1996 Denzinger 3650


PIE XI: 6

février 1922-10 févr


Décret du Saint-Office, 22 novembre 1922.

L'acte sexuel à moitié accompli

3660
Questions : 1. Peut-on tolérer que des confesseurs enseignent d'eux-mêmes la pratique de l'acte sexuel à moitié accompli, et qu'ils la conseillent indistinctement à tous les pénitents qui craignent que leur naissent des enfants trop nombreux?

3661
2.- Faut-il blâmer un confesseur qui, après avoir essayé vainement tous les remèdes pour éloigner de ce mal un pénitent qui abuse du mariage, lui enseigne à pratiquer l'acte sexuel à moitié accompli afin de prévenir tout péché mortel ?

3662
3.- Faut-il blâmer un confesseur qui, dans les circonstances décrites en 2., conseille au pénitent l'acte sexuel à moitié accompli qu'il connaît par ailleurs, ou qui, au pénitent qui lui demande si cette pratique est licite, répond simplement qu'elle est licite, sans aucune restriction ni explication ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 23 novembre) : Pour 1. Non. - Pour 2. et 3. Oui.



Encyclique "Studiorum ducem", 29 juin 1923.

L'autorité de l'enseignement de Thomas d'Aquin

3665
Quant à Nous, Nous ordonnons que les prescriptions de nos prédécesseurs, en particulier de Léon XIII et de Pie X, comme aussi les directives que Nous avons données l'année dernière,
3139 ; 3601 soient méditées avec soin et scrupuleusement observées par tous ceux surtout qui occupent dans les écoles cléricales les chaires les plus importantes.
Qu'ils soient persuadés cependant qu'ils s'acquittent de leur charge et répondent à notre attente si, après s'être faits les disciples fervents du saint Docteur par une étude assidue et approfondie de ses écrits, ils communiquent à leurs élèves la ferveur de cet amour en commentant ce Docteur, et qu'ils les rendent capables de susciter le même zèle chez d'autres.

3666
Nous souhaitons certes qu'il y ait chez ceux qui vénèrent saint Thomas - comme doivent le faire tous les fils de l'Eglise qui se livrent aux meilleures études - cette noble émulation, respectueuse d'une juste liberté, qui est propice au progrès de la science, mais pas de dénigrement, qui ne profite pas à la vérité et qui n'aboutit qu'à défaire les liens de la charité. Que chacun s'en tienne donc fidèlement à ce qui est prescrit dans le Code de droit canonique
CIS 1366 Par. 2, à savoir que "dans l'étude de la philosophie rationnelle et de la théologie, comme dans l'enseignement de ces sciences aux élèves, les professeurs suivront en tous points la méthode, la doctrine et les principes du Docteur angélique, et ils se feront un devoir de conscience de s'y tenir" ; et tous observeront cette règle, en sorte qu'ils puissent l'appeler leur maître en toute vérité.

3667
Mais que les uns n'exigent pas davantage des autres que ce que l'Eglise, mère et maîtresse de tous, exige de tous ; et dans les questions à propos desquelles dans les écoles catholiques les auteurs les meilleurs ont coutume de disputer selon des avis contraires, nul ne doit être empêché de suivre l'opinion qui lui paraît plus vraisemblable.




Lettre apostolique "Infinita Dei misericordia", 29 mai 1924.

La reviviscence des mérites et des dons

3670
Au cours de l'année sabbatique les Hébreux récupéraient les biens qu'ils avaient aliénés et rentraient "dans leur propriété" ; les esclaves reprenaient leur liberté et retournaient "dans leur famille primitive"
Lv 25,10 ; et les débiteurs recevaient remise de leur dette : or tout cela advient et se produit chez nous de façon plus abondante encore l'année du pardon. En effet, quiconque, durant le jubilé, se conforme d'un coeur contrit aux prescriptions du Siège apostolique recouvre la totalité des mérites et des grâces que le péché lui a fait perdre ; et il est délivré de la cruelle tyrannie de Satan de sorte à jouir à nouveau de la liberté "par laquelle le Christ nous a affranchis" Ga 4,31, et enfin, par l'application des mérites surabondants de Jésus Christ, de la bienheureuse Vierge Marie et des saints, il est pleinement exonéré de toutes les peines encourues pour ses fautes et ses manquements.



Décret de la Sacrée Congrégation du concile, 13 juin 1925.

Quasi-duels dits Bestimmungs-Mensuren

3672
Question : Les déclarations de la Sacrée Congrégation du concile de 1890 (9 août) et de 1923 (10 février) par lesquelles sont frappés de peines ecclésiastiques les duels d'étudiants en usage dans les universités d'Allemagne et appelés Bestimmungs-Mensuren ne concernent-elles - conformément à l'opinion de certains auteurs récents - que les duels dans lesquels on se bat avec le danger d'une très grave blessure, ou comprennent-elles également ceux qui ont lieu sans danger de blessure grave ?
Réponse (approuvée par le souverain pontife le 20 juin) : Non pour le premier point, oui pour le second.



Encyclique "Quas primas", 11 décembre 1925.

La dignité royale et la puissance du Christ homme

3675
Que le Christ soit appelé "roi" au sens métaphorique, en raison de ce haut degré d'excellence par lequel il se distingue parmi toutes les créatures et les dépasse, est un usage existant depuis toujours et qui est commun. On dit ainsi qu'il règne sur les esprits des hommes..., et de même sur les volontés des hommes... . Enfin le Christ est reconnu comme le roi des coeurs...
Cependant pour entrer plus à fond dans notre sujet, il n'est personne qui ne voit que le nom et la puissance d'un roi, au sens propre du terme, doivent être attribués au Christ dans son humanité ; en effet c'est seulement en tant qu'il est homme qu'il peut être dit qu'il a reçu du père la puissance et l'honneur s., puisque le Verbe de Dieu, en tant qu'il est de la même substance que le Père, ne peut pas ne pas avoir tout en commun avec le Père, et donc aussi la souveraineté suprême et la plus absolue sur toutes les créatures. (Il est montré ensuite à partir des Ecritures que le Christ est roi ; référence est faite notamment à
Nb 24,19 Ps 2 Ps 45,7 Ps 72,7 sq. Is 9,6 Jr 23,5 s ; Za 9,9 Lc 1,32 s, Mt 28,18 Ap 1,5 Ap 19,16 ; He 1,2


3676
Quant au fondement de cette dignité et de cette puissance, il est indiqué de façon heureuse par Cyrille d'Alexandrie : "Pour le dire en un mot, la souveraineté qu'il possède sur toutes les créatures, il ne l'a pas ravie par la force, il ne l'a pas reçue d'une main étrangère, mais il l'a eue de par son essence et sa nature" ; sa prééminence repose en effet sur cette union admirable qu'on appelle hypostatique. Il n'en résulte pas seulement que le Christ doit être adoré par les anges et les hommes en tant qu'il est Dieu, mais également que les anges et les hommes doivent obéir à son autorité et lui être soumis en tant qu'il est homme, car au seul titre de l'union hypostatique le Christ a pouvoir sur toutes les créatures.
Mais que peut-il y avoir de plus délectable et de plus suave pour notre pensée que ceci : que le Christ règne sur nous non seulement par droit natif, mais également par droit acquis, c'est-à-dire parce qu'il nous a rachetés
3352 ? Puissent donc tous les hommes oublieux se souvenir quel prix nous avons coûté à notre Sauveur : "Car vous n'avez pas été rachetés avec de l'or et de l'argent corruptibles..., mais par le sang précieux du Christ, comme par un agneau sans tache et sans défaut" 1P 1,18 s. Nous n'appartenons plus à nous- mêmes, puisque le Christ nous a rachetés "à grand prix" 1Co 6,20 ; nos corps eux-mêmes "sont les membres du Christ" 1Co 6,15.

3677
Mais pour expliquer brièvement la signification et la nature de cette royauté, il est presque inutile de dire qu'elle consiste en un triple pouvoir, sans lequel la royauté serait difficile à concevoir. ... Il faut croire de foi catholique que le Christ Jésus a été donné aux hommes comme le Rédempteur à qui ils doivent donner foi, et en même temps comme le législateur à qui ils doivent obéir
1571 . Les évangiles cependant ne le montrent pas tant comme ayant édicté des lois : ils le présentent plutôt comme le législateur. ...
Quant au pouvoir judiciaire qu'il a reçu du Père, Jésus lui- même affirme aux juifs qui l'accusent d'avoir violé le repos du sabbat en guérissant miraculeusement un homme malade : "Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout jugement" Jn 5,22. En cela est compris également - car cela ne peut pas être séparé du jugement - qu'il a le plein droit de distribuer récompenses et peines aux hommes, même durant leur vie.
Par ailleurs il faut également attribuer au Christ ce pouvoir qu'on appelle exécutif, puisqu'il est nécessaire que tous obéissent à son empire, avec des peines dont il est dit qu'elles seront infligées à ceux qui se rebellent, et auxquelles personne ne peut échapper.

3678
Toutefois ce règne est principalement spirituel et s'étend aux réalités spirituelles, comme le montrent clairement les paroles des Ecritures que nous avons rapportées plus haut, et comme le montre aussi le Christ Seigneur dans la manière dont il agit. Car ce n'est pas à une occasion seulement, lorsque les juifs et même les apôtres eux-mêmes ont pensé que le Messie conduirait le peuple dans la liberté et rétablirait le royaume d'Israël, qu'il a lui- même enlevé et détruit cette illusion et cet espoir ; lorsqu'il allait être proclamé roi par la foule des admirateurs qui l'entourait, il refusa aussi bien le titre que l'honneur en s'éloignant et en se cachant ; devant le gouverneur romain encore il déclara que son royaume n'est pas "de ce monde"
Jn 18,36.
Ce royaume, les évangiles nous le présentent comme un royaume dans lequel les hommes se préparent à entrer en faisant pénitence, et dans lequel personne ne peut entrer sinon par la foi et le baptême qui, bien qu'il s'agisse d'un rite extérieur, figure et réalise cependant la régénération intérieure ; il s'oppose uniquement au royaume de Satan et à la puissance des ténèbres, et à ses adeptes il ne demande pas seulement de détacher leur coeur des richesses et des biens terrestres, de pratiquer la douceur et d'avoir faim et soif de justice, mais encore de renoncer à eux-mêmes et de porter leur croix. Mais puisque le Christ, comme Rédempteur, a acquis l'Eglise par son sang, et que comme prêtre il est offert et s'offre perpétuellement lui-même comme victime pour les péchés, qui ne voit que la charge royale elle-même se revêt de la nature de ces deux charges et y a part ?

3679
Par ailleurs ce serait une erreur ignominieuse que de dénier au Christ homme toute souveraineté sur les sociétés civiles, puisqu'il tient du Père le droit le plus absolu sur les créatures, faisant que toutes choses se trouvent en son jugement. Cependant, aussi longtemps qu'il a vécu sur terre, il s'est abstenu entièrement d'exercer cette domination, et de même qu'alors il a dédaigné la possession et le souci des biens humains, de même il les a permis et les permet aujourd'hui à ceux qui en possèdent. Ce qui est dit de façon très belle dans cette parole : "il ne ravit pas les royaumes mortels, celui qui donne les royaumes éternels."
C'est pourquoi l'empire de notre Rédempteur embrasse la totalité des hommes ; à ce sujet Nous faisons volontiers nôtres les paroles de notre prédécesseur d'immortelle mémoire : "Manifestement son empire ne s'étend pas seulement aux nations qui portent le nom de catholiques, ou à ceux-là seulement qui, ayant été baptisés, appartiennent à l'Eglise si on considère le droit, même si l'erreur de leurs opinions les égare loin d'elle, ou si la dissension les sépare de la charité ; mais il embrasse également tous ceux qui sont considérés comme hors de la foi chrétienne, de sorte que c'est en stricte vérité l'universalité du genre humain qui est soumise au pouvoir de Jésus Christ"
3350 .
Et à cet égard il n'y a lieu de faire aucune différence entre les différentes communautés domestiques ou civiles, car les hommes réunis en société ne sont pas moins soumis au pouvoir du Christ que les individus. Le même en effet est la source du salut privé et commun : "Il n'existe de salut en aucun autre ; et aucun autre nom sous le ciel n'a été donné aux hommes qu'il nous faille invoquer pour être sauvés Ac 4,12.



Instruction du Saint-Office, 19 juin 1926.

Crémation des corps

3680
Puisqu'il en est beaucoup, même parmi les catholiques, qui n'hésitent pas à célébrer cette coutume barbare qui répugne non seulement à la piété chrétienne, mais encore à la piété naturelle envers les corps des défunts, et que l'Eglise, dès les origines, a constamment proscrite, comme un des plus louables avantages qu'on doive au progrès civil d'aujourd'hui, comme ils disent, et aux connaissances concernant la protection de la santé,... (il faut avertir les fidèles) que cette crémation des cadavres n'est louée et propagée par les ennemis du nom chrétien qu'à la seule fin de détourner peu à peu les esprits de la médiation de la mort, de leur enlever l'espérance en la résurrection des morts, et de préparer ainsi les voies au matérialisme.
Par conséquent, bien que la crémation des cadavres ne soit pas absolument mauvaise en soi et qu'en certaines circonstances extraordinaires, pour des raisons graves et bien avérées d'intérêt public, elle puisse être autorisée et qu'en fait elle le soit, il n'en est pas moins évident que sa pratique commune et en quelque sorte systématique, de même que la propagande en sa faveur, constituent des actes impies et scandaleux, et de ce fait gravement illicites.



Déclaration du Saint-Office, 2 juin 1927.

Le " Comma Johanneum "

3681
Question Peut-on nier ou du moins mettre en doute de façon sûre l'authenticité du texte de saint Jean dans la première épître, chapitre 5, verset 7, qui dit : " C'est qu'ils sont trois à rendre témoignage au ciel : le Père, le Verbe et l'Esprit Saint, et ces trois sont un" ?
1Jn 5,7
Le 13 janvier 1897, le Saint-Office avait donné la réponse suivante à la question : Non. Dans sa déclaration du 2 juin 1927, le Saint- Office traita à nouveau de cette question :

3682
Ce décret fut donné pour que soit refrénée l'audace de docteurs privés qui s'arrogent le droit soit de rejeter totalement l'authenticité du Comma Johanneum, soit au moins de le mettre en doute par leur jugement ultime. Il n'entendait cependant empêcher aucunement que les auteurs catholiques étudient plus avant la question, et qu'après avoir pesé soigneusement les arguments avec la mesure et la modestie que requiert la gravité de la chose, ils inclinent vers une conception opposée à l'authenticité, dès lors du moins qu'ils se reconnaissent disposés à se conformer au jugement de l'Eglise qui a reçu du Christ le mandat non seulement d'interpréter la sainte Ecriture, mais également de la garder avec fidélité.



Décret du Saint-Office, 24 juillet (2 août) 1929.

Masturbation directe

3684
Question : Une masturbation provoquée de façon directe afin d'obtenir du sperme permettant de détecter ainsi la maladie contagieuse appelée "blennoragie", et de la guérir autant que possible, est-elle licite ? - Réponse(confirmée par le souverain pontife le 26 juillet) Non.




Réponse de la Sacrée Pénitencerie, 20 juillet 1932.

Le recours exclusif aux périodes infécondes

3748
Question : Est-elle licite en elle-même, la pratique des époux qui, parce que pour des raisons justes et graves ils préfèrent éviter une descendance de manière honnête, s'abstiennent par consentement mutuel et pour des motifs honnêtes de l'usage du mariage à l'exception des jours où, selon les théories de certains auteurs récents (Ogino-Knaus), il ne peut pas y avoir de conception pour des raisons naturelles ?
Réponse : A été traité par la réponse de la Sacrée Pénitencerie du 16 juin 1880
3148 .



Réponse de la Commission biblique, 1er juillet 1933.

Fausse interprétation de @Ps 16,10@ s, @Mt 16,26 ; Lc 9,25@

3750
Question 1: Est-il permis à un catholique, étant donné surtout l'interprétation authentique du Prince des apôtres
Ac 2,24-33 Ac 13,35-37

d'interpréter les paroles du Ps 16,10-11 : "Tu ne laisseras pas mon âme dans le séjour des morts et tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption Tu m'as fait connaître les sentiers de la vie", comme si l'auteur n'avait pas voulu parler de la résurrection de notre seigneur Jésus Christ ?
Réponse : Non.

3751
Question 2 : Est-il permis d'affirmer que les paroles de Jésus Christ qu'on lit dans
Mt 16,26 : "Et que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il vient à perdre son âme. Ou que donnera un homme en échange de son âme? ", ainsi que les suivantes, qu'on lit dans saint Luc : " Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s'il se ruine ou se perd lui-même ? ", ne concernent pas, au sens littéral, le salut éternel de l'âme mais seulement la vie temporelle de l'homme, nonobstant la teneur des mots eux-mêmes et leur contexte, comme aussi l'interprétation catholique unanime ?
Réponse : Non.



Réponse du Saint-Office. 11 août 1936.

Stérilisation

3760
Exposé : ... Une opération chirurgicale qui conduit à une stérilisation n'est pas, certes, une "action intrinsèquement mauvaise pour ce qui est de la substance de l'acte", et elle peut donc être permise du moment qu'elle est nécessaire pour procurer la bonne santé. Mais si elle est accomplie en vue d'empêcher la procréation d'enfants, elle est une "action intrinsèquement mauvaise en raison de l'absence de droit chez celui qui agit", puisque ni un homme privé, ni l'autorité publique, n'ont de pouvoir direct de disposer des membres du corps qui s'étendrait jusque-là.

3761
Cette doctrine, présentée de façon explicite par le souverain pontife, doit être appliquée intégralement à la loi de stérilisation dont il s'agit. Que cette loi destinée à empêcher une descendance handicapée soit édictée pour des raisons purement eugéniques, ou plutôt, pour prévenir des dommages économiques ou d'autres de cette sorte, ne change rien à l'affaire et ne supplée pas à l'absence de droit chez celui qui agit, et c'est pourquoi l'opération de stérilisation qui est prescrite doit être considérée comme intrinsèquement injuste, et elle l'est en effet.

3762
Par conséquent : même si la fin de la loi, qui est de se soucier de la santé et de la vigueur de la descendance, et d'empêcher une descendance handicapée, n'est pas à réprouver, il faut néanmoins réprouver totalement l'objet de la loi, c'est-à-dire le moyen prescrit pour conduire à cette fin.
(En conséquence de cela, le Saint-Office donna cette réponse le 15 juillet 1936 : )

3763
1) Une stérilisation faite à cette fin qui est d'empêcher une descendance, est une action intrinsèquement mauvaise par absence de droit chez celui qui agit ; et c'est pourquoi elle est interdite par la loi naturelle elle- même, qu'elle soit accomplie en vertu d'une autorité privée ou en vertu d'une autorité publique.

3764
2) ... Dans la mesure où elle prescrit soit de demander, soit de réaliser une telle stérilisation, la "Loi visant à empêcher une descendance atteinte d'une maladie héréditaire" est contraire au bien commun véritable, injuste, et ne peut pas créer une obligation en conscience.

3765
3) Approuver cette loi, la recommander ou l'appliquer par sentence judiciaire à des cas particuliers pour que soit réalisée la stérilisation, de même qu'approuver la stérilisation elle-même en vue d'empêcher une descendance..., signifie approuver une chose intrinsèquement mauvaise..., et est pour cette raison immoral et illicite.



Encyclique "Firmissimam constantiam" aux évêques des Etats-Unis

du Mexique, 28 m

La résistance contre l'abus du pouvoir étatique

3775
Vous avez enseigné que, même au prix de graves inconvénients pour elle-même, l'Eglise préconise la paix et l'ordre, et qu'elle condamne toute rébellion injuste ou toute violence contre les pouvoirs constitués. D'autre part il a été affirmé également chez vous que si le cas se produit où les pouvoirs eux-mêmes combattent ouvertement la justice et la vérité au point qu'ils détruisent même les fondements de l'autorité, on ne voit pas pourquoi on devrait condamner les citoyens qui s'unissent pour se garder eux-mêmes, et protéger la nation, lorsqu'ils mettent en oeuvre des moyens licites et approuvés contre ceux qui abusent du pouvoir en entraînant la ruine de la vie publique commune.

3776
Même si la solution à apporter à ces questions dépend nécessairement des circonstances concrètes, certains principes doivent être mis en lumière :
1. Les actes de résistance de cette sorte ont le caractère d'un moyen ou d'une fin relative, non celui d'une fin ultime et absolue.
2. En tant que moyens, ils doivent être des actions licites, et non intrinsèquement mauvais.
3. Etant donné qu'ils doivent être aptes et proportionnés à la fin, ils doivent cependant être mis en oeuvre dans la mesure seulement où ils conduisent entièrement ou pour partie à la fin poursuivie, mais de telle sorte qu'ils n'entraînent pas pour la communauté et pour la justice de dommages supérieurs aux dommages qu'on veut réparer.
4. L'usage de ces moyens et le plein exercice des droits civils et politiques cependant, du fait qu'ils englobent également ce qui relève de l'ordre purement temporel et technique ou de la défense par la force, ne concerne pas directement la tâche de l'Action catholique, même s'il lui incombe le devoir d'instruire les hommes catholiques à exercer de façon juste les droits qui leur sont propres et à les défendre des moyens justes, selon ce qu'exige le bien commun.
5. Le clergé et l'Action catholique étant tenus, en vertu de la mission de paix et d'amour qui leur est confiée, d'unir tous les hommes "dans le lien de la paix"
Ep 4,3, ils doivent contribuer au plus haut point à la prospérité de la nation, aussi bien en favorisant grandement l'union des citoyens et des classes, qu'en soutenant toutes les initiatives sociales qui ne sont pas en contradiction avec la doctrine du Christ et la loi morale.



Décret du Saint-Office, 21 (24) février 1940.

Stérilisation

3788
Question : La stérilisation directe, soit perpétuelle, soit temporaire, de l'homme ou de la femme est-elle licite ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 22 février) : Non ; elle est interdite par le droit naturel, et pour ce qui est de la stérilisation eugénique, elle a déjà été réprouvée par le décret du 21 mars 1931.



Décret du Saint-Office, 27 novembre (2 décembre) 1940.

La mise à mort directe d'innocents sur ordre de l'autorité

publique

3790
Question : Est-il licite de tuer directement, sur ordre de l'autorité publique, ceux qui, sans avoir commis aucun crime qui mérite la mort, ne sont pourtant plus en état, par suite de déficiences psychiques ou physiques, d'être utiles à la nation, et qui sont considérés au contraire comme lui étant à charge et comme faisant obstacle à sa vigueur et à sa force?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 1er décembre) : Non, puisque cela est contraire au droit naturel et au droit divin positif.



lettre de la Commission biblique aux évêques d'Italie, 20 août 1941.

Le sens littéral et le sens spirituel de l'Ecriture

3792
(1) L'auteur anonyme, tout en affirmant pour la forme que le sens littéral est "la base de l'interprétation biblique", préconise en fait une interprétation totalement subjective et allégorique... Certes, c'est un énoncé de foi, et à tenir comme un principe fondamental, que la sainte Ecriture contient, outre le sens littéral, un sens spirituel ou typique, comme cela est enseigné par la façon de faire de notre Seigneur et des apôtres ; cependant toute sentence ou tout récit biblique ne contient pas un sens typique, et ce fut un grand excès de l'école alexandrine d'avoir voulu trouver partout un sens symbolique, même au dépens du sens littéral et historique.
Le sens spirituel ou typique, outre qu'il se fonde sur le sens littéral, doit se prouver soit par l'usage de notre Seigneur, des apôtres ou des écrivains inspirés, soit par l'usage traditionnel des saints Pères et de l'Eglise, spécialement dans la liturgie sacrée, parce que "la règle de la prière est la règle de la foi"
246 .
Une application plus large des textes sacrés pourra bien se justifier par un but d'édification dans la prédication et les écrits ascétiques ; mais le sens qui résulte des accommodations les plus heureuses, quand il n'a pas été approuvé comme il est dit ci-dessus, ne peut être dit vraiment et strictement sens de la Bible, ni sens que Dieu a inspiré à l'hagiographe.

3793
L'auteur anonyme, au contraire, qui ne fait aucune de ces distinctions élémentaires, veut imposer les élucubrations de son imagination comme sens de la Bible, comme "la véritable communion spirituelle de la sagesse du Seigneur", et méconnaissant l'importance capitale du sens littéral, il accuse calomnieusement les exégètes catholiques de considérer "seulement le sens littéral" et de le considérer "d'une façon humaine, le prenant seulement matériellement pour ce que les paroles signifient"...
Il rejette de cette façon la règle d'or des docteurs de l'Eglise, formulée si clairement par Thomas d'Aquin : "Tous les sens sont fondés sur l'unique sens littéral, et l'on ne pourra argumenter qu'à partir de lui seul" ; règle que les souverains pontifes ont approuvée et consacrée quand ils ont prescrits, avant tout, de chercher avec tout le soin possible le sens littéral. Ainsi par exemple Léon XIII ... : "C'est pourquoi il faut peser avec soin la valeur des mots eux- mêmes, la signification du contexte, la similitude des passages et autres choses semblables, et associer également les éclaircissements externes par une science appropriée"... (Est cité également le précepte d'Augustin
3284 )
De même également Benoît XV... " Nous voulons considérer par un examen attentif les paroles mêmes de l'Ecriture, pour nous assurer sans nul doute possible de ce qu'a écrit l'auteur sacré ; et il... recommande aux exégètes "de s'élever avec mesure et discrétion jusqu'à des interprétations plus hautes".
Finalement les deux papes... insistent, avec les paroles mêmes de saint Jérôme, sur le devoir de l'exégète : "Le devoir du commentateur est d'exposer non des idées et des intentions personnelles, mais uniquement la pensée, l'idée de l'auteur qu'il commente."

Le sens du décret de Trente concernant l'autorité de la Vulgate.

3794
(2) ... Le concile de Trente a voulu, contre la confusion occasionnée par les nouvelles traductions en latin et en langues vulgaires alors propagées, sanctionner l'usage public dans l'Eglise d'Occident de la version latine commune, en la justifiant par l'usage séculaire qu'en faisait l'Eglise, mais il n'a pas entendu par là diminuer en rien l'autorité des antiques versions employées dans les Eglises orientales, en particulier celle de la Septante utilisée par les apôtres eux-mêmes, et encore moins l'autorité des textes originaux il a résisté à une partie des pères qui voulaient l'usage exclusif de la Vulgate, comme seul texte faisant autorité.
L'anonyme, au contraire, juge que, en vertu du décret du concile de Trente, on possède dans la version latine un texte déclaré supérieur à tous les autres ; il blâme les exégètes de vouloir interpréter la Vulgate à l'aide des textes originaux et des autres versions anciennes. Pour lui le décret donne "la certitude du texte sacré", de sorte que l'Eglise n'a pas besoin "de rechercher encore la lettre authentique de Dieu", et cela non seulement en matière de foi et de moeurs, mais pour toutes les questions (y compris littéraires, géographiques, chronologiques, etc.)...

3795
Or pareille prétention n'est pas seulement contraire au sens commun, qui n'acceptera jamais qu'une version puisse être supérieure au texte original, mais contraire aussi à la pensée des pères du concile telle qu'elle apparaît dans les actes officiels. Le concile fut même convaincu de la nécessité d'une révision et d'une correction de la Vulgate elle-même, et en avait confié l'exécution aux souverains pontifes qui le firent, comme ils firent, conformément aux plus compétents collaborateurs du concile lui-même, une édition corrigée de la Septante,... et ensuite ordonnèrent celle du texte hébreu de l'Ancien Testament et du texte grec du Nouveau Testament...
Et elle contredit ouvertement le précepte de l'encyclique 'Providentissimus': "Nous ne voulons pas dire cependant qu'il ne faudra pas tenir compte des autres versions que les chrétiens des premiers âges ont utilisées avec éloge, et surtout des textes primitifs."

3796
En somme, le concile de Trente a déclaré la Vulgate "authentique" au sens juridique, c'est-à-dire pour tout ce qui concerne la "force probatoire en matière de foi et de moeurs", mais n'exclut pas le fait des divergences possibles d'avec le texte original et les anciennes versions...



Instruction de la Sacrée Pénitencerie, 25 mars 1944.

L'absolution générale

3832
(En vue d'écarter les doutes à propos de la faculté) de donner dans certaines circonstances l'absolution sacramentelle avec une formule générale, c'est-à-dire une absolution sacramentelle collective, sans qu'il y ait eu auparavant de la part de chaque fidèle la confession des péchés, la Sacrée Pénitencerie (déclare):

3833
1. Les prêtres, même s'ils ne sont pas approuvés pour entendre les confessions sacramentelles, ont la faculté d'absoudre d'une façon générale, ensemble et en même temps :
a) En tant que se trouvant en danger de mort, les soldats qui se battent ou sont sur le point de se battre, lorsque, en raison soit de la multitude des soldats, soit du peu de temps, ceux-ci ne peuvent pas être entendus individuellement. Si cependant les circonstances sont telles qu'il paraisse moralement impossible ou extrêmement difficile d'absoudre les soldats au moment du combat ou si celui-ci est imminent, alors il est permis de leur donner l'absolution dès lors qu'on le jugera nécessaire.
b) Les civils et les soldats quand il y a menace prochaine d'un danger de mort durant les incursions ennemies.

3834
2. En dehors des cas où intervient le danger de mort, il n'est pas permis de donner l'absolution sacramentelle à plusieurs fidèles à la fois et en même temps, ni à des fidèles en particulier qui, à cause seulement du grand nombre de pénitents, comme cela peut arriver par exemple un jour de grande de fête ou d'une indulgence à gagner, ne se sont confessés qu'à moitié
2159 ; cela serait cependant permis si vient s'ajouter une autre nécessité, tout à fait grave et urgente, proportionnée à la gravité du précepte divin de l'intégrité de la confession, par exemple si des pénitents, sans faute de leur part, étaient réduits à être privés longtemps de la grâce du sacrement et de la sainte communion. ..

3835
4. (Entre autres choses les pénitents doivent être avertis de ce que) il est nécessaire que ceux qui ont été absous en groupe accusent selon les règles, dès la première confession qu'ils feront, chaque péché grave commis et non encore accusé antérieurement.

3836
5. Que les prêtres instruisent clairement les fidèles qu'il est gravement interdit, quand ils sont tout à fait conscients d'avoir commis un péché mortel, non encore régulièrement accusé et remis en confession, de se soustraire à dessein à l'obligation qui s'impose en vertu de la loi tant divine qu'ecclésiastique, d'accuser en confession tous les péchés mortels commis et chacun d'entre eux, en attendant l'occasion où l'absolution sacramentelle sera donnée à un groupe.

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7. Si le temps le permet, cette absolution doit être donnée en employant la formule habituelle complète, mais en la mettant au pluriel ; dans les cas contraires on peut se servir de la formule suivante, plus courte : "Je vous absous de toutes les censures et de tous les péchés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."




1996 Denzinger 3650