1996 Denzinger 3837

Décret du Saint-Office, 29 mars (1er avril) 1944.

Les fins du mariage

3838
Exposé : (Dans certains écrits il est affirmé) que la fin primaire du mariage n'est pas de procréer des enfants, ou que les fins secondaires ne sont pas subordonnées à la fin primaire mais en sont indépendantes.
Dans ces élucubrations la fin primaire est désignée diversement par les divers auteurs, par exemple l'accomplissement et la perfection personnelle des époux par une communauté complète de vie et d'action ; l'amour mutuel des conjoints à favoriser et à accomplir par le don psychique et corporel de sa propre personne, et d'autres semblables.
Dans ces mêmes écrits on donne parfois aux mots employés dans les documents de l'Eglise (comme fin primaire ou secondaire) un sens qui ne correspond pas à celui qu'ont ces concepts selon l'usage commun des théologiens.
Question : Peut-on admettre l'opinion de certains modernes qui soit nient que la fin primaire du mariage est de procréer et d'éduquer des enfants, soit enseignent que les fins secondaires ne sont pas essentiellement subordonnées à la fin primaire, mais sont également principales et indépendantes ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 30 mars) : Non.



Décret du Saint-Office, 19 (21) juillet 1944.

Millénarisme

3839
Question : Que faut-il penser du système du millénarisme mitigé qui enseigne qu'avant le jugement dernier, précédé ou non de la résurrection de plusieurs justes, le Christ notre Seigneur viendra visiblement sur notre terre pour y régner ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 2O juillet) : Le système du millénarisme mitigé ne peut pas être enseigné de façon sûre.



lettre du secrétaire de la Commission biblique à l'archevêque

de Paris, le cardi

Questions critiques du Pentateuque

3862
La Commission pontificale biblique... désire y (au sentiment de filiale confiance) correspondre par un effort sincère de promouvoir les études bibliques en leur assurant, dans les limites de l'enseignement traditionnel de l'Eglise, la plus entière liberté. Cette liberté a été affirmée en termes explicites par l'encyclique (de Pie XII)... Divino afflante Spiritu en ces termes : "L'exégète catholique... (est cité en français le texte (3831>3831]."
...Qu'on veuille bien comprendre et interpréter, à la lumière de cette recommandation du souverain pontife, les trois réponses officielles données jadis par la Commission biblique à propos des questions susmentionnées, à savoir le 23 juin 1905 sur les récits qui n'auraient d'historique que l'apparence dans les livres historiques de la sainte Ecriture
3373 , le 27 juin 1906 sur l'authenticité mosaïque du Pentateuque 3394-3397 , et le 30 juin 1909 sur le caractère historique des trois premiers chapitres de la Genèse 3512-3519 , et l'on concédera qu'elles ne s'opposent nullement à un examen ultérieur vraiment scientifique de ces problèmes d'après les résultats acquis pendant ces quarante dernières années. En conséquence, la Commission biblique ne croit pas qu'il y a lieu de promulguer, du moins pour le moment, de nouveaux décrets à propos de ces questions.

3863
En ce qui concerne la composition du Pentateuque, dans le décret susmentionné du 27 juin 1906 la Commission biblique reconnaissait déjà que l'on pouvait affirmer que Moïse, "pour composer son ouvrage, s'est servi de documents écrits ou de traditions orales" et admettre aussi des modifications et additions postérieures à Moïse
3396 s . Il n'est plus personne aujourd'hui qui mette en doute l'existence de ces sources et n'admette un accroissement progressif des lois mosaïques dû aux conditions sociales et religieuses des temps postérieurs, progression qui se manifeste aussi dans les récits historiques.
Cependant, même dans le camp des exégètes non catholiques, des opinions très divergentes sont professées aujourd'hui touchant la nature et le nombre de ces documents, leur dénomination et leur date. Il ne manque pas même d'auteurs, en différents pays, qui pour des raisons purement critiques et historiques, sans aucune intention apologétique, rejettent résolument les théories les plus en vogue jusqu'ici et cherchent l'explication de certaines particularités rédactionnelles du Pentateuque, non pas tant dans la diversité des documents supposés, que dans la psychologie spéciale, dans les procédés particuliers mieux connus aujourd'hui, de la pensée et de l'expression des anciens Orientaux, ou encore dans le genre littéraire différent postulé par la diversité des matières.
C'est pourquoi nous invitons les savants catholiques à étudier ces problèmes sans parti pris, à la lumière d'une saine critique et des résultats des autres sciences intéressées dans ces matières, et une telle étude établira sans doute la grande part et la profonde influence de Moïse comme auteur et comme législateur.

3864
La question des formes littéraires des onze premiers chapitres de la Genèse est bien plus obscure et complexe. Ces formes littéraires ne répondent à aucune de nos catégories classiques et ne peuvent pas être jugées à la lumière des genres littéraires gréco-latins ou modernes. On ne peut donc ni nier ni affirmer l'historicité en bloc sans leur appliquer indûment les normes d'un genre littéraire sous lequel ils ne peuvent pas être classés. Si l'on s'accorde à ne pas voir dans ces chapitres de l'histoire au sens classique et moderne, on doit avouer aussi que les données scientifiques actuelles ne permettent pas de donner une solution positive à tous les problèmes qu'ils posent.
Le premier devoir qui incombe ici à l'exégèse scientifique consiste tout d'abord dans l'étude attentive de tous les problèmes littéraires, scientifiques, historiques, culturels et religieux connexes avec ces chapitres ; il faudrait ensuite examiner de près les procédés littéraires des anciens peuples orientaux, leur psychologie, leur manière de s'exprimer et leur notion même de vérité historique ; il faudrait, en un mot, rassembler sans préjugés tout le matériel des sciences paléontologique et historique, épigraphique et littéraire. C'est ainsi seulement qu'on peut espérer voir plus clair dans la vraie nature de certains récits des premiers chapitres de la Genèse.

Déclarer a priori que leurs récits ne contiennent pas de l'histoire au sens moderne du mot, laisserait facilement entendre qu'ils n'en contiennent en aucun sens, tandis qu'ils relatent en un langage simple et figuré, adapté aux intelligences d'une humanité moins développée, les vérités fondamentales présupposées à l'économie du salut, en même temps que la description populaire des origines du genre humain et du peuple élu.



Décret du Saint-Office, 28 juin (1er juillet) 1949.

Décret contre le communisme

3865
Questions : 1. Est-il permis d'adhérer au parti communiste ou de le favoriser en quelque manière
3930 ?
2. Est-il permis de publier, de répandre ou de lire des livres, revues, journaux ou tracts qui soutiennent la doctrine ou l'action des communistes, ou d'y écrire ?
3. Des fidèles chrétiens qui sciemment et librement ont posé des actes dont il est question en 1 et 2 peuvent-ils être admis aux sacrements ?
4. Des fidèles chrétiens qui professent la doctrine matérialiste et antichrétienne des communistes, et surtout ceux qui la défendent ou la propagent, encourent-ils par le fait même. comme apostats de la foi catholique, l'excommunication spécialement réservée au Siège apostolique ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 30 juin) :
Pour 1. Non : le communisme est en effet matérialiste et antichrétien ; bien que les chefs communistes déclarent parfois en paroles qu'ils n'attaquent pas la religion, ils montrent en fait, soit par la doctrine, soit par les actes, qu'ils sont hostiles à Dieu, à la vraie religion et à l'Eglise du Christ.
Pour 2. Non : ils sont en effet prohibés de plein droit CIS 1399
Pour 3. Non, conformément aux principes ordinaires concernant le refus des sacrements à ceux qui n'ont pas la disposition requise.
Pour 4. Oui.



Lettre du Saint-Office à l'archevêque de Boston, 8 août 1949.

La nécessité de l'Eglise pour le salut

3866
..Or parmi les choses que l'Eglise a toujours prêchées et ne cessera jamais de prêcher se trouve également cette affirmation infaillible qui nous enseigne que "hors de l'Eglise il n'y a pas de salut". Ce dogme doit cependant être compris dans le sens où l'Eglise elle-même le comprend. En effet, ce n'est pas au jugement privé que notre Sauveur a confié l'explication des choses contenues dans le dépôt de la foi, mais au magistère de l'Eglise.

3867
En premier lieu, l'Eglise enseigne qu'il s'agit en cette question d'un commandement très strict de Jésus Christ. Il a, en effet, imposé expressément à ses apôtres d'apprendre à toutes les nations à observer tout ce qu'il avait ordonné. Parmi les commandements du Christ, celui-là n'est pas le moindre, qui nous ordonne d'être incorporés par le baptême dans le Corps mystique du Christ, qui est l'Eglise, et de rester unis au Christ et à son vicaire par lequel il gouverne lui-même de façon visible son Eglise sur terre. C'est pourquoi nul ne sera sauvé si, sachant que l'Eglise a été divinement instituée par le Christ, il n'accepte pas cependant de se soumettre à l'Eglise ou refuse l'obéissance au pontife romain, vicaire du Christ sur terre.

3868
Or le Sauveur n'a pas seulement ordonné que tous les peuples entrent dans l'Eglise, mais il a décidé aussi que l'Eglise serait le moyen de salut, sans lequel nul ne peut entrer dans le Royaume de la gloire céleste.

3869
Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que les effets, nécessaires pour être sauvé, de ces moyens de salut qui sont ordonnés à la fin dernière de l'homme non par nécessité intrinsèque mais uniquement par l'institution divine, puissent aussi être obtenus en certaines circonstances, lorsque ces moyens ne sont mis en oeuvre que par le désir ou par le souhait. Nous voyons cela clairement énoncé dans le saint concile de Trente au sujet soit du sacrement de la régénération, soit du sacrement de pénitence
1524 , 1543 .

3870
Or il faut en dire autant, à son propre degré, de l'Eglise en tant qu'elle est le moyen général du salut. Car pour que quelqu'un obtienne le salut éternel, il n'est pas toujours requis qu'il soit effectivement incorporé à l'Eglise comme un membre, mais il est au moins requis qu'il lui soit uni par le voeu et le désir.
Cependant, il n'est pas toujours nécessaire que ce voeu soit explicite, comme il l'est chez les catéchumènes, mais, quand l'homme est victime d'une ignorance invincible, Dieu accepte aussi un voeu implicite, ainsi appelé parce qu'il est inclus dans la bonne disposition d'âme par laquelle l'homme veut conformer sa volonté à la volonté de Dieu.

3871
C'est l'enseignement clair de (l'encyclique de Pie XII)... sur le Corps mystique de Jésus Christ. Le souverain pontife y distingue nettement ceux qui sont réellement incorporés à l'Eglise comme ses membres et ceux qui ne sont unis à l'Eglise que par le voeu. ... "Mais seuls font partie réellement des membres de l'Eglise ceux qui ont reçu le baptême de régénération et professent la vraie foi, et qui, d'autre part, ne sont pas, pour leur malheur, séparés de l'ensemble du Corps, ou n'en ont pas été retranchés pour des fautes très graves par l'autorité légitime" (3802).
Vers la fin de cette même encyclique cependant, invitant très affectueusement à l'unité ceux qui n'appartiennent pas au corps de l'Eglise catholique, il mentionne "ceux qui, par un certain désir et voeu inconscient, se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur", qu'il n'exclut aucunement du salut éternel, mais dont il dit cependant d'autre part qu'ils sont dans un état "où nul ne peut être sûr de son salut éternel... puisqu'ils sont privés de si nombreux et si grands secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l'Eglise catholique" (3821).

3872
Par ces sages paroles, il condamne aussi bien ceux qui excluent du salut éternel tous les hommes qui sont unis à l'Eglise par un voeu implicite seulement, que ceux qui affirment faussement que les hommes peuvent également être sauvés dans toute religion
2865 .
Il ne faut pas penser non plus que n'importe quelle sorte de désir d'entrer dans l'Eglise suffise pour être sauvé. Car il est nécessaire que le voeu qui ordonne quelqu'un à l'Eglise soit animé par la charité parfaite. Le voeu implicite ne peut avoir d'effet que si l'homme a la foi surnaturelle.
He 11,6 ; Concile de Trente, 6\8 sess. Chap. 8 .)

3873
(Ce numéro 3873 comporte une deuxième partie concernant la fécondation artificielle).

De ce qui a été dit il apparaît donc clairement que ce qui est proposé dans le commentaire From the Housetops, fasc. III, comme la doctrine authentique de l'Eglise catholique en est très éloigné, et que cela est très nocif aussi bien pour ceux qui sont au-dedans que pour ceux qui sont au-dehors.
C'est pourquoi on ne peut pas comprendre de quelle manière l'institut St. Benedict's Center est cohérent avec lui-même, puisque, bien qu'il s'appelle école catholique et veut être considéré comme tel, il ne se conforme pas en réalité aux prescriptions des
CIS 1381 CIS 1382 et qu'il existe une source de discordes et de rébellion contre l'autorité ecclésiastique qui est cause de troubles pour beaucoup de consciences. De même on ne comprend pas comment un religieux, à savoir le P. Feeney, peut se présenter comme un "défenseur de la foi" tout en n'hésitant pas, en même temps, à combattre l'instruction catéchétique proposée par les autorités légitimes...



Allocution au 4è Congrès des médecins catholiques, 29 septembre

1949.

Fécondation artificielle

3873- A

1. La pratique de cette fécondation artificielle, dès lors qu'il s'agit de l'homme, ne peut être considérée ni exclusivement, ni même principalement, du point de vue biologique et médical, en laissant de côté celui de la morale et du droit.
2. La fécondation artificielle, hors du mariage, est à condamner purement et simplement comme immorale.
Telle est en effet la loi naturelle et la loi divine positive, que la procréation d'une nouvelle vie ne peut être le fruit que du mariage. Le mariage seul sauvegarde la dignité des époux (principalement de la femme dans le cas présent), leur bien personnel. De soi, seul il pourvoit au bien et à l'éducation de l'enfant.
Par conséquent, sur la condamnation d'une fécondation artificielle hors de l'union conjugale, aucune divergence n'est possible entre catholiques. L'enfant conçu dans ces conditions serait, par le fait même, illégitime.
3. La fécondation artificielle dans le mariage, mais produite par l'élément actif d'un tiers, est également immorale et, comme telle, à réprouver sans appel.
Seuls les époux ont un droit réciproque pour engendrer une vie nouvelle, droit exclusif, incessible, inaliénable. Et cela doit être, en considération aussi de l'enfant. A quiconque donne la vie à un petit être, la nature impose, en vertu même de ce lien, la charge de sa conservation et de son éducation. Mais entre l'époux légitime et l'enfant, fruit de l'élément actif d'un tiers (l'époux fut-il consentant), il n'existe aucun lien d'origine, aucun lien moral et juridique de procréation conjugale.
4. Quant à la licéité de la fécondation artificielle dans le mariage, qu'il Nous suffise, pour l'instant, de rappeler ces principes de droit naturel : le simple fait que le résultat auquel on vise est atteint par cette voie, ne justifie pas l'emploi du moyen lui-même ; ni le désir en soi très légitime chez les époux, d'avoir un enfant, ne suffit à prouver la légitimité du recours à la fécondation artificielle, qui réaliserait ce désir.
Il serait faux de penser que la possibilité de recourir à ce moyen pourrait rendre valide le mariage entre personnes inaptes à le contracter du fait de l'impendimentum impotentiae.- D'autre part, il est superflu d'observer que l'élément actif ne peut jamais être procuré licitement par des actes contre nature.
Bien que l'on ne puisse a priori exclure de nouvelles méthodes pour le seul motif de leur nouveauté, néanmoins, en ce qui touche la fécondation artificielle, non seulement il y a lieu d'être extrêmement réservé, mais il faut absolument l'écarter. En parlant ainsi, on ne proscrit pas nécessairement l'emploi de certains moyens artificiels destinés uniquement soit à faciliter l'acte naturel, soit à faire atteindre sa fin à l'acte naturel normalement accompli.



Réponse du Saint-Office, 28 décembre 1949.

L'intention du ministre du sacrement

3874
Question : Pour juger les causes de mariage, peut-on considérer le baptême conféré dans les sectes des disciples du Christ, des presbytériens, des congrégationalistes, des baptistes, des méthodistes - la matière et la forme nécessaires étant présupposées - comme invalide par défaut, chez le ministre, de l'intention de faire ce que fait l'Eglise ou ce que le Christ a institué, ou au contraire faut-il le considérer comme valide lorsque dans le cas particulier le contraire n'est pas prouvé ?
Réponse : Non pour le premier point, oui pour le second.



Constitution apostolique "Munificentissimus Deus", 1er novembre 1950

Définition de l'Assomption de Marie au ciel

3900
Tous ces arguments et considérations des saints Pères et des théologiens reposent sur l'Ecriture comme sur leur dernier fondement ; celle- ci en effet nous fait voir en quelque sorte l'auguste Mère de Dieu très intimement unie à son divin Fils et partageant toujours son sort. Il semble donc comme impossible de voir celle qui a conçu le Christ, l'a enfanté, nourri de son lait, tenu dans ses bras et serré sur sa poitrine, séparée de lui après cette vie terrestre sinon d'âme, du moins de corps.
Puisque notre Rédempteur est le Fils de Marie, il ne pouvait pas, lui, si parfaitement soumis à la Loi divine, ne pas rendre honneur non seulement au Père éternel mais aussi à sa bien-aimée Mère. Puisque donc il pouvait lui faire ce grand honneur de la préserver de la corruption de la mort, il faut croire qu'il l'a fait réellement.

3901
Il faut surtout se rappeler que, depuis le IIème siècle, la Vierge Marie est présentée par les saints Pères comme la nouvelle Eve, soumise sans doute au second Adam, mais très intimement unie à lui, dans le combat contre l'ennemi infernal, combat qui, tel qu'il est préfiguré dans le protévangile
Gn 3,15, devait aboutir à la victoire totale sur le péché et la mort, toujours unis entre eux dans les écrits de l'Apôtre des gentils Rm 5-6 1Co 15,21-26 1Co 15,54-57

Par conséquent, comme la glorieuse Résurrection du Christ fut une partie essentielle et le dernier trophée de cette victoire, ainsi fallait-il que le combat livré par la Vierge Marie unie à son Fils se terminât par la "glorification" de son corps virginal ; le même Apôtre ne dit-il pas : "Lorsque... ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, alors se réalisera la parole de l'Ecriture: a mort a été engloutie dans la Victoire" 1Co 15,54

3902
C'est pourquoi l'auguste Mère de Dieu, .. unie de toute éternité à Jésus Christ d'une manière mystérieuse "dans un seul et même décret" de prédestination immaculée dans sa conception, .. vierge très pure dans sa divine maternité, .. compagne généreuse du divin Rédempteur qui a remporté un triomphe total sur le péché et ses suites,
a enfin obtenu, comme le couronnement suprême de ses privilèges, d'avoir été préservée de la corruption du tombeau et, comme son Fils, après avoir vaincu la mort, d'être élevée en corps et en âme à la gloire au plus haut des cieux, pour y resplendir comme une reine à la droite de son Fils, le roi immortel des siècles
1Tm 1,17.

3903
.. Pour la gloire du Dieu tout-puissant qui a répandu sur la Vierge Marie les largesses d'une bienveillance toute particulière, pour l'honneur de son Fils, roi immortel des siècles et vainqueur du péché et de la mort, pour une plus grande gloire de son auguste Mère et pour la joie et l'exultation de toute l'Eglise,
par l'autorité de notre Seigneur Jésus Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul et par notre propre autorité Nous affirmons, déclarons et définissons comme un dogme divinement révélé que : l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste.

3904
Par conséquent, si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaise, osait volontairement mettre en doute ce qui a été défini par Nous, qu'il sache qu'il a totalement abandonné la foi divine et catholique.



Encyclique "Sempiternus Rex", 8 septembre 1951.

L'humanité du Christ

3905
Bien que rien n'interdise que soit scrutée plus profondément l'humanité du Christ - même selon les principes et les méthodes de la psychologie - il en est cependant qui, dans les recherches délicates de ce genre, abandonnent plus que de raison ce qui est ancien pour édifier du nouveau, et qui utilisent mal l'autorité et la définition du concile de Chalcédoine pour appuyer ce qu'ils ont conçu.
Ils mettent en avant à ce point l'état et la condition de la nature humaine du Christ, que celle-ci semble être un sujet sui juris, comme si elle ne subsistait pas dans la personne du Verbe lui-même. Mais le concile de Chalcédoine, pleinement d'accord avec celui d'Éphèse, affirme clairement que l'une et l'autre nature de notre Rédempteur s'unissent "en une seule personne et subsistance", et défend d'admettre deux individus dans le Christ, de telle sorte qu'à côté du Verbe soit placé un homo assumptus jouissant d'une entière autonomie.



Monitum du Saint-Office, 30 juin 1952.

Relations sexuelles qui évitent l'orgasme.

3907
C'est avec une vive inquiétude que le Siège apostolique constate qu'un certain nombre d'auteurs, traitant de la vie conjugale, en sont venus ici et là à en traiter publiquement et en allant sans pudeur jusque dans le détail, et que certains même décrivent, approuvent et conseillent un certain acte appelé "étreinte réservée".
Dans une affaire aussi importante, qui touche à la sainteté du mariage et au salut des âmes,... la Congrégation du Saint-Office, pour ne pas manquer à son devoir et par mandat exprès... de Pie XII, avertit gravement tous les auteurs d'avoir à renoncer à cette façon de faire ..
Quant aux prêtres, dans le ministère des âmes et dans la direction des consciences, qu'ils ne se risquent jamais, soit de leur propre initiative, soit qu'on les interroge, à parler d'une façon qui laisserait entendre qu'il n'y a rien à objecter de la part de la loi chrétienne à l'"étreinte réservée".



Encyclique "Fulgens corona", 8 septembre 1953.

La Rédemption de Marie

3908
Si nous considérons l'amour très ardent et très doux que Dieu a porté sans nul doute à la Mère de son Fils unique, comment pouvons-nous imaginer seulement qu'elle ait été, ne fût-ce qu'un instant, sujette au péché et privée de la grâce divine ?
Dieu pouvait très certainement, en considération des mérites du Rédempteur, lui faire le don de ce privilège si éclatant ; qu'il ne l'ait pas fait, nous ne pouvons pas même le penser. Il convenait en effet que la Mère du Rédempteur soit le plus digne possible de lui ; mais elle n'aurait pas été digne si la souillure du péché l'avait atteinte, même seulement au premier instant de sa conception, la soumettant ainsi à la domination exécrable de Satan.

3909
On ne peut pas dire non plus que pour autant la Rédemption se trouverait diminuée, comme si elle ne s'étendait plus à toute la descendance d'Adam, et que même quelque chose serait soustrait à l'oeuvre et à la dignité du Rédempteur lui-même.
En effet, si nous considérons la chose en son fond et avec attention, nous voyons facilement que le Christ, le Seigneur, a réellement racheté sa Mère de la façon la plus parfaite en quelque sorte, bien que, en considération des mérites de celui-ci, elle avait été préservée intacte par Dieu de toute souillure héréditaire du péché. C'est pourquoi la dignité infinie de Jésus Christ et son oeuvre de Rédemption universelle ne sont ni amoindries ni atténuées par ce chapitre de la doctrine, mais bien plutôt exaltées au plus haut point.

3910
C'est donc sans raison que nombre de non-catholiques et de novateurs accusent ou réprouvent à cause de cela même notre dévotion envers la Vierge Mère de Dieu, comme si nous retranchions quelque chose au culte qui est dû au Dieu unique et à Jésus Christ ; alors qu'au contraire tout honneur et toute vénération accordés à notre Mère céleste viennent sans nul doute rehausser la gloire de son divin Fils, non seulement parce que de lui jaillissent, comme d'une première source, toutes les grâces et tous les dons, mais aussi parce que "la gloire des fils ce sont leurs pères"
Pr 17,6.



Encyclique " Ad caeli Reginam " , 11 octobre 1954.

La dignité royale de Marie

3913
La raison principale sur laquelle se fonde la dignité royale de Marie est sans aucun doute sa maternité divine. Lorsqu'on lit en effet dans les Ecritures à propos du Fils que la Vierge concevra : "Il sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera dans la maison de Jacob éternellement et son règne n'aura pas de fin"
Lc 1,32 s, et que d'autre part Marie est proclamée "Mère du Seigneur" Lc 1,43, on y voit facilement qu'elle est elle-même reine, puisqu'elle a donné naissance à un Fils qui dès l'instant de sa conception, en raison de l'union hypostatique de la nature humaine avec le Verbe, était comme homme aussi roi et Seigneur de toutes choses.
Saint Jean Damascène pouvait donc écrire avec raison et à juste titre : "Elle est vraiment devenue la Souveraine de toute créature, puisqu'elle est devenue la Mère du Créateur" ; et de même on peut affirmer que le premier qui annonça d'une bouche céleste la dignité royale de Marie fut l'archange Gabriel lui-même.

3914
Cependant ce n'est pas seulement à cause de sa maternité divine que la bienheureuse Vierge Marie doit être appelée Reine, mais aussi parce que de par la volonté de Dieu elle eut une part exceptionnelle à l'oeuvre de notre salut éternel. "Que peut-il y voir de plus délectable et de plus suave pour notre pensée... (que de savoir) que le Christ règne sur nous non seulement par droit natif, mais également par droit acquis, c'est-à-dire parce qu'il nous a rachetés ?"
3676 .
Or dans l'accomplissement de cette oeuvre de Rédemption, la très bienheureuse Vierge Marie fut en vérité intimement associée au Christ... En effet, "de même que, pour nous avoir rachetés, le Christ est à ce titre particulier notre Seigneur et notre Dieu, de même aussi la bienheureuse Vierge, en raison de la manière unique dont elle a donné son concours à notre Rédemption, en mettant à disposition ce qu'elle est, et en offrant volontairement (le Christ) pour nous, désirant, demandant et procurant notre salut de façon très particulière".

3915
De ces considérations résulte l'argument suivant : si, dans l'oeuvre qui a procuré le salut spirituel, de par le propos de Dieu, Marie a été associée à Jésus Christ, le principe du salut lui-même, et cela d'une manière semblable à celle dont Eve fut associée à Adam, principe de la mort, de sorte qu'on peut dire que l'oeuvre de notre Rédemption a été accomplie selon une certaine "récapitulation" en vertu de laquelle le genre humain, de même qu'il a été assujetti à la mort par une vierge, a été sauvé de même par une vierge ; si en outre on peut dire de même que cette Souveraine très glorieuse a été choisie comme Mère du Christ précisément "pour lui être associée dans la Rédemption du genre humain", et si réellement "ce fut elle qui, exempte de toute faute personnelle ou héréditaire, toujours étroitement unie à son Fils, l'a offert sur le Golgotha au Père éternel, en même temps que l'holocauste de ses droits maternels et de son amour maternel, comme la nouvelle Eve, pour tous les fils d'Adam défigurés par la chute misérable", alors il est permis d'en conclure sans aucun doute que, de même que le Christ, le nouvel Adam, doit être Roi non seulement parce qu'il est Fils de Dieu, mais aussi parce qu'il est notre Rédempteur, de même, de façon analogue en quelque sorte, la très bienheureuse Vierge est Reine non pas seulement parce qu'elle est la Mère de Dieu, mais aussi parce qu'elle fut associée comme la nouvelle Eve au nouvel Adam.

3916
Sans doute, au sens plein et absolu, seul Jésus Christ, Dieu et homme, est roi ; cependant, bien que de façon limitée et par analogie, parce qu'elle est la Mère du Christ Dieu, associée à l'oeuvre du divin Rédempteur, à son combat contre les ennemis ainsi qu'à la victoire qu'il a remportée sur tous, Marie a part elle aussi à la dignité royale.
Du fait de cette conjonction avec le Christ Roi, elle obtient une splendeur et une éminence qui lui fait dépasser l'excellence de toutes les choses créées ; de cette conjonction avec le Christ découle la faculté royale qui lui donne de pouvoir elle-même dispenser les trésors du Royaume du divin Rédempteur ; de cette conjonction enfin avec le Christ provient l'efficacité inépuisable de son patronage maternel auprès du Fils et du Père.

3917
( Ce numéro comporte une subdivision )

Il n'est donc pas douteux que Marie la très sainte dépasse par sa dignité toutes les réalités créées, et que de même elle a une primauté au- dessus de tous après son Fils.. ..
... Pour comprendre le degré si éminent de dignité que la Mère de Dieu a obtenu au-dessus de toute créature, il est bon de considérer que dès le premier instant où elle fut conçue la sainte Mère de Dieu a été comblée d'une telle abondance de grâces qu'elle dépassait la grâce de tous les saints. ..
En outre, la bienheureuse Vierge n'a pas seulement obtenu le suprême degré, après le Christ, de l'excellence et de la perfection, mais également une certaine participation à cette efficacité par laquelle on dit à juste titre que son Fils et notre Rédempteur règne sur les esprits et les volontés des hommes.



Décret du Saint-Office, 2 avril 1955.

Contraception

3917 A

La Sacrée Congrégation élève sa voix avec une insistance particulière pour condamner et rejeter comme intrinsèquement mauvaise l'utilisation de pessaires (stérilet, diaphragme) par des couples mariés dans l'exercice de leurs droits conjugaux.
En outre, les Ordinaires ne doivent pas permettre qu'on dise ou enseigne aux fidèles qu'on ne peut pas faire d'objection sérieuse selon les principes de la loi chrétienne si un mari ne coopère que matériellement avec sa femme qui utilise un tel moyen.
Les confesseurs et les directeurs spirituels qui soutiennent le contraire, et qui guident ainsi les consciences des fidèles s'éloignent des chemins de la vérité et de la droiture morale.



Instruction du Saint-Office, 2 février 1956

Morale de situation

3918
A l'encontre de la doctrine morale traditionnelle de l'Eglise catholique et de son application a commencé à se répandre dans de nombreuses régions, même parmi les catholiques, un système de morale qu'on appelle généralement "morale de situation " ...
Les auteurs qui sont partisans de ce système affirment que la règle d'action décisive et ultime n'est pas le bon ordre objectif déterminé par la loi de la nature et connu avec certitude à partir de cette loi, mais un certain jugement et une certaine lumière intérieure de l'esprit de chaque individu qui lui font connaître ce qu'il doit faire dans la situation où il se trouve.
Par conséquent, selon eux, cette décision ultime de l'homme n'est pas l'application de la loi objective à un cas particulier, comme l'enseigne la morale objective transmise par des auteurs éminents, en tenant compte et en pesant, selon les règles de la prudence, les conditions particulières de la "situation", mais directement cette lumière et ce jugement intérieurs. Ce jugement, dans de nombreux cas du moins, en ce qui concerne la rectitude et la vérité objective, en dernier lieu ne doit ni ne peut se mesurer selon aucune règle objective posée en dehors de l'homme et indépendante de sa conviction subjective, mais suffit pleinement à lui-même.

3919
Selon ces auteurs le concept traditionnel de "nature humaine" ne suffit pas, mais il faut recourir à un concept de la nature humaine "existante" qui, dans la plupart des cas, n'a pas de valeur objective absolue, mais seulement relative et, par conséquent, muable, à l'exception peut-être des quelques éléments et principes relatifs à la nature humaine métaphysique (absolue et immuable).
La même valeur seulement relative est attribuée au concept traditionnel de "loi naturelle". Beaucoup de ce qui aujourd'hui est présenté comme postulat absolu de la loi naturelle repose, selon leur opinion et leur doctrine, sur ledit concept de nature existante, et par conséquent ne peut être que relatif et muable, et peut toujours s'adapter à toute situation.

3920
Ces principes étant adoptés et appliqués, ils disent et enseignent que les hommes, jugeant chacun selon leur conscience ce qu'ils doivent faire dans la situation présente, non pas principalement d'après des lois objectives mais selon leur intuition personnelle moyennant cette lumière individuelle interne, sont préservés ou facilement délivrés de nombreux conflits moraux qui, autrement, seraient insolubles.

3921
Beaucoup de choses qui dans ce système de la "morale de situation" sont contraires à la vérité objective et aux exigences de la saine raison, apparaissent comme des vestiges du relativisme et du modernisme, et s'éloignent beaucoup de la doctrine catholique transmise au cours des siècles.
(Suit l'interdiction de soutenir cette doctrine.)




1996 Denzinger 3837