1993 Thesaurus - Qu'est-ce qu'une HERESIE
Je puis en effet me tromper, je ne puis pas être hérétique, car l'erreur est affaire d'intelligence, l'hérésie dépend de la volonté.
MAÎTRE ECKHART
Jadis, l'hérétique n'était pas seulement un hérétique, il attaquait dans ses sources vives la communauté sociale temporelle elle-même.
JACQUES MARITAIN
Saint Augustin rattachait déjà les hérésies à des types constants de pensée.
Il est inévitable que l'intelligence cherche à isoler un des aspects au détriment des autres et le prenne pour foyer du tout.
Chaque philosophe construit "sa" philosophie.
JEAN GUITTON
Ces dieux intermédiaires comblant l'intervalle : dieux sauveurs, idées, mythes du Progrès, de l'Evolution, de l'Humanité, du Prolétariat...
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
Dans toute hérésie, la réconciliation avec l'Eglise est la faute impardonnable.
Celui qui rompt détruit et ne purifie pas.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
La source de toutes les hérésies est de ne pas concevoir l'accord de deux vérités opposées et de croire qu'elles sont incompatibles.
BLAISE PASCAL
Les hérésies n'ont jamais été que des opinions particulières, puisqu'elles ont commencé par cinq ou six hommes.
BOSSUET
L'homme est "esprit dans le monde"... C'est pourquoi il est, à notre connaissance, le seul être capable d'insatisfaction, de déception, de frustration...
Rien en ce monde n'est assez grand et assez vaste pour combler la profondeur, la hauteur et l'étendue du coeur de l'homme...
L'amour humain n'est pas infini. Il prend fin, au plus tard, avec la mort...
La nature de l'homme est donc paradoxale : il se dépasse en soi. Il aspire, de par sa nature même, à une perfection qu'il ne peut se donner lui-même.
WALTER KASPER
L'homme se situe donc à mi-chemin entre Prométhée et Sisyphe, habité par une folle ambition en même temps que par une extrême pusillanimité.
WALTER KASPER
Si l'on vole à l'humanité son aventure, sous quelques prétextes scientifiques ou théologiques que ce soit, on lui vole ce qu'elle a de meilleur et très précisément le sens de sa vie.
H. URS Von BALTHASAR
Et il n'aura pas fini d'apprendre son métier d'homme tant qu'il n'aura pas réussi à concilier, aussi parfaitement que possible, l'attitude qui le tient courbé vers la matière et l'attitude droite, le regard levé vers Dieu.
H. URS Von BALTHASAR
Je n'aurais rien appris, si on ne m'y avait forcé.
Saint AUGUSTIN
De ma dix-neuvième à ma vingt-huitième année, jouet de mes passions diverses, je fus séduit et séducteur, trompé et trompeur.
Saint AUGUSTIN
Sans Dieu pas de connaissance de soi, et l'ignorance de soi reste la source de toute corruption.
LACTANCE
L'individualité, par son insistance sur le "Je" personnel, signifie perte de l'universel... constitution en faux-être.
GERARD ESCHBACH, à propos de Jean Tauler
Je puis dire que c'est une des manières de vivre les plus pénibles qu'on puisse imaginer; car je ne jouissais pas de Dieu, et le monde ne me contentait point.
Sainte THERESE d'AVILA
Je vois bien... que c'est en se trompant qu'on acquiert de l'expérience, mais si l'erreur est grave, jamais on ne s'en remet.
Sainte THERESE d'AVILA
Lorsque nous n'avons besoin de personne nous avons beaucoup d'amis; j'en ai bien fait l'expérience.
Sainte THERESE d'AVILA
Tous les biens m'ont été donnés quand je ne les ai plus recherchés par amour-propre.
Saint JEAN de la CROIX
Les difficultés que nous avons avec notre prochain viennent plutôt de nos humeurs mal mortifiées que d'autre chose.
Saint VINCENT de PAUL
Ce n'est pas dans leurs germes que les êtres se manifestent, mais dans leur épanouissement.
Pris à leur source, les plus grands fleuves ne sont que des ruisseaux.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Plus l'homme deviendra homme, plus il sera en proie au besoin, et à un besoin toujours plus explicite, plus raffiné, plus luxueux, d'adorer.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
Une seule opération peut légitimer notre action : le dégagement de quelque réalité spirituelle à travers les efforts de la vie.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'Homme est irremplaçable, il doit donc aboutir.
PIERRE TEILHARD de CHARDIN
L'autonomie d'une créature intelligente ne consiste pas à ne recevoir aucune règle d'un autre que soi-même mais à s'y conformer volontairement parce qu'on les sait justes et vraies.
JACQUES MARITAIN
De la cause première descendent dans les existants libres des activations ou motions qui enveloppent d'avance en elles la permission ou la possibilité d'être rendues stériles si l'existant libre qui les reçoit à l'initiative première de se dérober à elles.
JACQUES MARITAIN, sur le libre arbitre
Doué d'un pouvoir de connaître illimité, mais qui doit cependant avancer pas à pas, l'homme ne peut progresser dans sa propre vie, intellectuellement et moralement, que s'il est aidé par l'expérience collective que les générations précédentes ont accumulée et conservée.
Le droit de l'enfant à être éduqué requiert que l'éducateur ait sur lui une autorité morale.
JACQUES MARITAIN, sur l'éducation
Tout le monde ne peut pas philosopher, l'essentiel, pour les hommes, est de se choisir un maître.
JACQUES MARITAIN
A mesure qu'on avance dans l'existence des connexions entre événements apparaissent, la vue se dissipe, la saveur s'accroît; tout devient moins accidentel et plus substantiel.
Le pur n'est pas ce qui serait le plus vide de l'être, il n'est pas l'incolore, l'air conditionné, l'eau minérale...
La vraie pureté ne s'obtient pas par la négation, le retour à zéro et l'indifférence, mais au contraire par une tension.
La pureté est un autre nom de l'unité accomplie. Est pur celui qui a réussi le problème d'intégration, ce n'est pas une vertu seulement négative.
L'oeuvre de la pureté commence lorsque commence l'effort de rassemblement, de consonance...
La pureté n'est pas séparation de l'élément parfait, elle est la capacité donnée à cet élément vivifiant de tout pénétrer, de tout remplir.
JEAN GUITTON, L'impur, la sublimation, les rapports pureté et mort
La meilleure manière de préparer l'avenir, c'est de ne point lui faire violence dans le présent.
JEAN GUITTON, L'impur, les semences, noblesse et partis
L'homme, cet animal enterrant ses morts, s'interrogeant, n'a rien appris d'essentiel sur le mystère de la vie, après trois cent milliards d'expériences, qui sont celles des morts humains.
Alors que l'animal est adapté, le roseau pensant est désadapté...
JEAN GUITTON, Crises dans l'Eglise
Les concepts, les représentations abstraites et générales, ont toujours été les meilleurs fourriers du malheur de la conscience.
GEORGES BASTIDE
L'expérience de l'échec aboutit à mettre en doute que la destination de l'homme soit de se satisfaire.
GEORGES BASTIDE
Je ne commence à intéresser autrui que lorsqu'il sent en moi un parfait désintéressement... une indifférence à le convaincre.
LOUIS LAVELLE
Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n'est pas de leur communiquer notre richesse, mais de leur découvrir la leur.
LOUIS LAVELLE
La sagesse est une aptitude non point à se dominer, mais à se posséder.
LOUIS LAVELLE
Incapables d'ignorer absolument et de savoir certainement.
Jamais corrompus nous serions dans la félicité, toujours corrompus nous n'aurions ni idée de vérité ni besoin de béatitude.
BLAISE PASCAL, de l'homme
Faisons tant que nous voudrons les braves : voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde.
BLAISE PASCAL, de notre fin
Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste; on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais.
BLAISE PASCAL
La première condition, c'est de pousser sur un sol qui soit le vôtre, mais ce n'est pas si facile à trouver.
S. KIERKEGAARD, sur le devenir adulte
L'homme connaît le monde non point par ce qu'il y dérobe mais par ce qu'il y ajoute.
PAUL CLAUDEL
Mais quel homme a un vrai soi-même, sinon celui qu'il ne cesse de faire.
PAUL CLAUDEL
Une fois sorti de l'enfance, il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une nouvelle aurore.
GEORGES BERNANOS
J'aime mieux le voir révolté que déçu, car la révolte n'est qu'un passage, au lieu que la déception n'appartient déjà plus à ce monde...
GEORGES BERNANOS
A nous deux !
GEORGES BERNANOS, interpellant sa mort imminente
La pauvreté m'a beaucoup moins imposé d'épreuves qu'épargné de sottises...
Elle est la merveilleuse et gracieuse intendante non de nos biens, mais de nos vies.
GEORGES BERNANOS, Les enfants humiliés
Le but suprême de l'intelligence est la communion.
EMMANUEL MOUNIER
...Tout ce qui est public est infécond...
EMMANUEL MOUNIER
( L'homme ) s'attache - en "envieux" - à l'idée d'évolution, comme si le fait d'"avancer" dût nécessairement le porter au plus haut degré de perfection. A vouloir être autre, il finira par n'être rien; il n'est déjà plus rien. Sans doute évolue-t-il, mais "contre" lui-même, aux dépens de soi, vers une complexité qui le ruine.
Devenir et progrès sont notions en apparence voisines, en fait divergentes.
Tout change, c'est entendu, mais rarement, sinon jamais, pour le mieux.
S'il continue à se cramponner ( au savoir qui mène à la puissance ) point de doute que l'homme n'entre alors dans une carrière de dieu risible ou d'animal démodé.
E. M. CIORAN, l'arbre de vie
La connaissance de soi se paye toujours trop cher. Comme d'ailleurs la connaissance tout court.
Quand l'homme en aura atteint le fond, il ne daignera plus vivre.
Dans un univers "expliqué", rien n'aurait encore un sens, si ce n'est la folie.
E. M. CIORAN, tomber du temps
On ne peut se croire libre quand on se retrouve toujours avec soi, devant soi, devant "le même".
E. M. CIORAN, tomber du temps
Oublier l'homme, et jusqu'à l'idée qu'il incarne, devrait former le préambule de toute thérapeutique.
Le salut vient de l'être, non des êtres, car nul ne guérit au contact de leurs maux.
E. M. CIORAN, l'arbre de vie
Et l'hymen de soi-même est un si lourd fardeau, qu'il faut l'appréhender à l'égal du tombeau.
PIERRE CORNEILLE
L'homme est majeur, parce que, indigent de coeur et pauvre d'âme, il connaît sa misère et qu'il ne peut pas s'en guérir...
L'instant précis où nous sommes majeurs, c'est plutôt celui où, après quelque intime défaite, saisis par le sentiment de notre impuissance, nous disons enfin : "Seigneur délivrez-moi de moi-même, je ne suis qu'un pauvre homme !"
A cet instant seulement, à cet instant de loyale humilité, l'enfance cesse.
L'homme est majeur. Et les divines folies chrétiennes peuvent apparaître : devant elles, nous ne ferons plus les malins, nous sommes mûrs pour comprendre leur supérieure sagesse.
CHARLES MIEL
"Connais-toi toi même". Maxime aussi pernicieuse que laide. Quiconque s'observe arrête son développement. La chenille qui chercherait à "bien se connaître" ne deviendrait jamais papillon.
ANDRE GIDE
L'homme voudrait être égoïste et ne peut pas. C'est le caractère le plus frappant de sa misère et la source de sa grandeur.
SIMONE WEIL ( La grande, avec un W )
Mille et mille courtisans ont avoué que le quart des peines qu'ils se sont donnés pour plaire à leur Prince eût suffi à leur assurer l'entrée du Paradis.
PIERRE BAYLE
La soumission à l'ordre de l'homme sans enfants et sans dieu est la plus profonde des soumissions à la mort.
ANDRE MALRAUX
Nous sommes libres quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment, quand ils ont avec elle cette indéfinissable ressemblance qu'on trouve parfois entre l'oeuvre et l'artiste.
HENRI BERGSON
" Assiégé dans l'horizontal ( Prométhée, Sisyphe ), il n'y a pas de sortie possible du temporel. "
" Les disciples ne peuvent aller au Père que par Jésus.
On ne peut être libéré que par un autre. "
" Expérience de l'échec dans l'ordre de l'être, expérience de l'erreur dans l'ordre du connaître, expérience de la faute dans l'ordre du valoir. "
" On ne peut s'excuser soi-même, sauf à refouler la culpabilité en soi et dans la société pour arriver à des comportements irrationnels, agressifs ou dépressifs. "
" La pureté est un effort de la quantité vers la qualité. "
" La vraie sagesse ne se rencontre que loin des hommes, dans les vastes solitudes. Elle ne peut être atteinte que par la souffrance et les privations.
La souffrance est la seule chose qui révèle à un homme ce qui est caché aux autres. "
CF aussi : 4B : La notion de péché originel.
Ce n'est pas une ascèse valorisante ou amincissante. C'est l'hommage de la créature au Créateur. C'est un rappel à nous-même de notre condition.
Nous ne sommes pas dignes de ce que nous prenons d'habitude sans rien demander à personne. Il faut se réadresser à Dieu, le dispensateur de toutes choses.
Rien ne m'est dû. Ma naissance ne l'était même pas, à plus forte raison la nourriture abondante tous les jours.
Dans notre monde désaxé et dénaturé, la liturgie demeure l'espace de liberté par excellence, où l'homme peut respirer et se ressourcer.
WALTER KASPER
" La liturgie chrétienne ne fête que des événements ( Noël... ) pas des idées ( il n'y a pas de fête de la charité... ). "
" La Beauté visible mène au Dieu invisible. "
" La liturgie est une action dans le temps.
C'est un mémorial ( passé ) : qui fait référence à un événement, affirme sa réalité et qui continue à être actif.
C'est une actualisation ( présent ) : qui rend réel, le pain n'est pas symbolique, il est...
C'est une annonce ( futur ) : nous attendons le retour du Christ. "
C'est le "lieu" de la communion humaine dans une dimension transcendentale qui dépasse et chacun et la communauté et, par là même, rend à chacun son unité perdue.
Merci à nos Pères qui ont édifié ce monument qui s'appelle la "Liturgie romaine", merci à saint Grégoire le grand.
Merci pour tous ceux qu'elle a fait s'élever au-dessus d'eux-mêmes, ne serait-ce qu'un instant.
La "Pentecôte" ou le langage commun retrouvé s'oppose à "Babel".
Je comprends la "valeur" personnelle et très épisodique du chant en langue.
Néanmoins je crains que sa pratique érigée en une sorte de voie d'accès obligée vers l'Esprit ne nous ramène à un christianisme sentimental et individuel qui serait tout le contraire de l'Eglise, et peut-être, au pire, le moyen de toutes les discriminations quant à la "qualité" des fidèles.
Jésus ne nous a pas appris à prier en langue, Il nous a enseigné le NotrePère.
Les Pères de l'Eglise ont durement lutté pour définir le symbole des Apôtres, soit pour créer une prière commune et chargée de sens.
Nos ançêtres ont créés des chants, des prières splendides : Veni Creator, Te Deum, Magnificat, Salve Regina...
Je ne vois pas bien pourquoi il serait impérativement nécessaire de diminuer implicitement la communion qu'entraîne une prière communautaire parce que partageable. Par contre il me semble discerner le risque de régression individualiste du spontanéisme du chant en langue.
La prière est certes personnelle. Mais la prière catholique est universelle si le terme " catholique " a encore un sens.
Le plus grand péril pour l'Eglise que nous sommes, la tentation la plus perfide, celle qui renaît toujours... c'est ce que Dom Vonier appelait la "mondanité spirituelle" : "Ce qui pratiquement se présente comme un détachement de l'autre mondanité, mais dont l'idéal moral, voire spirituel, serait, au lieu de la gloire du Seigneur, l'homme et son perfectionnement.
Une attitude radicalement anthropocentrique, voilà la mondanité de l'esprit.
Elle deviendrait irrémisible dans le cas - supposons le possible - d'un homme rempli de toutes les perfections spirituelles mais ne les rapportant pas à Dieu".
D'un tel mal, aucun de nous n'est totalement à l'abri.
Un humanisme subtil, adversaire du Dieu vivant - et en secret, non moins ennemi de l'homme - peut s'insinuer en nous par mille détours.
Jamais la "courbure" originelle n'est en nous définitivement redressée.
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise
Le terme recouvre une tendance à l'union de toutes les Eglises chrétiennes.
A l'origine ( 1910, Edimbourg ) il ne s'agissait même que du regroupement de diverses confessions protestantes.
Il ne saurait s'agir en aucun cas d'union étendue à des religions ne confessant pas le Christ dans l'étendue de sa plénitude.
L'oecuménisme prend aujourd'hui un sens beaucoup plus temporel que spirituel.
Il s'agit de prier ensemble " pour la paix", "pour un monde plus fraternel", de se retrouver sur des "valeurs" ( Humanité et humanitarisme, Démocratie.. ) bien plus que sur des vérités et des affirmations religieuses.
On postule trouver dans la démocratie une communion spirituelle plus large que dans l'Eglise catholique.
On ne voit pas comment la notion d'Eglise épouse du Christ pourrait survivre alors.
Dans le journal La Croix du 2 septembre 92 sous le titre "Je veux voir s'unir Rome et Cantorbery", le primat anglican s'explique ainsi : "La base de l'oecuménisme, c'est qu'une Eglise ne peut se prétendre seule détentrice de la Vérité... En aucun cas, l'oecuménisme ne peut signifier le retour des Eglises vers l'une d'entre elles."
Ce qui revient à demander à l'Eglise catholique de déclarer avec tous les hommes qu'on a perdu la clé, qu'il n'y a pas de vérité divine sur la terre et que la parole de Dieu est toujours filtrée par la sujectivité humaine.
Le mouvement dit "Nouvel âge" nous paraît être un bon exemple de ce que donnerait un oécuménisme poussé à ses conséquences extrêmes.
Chacun croit ce qu'il veut, rien éventuellement, "tout est dans tout" = "rien n'est dans rien". On "communie" au niveau du sentiment.
L'homme est seul.
Il n'y a plus de Révélation. Dieu est enfin "mort", au moins en tant qu'existant personnel.
Il n'y a de morale qu'individuelle et à géométrie variable suivant les lieux et les époques. L'Histoire capte et annihile la raison, pauvre saint Thomas d'Aquin !
Le rôle temporel du religieux disparaît. "Rome" n'est plus.
César est enfin seul.
D'ailleurs avant que de se préoccuper d'un oecuménisme ouvrant l'Eglise du Christ à tous les vents, ne serait-il pas plus urgent de se préoccuper charitablement de nos frères qui professent le même Credo ?
Je pense là à ceux de la fraternité Saint Pie X, auxquels on refuse d'ouvrir des églises abandonnées par manque de prêtres, et qu'on préfère voir transformées en mosquées plutôt que de les confier à leurs communautés. ( Situation dans le diocèse de Pontoise, au moins ).
Et on voudrait que le Musulman respecte l'Eglise catholique !
CF aussi : 7 : ( L'Islam ).
Le pardon c'est la guérison, c'est-à-dire qu'il exige le retour à la vérité.
Un Jésus qui approuve tout est un Jésus sans Croix, car alors il n'y a plus besoin de la douleur de la Croix pour guérir l'homme.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, Espérance et Amour
Ce ne sont ni les structures, ni l'ordre préexistant, ni tel ou tel autre mécanisme quelconque qui sont en cause; la faute est mienne. "Contre toi, toi seul, j'ai péché" ( PS 51, 6 ).
Le verset traduit et la sincérité, et le courage de reconnaître la faute et d'en assumer la responsabilité. Il exprime la clairvoyance de l'homme qui, en tant que personne, est bien plus qu'un faisceau de fonctions ou un réseau de connexions sociales.
WALTER KASPER
Le succès de la psychanalyse est qu'elle tend à transformer le péché en souillure, l'aveu en défoulement, l'examen de conscience en analyse du contenu de la conscience, le confesseur en médecin; elle "gnosticise".
Je vomis ma faute, je ne la reconnais pas.
JEAN GUITTON, Crises dans l'Eglise, la gnose
Le pardon brise l'enchaînement des conséquences du péché dans une âme sincère.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
Le plus grand risque serait encore de ne pas s'accepter soi-même.
GEORGES BERNANOS
Cet homme étrange, où tant d'autres se déposèrent comme un fardeau, eût le génie de la consolation et ne fut jamais consolé. "On s'amuse de moi, disait-il, on se sert de moi comme d'un jouet." C'est ainsi qu'il donnait à pleine mains cette paix dont il était vide. ...La séparation volontaire de tout secours humain, l'homme de Dieu disputé comme une proie...
Les scrupules renaissants, l'angoisse de toucher sans cesse les plaies les plus obscènes du coeur humain, le désespoir de tant d'âmes damnées, l'impuissance à les secourir et à les étreindre à travers l'abîme de chair, l'obsession du temps perdu, l'énormité du labeur...
GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan , Le saint de Lumbres
La colère des imbéciles remplit le monde, elle n'épargnera rien, ni personne, elle est incapable de pardon.
GEORGES BERNANOS, Les grands cimetières sous la lune
Si vous parvenez à vous pardonner vous même, le Christ vous pardonnera aussi...
DOSTOÏEVSKI, Les Démons
Tu as demandé s'il existe dans le monde entier un Etre qui aurait le droit de pardonner. Oui, cet Etre existe. Il peut tout pardonner, tous et pour tout, car c'est Lui qui a versé son sang innocent pour tous et pour tout. tu l'as oublié, c'est lui la pierre angulaire de l'édifice...
DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, La révolte
En pardonnant trop à qui a failli, on fait injustice à qui n'a pas failli.
B. CASTIGLIONE
" Le roi n'a rien vu, le roi n'a rien entendu. "
Cris des HERAUTS précédant chaque nouveau roi de France à son entrée dans Paris, alors souvent ville agitée. Le roi oublie et pardonne.
" Le pardon s'accorde avant que d'être demandé, sauf à n'être qu'arrangement du monde. "
" C'est le pardon qui révèle le péché, et non pas l'inverse. "
" On ne peut s'excuser soi-même, sauf à refouler la culpabilité en soi et dans la société pour arriver à des comportements irrationnels, agressifs ou dépressifs. "
" Jadis l'homme savait d'expérience qu'il n'est au pouvoir de personne de consoler un homme, que Dieu seul pouvait. "
" Ne pas pardonner à autrui, c'est arrêter le mouvement de pardon du Père. "
Je ne peux être pardonné que par plus puissant que moi.
Seul ce pardon, désintéressé, peut me consoler ( car c'est aussi de cela qu'il s'agit ! ), me réhabiliter à ma destinée d'homme, me donner non l'oubli mais l'apaisement de la cohabitation avec le souvenir qui, alors, ne me hante plus mais seulement m'accompagne comme un vieux compagnon incommode et bourru.
La foi naît de la "prédication" et non de la "réflexion" comme la philosophie. Elle ne vise pas à concevoir mais à accueillir une donnée, non un produit personnel.
Elle se présente de l'extérieur, elle est Parole d'un autre; sauf rares exceptions, on ne trouve pas la foi, on la reçoit.
La double structure : interpellation venant du dehors et réponse personnelle, lui est essentielle. Elle n'est donc pas adaptable à loisir, interchangeable.
Elle m'est imposée toute préparée et me procure ce que je ne saurais me donner à moi-même. De là découle la priorité de la Parole sur la pensée et également le caractère social de la foi.
C'est dans la mesure seulement où l'homme se communique lui-même, que le 'logos' par excellence s'incorpore, avec le 'logos' humain, dans la parole de l'homme.
JOSEPH RATZINGER, le symbole : foi et parole
A partir de la croix, la foi réalise que ce Jésus n'a pas seulement fait ou dit "quelque chose", mais qu'en lui, message et personne sont identiques, qu'il "est" ce qu'il dit. Alors, selon St Jean, ce Jésus est "Parole".
Or une personne qui n'"a" pas seulement des paroles mais qui est sa parole et son oeuvre est le 'logos' lui-même; elle existe depuis toujours et pour toujours; elle est le fondement sur lequel repose le monde.
L'évangile de Jean est la lecture des paroles de Jésus à partir de la personne, et de la personne à partir de ses paroles.
JOSEPH RATZINGER, Jésus-Christ, la croix
En Jésus, la Parole de Dieu n'est plus loi, abstraite, elle est cet homme-là.
Après Jésus, Dieu seul peut encore venir.
H. URS Von BALTHASAR
La Bible est moins une voie qu'une voix.
PERE ALAIN QUILICI
" Au commencement était le Verbe". A l'origine de toutes choses, il y a la Parole. "
" La Parole descend, la prière monte. "
La vie ne peut venir que de la Parole, à moi adressée, par un autre, bienveillant et en lequel je peux mettre ma confiance.
"La prière est l'interprétation de l'espérance" : Prier est la langue de l'espérance. "Le Seigneur nous apprenait l'espérance en nous apprenant à prier" ( St Thomas d'Aquin ). Le Notre-Père est l'école de l'espérance, son apprentissage concret.
Un homme désespéré ne prie plus, car il n'espère plus; un homme sûr de lui et de son pouvoir ne prie pas, car il ne compte que sur lui-même.
Celui qui prie espère une bonté et un pouvoir qui dépasse ses capacités.
La prière c'est l'espérance en action.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, l'espérance
Efforce-toi de rendre ton intelligence, au temps de la prière, sourde et muette, et tu pourras prier.
EVAGRE le PONTIQUE
Il faut prier comme si tout dépendait de Dieu et agir comme si tout dépendait de nous.
Saint ANSELME
Il n'aime pas que nous nous cassions la tête à beaucoup lui parler...
Il aime beaucoup que nous lui parlions franchement.
Sainte THERESE d'AVILA, de Dieu
On ne peut admettre que celui qui souffre ne prie point; en offrant ses souffrances à Dieu, il prie souvent beaucoup plus que celui qui se casse la tête dans la solitude et qui imagine, s'il s'est tiré quelques larmes, que c'est là faire oraison.
Sainte THERESE d'AVILA
La prière humble et implorante triomphe de tout, même de Dieu.
Padre PIO
Je ne savais parler qu'à Jésus, les conversations avec les créatures, même les conversations pieuses, me fatiguaient l'âme. Je sentais qu'il valait mieux parler à Dieu que de parler de Dieu, car il se mêle tant d'amourpropre dans les conversations spirituelles !
Sainte THERESE de l'Enfant Jesus
Sans la prière l'homme ne vit plus que dans un univers à deux dimensions.
CHARLES de FOUCAULD
Tout ce qui le laïcise l'aliène. Si l'homme ne peut prier, il est rendu muet; s'il ne peut s'agenouiller, il est privé de liberté.
CHESTERTON
Toute prière, si elle est sincère, exprime un nouveau sentiment, elle est la source d'une idée nouvelle que tu ignorais et qui te réconfortera, et tu comprendras que la prière est une éducation.
DOSTOÏEVSKI, Les frères Karamazov, Entretiens du starets Zosime
Il y a beaucoup d'âmes, mais il n'y en a pas une seule avec qui je ne sois en communion par ce point sacré en elle qui dit "Pater Noster".
PAUL CLAUDEL
Les croisés, entre tous autres saint Louis, qui faisaient une guerre sainte ... ne s'y fiaient pourtant pas. Ils ne priaient pas comme des oies qui attendent leur pâtée.
Ils priaient, mieux que nous... et ensuite ils se battaient... de tout leur temporel. "Aide-toi, le ciel t'aidera", n'est pas qu'un proverbe, c'est une théologie.
Et la seule qui soit orthodoxe, les autres seraient hérétiques.
CHARLES PEGUY
Un jour, dit le curé à Chantal, tu comprendras que la prière est justement cette manière de pleurer, les seules larmes qui ne soient pas lâches.
GEORGES BERNANOS, journal d'un curé de campagne
Dieu prête plus d'attention à un acte de charité ou à un quart d'heure d'oraison de quiétude qu'au fracas de la chute d'un empire ou d'une révolution sociale.
JACQUES MARITAIN
Si Dieu est trop haut, il devient impensable, sa paternité s'évanouit, la prière, même de louange, disparait.
La prière de demande a mauvaise réputation, surtout chez les avares.
L'économie divine n'est pas la nôtre; elle est fondée sur le déficit absolu et permanent de l'amour, qui veut qu'on demande tout à l'autre, qui ne demande qu'à tout donner. La prière établit un rapport de charité entre l'âme et Dieu, si bien que l'on peut dire que prier c'est exaucer Dieu.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
Besoins de l'homme. - Leur urgence est inversement proportionnelle à leur qualité. Nécessités d'évacuation et faim, pulsions sexuelles et tendresse, entraide matérielle et charité. Et que dire de la contemplation et de la prière qui peuvent attendre indéfiniment sans dommage apparent ? "Dieu dernier servi".
GUSTAVE THIBON
L'attention absolument sans mélange est prière.
SIMONE WEIL
Le mortel qui a prié sincèrement, ne fût-ce q'une seule fois dans sa vie, a touché à la forme suprême de la gloire.
E. M. CIORAN, désir et horreur de la gloire
La prière comporte deux temps comme la respiration : l'aspiration, quand on reprend de l'air nouveau, c'est la prière; et le reste, tout ce qu'on fait dans la journée, c'est le second temps, l'expiration.
GILBERT CESBRON
C'est quand je prie que je crois être croyant.
I. BERGMAN
" On ne peut prier que quelqu'un qu'on a rencontré. "
" La prière n'est que réponse. "
" La prière de louange, d'action de grâce : thérapie contre l'enflure du Moi. "
" Le Notre Père : demander à Celui qui sait ce dont nous avons besoin, c'est affronter la vérité de notre être profond, au-delà de nos désirs limités et anarchiques. "
" Comme tu pries, tu crois. "
" La prière monte, la Parole descend. "
" Moïse priait pendant que Josué combattait. "
Si le Christ est le seul sauveur, comme le prétendent ses fidèles, pourquoi donc est-il venu si récemment, laissant jusque-là tant d'hommes se perdre ? "Dans les siècles antérieurs où étaient les soucis d'une si grande Providence ?" Il faut que Dieu soit bien mauvais, imprévoyant... pour n'avoir remédié que si tard à l'imperfection de son premier ouvrage...
Ainsi parlent les héritiers de ce principe appelé "l'immobilisme platonicien".
Ceux qui se plaignent, qu'ils s'en prennent à la moisson de ce que sa fécondité est tardive; qu'ils s'en prennent à la vendange, de ce qu'elle a lieu à la tombée de l'année; qu'ils s'en prennent à l'olive, de ce qu'elle est le dernier fruit.
Comment aurait-il pu du premier coup parler de vie éternelle et de sanctions d'outre-tombe, ayant encore affaire à des enfants, à des êtres de mentalité servile, qui se riaient de tout châtiment éloigné et ne craignaient que les coups suspendus sur leur tête" ?
Sur les sacrifices : "Pour les détourner des superstitions païennes, comme un bon père qui, ne voulant pas que son fils aille jouer dans la rue, lui permet cependant, pour lui en éviter la tentation, de s'amuser à la maison." La pureté du corps était le biais nécessaire pour amener à concevoir un jour la pureté de l'esprit.
D'où, sous une relative discontinuité, une continuité réelle : si Dieu se reprend, en quelque sorte, dans son oeuvre et invente des moyens nouveaux pour la faire aboutir, ce n'est pas une nouvelle oeuvre qu'il entreprend.
C'est toujours la même Cité que le Seigneur cherche à construire. C'est toujours la même brebis que le bon Pasteur cherche à ramener au bercail.
Peut-être fallait-il que l'humanité "laissée à elle-même" eût fait une longue et multiple expérience de sa misère et qu'elle eût en quelque sorte touché le fond de l'abîme, pour mieux reconnaître le besoin qu'elle avait d'un sauveur et se trouver ainsi prête à l'accueillir.
HENRI de LUBAC, Catholicisme, Prédestination de l'Eglise
L'amour dispose dans la liberté par delà l'intelligence; le coeur a ses raisons...
H. URS Von BALTHASAR, sur le choix d'un peuple élu
Faut-il s'étonner si un sage instituteur étend peu à peu ses leçons, et si, après de faibles commencements, il conduit enfin les choses à la perfection ?
TERTULLIEN
Ne demande pas, maintenant qu'ils ont été abolis, comment les préceptes de l'Ancien Testament peuvent être bons. Demande comment ils étaient bons, à l'époque pour laquelle ils ont été faits.
Saint JEAN CHRYSOSTOME
Dieu pouvait , quant à lui, donner dès le commencement la perfection à l'homme, mais l'homme était incapable de la recevoir, car il n'était qu'un petit enfant.
Saint IRENEE
Si quelqu'un vient vous dire : Est-ce que Dieu ne pouvait dès l'origine faire apparaître l'homme parfait, qu'il sache que Dieu, certes, est toutpuissant, mais qu'il se peut que la créature, par le fait qu'elle est créature, ne soit fort imparfaite.
Seul celui qui n'est pas produit est aussitôt parfait, et celui-là c'est Dieu.
Ils sont donc tout à fait déraisonnables, ceux qui, n'attendant pas le temps du progrès, imputent à Dieu l'infirmité de leur nature. Insatiables et ingrats, ils ne veulent pas être d'abord ce que les fait leur création... ils voudraient, avant de devenir des hommes, être déjà semblables à Dieu leur créateur... Plus insensés que des animaux, les voilà qui reprochent à Dieu de ne les avoir pas faits dieux dès le principe.
Saint IRENEE
Pourquoi Dieu a supporté durant tant de milliers d'années cette imperfection et cette déchéance dans son culte, pourquoi il n'a pas veillé plus tôt à sa gloire et à notre salut... ?
L'objection faite ici revient à demander pourquoi les hommes naissent à l'état de petits enfants, et non pas plutôt adultes et barbus...
GUILLAUME d'AUVERGNE
Cependant, de même qu'un inconnu peut se nommer, l'inconnaissable peut se faire connaître, et c'est ce que nous appelons la Révélation.
ANDRE FROSSARD, Dieu en questions
" L'homme ne met-il pas toute sa vie à apprendre ? "
Ce n'est pas Dieu qui se cache au regard des hommes, c'est l'homme qui se cache au regard de Dieu "Adam, où es-tu ?" ( Gn 3, 9 ).
Dieu ne cherche qu'à négocier avec l'homme. Il prend le temps nécessaire pour réapprivoiser l'homme.
Pourquoi ne me dit-on pas tout, et le reste, et tout de suite bien sûr... ?
Ne suis-je pas grand ?
Dieu s'est d'abord révélé à un homme, Abraham.
Puis il a étendu la Révélation à un peuple, un groupe, Israël.
Enfin il a étendu cette même Révélation à l'ensemble de l'humanité, "Allez, et enseignez toutes les nations" ( Mt 28, 19 ).
Profonde sagesse de la part de Dieu et, si l'on ose dire, profonde humilité de sa part. "Dieu ne sait pas compter par masses", Il s'adresse à des personnes, voilà peut-être ce qu'Il voulait nous dire quand Il s'adressait à Abraham.
Qu'Il soit loué de me considérer ainsi comme Un, comme une personne.
1993 Thesaurus - Qu'est-ce qu'une HERESIE