1993 Thesaurus - LA PENSEE DE RENE GIRARD
--- Certains de ces textes condensent de nombreuses pages, littéralement ----- cependant. Ils peuvent donc paraître obscurs si on n'a pas fréquenté ----- cet auteur. La "saisie" de ces morceaux de textes avait pour but ----- essentiel de me permettre d'alimenter la partie par Sujets. --
La faute moderne s'entoure d'un contexte de justification, de compensation, de sublimation qui la rend difficilement discernable au sujet; le conflit de la chair et de l'esprit s'y dissimule et tend à ne plus apparaître devant la conscience.
JEAN GUITTON
"Le déroulement des temps n'est qu'un devenir sans substance, ou rien ne se passe parce que tout y passe".
JEAN GUITTON, sur les philosophies des cycles sans fin...
Nous sommes tous des cathares en puissance. Aveuglés par la recherche de la pureté nous fermons notre esprit à la recherche de la vérité.
Le problème est de toujours, car toute grande hérésie existe d'une manière plus ou moins latente dans les structures de l'intelligence.
Le gnosticisme est d'abord une méditation sur le mal et c'est pourquoi il n'est pas étonnant de le voir apparaître aux époques d'angoisse ou de désespoir, à notre époque.
Trois réponses au problème du mal :
- Panthéisme ou athéisme classique de type scientiste : pas de mal en soi, tout a sa raison d'être dans la nature. Conception incompatible avec l'existence de la liberté.
- Judaïsme et christianisme : Dieu et la création sont bons, mais le mal est possible du fait d'un mauvais usage de la liberté par les anges et par les hommes.
- Gnosticisme : Dieu est bon, mais la création est mauvaise puisqu'en elle le mal triomphe. Donc la création n'a pas été voulue par le Dieu bon. Elle est donc l'oeuvre d'un Dieu du mal ( manichéisme ) ou, plus subtilement, il y a un principe de dégradation, une nécessité de chute qui est inhérente à l'acte même de créer et auquel Dieu est soumis dans son rôle de créateur.
Dien n'est donc l'Absolu, le Tout-Pur que lorsqu'il est non créateur.
Donc au plan pratique : horreur du créé, de l'existence dans le temps.
Chez les cathares : non-procréation, suicide mystique. Dissociation entre le pur et l'impur, l'esprit et la matière.
D'une part le mal absolu, l'impur, qui est le créé et d'autre part le bien absolu, le tout pur, qui est l'incréé. On est prié de ne pas mélanger.
Nous rêvons tous d'un monde où les choses seraient tranchées, non ambigues ... nous redoutons les mélanges, les compromis, les incertitudes, ( L'épouse et la maîtresse ). Ce que fait la partie basse ne souille pas la partie haute ( l'esprit ), c'est la dissociation gidienne.
L'autre, l'ennemi, chargé de tous les vices démontre notre pureté et justifie le bien-fondé de nos combats ( Saddam Hussein ).
Commodité pour suivre un film de savoir qui sont les bons et les méchants.
Le catharisme est reposant pour l'esprit. Mais le pur conduit à l'erreur et au mensonge. Il faut accepter de se compromettre et de se souiller pour comprendre le monde, pour essayer de changer le réel.
Si je ne puis aimer que d'un amour parfait, alors je n'aime pas.
Si je ne puis combattre que pour un idéal sans tâche, alors je ne me bats pas. Ce que j'appelle amour ou combat n'est que mensonge sur ma lâcheté. si je me veux parfait, alors il ne me reste qu'à mourir et ma présence aux autres est mensonge et insulte envers mon prochain.
Est appelé "impur" celui qui s'oppose au faux pur; celui qui refuse de séparer l'ivraie du bon grain, qui vit le mélange, accepte de chercher entre le tout et le rien...
Dénoncer les "bons sentiments" et leur préférer l'impur de la pâte humaine afin, par la raison, de conduire l'homme au-delà de lui-même : tel est le projet de sublimation.
L'impur, préface
"Parti des purs" : tout groupement qui prend naissance au sein d'une société qu'il juge corrompue, impure, et qu'il cherche à ramener à sa pureté perdue.
On passe insensiblement du "service" à la "fronde", de la collaboration à la contestation, du parti au complot, à une existence close, invisible, clandestine mais très organique.
Le bien est conçu sous forme négative.
Les purs sont sensibles au scandale, ils ont même besoin d'un certain scandale, pour le bien qui se cache dans l'indignation, pour que la conscience démontre qu'elle n'est pas, elle, la proie du mal, pour marquer qu'on est aimé des dieux.
Ce qui existe dans le réel n'est que violence pétrifiée, qu'apparence.
De même que l'Etat moderne sort du complot, la religion établie prend naissance au sein d'une conscience conspirante.
Déjà, chez les juifs, le Temple était un coffre de bois traîné dans le désert; la Pâque, une cérémonie du passage, c'est-à-dire d'un départ improvisé dans la nuit.
L'impur, la conspiration, la conscience inspirée
Eglise cathare : détachement d'un parti de fidèles plus inspirés encore, institution de pureté radicale, prophétisme absolu, sectarisme total...
Le Dieu bon avait créé l'univers des parfaits, des libres, des "bons hommes". Le Dieu méchant avait créé la matière.
Cathare : du grec , pur.
Mariage charnel = péché mortel, = adultère, = inceste = fornication... "Matrimonium est lupanar".
On précipitait ce mouvement de désespoir qui pousse à l'extrémité du mal quand on se sentait incapable de l'extrémité du bien. On absolvait l'un pour viser à l'autre et ne condamner que la foi moyenne.
L'impur, la conspiration, les cathares
Les sociétés rationnelles se sont toujours considérées comme les germes d'une société pure qui pourrait s'étendre telle quelle à la terre entière.
Puisque le dernier bien est absolument pur, il est la raison incarnée, le premier moyen peut être absolument impur ( violence et ruse ).
Fascination du bien conçu comme absolu.
Le caractère immaculé de la fin verse son innocence sur le moyen sanglant.
Les purs sont violents, et les violents se sentent purs.
La violence abrège le temps de la douleur ( invention du bon docteur Guillotin ).
Tout ce qui est pur s'isole, tout ce qui est isolé se perçoit comme pur.
L'impur, la conspiration, la fin et les moyens
Conduite de "secret" : il faut que la société pure soit cachée et travaille dans l'ombre, puisqu'elle vise à détruire ce qui est public. Elle se protège par le serment.
Le suspect est à mettre à mort, préventivement.
Pour incarner le pur, il faut séparer les penseurs des exécuteurs ( le juge et le bourreau ), il ne faut pas qu'ils se voient, l'instigateur rougirait de l'exécuteur, l'exécuteur insulterait le chef qui ne court aucun risque. La trahison n'admet pas de degré.
Les nations défaites sont toujours trahies. Le peuple ne peut être lâche, le pouvoir est fautif, les dieux sont distraits ou contre elles.
Les groupes victorieux épurent et chassent les sorcières, actes sans lesquels la conscience de la victoire ne serait pas pleinière, absolue, achevée.
L'impur, la conspiration, le secret et la trahison
Comment être sans être séparé, en rétablissant entre la chair et l'esprit la continuité et l'unité ?
Le pur ne résulte pas d'une ségrégation, mais d'une assomption, d'une sublimation.
Il faudra expliquer le mode d'union, de conjonction, de conspiration entre l'esprit et la chair, ce mystère. "Nous portons tous l'idée d'un mode d'existence supérieur au nôtre, d'une vie future que nous n'atteignons pas".
L'impur, la sublimation, la chair et l'esprit
Pudeur : quand il y a retard dans l'atteinte; attente, quand ce qui va être n'est pas encore.
Son office est de contrôler l'exercice de la conscience qui décompose.
Mise entre parenthèses de la sexualité dans la conscience des sujets. "Le beau est un attrait qui tient à distance, un fruit que l'on regarde sans tendre la main, ce qui implique une renonciation intime".
Plus une existence est "noble", plus elle s'enveloppe de pudeur et de discrétion. La pudeur est l'acte de la transfiguration.
L'impur, la sublimation, la pudeur
Chaque fois que, par horreur d'une certaine peine, nous refusons un sacrifice, alors, et automatiquement, nous retrouvons toute cette peine moins la paix de la peine, le même fardeau, additionné de la dissociation du tourment.
Sacrifice : faire sacré ce à quoi on renonce.
La vie morale ne consiste pas à détruire. Elle exige que, sans immoler, on surmonte; que, sans anéantir, on consacre; que, sans mépriser, on sublime . Le saint demeure dans la tentation.
Il est dangereux de renoncer sans sublimer.
Sacrifice d'unité : l'ablation par quoi on renonce, on rejette; l'oblation par quoi on offre, on assume.
Ablation unique du Christ au Golgotha, oblation répétée dans chacune des eucharisties.
La sublimation nécessite certes une négation première, mais il ne s'agit pas de refoulement, de conduite d'épuration, de dissociation...
Il s'agit de passer de l'amour de soi à l'amour du bien, mystique de transfiguration et non d'annihilation, de dénouement des liens excessifs que l'être sensible a contracté avec le corps.
Résurrection : ce qui est mortel sera non pas détruit mais assumé dans une autre forme d'existence.
Tout mort est pur, car réduit à son essence, dépouillé des accidents.
L'impur, la sublimation, le sacrifice
Les rites funéraires sont des rites de triomphe qui égalisent le roi et le pauvre, le saint et le pécheur.
Dans la perspective cathare, la pureté s'obtient par la séparation d'avec le corps. L'idée de résurrection est différente: c'est la sublimation poussée à l'infini. Il s'agit de changer de mode d'être, d'être mais autrement et mieux, dans une forme supérieure, en communion et en communauté.
Désir de transformation haute, cf la psychanalyse. "Mort et volupté ont regardé ici leur visage : ces deux visages étaient un seul visage".
A mesure qu'on avance dans l'existence des connexions entre événements apparaissent, la vue se dissipe, la saveur s'accroît; tout devient moins accidentel et plus substantiel.
Les clous, la cicatrice de Jésus demeurent dans sa gloire.
La pureté est un élan vers la qualité absolue à partir de la quantité ou du mélange, pour faire "monter plus haut" ce qui se trouvait à un étage inférieur de l'être ou de la valeur, pour permettre à ce qui "est" de "sur-être".
Le pur n'est pas ce qui serait le plus vide de l'être, il n'est pas l'incolore, l'air conditionné, l'eau minérale...
La vraie pureté ne s'obtient pas par la négation, le retour à zéro et l'indifférence, mais au contraire par une tension.
La pureté est un autre nom de l'unité accomplie. Est pur celui qui a réussi le problème d'intégration, ce n'est pas une vertu seulement négative.
L'oeuvre de la pureté commence lorsque commence l'effort de rassemblement, de consonance...
La pureté n'est pas séparation de l'élément parfait, elle est la capacité donnée à cet élément vivifiant de tout pénétrer, de tout remplir.
La pureté cathare est auto-castratrice, elle défigure ce qu'elle prétend transfigurer.
L'impur, la sublimation, les rapports pureté et mort
"Ce mélange d'éternel, de fortuit, d'éphémère, notre corps".
Le cathare est dualiste : l'homme existerait à deux niveaux : tantôt le niveau de l'absolu, tantôt le niveau végétatif, la zone intermédiaire de la réflexion et de l'incarnation s'évanouit.
L'attitude cathare ne serait logique que si le moment présent était un dernier moment.
La mort est toujours l'image de l'état de perfection ( la statuaire ).
La pensée cathare recompose la structure qu'elle a d'abord décomposée, elle anticipe le terme final, comme elle reproduit le terme originel.
Le lieu que l'homme ordinaire habite c'est le milieu, la zone des médiations, celle de l'incarnation. Le lieu est pour l'homme le domaine de l'être.
La foi n'est pas la vision.
Toute sagesse est l'acceptation de quelque incohérence, elle se place donc du côté de l'imperfection.
L'objet du désir d'infini est inaccessible mais il est le ressort de l'action humaine.
La vie de l'esprit n'est pas une vie d'extase, mais d'usage.
Dans l'être, fait d'infini et de néant, retentit le choix entre le tout et le rien.
Ce qui est donné dans l'existence, soit avant le dernier moment, ce n'est d'avoir ni le tout ni le rien, mais de se consumer et de se consommer dans le mélange du tout et du rien.
L'impur, la sublimation, les mélanges
"Ce que l'on admet n'est jamais bien admis, mais ce que l'on rejette est toujours rejetté".
La négation est sans degrés, elle nous paraît plus proche de l'infini, elle donne d'emblée, alors que l'affirmation réclame effort, risque, incertitude.
La négation interdit la graduation, la participation, le jugement sur le plus et le moins.
L'homme révolté, qui est un "homme cathare" sait qu'il arrive immédiatement à sa fin, par négation des degrés dans l'être.
L'attitude de la révolte sur le plan de l'existence traduit l'attitude logique de la négation.
L'homme est né cathare, il lui est difficile de s'établir dans les régions intermédiaires, d'évaluer les degrés de la certitude. Le terrain de la probabilité n'est pas pour lui.
Combien il est difficile à un moraliste, pédagogue et thérapeute respectueux, de guider la conversion progressive d'un homme habitué à quelques vices !
Le oui et le non semblent symétriques... Mais dans la négation on atteint l'absolu d'emblée ( néant, infini et suicide ), dans l'affirmation on ne peut que monter par degrés vers cet infini, on peut oser nuancer, concéder, restreindre.
La négation reflète une tendance au paroxysme.
On met aisément zéro, jamais vingt.
La haine est absolue et le plus fou des amours peut croître encore.
La négation nivelle puisqu'elle ne dose pas.
L'impur, la négation, les degrés
La continence cathare est habitée par l'orgueil, en même temps que par le laxisme, puisque le cathare autorise chez les autres l'incontinence absolue.
La métaphysique cathare exclut toute composition, toute graduation, à la limite toute nature.
La lumière s'oppose aux ténèbres, l'oeuvre du bien à l'oeuvre du mal.
Or les biens sont gradués, progressifs ou régressifs, hiérarchisés; il n'y a pas de supernature, il n'a que perfectionnement, sublimation lente de la nature.
Chez les cathares, la forme n'est pas unie à la matière. Elle doit subsister à part, aussi purifiée qu'il est possible.
Il s'agit, en littérature ( L'éducation sentimentale ) d'avoir deux amours qui se ravitaillent l'un l'autre, or l'amour conjugal est l'inverse de ce dédoublement.
L'impur, la négation, l'apparence
"La lettre tue, l'esprit vivifie". "Nommer une chose c'est la produire inexterminable".
Le désir de la pureté fait que dans un premier mouvement l'esprit cherche à évacuer la lettre, il veut la spiritualiser...
A la langue, à la parole, il substitue la chose, c'est-à-dire le sans-moi, le non-moi.
L'impur, la négation, la lettre et l'esprit
"Sauve tes fautes".
Le sage et le saint n'aiment l'obstacle que parce qu'il permet au paresseux de monter plus haut.
Réaliser l'esprit hors de la lettre n'est possible qu'en apparence, on ne peut pas ne pas faire de prose en parlant...
L'ennui c'est que l'esprit se croit sans lettre, l'incroyant sans croyance, le négateur sans foi et sans "oui".
Celui qui substitue une lettre à une autre lettre, se croyant pur esprit, trouve des difficultés pires que les anciennes.
Le mot de "passion" désigne à la fois l'excès de l'amour et l'excès de la douleur !
L'impur, la négation, y a-t-il un au-delà de Mallarmé ?
La pensée hégélienne, et marxiste, est essentiellement fondée sur l'idée que la vie avance de synthèse en synthèse vers des états de plus en plus compréhensifs, où l'antithèse provisoire ne sert qu'à faire jaillir plus haut la synthèse.
Or, à l'hypothèse du devenir succède aujourd'hui la crainte, qui remplace l'espoir, car nous savons désormais que la survie de notre espèce est menacée, dans un avenir très proche, par suraccélération.
La solution cathare consiste à se retirer du flux, à laisser l'évolution poursuivre sa route impure et fatale et à se concentrer dans une citadelle de pureté.
Là, dans ce réduit, les "purs", les ascètes, les ermites livreraient un dernier combat. Et le dernier Adam, entouré de la dernière Eve, ressemblerait au premier Adam et à la première Eve.
Le catharisme obtient dans un instant suprême ou dans un retranchement absolu, dans une solitude égoïste, dans une société secrète "l'instant de pureté".
Retrait, soustraction et désertion du monde.
Le mouvement hippy.
Mais une philosophie de l'incarnation implique "composition" entre l'élément éternel de nous-même et l'élément temporel, entre matière et forme, puissance et acte, la loi de l'être qui nous est donné, celle de l'être créé.
Le transistor auquel il faut pour fonctionner un atome impur, serait impuissant s'il était cathare. il faut admirer l'effort vers l'absolu du pur et en même temps le restreindre par l'incarnation, par l'insertion dans la pâte.
Sauf exception nous n'avons pas à choisir entre le tout et le rien, mais seulement entre le "pur-pur" et le"pur mélangé d'impur", c'est-à-dire le "pur incarné".
Il faut passer de la conscience prospective, qui va vers l'avant, à une conscience rétrospective, qui se placerait à la fin du temps ( à la façon des mystiques ) pour procéder de la fin vers les moyens, du but vers ses préparations...
Faire arriver une conscience finaliste, dont d'ailleurs nous usons tous au quotidien, qui se placerait d'emblée vers la fin pour descendre après vers les moyens.
L'impur, la négation, la dernière heure
Au temps de Pascal le drame était le même : les partisans de Jansénius insistaient sur la rigueur; les disciples d'Ignace de Loyola sur la condescendance et l'acceptation, rigorisme, laxisme et accusations mutuelles.
La casuistique ramenait Pascal à Pélage, le jansénisme paraissait aux jésuites une déformation de la pensée de st Augustin sur la grâce, qui abolissait en fait la liberté humaine.
Mais, les deux erreurs contraires qui limitent la vérité et qui aident à la définir ne doivent pas être mises au même niveau et sur le même plan.
Il n'y a pas de véritable "via media" entre les contraires, bien que l'idée d'occuper ce lieu soit très rassurante.
Pour Aristote, la vertu est un milieu entre deux défauts.
Je ne mets pas sur le même plan l'obstination des uns à garder la messe dite de Saint-Pie V et les fantaisies liturgiques de plusieurs autres.
L'attachement à un rite qui cesse d'être légitime est une indiscipline qui n'atteint pas la foi; qui, pour certains esprits, la préserve; qui, parfois ( je l'ai vu ) a permis de la retrouver. Au contraire, il y a des innovations qui semblent toucher à 'essence même de l'eucharistie et, par conséquent, à tout le système catholique.
Ces évidences sont passées sous silence car l'opinion se rassure dans la "via media" qui, condamnant également la droite et la gauche lui donne l'illusion d'avoir du génie.
L'impur, les semences, l'opposition des contraires
"L'Eglise a des enfants parmi ses ennemis et des ennemis parmi ses enfants". "Il faut lever son verre à la conscience d'abord et au pape ensuite".
La liberté n'est pas créatrice, Dieu lui-même ne peut pas imposer et vouloir ce qu'il ne voit pas; aucune liberté, fût-elle suprême, ne peut créer, ne peut créer la vérité; l'homme ne peut pas fabriquer le bien et le mal selon les décrets de son vouloir.
La valeur précède le vouloir, la dignité de la liberté consiste à se soumettre amoureusement à la loi.
S'il me fallait choisir entre deux extrêmes, erreur pour erreur, et la mort dans l'âme, je préfèrerais Pascal à Rousseau : Port-Royal préservait, en vue de l'avenir, la dure essence de la morale difficile.
L'impur, les semences, l'union synthétique des aspects opposés
Le parti unique est le parti des seuls purs, celui de la conspiration instituée, reconnue, installée.
Rousseau avait d'ailleurs dit que la démocratie suppose un parti unique exprimant seul la "volonté générale".
L'image du déluge et de l'arche est l'image typique du purisme, en ce sens qu'elle représente un élément intact préservé du naufrage et de la souillure.
Le catharisme moderne est une idolâtrie, l'idolâtrie étant l'acte par lequel on confère à un objet du temps ( image, cité, instant, personne, peuple ) une valeur absolue et d'éternité.
Il faut travailler d'une manière désintéressée, en ne donnant leur nom aux choses que lorsque les choses sont faites.
La meilleure manière de préparer l'avenir, c'est de ne point lui faire violence dans le présent.
L'impur, les semences, noblesse et partis
Tout Etat, toute Eglise, toute religion qui perd contact avec le peuple, ou qui interpose entre le peuple et les chefs du peuple des écrans, est vouée à dépérir.
L'Eglise catholique n'a pas suivi la pente cathare, en ce sens qu'elle a appelé tous les fidèles à la perfection de la charité et de l'amour.
Elle a encouragé les écoles de perfection, mais, en même temps qu'elle conseillait à chacun de monter plus haut, elle venait au secours de l'homme quelconque, de l'humanité moyenne et de tous ceux qui souffrent du mélange de la chair et de l'esprit, du bien et du mal...
Elle tentait de faire passer le souffle de l'esprit à travers la condition quotidienne. Elle poursuivait sans arrêt l'oeuvre d'incarnation.
Il n'y avait pas de caste de parfaits dans cette société catholique. Il n'y avait pas davantage de moments de perfection dans la vie de l'individu.
Et comme il n'y avait pas de moments de perfection, il n'y avait pas non plus de moments de désespoir. Tout demeurait à l'état d'élan de regret et d'amour.
Ainsi, dans la société catholique, personne ne sait "s'il est digne d'amour ou de haine".
La situation cathare était d'une facilité désarmante. L'existence des parfaits rassurait les imparfaits. L'idée qu'au dernier jour on pouvait être enfin parfait autorisait des défaillances constantes, car chacun pouvait penser qu'il était pur par désir, intention, essence, quoique impur par ses actes, et que son essence pure se manifesterait à son dernier soupir.
Il aurait ainsi tous les avantages que donne le mal sur la terre, qu'il cumulerait avec les avantages du salut après la mort.
L'impur, les semences, peuple et prophétisme
L'unité de l'homme n'est pas quelque chose de donné; nous sommes doubles.
Divisés quoiqu'uns; uns quoique désunis.
Il ne peut pas ce qu'il veut; intervalle absurde entre le pouvoir et le vouloir. "Dans cette chair j'étais de plus en plus moins moi". ( st Augustin ) Quand nous cédons au médiocre, nous clamons dans la part seigneuriale de nous-même que nous ne voulons pas ce que nous voulons.
Idée sans cesse renaissante que cette "natura mala" distincte du moi.
Cette division serait une invention du judéo-chrisrianisme qui a fabriqué l'idée de péché ( surtout de chair ). "Le christianisme a donné du poison à boire à Eros, il n'est pas mort, mais il a dégénéré en vice". ( F. Nietzsche )
Est-il bon de défendre ? L'ignorance, l'innocence ne vaut-elle pas mieux que le progrès de la lumière sur soi ? l'homme va-t-il supporter la révélation de sa division ?
Mais la lumière ne crée pas la division, elle la fait passer de l'ombre à la clarté.
Comment nier pratiquement cette division :
- La considérer comme un écho de la division extérieure, de la société ( Durkheim, Marx... ).
Le péché ne sera pas absorbé par la pénitence ou par la mort, mais par une communauté enfin constituée et juste.
Il ne s'agit pas d'expliquer la division, mais de l'exorciser.
Il s'agira de se mêler et de se perdre dans le temps concret de l'aventure humaine.
La lutte délivre de la lutte contre soi-même. On tue pour se purifier.
Ce remède barbare ne fait qu'aggraver l'état antérieur, plus le remord survenant ( les soldats et Jeanne d'Arc, le centurion du Golgotha...) Dans l'analyse de la séparation des classes, on confond l'expression avec la cause.
- Remplacer la division par le dédoublement.
Combattre une ombre c'est lui donner consistance. La tactique consiste alors à surmonter, à mépriser, à s'élever par la haute partie de l'âme à un niveau supérieur.
On a remplacé la division du moi par un dédoublement, on vit sur deux étages, par une partie réputée intacte, pure, divisée de soi, au-dessus de la division intime ( J. J. Rousseau ).
Le pur est tenu pour une particule isolable et d'autant plus pure que le reste l'est moins. cf : Les projets généreux non accrochés à un appel particulier et humble, le professeur de vertu et le bourreau des périodes révolutionnaires.
Lorsqu'on ne veut pas d'enfants on adhère plus fortement aux droits de l'homme.
Pour se détacher il faudra redevenir nomade, s'évader sans cesse...
L'âme n'est plus alors qu'une volonté palpitante, impersonnelle...
Elle existera à un niveau qui sera au-dessus du temps, dans une sorte d'extase, et à un niveau au-dessous du temps dans la pulsation, la secousse et la saccade.
La femme des carrefours et la femme rêvée ( Baudelaire ).
Cette division de la femme entre fonction vénale et fonction de vénération est typique de cette fausse pureté de dédoublement qui brise l'unité de l'être en dissociant son incarnation.
L'être dédoublé est châtié, il devient être dissocié dont les "engagements" se succèdent et que sa partie haute regarde d'ailleurs de haut. cf : les héros de Montherlant, de Sartre, de Malraux, de Camus même...
Dans le roman contemporain, il n'y a plus de récit, seulement des événements bruts, non liés...
Pour éviter l'idée de but, de bien, le mot de choix est préféré à celui de liberté ou de libre arbitre.
Il ne s'agit plus de savoir si on préfère Dieu à soi, ou soi à Dieu, mais quel niveau de soi appelle t-on soi ? Quelle face de soi choisit-on pour l'abstraire, la vivre...
Dédoublement de l'homme comme remplacement de la dualité.
Le cabaret est au rez-de-chaussée, la chapelle est en haut, c'est une assez bonne maison.
Toute conduite lâche secrète une fausse pureté généreuse, où l'on se rassure et se rachète.
Le conflit normal oppose en moi le moi à des choix.
Le conflit anormal s'installe dans le moi et le dissocie ( Nietzsche ).
A l'extrême le conflit serait une scission de l'être avec lui-même, contenu de la notion de damnation ? "Nous sommes enfermés hors de nous-même". ( P. Valéry ) Lorsque l'absurdité cesse d'être dans le monde pour être en nous-même, alors nous sommes enfermés dans le temps, comme la théologie enseigne que les damnés le sont dans l'éternité.
Chez les néomarxistes comme chez les existentialistes, la "dualité essentielle" de notre nature est ramenée à une "duplicité accidentelle".
Duplicité du riche ou du croyant...
Supprimons la propriété et nous obtiendrons la justice.
Supprimons la foi et nous obtiendrons la sincérité.
Il suffit d'une opération de chirurgie externe pour nous délivrer, comme dans la thérapeutique freudienne où il n'y a pas de mal vrai, que des souvenirs, des cauchemars à vomir et pour être guéri.
Le vrai mal interne n'existe que pour l'oreille du confesseur.
- La solution c'est le sacrifice :
La dissociation en est la caricature.
Chaque fois que par horreur d'une certaine peine, nous refusons un sacrifice, alors nous récoltons toute la peine moins la paix de la peine, le même fardeau additionné de la dissociation du tourment.
La partie égoïste n'est pas immolée, mais sublimée, faite sacrée.
La tentation n'est pas abolie. On n'anéantit ni ne détruit rien, on surmonte et on consacre.
L'ablation seule constitue une mutilation de l'être qui attente à son unité; l'oblation concourt à cette unité.
Le sacrifice qui accepte la dualité, obtient l'unité.
La dissociation qui nie la dualité, obtient la scission intérieure, elle soutient une angoisse amère au milieu de la joie.
Le sacrifice nous fait homme et nous unit aux autres hommes.
La dissociation nous fait moi et nous oppose aux autres moi. Bien plus, elle oppose le moi au moi, de sorte que le moi devient son propre bourreau.
Cet être aspire sans espérer.
L'espérance : l'acte par lequel nous postulons que l'unité intégrale de notre être, qui ne peut pas nous être acquise dans le temps, nous sera donnée hors du temps, et qu'ici nous avons seulement le germe de cette transmutation.
Si je me dédouble j'accepte mes infidélités successives.
Unifié je suis lié par mes serments...
La fidélité d'un homme à une femme symbolise "n" autres engagements, et c'est pourquoi elle est régulièrement attaquée ( indissolubilité du mariage ).
Oui, l'homme est disponible, mais le mieux qu'il puisse faire, sur certains axes qu'il aura choisi, c'est de convertir sa disponibilité en fidélité. "Dieu ne peut aimer en nous que le consentement à nous retirer pour le laisser passer, comme lui-même créateur s'est retiré pour nous laisser être. Cette double opération n'a d'autre sens que l'amour, comme le père donne à l'enfant ce qui permettra à l'enfant de faire un présent le jour anniversaire de sa naissance. Dieu m'a donné l'être pour que je lui rende". ( S. Weil )
Le Christ est le modèle de ce que l'homme devrait être vis-à-vis des deux parts de lui-même, la noble et la misérable.
Le christianisme vient au secours de l'homme; il reconnaît sa division, sa lutte intérieure; mais il consacre le conflit, il le sanctifie, il le fait disparaître, autant qu'il est possible dans l'existence temporelle, par la subordination de la partie médiocre à la part seigneuriale de nousmême : c'est le sacrifice ou plutôt l'intégration, la sublimation, l'assomption.
Néant et enfer ou intégration et assomption ?
L'homme parfait s'est réalisé une fois pour toutes en Jésus-Christ divinement ( et en la personne de la Vierge Marie humainement ).
Ainsi, si l'on peut dire, l'honneur de l'humanité est sauf.
JEAN GUITTON, L'impur, l'homme contemporain est-il divisé ? fin
Saint Augustin rattachait déjà les hérésies à des types constants de pensée.
Il est inévitable que l'intelligence cherche à isoler un des aspects au détriment des autres et le prenne pour foyer du tout.
Chaque philosophe construit "sa" philosophie.
La Gnose attaquait l'essence de la propagande : l'idée d'une Bonne Nouvelle prêchée à tous.
Peut-on croire en Jésus et accepter la réalité accablante, indéniable du mal ?
Toutes les religions ont eu leur glose :
Manichéisme chez les Perses,
Hermétisme chez les Grecs,
Ismaélisme en Islam,
Kabbale juive,
Alchimie médiévale,
Théosophie romantique,
Occultisme moderne,
Surréalisme contemporain.
La Gnose reparaît toujours aux graves époques de crise sociale et politique.
La Gnose délivre du scandale du mal, elle anticipe sur la béatitude, je ne suis pas séparé de Dieu, je n'ai pas à espérer, seulement à me reposer. "Ce n'est pas moi qui pèche, mais je ne sais quelle nature mauvaise, en moi présente". ( st Augustin )
Il y a une attaque de type gnostique contre l' A. T. et son Dieu dur ( Marcion ), alors qu'il n'est pas antithèse du N. T. mais sa préhistoire.
Liens des doctrines de transcendance absolue avec rationalisme et immoralisme.
L'hallucination de la souillure n'est pas la conscience du péché.
La psychanalyse "gnosticise" : elle transforme le péché en souillure, l'aveu en défoulement, l'examen de conscience en analyse du contenu de la conscience, le confesseur en médecin. Je vomis ma faute, je ne la reconnais pas.
Un bloc d'or tombé dans le bourbier demeurerait or éternellement ( Gnose ) C'est le diable qui nous a soumis à ce film noir et inutile.
La théologie a été agnostique et rationnelle pour la même raison que le laïc était passif dans l'Eglise, sauvegardes contre le mysticisme et l'illuminisme.
Si Dieu est trop haut, il devient impensable, sa paternité s'évanouit, la prière, même de louange, disparait.
Les Jésuites ôtent au Fils pour donner au Père, ils respectent la nature et ne mettent pas la rédemption au-dessus de tout. Les Jansénistes, ôtant au Père pour donner au Fils, n'ont plus moyen de justifier nature, raison, création, essence, tout est anéanti en Jésus-Christ.
La Réforme ressent les catholiques comme monophysites, concevant Jésus comme Dieu plus que comme homme réel.
Ces dieux intermédiaires comblant l'intervalle : dieux sauveurs, idées, mythes du Progrès, de l'Evolution, de l'Humanité, du Prolétariat...
L'arianisme ferment de Césaropapisme, d'abolition de la distinction du spirituel et du temporel, un Christ homme est plus maniable.
Christianisme plus universel que le Judaïsme surchargé de rites.
Islam : mélange de mysticisme et de temporel = puissance et attrait, technique de salut accordant aux instincts.
Calvin et la foi seule, le Dieu seulement... "Seul" = toujours simplification.
Mahomet ou la révélation immédiate, il partait de zéro. La conscience est solitaire devant Dieu, sans guides, sans théologie, sans mystères...
L'acte saint, le sacrifice de la guerre.
Le monde musulman se trouva recevoir l'héritage grec.
L'Islam est la religion qui a le plus uni les contradictoires.
L'antichristianisme de l'occident est mortel pour l'Islam.
Mahomet a tout résolu :
A la diable le bon usage sexuel,
La question théologique, pas de mystère,
La question sociale, l'esclave qui se fait musulman devient libre, l'usure est interdite.
Catharisme : mythe de la levée des humbles pour amener le règne de Dieu par l'oblation.
Dans toute hérésie, la réconciliation avec l'Eglise est la faute impardonnable.
Hérésie antisociale, antilaïque..., suicide sacré de la civilisation.
On transigeait avec la défaillance.
On ne peut juger les excès du remède de l'inquisition qu'en mesurant l'horreur du mal.
Notre péché de chair n'est rien à côté de la responsabilité du créateur qui nous a condamné aux générations.
Le puritain être dédoublé compensant ses concessions à sa partie basse par un masque d'austérité, être et paraître dissociés.
L'hypocrisie cathare entraîne le laxisme cathare.
Le catharisme sublimé dans les ordres mendiants, à l'origine de la Réforme.
Celui qui rompt détruit et ne purifie pas.
L'homosexualité porte à l'extrême la dissociation du plaisir et de la fonction.
Protestantisme : La Rome des papes prenait la place de la bête babylonienne.
Kant, un Luther laïc, par sa défiance de la raison.
Les protestants, malgré leurs succès, ressentent une sorte de gêne devant les ressorts bien impurs qui sont venus appuyer leur révolution de pureté, devant la scission de ce qui eût dû être une réforme, devant leur acceptation du pire pour sauver le vrai...
Luther ne rabaissait pas le niveau, il l'exaltait. Le protestantisme est une hérésie de "maximum".
Restriction du "surnaturel quotidien", affranchissement...
Chargeons la foi et compensons en retranchant des devoirs d'obéissance aux rites...
Bizarrement la prédestination donnait des ailes à l'agir, à l'entreprendre...
La croyance dans le fatal libère du remords, de la crainte..., on en est d'ailleurs toujours excepté.
Le plus dur est rassurant, comme l'excellence demande moins de peine que le médiocre.
On voulait sauver un îlot de pureté contre la culture "occidentale" émergeante alors. On voulait préserver le monde du Malin, on entra dans le jeu du monde.
On apporta la Bible et les canons.
Le catholicisme espagnol eut son inquisition, il n'eut pas son puritanisme.
La purification est toujours réédition du commencement, mais la Réforme n'entendit pas conserver le pur du passé, elle revendiqua la modernité...
L'Ecrit catholique n'est pas fixé, il peut être compris dans le temps.
Pas d'intermédiaire, pas de "et", il faut choisir entre Dieu "et" l'homme, entre la foi "et" les oeuvres, entre la grâce "et" la liberté, entre la justification "et" la sanctification...
L'horreur : matérialiser les réalités spirituelles de la foi ( la présence réelle ).
Le protestant n'a que faire de la multiplicité extérieure des protestantismes, l'unité est intérieure.
La fidélité au Seigneur s'identifie à la protestation contre Rome.
Un déchirement intérieur insoluble est le signe de la prédestination, la condition d'une santé spirituelle. Dans la vraie paix il faut du tourment.
Le luthérianisme était germanique. Les sociétés protestantes avaient les limites des nations, elles se moulaient sur les grands corps politiques.
Il n'y aura pas de réunion par des colloques. D'ailleurs il vaut mieux une souffrance qu'un mensonge, la séparation plutôt que la fausse union de compromis, le résultat serait un christianisme de type gnostique.
L'important du protestantisme n'est pas sa doctrine, c'est son succès.
A cause de la faiblesse de ce microcosme appelé homme, le pire est de nos jours plus vraisemblable, le fatal suicide collectif, plus que le meilleur, qui serait le passage de "l'homo faber" à "l'homo sapiens", et peut-être à "l'homo religiosus". Voilà pour le progrès.
L'homme, cet animal enterrant ses morts, s'interrogeant, n'a rien appris d'essentiel sur le mystère de la vie, après trois cent milliards d'expériences, qui sont celles des morts humains.
Alors que l'animal est adapté, le roseau pensant est désadapté...
La science n'a pas remplacé la foi. Dieu, bien que condamné à mort, n'est pas encore mort.
La phase de l'Eglise dite "constantinienne" est terminée.
Le Christ n'a pas tué Dieu, le théocentrisme, revient.
Robespierre était théiste. L'idée du sacré était un bien commun de l'humanité. La religion mondaine videra l'ancienne de sa substance.
Le rassemblement de l'homme avec l'homme sera désormais la seule religion, la seule forme de la prière.
L'amour de l'homme pour Dieu deviendra un symbole imaginaire de l'amour de l'homme pour lui-même.
A l'annonce de la Nouvelle, l'homme moderne répondra : "Ce que vous m'annoncez, je le connais, je l'ai expliqué et je l'ai réfuté".
L'Eglise ne doit pas changer les voiles dans la tempête.
La "verticalité" a cédée a "l'horizontalité".
Ce que l'histoire religieuse nous raconte, c'est une tempête sur un lac, la catastrophe est toujours imminente, le salut improbable...
L'étude des grands choix est toujours utile. Sans elle, la synthèse peut paraître aller de soi : ainsi est la santé, lorsqu'on n'a point souffert.
La faute est de s'être séparé du lien de l'unité au sommet, de n'avoir pas imité l'attitude de Paul à l'égard de Pierre.
JEAN GUITTON, Crises dans l'Eglise, fin
1993 Thesaurus - LA PENSEE DE RENE GIRARD