1993 Thesaurus - Le péché ( le mal que nous causons aux autres, et à nous-même )
L'Eglise et le christianisme en général sont là à cause de l'histoire.
Le péché originel réside précisément dans ce filet collectif qui précède l'existence individuelle, et non pas dans une certaine hérédité biologique.
Parler du péché originel, c'est dire que nul homme ne peut plus commencer au point zéro, dans un état d'intégrité, non affecté par l'histoire.
JOSEPH RATZINGER, Jésus-Christ, l'individu et le tout
L'homme ne se réalise pas finalement lui-même par ce qu'il fait, mais par ce qu'il reçoit. "Toute l'histoire de l'humanité a été dévoyée, brisée, parce qu'Adam s'est fait une fausse idée de Dieu... Il voulait devenir comme Dieu. J'espère que vous n'avez jamais fait consister le péché d'Adam en cela...
N'était-ce pas cela à quoi Dieu l'avait invité ?
Adam s'est seulement trompé de modèle. Il a cru que Dieu était un être indépendant, autonome, suffisant, et, pour devenir comme lui, il s'est rebellé, il a désobéi".
JOSEPH RATZINGER, citant Louis EVELLY
Un humanisme subtil, adversaire du Dieu vivant - et en secret, non moins ennemi de l'homme - peut s'insinuer en nous par mille détours.
Jamais la "courbure" originelle n'est en nous définitivement redressée.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise
Saint Augustin sans doute ne refuse pas à l'homme déchu, vivant sous le régime du péché originel, le pouvoir de la liberté.
Mais il ne peut lui accorder, sans la grâce libre et rédemptrice de Dieu, l'actuation proprement dite de ce pouvoir.
H. URS Von BALTHASAR
Car apprendre sa faiblesse en la supportant n'était pas un mal pour l'homme.
C'était même plutôt un bien pour lui que de ne pas se méprendre sur sa nature.
Par contre, s'élever contre Dieu et prétendre à une place propre, cela, en faisant de l'homme un ingrat, lui causait un préjudice en le dépossédant de la vérité en même temps que de son amour pour le créateur.
Saint IRENEE
Si cette connaissance est dans la mémoire, c'est que nous avons été heureux autrefois.
Saint AUGUSTIN, sur le souvenir du bonheur ( paradis terrestre )
Laissez un enfant sans aucune éducation, sans contraintes... et vous verrez bien de quel côté il tombera, du côté de ( ce que tout le monde ) appelle le mal.
Saint AUGUSTIN, interprétation de sa pensée sur le péché originel
Regardez de jeunes enfants laissés entre eux sans surveillance dans une cour d'école et vous prendrez alors en pitié celui qui est sourd, mal-voyant, disgracieux...
SERGE de BEKETCH ( citation placée ici en raison de sa seule similitude
avec la précédente )
L'"absurdité" du péché originel ouvre une immense espérance, l'absurdité du hasard et de la nécessité, ou de toute autre tentative d'explication du monde qui rejette Dieu est totale, définitive et sans remède. Elle laisse la conscience humaine seule avec elle-même, et avec la mort.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
La concupiscence se rapporte principalement au plaisir sensuel, qui est lié à l'union des êtres, et l'on n'imagine pas le créateur condamnant la chair aussitôt après avoir invité ses créatures à croître et à multiplier.
Peut-être ce jour-là l'être humain s'est-il choisi lui-même, usant de sa liberté contre l'amour et faisant en quelque sorte mentir l'image de Dieu qui est en lui, qui est une pure disposition à la charité. C'est alors qu'il a perdu la lumière "Ils virent qu'ils étaient nus", réduits à leur argile.
Ainsi naquit la conscience de soi comme solidifiée dans ce "moi" dont il nous est si difficile de sortir pour aller vers l'autre, les autres, et Dieu.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
Les trois longs extraits suivants s'éclairent les uns les autres.
- Désir d'imitation, envie, orgueil, enfermement... Jeu tragique de l'imitation obsessionnelle, manque et désir d'être.
- Envie, crise d'imitation, violence exacerbée par la perte des différences ( violence toujours humaine et jamais divine ), solution sacrificielle.
Rappel du texte biblique sur Caïn et sur Satan ( celui de la Genèse : le tentateur, celui qui incite à l'imitation, le médiateur, le modèle, satan prince et principe de ce monde ).
- Révélation de la violence humaine par la Passion et clarté du message sur la seule issue possible.
Attention : René Girard est chrétien ( à ma connaissance ) mais il n'a aucune autorité conférée par l'Eglise, et il ne prétend d'ailleurs aucunement traiter de théologie, mais seulement de sociologie.
Il ne prétend pas non plus traiter de la faute originelle, ni des causes de notre chute, mais plutôt de la condition humaine.
De l'imitation vertueuse en hallucinations furieuses ( Don quichotte ) l'imitation n'a donc pas que des effets pédagogiques et grégaires.
Pour le sujet désirant le tiers est un modèle et un "terzo incommodo".
Le héros de Cervantès ne voit jamais rien "tel qu'il est", mais tel "qu'il devrait être" et il fait de ce vice de l'âme sa plus haute vertu.
Nos désirs sont imités, il n'y a plus de ligne droite de sujet à objet, par une figure triangulaire où le modèle occupe la place centrale, désignant à son disciple les objets désirables, soit en les possédant, soit en les désirant lui-même.
Ce ne sont plus Platon ou Spinoza : "Nous désirons une chose parce qu'elle est bonne" , mais "Une chose est jugée bonne parce que nous la désirons".
Le désir peut être avoué ou dissimulé, le modèle imaginaire ou réel. Mais la médiation et ses effets sont toujours bien réels.
Médiation externe : distance du disciple et de son modèle ( Emma et ses héroïnes de roman, Don Quichotte et Amadis de Gaule, Julien Sorel et Napoléon... ), l'imitation est revendiquée comme telle.
Médiation interne : le médiateur se rapproche, l'imitation devient plus réaliste, la rivalité se développe, le sujet désirant ne voit plus le médiateur comme un modèle mais comme un obstacle; il se dissimule la vérité de son désir, le fait qu'il l'a copié.
L'envie haineuse ne part pas de l'objet de la rivalité. Elle part du rival et arrive au rival.
L'autre est rival parce qu'il est modèle et modèle parce qu'il est rival.
Moins de distance entre les deux, moins de différences, plus de haine.
L'esclave est celui qui révèle la violence de son désir. La maîtrise s'obtient donc en simulant l'indifférence, le "narcissisme intact" de la coquette qui fascinait Freud.
Le désir mimétique est une "descente aux enfers", un mouvement vers toujours plus de servitude.
Il n'y a plus ni disciple ni modèle, ni esclave ni maître, mais une double fascination, figure fermée sur elle-même où le désir se nourrit de sa propre substance. Cette figure est celle de la folie. La médiation double de Proust et de Dostoïevski.
Aucun des rivaux ne possède plus l'objet, chacun redoute de le voir possédé par l'autre, désir négatif...
Le masochisme est comme l'aboutissement et la vérité du désir mimétique.
Toute passion se nourrit des obstacles qui lui sont opposés ( Le noble goût du risque ).
Pourquoi prenons-nous nos dieux parmi nos égaux ?
Chacun se croit seul exclu de l'héritage divin et s'efforce de cacher cette malédiction. Le péché originel n'est plus la vérité de tous les hommes, comme dans l'univers religieux, mais le secret de chaque homme.
Les hommes vont désormais s'imiter les uns les autres, "L'idolâtrie d'un seul est remplacé par la haine de cent mille rivaux." ( Tocqueville ) La médiation interne apporte avec elle les sentiments négatifs : de la vanité gaie du XVIIIème siècle, on passe à la vanité triste du XIXème.
Le mouvement vers l'égalité des conditions, vers toujours plus d'indifférenciation, n'engendre donc pas l'harmonie promise, mais une concurrence acharnée.
C'est parce qu'ils deviennent semblables, interchangeables, que les individus "modernes" ne pourront se prendre les uns pour les autres pour "modèles", sans s'éprouver comme "obstacles" à la réalisation de leurs désirs.
Cette fuite vers l'autre qui caractérise le désir mimétique et le porte vers les objets désirés par les autres est source inévitable et inépuisable de conflits. Tous les efforts pour vaincre la réciprocité ne feront que la renforcer ( Les deux marcheurs face à face qui tentent de s'éviter ).
Flaubert et Stendhal voient la vanité, pas le totalitarisme : Proust et Dostoïevski voient déjà le grotesque mais pas le tragique.
Transcendance déviée, appel vers le bas, le néant, la folie et la mort.
Il y a totalitarisme lorsque l'on parvient, de désir en désir, à la mobilisation générale et permanente de l'être au service du néant.
C'est dans l'orgueil qu'est le mal et l'univers romanesque est un univers de possédés.
Le médiateur sera toujours celui qui est le plus insensible, celui que son absence apparente de désir identifie au "divin". Le masochiste qui s'élance va rencontrer l'invincibilité du non-désir, de l'apathie de l'autre.
Le mécanisme est fondé sur le "moi", on ne peut triompher des mensonges de l'orgueil que par une sorte de conversion.
La structure triangulaire importe plus au désir que l'objet convoité.
Il ne faut pas triompher tout à fait du rival, pour ne pas faire perdre à l'objet toute valeur. Il ne faut pas posséder l'objet tout à fait pour ne pas faire perdre au modèle tout prestige; valeur de l'objet et prestige du modèle sont solidaires; il vaut mieux une situation indécidable.
Le désir se détache peu à peu de l'objet pour s'attacher au modèle, il s'abandonne à la fascination de l'obstacle.
Quel éclat aurait une victoire que le rival favoriserait ?
Quel prestige aurait un modèle vaincu ?
Quel intérêt aurait un objet que nul ne nous disputerait plus ?
La modernité est un monde dépourvu de valeurs objectives, c'est la perte croissante des différences, l'effondrement des interdits religieux. "Si Dieu n'existe pas, tout est permis." ( Sartre ) L'univers toujours plus frénétique et menteur révèle de façon éclatante l'absence et le besoin de Dieu.
Chacun imite chacun. Mon désir est déterminé par celui d'un autre, qui est lui-même... jusqu'au retour possible à moi-même...
Le désir mimétique n'est pas celui "spontané" d'un sujet autonome, ou celui "aimanté" par un objet attracteur et préexistant.
Logique paradoxale, celle du cercle vicieux, le point d'aboutissement peut servir de point de départ...
La genèse des névroses : la reproduction en chaîne des triangles du désir, ce que Freud a appelé la "répétition" et qu'il lui a fallu expliquer par un "instinct de mort".
Le désir sait tout, en effet, sauf l'essentiel : le rôle de l'autre dans le désir.
La structure est dynamique et destructurante, voilà pourquoi les épisodes névrotiques ne s'atténuent pas avec le temps comme des copies successives à partir de l'original, mais tendent au contraire à se renforcer et à s'aggraver.
RENE GIRARD, Mensonge romantique et vérité romanesque
Le propre de la violence, et pourquoi on la qualifie d'"irrationnelle", c'est de survivre au stimulus qui la déclenche - il est plus facile de la déclencher que de l'arrêter.
La violence "se trompe", elle déborde...
Les institutions religieuses sont hantées par ce péril extrême de la propagation sans fin de la violence.
Que la transcendance s'efface ( "La mort de Dieu" ), il n'y a plus de violence légitime face à la violence tout court, le légitime et l'illégitime de la violence sont livrés à l'opinion de chacun, c'est-à-dire à l'oscillation vertigineuse.
Ce ne sont pas les différences qui entraînent les hommes dans des conflits mortels, c'est la perte de ces différences.
La communauté ne peut se réconcilier que dans la conviction partagée mais absolue d'avoir trouvé la cause unique de tous ses maux.
Au paroxysme de la crise il n'y a plus aucune différence, chacun peut devenir le double de tous les autres, c'est-à-dire l'objet d'une fascination et d'une haine universelle.
Le sacrifice stoppe la perte d'identité de chacun.
Le jeu mimétique cause la violence et y remédie. Seule la victime et son pouvoir maléfique sont arbitraires.
C'est bien à partir des objets disponibles ( nourriture, femelles ) que commencent les conflits, mais ce n'est pas l'objet qui provoque la rivalité, c'est l'imitation de l'autre désir, réciproque, tendu vers lui.
Mimésis d'appropriation : loin d'être grégaire ou socialisante dans ses effets, elle divise les hommes et ne les rassemble que pour les séparer.
L'importance extraordinaire de l'objet de la rivalité lui vient de la rivalité elle-même.
Qui a commencé ? la mimésis délirante est première. Seule la culture religieuse peut réussir à tenir en respect la violence humaine et empêcher les sociétés humaines de sombrer corps et biens.
Le désir, non animal, est libre de se fixer là où il veut, c'est l'être que l'homme désire, un être dont il se sent privé et dont quelqu'un d'autre lui paraît pourvu.
Le désir humain est un manque d'être.
De l'intérieur du système, il n'y a que des différences ( l'ambition de la violence du dernier coup des frères ennemis : soit le véritable "objet" qu'on se disputerait ), du dehors, au contraire, il n'y a que de l'identité.
Du dedans on ne voit pas l'identité et du dehors on ne voit pas la différence.
L'interdit : barrière contre les objets et les comportements susceptibles de déclencher la violence mimétique.
La société moderne supprime ces barrières et libère le désir. Elle place d'emblée les individus dans la situation la plus favorable au "double lien" mimétique, soit à l'impasse de la voie d'une imitation qui se retourne contre l'imitateur.
Totem et tabou de Freud : l'intuition du meurtre collectif et fondateur ( Caïn et Abel ) hélas Freud rajoute la culpabilisation et manque ce qu'il avait entrevu.
Le mythe de la modernité c'est l'immaculée conception de la pensée humaine.
La modernité est une crise sacrificielle : la désacralisation moderne, notre culture scientifique et hypercritique, est synonyme d'une décomposition culturelle, d'une incapacité grandissante à disposer des ressources cathartiques qui ont périodiquement refait de la différence, de la stabilité et de l'ordre dans les sociétés traditionnelles.
Au lieu de cet obstacle inerte, passif, bénévole et identique pour tous, donc jamais vraiment humiliant ou traumatisant, que leur opposaient les interdits religieux, les hommes, de plus en plus, ont affaire à l'obstacle actif, mobile et féroce du modèle métamorphosé en rival, un obstacle activement intéressé à les contrecarrer personnellement et merveilleusement équipé pour y réussir.
Confrontés à cette situation, les hommes seront souvent tentés de rendre au remède traditionnel son efficacité perdue en augmentant de plus en plus les doses, en immolant de plus en plus de victimes dans des holocaustes qui se voudraient toujours sacrificiels, mais qui le sont de moins en moins.
RENE GIRARD, La pensée de.., La violence fondatrice : le mécanisme
victimaire
Satan désigne toujours le mécanisme fondateur lui-même ou le processus mimétique dans son ensemble. "Princeps hujus mundi", prince et principe de ce monde.
Hériter de Satan c'est hériter du mensonge primordial, le mensonge de l'homicide.
La foule qui condamne Jésus est la même que celle qui l'avait fêté quelques jours auparavant ! Elle se retourne comme un seul homme.
La Passion est présentée come une injustice criante. "Ils m'ont hai sans cause". Jn 15, 25 Ps 34, 19 et 68, 5 .
Mais elle révèle le mécanisme victimaire en niant la causalité magique. "Je ne vois pas de cause", dit Pilate.
Le meilleur disciple, le plus mimétique est "malade", de honte, sentiment mimétique par excellence. Il a honte du modèle qu'il s'est donné, donc il a honte de lui-même. "Les rois de la terre se sont rapprochés et les chefs se sont assemblés pour ne faire plus qu'un contre le Seigneur et son Christ" Ac 4, 25-28 et Ps 2, 1-2 .
L'expression 'bouc émissaire' a été remplacée par celle 'd'agneau de Dieu', elle dit bien l'innocence et l'absence de cause. "Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font". Lc 23, 34.
Le martyre d'Etienne : "...Tels furent vos pères, tels vous êtes !
Ils ont tué ceux qui prédisaient... Celui que vous venez d'assassiner...". Ac 7,51-53
Les auditeurs se "bouchent les oreilles" devant des paroles insupportables. "..Ils se bouchèrent les oreilles et, comme un seul homme...". Ac 7, 54-58
La lapidation : tous participent mais nul n'est souillé.
La parabole des vignerons homicides : "Ils se réunissent tous pour tuer", "Le maître fera périr ces misérables". Mt 21, 38-41
Ce sont les auditeurs qui répondent, Jésus ne met pas la violence au compte de Dieu, ce sont les auditeurs qui supposent l'existence d'une violence divine.
"La pierre qu'avaient rejetée les bâtisseurs, c'est elle qui est devenue pierre de faîte" Lc 20, 17 et Ps 117, 22
En révélant le fondement de tous les édifices culturels humains, le texte évangélique révèle. "Ils ont des oreilles pour ne pas entendre et des yeux pour ne pas voir". "Des choses cachées depuis le commencement du monde".
Jésus ne doit rien à la violence et à ses normes, il ne peut qu'être expulsé.
L'échec du Royaume c'est l'abandon de la voie directe vers le salut.
C'est pourquoi l'annonce du Royaume va se transformer en annonce apocalyptique, la violence sans mesure ( toujours d'origine humaine ). "Et il y aura des signes... car les puissances des cieux seront ébranlées".
Lc 21, 25-26
La divinité véritable ne peut être ébranlée. Il s'agit des puissances mondaines déifiées. "Quand Jésus est né... les puissances ont été affaiblies, leur magie étant réfutée et leur opération dissoute". ( Origéne : massacre des innocents )
"Vous avez appris qu'il a été dit oeil pour oeil... Eh bien, moi, je vous dit de ne pas tenir tête au méchant..." Mt 5, 38-40
Renoncer aux conduites les plus légitimes, à l'idée de rétribution.
Si la violence est mimétique, seul un renoncement inconditionnel à la violence peut nous permettre de sortir du cercle. "Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour".
Lc 6, 33-35
Les Evangiles ne parlent des sacrifices que pour en refuser la validité. "C'est la miséricorde que je désire, et non le sacrifice". Mt 9, 13 et Os 6, 6 . "Quand tu présentes ton offrande à l'autel... et va d'abord te réconcilier avec ton frère". Mt 5, 23-24
Le Dieu du N. T. est étranger à toute violence, à toute vengeance. "...Ainsi serez vous fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons..." Mt 5, 44-45
La violence apocalyptique est rapportée aux hommes et non à Dieu. "Vous voulez que votre demeure vous soit laissée; eh bien, elle vous est laissée".
Seule l'Epître aux Hébreux propose une interprétation sacrificielle de la Passion. "... sans effusion de sang il n'y a point de rémission... lui, au contraire, ayant offert pour les péchés un unique sacrifice..." Hb 9, 22 et 10, 11-14
La mission du fils de l'homme c'est de dire aux hommes que le refus du royaume équivaut à la violence sans mesure.
Sa prédication subvertit les institutions les plus saintes : hiérarchies, ordre rituel du Temple, famille même...
Jésus est la victime parfaite : totalement arbitraire parce que totalement innocente et ainsi totalement significative.
Le don "prophétique" de Jesus : annonce de sa passion, reniement de Pierre.. c'est sa compréhension de la logique de la violence, alors que la violence est méconnaissance, sourde à la Parole, inventant une exigence sacrificielle démente de la part de Dieu.
Au sein de l'affrontement des doubles "celui qui veut sauver sa vie la perdra".
RENE GIRARD, La pensée de..., Psychologie interdividuelle
Le "Non" ayant présidé au morcellement de l'unité primitive, un plaisir invétéré et malsain s'attache à toute forme de négation, capitale ou frivole. Nous nous ingénions à démolir des réputations, celle de Dieu en tout premier lieu; mais... nous nous acharnons encore plus à ruiner la nôtre, en mettant nos vérités en cause et en les discréditant...
E. M. CIORAN, le sceptique et le barbare
Tout pas en avant, toute forme de dynamisme comporte quelque chose de satanique : le "progrès" est l'équivalent moderne de la Chute, la version profane de la damnation...
E. M. CIORAN, portrait du civilisé
Notre condition résultante : Un moustique offense d'ordinaire plus qu'un aigle ne favorise.
M. de CERVANTES
Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité; le bien est toujours le produit d'un art.
BAUDELAIRE
" Après la faute, l'homme n'a pas perdu le Paradis, il s'est perdu." "Adam, où es-tu ?" ( Gn 3, 9 )
" Dieu s'était réservé la capacité, le droit de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal. " L'homme n'a pas compétence pour cela, il se servirait trop mal de cette distinction, de façon trop intéressée. Il est trop inconstant pour exercer ce discernement.
" Le péché consomme la rupture du ciel et de la terre, de Dieu et de l'homme.
La terre étant devenue ennemie, elle entraîne l'homme vers son lieu d'origine ( en place de son lieu de vocation, le ciel ), vers la mort. "
" Sans la faute, originelle, la rédemption n'a pas de sens, et sans la rédemption, le problème du mal nous conduit au désespoir. " Il faut choisir. Et la nécessité du choix en tout domaine, qui entraîne temporellement l'amputation irréversible de tous les autres possibles, démontre indirectement notre pauvreté, résultante de notre chute.
Être participant à l'univers de la violence ( tous frères de Caïn ).
Ce que S. Freud a appelé l'instinct de mort.
L'homme a été condamné à ne plus "voir", ne plus voir Dieu, ne plus voir le réel, à rester dans les apparences...
L'essentiel de la passion, au Mont des Oliviers, n'est pas souffrance physique, mais solitude radicale, délaissement total; le domaine de l'angoisse de l'homme toujours menacé dans sa précarité, de la vraie peur de l'homme, qui n'est pas peur de quelque chose, mais peur en soi.
S'il y avait une solitude où aucune parole d'un autre ne pourrait plus pénétrer pour la transformer, où aucun Toi ne pourrait atteindre, alors ce serait la solitude véritable, la peur totale, exactement ce que le théologien appelle "enfer".
Mais le Christ a franchi la porte de notre ultime solitude. Là où aucune parole ne saurait plus nous atteindre, il y a Lui.
Ainsi l'enfer est surmonté, ou plus exactement, la mort qui auparavant était l'enfer, ne l'est plus. Les deux ne sont plus identiques, parce qu'au milieu de la mort il y a de la vie, parce que l'amour habite au milieu de la mort. La porte de la mort est ouverte depuis que dans la mort habite la vie.
JOSEPH RATZINGER, "est descendu aux enfers"
Si l'enfer c'est vouloir être uniquement soi-même, si seul l'homme peut se le donner à lui-même, "l'en haut", que nous appelons ciel, ne peut qu'être reçu, accueilli, il ne peut pas être notre oeuvre propre, il ne peut être qu'offert.
Le ciel comme contact de l'être de l'homme avec l'être de Dieu. Rencontre intime définitivement réalisée dans le Christ, lorsque, à travers la mort, il a passé au-delà du "bios", à la vie nouvelle
Le ciel est ainsi l'avenir de l'homme, et de l'humanité, qui lui demeure fermé aussi longtemps qu'elle ne compte que sur elle-même et qui a été ouvert pour la première fois et de façon radicale dans l'homme dont le lieu d'existence était Dieu et par qui Dieu est entré dans l'être de l'homme.
JOSEPH RATZINGER, "est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu
le Père tout-puissant"
Le "meilleur des mondes" ne serait pas le Royaume de Dieu ! il pourrait être un monde d'"âmes mortes". Un paradis "social" peut être un enfer spirituel.
HENRI de LUBAC
Vous m'avez dit, mon Dieu, de croire à l'enfer. Mais vous m'avez interdit de penser, avec certitude, d'un seul homme, qu'il était damné.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Dans l'état de damnation où le sujet ne se voit pas en Dieu, ne voit pas sa vie entière dans l'instant éternel à qui tout est présent, tous ses actes bons et mauvais lui reviennent dessus dans la lumière stérile et sans fin questionneuse de la mémoire des morts, comme des objets ennemis.
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, l'existant
Le conflit normal oppose en moi le moi à des choix.
Le conflit anormal s'installe dans le moi et le dissocie ( Nietzsche ).
A l'extrême le conflit serait une scission de l'être avec lui-même, contenu de la notion de damnation ? "Nous sommes enfermés hors de nous-même". ( P. Valéry ) Lorsque l'absurdité cesse d'être dans le monde pour être en nous-même, alors nous sommes enfermés dans le temps, comme la théologie enseigne que les damnés le sont dans l'éternité.
JEAN GUITTON, L'impur, l'homme contemporain est-il divisé ?
Depuis que vous ne craignez plus l'enfer, vous avez peur de tout, et surtout de vous-mêmes. Vous n'avez pas tort.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable
Un mot de votre Jean-Paul Sartre rend parfaitement compte de l'état présent de votre spiritualité : "L'enfer, c'est les autres."
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable
L'enfer c'est la souffrance de ne plus pouvoir aimer. Une fois, dans l'infini de l'espace et du temps, un être spirituel, par son apparition sur la terre, a eu la possibilité de dire : "Je suis et j'aime". Une fois seulement lui a été accordé un moment d'amour actif et vivant; à cette fin lui a été donnée la vie terrestre, bornée dans le temps; or, cet être heureux a repoussé ce don inestimable, ne l'a ni apprécié, ni aimé, l'a considéré ironiquement, y est resté insensible...
Il se dira "Maintenant j'ai la connaissance et, malgré ma soif d'amour, cet amour sera sans valeur, ne représentera aucun sacrifice, car la vie terrestre est terminée"... Soif ardente d'un amour actif et reconnaissant, désormais impossible.
Malheur à ceux qui se sont détruits eux-mêmes, malheur aux suicidés !
DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, Entretiens du starets Zosime
Dante a traversé l'enfer comme un touriste.
CHARLES PEGUY, l'enfer n'est pas exactement celui que décrit Dante
Un bon regard, un regard antique achève. Un mauvais regard, un regard barbare, un regard moderne désachève.
Un regard nul, zéro regard, pas de regard du tout, est en un sens le plus mauvais, le pire mauvais regard : car c'est le regard de la dénutrition définitive, de la désaffection finale, c'est le regard de l'abolition éternelle, c'est enfin le regard de la désintégration de l'oubli.
CHARLES PEGUY
L'âge n'apporte aucune sécurité, aucune paix, mais seulement une lucidité farouche, reflet de l'enfer.
GEORGES BERNANOS
L'enfer, c'est de ne plus aimer.
GEORGES BERNANOS, journal d'un curé de campagne
On finit toujours par haïr une vérité volontairement méconnue, c'est là un des grands secrets de la vie, et c'est aussi celui de l'enfer éternel.
GEORGES BERNANOS, Les enfants humiliés
Je savais bien, fit-elle. Tu ne crains pas l'enfer et tu crains ta femme !
Es-tu bête !
GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan , histoire de Mouchette
On parle toujours du feu de l'enfer, mais personne ne l'a jamais vu, l'enfer c'est le froid.
GEORGES BERNANOS
Tout pas en avant, toute forme de dynamisme comporte quelque chose de satanique : le "progrès" est l'équivalent moderne de la Chute, la version profane de la damnation...
Mais voulons nous le bien ?... Dans notre perversité, c'est le "mieux" que nous voulons et poursuivons : poursuite néfaste... contraire à notre bonheur. On ne se "perfectionne" ni on n'avance impunément.
E. M. CIORAN, portrait du civilisé
Coupés de toute racine, inaptes en outre à frayer avec la poussière ou la boue, nous avons réussi l'exploit de rompre non seulement avec l'intimité des choses, mais avec leur surface même.
La civilisation, à ce stade, apparaîtrait comme un pacte avec le diable, si l'homme avait encore une âme à vendre.
E. M. CIORAN, portrait du civilisé
L'être inféodé aux heures est-il encore un être humain ?
A le contempler on entrevoit la nature véritable de l'enfer : n'est-ce point le lieu où l'on est condamné au temps pour l'éternité ?
E. M. CIORAN, portrait du civilisé
Ce que nous souhaitons dans nos épreuves, c'est que les autres soient aussi malheureux que nous : pas plus, juste autant.
Car il ne faut pas s'y tromper : la seule égalité qui nous importe, la seule aussi dont nous soyons capables, c'est l'égalité dans l'enfer.
E. M. CIORAN, sur la maladie
Comme le déchet du temps alimente l'enfer du loisir, ainsi les déchets technologiques alimentent l'enfer de la guerre.
JEAN BAUDRILLARD
L'enfer, c'est le ciel en creux.
BARBEY D'AUREVILLY
A moi seul, je puis dresser en face de Dieu un empire, sur lequel Dieu ne peut rien; c'est l'enfer.
Si l'homme ne comprend pas l'enfer, c'est qu'il n'a pas compris son propre coeur.
MARCEL JOUHANDEAU
Je ne crois pas, ma petite fille, que Dieu brûlera les pécheurs, il se contentera de brûler les péchés.
VLADIMIR VOLKOFF, Le bouclage
Ne plus pouvoir donner et recevoir d'amour après la mort de l'autre ou après sa propre mort.
L'angoisse de toutes les angoisses, c'est la peur de ne pas être aimé, la perte de l'amour; le désespoir, par conséquent, c'est la conviction d'être privé à jamais de tout amour donné et reçu.
don et non acquisition volontariste.
Le salut du monde ne vient pas de l'homme et de sa propre force; il faut que l'homme se le laisse offrir.. La naissance virginale ne représente pas un chapitre d'ascétisme; elle est théologie de la grâce, message sur la manière dont le salut vient à nous, dans la simplicité de l'accueil, comme don absolument gratuit de l'amour qui rachète le monde.
Jésus est la nouveauté véritable, il ne procède pas du propre fonds de l'humanité, mais de l'Esprit de Dieu.
JOSEPH RATZINGER, "conçu du Saint-Esprit, né de la vierge Marie"
La Bible ne présente pas la Croix comme partie d'un mécanisme de droit lésé; mais comme l'expression d'un amour radical qui se donne entièrement.
Dans le Nouveau Testament ce n'est pas l'homme qui s'approche de Dieu pour lui apporter une offrande compensatrice, c'est Dieu qui vient à l'homme pour lui donner.
Dieu rétablit le droit lésé, en justifiant l'homme injuste par sa miséricorde créatrice, sa justice est grâce.
JOSEPH RATZINGER, justice et grâce
La Nouvelle Alliance n'est plus fondée sur le respect réciproque des clauses fixées; elle est donnée par Dieu comme une grâce qui demeure en dépit de l'infidélité de l'homme.
JOSEPH RATZINGER, "la sainte Eglise catholique"
Tout ce qu'il y a d'essentiel dans notre vie nous a été donné, sans que nous y soyions pour rien. Depuis ma naissance, tout est grâce.
Nous ne pourrions rien entreprendre si à l'origine on ne nous donnait rien.
Dieu seul peut nous procurer le regard pur; lui seul peut nous libérer du désespoir du scepticisme et nous donner de voir la vérité à travers tout le chaos.
Le regard pur est identique à la foi qui nous dit ce qui est essentiel et décisif dans la confusion des choses de ce monde.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, Epilogue
L'extraordinaire interférence de fidélité de la part de Dieu et d'infidélité de la part de l'homme, qui caractérise la structure de l'Eglise, est comme la forme dramatique de la grâce, par laquelle la réalité de la grâce devient continuellement présente et visible dans l'histoire, en tant que pardon accordé à des hommes en eux-mêmes indignes.
JOSEPH RATZINGER, "la sainte Eglise catholique"
Si l'enfer c'est vouloir être uniquement soi-même, si seul l'homme peut se le donner à lui-même, "l'en haut", que nous appelons ciel, ne peut qu'être reçu, accueilli, il ne peut pas être notre oeuvre propre, il ne peut être qu'offert.
Le ciel est ainsi l'avenir de l'homme, et de l'humanité, qui lui demeure fermé aussi longtemps qu'elle ne compte que sur elle-même.
JOSEPH RATZINGER, "est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu
le Père tout-puissant"
Saint Augustin sans doute ne refuse pas à l'homme déchu, vivant sous le régime du péché originel, le pouvoir de la liberté.
Mais il ne peut lui accorder, sans la grâce libre et rédemptrice de Dieu, l'actuation proprement dite de ce pouvoir.
H. URS Von BALTHASAR
Mais, d'un autre côté, le progrès humain rend les possibilités de mal de plus en plus redoutables. La culture peut devenir un obstacle à la grâce.
HENRI de LUBAC, Catholicisme, Le Salut par l'Eglise
L'Eglise où l'on rend un culte à Marie... est nécessairement l'Eglise de l'homme qui, en vertu de la grâce, coopère à la grâce.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, l'Eglise et la Vierge Marie
Quiconque aura retenu n'importe quelle grâce de Dieu pour sa propre jouissance et sans en faire profiter autrui, se verra condamné pour avoir enfoui son talent.
Saint BASILE
Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé.
Saint AUGUSTIN, et Saint Bernard et Pascal et...
La volonté humaine n'atteint pas la grâce par la liberté, mais plutôt la liberté par la grâce.
Saint AUGUSTIN
Les enfants obtiennent la grâce sans oeuvre ni volonté, elle précède la volonté de l'homme et ne nous est pas donnée parce que nous la voulons.
Saint AUGUSTIN
Le fond de l'être sait que la parcelle de divin en nous a accepté de sortir de l'ombre où elle se trouvait ( afin de nous laisser libre ), et qu'elle est sortie à l'improviste parce que c'est aussi sa liberté à elle de n'aller qu'où elle sait pouvoir être reçue, et de ne se montrer que si elle se sait confusément attendue.
Saint AUGUSTIN
Quand Dieu te trouve prêt, il lui faut agir et s'épancher en toi, de même que, dans un air clair et pur, il faut que le soleil se répande et il ne peut s'en dispenser.
MAÎTRE ECKHART
N'accueillez pas le mode de présentation de Dieu, c'est Lui qui le choisit.
Accueillez Dieu et soyez satisfait du mode.
MAÎTRE ECKHART
L'âme qui a fait sa percée, qui est retournée à Dieu par le Fils unique, est devenue par grâce ce qu'Il est par nature.
L'âme est redevenue ce qu'elle était, ni Dieu ni créature, sans décroître ni croître...
MAÎTRE ECKHART
Si l'oreille est remplie d'un son, elle n'entend plus aucun autre son.
Pour que l'on puisse recevoir, il faut être disponible, libre et dépouillé.
JEAN TAULER
Tu n'en est plus maître ( de ton coeur ). Et Dieu ne peut pas entrer.
Impossible ! A ta porte tu as placé des gardiens; ce sont les créatures.
Elles empêchent Dieu d'entrer... Autant tu sors, autant Il entre.
JEAN TAULER
Veux-tu que Dieu parle ? Tout doit de taire.
JEAN TAULER
La nature voudrait avoir quelque chose, savoir quelque chose, vouloir quelque chose. Et il en coûte à la nature avant que ces trois "quelque chose" soient morts en elle.
JEAN TAULER
Si vous voulez devenir de plus en plus chers à Dieu, il vous faut renoncer à vos recherches à l'extérieur et vous tourner vers l'intérieur.
JEAN TAULER
Certains hommes sont tellement raboteux et si peu abandonnés que Dieu doit employer avec eux le balai dur et raide de multiples tentations et de la souffrance afin de leur apprendre à s'abandonner.
JEAN TAULER, Puis-je dire que cela parle beaucoup à moi, lecteur
Plus tu auras été vidé plus aussi tu recevras. Autant ce qui vient de toi diminue, autant ce qui vient de Lui augmente.
Fais le vide et Dieu sera forcé de le combler.
JEAN TAULER
Deux êtres ou deux formes ne peuvent pas coexister en même temps. La chaleur doit-elle entrer ? Le froid doit nécessairement sortir.
Dieu doit-il entrer ? le créé et toute possession doivent sortir.
JEAN TAULER
Le moindre bien de grâce est supérieur au bien tout entier dans la nature.
Saint THOMAS d'AQUIN
Ces biens qui lui appartiennent, le Seigneur les donne quand il veut, comme il veut, et à qui il veut, sans faire tort à personne. ( parabole : Les ouvriers de la vigne ).
Sainte THERESE d'AVILA, il ne s'agit sans doute pas des biens
matériels
On nous lisait aujourd'hui au réfectoire que les vertus méditées et non pratiquées nous sont plus nuisibles que profitables...
Pour devenir vertueux il est expédient de faire de bonnes résolutions de pratique sur les actes particuliers, et d'être fidèle à les accomplir.
Sans cela, on ne l'est souvent que par imagination...
Et, ayant manqué à la grâce, la grâce leur manque.
Saint VINCENT de PAUL
Une âme en état de grâce n'a rien à craindre des démons qui sont des lâches, capables de fuir devant le regard d'un enfant.
Sainte THERESE de l'Enfant Jésus
Pour parvenir à la vraie gloire il n'était pas nécessaire de faire des oeuvres éclatantes mais de se cacher et de pratiquer la vertu en sorte que la main gauche ignore ce que fait la droite.
Il me fit comprendre que ma gloire à moi ne paraîtrait pas aux yeux mortels, qu'elle consisterait à devenir une grande Sainte !!!
Je ne compte pas sur mes mérites, n'en ayant aucun... C'est Lui seul qui se contentant de mes faibles efforts m'élèvera jusqu'à Lui et, me couvrant de ses mérites infinis, me fera Sainte.
Sainte THERESE de l'Enfant Jésus
Remerciez le Bon Dieu de ce qu'il fait pour vous, car s'il vous abandonnait, au lieu d'être un petit ange, vous deviendriez un petit démon.
Je n'avais pas de peine à le croire...
Sainte THERESE de l'Enfant Jésus, de son directeur spirituel
Ah que les enseignements de Jésus sont contraires aux sentiments de la nature ! Sans le secours de sa grâce il serait impossible non seulement de les mettre en pratique mais encore de les comprendre.
Sainte THERESE de l'Enfant Jésus
On ne fait du bien que par la grâce qui accompagne nos actes.
CHARLES de FOUCAULD
L'Absolu ne saurait "se prendre de force", mais doit "se donner" aux esprits qui l'attendent.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Par bonheur il y a aussi l'ordre de la grâce, la vertu du sang du Christ, les souffrances et les prières des saints, les opérations cachées de la miséricorde qui, sans porter atteinte aux lois du "fair play" divin, s'introduisent au plus secret de l'intrigue...
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, l'existant
libre et les libres desseins éternels
Ceux qui se perdent se perdent par leur faute et parce qu'ils se dérobent au don de Dieu. Ceux qui sont sauvés sont sauvés par la grâce de Dieu qui leur donne le vouloir et le faire. Ils n'ont rien qu'ils n'aient reçu.
JACQUES MARITAIN
Tous les êtres reçoivent la même lumière : mais ils l'accueillent tous inégalement.
LOUIS LAVELLE
L'âme humaine a la double capacité de recevoir et de perdre la grâce.
BLAISE PASCAL
L'irruption de la grâce perturbe la nature comme le fait le péché.
BLAISE PASCAL
Car le surnaturel est lui-même charnel...
Et l'arbre de la grâce est enraciné profond.
CHARLES PEGUY
Et c'est avec les bons athées, et ceux qui ne s'y attendent pas, que la grâce fait les bons chrétiens.
CHARLES PEGUY
Quand on connaît un peu la grâce, le problème n'est pas dans l'action de la grâce. Il est dans son inaction. Il est dans les limitations qu'elle reçoit.
La volonté de Dieu a créé deux limitations :l'une est la liberté de l'homme, l'autre est la force de l'habitude.
CHARLES PEGUY
Le monde du péché fait face au monde de la grâce ainsi que l'image reflétée d'un paysage, au bord d'une eau noire et profonde.
GEORGES BERNANOS
Il est plus facile qu'on croit de se haïr. La grâce est de s'oublier.
GEORGES BERNANOS, journal d'un curé de campagne
Je ne pourrais vous juger que selon la grâce et j'ignore celles qui vous seront données.
GEORGES BERNANOS, journal d'un curé de campagne
Certaines grâces vous sont prodiguées comme avec excès, sans mesure : c'est apparemment que vous êtes exceptionnellement tenté. L'Esprit-Saint est magnifique, mais ses libéralités ne sont jamais vaines : Il les proportionne à nos besoins. Pour moi, ce signe ne peut tromper : le diable est entré dans votre vie.
GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan , La tentation du désespoir
La foi consiste en une série de contradictions que la grâce permet de maintenir ensemble.
SAINT-CYRAN
Nous ne parvenons jamais à des pensées. Elles viennent à nous.
MARTIN HEIDEGGER
Le repentir seul ne sert de rien, on ne peut acheter la grâce par le repentir, on ne peut pas l'acheter du tout.
HERMANN HESSE
Je ne puis apprendre à parler à qui ne s'efforce pas de parler.
CONFUCIUS
" Les eaux de la nature ne remontent pas d'elles-mêmes vers le haut. "
" Le Seigneur arrache les vignes qu'il n'a pas plantées. "
" Sans Marie, l'Incarnation n'est pas sérieuse. Elle est coopération de l'homme à la grâce, de la créature à son salut. "
Sans la grâce on sait ce que donne le libre arbitre des hommes.
On n'explique pas le goût du sucre. On l'a goûté ou non. Si on l'a goûté on sait.
Le Seigneur est bienveillant, mais ne lui demandons pas cependant de repasser les plats trente six fois.
Si la grâce parle aussi clairement ce doit être parce qu'elle ne veut pas se répéter.
Pour lui-même et pour autrui chacun peut aider à la venue de la grâce.
Nul ne saurait la commander et à plus forte raison se substituer à elle.
Ce pourrait être se mettre en travers de la grâce que de dépasser par zèle, celui-ci serait-il humainement louable, les limites qui nous sont imparties.
N'oublions pas, à ce propos, que nous sommes des serviteurs inutiles, même s'il est exigé que nous ne soyions pas paresseux.
Le mathématicien d'aujourd'hui dirait : des serviteurs nécessaires mais non suffisants.
Si la réponse à la grâce nous appartient peut-être un tout petit peu les chemins qu'elle emprunte ne nous appartiennent pas.
Et parfois, avant que de se manifester sous sa douce forme, il lui faudra afin d'être accueillie, manier préalablement le bâton ( des années avant que de venir elle-même en personne sous sa vraie forme ).
Mais derrière les coups, c'est déjà elle qui s'apprête impatiemment à venir nous tendre la main pour nous relever et nous épousseter.
1993 Thesaurus - Le péché ( le mal que nous causons aux autres, et à nous-même )