1993 Thesaurus - REGARDER LE CHRIST
La question de Dieu ne peut être enfermée dans les limites de la recherche scientifique. L'athéisme scientifique est une prétention absurde.
Mais l'agnosticisme ne serait-elle pas la seule attitude juste ?
Seulement le projet de l'agnosticisme est-il seulement réalisable ?
Pouvons nous vivre comme si Dieu n'existait pas ?
Il me faut choisir : ou vivre comme s'il existe, ou vivre comme s'il n'existe pas ( D'où le pari de Pascal ).
Dans la pratique, l'agnosticisme glisse entre les doigts, il est impratiquable.
Le refus de la question de Dieu, le renoncement à la plus haute ouverture de l'être humain, est un acte d'emprisonnement de soi, un oubli du cri intérieur de notre être. "Etre sage en se servant de la tête de quelqu'un d'autre... c'est sans doute moindre que le savoir personnel, mais cela vaut infiniment plus que l'orgueil stérile de celui qui n'obtient pas l'indépendance du savant et méprise en même temps la dépendance du croyant". ( J. H. Newman ) "Ils ont décidé d'examiner le Tout-Puissant, d'une manière passionnée et objective, en toute impartialité, la tête froide". ( J. H. Newman ) Le "pouvoir faire" ne sert à rien si nous ne savons plus à quoi cela sert, ni qui nous sommes.
La question de Dieu n'autorise pas l'abstention.
La décadence morale qui se fonde sur la perte totale de la tradition, sur la perte de cette évidence interne que les us et coutumes avaient autrefois apportée à l'homme. Plus rien ne va de soi; tout est possible; rien n'est impossible. Il n'y a plus de valeur porteuse; aucune norme n'est inviolable. Ne comptent plus que le moi et l'instant. Les religions traditionnelles ne sont plus qu'une façade, sans contenu intérieur; il ne reste que le cynisme à l'état pur.
Ce qui est contre nature devient la norme. L'homme qui commence à vivre contre la vérité commence aussi à vivre contre la nature. Les sources de la vie sont obstruées..
Un moralisme pervers suscite encore quelque jouissance dans l'aspect négatif de sa condamnation.
Toute l'histoire est marquée par le dilemme entre l'exigence douce et non violente de la vérité et la pression de l'utilité.
Que puis-je faire ? mais aussi : Que dois-je faire ? et : Qui suis-je ?
L'homme est déchiré dans un va-et-vient entre d'une part l'ouverture intérieure de l'âme vers Dieu et, d'autre part, la force - supérieure à la première - de besoins immédiats et d'expériences.
La foi forme un réseau de dépendances et de liens réciproques, de personnes qui portent et qui sont portées. Personne ne sait tout, mais ensemble nous avons l'indispensable.
La connaissance de Dieu exige la vigilance intérieure, mais en même temps Dieu ne s'ouvre pas au moi isolé. "La lumière de la foi fait voir ce qu'on croit". st Thomas d'aquin Sans le réalisme des saints, sans leur contact avec la réalité dont il est question, la théologie devient un jeu intellectuel vide et perd aussi son caractère scientifique.
La foi devient connaissance, "savoir" dans la rencontre vivante.
Nous ne ferons pas la nouvelle évangélisation avec des théories, mais avec des chrétiens points de repère de la foi, des personnes qui savent quelque chose sur Dieu.
L'acte de foi est une ouverture vers le large, il rompt la porte de ma subjectivité, c'est un "être avec".
Regarder le Christ, la foi
L'optimisme peut n'être qu'un masque servant à dissimuler le désespoir.
Il peut aussi être une méthode utilisée par ceux qui veulent la destruction tout en cachant leurs intentions. ( Eglise hollandaise ) Tranquillisant public.
Façon de se débarasser des prétentions devenues gênantes de Dieu sur notre vie.
Variante de la foi libérale dans le progrès perpétuel, succédané bourgeois de l'espérance perdue de la foi, vertu théologale d'un nouveau Dieu et d'une nouvelle religion, la vertu de l'histoire divinisée, d'un Dieu "Histoire". La "Révolution" pour ainsi dire un "Dieu-Fils".
Du désespoir, péché contre l'Esprit Saint, refus de la Rédemption, au pessimisme, attaque frontale contre la nouvelle religion et son Credo.
La dynamique du progrès arrange tout !
L'optimisme idéologique n'est que la façade d'un monde sans espérance, qui veut cacher son propre désespoir sous ce voile trompeur.
La violence des explosions d'angoisse ( Tchernobyl ) est une sorte d'autodéfense contre le doute qui menace la foi en une future société sans dommages.
L'optimisme idéologique est aussi une tentative de faire oublier la mort en parlant constamment d'une histoire qui s'achemine vers la société parfaite.
L'opposition de Jérémie illustre l'opposition entre une théologie politisée, irrationnelle, tournée vers la violence idéologique, et le réalisme du croyant qui incarne la véritable moralité et la rationalité politique.
Dieu ne perd pas de batailles; ses promesses ne s'écroulent pas dans les défaites humaines.
Les hommes ne cessent de renouveler leur tentative de construire avec leur propre capacité technique le pont qui rejoint le ciel, c'est-à-dire d'arriver à Dieu par leurs propres forces.
Ils essaient de se donner ce pouvoir illimité, divin, pour le "récupérer", le faire redescendre de la hauteur inaccessible du Tout-Autre dans leur propre existence. ( Babel ).
Mais la main de Dieu empêche toujours l'homme d'en arriver à la réalisation ultime de l'autodestruction., empêche la marche vers le néant.
L'Apocalypse nous dit que, malgré toutes les terreurs, l'histoire humaine ne s'engloutira pas dans la nuit de l'autodestruction.
L'homme n'est pas le seul acteur de l'histoire, et c'est pour cela que la mort n'y a pas le dernier mot.
Les Béatitudes nous disent : si vous vivez en chrétiens, vous vous trouverez toujours dans une tension paradoxale.
Si nous restons seuls avec nos propres forces, nous ne réussissons pas à construire une maison solide. Il faut construire avec Lui la maison commune pour devenir nous-même Sa maison vivante.
Nous sommes avisés lorsque nous sortons de l'isolement stupide de l'autoréalisation, qui construit sur le sable de nos capacités personnelles.
Nous ne pouvons pas "être parfaits comme notre Père du ciel", mais nous pouvons Le suivre, nous attacher à lui, "devenir sien". "Nous sommes sauvés" dit Paul, certes nous ne voyons pas ce que nous espérons. Mais nous sommes dès maintenant le corps de la Tête, où tout ce que nous espèrons est déjà présent. "Espérer c'est voler" : l'espérance exige de nous un engagement radical; elle requiert de nous que tous nos membres deviennent mouvement, pour nous soustraire à la pesanteur de la terre, pour nous élever vers la véritable altitude de notre être, vers les promesses de Dieu. ( st Bonaventure ) La promesse de la foi ne détruit pas notre agir et ne le rend pas superflu; elle lui donne sa forme juste, son lieu et sa liberté. "La prière est l'interprétation de l'espérance" : Prier est la langue de l'espérance. "Le Seigneur nous apprenait l'espérance en nous apprenant à prier". Le Notre-Père est l'école de l'espérance, son apprentissage concret. ( St Thomas d'Aquin )
Un homme désespéré ne prie plus, car il n'espère plus; un homme sûr de lui et de son pouvoir ne prie pas, car il ne compte que sur lui-même.
Celui qui prie espère une bonté et un pouvoir qui dépasse ses capacités. la prière c'est l'espérance en action.
Regarder le Christ, l'espérance
L'angoisse de toutes les angoisses, c'est la peur de ne pas être aimé, la perte de l'amour; le désespoir, par conséquent, c'est la conviction d'être privé à jamais de tout amour.
Espérance et Amour sont liés, comme le sont Foi et Espérance.
Maintenant que l'on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l'expression "tristesse de ce monde". Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dès l'instant où ils ne furent plus interdits. Ils semblent fades, parce qu'ils sont tous finis, et qu'il y a en nous une faim d'infini.
La racine la plus profonde de notre tristesse c'est l'absence d'une grande espérance et l'inaccessibilité du grand Amour : tout ce que l'on peut espérer est connu...
Il existe de nos jours une curieuse haine de l'homme contre sa propre grandeur. Il se considère comme l'ennemi de la vie et de l'équilibre de la création, comme le grand trouble-fête de la nature... comme la créature manquée.
Sa délivrance, et celle du monde, consisterait donc à se dissoudre luimême...
Celui qui ne voulait plus être que son propre créateur et qui désirait réaménager la création en imaginant une meilleure évolution finit dans l'autonégation et l'autodestruction. Il juge qu'il vaudrait mieux ne pas exister. Il ne veut pas être ce qu'il est pourtant en tant que créature.
Rébellion de l'indolence humaine contre la grandeur du choix.
Une société qui fait une affaire privée de ce qui est essentiel à l'être humain et se déclare elle-même totalement profane ( ce qui engendre d'ailleurs inévitablement une pseudo-religion et une nouvelle totalité portant à l'esclavage ), une telle société devient triste par nature et constitue un lieu de désespoir, car elle est fondée sur une réduction de la dignité de l'homme.
Une société dont l'ordre public est déterminé de manière conséquente par l'agnosticisme n'est pas une société libérée, mais une société désespérée, marquée par la tristesse de l'homme fuyant Dieu et en contradiction avec lui-même.
Une Eglise qui n'aurait pas le courage de mettre en relief le niveau de l'être humain dans la société cesserait d'être le sel de la terre.
Comme on n'ose plus faire ce qui est essentiel et grand, on se contente du secondaire. Mais il reste un sentiment de "trop peu" qui ne cesse de croître. "Aucun homme ne peut demeurer dans la tristesse". st Thomas d'Aquin l'âme fuit devant elle-même, l'homme a peur d'être seul avec lui-même, il perd sa concentration et devient un vagabond spirituel, toujours hors de lui-même : verbosité, curiosité, fuite de la pensée et refuge dans la parole, soif insatiable de succédanés, instabilité du vouloir et de l'être..
L'homme qui refuse sa grandeur métaphysique est un apostat à l'égard de la vocation divine de l'être humain.
La haine qui bouillonne dans certains groupes terroristes ne s'explique que par la violence exercée pour faire taire la conscience et tout ce qui rappelle son message.
L'optimisme idéologique est toujours, en profondeur, un masque du désespoir.
Le libéralisme et la philosophie des lumières veulent nous faire croire à un monde sans crainte... Ils voudraient expulser le moindre "pas encore", la moindre dépendance de l'autre et sa tension intérieure.
Celui qui "libére" de cette façon l'homme de la crainte le "libère" de l'espérance et de l'amour. "Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal" : c'est-à-dire de la perte de la foi et du péché, de la seule vraie menace pour l'homme, celle de perdre Dieu.
L'être humain craint davantage la lueur voisine du pouvoir de l'opinion humaine que la lumière lointaine et non violente de la Vérité.
Aussi se soumet-il au pouvoir de l'opinion, devient son allié, l'un de ses diffuseurs, l'esclave de l'apparence.
Une fois entré dans l'engrenage il ne peut plus sortir du filet de la désinformation généralisée. Le point de repère de ses actions n'est plus la réalité, ce sont les réactions présumées des autres. On en arrive à une domination de l'opinion et de la contre-vérité.
Ce qui apparaît à la télévision est plus fort que la réalité, l'apparence du monde dans les médias l'emporte.
Le manque de crainte de Dieu est le début de toute folie, l'homme perd alors tout sens de la mesure. La crainte des hommes prend en lui le pouvoir et le conduit à l'idolâtrie de l'apparence, la porte est ouverte pour toute espèce de folie. "Je suis de mon temps" dit un prêtre chez Bernanos et un autre personnage commente ainsi "Il n'a jamais pris garde qu'il reniait chaque fois ainsi le signe éternel dont il est marqué".
Le Créateur et le Rédempteur sont un seul et même Dieu.
Dans la Rédemption, il ne reprend pas la Création, mais il la guérit et l'élève.
L'amour désigne un acte d'assentiment fondamental à un autre, un "oui" au destinataire de l'amour, le oui à un "tu".
Grâce au oui donné à l'autre, grâce au toi, je reçois un nouveau moi et je peux dire oui à mon moi - dans la perspective du tu - d'une nouvelle manière.
La naissance biologique ne suffit pas : l'homme ne peut accepter son moi qu'avec la force de l'approbation de son être, approbation qui provient d'un autre, du toi.
Il nous faut continuer la création, être co-créateurs, en offrant à l'autre, dans le oui de l'amour, l'être d'une nouvelle manière, en faisant du cadeau de l'être un véritable cadeau.
L'amour porte en soi une tendance universelle. Le monde auquel appartient ce toi prend un autre aspect à partir du moment où j'aime.
Le pur universalisme, la philanthropie généralisée sonne creux, alors que le choix très sélectif qui tombe sur tel ou tel m'offre également le monde et les autres êtres humains, et m'offre à eux.
De là nous pouvons comprendre pourquoi l'universalisme de Dieu ( qui veut le salut de tous ) se sert du particularisme de l'histoire du Salut ( d'Abraham à l'Eglise ).
Le oui d'abord limité de l'amour présuppose la bonté générale de l'être.
Mon oui - il est bon que tu existes - présuppose la vérité, soit que l'être du destinataire est bon.
Sans un Dieu créateur garant de la bonté de l'être, l'amour perdrait son fondement et reposerait dans le vide.
L'amour s'adresse à la personne telle qu'elle est, y compris avec ses faiblesses. Il s'applique à la vérité de la personne, peut-être pas encore développée, masquée ou déformée.
Le pardon c'est la guérison, c'est-à-dire qu'il exige le retour à la vérité.
Un Jésus qui approuve tout est un Jésus sans Croix, car alors il n'y a plus besoin de la douleur de la Croix pour guérir l'homme.
La Croix du Christ signifie qu'Il nous précède et nous accompagne sur le chemin douloureux de notre guérison.
L'amour de soi, l'affirmation de l'être propre, donnent aussi la forme et la mesure de l'amour du prochain. L'amour de soi reste une affaire naturelle et nécessaire sans laquelle l'amour du prochain perdrait aussi son fondement.
On n'a pas le droit de haïr ce que Dieu aime.
Sortir et partir de soi-même n'exclut pas la véritable affirmation de soi; au contraire, c'est le moyen de se trouver soi-même et d'aimer.
Celui qui ne s'aime pas ne peut pas non plus aimer le prochain. Il n'est pas dans la vérité ou pas en chemin vers elle.
Il ne peut pas "l'accepter" comme soi-même, puisqu'il est en lutte contre lui-même, aigri, incapable d'aimer par disposition existentielle radicale.
Seul le oui qui m'est donné par un tu me rend capable de me dire ce oui à moi-même, de mon côté, dans le tu et avec le tu. Le moi se réalise à travers le tu.
L'amour spirituel ne peut pas se développer si ses bases humaines font défaut. L'amour divin n'est ni sa négation ni sa destruction, mais son approfondissement et son enracinement dans une nouvelle dimension.
Il provient aussi d'un oui qui m'est offert, mais à partir d'un tu supérieur à celui d'un être humain. C'est l'intervention du oui de Dieu dans ma vie par l'intermédiaire de celui que Jésus-Christ nous adresse dans l'Incarnation, la Croix et la Résurrection, alors que nous étions séparés du oui de Dieu.
Alors ce oui m'imprègne, me fait participer à l'être de Dieu. "Je vous prie de considérer que Jésus-Christ, notre Seigneur, est votre véritable Chef, et que vous êtes un de ses membres... tout ce qui est à lui est à vous... et vous devez en faire usage comme de choses qui sont vôtres... Vous êtes à lui comme les membres sont à leur chef. Aussi désire-t-il ardemment faire usage de tout ce qui est en vous... comme de choses qui sont à lui". ( st Jean Eudes )
Alors l'autre n'est plus du tout un étranger pour moi; lui aussi est un membre.
Il faut échanger avec le Christ dans la vie de foi, afin que son oui s'intègre vraiment à moi et devienne mien.
Il faut s'exercer à transmettre concrètement du Christ au prochain - pour lequel je suis un instrument - ce oui qui vient de Lui.
De même qu'il existe un cercle vicieux de la négation, un emprisonnement où un non en suscite un autre, il existe aussi une spirale du salut, un cercle salvifique, dans lequel un oui en engendre un autre.
Le oui de Jésus-Christ que je transmets n'est vraiment sien que s'il est devenu aussi vraiment mien.
Un droit isolé et absolu devient un cercle vicieux, une succession de représailles... Dieu a brisé ce cercle pour ce qui est de ses rapports avec nous.
Dieu renonce à la juste peine pour mettre quelque chose de nouveau à la place : la guérison, notre conversion à un oui renouvelé à la vérité de nous-même.
Pour qu'une telle transformation se réalise, il nous précède et prend sur lui la souffrance de la transformation.
La Croix du Christ est la clé de la phrase : non pas oeil pour oeil, ni dent pour dent, mais transformer le mal par la force de l'amour.
Il fait sauter notre non par un oui plus fort et plus grand.
Regarder le Christ, Espérance et Amour
Si nous perdons de vue le critère de Dieu, le critère de l'éternité, il ne reste plus d'autre ligne directrice que l'égoïsme.
A ce moment-là, chacun essaie de tirer de cette vie le maximum pour soi, et considére tous les autres comme des ennemis de son bonheur, qui risquent de lui dérober quelque chose; l'envie et l'avidité prennent le contrôle de la vie et empoisonnent le monde.
Le poison de la négation, de la colère contre Dieu et contre le monde le dévore de l'intérieur. Dieu exige de nous, pour ainsi dire, une avance de confiance. "Aimer comme toi-même". L'Ecriture n'exige pas un héroisme aventureux et emprunté. Elle ne nous demande pas de nier notre être et de n'exister totalement que pour l'autre.
Le véritable amour est équitable.
Le monde ne tourne pas autour de nous. Chacun de nous se considère d'abord comme une petite Terre, autour de laquelle tous les soleils doivent tourner.
La foi nous enseigne à entrer fraternellement avec tous les autres dans la "ronde de l'amour" autour de l'unique centre, qui est Dieu.
Le Samaritain, lui, ne fait pas de théorie. Son coeur lui dit ce qu'est la charité : aider ici et maintenant, avec ce que j'ai et ce que je peux.
Agir avec l'autre comme s'il était moi-même.
L'amour du prochain est celui des plus proches, et c'est ainsi que Jésus a agi ( Lazare ? ).
Je ne repousse pas le bien dans l'avenir, je fais près de moi ce que je peux faire.
La violence n'est pas un expédient de l'amour, l'indifférence non plus.
Tout ce qu'il y a d'essentiel dans notre vie nous a été donné, sans que nous y soyions pour rien. Depuis ma naissance, tout est grâce.
Nous ne pourrions rien entreprendre si à l'origine on ne nous donnait rien.
Dieu seul peut nous procurer le regard pur; lui seul peut nous libérer du désespoir du scepticisme et nous donner de voir la vérité à travers tout le chaos.
Le regard pur est identique à la foi qui nous dit ce qui est essentiel et décisif dans la confusion des choses de ce monde.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, Epilogue
La consistance est un effet, non pas de substance, mais de convergence.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
La matière... m'appelait. A moi, à mon tour, comme à tous les fils de l'homme, elle répétait la parole qu'entend chaque génération.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Si j'ai toujours aimé et scruté la nature... ce n'est pas en savant mais en dévot.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Conciliation du progrès et du détachement, de l'amour passionné et légitime de la plus grande terre et de la recherche unique du Royaume des cieux.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Une seule opération peut légitimer notre action : le dégagement de quelque réalité spirituelle à travers les efforts de la vie.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Dans le développement des vérités de la foi, il y a un moment où doit tomber l'enveloppe du bourgeon.
Il y aurait danger à ce que ce soit trop tôt.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'amour de Dieu et la foi au monde : les deux composantes essentielles de l'"Ultra-Humain".
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Il ne s'agit pas de savoir si l'eau est froide, il faut passer.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, entre égoïsme et collectivisation
Nous ne saurions être fondamentalement heureux que dans une personnelle unification avec quelque chose de Personnel dans le Tout, avec la Personnalité du Tout.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Energie se faisant Présence.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'unité ne grandit que supportée par un accroissement de conscience, c'est à dire de vision. Voir ou périr.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Homme ne saurait se voir complètement en dehors de l'Humanité; ni l'Humanité en dehors de la Vie, ni la Vie en dehors de l'Univers.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Une interprétation, même positiviste, de l'univers doit..., couvrir le dedans, aussi bien que le dehors des choses - l'Esprit autant que la Matière.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
A partir du moment où elle se pense, l'Evolution ne saurait plus s'accepter, ni s'auto-prolonger, que si elle se reconnaît irréversible, c'est à dire immortelle.
Après avoir pris conscience d'elle-même elle serait contradictoire et absurde si elle se savait condamnée à la mort absolue.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, des conditions de la continuation de
l'effort humain
Un monde imaginé comme dérivant vers de l'Impersonnel deviendrait impensable et invivable simultanément.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Sans montée irréversible dans le Personnel... l'univers ne peut que devenir rapidement asphyxiant pour une activité réfléchie.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le Christianisme... seul courant humain en vue où vive... la foi en un centre personnel et personnalisant de l'univers.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Ici, représenté par l'Humanisme moderne, une sorte de néo-paganisme, gonflé de vie, mais encore acéphale. Là, figuré par le Christianisme, une tête où le sang ne circule plus qu'au ralenti...
Comment ne pas voir que les deux fragments sont faits pour se rejoindre ?
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, Puis-je n'en croire rien ?
L'Absolu ne saurait "se prendre de force", mais doit "se donner" aux esprits qui l'attendent.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
La cime ne se mesure bien que par l'abîme qu'elle couronne.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, sur l'enfer
Les puissances du Mal, dans l'univers, ne sont pas seulement une attraction, une déviation, un signe "moins", un retour annihilant à la pluralité..
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer. Mais vous m'avez interdit de penser, avec certitude, d'un seul homme, qu'il était damné.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Si l'Eglise tombe, tout est perdu.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Etre plus, c'est s'unir davantage.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Centre de perspective, l'homme est en même temps centre de construction de l'univers.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'univers tient par son ensemble. Il n'y a qu'une manière... de le considérer. C'est de le prendre comme un bloc, tout entier.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Toute synthèse coûte.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le terme de toute synthèse se trouve déjà impliqué dans ses commencements.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Perfection spirituelle et synthèse matérielle ( ou complexité ) ne sont que les deux faces ou parties liées d'un même phénomène.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Sans une longue période de maturation, aucun changement profond ne peut se produire dans la nature. En revanche, une telle période étant donnée, il est fatal que du "tout nouveau" se produise.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Les choses, rétrospectivement, nous paraissent surgir "toutes faites".
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Pour arracher l'individu à sa paresse naturelle, à ses routines...
Que ferions-nous sans nos ennemis ?
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, des conditions de l'évolutionn
La vie est montée de conscience.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Discontinuité de continuité. Telle se définit... juste comme l'apparition première de la Vie, la naissance de la Pensée.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le "Je" qui ne tient qu'en devenant toujours plus lui-même, dans la mesure où il fait tout le reste soi.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Ce n'est pas dans leurs germes que les êtres se manifestent, mais dans leur épanouissement.
Pris à leur source, les plus grands fleuves ne sont que des ruisseaux.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Optimisme ou pessimisme absolus... Le progrès est tout ou rien... Deux directions seulement, l'une vers le haut, l'autre vers le bas, sans possibilité de rester accroché à mi-chemin.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, sur l'avenir de l'évolution
Penser au monde... ce n'est pas seulement l'enregistrer, mais c'est lui conférer une forme d'unité...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le XIXème siècle avait vécu en vue de la terre promise...
Au lieu de cela, nous voici retombés dans des dissensions...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Humanité peut très bien avancer... Mais, si elle le fait, ce ne saurait être qu'à la manière des très grandes choses, c'est-à-dire presque insensiblement.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
La grande machine humaine est faite pour marcher... Si elle ne fonctionne pas, si elle n'engendre que de la matière, c'est donc qu'elle travaille à rebours.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Pour se communiquer, mon moi doit subsister dans l'abandon qu'il fait de soi : autrement le don s'évanouit.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Si la propension à l'union n'existait pas dans la molécule, il serait physiquement impossible à l'amour d'apparaître plus haut.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Achever l'Homme par la "perte dans le plus grand que soi".
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, des fausses mystiques
En tant que tel, le Collectif est essentiellement in-aimable. Et voilà où échouent les philanthropies. Le bon sens a raison. Que l'Univers, par contre, prenne en avant, pour nous, un visage et un coeur...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Notre élan n'aboutira qu'à nous replonger dans de la super-matière s'il ne nous mène à quelqu'un.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Tant que nos constructions reposent de tout leur poids sur la terre, avec la terre elles disparaîtront.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le Grand Stable n'est pas au dessous - dans l'infra-élémentaire - mais audessus, - dans l'ultra-synthétique.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Homme est irremplaçable, il doit donc aboutir.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Capable de contenir la personne humaine, il ne saurait y avoir qu'un Univers irréversiblement personnalisant.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Il n'y aura plus que Dieu, tout en tous.
SAINT PAUL, cité par Teilhard de Chardin, fin de l'évolution
Incompatibilité dynamique radicale d'une perspective assurée de Mort Totale avec la continuation d'une Evolution devenue réfléchie.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Renan et le XIXème siècle ne se trompaient pas en parlant d'une Religion de la Science.
Leur erreur a été de ne pas voir que leur culte de l'Humanité impliquait la ré-intégration des forces spirituelles mêmes dont ils prétendaient se débarrasser.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Nul homme ne lève le petit doigt pour le moindre ouvrage sans être mû par la conviction, plus ou moins obscure, qu'il travaille infinitésimalement pour l'édification de quelque définitif, c'est à dire, à l'oeuvre de vous-même, mon Dieu.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
En vertu de la Création, et, plus encore, de l'Incarnation, "rien n'est profane" ici-bas.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Nous nous connaissons et nous nous dirigeons, mais dans un rayon incroyablement faible. Immédiatement au-delà commence une nuit impénétrable, et cependant chargée de présences...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Un Monde qui ne présenterait plus trace, ou menace de Mal, serait un Monde déjà consommé.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le grand triomphe du Créateur et du Rédempteur... c'est d'avoir transformé en facteur essentiel de vivification ce qui, en soi, est une puissance universelle d'amoindrissement et de disparition.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, à propos de la mort
Jésus, sur sa croix, est le symbole et la réalité, tout ensemble, de l'immense labeur séculaire qui, peu à peu, élève l'esprit créé, pour le ramener dans les profondeurs du Milieu Divin.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, à propos des pentes de l'être
Nous ne pouvons nous perdre en Dieu qu'en prolongeant au-delà d'ellesmêmes les déterminations les plus individuelles des êtres.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, sur la transfiguration et la
conservation de l'être
Plus l'homme deviendra homme, plus il sera en proie au besoin, et à un besoin toujours plus explicite, plus raffiné, plus luxueux, d'adorer.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Depuis quand les images et les reflets prouvent-ils quelque chose contre la réalité des objets et de la lumière ?
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
La pureté des êtres se mesure au degré d'attraction qui les porte vers le Centre divin.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'attente... d'une Fin du Monde, c'est à dire d'une Issue pour le Monde...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, sur la fonction chrétienne
Il ne saurait pas plus y avoir deux sommets au Monde que deux centres à une circonférence.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Depuis l'impie jusqu'au fidèle, tous crient "Seigneur, faites-nous un !".
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Bien loin que de notre nuit jaillisse graduellement la lumière, c'est la lumière préexistante qui, patiemment, élimine nos ombres.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Comme le païen, j'adore un Dieu palpable.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, du Christ
Je ne toucherai Dieu dans la matière, comme Jacob, que lorsque j'aurai été vaincu par lui.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le travail du Monde consiste, non pas à engendrer en lui-même quelque réalité suprême, mais à se consommer par union dans un être préexistant.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Celui qui aimera passionnément Jésus caché dans les forces qui font grandir la Terre, la Terre, maternellement, le soulèvera dans ses bras géants, et elle lui fera contempler le visage de Dieu.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Suivant la façon dont on s'y livre, le tourbillon entraîne dans des profondeurs sombres ou soulève jusqu'à l'azur des cieux.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Pour comprendre le Monde, savoir ne suffit pas : il faut voir, toucher, vivre dans la présence...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
"Pour penser il faut manger"... Mais que de pensées diverses... pour le même morceau de pain.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Qui ne voit le drame possible d'une Humanité perdant soudain le goût de sa destinée ?
Certains symptômes morbides comme l'existentialisme sartrien prouvent que cette éventualité n'est pas un mythe.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Continuez à tenir l'Homme pour un surcroît accidentel ou un jouet au sein des choses : et vous l'acheminez à un dégoût ou à une révolte...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Une période d'euphorie et d'abondance - Un Age d'Or -, voilà, nous laisset-on entendre, tout ce que tiendrait en réserve pour nous l'Evolution.
Devant un idéal aussi "bourgeois", il est juste que notre coeur défaille.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Ce que la Pureté opère à l'intérieur de l'être individuel, la Charité le réalise au sein de la collectivité des âmes.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'univers ne tient pas par en bas mais par en haut.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Elle ne peut absolument être elle-même qu'en cessant d'être seule.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN, sur la monade humaine
Sous peine d'être moins évoluée que les termes que son action anime, "l'énergie universelle doit être une énergie pensante"...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Seul le dégagement de quelque réalité spirituelle à travers les efforts de la vie peut légitimer notre action.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
On ne peut se laisser entraîner par un effort créateur si on n'arrive pas intellectuellement à se le justifier.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'optimisme du prêtre ne lui fait pas seulement regarder la Croix, mais le Dieu qui était dessus.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Dans le développement des vérités de la foi il y a un moment où doit tomber l'enveloppe du bourgeon. Il y aurait danger à ce que ce soit trop tôt.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Absolu ne saurait se prendre de force, mais doit se donner aux esprits qui l'attendent.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Une énergie diffuse, ou bien une super-société sans coeur ni visage, ne sont-ce pas les formes sous lesquelles la néo-religion terrestre essaie de se représenter confusément la divinité ?
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Si nous étions aussi capables de percevoir la lumière invisible que les nuées, la foudre ou les rayons solaires, les âmes pures nous apparaîtraient, en ce monde, aussi actives, par leur pureté, que les sommets neigeux dont les cimes impassibles aspirent continuellement pour nous les puissances errantes de la haute atmosphère.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Le travail intérieur d'une âme est bien aussi important que la lutte d'un monde, - ou plutôt c'est bien là, dans ce domaine de la conscience individuelle, que l'effort universel aboutit, pour aller plus loin encore.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
1993 Thesaurus - REGARDER LE CHRIST