1993 Thesaurus - Le SORT d'un MONDE sans TRANSCENDANCE


La GNOSE, toujours renaissante, ( "new age" )



La foi ne peut plus être relayée un jour, après la période d'enfance du royaume du Père et la période de jeunesse du royaume du Fils, par un âge de l'esprit qui serait un âge des lumières, où l'on n'obéirait plus qu'à sa propre raison, en faisant subrepticement passer celle-ci pour l'Esprit-Saint.
JOSEPH RATZINGER, Jésus-Christ, accomplissement et espérance

Dieu ne s'ouvre pas au moi isolé.
JOSEPH RATZINGER

Quelle figure misérable font par exemple toutes les initiations aux mystères divins dans les apocalypses et les gnoses, comparées à l'amour du Fils de Dieu, qui va mourir pour tous les pécheurs et pour moi-même dans la nuit de Dieu et de l'enfer !
H. URS Von BALTHASAR

L'esprit s'abandonne lui-même et se disloque, lorsqu'il se divise en un esprit inférieur et un esprit supérieur, en un entendement fonctionnant en soi d'une manière autonome et une raison mise en réserve pour certaines fins philosophiques ou religieuses.
H. URS Von BALTHASAR

De façon spécieuse, par l'art des discours, ils attirent d'abord les simples à la manie des recherches.
Par une vraisemblance frauduleusement agencée, ils séduisent l'esprit des ignorants...
Saint IRENEE, sur les procédés des gnostiques

Eux, c'est en toute propriété qu'ils possèdent la grâce ( sans avoir à la solliciter et à l'obtenir ).
Saint IRENEE, sur les gnostiques


Ils s'accaparent des qualités dont même les anges hésiteraient à se charger.
Saint IRENEE, sur les gnostiques

Les gnostiques professent la philosophie d'Epicure et l'indifférence des Cyniques tout en se vantant d'avoir pour maître Jésus-Christ.
Saint IRENEE

Ils disent "C'est Vénus l'auteur de cette action, ou Saturne, ou Mars", pour décharger l'homme de toute faute...
Saint AUGUSTIN, sur l'astrologie

A force de parler on dit sans s'en douter bien des choses qui arrivent, il suffit de ne pas se taire pour tomber juste.
Saint AUGUSTIN, sur l'astrologie

Je croyais encore que ce n'est pas nous qui péchons, mais je ne sais quelle nature étrangère qui péche en nous; et mon orgueil se complaisait à l'idée de n'avoir aucune part au péché...
Saint AUGUSTIN, sur le manichéisme

Une sorte de mystique passe-partout, forme possible de toutes espèces de contenus inessentiels. Quelque chose comme un pur formalisme mystique qui évacue toute présence réelle, toute histoire, toute rencontre.
Transcendantalité sans transcendance...
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler, sur la quête actuelle
d'une spiritualité aseptisée


Une énergie diffuse, ou bien une super-société sans coeur ni visage, ne sont-ce pas les formes sous lesquelles la néo-religion terrestre essaie de se représenter confusément la divinité ?
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

On mélange infra-morale d'ordre social et supra-morale d'ordre mystique, rien ne peut sortir de ce mélange.
JACQUES MARITAIN, sur le Bergsonisme



L'erreur de Kierkegaard et Chestov a été de croire que pour glorifier la transcendance il fallait briser la raison, alors qu'il faut l'humilier devant son auteur et en cela même la sauver. "Tout ce qui vient du rien tend de soi vers le rien".
Saint Thomas, distinguant pour unir, n'en distinguait que plus nettement et fortement.
Sa lutte a été de faire reconnaître Aristote et de renverser Averroes, c'est-à-dire tout à la fois de faire reconnaître l'autonomie essentielle de la philosophie et de la joindre vitalement, dans son exercice humain, aux lumières supérieures de la sagesse théologique et de la sagesse des saints.
Il y a donc une philosophie chrétienne.
L'existentialisme de saint Thomas d'Aquin associe, identifie partout l'être et l'intelligibilité. Descartes et la philosophie rationaliste ont posé une inimitié insurmontable entre l'intelligence et le mystère, et c'est là l'origine la plus profonde de l'inhumanité foncière de la civilisation à base rationaliste.
Saint Thomas réconcilie l'intelligence et le mystère au coeur de l'être, au coeur de l'existence. Et par là il délivre notre intelligence, il la rend à sa nature en la rendant à son objet.

Pour l'homme et sa pensée la paix est toujours une victoire sur la discorde, et l'unité le prix du déchirement souffert et surmonté.
Le mot de saint Paul vaut aussi dans l'ordre de l'esprit : sans effusion de sang il n'est pas de rédemption.
La gloire d'exister et la saveur de l'existant que l'homme a tant voulu connaître ne lui font face qu'avec une indifférence infinie et n'ont jamais voulu se donner à lui, c'est lui qui a voulu les prendre; et donc dès l'origine il acceptait la déception, car on encourt une déception inévitable à vouloir prendre ce qui ne veut pas se donner.
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, Ecce in Pace


Pour être vaillants dans la vie nous avons besoin d'un allié puissant avec qui nous échangerons des services personnels.
Si le monde ne doit pas sombrer dans la barbarie un nouvel humanisme devra se faire jour pour intégrér, incorporer... pour remettre la raison en relations vitales et organiques avec le monde irrationnel de l'affectivité, de l'émotion, comme avec le monde de la volonté.
Cet humanisme est inconcevable si la philosophie qui l'inspire n'est pas une philosophie chrétienne, en continuité existentielle avec la théologie et avec la foi.
JACQUES MARITAIN, de Bergson à Thomas d'Aquin, aspects contemporains
de la pensée religieuse



"Le déroulement des temps n'est qu'un devenir sans substance, ou rien ne se passe parce que tout y passe".
JEAN GUITTON, sur les philosophies des cycles sans fin...

Nous sommes tous des cathares en puissance. Aveuglés par la recherche de la pureté nous fermons notre esprit à la recherche de la vérité.
Le problème est de toujours, car toute grande hérésie existe d'une manière plus ou moins latente dans les structures de l'intelligence.
Le gnosticisme est d'abord une méditation sur le mal et c'est pourquoi il n'est pas étonnant de le voir apparaître aux époques d'angoisse ou de désespoir, à notre époque.

Trois réponses au problème du mal :
- Panthéisme ou athéisme classique de type scientiste : pas de mal en soi, tout a sa raison d'être dans la nature. Conception incompatible avec l'existence de la liberté.
- Judaïsme et christianisme : Dieu et la création sont bons, mais le mal est possible du fait d'un mauvais usage de la liberté par les anges et par les hommes.
- Gnosticisme : Dieu est bon, mais la création est mauvaise puisqu'en elle le mal triomphe. Donc la création n'a pas été voulue par le Dieu bon. Elle est donc l'oeuvre d'un Dieu du mal ( manichéisme ) ou, plus subtilement, il y a un principe de dégradation, une nécessité de chute qui est inhérente à l'acte même de créer et auquel Dieu est soumis dans son rôle de créateur.
Dieu n'est donc l'Absolu, le Tout-Pur que lorsqu'il est non créateur.
Donc au plan pratique : horreur du créé, de l'existence dans le temps.
Chez les cathares : non-procréation, suicide mystique. Dissociation entre le pur et l'impur, l'esprit et la matière.

D'une part le mal absolu, l'impur, qui est le créé et d'autre part le bien absolu, le tout pur, qui est l'incréé. On est prié de ne pas mélanger.
Nous rêvons tous d'un monde où les choses seraient tranchées, non ambiguës ... nous redoutons les mélanges, les compromis, les incertitudes. ( La maîtresse et l'épouse ), ce que fait la partie basse ne souille pas la partie haute ( l'esprit ), c'est la dissociation gidienne.
Commodité pour suivre un film de savoir qui sont les bons et les méchants.
Le catharisme est reposant pour l'esprit. Mais le pur conduit à l'erreur et au mensonge. Il faut accepter de se compromettre et de se souiller pour comprendre le monde, pour essayer de changer le réel.
Si je ne puis aimer que d'un amour parfait, alors je n'aime pas.
Si je ne puis combattre que pour un idéal sans tâche, alors je ne me bats pas. Ce que j'appelle amour ou combat n'est que mensonge sur ma lâcheté. si je me veux parfait, alors il ne me reste qu'à mourir et ma présence aux autres est mensonge et insulte envers mon prochain.


Est appelé "impur" celui qui s'oppose au faux pur; celui qui refuse de séparer l'ivraie du bon grain, qui vit le mélange, accepte de chercher entre le tout et le rien...
Dénoncer les "bons sentiments" et leur préférer l'impur de la pâte humaine afin, par la raison, de conduire l'homme au-delà de lui-même : tel est le projet de sublimation.
JEAN GUITTON, L'impur, préface


Les sociétés rationnelles se sont toujours considérées comme les germes d'une société pure qui pourrait s'étendre telle quelle à la terre entière.
Puisque le dernier bien est absolument pur, il est la raison incarnée, le premier moyen peut être absolument impur ( violence et ruse ).
Fascination du bien conçu comme absolu.
Le caractère immaculé de la fin verse son innocence sur le moyen sanglant.
Les purs sont violents, et les violents se sentent purs.
La violence abrège le temps de la douleur ( invention de Guillotin ! ).
Tout ce qui est pur s'isole, tout ce qui est isolé se perçoit comme pur.
JEAN GUITTON, L'impur, la conspiration, la fin et les moyens

Comment être sans être séparé, en rétablissant entre la chair et l'esprit la continuité et l'unité ?
Le pur ne résulte pas d'une ségrégation, mais d'une assomption, d'une sublimation.
Il faudra expliquer le mode d'union, de conjonction, de conspiration entre l'esprit et la chair, ce mystère.
JEAN GUITTON, L'impur, la sublimation, la chair et l'esprit

Réaliser l'esprit hors de la lettre n'est possible qu'en apparence, on ne peut pas ne pas faire de prose en parlant...
L'ennui c'est que l'esprit se croit sans lettre, l'incroyant sans croyance, le négateur sans foi et sans "oui".
Celui qui substitue une lettre à une autre lettre, se croyant pur esprit, trouve des difficultés pires que les anciennes.
Le mot de "passion" désigne à la fois l'excès de l'amour et l'excès de la douleur !
JEAN GUITTON, L'impur, la négation, y a-t-il un au-delà de Mallarmé ?



La pensée hégélienne, et marxiste, est essentiellement fondée sur l'idée que la vie avance de synthèse en synthèse vers des états de plus en plus compréhensifs, où l'antithèse provisoire ne sert qu'à faire jaillir plus haut la synthèse.
Or, à l'hypothèse du devenir succède aujourd'hui la crainte, qui remplace l'espoir, car nous savons désormais que la survie de notre espèce est menacée, dans un avenir très proche, par suraccélération.

La solution cathare consiste à se retirer du flux, à laisser l'évolution poursuivre sa route impure et fatale et à se concentrer dans une citadelle de pureté.
Là, dans ce réduit, les "purs", les ascètes, les ermites livreraient un dernier combat. Et le dernier Adam, entouré de la dernière Eve, ressemblerait au premier Adam et à la première Eve.
Le catharisme obtient dans un instant suprême ou dans un retranchement absolu, dans une solitude égoiste, dans une société secrète "l'instant de pureté".
Retrait, soustraction et désertion du monde.
Le mouvement hippy.


Mais une philosophie de l'Incarnation implique "composition" entre l'élément éternel de nous-même et l'élément temporel, entre matière et forme, puissance et acte, la loi de l'être qui nous est donnée, celle de l'être créé.
Le transistor auquel il faut pour fonctionner un atome impur, serait impuissant s'il était cathare. il faut admirer l'effort vers l'absolu du pur et en même temps le restreindre par l'incarnation, par l'insertion dans la pâte.
Sauf exception nous n'avons pas à choisir entre le tout et le rien, mais seulement entre le "pur-pur" et le"pur mélangé d'impur", c'est-à-dire le "pur incarné".
JEAN GUITTON, L'impur, la négation, la dernière heure



On a remplacé la division du moi par un dédoublement, on vit sur deux étages, par une partie réputée intacte, pure, divisée de soi, au-dessus de la division intime ( tel J. J. Rousseau ).
Le pur est tenu pour une particule isolable et d'autant plus pure que le reste l'est moins. cf : Les projets généreux non accrochés à un appel particulier et humble, le professeur de vertu et le bourreau des périodes révolutionnaires.
Lorsqu'on ne veut pas d'enfants on adhère plus fortement aux droits de l'homme.

Pour se détacher il faudrait redevenir nomade, s'évader sans cesse...
L'âme n'est plus alors qu'une volonté palpitante, impersonnelle...
Elle existera à un niveau qui sera au-dessus du temps, dans une sorte d'extase, et à un niveau au-dessous du temps dans la pulsation, la secousse et la saccade.
La femme des carrefours et la femme rêvée ( selon Baudelaire ).
Cette division de la femme entre fonction vénale et fonction de vénération est typique de cette fausse pureté de dédoublement qui brise l'unité de l'être en dissociant son incarnation.
L'être dédoublé est châtié, il devient être dissocié dont les "engagements" se succèdent et que sa partie haute regarde d'ailleurs de haut. cf : les héros de Montherlant, de Sartre, de Malraux, de Camus même...
Dans le roman contemporain, il n'y a plus de récit, seulement des événements bruts, non liés...

Pour éviter l'idée de but, de bien, le mot de choix est préféré à celui de liberté ou de libre arbitre.
Il ne s'agit plus de savoir si on préfère Dieu à soi, ou soi à Dieu, mais quel niveau de soi appelle t-on soi ? Quelle face de soi choisit-on pour l'abstraire, la vivre...
Dédoublement de l'homme comme remplacement de la dualité.
Le cabaret est au rez-de-chaussée, la chapelle est en haut, c'est une assez bonne maison.
Toute conduite lâche secrète une fausse pureté généreuse, où l'on se rassure et se rachète.
Le conflit normal oppose en moi le moi à des choix.
Le conflit anormal s'installe dans le moi et le dissocie ( Nietzsche ).
A l'extrême le conflit serait une scission de l'être avec lui-même, contenu de la notion de damnation ? "Nous sommes enfermés hors de nous-même". ( P. Valéry ) Lorsque l'absurdité cesse d'être dans le monde pour être en nous-même, alors nous sommes enfermés dans le temps, comme la théologie enseigne que les damnés le sont dans l'éternité.



La Gnose attaquait l'essence de la propagande : l'idée d'une Bonne Nouvelle prêchée à tous.
Peut-on croire en Jésus et accepter la réalité accablante, indéniable du mal ?
Toutes les religions ou les doctrines ont eu leur gnose : Manichéisme chez les Perses,
Hermétisme chez les Grecs,
Ismaélisme en Islam,
Kabbale juive,
Alchimie médiévale,
Théosophie romantique,
Occultisme moderne,
Surréalisme contemporain.
La Gnose reparaît toujours aux graves époques de crise sociale et politique.
La Gnose délivre du scandale du mal, elle anticipe sur la béatitude, je ne suis pas séparé de Dieu, je n'ai pas à espérer, seulement à me reposer. "Ce n'est pas moi qui pèche, mais je ne sais quelle nature mauvaise, en moi présente". ( st Augustin, parlant de son époque manichéenne ) L'hallucination de la souillure n'est pas la conscience du péché.
La psychanalyse "gnosticise" : elle transforme le péché en souillure, l'aveu en défoulement, l'examen de conscience en analyse du contenu de la conscience, le confesseur en médecin. Je vomis ma faute, je ne la reconnais pas.
JEAN GUITTON


Vous vous possédez vous-même en faisant de votre propre personne le sujet permanent de votre considération...
ANDRE FROSSARD, faisant parler le Diable

L'abdication de l'esprit soit dans l'esseulement de l'insularité, soit dans l'absorption au sein du tout.
GEORGES BASTIDE

Narcisse demande à la vue toute pure de le faire jouir de sa seule essence; et le drame où il succombe, c'est qu'elle ne peut lui donner que son apparence.
LOUIS LAVELLE


Le crime de Narcisse c'est de préférer à la fin son image à lui-même.
LOUIS LAVELLE

Les hommes prennent souvent leur imagination pour leur coeur.
BLAISE PASCAL

Ainsi les spirites... Ils croient servir la foi, parce que le diable leur montre ses cornes de temps en temps "C'est une preuve matérielle de l'existence de l'autre monde." L'autre monde démontré matériellement !
En voilà une idée ! Enfin, cela prouverait l'existence du diable, mais non celle de Dieu.
DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, Le diable

L'idée d'un devenir, d'un être qui peut sauter hors de sa forme, me semble un véritable monstre et le dernier degré de l'absurdité.
PAUL CLAUDEL


La théorie du "Retour éternel" ( réincarnation ) de Nietzsche et de Maeterlinck, n'est que la théorie lyrisée de la conservation de l'énergie.
JULIEN BENDA, Belphégor

Quand le peuple ne croira plus à l'Immaculée conception, il croira aux tables tournantes.
GUSTAVE FLAUBERT

Les ouvrages dont les titres étaient pour eux inintelligibles leur semblaient contenir un mystère.
Et n'ayant plus d'idées, ils eurent plus de souffrance.
Le spiritisme pose en dogme l'amélioration fatale de notre espèce.
La terre deviendra un jour le ciel, et c'est pourquoi cette doctrine charmait l'instituteur.
Sans être catholique, elle se réclame de saint Augustin et de saint Louis.
Allan-Kardec publie même des fragments dictés par eux et qui sont au niveau des opinions contemporaines. Elle est pratique, bienfaisante, et nous révèle, comme le télescope, les mondes supérieurs.
Les esprits, après la mort et dans l'extase, y sont transportés. Mais quelquefois ils descendent sur notre globe, où ils font craquer les meubles.
GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet


L'on perd bientôt sa route à chercher trop de voies.
C. HUYGENS

Quand on ne croit plus au Paradis, on commence à croire au spiritisme.
MIRCEA ELIADE

" Nous ne pouvons être le fruit de la déchéance gnostique, le non aimé.
Ou la lumiére remplit tout, ou elle n'est pas la lumière. "

" La distance homme / Dieu est infinie.
On ne gravit pas l'échelle par la gnose, mais par la nuit mystique, Dieu Lui peut descendre. "

" MON esprit ! "

" La sécularisation ne produit pas l'incroyance, mais la crédulité à toutes les gnoses. "

" Divisée entre esprit inférieur et esprit supérieur la personne se disloque. "

" Si le monde est mauvais on peut tout faire. "

" L'idole, c'est l'image que l'homme se donne pour satisfaire son besoin de voir. "

" Le cocooning contre la transhumance. "

" Pour un gnostique le salut ne dépend pas de la grâce de Dieu, mais de la découverte par l'homme de son essence. " Bon courage aux explorateurs !

La perpective d'une existence future impersonnelle, reliée éventuellement à d'autres êtres eux-mêmes impersonnels, est effrayante.


La théorie de la réincarnation ne fait que repousser le problème de ma destination.
D'ailleurs que m'importe de revivre ( ou plutôt de reexister ) si je ne me reconnais pas comme moi-même.
En appréhendant la mort c'est la disparition de mon Moi que je redoute.
Quel soulagement m'apporterait d'être aujourd'hui un autre qui ne serait pas moi et que je ne peux en rien imaginer ? D'ailleurs puis-je envisager cette dernière hypothèse un seul instant ( Moi sans Moi, Moi non Moi ) ?
Alors que je peux concevoir en idée une existence future dans laquelle je resterai Moi ( Résurrection ), même si l'effort de foi n'est pas facile.


Sur le plan temporel le "Nouvel Age" est étroitement lié à l'ambition politique d'un "Nouvel Ordre Mondial" et d'un gouvernement mondial contrôlé par des "initiés", manipulateur des peuples et destructeur de leur identité.
Il utilise des aspirations spirituelles éveillées par le christianisme et l'état de manque spirituel actuel de l'humanité.
Dépourvu de transcendance et au service d'intérêts idéologiques et matériels occultes mais très temporels il ne peut mener à terme qu'à la catastrophe personnelle et générale. Babel moderne.
On peut d'ailleurs penser que telle est l'intention, non certes de ses adeptes, mais du soutien organisé et orchestré qu'il reçoit.
Le vieil instinct de mort de l'humanité, celui reçu lors de la "Chute", est toujours bien là.


CF aussi : 5B : ( L'inquisition ).
7 : ( Le Nouvel Âge ).





La FOI en général : la foi CATHOLIQUE et le SPECIFIQUE du Catholicime



La foi chrétienne n'a pas seulement pour objet ce qui est éternel, en dehors de notre monde et en dehors du temps; son objet immédiat, c'est plutôt le Dieu qui est entré "dans" l'histoire.
Comblant le fossé entre l'éternel et le temporel, entre le visible et l'invisible, introduisant pour ainsi dire l'Eternel dans le monde, la foi se reconnaît comme révélation.
JOSEPH RATZINGER, le dilemme de la foi

Au lieu d'une paisible contemplation du mystère ineffable, il nous faut nous limiter à une seule figure et placer le salut de l'homme et du monde sur le bout d'aiguille d'un point fortuit de l'espace et du temps.
JOSEPH RATZINGER, le scandale du "positivisme" chrétien

Le chrétien n'esquisse pas un programme pour la transformation du monde, il ne se considère pas non plus comme un simple chaînon dans la suite des événements passés.
Le processus de la foi n'appartient pas à la relation "savoir/faire" de la pensée centrée sur l'opérationnel; il correspond plutôt à une relation différente : "Prendre appui/comprendre".
JOSEPH RATZINGER, point d'insertion de la foi

La foi : "Don gratuit de Dieu à l'homme" ( Catéchisme de Pie X ).
"L'abandon total de l'homme à Dieu" ( nouveaux caté. nationaux ).
"Adhésion à la vérité" ( projet du nouveau caté. universel ).
La foi chrétienne c'est reconnaître que le don précède l'action, sans pour autant déprécier l'action. C'est parce que nous avons reçu qu'il nous est possible de "faire".
JOSEPH RATZINGER, la foi : prendre appui - comprendre

La foi naît de la "prédication" et non de la "réflexion" comme la philosophie. Elle ne vise pas à concevoir mais à accueillir une donnée, non un produit personnel.
Elle se présente de l'extérieur, elle est parole d'un autre; sauf rares exceptions, on ne trouve pas la foi, on la reçoit.
La double structure : interpellation venant du dehors et réponse personnelle, lui est essentielle. Elle n'est donc pas adaptable à loisir, interchangeable.
Elle m'est imposée toute préparée et me procure ce que je ne saurais me donner à moi-même. De là découle la priorité de la parole sur la pensée et également le caractère social de la foi.
C'est dans la mesure seulement où l'homme se communique lui-même, que le 'logos' par excellence s'incorpore, avec le 'logos' humain, dans la parole de l'homme.
JOSEPH RATZINGER, le symbole : foi et parole


La foi chrétienne ne se réfère pas à des idées, mais à une personne, à un "Moi", défini comme parole et fils, c'est-à-dire comme ouverture totale.
Elle se réfère à un homme qui est tout entier ce qu'il fait, derrière ce qu'il dit, pour les autres, se "perdant" mais restant entièrement lui-même.. la plénitude de l'humain.
JOSEPH RATZINGER, Jésus-Christ, Jésus le Christ


L'éternité n'est pas ce qu'il y a de plus ancien, ce qui était avant le temps, mais ce qui est tout autre; elle est pour chaque moment du temps qui passe l'aujourd'hui, elle est pour lui présent, elle n'est pas enfermée entre un "avant" et un "après", elle est au contraire puissance du présent en tous les temps.
L'éternité n'est pas à côté du temps, elle est la force créatrice qui porte tous les temps, qui englobe le temps qui passe en son unique présent et lui permet d'être.

Jésus-Christ est réellement la "porte" entre Dieu et l'homme, le "médiateur" en qui l'Eternel se trouve avoir un temps.
En Jésus nous pouvons, nous hommes temporels, trouver un interlocuteur temporel, notre "contemporain"; et en lui qui partage avec nous la temporalité, nous touchons en même temps l'Eternel, parce qu'il est temps avec nous et éternité avec Dieu. "C'est pourquoi le Fils qui a du temps pour Dieu dans le monde est le lieu originel dans lequel Dieu a du temps pour le monde. Dieu n'a pas de temps pour le monde, sinon dans le Fils, mais en lui il a tous les temps". ( cité de H. U. von BALTHASAR ).
JOSEPH RATZINGER, "est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu
le Père tout-puissant"


Le noeud de la désobéissance d'Eve a été dénoué par l'obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi.
Saint IRENEE


Les philosophes qui, pour le destin de l'homme, en savent moins qu'une petite vieille dans la simplicité de sa foi.
Saint THOMAS d'AQUIN

L'entendement intellectuel n'est que tribut payé à notre propre pesanteur.
Saint JEAN de la CROIX


L'Evangile n'est pas une doctrine collectiviste. Dieu ne compte pas les êtres humains par masses... Il ne sait compter que jusqu'à un.
Les dogmes ne fixent pas à l'intelligence des limites qu'il lui serait interdit de franchir, ils l'attirent au-delà des frontières du visible; ce ne sont pas des murs, ce sont des fenêtres dans notre prison.
C'est Dieu, et lui seul, qui peut nous sauver du déterminisme, et l'acte de foi est l'acte le plus libre qu'un être humain puisse accomplir, car rien ne l'y oblige.

Un dogme est la présentation théologique d'un mystère, et le mystère est la nourriture naturelle de l'intelligence : la science elle-même va de mystère en mystère...
La religion, elle, s'intéresse moins à l'origine des êtres qu'à leur destination, il lui importe moins de savoir comment l'homme est constitué, que de savoir quelle est sa vocation.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions


" Le chrétien sait faire et refaire l'unité entre la foi et la raison, la foi éclaire la raison et la raison aide la foi.
Leur séparation est la première des dialectiques pernicieuses. "

" La vie chrétienne ne se réalise pas à travers un symbolisme, mais dans une rencontre personnelle avec Dieu. "

Le spécifique du catholicisme ne s'explique pas. Il s'éprouve dans l'éblouissement de l'être ( après vient la nuit et le labeur ! ).
Il se maintient dans la certitude définitive ( malgré nos abandons ) de la non-solitude, celle de l'être assuré qu'On veille sur lui.






Le DIEU PERSONNEL chrétien et la PERSONNE CREEE



La foi chrétienne vit de cette vérité qu'il n'y a pas seulement un sens objectif, mais que ce sens me connaît et m'aime. Ainsi foi, confiance et amour ne forment finalement qu'une seule chose.
JOSEPH RATZINGER, "Je crois en Toi"

Le chrétien répondait aux païens que son Dieu ne ressemblait ni à Zeus ni à Dionysos, mais plutôt à l'Etre Suprême dont parlait les philosophes d'alors.
Le choix ainsi opéré signifiait l'option pour le 'logos' contre toute espèce de 'mythos', la démythologisation définitive du monde et de la religion.
La foi chrétienne a opté contre les dieux des religions pour le Dieu des philosophes, c'est à dire contre le 'mythos' de la seule coutume pour la vérité de l'être lui-même.
JOSEPH RATZINGER, Dieu, l'option de l'Eglise pour la philosophie

Le Dieu des philosophes est essentiellement ordonné à lui-même, il est pure pensée, se contemplant elle-même. Le Dieu de la foi, au contraire, est défini fondamentalement par la catégorie de la relation. Il est l'Immensité créatrice qui embrasse la totalité.
Le Dieu des philosophes est pensée pure. Le Dieu de la foi est amour.
Pour lui, penser, c'est aimer. Ce n'est plus la pensée qui est divine, c'est l'amour.
JOSEPH RATZINGER, Dieu, transformation du Dieu des philosophes

"Père" et "Maître de toutes choses" réunissent dans le symbole l'unité paradoxale du Dieu de la foi et du Dieu des philosophes.
JOSEPH RATZINGER, Dieu, dans le symbole

Le chrétien voit dans l'homme non pas un individu, mais une personne.
C'est dans ce passage de l'individu à la personne qu'apparaît toute l'étendue du chemin qui va de l'antiquité au christianisme, du platonicisme à la foi.
JOSEPH RATZINGER, Dieu, le dieu personnel


En reconnaissant Dieu, le Sens créateur, comme Personne, la foi chrétienne le confesse comme connaissance, parole et amour.
Reconnaître Dieu comme Personne, c'est donc nécessairement le reconnaître comme exigence de relations, comme "communication", comme fécondité.
Un être absolument un, qui ne serait ni origine ni terme de relation ne pourrait être une personne. La personne au singulier absolu n'existe pas.
JOSEPH RATZINGER, Dieu, la foi au Dieu un et trine

Si nous célébrons si solennellement la naissance de Jésus, nous le faisons pour témoigner que chaque homme est unique et irremplaçable.
JEAN-PAUL II

Il existe une interdépendance et une réciprocité entre personne et société, tout ce qui se fait en faveur de la personne est fait au service de la société, et tout ce qui se fait pour la société tourne aussi au bien de la personne.
JEAN-PAUL II, les fidèles laics

Car on peut croire à bien des choses, mais on ne donne à proprement parler sa foi qu'à quelqu'un.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, l'Eglise est un mystère


Qu'est-ce qui t'appartient autant que toi et qu'est-ce qui t'appartient si peu que toi-même ?
Saint AUGUSTIN, à propos de notre Moi

Appelée par son nom Marie de Magdala reconnaît aussitôt son créateur, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-la même qui lui enseignait intérieurement à le chercher.
Saint GREGOIRE le grand

Les fleuves retournent au lieu d'où ils viennent... L'origine et la fin, le bien et la fin sont identiques.
MAÎTRE ECKHART, sur l'âme issue de la Création et son retour à Dieu


Ne dis rien sans Lui, et Il ne dira rien sans toi.
Si je Lui donne tout ce que je suis, Il me donnera tout ce qu'Il est.
MAÎTRE ECKHART

A la source l'être ne s'est pas encore drapé dans l'opacité de son "il y a"; il est encore transparent de l'acte créateur du "Je suis".
Ici ne coule encore que l'originelle liberté...
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler

Saint Augustin ne trouvait le Seigneur ni sur les places ni dans les rues, ni où il le cherchait, mais en lui-même.
Sainte THERESE d'AVILA

Il faut chercher Dieu premièrement...
Si nous faisons les affaires de Dieu, Il fera les nôtres.
Saint VINCENT de PAUL

On n'est pas chrétien de naissance, la pesanteur s'y oppose.
Le Christianisme... seul courant humain en vue où vive... la foi en un centre personnel et personnalisant de l'univers.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Nous ne saurions être fondamentalement heureux que dans une personnelle unification avec quelque chose de Personnel dans le Tout, avec la Personnalité du Tout.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Notre élan n'aboutira qu'à nous replonger dans de la super-matière s'il ne nous mène à quelqu'un.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN

Connaître n'est pas faire, mais être ou devenir, d'une certaine manière, en un achèvement intérieur.
En connaissant je ne deviens pas "autre", je deviens "l'autre".
La connaissance précède la réflexion comme la nature précède la connaissance.
JACQUES MARITAIN


Avant de savoir que Pierre est un homme, je l'ai d'abord atteint comme quelque chose, comme un être... ce qui est le premier connu et en quoi tout objet de pensée se résout pour l'intellect, c'est l'être.
Pour apercevoir l'être il faut laisser tomber tout le manteau du sensible et du particulier.
L'être est l'objet formel de l'intelligence, dans tout ce qu'elle connaît, elle atteint l'être.
Il n'y a que les sujets individuels qui exercent l'acte d'exister.
JACQUES MARITAIN, sur l'être


Quand un homme est éveillé à l'intuition de l'être, il est éveillé en même temps à l'intuition de la subjectivité, il saisit dans un éclair qui ne passera pas le fait qu'il "est un moi".
La limite à laquelle se heurte la philosophie, c'est qu'elle connaît les sujets sans doute, mais les connaît comme objets, elle s'inscrit dans la relation d'intelligence à objet, tandis que la religion s'incrit dans la relation de sujet à sujet. C'est pourquoi toute philosophie qui prétend assumer en elle-même et intégrer la religion ( Hegel ) est une mystification.
Les autres hommes me connaissent comme objet, non comme sujet.
Dieu me connaît tout entier, en tant même que sujet.
Ainsi sans Dieu personne ne me connaîtrait dans ma vérité, personne ne ferait justice à mon être, donc il n'y aurait aucun espoir possible pour moi.
Inconnu de Dieu, mais cependant expérimentant mon existence personnelle et ma subjectivité, je connais l'expérience de la solitude désespérée...

C'est aussi savoir que je suis "compris". Même si Dieu me condamne je sais qu'il me comprend. "Scruter les reins et les coeurs" ne remplit d'épouvante qu'au premier abord.
Savoir qu'on est connu de Dieu n'est pas seulement une expérience de justice, c'est aussi une expérience de miséricorde.
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, l'existant

L'idée est liée à l'acte libre de l'homme qui devient ainsi un centre dramatique d'initiative dans la conversion spirituelle et dans la transfiguration des valeurs.
C'est ce centre d'initiative que nous appelons une "personne".
GEORGES BASTIDE


C'est de la qualité de notre silence intérieur que rayonnera notre activité extérieure.
EMMANUEL MOUNIER

La personne ne croît qu'en se purifiant de l'individu qui est en elle.
A la limite, l'individualité, c'est la mort.
EMMANUEL MOUNIER

La personne, c'est la puissance d'affronter le monde, l'opinion, la lâcheté collective, le monde du "on", la ségrégation des individus dans la masse anonyme, l'affaissement collectif, la dépersonnalisation massive.
EMMANUEL MOUNIER

La personne n'est pas un contenu, une identité abstraite; elle ne se définit pas, elle surgit, s'expose et affronte.
EMMANUEL MOUNIER


" Personne n'est le frère de personne s'il n'a Dieu pour Père. "

" Dieu s'est nommé pour que l'homme puisse l'appeler. " Il s'est présenté devant Jacob pour que celui-ci puisse l'affronter et cependant rester vivant, debout.

" Dieu n'est pas quelqu'un dont on parle, mais une personne à qui l'on parle. "

" Un être UN, ni origine ni terme de relations ne peut être une personne. "

Il suffit d'avancer un peu en âge pour savoir que les relations ne s'établissent pas seulement dans l'espace, mais aussi dans le temps.
Regardez, chez les vieillards, la conscience permanente qu'ils ont de leurs morts, de leurs ancêtres... Chez tous, y compris les plus jeunes, la préoccupation permanente de leur descendance.
Le souci d'autres personnes précises dont certaines que nous n'avons jamais connues ( nos ançêtres ).
Il y a donc autant, sinon plus, de liens vers notre amont et notre aval dans le temps que vers notre espace contemporain ( cf: a mode actuelle de la généalogie ).
Je sens bien que ma personne me dépasse, dépasse mon existence incarnée, qu'est-ce que cela signifie ?






1993 Thesaurus - Le SORT d'un MONDE sans TRANSCENDANCE