1998 Vie des Diacres 28
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Le service de l'autel est un autre aspect du ministère diaconal mis en évidence par le rite de l'ordination. (105)
(105) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Ad gentes, AGD 16 Pontificale Romanum - De ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum, n. 207 : éd. cit., p. 122 (Prex Ordinationis).
Le diacre reçoit le sacrement de l'Ordre pour servir en qualité de ministre en vue de la sanctification de la communauté chrétienne, en communion hiérarchique avec l'évêque et les prêtres. Il apporte au ministère de l'évêque et, de manière subordonnée, à celui des prêtres, une aide sacramentelle : elle est donc intrinsèque, organique et irremplaçable.
Parce qu'elle prend sa source dans le sacrement de l'Ordre, la diaconie de l'autel diffère dans son essence de tout type de ministère liturgique que les pasteurs peuvent confier à des fidèles non ordonnés. Le ministère liturgique du diacre diffère également du ministère ordonné sacerdotal. (106)
(106) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 29
Il s'ensuit que dans l'offrande du Sacrifice eucharistique, le diacre ne peut pas réaliser le mystère ; mais, d'une part, il représente de manière effective le Peuple fidèle, il l'aide de façon spécifique à associer l'offrande de sa vie à l'offrande du Christ ; d'autre part, il sert, au nom du Christ lui-même, à rendre l'Eglise partie prenante des fruits de son sacrifice.
Puisque " la liturgie est le sommet vers lequel tend l'action de l'Eglise et, en même temps, la source d'ou découle toute sa vertu ", (107) cette prérogative de la consécration diaconale est aussi la source d'une grâce sacramentelle qui tend à féconder tout son ministère ; il convient de correspondre à cette grâce, y compris par une préparation sérieuse et complète, sur le plan théologique et liturgique, pour pouvoir participer dignement à la célébration des sacrements et des sacramentaux.
(107) onc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 10
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Dans son ministère, le diacre gardera toujours la vive conscience que " toute célébration liturgique, en tant qu'oeuvre du Christ prêtre, et de son Corps qui est l'Eglise, est l'action sacrée par excellence dont nulle autre action de l'Eglise ne peut atteindre l'efficacité au même titre et au même degré ". (108) La liturgie est source de grâce et de sanctification. Son efficacité vient du Christ rédempteur et ne repose pas sur la sainteté du ministre. Cette certitude invitera le diacre à l'humilité, sûr que rien ne pourra jamais compromettre l'oeuvre du Christ ; et, en même temps, elle l'incitera à vivre saintement pour être le digne ministre de cette oeuvre. Les actions liturgiques ne peuvent donc être réduites à des actions privées ou sociales que chacun pourrait célébrer à sa façon, mais elles appartiennent au Corps universel de l'Eglise. (109) Les diacres doivent observer les normes propres des saints mystères avec une telle dévotion qu'ils entraînent les fidèles dans une participation consciente qui fortifie leur foi, qui rende culte à Dieu et qui sanctifie l'Eglise. (110)
(108) Ibid., SC 7.
(109) Cf. ibid., SC 22,3 CIC 841 CIC 846
(110) Cf. CIC 840
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Selon la Tradition de l'Eglise et selon les dispositions du droit, (111) il revient aux diacres d'" aider l'évêque et les prêtres dans la célébration des mystères divins ". (112) Ceux-là s'emploieront donc à favoriser des célébrations ou toute l'assemblée se trouve engagée, en veillant à la participation intérieure de tous et à l'exercice des divers ministères. (113)
(111) " Les diacres ont part à la célébration du culte divin selon les dispositions du droit " : CIC 835nº 3.
(112) Catéchisme de l'Eglise catholique, CEC 1570 cf. Caremoniale Episcoporum, nn. 23-26.
(113) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 26-27
Ils n'oublieront pas la dimension esthétique : elle est tout aussi importante, car elle aide l'homme à percevoir avec tout ce qu'il est la beauté de ce qu'on célèbre. La musique et le chant, même modestes et simples, la parole prêchée, la communion des fidèles qui vivent la paix du Christ et son pardon, sont un trésor que le diacre veillera, en ce qui le concerne, à faire grandir.
Ils seront toujours fidèles à ce que requièrent les livres liturgiques, sans rien ajouter, retrancher ou modifier de leur propre initiative. (114) Manipuler la liturgie, c'est la priver de la richesse du mystère du Christ qui est en elle ; cela pourrait être le signe d'une certaine présomption vis-à-vis de ce qui est établi par la sagesse de l'Eglise. Qu'ils se contentent donc d'accomplir tout et seulement ce qui leur revient. (115) Qu'ils revêtent avec dignité les habits liturgiques prescrits : (116) la dalmatique, de couleur liturgique appropriée, portée sur l'aube, le cordon et l'étole, " constitue le vêtement propre du diacre ". (117)
(114) Cf. CIC 846nº 1.
(115) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 28 SC 116) Cf. CIC 929
(117) Cf. Institutio generalis Missalis Romani, nn. 81b, 300, 302 ; Institutio generalis Liturgia Horarum, n. 255 ; Pontificale Romanum - Ordo dedicationis ecclesia et altaris, nn. 23, 24, 28, 29, Editio typica, Typis Polyglottis Vaticanis (1977), pp. 29 et 90 ; Rituale Romanum De Benedictionibus, n. 36, Editio typica, Typis Polyglottis Vaticanis (1985), p. 18 ; Ordo coronandi imaginem beata Maria Virginis, n. 12, Editio Typica, Typis Polyglottis Vaticanis (1981), p. 10 ; Congrégation pour le Culte divin, Directoire pour les célébrations en absence de prêtre Christi Ecclesia, n. 38 : Notitia 24 (1988), pp. 388-389 ; Pontificale Romanum - De Ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum, n. 188 : " Immediate post Precem Ordinationis, Ordinati stola diaconali et dalmatica induuntur, quo eorum ministerium abhinc in liturgia peragendum manifestetur " ; cf. n. 190 : ed. cit., pp. 102-103 ; Caremoniale Episcoporum, n. 67, Editio Typica, Libreria Editrice Vaticana (1995), pp. 28-29.
La préparation des fidèles aux sacrements, et leur accompagnement pastoral après la célébration relèvent aussi du service des diacres.
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Le diacre, comme l'évêque et le prêtre, est le ministre ordinaire du baptême. (118) Pour exercer cette faculté, il lui faut la permission du curé ù à qui il revient de façon spéciale de baptiser ses paroissiens (119) ù sauf cas de nécessité. (120) Le ministère des diacres dans la préparation à ce sacrement est d'une particulière importance.
(118) CIC 861nº 1.
(119) Cf. ibid., CIC 530n 1
(120) Cf. ibid., CIC 862
32. Dans la célébration de l'Eucharistie, le diacre assiste et aide ceux qui président l'assemblée et consacrent le Corps et le Sang du Seigneur, à savoir l'évêque et les prêtres, (121) selon ce qui est prévu par l'Institutio generalis du Missel romain, (122) et manifeste ainsi le Christ Serviteur : il se tient auprès du prêtre pour le seconder ; en particulier il assiste dans la célébration de la Messe le prêtre aveugle ou atteint d'une autre infirmité. (123) A l'autel, il accomplit le service du calice et du livre ; il propose aux fidèles les intentions pour la prière et il les invite à échanger le signe de la paix ; en l'absence d'autres ministres, il remplit lui-même leurs offices, selon les nécessités.
(121) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem (18 juin 1969), V, 22 : AAS 59 (1967), p. 701.
(122) Cf. Institutio generalis Missalis Romani, nn. 61, 127-141.
(123) Cf. CIC 930nº 2.
A l'inverse, il ne peut prononcer la prière eucharistique et les oraisons, ni faire les actions et les gestes exclusivement réservés à celui qui préside et consacre. (124)
(124) Cf. ibid., CIC 907 Congrégation pour le Clergé et alii, Instruction Ecclesia de mysterio (15 août 1997), art. 6, éd. cit. p. 27.
C'est le propre du diacre que de proclamer les livres de l'Ecriture Sainte. (125)
(125) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 22, 6 : l.c., p. 702.
Comme ministre ordinaire de la sainte Communion, (126) le diacre la distribue pendant la célébration ou en dehors d'elle, et il la porte aux malades, y compris sous forme de viatique. (127) Il est aussi ministre ordinaire de l'exposition du Saint-Sacrement et de la bénédiction eucharistique. (128) Le cas échéant, c'est à lui qu'il revient de présider des assemblées dominicales en absence de prêtre. (129)
(126) Cf. CIC 910nº 1.
(127) Cf. ibid., CIC 911nº 2.
(128) Cf. ibid., CIC 943 cf. également Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 22, : l.c., p. 702.
(129) Cf. Congrégation pour le Culte divin, Directoire pour les célébrations en absence du prêtre Christi Ecclesia, n. 38 : l.c., 388-389 ; Congrégation pour le Clergé et alii, Instruction Ecclesia de mysterio (15 août 1997), art. 7 : éd. cit. p. 28.
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On peut confier aux diacres le soin de la pastorale familiale, dont l'évêque est le premier responsable. Cette responsabilité s'étend aux problèmes moraux, liturgiques, mais aussi à ceux de caractère personnel et social, pour soutenir la famille dans ses difficultés et ses souffrances. (130) Cette responsabilité peut être exercée au niveau diocésain ou, sous l'autorité d'un curé, au niveau local, dans la catéchèse sur le mariage chrétien, dans la préparation personnelle des futurs époux, dans la célébration fructueuse du sacrement et dans l'aide proposée aux conjoints après le mariage. (131)
(130) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale Familiaris consortio, (22 novembre 1981) FC 73 : AAS (1982), pp. 170-171.
(131) Cf. CIC 1063
Les diacres mariés peuvent être d'un grand secours pour proposer la bonne nouvelle sur l'amour conjugal, les vertus qui le soutiennent et l'exercice d'une paternité chrétiennement et humainement responsable.
Il revient aussi au diacre, s'il en reçoit la faculté de la part du curé ou de l'Ordinaire du lieu, de présider la célébration du mariage en dehors de la messe et de donner la bénédiction nuptiale au nom de l'Eglise. (132) La délégation peut aussi être concédée au diacre sous forme générale, aux conditions prévues, (133) et peut être sous-déléguée exclusivement selon les modalités précisées par le Code de Droit canonique. (134)
(132) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. Lumen gentium, LG 29 CIC 1108nº 1-2 ; Ordo celebrandi Matrimonium, ed. typica altera (1991), n. 24.
(133) Cf. CIC 1111nº 1-2.
(134) Cf. ibid., CIC 137nº 3-4.
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C'est une doctrine définie (135) que l'administration du sacrement de l'onction des malades est réservée à l'évêque et aux prêtres ; cela tient à sa subordination envers le pardon des péchés et la digne réception de l'Eucharistie.
(135) Cf. Conc. Oecum. de Florence, Bulle d'union des Arméniens Exsultate Deo (22 nov. 1439) : Les Conciles Oecuméniques 2-1, Paris (1994), pp. 534-549 ; Conc. Oecum. de Trente, Doctrina de sacramento extrema unctionis, Session XIV (25 nov. 1551), chap. et et can. 4 : Les Conciles Oecuméniques 2-2, pp. 710-711 ; 713.
Le soin pastoral des malades peut être confié aux diacres. Le service actif pour les soutenir dans leur souffrance, la catéchèse qui les prépare à recevoir le sacrement des malades, la suppléance du prêtre pour préparer les fidèles à la mort et l'administration du viatique selon le rite propre, sont autant de moyens par lesquels les diacres rendent présente aux fidèles la charité de l'Eglise. (136)
(136) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, II, 10 : l.c., 699 ; Congrégation pour le Clergé et alii, Instruction Ecclesia de mysterio (15 août 1997), art. 9 : éd. cit. pp. 31-32.
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Comme le veut l'Eglise, les diacres sont tenus de célébrer la Liturgie des Heures, par laquelle le Corps mystique tout entier s'associe à la prière que le Christ Tête fait monter vers le Père. Conscients de cette responsabilité, ils célébreront cette liturgie quotidiennement, selon les livres liturgiques approuvés et selon les modalités établies par la conférence des Evêques. (137) Ils s'efforceront encore de favoriser la participation de la communauté chrétienne à cette liturgie, qui n'est jamais une pratique privée mais toujours l'acte même de l'Eglise entière, (138) y compris dans la célébration individuelle.
(137) Cf. CIC 276n. 2 et n. 3.
(138) Cf. Institutio generalis Liturgia Horarum, nn. 20 ; 255-256.
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Le diacre est ministre des sacramentaux, ces " signes sacrés par lesquels, selon une certaine imitation des sacrements, des effets surtout spirituels sont signifiés et sont obtenus grâce à l'intercession de l'Eglise ". (139)
(139) Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 60 Cf. CIC 1166 CIC 1168 CEC 1667
Le diacre peut ainsi conférer les bénédictions touchant de plus près à la vie ecclésiale et sacramentelle qui lui sont expressément consenties par le droit. (140) Il lui revient en outre de présider les obsèques sans messe et le rite de la mise au tombeau. (141)
(140) Cf. CIC 1169nº 3.
(141) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem V, 22, 5 : l.c., p. 702 ; Ordo exsequiarum, n. 19 ; Congrégation pour le Clergé et alii, Instruction Ecclesia de mysterio (15 août 1997), art. 12 : éd. cit. p. 33.
Cependant, quand un prêtre est présent et disponible, c'est à lui qu'il revient de les présider. (142)
(142) Cf. Rituale Romanum - De Benedictionibus, n. 18 c : éd. cit., p. 14.
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Par le sacrement de l'Ordre, le diacre, en communion avec l'évêque et le presbytérium du diocèse, participe aussi des mêmes fonctions pastorales, (143) mais il les exerce sur un mode différent, en servant et en aidant l'évêque et les prêtres. Parce qu'elle relève du sacrement, cette participation fait que les diacres servent le Peuple de Dieu au nom du Christ. Et pour cette même raison, ils doivent s'en acquitter avec une humble charité et, comme le dit saint Polycarpe, " être miséricordieux, zélés, marcher selon la vérité du Seigneur, qui s'est fait le serviteur de tous ". (144) Leur autorité, exercée en communion hiérarchique avec l'évêque et les prêtres, comme l'exige l'unité de consécration et de mission elle-même, (145) est un service de la charité dont le but est d'aider et d'encourager tous les membres de l'Eglise particulière, pour qu'ils puissent participer, dans un esprit de communion et selon leurs charismes, à la vie et à la mission de l'Eglise.
(143) Cf. CIC 129nº 1.
(144) S. Polycarpe, Lettre aux Philippiens, 5 : SCh 10 bis, p. 182 ; cité en Lumen gentium, LG 29.
(145) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, l.c., p. 698.
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Dans le ministère de la charité, les diacres doivent se rendre semblables au Christ Serviteur qu'ils représentent ; ils seront surtout " adonnés aux oeuvres de charité et d'administration ". (146) Aussi l'évêque, dans la prière d'ordination, demande-t-il pour eux à Dieu le Père : " Fais croître en eux les vertus évangéliques : qu'ils soient animés d'une charité sincère, qu'ils prennent soin des malades et des pauvres, qu'ils fassent preuve d'une autorité pleine de mesure (...) en imitant ainsi ton Fils Jésus, venu pour servir, non pour être servi ". (147) Par l'exemple et par la parole, ils doivent s'appliquer à faire que tous les fidèles se mettent au service constant de leurs frères, en suivant l'exemple du Christ.
(146) Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 29
(147) Pontificale Romanum - De ordinatione Episcopi, presbyterorum et diaconorum, n. 207 : ed. cit., p. 122 (Prex Ordinationis).
Les oeuvres de charité, au niveau du diocèse ou de la paroisse, sont parmi les premiers devoirs de l'évêque et des prêtres. Comme l'atteste la Tradition de l'Eglise, elles sont transmises aux serviteurs dans le ministère ecclésiastique : les diacres ; (148) il en va de même pour le service de la charité dans le domaine de l'éducation chrétienne ; pour l'animation des associations, des groupes ecclésiaux de jeunes et des professions séculières ; pour la promotion de la vie à toutes ses étapes, et pour la transformation du monde selon l'ordre chrétien. (149) Dans ces domaines, leur service est particulièrement précieux parce que, dans les circonstances actuelles, les besoins spirituels et matériels auxquels l'Eglise est appelée à répondre sont d'une grande diversité. Qu'ils cherchent donc à servir tout le monde sans discrimination, en faisant particulièrement attention à ceux qui souffrent le plus et aux pécheurs. Comme ministres du Christ et de l'Eglise, ils sauront aller au-delà de toute sorte d'idéologie et d'intérêt partisan, pour ne pas enlever à la mission de l'Eglise ce qui fait sa force : la charité du Christ. La diaconie doit réellement faire éprouver à l'homme l'amour de Dieu, l'amener à la conversion et à ouvrir son coeur à la grâce.
(148) Cf. S. Hippolyte, La Tradition apostolique, 8, 24 : S.C 11 bis, pp. 58-63 ; 98-99 ; Didascalia Apostolorum (Syriaque), capp. III, XI : A. Vööbus (éd.) The " Didascalia Apostolorum " in Syria (texte original syriaque et trad. anglaise), CSCO, vol. I, n. 402 (tome 176), pp. 29-30 ; vol. II, n. 408 (tome 180), pp. 120-129 ; Didascalia Apostolorum, III, 13 (19), 1-7 : F. X. Funk (éd.), Didascalia et Constitutiones Apostolorum, Paderborna 1906, I, pp. 212-216 ; Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Christus Dominus, CD 13
(149) Conc. Oecum. Vat. II, Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et spes, GS 40-45
La fonction caritative des diacres " comporte aussi un service opportun, dans l'administration des biens et dans les oeuvres de charité de l'Eglise. En ce domaine, les diacres ont pour fonction "d'exercer, au nom de la hiérarchie, les devoirs de la charité et de l'administration, ainsi que les oeuvres de service social" ". (150) Selon les cas, ils peuvent donc être investis de l'office d'économe diocésain (151) ou être cooptés au sein du conseil diocésain pour les affaires économiques. (152)
(150) Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 22, 9 : l.c., p. 702 ; cf. Jean-Paul II, Catéchèse lors de l'audience générale (13 octobre 1993), n. 5 : Insegnamenti XVI, (1993)(1993), pp. 1000-1004 (La documentation catholique n. 2082 (1993) p. 960).
(151) Cf. CIC 494
(152) Cf. ibid., CIC 493
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Des trois domaines du ministère diaconal, l'un ou l'autre pourra certainement absorber une part plus ou moins grande de l'activité d'un diacre, selon les cas, mais leur ensemble constitue une unité au service du plan divin de Rédemption : le ministère de la parole conduit au ministère de l'autel, qui, à son tour, pousse à traduire concrètement la liturgie par une vie qui aboutit sur la charité : " Si nous considérons la profonde nature spirituelle de cette diaconie, alors nous pouvons mieux apprécier l'interrelation entre les trois champs du ministère traditionnellement associés au diaconat : le ministère de la parole, le ministère de l'autel, et le ministère de la charité. Selon les circonstances, l'un ou l'autre peut prendre une importance particulière dans le travail individuel d'un diacre, mais ces trois ministères sont inséparablement unis pour servir au plan rédempteur de Dieu ". (153)
(153) Cf. Jean-Paul II, Allocution aux diacres permanents des USA, Detroit (19 septembre 1987) : Insegnamenti, X, (1987)(1987), p. 656.
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A travers l'histoire, le service diaconal a pris des formes multiples pour répondre aux besoins de la communauté chrétienne et pour lui permettre d'accomplir sa mission de charité. Il appartient seulement aux évêques, (154) qui gouvernent et qui ont la charge des Eglises particulières " en tant que vicaires et légats du Christ ", (155) de confier à chacun des diacres son office ecclésiastique selon la norme du droit. Pour conférer l'office, il est nécessaire de considérer attentivement les besoins pastoraux et, éventuellement, la situation personnelle des diacres permanents : professionnelle, et familiale s'ils sont mariés. Mais de toute manière, il est très important que les diacres puissent accomplir, selon leurs possibilités, leur ministère en plénitude : dans la prédication, dans la liturgie et dans la charité ; et qu'ils ne soient pas cantonnés dans des emplois marginaux, dans des fonctions de suppléance ou dans des tâches qui peuvent être ordinairement accomplies par des fidèles non ordonnés. Ainsi seulement les diacres permanents apparaîtront dans leur véritable identité de ministres du Christ, et non comme des laïcs particulièrement engagés dans la vie de l'Eglise.
(154) Cf. CIC 157
(155) Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 27.
Pour le bien du diacre lui-même et pour qu'il ne soit pas livré à lui-même, il est nécessaire que son ordination soit suivie d'une claire investiture de responsabilité pastorale.
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Les différents secteurs de la pastorale diocésaine et la paroisse sont d'ordinaire le champ d'exercice propre du ministère diaconal, qui prend des formes diverses.
L'évêque peut confier aux diacres le mandat de coopérer à la charge pastorale d'une paroisse confiée à un seul curé, (156) ou à la charge pastorale des paroisses confiées in solidum à un ou plusieurs prêtres. (157)
(156) Cf. CIC 519
(157) Cf. ibid., CIC 517nº 1.
Pour participer à l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse, dans le cas ou, faute de prêtre, elle ne pourrait profiter immédiatement des soins d'un curé, (158) les diacres ont toujours la préséance sur les fidèles non ordonnés. En pareil cas, il faut préciser que le modérateur est un prêtre, puisque lui seul est le " pasteur propre " et peut recevoir la charge du soin des âmes (la cura animarum), dont le diacre est coopérateur.
(158) Cf. ibid., CIC 517nº 2.
Les diacres peuvent également être chargés de guider des communautés chrétiennes dispersées, au nom du curé ou de l'évêque. (159) " C'est une fonction missionnaire qu'il faut accomplir dans les territoires, les milieux, les couches sociales, les groupes ou le prêtre est absent ou difficilement joignable. Spécialement là ou aucun prêtre n'est disponible pour célébrer l'Eucharistie, le diacre réunit et dirige la communauté dans une célébration de la Parole avec distribution de la Sainte Communion, dûment conservée. (160) C'est une fonction de suppléance que le diacre exerce par mandat ecclésial quand il s'agit de remédier au manque de prêtres ". (161) Dans ce type de célébrations, on ne manquera jamais de prier également pour l'accroissement des vocations sacerdotales, en expliquant bien qu'elles sont indispensables. En présence d'un diacre, on ne peut confier ni à un fidèle laïc ni à une communauté de personnes (une " équipe ") la participation à l'exercice de la charge pastorale ; il en va de même pour la présidence d'une célébration dominicale.
(159) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 22, 10 : l.c., p. 702.
(160) Cf. CIC 1248 ; Congrégation pour le Culte divin, Directoire pour les célébrations en absence de prêtre Christi Ecclesia, n. 29 : l.c., p. 386.
(161) Jean-Paul II, Catéchèse lors de l'audience générale (13 octobre 1993), n. 4 : Insegnamenti XVI, (1993)(1993), p. 1002.
Dans tous les cas, les compétences du diacre doivent être soigneusement définies par écrit au moment de lui conférer son office.
Entre les diacres et les différents acteurs de la pastorale, il faudra rechercher avec générosité et conviction des modalités de collaboration constructive et patiente. Tandis que les diacres ont le devoir de toujours respecter l'office du curé et de travailler en communion avec tous ceux qui partagent la charge pastorale de ce dernier, ils ont aussi le droit d'être acceptés par tous et pleinement reconnus. Si l'évêque décide d'instituer des conseils pastoraux paroissiaux, les diacres qui ont reçu une participation à la charge pastorale de la paroisse en sont membres de droit. (162) Quoiqu'il en soit, la charité sincère devra toujours prévaloir, qui reconnaît en chaque ministère un don de l'Esprit pour l'édification du Corps du Christ.
(162) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 24 : l.c., p. 702 ; CIC 536
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Le contexte diocésain offre aux diacres de nombreuses occasions d'accomplir fructueusement leur ministère.
Quand sont réunies les conditions requises, ils peuvent en effet être membres des organismes consultatifs diocésains : du conseil pastoral (163) en particulier et, comme on l'a dit, du conseil diocésain pour les affaires économiques ; ils peuvent aussi participer au synode diocésain. (164)
(163) Cf. Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, V, 24 : l.c., p. 702 ; CIC 512nº 1.
(164) Cf. CIC 463nº 2.
Cependant les diacres ne peuvent pas faire partie du conseil presbytéral, en tant que ce dernier représente exclusivement le presbytérium. (165)
(165) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 28 Décr. Christus Dominus, CD 27 Décr. Presbyterorum Ordinis, PO 7 CIC 495nº 1.
S'ils possèdent les qualités expressément requises, ils peuvent être appelés dans l'administration diocésaine à remplir l'office de chancelier, (166) de juge, (167) d'assesseur, (168) d'auditeur, (169) de promoteur de justice, de défenseur du lien (170) et de notaire. (171)
(166) Cf. CIC 482
(167) Cf. ibid., CIC 1421nº 1.
(168) Cf. ibid., CIC 1424
(169) Cf. ibid., CIC 1428nº 2.
(170) Cf. ibid., CIC 1435
(171) Cf. ibid., CIC 483nº 1.
En revanche, ils ne peuvent être nommés vicaires judiciaires, ni vice-officiaux, ni doyens (vicaires forains), puisque ces offices sont réservés aux prêtres. (172)
(172) Cf. ibid., CIC 1420nº 4 ; CIC 553nº 1.
Les commissions ou organismes diocésains, la pastorale de milieux sociaux spécifiques, en particulier la pastorale de la famille ou des populations qui ont besoin d'un soin pastoral particulier, comme par exemple les groupes ethniques, sont pour les diacres autant de champs ouverts à leur ministère.
Dans l'accomplissement de ces derniers offices, le diacre n'oubliera pas que toute action de l'Eglise doit être signe de la charité et du service des frères. Dans l'action judiciaire, administrative et organisatrice, il se gardera donc de toute forme de bureaucratisation, pour ne pas priver son ministère de son sens et de sa fécondité pastorales. Voilà pourquoi, pour préserver l'intégrité du ministère diaconal, celui qui est appelé à remplir ces offices doit de toute manière être mis dans les conditions qui lui permettent d'accomplir un service typiquement et proprement diaconal.
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L'Eglise, rassemblée par Jésus Christ et conduite par l'Esprit Saint selon le dessein de Dieu le Père, est " présente dans le monde, tout en étant en pèlerinage " (173) vers la plénitude du Royaume ; (174) elle vit et annonce l'Evangile dans des circonstances historiques concrètes. " Le monde qu'elle a ainsi en vue est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l'univers au sein duquel elle vit. C'est le théâtre ou se joue l'histoire du genre humain, le monde marqué par l'effort de l'homme, ses défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur ; il est tombé, certes, sous l'esclavage du péché, mais le Christ, par la croix et la résurrection, a brisé le pouvoir du Malin, et l'a libéré pour qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu et qu'il parvienne à son accomplissement ". (175)
(173) Conc. Oecum. Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, SC 2
(174) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 5
(175) Conc. Oecum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, GS 2.
Le diacre, membre et ministre de l'Eglise, doit en tenir compte dans sa vie et dans son apostolat ; il doit connaître les cultures, les aspirations et les problèmes de son temps, car c'est dans ce contexte qu'il est appelé à être un signe vivant du Christ Serviteur, et tout à la fois à faire sienne la tâche de l'Eglise de " scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile ; pour qu'elle puisse répondre, de façon adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leur relation mutuelle ". (176)
(176) Ibid., GS 4.
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La vocation universelle à la sainteté a sa source dans le " baptême de la foi ", qui nous a rendus " vraiment enfants de Dieu et participants de la nature divine, donc réellement saints ". (177)
(177) Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 40
Par le sacrement de l'Ordre, les diacres " sont consacrés à Dieu d'une manière nouvelle, (...) consacrés par l'onction du Saint-Esprit et envoyés par le Christ " (178) au service du Peuple de Dieu, " en vue de construire le Corps du Christ " (Ep 4,12).
(178) Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Presbyterorum ordinis, PO 12.
" De là jaillit la spiritualité diaconale, qui a sa source dans ce que le Concile Vatican II appelle "la grâce sacramentelle du diaconat". (179) Non seulement elle est une aide précieuse dans l'accomplissement des diverses fonctions, mais elle imprègne profondément l'âme du diacre, l'incitant à l'offrande, au don de toute sa personne pour le service du Royaume de Dieu dans l'Eglise. Comme l'indique le mot lui-même de diaconat, ce qui caractérise les sentiments et la volonté de celui qui reçoit ce sacrement, c'est l'esprit de service. Par le diaconat, on tend à réaliser ce que Jésus a déclaré au sujet de sa mission : "Le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mc 10,45 Mt 20,28). (180) Ainsi le diacre vit par et dans son ministère la vertu d'obéissance : quand il accomplit fidèlement les tâches qui lui sont confiées, il sert l'épiscopat et le presbytérat dans les " munera " de la mission du Christ. Et c'est le ministère pastoral lui-même qu'il accomplit, pour le bien des hommes.
(179) Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Ad gentes, AGD 16
(180) Jean-Paul II, Catéchèse lors de l'audience générale (20 octobre 1993) : Insegnamenti, XVI, (1993)(1993), p. 1053.
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De cela découle la nécessité pour le diacre d'accueillir avec reconnaissance l'invitation à suivre le Christ Serviteur, et de s'appliquer à lui être fidèle dans toutes les circonstances de sa vie. Le " caractère " reçu dans l'ordination réalise une configuration au Christ à laquelle il lui faut consentir et qu'il doit faire croître dans toute sa vie.
La sanctification est une exigence commune à tous les fidèles ; (181) chez le diacre, elle se fonde ultérieurement sur la consécration spéciale reçue. (182) Elle comporte la pratique des vertus chrétiennes et des divers préceptes et conseils d'origine évangélique, selon son propre état de vie. Le diacre est appelé à vivre saintement car, par les sacrements du Baptême et de l'Ordre, l'Esprit de Dieu l'a déjà rendu saint, il l'a constitué ministre de l'oeuvre par laquelle l'Eglise du Christ sert et sanctifie l'homme. (183)
(181) " Tous les fidèles doivent, chacun selon sa condition propre, s'efforcer de mener une vie sainte et promouvoir la croissance et la sanctification continuelle de l'Eglise " : CIC 210
(182) " Étant au service des mystères du Christ et de l'Eglise, ils doivent se garder purs de tout vice, plaire à Dieu et pourvoir à toute sorte de bien devant les hommes (cf. 1Tm 3,8-10 1Tm 3,12-13) " : Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, LG 41 cf. également Paul VI, Lettre apost. Sacrum Diaconatus Ordinem, VI, 25 : l.c., p. 702.
(183) " Dans leur conduite, les clercs sont tenus par un motif particulier à poursuivre la sainteté, puisque consacrés à Dieu à un titre nouveau par la réception du sacrement de l'Ordre, ils sont les dispensateurs des mystères de Dieu au service de son peuple " : CIC 276nº 1.
Pour les diacres, la vocation à la sainteté consiste plus particulièrement à " suivre Jésus dans son attitude d'humble serviteur, qui ne s'exprime pas seulement par les oeuvres de charité mais investit et modèle toute la manière de penser et d'agir ". (184) " Si leur ministère est en harmonie avec cet esprit, ils mettent davantage en lumière ce trait spécifique du visage du Christ : le service ", (185) pour ne pas être seulement " serviteurs de Dieu ", mais aussi serviteurs de Dieu en la personne de leurs frères. (186)
(184) Jean-Paul II, Catéchèse lors de l'audience générale (20 octobre 1993) : Insegnamenti, XVI, (1993)(1993), p. 1054.
(185) Ibid.,1 : l.c., p. 1054.
(186) Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Apostolicam Actuositatem AA 4 AA 8 Const. past. Gaudium et spes GS 27 GS 93
1998 Vie des Diacres 28