Introduction a la vie devote - CHAPITRE XVII
COMME IL FAUT RECEVOIR LES INSPIRATIONS (76)
Nous appellons inspirations tous les attraitz, mouvemens, reproches et remords interieurs, lumieres et connoissances que Dieu fait en nous, prevenant nostre coeur en ses benedictions (77) par son soin et amour paternel, affin de nous resveiller, exciter, pousser et attirer aux saintes vertus, a l'amour celeste, aux bonnes resolutions, bref, a tout ce qui nous achemine a nostre bien eternel. C'est ce que l'Espoux appelle (78) heurter a la porte (79) et parler au coeur de son Espouse (80), la resveiller quand elle dort (81), la crier et reclamer quand elle est absente (82), l'inviter a son miel et a cueillir des pommes et des fleurs en son jardin (83), et a chanter et faire resonner sa douce voix a ses oreilles (84).
Pour l'entiere resolution d'un mariage, trois actions doivent entrevenir quant a la damoiselle que l'on veut marier: car premierement, on luy propose le parti; secondement, elle aggree la proposition, et en troisiesme lieu, elle consent. Ainsy Dieu voulant faire en nous, par nous et avec nous, quelque action de grande charité, premierement, il nous la propose par son inspiration; secondement, nous l'aggreons; tiercement, nous y consentons; car, comme pour descendre au peché il y a trois degrés, la tentation, la delectation et le consentement, aussi en y a-il trois pour monter a la vertu: l'inspiration, qui est contraire a la tentation, la delectation en l'inspiration, qui est contraire a la tentation, la delectation en l'inspiration, qui est contraire a la delectation de la tentation, et le consentement a l'inspiration, qui est contraire au consentement a la tentation.
Quand l'inspiration dureroit tout le tems de nostre vie, nous ne serions pourtant nullement aggreables a Dieu si nous n'y prenions playsir; au contraire, sa divine Majesté en seroit offencee, comme il le fut contre les Israélites aupres desquelz il fut quarante ans, comme il dit (85), les sollicitant a se convertir, sans que jamais ilz y voulussent entendre, dont il jura contre eux en son ire qu'onques ilz n'entreroyent en son repos (86). Aussi le gentilhomme qui auroit longuement servi une damoiselle, seroit bien fort desobligé si, apres cela, elle ne vouloit aucunement entendre au mariage qu'il desire.
Le playsir qu'on prend aux inspirations est un grand acheminement a la gloire (87) de Dieu, et des -ja on commence a plaire par iceluy a sa divine Majesté; car si bien cette delectation n'est pas encor un entier consentement, c'est une certaine disposition a iceluy. Et si c'est un bon signe et chose fort utile de se plaire a ouïr la parolle de Dieu, qui est comme une inspiration exterieure, c'est chose bonne aussi et aggreable a Dieu de se plaire en l'inspiration interieure: c'est ce playsir, duquel parlant l'Espouse sacree, elle dit (88): Mon ame s'est fondue d'ayse, quand mon Bienaymé a parlé. Aussi le gentilhomme est des-ja fort content de la damoiselle qu'il sert et se sent favorisé, quand il voit qu'elle se plait en son service.
Mais en fin c'est le consentement qui parfait l'acte vertueux; car si estans inspirés et nous estans pleus en l'inspiration, nous refusons neanmoins par apres le consentement a Dieu, nous sommes extremement mesconnoissans et offençons grandement sa divine Majesté, car il semble bien qu'il y ait plus de mespris. Ce fut ce qui arriva a l'Espouse; car, quoy que la douce voix de son Bienaymé luy eust touché le coeur d'un saint ayse, si est-ce neanmoins qu'elle ne luy ouvrit pas la porte, mais s'en excusa d'une excuse frivole; dequoy l'Espoux justement indigné, passa outre et la quitta (89). Aussi le gentilhomme qui apres avoir longuement recherché une damoiselle et luy avoir rendu son service aggreable, en fin seroit rejetté et mesprisé, auroit bien plus de sujet de mescontentement que si la recherche n'avoit point esté aggreée ni favorisee.
Resolvés-vous, Philothee, d'accepter de bon coeur toutes les inspirations qu'il plaira a Dieu de vous faire et quand elles arriveront, receves-les comme les ambassadeurs du Roy celeste, qui desire contracter mariage avec vous. Oyes paisiblement leurs propositions; consideres l'amour avec lequel vous estes inspiree, et caresses la sainte inspiration. Consentés, mais d'un consentement plein, amoureux et constant a la sainte inspiration; car en cette sorte, Dieu, que vous ne pouves obliger, se tiendra pour fort obligé a vostre affection. Mais avant que de consentir aux inspirations des choses importantes ou extraordinaires, affin de n'estre point trompee, conseilles-vous tous-jours a vostre guide, a ce qu'il examine si l'inspiration est vraye ou fause; d'autant que l'ennemi voyant une ame prompte a consentir aux inspirations, luy en propose bien souvent des fauses pour la tromper, ce qu'il ne peut jamais faire tandis qu'avec humilité elle obeira a son conducteur.
Le consentement estant donné, il faut avec un grand soin procurer les effectz, et venir a l'execution de l'inspiration, qui est le comble de la vraye vertu; car d'avoir le consentement dedans le coeur sans venir a l'effect d'iceluy, ce seroit comme de planter une vigne sans vouloir qu'elle fructifiast.
Or, a tout cecy sert merveifleusement de bien prattiquer l'exercice du matin et les retraittes spirituelles que j'ay marquees cy dessus (90); car par ce moyen, nous nous preparons a faire le bien, d'une preparation non seulement generale, mais aussi particuliere.
76. - Ce chapitre ne figure pas à l'endroit correspondant du Ms.; mais le dessein qu'avait l'Auteur de l'y introduire est indiqué par cette note: Ici le chap. des Inspira....
77. - Ps 20, 3
78. - Variante: buquer ou (A)
79. - Ct 5,2
80. - Is 11,2; Os 2,14
81. - Ct 5,2
82. -Ct 2,10;13
83. - Ct 5,1; 6,1
84. - Variante: J'ay besoin d'une similitude pour me faire bien entendre. (A-B)
85. - Ps 94,10
86. - Ps 94,11
87. - Variante: grace (A)
88. - Ct 5,6
89. - id
90. - ch X,XII
DE LA SAINTE CONFESSION
Nostre Sauveur a laissé a son Eglise le Sacrement de Penitence et de Confession affin qu'en iceluy nous nous lavions de toutes nos iniquités, toutes fois et quantes que nous en serons souïllés. Ne permettes donq jamais, Philothee, que vostre coeur demeure long tems infecté de peché, puisque vous aves un remede si present et facile. La lyonne qui a esté accostee du leopard va vistement se laver pour oster la puanteur que cette accointance luy a laissee, affin que le lyon venant n'en soit point offensé et irrité *: l'ame qui a consenti au peché doit avoir horreur de soy mesme, et se nettoyer au plus tost, pour le respect qu'elle doit porter aux yeux de sa divine Majesté qui la regarde. Mais pourquoy mourrons nous de la mort spirituelle, puisque nous avons un remede si souverain ?
Confesses vous humblement et devotement tous les huit jours, et tousjours s'il se peut quand vous communieres, encor que vous ne senties point en vostre conscience aucun reproche de peché mortel; car par la Confession vous ne recevres pas seulement l'absolution des pechés venielz que vous confesserés, mays aussi une grande force pour les eviter a l'advenir, une grande lumiere pour les bien discerner, et une grace abondante pour reparer toute la perte qu'ilz vous avoient apportee. Vous prattiqueres la vertu d'humilité, d'obeissance, de simplicité et de charité; et en cette seule action de Confession, vous exercerés plus de vertu qu'en nulle autre.
Ayes tous-jours un vray desplaysir des pechés que vous confesserés, pour petitz qu'ilz soyent, avec une ferme resolution de vous en corriger a l'advenir. Plusieurs se confessans par coustume des pechés venielz et comme par maniere d'ageancement, sans penser nullement a s'en corriger, en demeurent toute leur vie chargés, et par ce moyen perdent beaucoup de biens et prouffitz spirituelz. Si donq vous vous confesses d'avoir menti, quoy que sans nuysance, ou d'avoir dit quelque parole desreglee, ou d'avoir trop joüé, repentes-vous en et ayes ferme propos de vous en amender car c'est un abus de se confesser de quelque sorte de peché, soit mortel soit veniel, sans vouloir s'en purger, puisque la Confession n'est instituee que pour cela.
Ne faites pas seulement ces accusations superflues que plusieurs font par routine: je n'ay pas aymé Dieu tant que je devois; je n'ay pas prié avec tant de devotion que je devois; je n'ay pas cheri le prochain comme je devois; je n ay pas receu les Sacremens avec la reverence que je devois, et telles semblables: la rayson est, parce qu'en disant cela vous ne dires rien de particulier qui puisse faire entendre au confesseur l'estat de vostre conscience, d'autant que tous les Saintz de Paradis et tous les hommes de la terre pourroyent dire les mesmes choses s'ilz se confessoyent. Regardés donq quel sujet particulier vous aves de faire ces accusations la, et lhors que vous l'aures descouvert, accuses-vous du manquement que vous aures commis, tout simplement et naifvement. Par exemple, vous vous accuses de n'avoir pas cheri le prochain comme vous devies; c'est peut estre parce qu'ayant veu quelque pauvre fort necessiteux, lequel vous pouvies aysement secourir et consoler, vous n'en aves eu nul soin. Et bien, accuses-vous de cette particularité et dites ayant veu un pauvre necessiteux, je ne l'ay pas secouru comme je pouvois, par negligence, ou par dureté de coeur, ou par mespris, selon que vous connoistres l'occasion de cette faute. De mesme, ne vous accuses pas de n'avoir pas prié Dieu avec telle devotion comme vous deves; mays si vous aves eu des distractions volontaires, ou que vous ayes negligé de prendre le lieu, le tems et la contenance requise pour avoir l'attention en la priere, accuses-vous en tout simplement, selon que vous treuverés y avoir manqué, sans alleguer cette generalité, qui ne fait ni froid ni chaud en la Confession.
Ne vous contentes pas de dire vos pechés venielz quant au fait, mais accuses-vous du motif qui vous a induit a les commettre. Par exemple, ne vous contentés pas de dire que vous aves menti sans interesser personne; mais dites si ç'a esté ou par vaine gloire, affin de vous loüer et excuser, ou par vaine joye, ou par opiniastreté. Si vous aves peché a joüer, expliques si ç'a esté pour le desir du gain, ou pour le playsir de la conversation, et ainsy des autres. Dites si vous vous estes longuement arrestee en vostre mal, d'autant que la longueur du tems accroist pour l'ordinaire de beaucoup le peché, y ayant bien de la difference entre une vanité passagere, qui se sera escoulee en nostre esprit l'espace d'un quart d'heure, et celle en laquelle nostre coeur aura trempé un jour, deux jours, trois jours. Il faut donq dire le fait, le motif et la duree de nos pechés; car encores que communement on ne soit pas obligé d'estre si pointilleux en la declaration des pechés venielz, et que mesme on ne soit pas tenu absolument de les confesser, si est-ce que ceux qui veulent bien espurer leurs ames pour mieux atteindre a la sainte devotion, doivent estre soigneux de bien faire connoistre au medecin spirituel le mal, pour petit qu'il soit, duquel ilz veulent estre gueris.
N''espargnes point de dire ce qui est requis pour bien faire entendre la qualité de vostre offence, comme le sujet que vous aves eu de vous mettre en cholere, ou de supporter quelqu'un en son vice. Par exemple, un homme lequel me desplait, me dira quelque legere parole pour rire, je le prendray en mauvaise part et me mettray en cholere; que si un autre qui m'eust esté aggreable en eust dit une plus aspre, je l'eusse prins en bonne part. Je n'espargneray donq point de dire: je me suis relaschee a dire des paroles de courroux contre une personne, ayant prins de luy en mauvaise part quelque chose qu'il m'a dit, non point pour la qualité des paroles, mais parce que celuy la m'estoit desaggreable. Et s'il est encor besoin de particulariser les paroles pour vous bien declarer, le pense qu'il seroit bon de les dire; car s'accusant ainsy naifvement, on ne descouvre pas seulement les pechés qu'on a fait, mais aussi les mauvaises inclinations, coustumes, habitudes et autres racines du peché, au moyen dequoy le pere spirituel prend une plus entiere connoissance du coeur qu'il traitte et des remedes qui luy sont propres. Il faut neanmoins tous-jours tenir couvert le tiers qui aura cooperé a vostre peché, tant qu'il sera possible.
Prenes garde a une quantité de pechés qui vivent et regnent bien souvent insensiblement dedans la conscience, affin que vous les confessies et que vous puissies vous en purger; et a cet effect, lises diligemment les chapitres VI, XXVII, XXVIII, XXIX, XXXV et XXXVI de la troisiesme Partie et le chapitre VIII de la quatriesme Partie (91).
Ne changes pas aysement de confesseur, mais en ayant choisi un, continues a luy rendre conte de vostre conscience aux jours qui sont destinés pour cela, luy disant naifvement et franchement les pechés que vous aures commis; et de tems en tems, comme seroit de mois en mois ou de deux mois en deux mois, dites-luy encor l'estat de vos inclinations, quoy que par icelles vous n'ayes pas peché, comme si vous esties tourmentee de la tristesse, du chagrin, ou si vous estes portee a la joye, aux desirs d'acquerir des biens, et semblables inclinations.
91. - Variante: le chapitre XXXIX et XLV de cette Partie (Ms.-A). £
C'est par inadvertance que cette phrase de l'Edition Princeps est reproduite dans la seconde; car la répartition des matières ayant été modifiée, l'édition (A), comme toutes celles qui ont suivi, ne compte que vingt et un chapitres dans la seconde Partie.]
DE LA FREQUENTE COMMUNION
On dit que Mithridates, roy de Ponte, ayant inventé le mithridat renforça tellement son cors par iceluy, que s'essayant par apres de s'empoisonner pour eviter la servitude des Romains, jamais il ne luy fut possible (92). Le Sauveur a institué ce Sacrement tres auguste de l'Eucharistie qui contient reellement sa chair et son sang, affin que qui le mange vive eternellement (93); c'est pourquoy, quicomque en use souvent avec devotion affermit tellement la santé et la vie de son ame, qu'il est presque impossible qu'il soit empoisonné d'aucune sorte de mauvaise affection. On ne peut estre nourri de cette chair de vie et vivre des affections de mort; si que comme les hommes demeurans au paradis terrestre pouvoyent ne mourir point selon le cors, par la force de ce fruit vital que Dieu y avoit mis, ainsy peuvent ilz ne point mourir spirituellement, par la vertu de ce Sacrement de vie. Que si les fruitz les plus tendres et sujetz a corruption, comme sont les cerises, les abricotz et les fraises, se conservent aysement toute 1'annee estans confitz au sucre ou au miel, ce n'est pas merveille si nos coeurs, quoy que fresles et imbecilles, sont preservés de la corruption du peché lhors qu'ilz sont sucrés et emmiellés de la chair et du sang incorruptible du Filz de Dieu. O Philothee, les Chrestiens qui seront damnés demeureront sans replique lhors que le juste Juge leur fera voir le tort qu'ilz ont eu de mourir spirituellement, puisqu'il leur estoit si aysé de se maintenir en vie et en santé par la manducation de son Cors qu'il leur avoit laissé a cette intention. Miserables, dira-il, pourquoy estes-vous mortz, ayans a commandement le fruit et la viande de la vie?
" De recevoir la Communion de l'Eucharistie tous les jours, ni je ne le loüe ni je ne le vitupere; mais de communier tous les jours de Dimanche, je le suade et en exhorte un chacun, pourveu que l'esprit soit sans aucune affection de pecher. " Ce sont les propres paroles de saint Augustin (94), avec lequel je ne vitupere ni loüe absolument que l'on communie tous les jours, mais laisse cela a la discretion du pere spirituel de celuy qui se voudra resouldre sur ce point; car la disposition requise pour une si frequente Communion devant estre fort exquise, il n'est pas bon de le conseiller generalement; et parce que cette disposition la, quoy qu'exquise, se peut treuver en plusieurs bonnes ames, il n'est pas bon non plus d'en divertir et dissuader generalement un chacun, ains cela se doit traitter par la consideration de l'estat interieur d'un chacun en particulier. Ce seroit imprudence de conseiller indistinctement a tous cet usage si frequent; mais ce seroit aussi imprudence (95) de blasmer aucun pour iceluy, et sur tout quand il suivroit l'advis de quelque digne directeur . La response de sainte Catherine de Sienne fut gracieuse, quand luy estant opposé, a rayson de sa frequente Communion, que saint Augustin ne loüoit ni ne vituperoit de communier tous les jours: Et bien, dit-elle, " puisque saint Augustin ne le vitupere pas, je vous prie que vous ne le vituperies pas non plus, " et je me contenteray (96) .
Mais, Philothee, vous voyés que saint Augustin exhorte et conseille bien fort que l'on communie tous les Dimanches; faites le donques tant qu'il vous sera possible. Puisque, comme je presuppose, vous n' aves nulle sorte d'affection du peché mortel, ni aucune affection au peché veniel, vous estes en la vraye disposition que saint Augustin requiert, et encores plus excellente, parce que non seulement vous n 'aves pas l'affection de pecher, mais vous n aves pas mesme l'affection du peché; si que, quand vostre. pere spirituel le treuveroit bon, vous pourries utilement communier encores plus souvent que tous les Dimanches.
Plusieurs legitimes empeschemens peuvent neanmoins vous arriver, non point de vostre costé mais de la part de ceux avec lesquelz vous vives, qui donneroyent occasion au sage conducteur de vous dire que vous ne communies pas si souvent. Par exemple, si vous estes en quelque sorte de subjection, et que ceux a qui vous deves de l'obeissance ou de la reverence soyent si mal instruitz ou si bigearres qu'ilz s'inquietent et troublent de vous voir si souvent communier, a l'adventure, toutes choses considerees, sera-il bon de condescendre en quelque sorte a leur infirmité, et ne communier que de quinze jours en quinze jours; mais cela s'entend en cas qu'on ne puisse aucunement vaincre la difficulté. On ne peut pas bien arrester cecy en general, il faut faire ce que le pere spirituel dira; bien que je puisse dire asseurement que la plus grande distance des Communions est celle de mois a mois, entre ceux qui veulent servir Dieu devotement.
Si vous estes bien prudente, il n'y a ni mere, ni femme, ni mari, ni pere qui vous empesche de communier souvent: car, puisque le jour de vostre Communion, vous ne laisseres pas d'avoir le soin qui est convenable a vostre condition, que vous en seres plus douce et plus gracieuse en leur endroit et que vous ne leur refuseres nulle sorte de devoirs, il n'y a pas de l'apparence qu'ilz veuillent vous destourner de cet exercice, qui ne leur apportera aucune incommodité, sinon qu'ilz fussent d'un esprit extremement coquilleux et desraysonnable; en ce cas, comme j'ay dit, a l'adventure que vostre directeur voudra que vous usies de condescendance.
Il faut que je die ce mot pour les gens mariés: Dieu treuvoit mauvais en l'ancienne Loy que les creanciers fissent exaction de ce qu'on leur devoit es jours des festes (97), mais il ne treuva jamais mauvais que les debiteurs payassent et rendissent leurs devoirs a ceux qui les exigeoient. C'est chose indecente, bien que non pas grand peché, de solliciter le payement du devoir nuptial le jour que l'on s'est communié, mais ce n'est pas chose malseante, ains plustost meritoire de le payer. C'est pourquoy, pour la reddition de ce devoir-la, aucun ne doit estre privé de la Communion, si d'ailleurs sa devotion le provoque a la desirer. Certes, en la primitive Eglise, les Chrestiens communioient tous les jours, quoy qu'ilz fussent mariés et benis de la generation des enfans; c'est pourquoy j'ay dit que la frequente Communion ne donnoit nulle sorte d'incommodité ni aux peres, ni aux femmes, ni aux maris, pourveu que l'ame qui communie soit prudente et discrete.
Quant aux maladies corporelles, il n'y en a point qui soit empeschement legitime a cette sainte participation, si ce n'est celle qui provoqueroit frequemment au vomissement.
Pour communier tous les huit jours (98), il est requis de n'avoir ni peché mortel ni aucune affection au peché veniel, et d'avoir un grand desir de se communier; mais pour communier tous les jours, il faut, outre cela, avoir surmonté la pluspart des mauvaises inclinations, et que ce soit par advis du pere spirituel.
92. - Aulus Gellius, Noctes Atticae, 17,16
93. - Jn 6,50
94. - De Eccl. Dogm. 23,53. Cette citation est probablement empruntée au Corpus Juris Canonici, (Decreti IIIa Pars, tit. Il, C. XIII), où le livre De Ecclesiasticis Dogmatibus est attribué à saint Augustin, opinion qui a été communément suivie jusqu'au XVIIe siècle. La critique moderne a reconnu que l'ouvrage en question n'est pas du grand Eveque d'Hippone, mais de Gennade de Marseille, mort vers 497. Vpoir à la Préface de cette nouvelle Edition (Partie Il) les remarques faites sur la doctrine de saint François de Sales, touchant la fréquente Corrimunion.
95. Variante: impudence (A-C)
96. - B.Raym. De Cap., Vita S.Cath. Sen., 2,17
97. - Dt 15,1
98. - Dans le Ms., aussi bien que dans l'Edition Princeps, cet alinéa commence le chapitre suivant; mais un signe tracé par le Saint, indique la place qui lui est définitivement attribuée à la fin de ce chapitre xx.
COMME IL FAUT COMMUNIER
Commencés le soir precedent a vous preparer a la sainte Communion par plusieurs aspirations et eslancemens d'amour, vous retirant un peu de meilleure heure affin de vous pouvoir aussi lever plus matin. Que si la nuit vous vous resveilles, remplisses soudain vostre coeur et vostre bouche de quelques paroles odorantes, par le moyen desquelles vostre ame soit parfumee pour recevoir l'Espoux, lequel, veillant pendant que vous dormes, se prepare a vous apporter mille graces et faveurs, si de vostre part vous estes disposee a les recevoir. Le matin leves-vous avec grande joye, pour le bonheur que vous esperés, et vous estant confessee, aIles avec grande confiance, mais aussi avec grande humilité, prendre cette viande celeste qui vous nourrit a l'immortalité. Et apres que vous aures dit les pardes sacrees: Seigneur, je ne suis pas digne(99), ne remues plus vostre teste ni vos levres, soit pour prier soit pour souspirer, mais ouvrant doucement et mediocrement vostre bouche, et eslevant vostre teste autant qu'il faut pour donner commodité au prestre de voir ce qu'il fait, receves pleine de foy, d'esperance et de charité Celuy lequel, auquel, par lequel et pour lequel vous croyes, esperes et aymes.
O Philothee, imaginés-vous que comme l'abeille ayant recueilli sur les fleurs la rosee du ciel et le suc plus exquis de la terre, et l'ayant reduit en miel, le porte dans sa ruche, ainsy le prestre ayant pris sur l'autel le Sauveur du monde, vray Filz de Dieu, qui comme une rosee est descendu du Ciel, et vray Filz de la Vierge, qui comme fleur est sorti de la terre de nostre humanité, il le met en viande de suavité dedans vostre bouche et dedans vostre cors. L'ayant receu, excites vostre coeur a venir faire hommage a ce Roy de salut; traittes avec luy de vos affaires interieures, considerés-le dedans vous, ou il s'est mis pour vostre bonheur; en fin, faites-luy tout l'accueil qu'il vous sera possible, et comportes-vous en sorte que l'on connoisse en toutes vos actions que Dieu est avec vous.
Mais quand vous ne pourres pas avoir ce bien de communier reellement a la sainte Messe, communies au moins de coeur et d'esprit, vous unissant par un ardent desir a cette chair vivifiante du Sauveur.
Vostre grande intention en la Communion doit estre de vous avancer, fortifier et consoler en l'amour de Dieu; car vous deves recevoir pour l'amour ce que le seul amour vous fait donner. Non, le Sauveur ne peut estre consideré en une action ni plus amoureuse ni plus tendre que celle ci, en laquelle il s'aneantit, par maniere de dire, et se reduit en viande affin de penetrer nos ames et s' unir intimement au coeur et au cors de ses fidelles.
Si les mondains vous demandent pourquoy vous communies si souvent, dites leur que c'est pour apprendre a aymer Dieu, pour vous purifier de vos imperfections, pour vous delivrer de vos miseres, pour vous consoler en vos afflictions, pour vous appuyer en vos foiblesses. Dites leur que deux sortes de gens doivent souvent communier: les parfaitz, parce qu'estans bien disposés, ilz auroyent grand tort de ne point s'approcher de la source et fontaine de perfection, et les imparfaitz, affin de pouvoir justement pretendre a la perfection; les fortz affin qu'ilz ne deviennent foibles, et les foibles afin qu'ilz deviennent fortz; les malades afin d'estre gueris, les sains affin qu'ilz ne tombent en maladie; et que pour vous, comme imparfaitte, foible et malade, vous aves besoin de souvent communiquer avec vostre perfection, vostre force et vostre medecin. Dites leur que ceux qui n'ont pas beaucoup d'affaires mondaines doivent souvent communier parce qu'ilz en ont la commodité, et ceux qui ont beaucoup d'affaires mondaines, parce qu'ilz en ont necessité, et que celuy qui travaille beaucoup et qui est chargé de peynes doit aussi manger les viandes solides et souventesfois. Dites leur que vous receves le Saint Sacrement pour apprendre a le bien recevoir, parce que l'on ne fait gueres bien une action a laquelle on ne s'exerce pas souvent.
Communies souvent, Philothee, et le plus souvent que vous pourrés, avec l'advis de vostre pere spirituel; et croyes-moy, les lievres deviennent blancz parmi nos montagnes en hiver parce qu'ilz ne voyent ni mangent que la neige(100), et a force d'adorer et manger la bonté et la pureté mesme en ce divin Sacrement, vous deviendres toute belle, toute bonne et toute pure.
99. - Mt 8,8
100. - Pline Hist Nat. 8,55
TROISIESME PARTIE DE L ' INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE
CONTENANT PLUSIEURS ADVIS TOUCHANT L'EXERCICE DES VERTUS
DU CHOIX QUE L'ON DOIT FAIRE QUANT A L'EXERCICE DES VERTUS
Le roy des abeilles ne se met point aux champs qu'il ne soit environné de tout son petit peuple, et la charitê n'entre jamais dans un coeur qu'elle n'y loge avec soy tout le train des autres vertus, les exerçant et mettant en besoigne ainsy qu'un capitaine fait ses soldatz; mais elle ne les met pas en oeuvre ni tout a coup, ni egalement, ni en tous tems, ni en tous lieux. Le juste est comme l'arbre qui est plantê sur le cours des eaux, qui porte son fruit en son tems (1), parce que la charité arrousant une ame, produit en elle les oeuvres vertueuses chacune en sa saison. La musique, tant aggreable de soy mesme, est importune en un deuil, dit le Proverbe (2). C'est un grand defaut en plusieurs qui, entreprenans l'exercice de quelque vertu particuliere, s'opiniastrent d'en produire des actions en toutes sortes de rencontres, et veulent, comme ces anciens philosophes (3), ou tous-jours pleurer ou tous-jours rire; et font encor pis quand ilz blasment et censurent ceux qui, comme eux, n'exercent pas tous-jours ces mesmes vertus. Il se faut res-jouir avec les joyeux et pleurer avec les pleurans, dit l'Apostre (4); et la charité est patiente, benigne (5), liberale, prudente, condescendante.
Il y a neanmoins des vertus lesquelles ont leur usage presque universel, et qui ne doivent pas seulement faire leurs actions a part, ains doivent encor respandre leurs qualités es actions de toutes les autres vertus. Il ne se presente pas souvent des occasions de prattiquer la force, la magnanimité, la magnificence; mais la douceur, la temperance, l'honnesteté et l'humilité sont des certaines vertus desquelles toutes les actions de nostre vie doivent estre teintes. Il y a des vertus plus excellentes qu'elles; l'usage neanmoins de celles ci est plus requis. Le sucre est plus excellent que le sel; mais le sel a un usage plus frequent et plus general. C'est pourquoy il faut tous-jours avoir bonne et prompte provision de ces vertus generales, puisqu'il s'en faut servir presque ordinairement.
Entre les exercices des vertus, nous devons preferer celuy qui est plus conforme a nostre devoir, et non pas celuy qui est plus conforme a nostre goust. C'estoit le goust de sainte Paule d'exercer l'aspreté des mortifications corporelles pour jouir plus aysement des douceurs spirituelles, mais elle avoit plus de devoir a l'obeissance de ses superieurs; c'est pourquoy saint Hierosme advoüe (6) qu'elle estoit reprehensible en ce que, contre l'advis de son Evesque, elle faisoit des abstinences immoderees. Les Apostres au contraire, commis pour prescher l'Evangile et distribuer le pain aux ames, jugerent extremement bien qu'ils eussent eu tort de s incommoder en ce saint exercice pour prattiquer la vertu du soin des pauvres, quoy que tres excellente (7). Chaque vacation a besoin de prattiquer quelque speciale vertu: autres sont les vertus d'un prelat, autres celles d'un prince, autres celles d'un soldat, autres celles d'une femme mariee, autres celles d'une vefve; et bien que tous doivent avoir toutes les vertus, tous neanmoins ne les doivent pas egalement prattiquer, mais un chacun se doit particulierement addonner a celles qui sont requises au genre de vie auquel il est appellé.
Entre les vertus qui ne regardent pas nostre devoir particulier, il faut preferer les plus excellentes et non pas les plus apparentes. Les cometes paroissent pour l'ordinaire plus grandes que les estoiles et tiennent beaucoup plus de place a nos yeux; elles ne sont pas neanmoins comparables ni en grandeur ni en qualité aux estoiles, et ne semblent grandes sinon parce qu'elles sont proches de nous et en un sujet plus grossier au prix des estoiles. Il y a de mesme certaines vertus lesquelles, pour estre proches de nous, sensibles et, s'il faut ainsy dire, materielles, sont grandement estimees et tous-jours preferees par le vulgaire: ainsy prefere-il communement l'aumosne temporelle a la spirituelle, la haire, le jeusne, la nudité, la discipline et les mortifications du cors a la douceur, a la debonnaireté, a la modestie et autres mortifications du coeur (8), qui neanmoins sont bien plus excellentes. Choisissés donq, Philothee, les meilleures vertus et non pas les plus estimees, les plus excellentes et non pas les plus apparentes, les meilleures et non pas les plus braves.
(9) Il est utile qu'un chacun choisisse un exercice particulier de quelque vertu, non point pour abandonner les autres, mais pour tenir plus justement son esprit rangé et occupé. Une belle jeune fille, plus reluisante que le soleil, ornee et paree royalement et couronnee d'une couronne d'olives, apparut a saint Jean Evesque d'Alexandrie et luy dit: " Je suis la fille aisnee du Roy; si tu me peux avoir pour ton amie je te conduiray devant sa face. " Il conneut que c'estoit la misericorde envers les pauvres que Dieu luy recommandoit, si que, par apres, il s'addonna tellement a l'exercice d'îcelle, que pour cela il est par tout appellé saint Jean l'Aumosnier (10). Euloge Alexandrin, desirant faire quelque service particulier a Dieu, et n'ayant pas asses de force ni pour embrasser la vie solitaire ni pour se ranger sous l'obeissance d'un autre, retira chez soy un miserable tout perdu et gasté de ladrerie pour exercer en iceluy la charité et mortification; ce que pour faire plus dignement il fit voeu de l'honnorer, traitter et servir comme un valet feroit son maistre et seigneur. Or, sur quelque tentation survenue tant au ladre qu'a Euloge de se quitter l'un l'autre, ilz s'addresserent au grand saint Anthoine qui leur dit: "Gardes bien, mes enfans, de vous separer l'un de l'autre; car estans tous deux proches de vostre fin, si l'Ange ne vous treuve pas ensemble, vous coures grand peril de perdre vos couronnes (11)."
Le roy saint Louys visitoit, comme par un prix fait, les hospitaux et servoit les malades de ses propres mains. Saint François aymoit sur tout la pauvreté qu'il appelloit sa Dame; saint Dominique, la prédication de laquelle son Ordre a prins le nom. Saint Gregoire le Grand se plaisoit a caresser les pelerins a l'exemple du grand Abraham, et comme iceluy receut le Roy de gloire sous la forme d'un pelerin. Tobie s'exerçoit en la charité d'ensevelir les defunctz; sainte Elizabeth, toute grande princesse qu'elle estoit, aymoit sur tout l'abjection de soy mesme; sainte Catherine de Gennes, estant devenue vefve, se dedia au service de l'hospital. Cassian raconte (12) qu'une devote damoiselle, desireuse d'estre exercee en la vertu de patience, recourut a saint Athanase, lequel a sa requeste, mit avec elle une pauvre vefve, chagrine, cholere, facheuse et insupportable, laquelle gourmandant perpetuellement cette devote fille, luy donna bon sujet de prattiquer dignement la douceur et condescendance.
Ainsy entre les serviteurs de Dieu, les uns s'addonnent a servir les malades, les autres a secourir les pauvres, les autres a procurer l'avancement de la doctrine chrestienne entre les petitz enfans, les autres a ramasser les ames perdues et esgarees, les autres a parer les eglises et orner les autelz, et les autres a moyenner la paix et concorde entre les hommes. En quoy ilz imitent les brodeurs qui, sur divers fonds, couchent en belle varieté les soyes, l'or et l'argent pour en faire toutes sortes de fleurs; car ainsy ces ames pieuses qui entreprennent quelque particulier exercice de devotion, se servent d'iceluy comme d'un fonds pour leur broderie spirituelle, sur lequel elles prattiquent la varieté de toutes les autres vertus (13), tenans en cette sorte leurs actions et affections mieux unies et rangees par le rapport qu'elles en font a leur exercice principal, et font ainsy paroistre leur esprit En son beau vestement de drap d'or recamé, Et d'ouvrages divers a l'esguille semé (14)
Quand nous sommes combattus de quelque vice, il faut, tant qu'il nous est possible, embrasser la prattique de la vertu contraire, rapportant les autres a icelle; car par ce moyen nous vaincrons nostre ennemi et ne laisserons pas de nous avancer en toutes les vertus. Si je suis combattu par l'orgueil ou par la cholere, il faut qu'en toute chose je me panche et plie du costé de l'humilité et de la douceur, et qu'a cela je face servir les autres exercices de l'orayson, des Sacremens, de la prudence, de la constance, de la sobrieté. Car, comme les sangliers pour aiguiser leurs defenses les frottent et fourbissent avec leurs autres dens, lesquelles reciproquement en demeurent toutes fort affilees et tranchantes, ainsy l'homme vertueux ayant entreprins de se perfectionner en la vertu de laquelle il a plus de besoin pour sa defense, il la doit limer et affiler par l'exercice des autres vertus, lesquelles en affinant celle la, en deviennent toutes plus excellentes et mieux polies; comme il advint à Job, qui s'exerçant particulierement en la patience, contre tant de tentations desquelles il fut agité, devint parfaittement saint et vertueux en toutes sortes de vertus. Ains il est arrivé, comme dit saint Gregoire Nazianzene (15), que par une seule action de quelque vertu, bien et parfaittement exercee, une personne a atteint au comble des vertus, alleguant Rahab, laquelle, ayant exactement prattiqué l'office d'hospitalité, parvint a une gloire supreme (16); mais cela s'entend quand telle action se fait excellemment, avec grande ferveur et charité..
1. - Ps 1,3
2. - Qo 22,6
3. - Héraclite et Démocrite.
4. - Rm 12,15
5. - 1Co 13,4
6. -Liv I ch 24
7. - Ac 6,2
8. - Variante: £
et fera bien plus d'estat de la souffrance volontaire des peynes exterieures, que de la souffrance des injures et mespris qui semble ne toucher que le coeur, et estime plus la patience d'un travail volontaire que celle d'une longue maladie; et a la verité...] neanmoins, l'aumosne spirituelle et la mortification du coeur sont [ tous-j ours preferables a...] bien plus excellentes que l'aumosne et mortification du cors, £
et la resignation est bien plus excellente en la douce et amiable acceptation des peynes et travaux que Dieu nous envoye, qu' elle n'est pas a l'election et au choix des peynes volontaires.] Choisissés donq, ma Philothee (Ms.)
9. -Variante: £
On ne peut avoir la charité sans avoir toutes les autres vertus, comme j'ay dit, et on ne les a que pour les exercer en tems et lieu, et en l'exercice d'icelles il faut donner le premier rang a celle qui regarde notre devoir, et donner le second rang.....apres lesquelles il faut preferer les spirituelles, interieures et plus excellentes: c'est cela que j'ay dit jusques a present. J'adjouste maintenant que] (Ms).
10. - Vitae Patrum, I, Vita S.Joann.Eleemos. 7.
11. ,- Vitae Patrum, 7,19; 8,26.
12. - Collat. Patrum, 18,14
13. - Variante: et par cet exercice bienaymé elles tiennent leurs espritz et... ] tenans par ce moyen leurs actions et affections mieux unies et rangees £
les conduisant toutes a ce dessein comm 'a leur rendes vous; si qu'on void leur esprit ] (Ms.)
14. - Ps 44,10
15. - Orat. 14,2
16. - Jos 6; He 11,31; Jc 2,25
Introduction a la vie devote - CHAPITRE XVII