1993 Thesaurus - MYSTIQUE RHENANE


NEWMAN



Une coutume encore plus blâmable fut celle de se glorifier de l'accord des incrédules à reconnaître la beauté et l'utilité du christianisme; comme si c'était une chose bien importante, pour un bienfait divin, d'être loué pour son excellence naturelle par des hommes orgueilleux ou immoraux.
J. H. NEWMAN

Les pays et les peuples qui ont perdu la foi à la divinité du Christ sont précisément ceux qui ont délaissé la dévotion envers sa Mère.
J. H. NEWMAN

Nous, nous concevons que l'Eglise, comme la verge d'Aaron, dévore les serpents des magiciens. Ils sont constamment à la recherche d'une simplicité primitive et fabuleuse; nous nous reposons dans la plénitude catholique.
J. H. NEWMAN

On nous objecte : ces choses se trouvent chez les païens, donc elles ne sont pas chrétiennes; nous autres, nous aimons mieux dire : ces choses se trouvent dans le christianisme, donc elles ne sont pas païennes.
J. H. NEWMAN

Montan est comme une figure de saint François d'Assise.
J. H. NEWMAN

Être sage en se servant de la tête de quelqu'un d'autre... c'est sans doute moindre que le savoir personnel, mais cela vaut infiniment plus que l'orgueil stérile de celui qui n'obtient pas l'indépendance du savant et méprise en même temps la dépendance du croyant.
J. H. NEWMAN

Ils ont décidé d'examiner le Tout-Puissant, d'une manière passionnée et objective, en toute impartialité, la tête froide.
J. H. NEWMAN


Il fut un temps où je préférais l'idéal de la vertu à celui de la foi.
L'idée de religion n'avait pas de sens pour moi.
J. H. NEWMAN, sur sa jeunesse

Un grand changement se fit dans mes pensées. Je subis les influences de ce qu'était le dogme, et cette impression, grâce à Dieu, ne s'est jamais effacée ou obscurcie...
Cette conviction m'isola des objets qui m'entouraient, me confirma dans la défiance que j'avais sur la réalité des phénomènes matériels; et elle concentra toutes mes pensées sur les deux êtres seulement dont l'évidence était absolue et lumineuse : moi-même et mon Créateur...
J. H. NEWMAN, sur un événement à l'âge de quinze ans

Enfin, voici ce que je pense de moi : je suis - pour ce que vaut la comparaison - comme une vitre de verre qui transmet la chaleur tout en restant froide elle-même. Je perçois très vivement les conséquences de certains principes admis, j'ai une grande facilité à les exprimer et le raffinement nécessaire pour les admirer. De plus, mes facultés de rhéteur et d'acteur me permettent de les traduire. Comme je n'aime point le monde, ni ses richesses ni ses honneurs, ni rien de ce qu'il donne, que par ailleurs, mon caractère est naturellement digne et ferme, je vis au niveau de ces principes comme je pourrais chanter un air que j'aime : j'aime la vérité, je ne la possède pas; je suis superficiel, j'ai peu d'amour, peu d'abnégation. Je crois avoir un peu de foi et c'est tout.
J. H. NEWMAN, s'analysant alors que jeune et malade

Vivre, c'est changer, et pour être parfait, ilm faut avoir changé beaucoup.
J. H. NEWMAN

Bienfaisante lumière au milieu de ces ombres,
Guide-moi en avant !
La nuit est sombre et je suis loin de ma demeure, Guide-moi en avant !
Veille sur mon chemin; que m'importe de voir le lointain horizon ? Un seul pas suffit.
J. H. NEWMAN, la prière du veilleur


Seigneur, je ne demande pas à voir, je ne demande pas à savoir, mais que Tu te serves de moi !
J. H. NEWMAN

...Craindre, non pas qu'elle ne cessât bientôt d'être une Eglise, mais que, depuis le XVème siècle, elle n'en eût jamais été une...
J. H. NEWMAN, crainte sur l'Eglise anglicane et son allégeance à la
couronne d'Angleterre

J'ai changé en beaucoup de points, mais pas sur celui-ci. Depuis l'âge de quinze ans, le dogme a été le principe fondamental de ma religion.
Je n'en connais pas d'autres; je ne peux me faire à l'idée d'aucune autre religion : la religion comprise comme un simple sentiment est pour moi un rêve et une illusion.
J. H. NEWMAN, Apologia

L'Anglicanisme n'existe que sur le papier.
J. H. NEWMAN

La liberté de penser est en elle-même un bien, mais elle donne un débouché à la fausse liberté. Or, par libéralisme, j'entends la fausse liberté de penser, ou l'exercice de la pensée sur des questions dans lesquelles, d'après la nature même de l'esprit humain, la pensée ne peut arriver à un résultat et n'est plus à sa place...
Le libéralisme est l'erreur par laquelle on soumet au jugement humain ces doctrines révélées qui, par leur nature, le surpassent et en sont indépendantes.
J. H. NEWMAN

Voici cinquante ans que je pense qu'un temps viendrait où l'irréligion s'étendrait. Depuis lors, en fait, les eaux se sont étendues comme un déluge. Je pressens le temps qui suivra mon existence : seuls se verront les sommets des montagnes, comme des îles dans le désert d'eau...
Quand je vois un jeune intelligent et réfléchi, je frémis comme d'angoisse et de frayeur en pensant à l'avenir. Comment pourra-t-il résister à ce déluge de la raison qui grandit contre le Christianisme ?
J. H. NEWMAN


Notre nature ne nous dit-elle pas qu'il y a une réalité plus étroitement liée au problème religieux que les facultés intellectuelles; et c'est notre conscience...
Celle-ci montre avec une claire évidence qu'elle a plus d'affinité avec la religion que l'intellect...
Nous devons assurer les préalables nécessaires pour atteindre la vérité religieuse...
En cette matière, nous devons interroger notre coeur, et puisqu'il s'agit d'un sujet tout personnel, notre propre coeur, interroger notre propre conscience, c'est-à-dire interroger Dieu qui habite en elle.
J. H. NEWMAN

La vérité de la révélation est en soi démontrable. Mais il ne s'ensuit pas qu'elle soit irrésistible.
On ne prouve rien de rien sans assumer quelques principes et je ne puis convertir un homme à l'aide de principes qu'il refuse de m'accorder.
J. H. NEWMAN

Si j'avais un jour, pour porter un toast, à choisir entre le pape et la conscience, je le porterais d'abord à la conscience et ensuite au pape.
J. H. NEWMAN

La conscience a des droits parce qu'elle a des devoirs.
J. H. NEWMAN

Elle est le guide personnel dont je me sers, parce que je ne peux pas ne pas me servir de moi-même... Elle est le plus proche instrument de connaissance mis à ma portée.
Chacun le porte au plus profond de soi; il suffit à lui-même.
J. H. NEWMAN, sur la conscience et la fidélité à ses injonctions

La connaissance de soi est le premier pas, et le principal, vers la connaissance de Dieu.
J. H. NEWMAN

Qu'entend-on par la foi ? C'est comprendre que le monde présent ne suffit pas à notre bonheur; c'est regarder au-delà, vers Dieu, c'est réaliser sa présence... La foi n'est pas un élan passager, ni un sursaut impétueux de l'esprit, ni une impression avec une idée qui l'accompagne. Elle est une habitude, un état d'esprit solide et durable.
J. H. NEWMAN


La confiance donnée à une présomption ne devrait paraître ni déraisonnable ni absurde... Il n'est besoin que d'un faible degré d'évidence quand l'esprit est préparé de longue main, qu'il vit pour ainsi dire dans une pensée d'attente.
J. H. NEWMAN

L'effort personnel est indispensable et, pour que la conversion soit valable, il faut que le converti y ait sa part.
Celui qui ne prend pas au sérieux les choses de la foi, qui n'y met pas son coeur, est à la merci du premier argument venu, du premier fait nouveau qui vient frapper son imagination.
J. H. NEWMAN

Nous sommes forcés d'agir et nous ne pouvons que rarement examiner la preuve des faits qui nous contraignent.
J. H. NEWMAN, sur l'acte de foi

La connaissance de soi est à la racine de toute vraie connaissance religieuse. C'est dans la mesure où nous pénétrons dans nos coeurs et saisissons notre nature, que nous comprenons ce que veut dire l'existence d'un Maître et d'un Juge infini...
Il n'y a pas de plus grands appels religieux venus du dehors que ceux de nous provoquer, de nous faire entrer au dedans et de sonder notre coeur.
J. H. NEWMAN, c'est la conscience qui dispose à accueillir le
mystère qui se révèle

J'affirme la présence de Dieu dans la conscience et la réalité de ce que l'on est convenu d'appeler le sentiment du péché ou de la culpabilité...
La foi aux vérités révélées dépend de la foi aux dogmes de la religion naturelle.
La foi est une habitude de l'esprit, la foi engendre la foi; les habitudes de l'esprit s'enchaînent et les habitudes de raisonnement et de pensée qui nous mènent à une foi plus haute sont les mêmes que celles qui déjà nous ont acquis une foi moins élevée.
J. H. NEWMAN


Nous faisons avancer la vérité par le sacrifice de nous-mêmes.
J. H. NEWMAN

L'égotisme est la vraie modestie.
J. H. NEWMAN, ne pas entendre individualisme mais maîtrise intérieure
de soi par la fidélité à sa conscience

La conscience révèle à l'homme sa propre culpabilité sans lui offrir le moyen de l'assumer et de la guérir.
J. H. NEWMAN

Nous devons non seulement croire, mais veiller; non seulement aimer, mais veiller; non seulement obéir, mais veiller.
Quels qu'ils soient, les vrais chrétiens veillent; et les chrétiens peu solides, ne veillent pas.
Qu'est-ce donc que veiller ? Savez-vous ce que c'est que d'attendre un ami, d'attendre qu'il vienne et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c'est que d'être dans une compagnie qui vous déplaît, et de désirer que le temps passe...? Savez-vous ce que c'est que d'être dans l'anxiété au sujet d'une chose qui peut arriver ou ne pas arriver...?
Veiller dans l'attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là...
Il est possible que la vigilance soit l'épreuve où on reconnaît un chrétien; C'est l'attribut particulier qui est la vie ou l'énergie de la foi et de la charité, la manière dont la foi et la charité, si elles sont sincères, se manifestent...
Voilà donc ce que c'est que de veiller : être détaché de ce qui est présent et vivre dans ce qui est invisible : vivre avec la pensée du Christ tel qu'il est venu une fois et tel qu'il viendra de nouveau; désirer son second avènement à cause du souvenir tendre et reconnaissant que nous avons gardé du premier.
J. H. NEWMAN

Il est vrai que bien des fois, à beaucoup d'époques, des chrétiens se sont trompés en croyant discerner la venue du Christ; mais, mieux mille fois croire qu'Il vient quand Il ne vient pas, qu'une seule fois qu'Il ne vient pas quand Il vient.
J. H. NEWMAN


Le cours des choses, sous le règne de l'Evangile, a changé de direction en ce qui touche au second avènement du Christ.
Il ne marche plus vers cette fin, mais il la côtoie sans cesse...
Le Christ est toujours à nos portes; aussi proche il y a dix-huit siècles qu'aujourd'hui... quand le Christ fut venu, qu'il eut souffert et fut remonté au ciel, désormais Il a toujours été auprès de nous; toujours proche, bien qu'il ne soit pas revenu réellement; toujours à peine parti, toujours presque revenu.
J. H. NEWMAN

Ce que l'Eglise catholique a possédé une fois, elle ne le perd plus, elle ne change pas ses richesses, elle les ajoute, elle se nourrit de son trésor.
L'Eglise n'abandonne pas Benoît pour trouver Dominique, elle ne supprime pas les monastères pour créer des Universités, et elle garde en son sein Benoît et Dominique, alors même qu'elle est en train de devenir la mère d'Ignace.
J. H. NEWMAN

La simplicité des manières et des idées d'un enfant, sa foi en tout ce qu'on lui dit, son amour sans artifice, sa franche confiance, son aveu de sa faiblesse, son ignorance du mal, son impuissance à cacher ses pensées, son contentement, son propre oubli de ses peines, son admiration sans jalousie, et par dessus tout, son esprit respectueux qui regarde autour de lui toute chose comme merveilleuse, comme les gages et les images de l'unique invisible, tout témoigne qu'il revient, pour ainsi dire, d'un voyage à de plus hautes sphères...
C'est comme si l'enfant venait près de nous encore tout chargé des images qu'il a puisées dans l'invisible.
J. H. NEWMAN

La vie bénédictine, c'est le retour à ces tableaux réels et non fictifs, d'innocence et de prodiges : Adam qui bêche au Paradis, Abel qui garde ses moutons, Noë qui plante sa vigne, les anges qui les visitent, c'est à la lettre l'accomplissement des oracles des prophètes; la nature et non pas la tecnique, le vaste univers et la majesté des cieux au lieu des passions et des frénésies de la vie sociale, la paix et non l'ambition et le désir, la méditation et non les prouesses de la raison, telle est la condition normale du moine.
Le moine a fait l'expérience du monde et a découvert sa futilité.
Il a fui sa complicité avant d'être provoqué par elle : ainsi saint Benoît, en se retirant dans sa grotte de Subiaco, afin d'ôter le monde de son regard, et d'établir son âme dans la paix; et c'est la paix, affranchie de la logique des savants et des passions humaines, qui est toute pleine de la fonction poétique.
J. H. NEWMAN, l'empreinte de l'eschatologie dans le monachisme


Le souffle du monde rouille la conscience.
J. H. NEWMAN

Benoît avait trouvé le monde physique et social en ruines.
Sa mission fut de le rétablir, non par le moyen de la science mais de la nature. Non en se donnant un projet à réaliser. Ni en proclamant ce qu'il fallait faire, soit tout d'un coup, soit par une succession d'efforts.
Mais d'une façon si paisible, patiente et progressive que souvent, jusqu'à ce que l'entreprise fut achevée, on n'en avait pas idée.
Ce fut une restauration, plus qu'une intervention, une réforme ou un changement. Le monde nouveau que Benoît contribua à créer fut une contagion plus qu'une organisation.
J. H. NEWMAN

Nous disons tous le Credo, mais qui le comprend pleinement ?
Tout ce que nous pouvons souhaiter, c'est d'être sur la voie de le comprendre; c'est de le comprendre en partie... Soyez sincères et vous parlerez de la foi où et quand et comment vous le devez. Visez au réel et vos paroles seront justes, même si vous ne l'atteignez pas.
J. H. NEWMAN

Il y a un moi verbal et un moi réel; et le moi qui parle n'est pas le moi qui vit et qui agit.
J. H. NEWMAN

Comprendre que nous avons une âme, c'est sentir notre séparation des choses visibles, notre indépendance vis-à-vis d'elles. C'est comprendre peu à peu qu'il n'y a que deux êtres dans tout l'univers; notre âme et le Dieu qui l'a faite.
J. H. NEWMAN

Dans le domaine religieux, chacun doit commencer, continuer et finir par soi-même. L'histoire religieuse de chacun est aussi solitaire et complexe que l'histoire du monde.
J. H. NEWMAN


Le mystère habite autant ce que nous croyons savoir que ce que nous ne savons pas...
Nous ne discernons pas la présence de Dieu dans le temps qu'elle est avec nous, mais ensuite, quand nous reportons nos regards en arrière, vers ce qui est passé et révolu.
J. H. NEWMAN

Il faut s'inquiéter de ne point s'inquiéter.
J. H. NEWMAN




PERES DE L'EGLISE



Dieu ne mesure pas ses dons.
Des PERES de l'EGLISE, la surabondance, marque de Dieu dans sa
création

Nous ne pouvons entrer en communion avec une erreur étrangère.
Saint AMBROISE

C'est dans les âmes que l'Eglise est belle.
Saint AMBROISE

Connais-toi toi-même, ô belle âme : tu es l'image de Dieu !
Saint AMBROISE

Voilà la merveille de la mort dans les chrétiens; elle ne finit pas leur vie; elle ne finit que leurs péchés et les périls où ils sont exposés.
Saint AMBROISE

Ce serait un drôle d'évêque que celui qui laisserait à des laïcs le soin de trancher en ce qui concerne ses droits de prêtre.
Saint AMBROISE

Le chrétien peut tout donner, il possède tout car ce qu'il a donné, il ne le perd pas...
Celui qui se donne au Seigneur se rend à lui-même, et celui qui s'éloigne du Christ se nie lui-même.
Saint AMBROISE

Elles peuvent bien, par la violence, obtenir que les âmes veules changent leur façon de penser; mais la foi, elles ne peuvent pas la donner.
Saint AMBROISE, sur les lois humaines

Naturellement j'aimerais mieux jouir de la faveur impériale et me conformer à tes voeux, mais l'affaire ne le permet pas... Si le prêtre ne dit pas la vérité à celui qui s'enfonce dans l'erreur, celui-ci mourra dans son péché, et le prêtre portera la responsabilité de la punition...
Saint AMBROISE, à l'empereur Théodose, sur un ordre criminel de
celui-ci


Je serrais les bras, mais j'avais déjà perdu ce que je tenais.
Saint AMBROISE, sur la mort de son frère

La vie consiste à être avec le Christ : où est le Christ, là est le Royaume.
Saint AMBROISE

Ne vous laissez pas troubler, frères, ce n'est qu'un petit nuage qui passera bientôt.
Saint ATHANASE, exilé pour la nième fois

Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse devenir Dieu.
Saint ATHANASE, exilé pour la nième fois

Sans lui, l'Eglise serait probablement tombée entre les mains des philosophes... sa doctrine aurait été dénaturée ou bien serait devenue un règlement de service impérial destiné au culte de la Divinité resplendissante.
Sur Saint ATHANASE, de Harnack

Athanase tenait à l'Eglise comme un arbre tient au sol.
Sur Saint ATHANASE, de Moehler

Nous n'acceptons aucune foi nouvelle, que d'autres nous prescrivent, mais nous n'avons pas non plus la hardiesse de transmettre comme doctrine les produits de nos propres réflexions.
Saint BASILE

Quiconque aura retenu n'importe quelle grâce de Dieu pour sa propre jouissance et sans en faire profiter autrui, se verra condamné pour avoir enfoui son talent.
Saint BASILE

Ne demande pas, maintenant qu'ils ont été abolis, comment les préceptes de l'Ancien Testament peuvent être bons. Demande comment ils étaient bons, à l'époque pour laquelle ils ont été faits.
Saint JEAN CHRYSOSTOME


Les Apôtres ne descendirent pas de la montagne en portant, comme Moïse, des tables de pierre dans leurs mains, mais ils s'en retournaient en portant l'Esprit Saint dans leurs coeurs, devenus par sa grâce une loi vivante et un livre vivant.
Saint JEAN CHRYSOSTOME

Pourquoi ne pas en jouir ? Pour qui donc sont-ils créés, sinon pour nous ?
CLEMENT d'ALEXANDRIE, sur les biens terrestres

De même que la volonté de Dieu est un acte et qu'elle s'appelle le monde, ainsi son intention est le salut des hommes, et elle s'appelle l'Eglise.
CLEMENT d'ALEXANDRIE

Si les Grecs, sur lesquels est tombée quelque étincelle du Logos divin, ont proclamé une faible partie de la Vérité, ils attestent par là-même qu'elle renferme une force qu'il est impossible de comprimer; mais ils témoignent en même temps de leur propre faiblesse, puisqu'ils ont manqué le but.
CLEMENT d'ALEXANDRIE

Gloire, richesses, noblesse, puissance, pour les hommes du monde, ne sont que des noms; pour nous, si nous servons Dieu, ce seront des choses.
Au contraire la pauvreté, la honte, la mort sont des choses trop effectives et trop réelles pour eux; pour nous, ce sont seulement des noms
Saint JEAN CHRYSOSTOME

Il ne peut avoir Dieu pour père, celui qui n'a pas l'Eglise pour mère.
Saint CYPRIEN

Car, lorsque le Seigneur appelle son corps le pain qui est fait de beaucoup de grains réunis, Il signifie par là l'union de tout le peuple chrétien, qu'Il portait en Lui.
Et lorsqu'il appelle son sang le vin qui, de nombreux raisins, ne fait qu'un seul breuvage, Il signifie encore que le troupeau que nous sommes provient d'une multitude ramenée à l'unité.
Saint CYPRIEN


Jésus, je me suis noyé dans la mer de tes symboles.
Saint EPHREM, observant la nature, lisant l'Ecriture

Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ce que la richesse de la Parole te dépasse... Mieux vaut que la source apaise ta soif plutôt que ta soif épuise la source...
Saint EPHREM

La terre qui ne produit pas vole celui qui la cultive.
Saint EPHREM

Prends donc comme symboles
Le soleil pour le Père
Pour le Fils, la lumière,
Et pour le Saint-Esprit
La chaleur.

Bien qu'il soit un seul être,
C'est une trinité
Que l'on perçoit en lui.
Saisir l'inexplicable,
Qui le peut ?

Distingue le soleil
De son rayonnement,
Puis après, la chaleur
Sépare-la des deux,
Si tu peux !

Tandis que le soleil
Demeure tout là-haut,
Sa clarté, son ardeur
Sont, pour ceux d'ici bas,
Clairs symboles.

Oui, son rayonnement
Est descendu sur terre
Et demeure en nos yeux
Comme s'il revêtait
Notre chair.


La lumière revêt
A l'intérieur de l'oeil
Une belle apparence,
Puis s'en va visiter
L'univers.

Ainsi, notre Sauveur
A revêtu un corps
Dans toute sa faiblesse,
Pour venir sanctifier
L'univers.

Mais, lorsque le rayon
Remonte vers sa source,
Il n'a jamais été
Séparé de celui
Qui l'engendre.

Il laisse sa chaleur
Pour ceux qui sont en-bas,
Comme Notre Seigneur
A laissé l'Esprit-Saint
Aux disciples.

Saint EPHREM, le poète, sur la Trinité

Efforce-toi de rendre ton intelligence, au temps de la prière, sourde et muette, et tu pourras prier.
EVAGRE le PONTIQUE

La sagesse debout ! - La sainteté aux saints !
Exhortation de l'église byzantine avant la lecture de l'Evangile
avant l'eucharistie

Par le sacrifice du Christ le premier homme est sauvé, cet homme qui est en nous tous.
GREGOIRE de NAZIANZE


Toute la nature humaine, des premiers hommes jusqu'aux derniers, est une seule image de l'Etre.
GREGOIRE de NYSSE

Si quelqu'un regarde l'Eglise, il regarde vraiment le Christ.
GREGOIRE de NYSSE

La "philosophie du dehors" est stérile, comme la fille du Pharaon; "toujours dans les douleurs de l'enfantement et jamais ne donnant vie à sa progéniture".
GREGOIRE de NYSSE

Qui poursuit l'infini avec ferveur progresse, même s'il n'arrive pas à ses fins.
Saint HILAIRE

L'Esprit ne dort jamais.
Saint IGNACE d'ANTIOCHE

Celui qui possède en vérité la parole de Jésus peut entendre même son silence.
Saint IGNACE d'ANTIOCHE

De même que le Seigneur n'a rien fait ni par lui-même ni par les Apôtres sans le Père avec lequel il est un, ne faites rien vous non plus en dehors de l'évêque et des prêtres.
Ne croyez pas que vous puissiez rien faire de bon séparément; il n'y a de bon que ce que vous faites en commun.
Saint IGNACE d'ANTIOCHE

De façon spécieuse, par l'art des discours, ils attirent d'abord les simples à la manie des recherches.
Par une vraisemblance frauduleusement agencée, ils séduisent l'esprit des ignorants...
Saint IRENEE, sur les procédés des gnostiques


Eux, c'est en toute propriété qu'ils possèdent la grâce ( sans avoir à la solliciter et à l'obtenir ).
Saint IRENEE, sur les gnostiques

La voilà, la gnose parfaite : s'adonner sans crainte à des actions qu'il n'est pas même permis de nommer !
Saint IRENEE, sur les gnostiques

Ils s'accaparent des qualités dont même les anges hésiteraient à se charger.
Saint IRENEE, sur les gnostiques

Le noeud de la désobéissance d'Eve a été dénoué par l'obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi.
Saint IRENEE

Dieu pouvait , quant à lui, donner dès le commencement la perfection à l'homme, mais l'homme était incapable de la recevoir, car il n'était qu'un petit enfant.
Saint IRENEE

Comment peut-on avoir la connaissance du bien si on ignore son contraire ?
Saint IRENEE

Si Dieu ne venait plus du tout à l'homme, l'homme cesserait d'exister.
Saint IRENEE

La gloire de Dieu est l'homme vivant, mais la vie de l'homme est de voir Dieu.
Saint IRENEE

Il apportât toute la nouveauté en apportant lui-même.
Saint IRENEE

Garde ton rang et ne t'imagine pas pouvoir dépasser la sphère de ton Dieu.
Saint IRENEE


Le souffle est chose temporaire, l'Esprit est éternel.
Saint IRENEE

La brebis perdue, c'est Adam.
Saint IRENEE

Jésus-Christ devait montrer l'homme à Dieu pour que l'homme ne désespère pas, le terme éloigné pour que l'homme n'en vint pas à mépriser Dieu.
Saint IRENEE

Par l'Esprit ils monteront au Fils, puis par le Fils ils monteront au Père lorsque le Fils cèdera son oeuvre au Père.
Saint IRENEE

Si je crie déjà "Abba, Père" pour de simples acomptes, que ne fera pas la grâce entière de l'Esprit une fois donnée aux hommes par Dieu.
Saint IRENEE

L'olivier sauvage enté sur l'olivier franc; s'il ne reçoit pas la greffe il demeure sans utilité pour son propriétaire, stérile, jeté au feu.
Saint IRENEE

Les gnostiques professent la philosophie d'Epicure et l'indifférence des Cyniques tout en se vantant d'avoir pour maître Jésus-Christ.
Saint IRENEE

Car apprendre sa faiblesse en la supportant n'était pas un mal pour l'homme.
C'était même plutôt un bien pour lui que de ne pas se méprendre sur sa nature.
Par contre, s'élever contre Dieu et prétendre à une place propre, cela, en faisant de l'homme un ingrat, lui causait un préjudice en le dépossédant de la vérité en même temps que de son amour pour le créateur.
Saint IRENEE

Si quelqu'un vient vous dire : Est-ce que Dieu ne pouvait dès l'origine faire apparaître l'homme parfait, qu'il sache que Dieu, certes, est toutpuissant, mais qu'il se peut que la créature, par le fait qu'elle est créature, ne soit fort imparfaite.
Seul celui qui n'est pas produit est aussitôt parfait, et celui-là c'est Dieu.
Ils sont donc tout à fait déraisonnables, ceux qui, n'attendant pas le temps du progrès, imputent à Dieu l'infirmité de leur nature. Insatiables et ingrats, ils ne veulent pas être d'abord ce que les fait leur création... ils voudraient, avant de devenir des hommes, être déjà semblables à Dieu leur créateur... Plus insensés que des animaux, les voilà qui reprochent à Dieu de ne les avoir pas faits dieux dès le principe.
Saint IRENEE


Tu es un cicéronien et non pas un chrétien.
Saint JEROME, à ?

Qu'est-ce qu'Aristote a à voir avec Paul ou Pierre ?
Saint JEROME

La philosophie, ce monstre à plusieurs têtes.
JUSTIN

Il y a trois lois générales...
- La loi naturelle, lorsque les sens ne viennent pas à dominer la raison, nous pousse spontanément à accueillir tous les hommes comme étant nos parents, et à nous porter au secours de ceux qui sont dans le besoin; elle nous inspire un vouloir unanime...
- Quant à la loi écrite, elle commence par réprimer les impulsions déréglées des insensés, en leur inspirant la crainte des châtiments.
Elle accoutume l'esprit à considérer la stricte justice, et vient ainsi par ses rigueurs au secours de la loi naturelle.
- Mais la loi de grâce apprend sans intermédiaire à ceux qu'elle dirige à imiter Dieu lui-même, qui, si l'on peut dire, nous a aimés plus que lui-même...
Saint MAXIME le CONFESSEUR

Les docteurs qui collectionnent les paroles bien sonnantes et les phrases retentissantes.
ORIGENE

Il est préférable de mourir en route pour un idéal trop élevé que de ne pas partir du tout.
ORIGENE

Quand Jésus est né... les puissances ont été affaiblies, leur magie étant réfutée et leur opération dissoute.
ORIGENE

Tout chrétien porte en lui-même son holocauste et lui-même y met le feu.
J'ai offert un holocauste à l'autel de Dieu, et je suis le prêtre de mon propre sacrifice.
ORIGENE


On ne vient pas au Christ dans le repos et dans les délices, mais à travers toutes sortes de tribulations et de tentations.
ORIGENE

L'Eglise est pleine de la Trinité. Le Père est en elle comme le principe auquel on se réunit, le Fils comme le milieu dans lequel on se réunit, le Saint-Esprit comme le noeud par lequel tout se réunit, et tout est un.
ORIGENE

Nous qui sommes de l'Eglise catholique, nous ne méprisons pas la loi de Moïse, mais nous la recevons - si toutefois c'est Jésus qui nous la lit.
A cette condition nous en aurons la droite intelligence.
ORIGENE

Par le bois de la croix l'amertume de la loi se change en la douceur de l'intelligence spirituelle, et le peuple de Dieu peut étancher sa soif.
ORIGENE

Car en vérité l'Ecriture était de l'eau : mais depuis Jésus, elle nous est devenue du vin.
ORIGENE

N'ignorons pas que l'avènement du Christ, avant qu'il fût descendu sur notre terre, fut compris seulement par quelques hommes plus parfaits, déjà adultes, libérés de la tutelle des pédagogues et des tuteurs, ayant devant les yeux cette plénitude du temps que contemplait leur esprit.
Tels furent ces Patriarches, et ce grand serviteur Moïse, et les autres prophètes qui contemplèrent la gloire du Christ.
ORIGENE

Qui donc saurait que la lumière est bonne, s'il n'avait pas senti les ténèbres de la nuit ?
ORIGENE

Il vaut bien mieux mourir dans le désert que servir les Egyptiens.
ORIGENE


Nul ne peut aimer Dieu dans le sens du coeur s'il n'a d'abord commencé par le craindre de tout son coeur.
DIADOQUE de PHOTICE

La Vérité doit investir chacun à partir de ses propres pensées.
SEVERE d'ANTIOCHE

Le manteau blanc des philosophes apprécie les hommes de Dieu en noir
SYNESIUS de CYRENE

Ce n'est pas par des suppliques que la vérité cherche à changer son sort.
Elle ne s'étonne absolument pas de ce qui lui arrive.
Elle sait qu'elle n'a pas de chez soi ici-bas...
TERTULLIEN

La fraternité est chez nous de pratique courante, car nous mettons tout en commun, excepté nos femmes, la seule chose que les païens partagent volontiers.
TERTULLIEN

La nécessité tient lieu d'excuse.
TERTULLIEN, sur certains compromis pratiques honorables

Il n'y a rien de commun entre un philosophe et un chrétien, entre un disciple de la Grèce et un disciple du ciel, entre Athènes et Jérusalem, l'Académie et l'Eglise.
TERTULLIEN

Un chrétien ne doit pas bâtir sa foi sur un terrain étranger, mais sur son propre fonds.
TERTULLIEN

Les philosophes sont les "patriarches des hérétiques".
TERTULLIEN

En choisissant de confier à de simples pêcheurs plutôt qu'à des sophistes la mission de prêcher.
TERTULLIEN, boutade sur une "erreur" du Christ


Là où manque la crainte, la correction n'intervient pas.
TERTULLIEN

Faut-il s'étonner si un sage instituteur étend peu à peu ses leçons, et si, après de faibles commencements, il conduit enfin les choses à la perfection ?
TERTULLIEN

Ainsi, peut-être, sommes-nous d'autant plus assurés et plus rigoureux dans nos jugements que nous défendons une cause plus mêlée.
Peut-être oublions-nous quelquefois en fait, quoique nous le sachions bien en principe, que l'intransigeance dans la foi n'est pas la raideur passionnée dans le désir d'imposer aux autres nos idées ou nos goûts personnels...
Sur TERTULLIEN, de Henri de Lubac

L'Eglise porte aujourd'hui le nom de "corps du Christ" parce qu'elle en a "la ressemblance" et que dans le monde à venir elle le sera "effectivement en vérité" parce qu'elle recevra "la gloire de la ressemblance".
THEODORE de MOPSUESTE




SAINT PIE X



Il faut rejeter l'opinion de certains, affirmant qu'il n'importe en rien à la vérité de la foi qu'on ait tel ou tel sentiment au sujet des choses créées, pourvu seulement qu'on pense juste au sujet de Dieu, car l'erreur touchant la nature des choses engendre une fausse connaissance de Dieu.
Saint PIE X, "Doctoris angelici"

Oui, je suis chrétien par la grâce de Dieu.
Catéchisme de saint PIE X

Péché mortel : il lui faut : matière grave, pleine information et parfait consentement de la volonté.
Mortel parce qu'il donne la mort à l'âme, en lui faisant perdre la grâce sanctifiante, qui est la vie de l'âme.
Catéchisme de saint PIE X



Encyclique "PASCENDI DOMINICI GREGIS" sur les doctrines des modernistes



...Amalgamant en eux le rationaliste et le catholique, ils le font avec un tel raffinement d'habileté qu'ils abusent facilement les esprits mal avertis. D'ailleurs, consommés en témérité, il n'est sorte de conséquence qui les fasse reculer, ou plutôt qu'ils ne soutiennent hautement et opiniâtrement...
Ils font tout pour qu'on attribue au pur zèle de la vérité ce qui est oeuvre uniquement d'opiniâtreté et d'orgueil...
Et comme une tactique des modernistes, tactique en vérité fort insidieuse, est de ne jamais exposer leur doctrine méthodiquement, et dans leur ensemble, mais de les fragmenter en quelque sorte et de les éparpiller ça et là, ce qui prête à les faire juger ondoyants et indécis, quand leurs idées, au contraire, sont parfaitement arrêtées et consistantes...

...Les modernistes assemblent et mélangent pour aini dire en eux plusieurs personnages : le philosophe, le croyant, le théologien, l'historien, le critique, l'apologiste, le réformateur : personnages qu'il importe de bien démêler si l'on veut connaître à fond leur système...

Evoluer et changer, non seulement le dogme le peut, il le doit : c'est ce que les modernistes affirment hautement... Ce qu'il faut c'est que le sentiment, après les avoir convenablement modifiées, s'il y a lieu, ( les formules religieuses ) se les assimile "vitalement"...
Ce qui revient à dire que la formule primitive demande à être acceptée et sanctionnée par le coeur...
C'est en cette vue surtout, c'est-à-dire afin d'être et de rester vivantes, qu'il est nécessaire qu'elles soient et qu'elles restent assorties au croyant et à sa foi. Le jour où cette adaptation viendrait à cesser, ce jourlà, elles se videraient du même coup de leur contenu primitif : il n'y aurait d'autre parti à prendre que de les changer.
Etant donné le caractère si précaire et si instable des formules dogmatiques, on comprend à merveille que les modernistes les aient en si mince estime, s'ils ne les méprisent ouvertement.


...Le philosophe admet bien la "réalité" divine comme objet de la foi; mais cette réalité, pour lui, n'existe pas ailleurs que dans l'âme même du croyant, c'est-à-dire comme objet de son sentiment et de ses affirmations; ce qui ne sort pas, après tout, du monde des phénomènes.
Si Dieu existe en soi, hors du sentiment et hors des affirmations, c'est de quoi il n'a cure...

Ce que nous voulons observer ici, c'est que la doctrine de "l'expérience", jointe à l'autre du "symbolisme", consacre comme vraie toute religion, sans en excepter la religion païenne. Est-ce qu'on ne rencontre pas dans toutes les religions, des expériences de ce genre ?

...Les modernistes, pour qui vie et vérité ne sont qu'un, jugent ( ainsi ) de la vérité des religions : si une religion vit, c'est qu'elle est vraie; si elle n'était pas vraie, elle ne vivrait pas. D'où l'on peut conclure encore : toutes les religions existantes sont donc vraies.

A la science, donc, à la philosophie de connaître de l'idée de Dieu, de la guider dans son évolution et, s'il venait à s'y mêler quelque élément étranger, de la corriger.
D'où cette maxime des modernistes que l'évolution religieuse doit se coordonner à l'évolution intellectuelle et morale, ou, pour mieux dire, et selon le mot d'un de leurs maîtres s'y subordonner.

Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique; tournez la page, vous croyez lire un rationnaliste. Ecrivent-ils histoire : nulle mention de la divinité de Jésus-Christ; montent-ils dans la chaire sacrée, ils la proclament hautement.

Le culte naît ( naîtrait ) d'une double nécessité, d'un double besoin : car, on l'a remarqué, la nécessité, le besoin, telle est, dans leur système, la grande et universelle explication.
Le premier besoin, ici, est de donner à la religion un corps sensible; le second, de la propager, à quoi il ne faudrait pas songer sans formes sensibles ni sans les actes sanctifiants que l'on appelle sacrements.
Les sacrements, pour les modernistes, sont de purs signes ou symboles...


De même que la foi ( pour les modernistes ) doit se subordonner à la science, quant aux éléments phénoménaux, aussi faut-il que dans les affaires temporelles l'Eglise s'assujetisse à l'Etat...
Posé, en effet, que dans les choses temporelles l'Etat est maître, s'il arrive que le croyant, aux actes intérieurs de religion, dont il ne se contente pas d'aventure, en veuille ajouter d'extérieurs, comme serait l'administration des sacrements, la conséquence nécessaire, c'est qu'ils tombent sous la domination de l'Etat.

...Comme le magistère ecclésiastique ( pour les modernistes ) a sa première origine dans les consciences individuelles, et qu'il remplit un service public pour leur plus grande utilité, il est de toute évidence qu'il s'y doit subordonner, par là même se plier aux formes populaires...

Ils ( les modernistes ) posent tout d'abord ce principe général que, dans une religion vivante, il n'est rien qui ne soit variable, rien qui ne doive varier. D'où ils passent à ce que l'on peut regarder comme le point capital de leur système, savoir "l'évolution".
Des lois de l'évolution, dogme, Eglise, culte, Livres Saints, foi même, tout est tributaire, sous peine de mort.

...Parce qu'il leur importe de rester au sein de l'Eglise pour y travailler et y modifier peu à peu la conscience commune : avouant par là, mais sans s'en apercevoir, que la conscience commune n'est donc pas avec eux, et que c'est contre tout droit qu'ils s'en prétendent les interprètes.

Ainsi... la doctrine des modernistes, comme l'objet de leurs efforts, c'est qu'il n'y ait rien de stable, rien d'immuable dans l'Eglise.

...Il nous semble avoir exposé assez clairement la méthode historique des modernistes. Le philosophe ouvre la marche; suit l'historien; puis, par ordre, la critique interne et la critique textuelle.
Et comme le propre de la cause première est de laisser sa vertu dans tout ce qui suit, il est de toute évidence que nous ne sommes pas ici en face d'une critique quelconque, mais bien "agnostique", "immanentiste", "évolutionniste".


...D'une part, l'alliance étroite qu'ont faite entre eux les historiens et les critiques de cette école, au-dessus de toutes les diversités de nationalité et de religion; d'autre part, chez ces mêmes hommes, une audace sans bornes : que l'un d'entre eux ouvre les lèvres, les autres d'une même voix l'applaudissent, en criant au progrès de la science; quelqu'un a-t-il le malheur de critiquer l'une ou l'autre de leurs nouveautés, pour monstrueuse qu'elle soit, en rangs serrés, ils fondent sur lui; qui la nie est traité d'ignorant, qui l'embrasse et la défend est porté aux nues.
Abusés par là, beaucoup vont à eux qui, s'ils se rendaient compte des choses, reculeraient d'horreur.
A la faveur de l'audace et de la prépotence des uns, de la légèreté et de l'imprudence des autres, il s'est formé comme une atmosphère pestilentielle qui gagne tout, pénètre tout et propage la contagion.

L'apologiste, chez les modernistes, relève encore du philosophe, et à double titre.
D'abord, "indirectement", en ce que, pour thème, il prend l'histoire, dictée, comme nous l'avons vu, par le philosophe. Puis, "directement", en ce qu'il emprunte de lui ses lois...

Les rationalistes les applaudissent ( les modernistes ), et ils ont pour cela leurs bonnes raisons : les plus sincères, les plus francs saluent en eux leurs plus puissants auxiliaires.
Revenons... à cette doctrine pernicieuse de l'agnosticisme.
Toute issue fermée vers Dieu du côté de l'intelligence, ils se sont fort d'en ouvrir une autre du côté du sentiment et de l'action. Tentative vaine.
Car, qu'est-ce, après tout, que le sentiment, sinon une réaction de l'âme à l'action de l'intelligence ou des sens ?
Otez l'intelligence : l'homme, déjà si enclin à suivre les sens, en deviendra l'esclave. Toutes ces fantaisies sur le sentiment religieux n'aboliront pas le sens commun. Or, ce que dit le sens commun, c'est que l'émotion et tout ce qui captive l'âme, loin de favoriser la découverte de la vérité, l'entravent.

...Le caractère ( du sentiment ) est de décevoir si l'intelligence ne le guide... Plus le sentiment est intense plus il est sentiment...
La très grande majorité des hommes tient fermement et tiendra toujours que le sentiment et l'expérience seuls, sans être éclairés et guidés de la raison, ne conduisent pas à Dieu...
Si tous les éléments, dans la religion, ne sont que de purs symboles de Dieu, pourquoi le nom même de Dieu, le nom de personnalité divine ne seraient-ils pas aussi de purs symboles ?
Cela admis, voila la personnalité de Dieu mise en question et la voie ouverte au panthéisme.


...C'est un spectacle lamentable que de voir jusqu'où vont les divagations de l'humaine raison dès que l'on cède à l'esprit de nouveauté...

Afin d'attirer le mépris et l'odieux sur l'Epouse mystique du Christ, en qui est la vraie lumière, les fils des ténèbres ont accoutumé de lui jeter à la face des peuples une calomnie perfide, et renversant la notion et la valeur des choses et des mots, la représentent comme amie des ténèbres, fautrice d'ignorance, ennemie de la lumière, de la science, du progrès.

Il n'est sorte d'injures qu'ils ne vomissent contre eux ( contre les catholiques luttant vigoureusement pour l'Eglise ). Celle d'ignorance et d'entêtement est la préférée.
S'agit-il d'un adversaire que son érudition et sa vigueur d'esprit rendent redoutable : ils chercheront à le réduire à l'impuissance en organisant autour de lui la "conspiration du silence". Conduite d'autant plus blâmable que, dans le même temps, sans fin ni mesure, ils "accablent d'éloges qui se met de leur bord".
Les jeunes, étourdis et troublés de tout ce fracas de louanges et d'injures, finissent, par peur du qualificatif d'ignorants et par ambition du titre de savants, en même temps que sous l'aiguillon intérieur de la curiosité et de l'orgueil, par céder au courant et se jeter dans le modernisme.

On ne peut approuver, dans les écrits des catholiques, un langage qui, s'inspirant d'un esprit de nouveauté condamnable, paraît ridiculiser la piété des fidèles, et parle d'ordre nouveau de vie chrétienne, de nouvelles doctrines de l'Eglise, de nouveaux besoins de l'âme chrétienne, de nouvelle vocation sociale du clergé, de nouvelle humanité chrétienne, et d'autres choses du même genre.

Saint PIE X, encyclique "Pascendi Dominici Gregis",
sur les doctrines des modernistes, fin





1993 Thesaurus - MYSTIQUE RHENANE