1993 Thesaurus - La QUESTION de DIEU


Le CORPS et L'ÂME



Dans le langage de Paul, "corps" et "esprit" ne s'opposent pas; ce qui s'oppose, ce sont d'une part le "corps de chair", et d'autre part le "corps selon l'esprit".
Si le cosmos est de l'histoire, et si la matière représente un moment dans l'histoire de l'esprit, alors il n'y a pas une juxtaposition neutre et éternelle de la matière et de l'esprit, mais une "complexité" ultime, dans laquelle le monde trouvera son Oméga et son unité.
Alors il y a une connexion ultime entre la matière et l'esprit, dans laquelle la destinée de l'homme et du monde trouve son accomplissement, même s'il ne nous est pas possible aujourd'hui de définir le mode de cette connexion.
JOSEPH RATZINGER, "la résurrection de la chair"

J'ai réfléchi sur ce sujet et j'ai répandu au-dessus de moi mon âme. ( Auparavant ) J'avais répandu mon âme sur le sable.
Saint AUGUSTIN, sur sa recherche

L'âme qui a fait sa percée, qui est retournée à Dieu par le Fils unique, est devenue par grâce ce qu'Il est par nature.
L'âme est redevenue ce qu'elle était, ni Dieu ni créature, sans décroître ni croître...
MAÎTRE ECKHART

L'âme humaine a la double capacité de recevoir et de perdre la grâce.
BLAISE PASCAL

Dans le monde des corps on peut périr de la main d'un autre, mais au spirituel on ne peut périr que par soi-même.
S. KIERKEGAARD


Tout ne va pas bien dans le ménage d'Animus et d'Anima...
Le temps est loin... pendant lequel Anima avait le droit de parler tout à son aise et Animus l'écoutait avec ravissement...
C'est lui maintenant qui sait un tas de choses et qui sort le soir pour aller au café faire le vaniteux devant ses amis, tandis qu'il ne cesse pas d'exploiter Anima et de la tourmenter pour lui tirer des sous.


Mais il vient d'arriver quelque chose de drôle, un jour qu'Animus rentrait à l'improviste, ou peut-être qu'il sommeillait après dîner, ou qu'il était absorbé dans son travail, il a entendu Anima qui chantait toute seule, derrière la porte fermée: ne curieuse chanson, quelque chose qu'il ne connaissait pas, pas moyen de trouver les notes ou les paroles ou la clef, une étrange et merveilleuse chanson.

Depuis il a essayé sournoisement de la lui faire répéter, mais Anima fait celle qui ne comprend pas. Elle se tait dès qu'il la regarde.
Alors Animus a trouvé un truc, il va s'arranger pour lui faire croire qu'il n'y est pas. Il va dehors, il cause bruyamment avec ses amis, il siffle, il touche du luth, il scie du bois, il chante des refrains idiots.
Peu à peu Anima se rassure, elle regarde, elle écoute, elle respire, elle se croit seule, et sans bruit elle va ouvrir la porte à son amant divin.
Mais Animus, comme on dit, a les yeux derrière la tête.
PAUL CLAUDEL, parabole sur le rapport de la nature et de l'esprit


Ceux qui s'appuient sur l'âme pour nier le corps n'ont ni âme ni corps, ce sont nos vertueux... et ceux qui s'appuient sur le corps pour nier l'âme n'ont aussi ni âme ni corps, ce sont nos anti-vertueux.
Les deux catégories vont aux intellectuels par défaut de corps ou d'âme.
Et ainsi l'immense poussière des intellectuels se recrute par la conjonction d'une double pulvérulence.
CHARLES PEGUY

Du bois mort est du bois extrêmement habitué.
Une âme morte est une âme extrêmement habituée.
CHARLES PEGUY

Le corps de l'homme a grandi par la technique, il aurait besoin d'un supplément d'âme.
HENRI BERGSON

Le réalisme est dans l'oeuvre quand l'idéalisme est dans l'âme, et c'est à force d'idéalité seulement qu'on reprend contact avec la réalité.
HENRI BERGSON


Un grand peuple sans âme est une vaste foule.
LAMARTINE

Il y a bien plus de différences entre les âmes qu'il n'y en a entre les visages.
PERE PICHON





L'INCROYANCE philosophique: doute, athéisme, agnosticisme, indifférence



Au règne du "fait" se substitue, depuis le milieu du XIXème siècle, le règne de ce qui est "opérationnel", et ainsi le règne de la technique supplante celui de l'histoire.
Le "fait" trouve sa justification dans le "faisable", le renouvelable, le vérifiable... On passe au primat de "ce-qui-est-à-faire" sur "ce-qui-a-étéfait".
De l'absolu antique et moyenâgeux l'homme s'est d'abord tourné vers le passé et maintenant il s'oriente vers l'avenir.
Rien n'empêche l'homme de se faire Dieu, dont désormais la place est à la fin, comme visée de l'opération, et non plus au commencement en qualité de logos, de sens.
JOSEPH RATZINGER, évolution vers la pensée technique

"Si vous ne croyez pas vous ne comprendrez pas".
La foi n'est pas ordonnée au domaine de la technique et de l'histoire.
Elle est du ressort des options fondamentales de l'homme, qui demandent inévitablement une réponse. Tout homme doit prendre position à l'égard de ces options et il ne peut le faire que sous la forme d'une foi.
Tout homme est obligé d'avoir une foi.
Même le marxisme ne peut démontrer que "l'opérationnel" soit le véritable sens de la vie; il ne peut que le promettre et en faire ainsi un objet de foi.
JOSEPH RATZINGER, la foi : prendre appui - comprendre

A la vérité de l'"être en-soi" s'est substituée aujourd'hui l'utilité des choses pour nous, confirmée par la "vérité" des résultats.
Mais, connaître le monde dans sa fonctionnalité, ce n'est pas encore comprendre le sens du monde et de l'être.
JOSEPH RATZINGER, la foi raisonnable

La foi engage l'homme de façon définitive.
Cette fixation apparente sur la décision d'un instant de la vie permet à l'homme de progresser, de s'assumer pas à pas, alors que l'annulation continuelle de ses décisions le rejette sans cesse vers le commencement et le condamne à un mouvement de perpétuel retour, où il s'enferme dans la fiction d'une éternelle jeunesse et se refuse ainsi à la totalité de son être d'homme.
JOSEPH RATZINGER, Jésus-Christ, accomplissement et espérance


"Je pense, donc je suis" se transforme mieux en "Je suis pensé, c'est pourquoi je suis".
Connaître pour l'homme, c'est d'abord être connu.
JOSEPH RATZINGER, cité par


La question de Dieu ne peut être enfermée dans les limites de la recherche scientifique. L'athéisme scientifique est une prétention absurde.
Mais l'agnosticisme ne serait-elle pas la seule attitude juste ?
Seulement le projet de l'agnosticisme est-il seulement réalisable ?
Pouvons nous vivre comme si Dieu n'existait pas ?
Il me faut choisir : ou vivre comme s'il existe, ou vivre comme s'il n'existe pas ( D'où le pari de Pascal ).
Dans la pratique, l'agnosticisme glisse entre les doigts, il est impratiquable.
Le refus de la question de Dieu, le renoncement à la plus haute ouverture de l'être humain, est un acte d'emprisonnement de soi, un oubli du cri intérieur de notre être.


"Etre sage en se servant de la tête de quelqu'un d'autre... c'est sans doute moindre que le savoir personnel, mais cela vaut infiniment plus que l'orgueil stérile de celui qui n'obtient pas l'indépendance du savant et méprise en même temps la dépendance du croyant". ( J. H. Newman ) "Ils ont décidé d'examiner le Tout-Puissant, d'une manière passionnée et objective, en toute impartialité, la tête froide". ( J. H. Newman ) Le "pouvoir faire" ne sert à rien si nous ne savons plus à quoi cela sert, ni qui nous sommes.
La question de Dieu n'autorise pas l'abstention.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, L'espérance


Un homme qui doit choisir, se sent interrogé : es-tu, en agissant de la sorte, fidèle à ta première vision, à ta dernière espérance ? Es-tu ainsi à la hauteur de toi-même ?
H. URS Von BALTHASAR


L'homme ne peut que périr d'étouffement au contact de l'homme, si dans cette éternelle rencontre avec lui-même, qui constitue la vie de tous les jours - qu'il s'agisse de la rencontre de l'homme avec lui-même dans la solitude, ou avec ses semblables dans la communauté : celle du tête à tête solitaire, ou celle de la place publique - il ne rencontre jamais que l'homme.
Si dans autrui, rien d'autre ne s'offrait que ce que chacun connaît foncièrement par lui-même : cet être avec sa limitation...
Pourquoi le "Je" devrait-il se perdre et se sacrifier pour un "Tu", qu'il ne peut, au niveau le plus profond, estimer autrement que lui-même...
Pourquoi un homme qui ne s'estime pas lui-même profondément, devrait-il estimer son semblable ? Pourquoi supposerait-il chez son frère un état d'esprit plus noble que chez lui-même ?
H. URS Von BALTHASAR

Le discours d'aujourd'hui ne s'attaque plus à la foi : il la ronge.
HENRI de LUBAC

Voici que l'incroyance a le visage de la piété, sous prétexte d'ouverture, de tolérance et d'engagement.
WALTER KASPER

L'homme religieux admet comme postulat que la réalité sensible et perceptible n'est pas l'essentiel du réel, ou du moins qu'elle n'est pas la seule réalité... ( Alors que ) la conscience contemporaine n'admet pour seule réalité que la réalité tangible, matérielle et économique.
WALTER KASPER

Il fallait, pour Nietzsche, que Dieu soit mort, afin que le surhomme puisse exister. Mais le surhomme a-t-il encore quelque chose d'humain ?
WALTER KASPER

L'indifférentisme est bien plus pernicieux que l'athéisme militant, pour lequel Dieu continue de poser problème et reste un adversaire à combattre...
Dieu est passé sous silence, bien plus encore qu'il n'est proclamé mort.
WALTER KASPER, critique de la modernité



Quiconque exclut catégoriquement toute certitude première se trouve en contradiction avec soi-même et se fabrique une immunité on ne peut plus primaire, contre toute critique...
L'homme ne saurait revenir sur l'opposition entre le oui et le non, le vrai et le faux, le bien et le mal, sous peine de devoir renoncer à lui-même.
WALTER KASPER

...Son âme plus téméraire encore que courageuse, d'autant plus faible qu'elle s'appuyait sur elle-même...
Saint AUGUSTIN, d'un ami cher

Qui es-tu pour discuter avec Dieu ?
Saint AUGUSTIN, à l'homme

Nul homme ne lève le petit doigt pour le moindre ouvrage sans être mû par la conviction, plus ou moins obscure, qu'il travaille infinitésimalement pour l'édification de quelque définitif, c'est à dire, à l'oeuvre de vous-même, mon Dieu.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Seul le dégagement de quelque réalité spirituelle à travers les efforts de la vie peut légitimer notre action.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

"Ce que l'on admet n'est jamais bien admis, mais ce que l'on rejette est toujours rejeté". ( Charles Péguy )
La négation est sans degrés, elle nous paraît plus proche de l'infini, elle donne d'emblée ce qui, si nous nous élevions par degrés dans l'affirmation, demanderait effort, risque, incertitude.
La négation interdit la graduation, la participation, le jugement sur le plus et le moins.
L'homme révolté, qui est un "homme cathare" sait qu'il arrive immédiatement à sa fin, par négation des degrés dans l'être.
L'attitude de la révolte sur le plan de l'existence sociale et politique traduit l'attitude logique de la négation.
L'homme est né cathare ! Il lui est difficile de s'établir dans des régions intermédiaires. Le terrain de la probabilité n'est pas fait pour lui.
Le oui et le non semblent symétriques... Mais dans la négation on atteint l'absolu d'emblée ( néant, infini et suicide ). Dans l'affirmation on monte par degrés vers cet infini. On peut oser nuancer, concéder, restreindre.
La négation reflète une tendance au paroxysme.
On met aisément zéro, nul n'utilise la note 20 sur 20.
La haine est absolue et le plus fou des amours peut croître encore.
La négation a ceci de redoutable qu'elle nivelle; qu'elle rend difficile l'opération du dosage.
JEAN GUITTON, L'impur, la négation, les degrés



Nous voyons bien à quoi sert de ne pas croire : à être seul sur cette terre, qui est le moins fixe de tous les domiciles, et à ne jamais entendre, en réponse aux questions que le coeur se pose, une autre voix que la sienne.
La psychanalyse est une maladie qui se prend pour son remède.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions


Le paganisme est un royaume divisé contre lui-même, un royaume en perpétuelle révolte où les tyrans se succèdent, mais où il n'y a pourtant jamais de maître.
Le paganisme est une âme en révolte; le démon du moment est chassé par un autre démon, et il laisse la place à sept autres pires.
La paganisme... est au fond la désobéissance, la tentative stérile et contradictoire de servir deux maîtres.
S. KIERKEGAARD, les soucis des paiens, le souci de l'irrésolution

De la jeunesse on fait le temps de l'esthétique, de la maturité celui du sentiment religieux.
S. KIERKEGAARD


- Vous négateurs de Dieu et du Christ, vous n'avez pas réfléchi que sans le Christ tout dans le monde sera souillé et vicié. Vous jugez le Christ et vous riez de Dieu, mais vous-mêmes, par exemple, quel exemple offrez-vous : comme vous êtes mesquins, débauchés, avides et vaniteux. En écartant le Christ vous écartez de l'humanité l'inaccessible idéal de la beauté et du bien. A sa place que proposez-vous d'équivalent ?
Notre libéral est avant tout un laquais et ne fait que guetter à qui il pourrait cirer les bottes.

L'athéisme est issu de cette idée que l'adoration n'est pas une propriété naturelle de la nature humaine et il attend la renaissance de l'homme abandonné uniquement à lui-même. Il s'efforce de montrer que l'homme sera moral quand il sera délivré de la foi. Mais ils n'ont rien montré, on juge de l'arbre aux fruits, au contraire, ils n'ont montré que la monstruosité et offert la philosophie de la bonne digestion. ( Sans religion ) l'humanité aurait fini à l'état de troglodytes, aurait pourrie et disparue.


Mais il faut surtout se préoccuper jalousement de l'égalité totale!

La première chose à faire pour y parvenir est d'abaisser le niveau de l'instruction, des sciences et des talents... Les facultés supérieures se sont toujours emparées du pouvoir...
- Egaliser les montagnes...
- La destruction des familles aura pour suite la destruction des enfants, jusqu'à la limite du nécessaire.
- Ce seront des loups.
- Ce seront des hommes honnêtes et chacun connaîtra son métier et son devoir de surveiller les autres.
- Mais ils se dévoreront entre eux.
- Tant mieux ! C'est le but suprême...
DOSTOÏEVSKI, Carnets des Démons


il n'y a pas de souci plus constant et plus douloureux pour l'homme demeuré libre que celui de trouver au plus vite devant qui se prosterner.
Pourquoi les athées aiment tant les doctrines matérialistes ? Précisément parce que, ainsi, tout se termine si vite, tout disparaît sans laisser de traces et aboutit par conséquent à l'anéantissement et à la mort, c'est-à-dire à la tranquillité sans la moindre liberté. il n'y a rien de plus séduisant pour l'homme que la liberté de sa conscience, mais rien non plus de plus torturant.
DOSTOÏEVSKI, Les carnets des frères Karamazov, Le grand inquisiteur


L'indépendance, la libre pensée, la science les auront égarés dans un tel labyrinthe... que les uns, rebelles furieux, se détruiront eux-mêmes, les autres, foule lâche et misérable, se traîneront à nos pieds en criant : "Oui, vous aviez raison... Sauvez-nous de nous-mêmes !" DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, Le grand inquisiteur

L'automatisme intellectuel a une incroyable force. Vieillis avant l'âge par la fausse culture, les esprits automatiques ne répondent plus...
CHARLES PEGUY


Tout le monde a une métaphysique. Patente, latente... Ou alors on n'existe pas. Et même ceux qui n'existent pas en ont une tout de même.
CHARLES PEGUY

Le modernisme consiste à ne pas croire ce que l'on croit.
Il consiste à ne pas croire soi-même pour ne pas léser l'adversaire qui ne croit pas non plus.
C'est un système de complaisance, de politesse, de déclinaison mutuelle, de lâcheté, c'est la vertu des gens du monde.
CHARLES PEGUY

Parce que la négation est un doute agressif, impur, un dogmatisme renversé, il est rare qu'elle se nie elle-même, qu'elle s'émancipe de ses frénésies et s'en dissocie... "Pourquoi ceci plutôt que cela ?" il adoptera cet antique refrain des douteurs, toujours corrosif, qui n'épargne rien...
La suspension du jugement représente le pendant philosophique de l'irrésolution, la formule qu'emprunte pour s'énoncer une volonté impropre à opter pour autre chose, sinon une absence qui exclut toute échelle de valeurs et tout critère contraignant...
L'activité de l'esprit suspendue, pourquoi ne pas suspendre celle des sens, celle même du sang ?
Le doute ne franchit pas le Rubicon, il ne franchit jamais rien; son aboutissement logique est l'inaction absolue...
Plus d'acte du tout, de sorte que les choses, comme les jugements que nous portons sur elles, s'annulent au sein d'une morne identité.
E. M. CIORAN, le sceptique et le barbare

Le doute se révélant incompatible avec la vie, le sceptique conséquent, obstiné, ce mort-vivant, achève sa carrière par une défaite sans analogue dans aucune autre aventure intellectuelle...
E. M. CIORAN, le sceptique et le barbare

Le scepticisme comme phénomène historique ne se rencontre qu'aux moments où une civilisation n'a plus d'"âme", dans le sens que Platon donne au mot "ce qui se meut de soi-même".
En l'absence de tout principe de mouvement, comment aurait-elle encore un présent, comment surtout un avenir ?
E. M. CIORAN, le sceptique et le barbare


Le combat est inégal entre les peuples qui discutent et les peuples qui se taisent, d'autant plus que les premiers, ayant usé leur vitalité en arguties, se sentent attirés par la rudesse et le silence des derniers.
Si cela est vrai d'une collectivité, que dire d'un individu, singulièrement du sceptique ? Aussi, point ne faut s'étonner de le voir, lui, professionnel de la subtilité, au sein de l'ultime solitude où il est parvenu, s'ériger en ami et en complice des hordes.
E. M. CIORAN, le sceptique et le barbare


Le drame du douteur est plus grand que celui du négateur, pour la raison que vivre sans but est autrement malaisé que de vivre pour une mauvaise cause.
Quand on nie, on sait ce qu'on veut; quand on doute, on finit par ne plus le savoir.
E. M. CIORAN, le démon est-il sceptique

L'affirmation et la négation ne différant pas "qualitativement", le passage de l'une à l'autre est naturel et facile. Mais une fois qu'on a épousé le doute, il n'est ni facile ni naturel de revenir aux certitudes qu'elles représentent.
On se trouve alors paralysé, dans l'impossibilité de militer pour quelque cause que ce soit; bien mieux, on les refusera toutes, et, au besoin, on les ruinera, "sans descendre dans l'arène".
Le sceptique, au grand désespoir du démon, est l'homme inutilisable par excellence.
E. M. CIORAN, le démon est-il sceptique

Le sceptique dédaigne la révolte, et n'entend pas s'y abaisser; ayant usé ses indignations comme ses ambitions, il est sorti du cycle des insurrections...
E. M. CIORAN, le démon est-il sceptique

En face d'un univers de dupes ( le sceptique ) se pose en solitaire, avec la conséquence qu'il ne peut rien pour personne, comme personne ne peut rien pour lui...
Nous n'attibuons quelque réalité à autrui que dans la mesure où nous en découvrons en nous-mêmes.
E. M. CIORAN, le démon est-il sceptique


... Que la sagesse est si néfaste à celui qui veut se manifester et exercer ses dons. Elle est ce continuel dépouillement dont on n'approche qu'en sabotant ce qu'on possède d'irremplaçable en bien et en mal; elle ne débouche sur rien, elle est l'impasse érigée en discipline.
A l'extase, qui excuse et rachète les religions dans leur ensemble, qu'a-t-elle à opposer ? Un système de capitulations : la retenue...
E. M. CIORAN, les dangers de la sagesse

Sans Dieu, le principe de l'examen subsiste seul, principe qui peut tout exclure, mais qui ne peut rien fonder.
CHARLES MAURRAS

Sans autorité religieuse ni politique les hommes s'effrayent bientôt à l'aspect de cette indépendance sans limites.
Ne pouvant plus reprendre leurs anciennes croyances ils se donnent un maître. Je doute que l'homme puisse jamais supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique; et je suis porté à penser que s'il n'a pas de foi il faut qu'il serve, et, s'il est libre, qu'il croie.
L'égalité, qui introduit de grands biens dans le monde, suggère cependant aux hommes des instincts fort dangereux; elle tend à les isoler les uns des autres, pour porter chacun d'eux à ne s'occuper que de lui seul.
Elle ouvre démesurément leur âme à l'amour des jouissances matérielles...
ALEXIS de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, III, 5,
la religion au service de la démocratie


Il faut croire d'abord. Il faut croire avant toute preuve, car il n'y a point de preuve pour qui ne croit rien.
ALAIN

La décadence inévitable des doctrines religieuses a laissé sans appui la partie généreuse du coeur humain, et tout s'est réduit à la plus abjecte individualité.
AUGUSTE COMTE


Nous portons tous l'idée d'un mode d'existence supérieur au nôtre, d'une vie future.
FRIEDRICH NIETZSCHE

Le sceptique radical est condamné au silence verbal et intellectuel.
SPINOZA

Le stupide et le bel esprit sont également fermés à la vérité; il y a toutefois cette différence que le stupide esprit la respecte, tandis que le bel esprit la méprise.
MALEBRANCHE

Je ne puis apprendre à parler à qui ne s'efforce pas de parler.
CONFUCIUS

Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n'auront plus que des crédulités scientifiques.
ANATOLE FRANCE

Un fou est un homme à qui il ne reste que la raison.
CHESTERTON

Si tu n'espères pas tu n'atteindras jamais l'inespéré.
HERACLITE

Mais rejette de tels propos ô ma bouche, insulter les dieux est un art que je hais. L'insolence importune accompagne le chant de la folie.
PINDARE

" Dans le domaine spirituel la sécularisation ne produit pas l'incroyance, mais la crédulité à toutes les gnoses. "
Dans le domaine temporel elle n'entraîne pas la liberté et la fraternité mais la servilité à tous les maîtres et la guerre de tous contre tous.

" Assiégé dans l'horizontal, tels Prométhée ou Sisyphe, il n'y a pas de sortie possible hors du temporel. "


" La recherche de soi ne vise que "le même", soit rien d'autre. "

" Un sens que l'on se donne à soi-même n'a pas de sens. "

Je ne peux pas croire en rien. Le néant est ce qui n'existe pas.
Or j'existe, je le sais. Je suis donc contraint de croire en quelque chose et mieux encore en quelqu'Un.





Le SORT d'un MONDE sans TRANSCENDANCE



Le croyant sait que notre histoire "avance" vers un point et n'est pas un éternel recommencement.
JOSEPH RATZINGER

L'homme vit avec cette terrible conscience que son pouvoir de destruction est plus grand que son pouvoir de construire. Mais il sait que dans le Christ le pouvoir de construire s'est avéré infiniment plus fort.
De là naît une liberté profonde... notre oeuvre d'homme a perdu son aspect inquiétant, parce qu'elle a perdu son pouvoir de détruire : le sort du monde ne dépend pas de nous, il est entre les mains de Dieu.
Mais en même temps le chrétien sait que son agir n'est pas un jeu que Dieu le laisserait jouer sans le prendre au sérieux.
JOSEPH RATZINGER, "d'où il viendra juger les vivants et les morts"

La décadence morale qui se fonde sur la perte totale de la tradition, sur la perte de cette évidence interne que les us et coutumes avaient autrefois apportée à l'homme. Plus rien ne va de soi; tout est possible; rien n'est impossible. Il n'y a plus de valeur porteuse; aucune norme n'est inviolable. Ne comptent plus que le moi et l'instant. Les religions traditionnelles ne sont plus qu'une façade, sans contenu intérieur; il ne reste que le cynisme à l'état pur.
Ce qui est contre nature devient la norme. L'homme qui commence à vivre contre la vérité commence aussi à vivre contre la nature. Les sources de la vie sont obstruées..
Un moralisme pervers suscite encore quelque jouissance dans l'aspect négatif de sa condamnation.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, la foi


L'optimisme peut n'être qu'un masque servant à dissimuler le désespoir.
Il peut aussi être une méthode utilisée par ceux qui veulent la destruction tout en cachant leurs intentions. ( Eglise hollandaise ) Tranquillisant public.
Façon de se débarrasser des prétentions devenues gênantes de Dieu sur notre vie.
Variante de la foi libérale dans le progrès perpétuel, succédané bourgeois de l'espérance perdue de la foi, vertu théologale d'un nouveau Dieu et d'une nouvelle religion, la vertu de l'histoire divinisée, d'un Dieu "Histoire".
La dynamique du progrès arrange tout !
L'optimisme idéologique n'est que la façade d'un monde sans espérance, qui veut cacher son propre désespoir sous ce voile trompeur.
La violence des explosions d'angoisse ( Tchernobyl ) est une sorte d'autodéfense contre le doute qui menace la foi en une future société sans dommages.
L'optimisme idéologique est aussi une tentative de faire oublier la mort en parlant constamment d'une histoire qui s'achemine vers la société parfaite.


L'opposition de Jérémie illustre l'opposition entre une théologie politisée, irrationnelle, tournée vers la violence idéologique, et le réalisme du croyant qui incarne la véritable moralité et la rationalité politique.
Dieu ne perd pas de batailles; ses promesses ne s'écroulent pas dans les défaites humaines.


Les hommes ne cessent de renouveler leur tentative de construire avec leur propre capacité technique le pont qui rejoint le ciel, c'est-à-dire d'arriver à Dieu par leurs propres forces.
Ils essaient de se donner ce pouvoir illimité, divin, pour le "récupérer", le faire redescendre de la hauteur inaccessible du Tout-Autre dans leur propre existence. ( Babel ).
Mais la main de Dieu empêche toujours l'homme d'en arriver à la réalisation ultime de l'autodestruction, empêche la marche vers le néant.
L'Apocalypse nous dit que, malgré toutes les terreurs, l'histoire humaine ne s'engloutira pas dans la nuit de l'autodestruction.
L'homme n'est pas le seul acteur de l'histoire, et c'est pour cela que la mort n'y a pas le dernier mot.

Les Béatitudes nous disent : si vous vivez en chrétiens, vous vous trouverez toujours dans une tension paradoxale.
Si nous restons seuls avec nos propres forces, nous ne réussissons pas à construire une maison solide. Il faut construire avec Lui la maison commune pour devenir nous-même Sa maison vivante.
Nous sommes avisés lorsque nous sortons de l'isolement stupide de l'autoréalisation, qui construit sur le sable de nos capacités personnelles.
Nous ne pouvons pas "être parfaits comme notre Père du ciel", mais nous pouvons Le suivre, nous attacher à lui, "devenir sien".
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, l'espérance


Maintenant que l'on a pleinement savouré les promesses de la liberté illimitée, nous commençons à comprendre à nouveau l'expression "tristesse de ce monde". Les plaisirs interdits perdirent leur attrait dès l'instant où ils ne furent plus interdits. Ils semblent fades, parce qu'ils sont tous finis, et qu'il y a en nous une faim d'infini.
La racine la plus profonde de notre tristesse c'est l'absence d'une grande espérance et l'inaccessibilité du grand Amour : tout ce que l'on peut espérer est connu...


Il existe de nos jours une curieuse haine de l'homme contre sa propre grandeur. Il se considère comme l'ennemi de la vie et de l'équilibre de la création, comme le grand trouble-fête de la nature... comme la créature manquée.
Celui qui ne voulait plus être que son propre créateur et qui désirait réaménager la création en imaginant une meilleure évolution finit dans l'autonégation et l'autodestruction. Il juge qu'il vaudrait mieux ne pas exister. Il ne veut pas être ce qu'il est pourtant en tant que créature.
Rébellion de l'indolence humaine contre la grandeur du choix.

Une société qui fait une affaire privée de ce qui est essentiel à l'être humain et se déclare elle-même totalement profane ( ce qui engendre d'ailleurs inévitablement une pseudo-religion et une nouvelle totalité portant à l'esclavage ), une telle société devient triste par nature et constitue un lieu de désespoir, car elle est fondée sur une réduction de la dignité de l'homme.
Une société dont l'ordre public est déterminé de manière conséquente par l'agnosticisme n'est pas une société libérée, mais une société désespérée, marquée par la tristesse de l'homme fuyant Dieu et en contradiction avec lui-même.
Comme on n'ose plus faire ce qui est essentiel et grand, on se contente du secondaire. Mais il reste un sentiment de "trop peu" qui ne cesse de croître.


"Aucun homme ne peut demeurer dans la tristesse". ( st Thomas d'Aquin ) L'âme fuit devant elle-même, l'homme a peur d'être seul avec lui-même, il perd sa concentration et devient un vagabond spirituel, toujours hors de lui-même : verbosité, curiosité, fuite de la pensée et refuge dans la parole, soif insatiable de succédanés, instabilité du vouloir et de l'être..
L'homme qui refuse sa grandeur métaphysique est un apostat à l'égard de la vocation divine de l'être humain.
La haine qui bouillonne dans certains groupes terroristes ne s'explique que par la violence exercée pour faire taire la conscience et tout ce qui rappelle son message.
L'optimisme idéologique est toujours, en profondeur, un masque du désespoir.


Le libéralisme et la philosophie des lumières veulent nous faire croire à un monde sans crainte... Ils voudraient expulser le moindre "pas encore", la moindre dépendance de l'autre et sa tension intérieure.
Celui qui "libère" de cette façon l'homme de la crainte le "libère" de l'espérance et de l'amour. "Ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal" : c'est-à-dire de la perte de la foi et du péché, de la seule vraie menace pour l'homme, celle de perdre Dieu.
L'être humain craint davantage la lueur voisine du pouvoir de l'opinion humaine que la lumière lointaine et non violente de la Vérité.
Aussi se soumet-il au pouvoir de l'opinion, devient son allié, l'un de ses diffuseurs, l'esclave de l'apparence.
Une fois entré dans l'engrenage il ne peut plus sortir du filet de la désinformation généralisée. Le point de repère de ses actions n'est plus la réalité, ce sont les réactions présumées des autres. On en arrive à une domination de l'opinion et de la contre-vérité.
Le manque de crainte de Dieu est le début de toute folie, l'homme perd alors tout sens de la mesure. La crainte des hommes prend en lui le pouvoir et le conduit à l'idolâtrie de l'apparence, la porte est ouverte pour toute espèce de folie. "Je suis de mon temps" dit un prêtre chez Bernanos et un autre personnage commente ainsi : "Il n'a jamais pris garde qu'il reniait chaque fois ainsi le signe éternel dont il est marqué".

Si nous perdons de vue le critère de Dieu, le critère de l'éternité, il ne reste plus d'autre ligne directrice que l'égoïsme.
A ce moment-là, chacun essaie de tirer de cette vie le maximum pour soi, et considére tous les autres comme des ennemis de son bonheur, qui risquent de lui dérober quelque chose; l'envie et l'avidité prennent le contrôle de la vie et empoisonnent le monde.

Là où grandit la liberté, grandit aussi la possibilité du démoniaque, c'est sans doute un des enseignements de l'Apocalypse de Jean.
Les possibilités de l'humanité s'accroissent, mais avec elles grandit une perplexité qui la paralyse. On se jette sur tout ce qui "avance", un tour de manivelle et l'on démarre, espérant que le véhicule dont on ne maîtrise plus la direction, obéissant à quelque régulation immanente ou transcendante, ou à une direction automatique, évitera de se jeter droit dans l'abîme.
H. URS Von BALTHASAR



Constamment "l'homo faber" a reçu son pouvoir et son droit d'agir de "l'homo sapiens".
H. URS Von BALTHASAR


Avec la disparition du désert extérieur, le désert intérieur a pris le dessus.
L'homme socialisé souffre d'asthme spirituel et d'accès d'étouffement.
H. URS Von BALTHASAR

De quelque manière, il se voit lui-même, dans la prison de sa nature, de son histoire, de sa sotte et ronde planète, comme le dindon de la farce; il cherche des yeux celui qui l'a mis dans cette situation, et il ne trouve personne.
H. URS Von BALTHASAR

La nature est maintenant technicisée, asservie aux fins de l'homme, voilà ce qui paraît la démonstration suprême de la supériorité de l'homme.
Mais, ainsi désacralisée, elle n'est plus capable de parler d'autre chose que de l'homme qui l'a marquée du signe de sa souveraineté.
H. URS Von BALTHASAR

C'est précisément parce que l'homme est arrivé à sa maturité en devenant l'homme technique, et qu'il n'a plus d'autre demeure que sa propre fragilité, qu'il est absolument prédestiné à devenir homme religieux.
Comme il ne peut plus partager sa responsabilité avec la nature il ne lui reste rien d'autre à faire que de la partager avec le Créateur : dans la prière, dans le don de soi, dans le contact avec Celui qui n'est pas un élément de la nature, et ne présente à l'homme aucune recette toute prête qui le déchargerait de sa responsabilité d'être libre.
H. URS Von BALTHASAR

Le monde considère comme une injure et une provocation toute existence qui n'est pas selon lui.
Il se sent menacé par la moindre des conquêtes spirituelles de l'Eglise; et jamais il ne manque de réagir.
HENRI de LUBAC



Car une destinée transcendante, supposant elle-même l'existence d'un Dieu transcendant, est indispensable à la réalisation d'une destinée vraiment collective, c'est-à-dire à la constitution concrète d'une humanité.
Sinon, ce n'est pas pour l'humanité, au vrai, qu'on se dévoue : c'est encore, malgré qu'on en ait, pour d'autres individus, qui dans leur enveloppe éphémère n'abritent aucun absolu, et qui ne représentent pas une valeur essentiellement supérieure à la valeur de ceux qui leur sont sacrifiés.
C'est, au bout du compte, pour une génération humaine - la dernière - qui pourtant n'est rien de plus que les autres, et qui passera comme les autres...
Double raison de se décourager, par quoi s'explique bien naturellement que l'optimisme humanitaire ne résiste pas au dissolvant de la réflexion. "Je ne veux pas m'immoler à ce dieu terrible qui s'appelle la société future !" s'écrie un personnage de Dostoïevski.
Le Devenir, à lui seul, n'a pas de sens; c'est un autre nom de l'absurde.
S'il y a Devenir, il doit y avoir un jour achèvement, et s'il doit y avoir achèvement, il y a, dès toujours, autre chose que du devenir.
Chercher à rendre à l'homme son sens, c'est lui interdire d'user jamais de l'homme d'aujourd'hui comme d'un simple moyen en vue de l'homme de demain.


"Feuerbach, écrivait Marx, dissout l'être religieux dans l'être humain.
Mais l'être humain n'est pas une abstraction inhérente aux individus isolés. Dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux".
Feuerbach dissolvait l'être religieux dans l'être humain; Marx, achevant le processus, dissout l'être humain dans l'être social.
Ce qui devait magnifier l'homme, achève de le ruiner.

La Transcendance que l'homme renie est le seul garant de sa propre immanence. C'est en s'avouant reflet qu'il acquière une plénitude, et c'est dans le seul acte de l'adoration qu'il s'assure une inviolable profondeur.
Supposons l'homme pleinement "émancipé", par impossible affranchi de toute contrainte, de toute exploitation, de toute tyrannie : il n'est pas pour autant "libéré". La société ne pèse plus sur lui, en ce sens qu'il n'est plus dominé, exploité...
Elle pèse cependant sur lui d'un poids plus lourd que jamais, puisqu'elle l'absorbe tout entier... Il n'est plus qu'une fonction sociale, qu'un "ensemble de rapports sociaux".
Rien ne fera jamais que, dans une société non transcendante, la réduction de l'homme à ses "rapports sociaux" ne s'opère au détriment de l'intériorité personnelle et n'engendre, quelle que soit la nouveauté de son mode, la tyrannie.
Ce système n'est pas seulement chimérique en ses espoirs aussi bien qu'intenable en lui-même : il est absolument indésirable. C'est la vision d'un monde infiniment plat. La plus incompréhensible régression de l'homme, s'il s'en accommodait; son plus affreux supplice au cas contraire.
Si les hommes d'aujourd'hui sont si tragiquement "absents" les uns aux autres, c'est d'abord qu'ils sont absents d'eux-mêmes, ayant déserté cet Eternel qui seul les enracine dans l'être et leur permet de communier entre eux.
HENRI de LUBAC, Catholicisme, Transcendance



Qu'est-ce donc que ce nuisible chuchotement de l'ennemi ? C'est tout le désordre qu'il fait miroiter en toi et qu'il te persuade d'accepter.
JEAN TAULER

Jusqu'à aujourd'hui nous ne savions pas son absence mortelle. Nous vivions inconsciemment dans sa surabondance. Nous le produisions tout naturellement plus que nous ne le consommions. Nos réservoirs en débordaient.
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler, sur le sens

Il est impossible que de l'immanence bouclée en stricte immanence puisse sortir autre chose que du tautologique trop humain. Il faut à l'homme plus que l'homme pour devenir vraiment humain.
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler

Bouclant la boucle de l'homme sur lui-même nous nous sommes constitué un empire d'humanité. De façon autogène. Sans l'autre. En autonomie...
Avec nos longueurs à nous, nos largeurs à nous, nos hauteurs à nous et nos profondeurs à nous. Quelque chose comme une caverne... ( celle de Platon ).
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler

Tentation de l'ange Luci-fer. Les "lumières"... 'Vous serez comme des dieux ! L'euphorie alors occulte ce qui un jour, nécessairement, adviendra. C'est écrit. 'Ils virent qu'ils étaient nus...'
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler


Ce que conteste la mystique chrétienne ce n'est pas le monde mais la "mondanité". C'est à dire la clôture du monde sur sa suffisance, la crispation du monde sur sa schizoïde immanence. C'est à dire le monde en rupture d'alliance.
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler

Tout ce qui vient du rien tend de soi vers le rien.
Saint THOMAS d'AQUIN


La grande machine humaine est faite pour marcher... Si elle ne fonctionne pas, si elle n'engendre que de la matière, c'est donc qu'elle travaille à rebours.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Qui ne voit le drame possible d'une Humanité perdant soudain le goût de sa destinée ?
Certains symptômes morbides comme l'existentialisme sartrien prouvent que cette éventualité n'est pas un mythe.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Continuez à tenir l'Homme pour un surcroît accidentel ou un jouet au sein des choses : et vous l'acheminez à un dégoût ou à une révolte...
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Une période d'euphorie et d'abondance - Un Age d'Or -, voilà, nous laisset-on entendre, tout ce que tiendrait en réserve pour nous l'Evolution.
Devant un idéal aussi "bourgeois", il est juste que notre coeur défaille.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

L'autonomie d'une créature intelligente ne consiste pas à ne recevoir aucune règle... d'un autre que soi-même, mais à s'y conformer volontairement parce qu'on les sait justes et vraies, et parce qu'on aime la vérité et la justice.
JACQUES MARITAIN

La causalité matérielle est devenue la causalité première...
L'athéisme de Marx signifie que l'homme a pris la place de Dieu comme fin ultime de l'histoire et qu'il n'y a pas d'au-delà de l'histoire, même en continuité avec l'histoire.
La rupture avec Dieu qui avait commencée comme revendication d'indépendance et d'émancipation, comme une hautaine rupture révolutionnaire, s'achève dans une soumission révérente et prostrée au tout-puissant mouvement de l'histoire.
JACQUES MARITAIN, sur le matérialisme


Nos existentialistes athées s'imaginent que la morale dispense de la conscience, et substitue ses règles d'or à cet organe mobile et délicat qui coûte si cher, et à son jugement invinciblement personnel...
En supprimant la généralité et la loi universelle on supprime la raison, dans laquelle toute la liberté a sa racine, pour ne laisser que l'informe surgissant de la nuit.
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, l'action

S'il faut absolument vous perdre en quelqu'un, que ce soit en vous-même; la psychanalyse est là pour vous y aider.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable


Vous parlez... tout le temps de vos problèmes de communication... mais ils vont être résolus de la manière la plus radicale qui soit, en ce sens que vous n'aurez bientôt plus rien à communiquer.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

La drogue est un bon moyen de fuir le monde par la tangente, sans aller nulle part.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

La religion est l'opium du peuple, disait Karl Marx.
C'était un autre temps, la proposition est à renverser : l'opium est devenu la religion du peuple.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

Dans la philosophie que je vous ai enseignée, la connaissance précède logiquement l'amour, et comme l'on n'en finit pas de connaître, on a tout le temps d'aimer; rien ne presse.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

Une société qui est à elle-même sa propre fin est une société virtuellement totalitaire.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable


Dans votre monde rebâti à l'endroit les premiers seront les premiers, et que les derniers ne se fassent pas d'illusions, ils resteront les derniers.
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

Etre dans le vent, c'est une ambition de feuille morte.
GUSTAVE THIBON

Plus nous voudrons connaître de choses pour les dominer, et moins nous saurons de quoi nous parlons.
Le verbalisme sera roi.
GEORGES BASTIDE

L'homme n'étant pas un, on ne voit pas comment il pourrait être pris comme unité de mesure.
GEORGES BASTIDE

Une mouche bourdonne à ses oreilles; c'en est assez pour le rendre incapable de bons conseils. Le plaisant Dieu que voilà !
BLAISE PASCAL, de l'homme

Car un homme n'apprend naturellement des "autres" que ce qu'ils sont; et c'est ainsi que le monde entend le tromper et l'empêcher d'être lui-même.
Et les "autres" ne savent pas davantage ce qu'ils sont; ils ne savent jamais que ce que sont les "autres".
S. KIERKEGAARD, les soucis des paiens, le souci de l'insignifiance

la pensée principale du socialisme - c'est le "mécanisme". Là l'homme devient l'homme mécanique. Des règlements pour tous. L'homme lui-même est écarté. Ils ont enlevé l'âme vivante.
DOSTOÏEVSKI, Les carnets de Crime et Chatiment


A présent chacun aspire à séparer sa personnalité des autres, chacun veut goûter lui-même la plénitude de la vie; cependant, loin d'atteindre le but, tous les efforts des hommes n'aboutissent qu'à un suicide total, car, au lieu d'affirmer pleinement leur personnalité, ils tombent dans une solitude complète.
DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, Biographie du starets Zosime


Je sortais enfin de ce monde hideux de Taine et de Renan et des autres Moloch du XIXème ( les automates m'ont toujours inspiré une horreur hystérique ), de cette mécanique gouvernée par des lois parfaitement inflexibles et, pour comble d'horreur, connaissables et enseignables.
PAUL CLAUDEL

Dans un monde qui ne connaîtrait plus ni Dieu ni diable, il ne resterait plus à la pauvre humanité qu'à se débrouiller avec le péché en nous organisé.
PAUL CLAUDEL

Est-ce de ma faute si la jeunesse aujourd'hui cherche des maîtres un peu plus maigres ?
CHARLES PEGUY

La technique sans la mystique est un poison mortel.
CHARLES PEGUY

Toutes les pluies du monde n'ajouteront point un millimètre à une montagne; mais des pluies peu importantes peuvent lui enlever par la cime des mètres et des mètres de hauteur.
Ils espèrent qu'à force de déliter tout ce qu'il y a de grand ils réussiront peut-être à tout ramener à leur plat niveau. Et qui sait, c'est peut-être eux qui finiraient par paraître grands.
CHARLES PEGUY

Tout l'avilissement du monde moderne... vient de ce que le monde moderne a considéré comme négociables des valeurs que le monde antique et le monde chrétien considéraient comme non négociables.
CHARLES PEGUY

Des êtres qui ont perdu leur raison de vivre... Déchets des vieilles générations ou produits avortés des nouvelles. On ne rencontre que çà, quand on sait voir.
GEORGES BERNANOS


Si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût et d'ennui.
GEORGES BERNANOS

La guerre des Démocraties, la guerre des Peuples, la guerre Universelle a voulu son langage, universel lui aussi, oecuménique: pour le constituer, elle a pillé le spirituel, comme le reste...: roit, Justice, Humanité, Patrie, Progrès...
Tout ce que la Cathédrale avait jadis rassemblé le long de ses flancs énormes... s'éloigne, se disperse.
GEORGES BERNANOS, La grande peur des biens-pensants

La colère des imbéciles remplit le monde, elle n'épargnera rien, ni personne, elle est incapable de pardon.
GEORGES BERNANOS, Les grands cimetières sous la lune


L'honneur n'est pas un raffinement, c'est un instinct, comme l'amour...
Et chacun le fait à sa manière...
Les raisons de l'honneur ne tiennent pas debout. Mais les peuples ne peuvent pas se passer d'honneur, nous paierons cher d'avoir cru en nous plutôt qu'en lui.
GEORGES BERNANOS, Nous autres Français

Le monde moderne, c'est cet affaissement collectif, cette dépersonnalisation massive.
EMMANUEL MOUNIER

Toute Révolution qui ne s'accompagnera pas d'une Transfiguration mourra de sa mort.
EMMANUEL MOUNIER

L'esprit est las de son exil chez les savants et les bavards.
EMMANUEL MOUNIER

J'aime bien les paysans, ils ne sont pas assez instruits pour être bêtes.
MONTESQUIEU


La pure religion du pratique ne mènera jamais qu'à la guerre.
JULIEN BENDA, Discours à la nation européenne

Spinoza était ivre d'éternité; les séculiers sont dans leur rôle en étant ivres de contingence.
JULIEN BENDA, BELPHEGOR, haine de tout déterminisme

A la fin du XIXème siècle, se produit un changement capital : les clercs se mettent à faire le jeu des passions politiques. Ceux qui formaient un frein au réalisme des peuples s'en font les stimulants.
Le clerc s'est fait de nos jours ministre de la guerre.
Le moraliste est par essence un utopiste... et le propre de l'action morale est précisément de créer son objet en l'affirmant.
Le clerc moderne aura fait ce travail assurément nouveau : il aura appris à l'homme à nier sa divinité.
L'humanité moderne entend avoir dans ceux qui se disent ses docteurs, non des guides, mais des serviteurs. C'est ce que la plupart d'entre eux ont admirablement bien compris.
Orphée ne pouvait cependant pas prétendre que jusqu'à la fin des âges les fauves se laisseraient prendre à sa musique. Toutefois on pouvait peutêtre espérer qu'Orphée lui-même ne deviendrait pas un fauve.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, citations

Un Etat ne survit que dans le réalisme; réalisme que les chefs d'Etat ont toujours pratiqué. Autrefois, cependant, ils ne l'honorait pas et ne prétendaient pas que leurs actes fussent justes ou moraux.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, introduction

De là une humanité qui, manquant de tout point de repère moral, ne vit plus que dans l'ordre passionnel et dans la contradiction qui le conditionne; chose peu nouvelle, n'était que, grâce au prêche de nos nouveaux clercs, elle en prend conscience et fierté.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs


Le sentiment national des rois consistait surtout dans l'attachement à un "intérêt"; éprouvées par des masses, ces passions sont devenues bien plus "purement passionnelles", leur sentiment est l'exercice d'un "orgueil".
Cette susceptibilité du "populaire" rend la possibilité des guerres bien plus grandes aujourd'hui qu'autrefois.
Les peuples entendent se sentir, non seulement dans leur être matériel, mais dans leur être "moral".
La guerre politique impliquant la guerre des cultures, cela est une invention de notre temps. Heureux XVIIIème siècle où la guerre n'engendrait pas de haine durable, où le poison des animosités nationales n'était pas inoculé ni exaspéré par tous les moyens de l'Etat, y compris l'école.
Louis XIV annexant l'Alsace et ne songeant pas un instant à y interdire la langue allemande...
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, l'âge du politique


L'humanitarisme : amour pour les humains existant dans le concret.
Etat du coeur, fait d'âmes plébéiennes, exercé par des moralistes sans tenue intellectuelle en proie à l'exaltation sentimentale. "Scie patriotique" ou "embrassade universelle".
Seul l'humanisme permet d'aimer tous les hommes.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, les clercs, leur trahison

On arrivera ainsi à une "fraternité universelle" mais qui, loin d'être l'abolition de l'esprit de nation avec ses appétits et ses orgueils, en sera au contraire la forme suprême, la nation s'appelant l'homme et l'ennemi s'appelant Dieu.
Et dès lors, unifiée en une immense armée, en une immense usine, ne connaissant plus que des héroïsmes, des disciplines, des inventions, flétrissant toute activité libre et désintéressée, revenue de placer le bien au-delà du monde réel et n'ayant plus pour Dieu qu'elle-même et ses vouloirs, l'humanité atteindra à de grandes choses, je veux dire à une mainmise vraiment grandiose sur la matière qui l'environne, à une conscience vraiment joyeuse de sa puissance et de sa grandeur.
Et l'histoire sourira de penser que Socrate et Jésus-Christ sont morts pour cette espèce.
JULIEN BENDA, La trahison des clercs, vue d'ensemble, pronostics

Au XIXème siècle, vous vous êtes mis à concevoir l'idéal comme sortant du réel par voie de continuité, par "évolution".
Entre le terrestre et le divin, il y eût, désormais, différence de degré, non de nature.
L'éternel, enseignent maintenant vos écoles, "s'amorce dans le temporel".
On apprenait aux hommes que le divin, par une condescendance de sa nature, devient l'humain. Mais on ne leur a jamais dit que l'humain, par un haussement de la sienne, devient le divin.
JULIEN BENDA, Discours à la nation européenne

Cette humanisation du divin vous a menés à le doter d'attributs fort nouveaux.
D'abord, le divin est aujourd'hui lié aux circonstances. Mieux, il doit être "adapté" à ces circonstances. Jadis, c'étaient les circonstances qui devaient regarder vers l'idéal. Maintenant, c'est l'idéal qui doit "s'inspirer des circonstances". C'est tout le marxisme.
Etant circonstancié, le divin "varie" avec les circonstances. Il se "développe" avec le temps. Mieux, il se "perfectionne" avec le temps, s'affirme de plus en plus en tant que divin. Dieu aujourd'hui est "progressiste".



Et comment progresse-t-il ? Rencontrant incessamment des obstacles, il entre en lutte avec eux et les surmonte. D'où ce troisième attribut : "le divin est maintenant du genre guerrier et conquérant".
Evident chez Hegel, chez Marx, chez Nietzsche, pour qui le souverain principe est celui par lequel l'être "doit toujours se dépasser"...
JULIEN BENDA, Discours à la nation européenne

Napoléon personnifie la réponse ironique et dure des militaires du XIXème siècle aux songes littéraires du XVIIIème.
CHARLES MAURRAS

La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d'argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire.
CHARLES MAURRAS

Il n'y aura plus que la violence virtuelle du consensus, la simultanéité en temps réel du consensus mondial - c'est pour demain et ce sera le début d'un monde sans lendemain.
JEAN BAUDRILLARD, sur le Nouvel Ordre Mondial, à propos de la
guerre dite du "Golfe"

Ce que je reproche à l'égalité ce n'est pas d'entraîner les hommes à la poursuite des jouissances défendues; c'est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises.
Ainsi, il pourrait bien s'établir dans le monde une sorte de matérialisme honnête qui ne corromprait pas les âmes, mais qui les amollirait et finirait par détendre sans bruit tous leurs ressorts.
ALEXIS de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique, III, 11,
l'Américain et le goût du bien-être

Le respect de l'histoire est inconnu à cet homme, qui ne conçoit le monde que comme contemporain de lui.
Madame De STAEL, sur Bonaparte

Dieu est mort, près de trois quarts de siècle plus tard une autre affirmation, moins proférée que murmurée dans l'angoisse, vient aujourd'hui faire écho : l'homme est en agonie.
GABRIEL MARCEL


En fin de compte l'utilité n'est comme le reste, qu'un jeu de notre imagination et pourrait bien être la bêtise néfaste par quoi un jour nous périrons.
FRIEDRICH NIETZSCHE

Le plus grand malheur qui puisse frapper l'humanité c'est que les puissants ne soient pas les premiers en valeur.
FRIEDRICH NIETZSCHE, le vieux roi

Le nihilisme, c'est la constatation de la vanité de l'effort pour remplacer Dieu.
FRIEDRICH NIETZSCHE

On n'agira plus que suivant les trois M : le moment, le milieu et la mode.
FRIEDRICH NIETZSCHE, traduction


Si les hommes sont si mauvais avec le secours de la religion, que seraientils sans elle ?
BENJAMIN FRANKLIN

Mirabeau, ce grand homme, a senti de bonne heure que la moindre vertu pouvait l'arrêter sur le chemin de la gloire, et jusqu'à ce jour, il ne s'en est permis aucune.
RIVAROL

Une civilisation de l'homme seul ne dure pas très longtemps.
ANDRE MALRAUX

Le peuple ne refuse pas notre culture parce qu'elle est trop haute, mais parce qu'elle est trop basse.
SIMONE WEIL ( la grande, avec un W )

Le progrès, cette idée athée par excellence.
SIMONE WEIL ( la grande, avec un W )


Quand le monde cesse de reconnaître Dieu il devient un coupe-gorge.
ERNEST RENAN

De même que l'homme consommé en vertu est le meilleur des animaux, de même, l'homme sans loi et sans justice est le plus mauvais de tous...
ARISTOTE, cité par saint Thomas d'Aquin

Les âmes humaines deviennent nécessairement plus libres quand elles s'établissent dans la contemplation de l'intelligence divine que quand elles se dispersent dans le monde corporel.
BOECE

" La demeure de l'homme s'est effondrée. L'homme est devenu fenêtre au lieu de miroir. "

" A un certain degré de technicité et de spécialisation, toute science sans conscience devient terroriste. "

" L'humanité croyant construire un empire s'est construit une caverne. "

Sachant ce qu'est une existence loin de toute transcendance on peut imaginer le sort malheureux et désespéré d'une humanité ainsi lotie.
Avec cette circonstance aggravante que le nombre n'est pas un facteur d'amélioration existentielle, au contraire, il est multiplicateur de toutes les turpitudes et de tous les tourments.


CF aussi : 5A : ( Les "Lumières" ).
5B : ( l'Evolutionnisme ).





1993 Thesaurus - La QUESTION de DIEU