ou des raisons de plus grand poids sont-elles absolument nécessaires ?

3640
3. Pour que toute cette matière soit développée et enseignée de façon plus sûre, un homme qui fait usage de tels instruments doit-il réellement être assimilé à un violeur auquel la femme doit donc opposer la même résistance qu'une vierge à l'intrus ?
Réponses : Pour 1. Oui. - Pour 2. Traité en 1. - Pour 3. Oui.



Réponse du Saint-Office, 24 avril 1917.

Spiritisme

3642
Question : Est-il permis d'assister à des entretiens ou à des manifestations spiritistes, moyennant un médium comme on dit, ou sans médium, avec ou sans emploi d'hypnotisme, même lorsque ces séances présentent des apparences d'honnêteté et de piété, en interrogeant les âmes ou les esprits, en écoutant leur réponse, ou en regardant seulement, même en protestant tacitement ou expressément que l'on ne veut avoir aucun commerce avec les esprits malins ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 26 avril) : Non pour tous les points.



Décret du Saint-Office, 5 juin 1918

La science de l'âme du Christ.

3645
Question : peut-on enseigner en toute sûreté les propositions suivantes ?
1.- Il n'est pas sûr qu'il y avait dans l'âme du Christ, pendant qu'il vivait parmi les hommes, la science que possèdent les bienheureux dans la vision.

3646
2.- On ne peut déclarer certaine l'opinion qui affirme que l'âme du Christ n'a rien ignoré, mais que, dès les débuts, elle a connu toutes choses dans le Verbe, passées, présentes, et futures, c'est-à-dire tout ce que Dieu connaît par la science de vision.

3647
3.- La doctrine de certains modernes sur la science limitée de l'âme du Christ n'est pas moins recevable dans les écoles catholiques que l'opinion des Anciens sur sa science universelle.
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 6 juin) : non.



Réponse du Saint-Office, 16 (18) Juillet 1919

Doctrines théosophiques

Question : les doctrines qu'on appelle aujourd'hui théosophiques peuvent elles être mises en accord avec la doctrine catholique, et est-il permis par conséquent de faire partie de sociétés théosophiques, d'être présent à leurs rencontres et de lire leurs livres, leurs revues, leurs journaux et leurs écrits ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 17 juillet) : non pour tous les points.



Encyclique "Spiritus Parac1itus", 15 septembre 1920.

L'inspiration de la sainte Ecriture

3650
On ne trouvera de fait dans les écrits du très grand docteur (Jérôme) aucune page d'où il ne ressorte qu'avec toute l'Eglise catholique il a fermement et constamment tenu que les livres écrits sous l'inspiration de l'Esprit Saint ont Dieu pour auteur, et qu'ils ont été transmis comme tels à l'Eglise elle-même
3006 . Il affirme en effet que les livres de la sainte Ecriture ont été composés sous l'inspiration, ou la suggestion ou l'insinuation, ou même sous la dictée de l'Esprit Saint, bien plus, que c'est par lui qu'ils ont été rédigés et publiés ; et il ne doute nullement par ailleurs que ses différents auteurs n'aient, chacun conformément à son caractère et à son génie, prêté librement leur concours à l'inspiration divine.
Ainsi il n'affirme pas seulement de manière générale ce qui est commun à tous les écrivains sacrés, à savoir qu'en écrivant ils ont suivi 1' Esprit de Dieu, de sorte que Dieu doit être tenu pour la cause principale de chaque pensée et de toutes les affirmations de l'Ecriture, mais il discerne aussi avec soin ce qui est propre à chacun. ..
Cette communauté de travail de Dieu avec l'homme en vue de réaliser une seule et même oeuvre, Jérôme l'illustre par la comparaison avec un ouvrier qui, pour confectionner un objet, se sert d'un outil ou d'un instrument. ...




1996 Denzinger 3567