1993 Thesaurus - Les SACREMENTS
Comme saint Thomas l'enseigne, tout l'ordre des sacrements se rapporte "au culte de l'Eglise présente", si bien que si l'on n'avait à envisager que la gloire future, et non les actes qui conviennent à l'état présent de l'Eglise, le "caractère" sacramentel ne se comprendrait pas; cet ordre concerne "le culte extérieur, lequel ne subsistera pas dans la Patrie, où rien ne se fera plus en figure, mais tout dans la vérité nue".
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, les dimensions du mystère
"Immuable en son essence, le caractère marque à jamais l'âme du prêtre; cependant, le sacerdoce sacramentel passera, en ses fonctions, comme passera l'Eglise de la terre... Dans la lumière de la cité céleste, les signes ne seront plus de mise."
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, les dimensions du mystère
Et celui qui refuse de suivre ici la logique paradoxale de l'Incarnation, comment la suivrait-il encore en ce qui concerne l'économie sacramentaire ?
HENRI de LUBAC, Méditation sur l'Eglise, les deux aspects de
l'Eglise une
Le Christ n'a pas inventé un seul signe sacramentel : il emprunte le baptême à Jean, le pain et le vin aux assemblées pieuses de son époque; la confession à une situation commune aux hommes, qui se retrouve dans toutes les religions et jusque dans les couvents bouddhistes...
H. URS Von BALTHASAR
Car, lorsque le Seigneur appelle son corps le pain qui est fait de beaucoup de grains réunis, Il signifie par là l'union de tout le peuple chrétien, qu'Il portait en Lui.
Et lorsqu'Il appelle son sang le vin qui, de nombreux raisins, ne fait qu'un seul breuvage, Il signifie encore que le troupeau que nous sommes provient d'une multitude ramenée à l'unité.
Saint CYPRIEN
Si on savait ce que c'est que la messe, on mourrait.
Saint JEAN-MARIE VIANNEY, curé d'Ars
C'est Dieu seul qui est la cause de l'efficacité des paroles sacramentelles à titre d'agent principal usant d'elles instrumentalement.
C'est pourquoi le sacrement est aussi valable même effectué par un ministre moralement mauvais.
JACQUES MARITAIN
Le martyre des confesseurs.
PAUL VI
( Là, entendre une vie comme celle du saint curé d'Ars; lire Bernanos... )
Il n'existe pas au monde une institution basée sur une connaissance psychologique plus profonde de l'homme que la confession.
A. SZYMANSKI
" On ne peut s'excuser soi-même, sauf à refouler la culpabilité en soi et dans la société pour arriver à des comportements irrationnels, agressifs ou dépressifs. "
" Les disciples ne peuvent aller au Père que par Jésus.
On ne peut être libéré que par un autre.
C'est pour cela aussi qu'on ne peut être baptisé que par autrui.
" S'il s'agissait de purification et non de nouvelle naissance on pourrait recommencer le baptême. "
" Le mémorial de l'Eucharistie n'est pas pour que l'homme se souvienne, c'est pour que Dieu se souvienne, pour attester son alliance. "
" Le réalisme des sacrements évite à la dévotion de n'être qu'une activité sentimentale. "
" L'indissolubilité du mariage, c'est la fidélité de l'amour. "
Si les sacrements ne comportent pas d'intervention divine dans l'âme humaine, on peut admettre le divorce ( protestantisme ).
Dieu est parti ailleurs, il ne nous regarde même plus !
On peut d'ailleurs alors tout admettre : l'absence de Dieu, la solitude, l'abandon et le désespoir de l'homme...
On sait sur quelle "personnalité" et sur quelle "humanité" débouche inéluctablement l'homme livré à lui-même et l'humanité livrée à elle-même.
Si dans la Bible beaucoup est dit en terme de "manger" : le commandement de l'Eucharistie, la tentation du serpent, la décision d'Adam et d'Eve, manne au désert... C'est que l'homme ne peut se suffire à lui-même.
Toute alliance implique un sacrifice, un don de soi, une offrande... et même une offrande réciproque.
Entendu lors des funérailles ( très simplifiées ) d'une chrétienne pratiquante : "Là où elle est, cela n'a plus d'importance pour elle; le Bon Dieu est bien au-dessus de çà".
Que savaient les descendants des désirs du Bon Dieu ( et de la défunte ) ?
Ils savaient seulement qu'ils s'étaient simplifiés la vie et, accessoirement, qu'ils avaient économisé quatre sous sur l'héritage pour lequel ils allaient se déchirer dès après la maigre cérémonie obligée.
Sans le réalisme des saints, sans leur contact avec la réalité dont il est question, la théologie devient un jeu intellectuel vide et perd aussi son caractère scientifique.
JOSEPH RATZINGER, Regarder le Christ, la foi
On ne devient pas un martyr par le châtiment ( subi ), mais par la cause ( représentée ).
Saint AUGUSTIN
On craignait en lui donnant la mort de lui rendre service plutôt que de lui nuire.
JOURDAIN de SAXE, Sur Saint DOMINIQUE
Ferme et invariable pour la fin, doux et suave pour les moyens.
Saint VINCENT de PAUL, sur l'âme de la bonne conduite
Je m'appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n'ayant pas la facilité d'en pratiquer de grandes, ainsi j'aimais à plier les manteaux oubliés par les soeurs...
Le réfectoire qui fut mon emploi aussitôt après ma prise d'habit me fournit plus d'une occasion de mettre mon amour-propre à sa place, c'est-à-dire sous les pieds.
Sainte THERESE de l'Enfant Jesus
Ma petite fille, il me semble que vous ne devez pas avoir grand'chose à dire à vos supérieures." "Parce que votre âme est extrêmement simple, mais quand vous serez parfaite, vous serez encore plus simple, plus on s'approche du Bon Dieu, plus on se simplifie.
Sainte THERESE de l'Enfant Jesus, de sa Mère du Carmel
Il n'y aurait pas de sainteté si on ôtait du monde tout excès et tout ce que la seule raison juge insensé.
JACQUES MARITAIN, traité de l'existence et de l'existant, l'action
On a dit : "Donnez-moi un levier, un point d'appui et je souléverai le monde." Ce qu'Archimède n'a pu obtenir, parce que sa demande ne s'adressait point à Dieu et qu'elle n'était faite qu'au point de vue matériel, les Saints l'ont obtenu dans toute sa plénitude. Le Tout-Puissant leur a donné pour point d'appui : Lui-même et Lui seul; pour levier : l'oraison... et c'est ainsi qu'ils ont soulevé le monde.
JACQUES MARITAIN ?
Sacrifice : faire sacré ce à quoi on renonce.
La vie morale ne consiste pas à détruire. Elle exige que, sans immoler, on surmonte; que, sans anéantir, on consacre; que, sans mépriser, on sublime . Le saint demeure dans la tentation.
Il est dangereux de renoncer sans sublimer.
Ablation unique du Christ au Golgotha, oblation répétée dans chacune des eucharisties.
La sublimation nécessite certes une négation première, mais il ne s'agit pas de refoulement, de conduite d'épuration, de dissociation...
Il s'agit de passer de l'amour de soi à l'amour du bien., mystique de transfiguration et non d'annihilation, de dénouement des liens excessifs que l'être sensible a contracté avec le corps.
JEAN GUITTON, L'impur, la sublimation, le sacrifice
La sainteté ressemble à une nature nouvelle : c'est à la fois la nature renoncée et la nature accomplie.
LOUIS LAVELLE
Les Saints ont résolu la question une fois pour toutes. Ils laissent le monde là où il est et trouvent plus simple d'occuper immédiatement l'Eternel.
PAUL CLAUDEL
Le saint est infiniment plus la proie de la charité que le cruel de la cruauté.
CHARLES PEGUY
En sainteté, en matière de sainteté c'est le privé qui porte le public et le public est tout soutenu, tout nourri du privé.
On demande ( en procès de canonisation ) une vie privée, des bonnes moeurs, des moeurs privées, des vertus privées. On demande avant tout au saint d'être un bon chrétien. On ne lui demande des choses extraordinaires, quand on lui en demande, qu'après.
"Je suis bonne chrétienne", le mot terrible de Jeanne d'Arc à son procès.
Le peuple chrétien ne reçoit comme saint, par un secret instinct, que ceux qui lui sont garantis, qui lui sont donnés tels par le peuple en profondeur, par des témoins peuples, et non pas, nullement ceux qui lui sont donnés tels par les savants.
CHARLES PEGUY
Car la sainteté est une aventure, elle est même la seule aventure.
GEORGES BERNANOS
On en croira sur parole de psy.. et l'unanime témoignage des Saints sera tenu pour rien.
GEORGES BERNANOS
On ne trouve au calendrier qu'un très petit nombre d'abbés oratoires et de prélats diplomates.
Les saints courent trop vite, alors qu'on souhaiterait d'entrer au paradis à petits pas.
GEORGES BERNANOS, Jeanne, relapse et sainte
Mais le saint est toujours seul, au pied de la croix. Nul autre ami.
GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan , Le saint de Lumbres
La force surnaturelle des saints n'est sensible qu'à la hauteur de l'obstacle, notre ignorance ne saurait percevoir l'ampleur et la portée de l'élan.
La Sainteté, vous n'ignorez pas ce qu'elle est : une vocation, un appel.
Là où Dieu vous attend, il vous faudra monter, monter ou vous perdre.
N'attendez aucun secours humain.
GEORGES BERNANOS, Sous le soleil de Satan , Le saint de Lumbres
Quand on parle des saints, il ne faudrait pas montrer seulement leurs qualités, mais aussi les efforts qu'ils ont faits pour se corriger.
Sainte BERNADETTE
La vie des saints est parfois empreinte d'héroïsme ( martyrs ). Mais bien des saints ne se sont signalés par aucune action d'éclat. Ils ont mené la vie de tout le monde... Les saints sont des baptisés qui ont pleinement vécu leur baptême, ainsi que l'affirma Jean-Paul II à Compostelle lorsqu'il lança cet appel à la jeunesse du monde : "N'ayez pas peur de devenir des saints ! ".
Notre vocation à la sainteté n'est rien d'autre que le développement de notre grâce baptismale.
Père LOUIS SANKALE
L'esprit est fait pour deviner les valeurs qu'aucun éclat ne signale...
Dans ce monde inerte, indifférent, inébranlable, la sainteté est désormais la seule politique valable...
EMMANUEL MOUNIER
Il n'y a que les Saints ou les antagonistes des Saints capables de délimiter l'histoire.
LEON BLOY
Il n'y a qu'une tristesse, c'est de n'être pas des Saints.
LEON BLOY
Tous les saints sont théologiens et seuls les saints sont théologiens.
FRANCOIS-MARIE LETHEL
Athées qui proclamez la mort de Dieu, matérialistes de toutes obédiences, agnostiques, mes frères, n'en doutez plus : ce monde meurt d'avoir perdu la foi et l'amour. Il compte trop de héros au service de toutes les causes, il lui manque des saints, quelle que soit leur religion.
HUBERT BEUVE-MERY
Eclair de lucidité bien tardif et peu suivi d'effet pour le fondateur
du journal le "Monde".
" Le culte des saints en a pris un coup. Il suffit d'aller à la messe en semaine pour s'apercevoir combien l'officiant a tendance à les saluer de loin... Mais il vient de nous arriver une grande nouvelle. Le choix des prénoms sera désormais libre... c'est une grande liberté démocratique et culturelle qui va nous être rendue. "
La machine totalitaire, la machine à déraciner est toujours à l'oeuvre, même dans ce qui peut nous apparaître sottement comme des détails puérils.
Il n'y a rien d'inutile, de gratuit, de puéril pour les serviteurs de Satan, leur maître sait les faire oeuvrer jusque dans les recoins.
Comme d'habitude, les catholiques ne voient rien : " Ce n'est pas grave ".
( valeur pour la personne )
Il n'en reste pas moins indiscutable qu'on ne saurait ni changer ni ébranler ce principe si grave de philosophie sociale : de même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes.
Encyclique "QUADRAGESIMO ANNO", Pie XI, 1931
Une société d'ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'un ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun.
Encyclique "CENTESIMUS ANNUS", Jean-Paul II
La subsidiarité affirme la primauté des corps intermédiaires de rang les plus bas, leur légitime autonomie d'action; mais elle fait aussi obligation à des communautés plus vastes d'aider, lorsque cela est nécessaire, les communautés moins grandes à agir ( sans empiéter sur leur liberté d'action ).
La subsidiarité n'est pas l'individualisme et le chacun pour soi, mais elle ne doit pas non plus justifier des interventions intempestives, durables et envahissantes.
La hiérarchie des communautés ainsi définies s'entend par leur domaine de compétence, mais non par leur importance : la personne reste le fondement essentiel et la famille la cellule de base; personnes et familles ont des droits antérieurs et supérieurs à ceux de l'Etat, communauté pourtant beaucoup plus vaste.
JEAN-YVES NAUDET
L'assistance ne fonctionne pas entre l'esquimeau et le provençal qui ne se sont jamais vus, mais bien de porte à porte, de clocher à clocher...
CHARLES MAURRAS
Le coeur ne va pas naturellement à la bonté.
PHILIPPE PETAIN, sur la nécessaire proximité à garder d'abord, la
famille, les proches et la patrie
Faire faire les choses au plus bas niveau où elles peuvent être faites.
Faire confiance.
Ainsi Dieu a-t-il agi en nous conférant notre liberté.
Ainsi Dieu a-t-il agi en s'adressant d'abord à un homme, Abraham.
Attention : Comme toute notion chrétienne, ce principe est récupéré pour être dévoyé par des milieux qui n'ont rien à voir avec le catholicisme ( c'est même le moins que l'on puisse dire ! ).
Qu'on se souvienne des menaces et des promesses récentes des stipendiés de l'Europe !
Le terme est aujourd'hui parfois le masque derrière lequel s'avancent les partisans d'un gouvernement mondial clandestin et de sa dictature "douce". "Les idées chrétiennes" n'en finissent pas de "devenir folles".
Il suffit de récupérer le langage afin d'inverser son contenu.
Depuis la Genèse Satan emprunte toujours son langage à Dieu.
La profession de foi en la Trinité... signifie que Dieu n'est pas un Dieu solitaire et monomane; il est au contraire lui-même un dialogue, l'accomplissement en soi de l'amour librement donné. Il est en soi communion...
Le mystère de la Trinité signifie en effet que l'on passe d'une conception du monde dominée par le primat de l'existence en soi de la substance, à une conception du monde placée sous le signe de la personne et de la relation.
Pour le chrétien, la réalité première n'est pas la substance, mais la personne, qui n'est concevable que dans l'échange désintéressé du don et du recevoir.
Le monothéisme chrétien ne signifie pas une unité figée, monolithique, uniformisante et tyrannique, qui exclut, absorbe ou étouffe toute autre forme d'être. Cette unité là ne serait qu'indigence.
L'unité divine est au contraire surabondance... offrande... don...
Elle est l'unité qui rassemble au lieu d'exclure, elle est partage et réciprocité dans l'amour...
WALTER KASPER
L'Eglise est pleine de la Trinité. Le Père est en elle comme le principe auquel on se réunit, le Fils comme le milieu dans lequel on se réunit, le Saint-Esprit comme le noeud par lequel tout se réunit, et tout est un.
ORIGENE
Alors la Trinité tout entière, avec la puissance de la divinité ( le Père ), la bonne volonté de l'humanité ( le Fils ) et la noblesse de l'Esprit-Saint pénétra tout son corps virginal.
MECHTILDE de MAGDEBOURG, à propos de Marie
Nul ne comprend bien la vraie distinction que ceux qui sont parvenus à l'unité.
JEAN TAULER
Prends donc comme symboles
Le soleil pour le Père
Pour le Fils, la lumière,
Et pour le Saint-Esprit
La chaleur.
Bien qu'il soit un seul être,
C'est une trinité
Que l'on perçoit en lui.
Saisir l'inexplicable,
Qui le peut ?
Distingue le soleil
De son rayonnement,
Puis après, la chaleur
Sépare-la des deux,
Si tu peux !
Tandis que le soleil
Demeure tout là-haut,
Sa clarté, son ardeur
Sont, pour ceux d'ici bas,
Clairs symboles.
Oui, son rayonnement
Est descendu sur terre
Et demeure en nos yeux
Comme s'il revêtait
Notre chair.
La lumière revêt
A l'intérieur de l'oeil
Une belle apparence,
Puis s'en va visiter
L'univers.
Ainsi, notre Sauveur
A revêtu un corps
Dans toute sa faiblesse,
Pour venir sanctifier
L'univers.
Mais, lorsque le rayon
Remonte vers sa source,
Il n'a jamais été
Séparé de celui
Qui l'engendre.
Il laisse sa chaleur
Pour ceux qui sont en-bas,
Comme Notre Seigneur
A laissé l'Esprit-Saint
Aux disciples.
Saint EPHREM, le poète, sur la Trinité
" La Trinité évince le dualisme.
Le divin est aussi abondance, multiplicité... "
" La distinction des Personnes est une distinction de seule mission, laquelle est donation dans le temps. "
" Depuis que le Verbe s'est fait chair nous savons qu'il y a de l'homme au sein de la sainte Trinité. "
" La personne ( créée ) tire son mystère du mystère d'un Dieu en trois personnes. "
1993 Thesaurus - Les SACREMENTS