Vies de saints - VIE



LA VIE DE SAINT NICOLAS, LE THAUMATURGE


INTRODUCTION

Quand Dieu mourra, dit un proverbe russe, nous mettrons saint Nicolas à sa place. Tellement, saint Nicolas est aimé en Russie et d'ailleurs dans tous les pays orthodoxes. Chaque jeudi lui est consacré (et aux apôtres), en tant que modèle des évêques. Ferme dans la foi, il se distinguait également par ses vertus comme montre le récit qui suit.

Ce texte est traduit de l'arabe et je me suis permit de le modifier un peu et de le compléter par d'autres récits.

Notre saint vécu au quatrième siècle et fut évêque de Myre en Lycie (dans le sud de la Turquie). Avec saint Spyridon et les autres 316 pères il participa au Concile oecuménique à Nicée.

Il compte parmi les saints myrophylites c'est-à-dire que ses reliques suintent de la myre qui embaume. Ses reliques furent dérobées au 12e siècles par les habitants de Bari (Italie) et c'est dans l'église de saint Nicolas à Bari où une partie des ses reliques sont encore conservé et continuent de suinter.

Hiéromoine Cassien


ENFANCE ET JEUNESSE DE SAINT NICOLAS

Au nom du Père et du Fils et du saint Esprit, Dieu unique en son essence et trine en ses personnes, Lui qui manifeste par ses saints ses merveilles pour que nous rendions gloire et célébrions la grandeur de la sainte Trinité qui nous sauve des traits du démon par la vénération de ses martyrs et ses saints à toute époque et en tout temps.

Écoutez, mes frères et mes bien-aimés, l'histoire de ce saint vénérable et sa vie pleine de vertus.

Son père s'appelait Epiphane et sa mère Nona. C'étaient de riches et nobles habitants de la ville de Myre, en Lycie, adorateurs du Christ notre Seigneur, pleins d'amour pour Lui, adonnés à faire ce qui Lui plaît, ayant renoncé au monde et à ses plaisirs, suivant une route agréable à notre Dieu. Malgré cela, ils avaient le coeur lourd, à cause de leur stérilité, car ils n'avaient jamais eu d'enfants. Quand ils furent avancés en âge et n'eurent plus du tout d'espoir d'avoir un enfant, quand ils furent atteints par la vieillesse selon la nature humaine, ils n'en continuèrent pas moins à demander à Dieu nuit et jour de leur accorder un enfant qui fut leur consolation. Dieu entendit leur prière et eut pitié d'eux. Il dénoua les liens de leur stérilité et leur accorda un "bon fruit" qui réjouit leurs yeux, et non seulement les leurs, mais ceux de tous les habitants du monde entier.

Quand arriva le temps de l'enfantement, sa mère mit au monde un enfant mâle. Ses parents s'en réjouirent beaucoup et l'appelèrent Nicolas, du nom de son oncle, un moine chaste, supérieur d'un grand monastère. Quand fut mise au monde cette lampe resplendissante, tous ceux qui entendirent parler de cette naissance s'en réjouirent, car il naquit par l'assistance du Seigneur Christ dans sa bonté pour ses parents. Écoutez mes frères, ce qui nous a été manifesté par cet enfant bienheureux.

Baptême du saint Quand on voulut le sevrer, comme les petits enfants, Dieu, loué soit-Il, voulut laisser paraître sa vertu et l'attachement qu'Il lui portait depuis sa petite enfance, ainsi que ses miracles éclatants. Il se leva donc en se tenant droit sur ses deux pieds, environ deux heures, au milieu des assistants. Devant cela, ils louèrent Dieu grandement. Quant à sa mère, semblable à Anne qui reçut son enfant après un voeu, quand elle conçut le saint, elle était stérile, elle aussi. Et de même que Jean Baptiste a libéré la stérilité de ses parents et qu'il fut leur fils unique, ainsi en fut-il de ce saint. C'est un faiseur de merveilles et de miracles.

Le Dieu de toute bonté montra à ses parents et à ceux qui l'aiment ce qu'il en serait de sa vie, et que depuis son enfance il faisait partie du groupe de la droite, étranger à ceux de la gauche. En effet, au temps de son allaitement, il ne se nourrissait que du sein droit, montrant par là qu'il ne participait pas aux oeuvres de gauche. Il prenait le sein droit une fois par jour. Quant aux mercredis et vendredis, il ne s'allaitait qu'à la neuvième heure (vers trois heure après-midi), comme le demande l'Église à tous les chrétiens. Telle fut la précocité de ce bienheureux, ainsi depuis son enfance fit-il resplendir les oeuvres de la vertu.

Comme on l'a dit, il grandissait en taille et croissait en sagesse, faisant resplendir miracles et prodigues par la grâce que Dieu lui accorda jusqu'à sa pieuse vieillesse et même après son départ de ce monde.

L'oncle de notre saint était en son monastère. Les parents allèrent l'avertir de sa naissance. Ils lui racontèrent son histoire et qu'ils l'avaient appelé de son nom: Nicolas. Il s'émerveilla, rendit gloire au Seigneur Dieu, et leur dit: "Il y a quelques temps, j'avais eu une vision au sujet de cet enfant. L'ange du Seigneur me l'avait annoncé. On verra de sa part des choses encore plus grandes. Le Seigneur accomplira par lui des phénomènes extraordinaires et de grands miracles, et le nom du Seigneur en sera glorifié."
Puis il les bénit et ils revinrent chez eux. Ils continuèrent à élever cet enfant avec le respect et la révérence qui lui étaient dûs.

Quand il eut cinq ans, ils le confièrent à un précepteur pour lui enseigner ce que convenait. Mais le saint écrivait les lettres avec l'assistance de l'Esprit saint comme maître. On lui dictait des mots et, sans qu'il les connût, la manière de les écrire lui était claire. Tous ceux qui le voyaient s'en émerveillaient et glorifiaient Dieu.

Dès ce moment, le Seigneur voulut faire paraître ses oeuvres admirables. Il y avait une femme dont le bas des jambes était paralysé. Elle le vit et lui demanda de le guérir. Il pria et traça sur elle le signe de la sainte Croix. Elle fut guérie sur le champ et partit en glorifiant Dieu et son saint Nicolas.


LE SAINT DEVINT CLERC ET MOINE

Ce saint ne s'est pas attardé dans ses études pendant longtemps. Chaque fois qu'il en avait besoin, l'enseignement de l'Esprit saint le rendait parfait. Il dépassa ainsi beaucoup de ses compagnons et d'autres personnes. Ses parents le présentèrent à l'église pour qu'il serve Dieu qui le leur avait donné. Alors l'évêque l'ordonna lecteur et il grandissait en vertu et en grâce. Ensuite, il devint moine au monastère, auprès de son oncle, apprenant par expérience que le labeur le conduisait à la science. La ferveur de son ascétisme et de son austérité apaisa ce qui aurait pu ébranler sa résolution. Son coeur fut purifié et ses pensées illuminées. Ses puissances irascibles ne lui servaient que contre le démon, et ses facultés sensibles étaient tendues vers Dieu. Étant donné cette belle conduite, il fut présenté à l'âge de dix neuf ans, par une inspiration du Dieu très-haut comme prêtre d'une église que son oncle avait fait construire sous le vocable de Sion en ce monastère où il était. Il y accomplit le service liturgique de toute sa force et son beau zèle.

Peu de temps après, il fut pris du désir de visiter Jérusalem. Quand il fut affermi dans sa résolution, il demanda à son oncle de le bénir afin de se mettre en route. Il le bénit et le laissa aller. Il monta sur un bateau, et tout de suite se levèrent des vents légers et favorables de telle sorte qu'en peu de jours ils furent rendus, par la grâce de Dieu, à la ville de Jérusalem. Saint Nicolas se prosterna dans les Lieux saints, il baisa les traces divines, puis il revint à son monastère où il l'emporta en dévotion et en austérité sur beaucoup d'ascètes. Sur ces entrefaites, ses parents moururent dans une heureuse vieillesse. Ils lui laissèrent tous leurs biens qu'il partagea entre les pauvres et les indigents, certain de les engranger dans les magasins du ciel à l'abri des voleurs et des vers. Il accomplit tant de bien, montra tant de miséricorde, fit tant d'aumônes, que la langue humaine ne peut les décrire. Mais nous allons en mentionner une petite partie, à la gloire de Dieu et pour l'honneur de saint Nicolas.


IL DOTE TROIS FILLES PAUVRES

Il y avait un homme noble et très riche. Le sort lui fut contraire et il perdit ce qu'il avait. Il finit par tomber dans une extrême pauvreté. L'excès de sa misère lui fit perdre l'esprit. Ses pensées et ses sentiments se transformèrent, et Satan lui inspira une action vile et méprisable. Il avait trois filles de belle apparence. Il pensa les placer dans une maison de tolérance, connue comme telle, pour tirer profit, de cette façon perverse, et satisfaire ainsi à ses besoins et à la nourriture de ses enfants. À cause de leur pauvreté, en effet, personne n'avait voulu épouser l'une de ses filles, et lui avait honte de les marier à des pauvres, à cause de sa noblesse, de la richesse qu'il avait possédée, et de son aisance passée.

Il en vint donc à cette idée perverse et vile. Mais le Seigneur tourna son regard vers lui. Lui qui n'oublie pas les bonnes actions des hommes, Il se souvint des aumônes de celui-ci. Il eut pitié de lui, Il le préserva et révéla son histoire à ce noble saint Nicolas. Il l'envoya vers lui pour le sauver de la perte qu'il encourait du fait de son intention néfaste et mauvaise.

Lorsque le saint eut appris la situation de ce malheureux, celle de ses filles, et ce que le démon projetait de leur faire, il noua une bourse de pièces d'or à la mesure de ce qui convenait pour le mariage de la première fille et la jeta dans la maison de l'homme par la fenêtre. Puis il s'en alla secrètement pour que nul n'en sût rien et que cette personne ne soit couverte de honte.

Quand vint le matin, ce malheureux se leva de son sommeil. Il s'approcha et trouva la bourse d'or au milieu de sa maison. Il s'en réjouit grandement, s'émerveilla, rendit grâce à Dieu de ses miséricordes et déclara: "Dieu as eu la bonté de nous donner ce qu'il faut pour le mariage de l'aînée." Il la dota et la maria à qui Dieu voulut. Loué soit-Il!

Quand le saint vit que Dieu avait sauvé l'homme de son intention mauvaise et qu'il avait marié sa fille, il fit un paquet semblable au premier et le jeta par cette fenêtre, puis il s'en alla rapidement. À son lever, de bon matin, l'homme trouva le paquet, comme le premier. Il se prosterna sur son visage adorant le Christ et dit: "Seigneur miséricordieux, je Te demande de me faire connaître celui par lequel Tu nous as secourus, et par la main duquel Tu nous as sauvés de la perte et préservés, moi et mes enfants, de la tache qui allait nous souiller et dont nous allions nous charger volontairement." Il entreprit alors de doter sa deuxième fille et la maria.

Il resta à veiller pendant la nuit, espérant voir celui qui apporterait l'argent pour sa dernière fille. Et pendant qu'il était éveillé, voici saint Nicolas apporta une bourse semblable aux deux premières et la jeta aussi par cette petite fenêtre. Quand l'homme entendit tomber la bourse dans la maison, il ne s'arrèta pas pour aller la chercher, mais il partit rapidement pour savoir qui l'avait jetée. Il trouva le saint, se prosterna à ses pieds en pleurant et eut le courage de lui dire: "Si Dieu ne t'avait suscité et révélé notre situation, nous aurions certainement perdu nos âmes en toute conscience. Puisque Dieu nous a sauvés par ta main, il nous faut louer son saint nom et te remercier de ta bienveillance à notre égard." Saint Nicolas entendit cette parole de l'homme. Il le releva de terre et le contraignit par de grands serments à ne faire connaître à personne la somme qu'il lui avait donnée.

Cette belle action a été rapportée parmi beaucoup d'autres pour que vous sachiez par expérience que Dieu n'oublie pas ceux qui croient en son nom très saint, même s'ils ont eu à subir de la part du démon une épreuve telle qu'ils auraient succombé. À nous donc de ne pas négliger d'accomplir la justice, de faire des bonnes actions, des dons et des aumônes les uns envers les autres, pour que Dieu nous sauve de la ruse du démon et de ses coups comme il a sauvé cet homme de son projet honteux car ses aumônes étaient bénies. Notre saint le sut et lui épargna ce qu'il aurait eu à endurer.


L'ARBRE MAUDIT

Un jour les gens d'un village vinrent à lui et se prosternèrent à ses pieds en disant: "Nous demandons à ta Sainteté, ô serviteur de Dieu, d'écouter notre demande et de nous venir en aide. La mort et la ruine nous menacent. Il y a dans notre village un arbre énorme et immense. Un esprit mauvais y habite et cause aux gens un tort considérable. Il a gâté nos cultures, rendu notre lieu inhabitable, et nous supplions ta Sainteté, ô saint du Seigneur, d'avoir pitié de nous. Viens avec nous pour abattre cet arbre par tes prières toujours exaucées, et nous chasserons loin de nous cet esprit impur qui y réside, afin d'être soulagé de nos maux."

Le saint acquiesça à leur demande. Il partit avec eux à l'emplacement de l'arbre. Il trouva à son pied des traces de coups de hache. Il en demanda la raison, et on lui apprit que chaque fois que quelqu'un voulait abattre l'arbre il en sortait un grand bruit, la hache volait de la main de celui qui la tenait et le tuait. Il restait là gisant sans sépulcre et personne n'osait l'enterrer. Quand le saint entendit cela, il se mit à genoux pendant deux heures, puis il se releva de sa prière et ordonna à l'assemblée d'aller chercher des haches et de couper l'arbre. Ils eurent très peur et furent saisis de terreur. Le saint vit leur frayeur, il s'empara de la hache, fit sur elle le signe de la sainte Croix et en frappa l'arbre sept fois.

Alors l'esprit mauvais cria très fort: "Malheur à moi, car ce serviteur de Dieu m'a chassé de cet arbre après l'avoir habité si longtemps! Personne ne m'a vaincu sinon lui." Ensuite le saint coupa l'arbre et ordonna à l'assemblée de se rassembler du côté de l'ouest car il semblait que l'arbre penchait vers l'est. Mais le démon maudit leur fit croire que l'arbre penchait de leur côté. Ils eurent peur et dirent par la bouche de l'un d'entre eux: "Serviteur de Dieu, sauve nous et viens à notre secours pour que cet arbre ne nous fasse pas périr!" Le saint fit sur lui le signe de la croix par trois fois, ensuite il le prit dans ses bras en disant: "Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, je t'ordonne de revenir en arrière, et ne fais de mal à personne." Alors l'arbre revint de l'autre côté. L'esprit mauvais ne recommença plus à se montrer dans ces parages, et les gens du village louèrent le Dieu bon qui donne à ses élus puissance sur les démons. La hauteur de cet arbre était de quarante coudées et sa largeur de trois. Le saint envoya chercher des scieurs pour débiter l'arbre et il ordonna de le porter à l'église de Sion qu'avait bâtie Nicolas, l'oncle du saint, et ils en surélevèrent l'édifice.


LA SOURCE D'EAU

Les gens d'un village arrivèrent, s'enquérirent du saint et s'approchèrent de lui en disant: "Serviteur du Christ, aide-nous! Depuis longtemps nous avions une source d'eau où nous puisions et abreuvions nos bêtes. Un jour une femme est allée puiser de l'eau à la source, comme d'habitude. Un esprit impur l'a renversée soudain et l'a jetée dans la source. Elle s'est noyée, et depuis ce moment l'eau est trouble, elle est devenue comme de la boue. Une grande crainte nous a saisis et personne n'ose plus s'approcher de la source. La ruine nous menace, nous et notre bétail. Ne nous abandonne pas, par ta Sainteté, mais viens nous sauver."

Le saint leur dit: "Si vous croyez sincèrement en notre Seigneur Jésus Christ, j'irai avec vous, et Lui, dans sa miséricorde, rendra l'eau potable et la bénira."

Tous dirent: "Nous croyons en Dieu et nous avons confiance que par ta Sainteté, ô père, nous recevrons la miséricorde de notre Seigneur."

Le saint parti donc avec eux. Quand les servants de l'autel furent arrivés et que la foule se fut approchée des saints mystères vivifiants, il sortit, s'assit à la porte du sanctuaire et s'adressa au peuple en disant à voix forte: "Sachez bien, mes frères, que je suis un pécheur ayant besoin de l'aide des autres. C'est le Dieu tout-puissant qui accomplira vos demandes et ne décevra pas votre espérance."

Tandis qu'il parlait ainsi à l'assemblée, un homme se prosterna à ses pieds et s'écria: "J'étais dans mon village. Arriva un homme. Il me dit que les gens de notre village étaient partis demander au saint homme de Dieu de venir montrer sa miséricorde envers eux. Et j'ai dit: Qui est le serviteur de Dieu? Et à cause de mon manque de foi j'ai dit: Dieu est vivant! Je ne crois pas en un homme, de quelque point de la terre soit-il! Et après avoir dit cela,j'ai vu cette nuit même un fleuve de boue coulant vers moi dans l'intention de m'engloutir. Une grande crainte m'enveloppa et je criai très fort: Aie pitié de moi, Seigneur, et sauve moi de cette calamité. Et j'entendis, venant du ciel, une grande voix me disant: 'Voici le serviteur de Dieu, Nicolas, qui vient vers toi.' À ce moment vint vers moi une personne ayant l'apparence d'un prêtre. Il me prit par la main, me retira du fleuve de boue et me dit: 'Mon fils, crois et ne sois pas incrédule, car ce que tu as vu est le châtiment préparé pour les infidèles.'"

Il se prosterna à ses pieds en lui demandant pardon. Le saint eut pitié de lui, il le bénit, et sa foi dans les saints en fut fortifiée.

C'est alors que la foule lui adressa cette demande: "Dans la montagne, près de chez nous, est cachée de l'eau. Nous en avons entendu parler par nos anciens, mais personne de notre montagne n'a découvert son emplacement. Nous te prions de demander au Seigneur très-haut par tes prières de nous la montrer." Le bienheureux ordonna à la foule de le suivre en portant dans leurs mains l'arme de la croix et les saints évangiles. Il marcha avec eux jusqu'à la montagne en priant. Puis il se mit à genoux et pria ainsi: "Seigneur notre Maître et notre Dieu, Toi qui fis jaillir de l'eau dans le désert à la prière de Moïse ton serviteur et qui as désaltéré un peuple assoiffé, exauce-les en ce jour. Envoie ton Esprit saint, et que jaillissent les eaux cachées ici pour la vie de tes créatures, ô Seigneur, les hommes, le bétail, les animaux et toute créature, et que par moi soit glorifié ton nom redoutable plein de gloire et d'honneur pour le Père, le Fils et le saint Esprit." Et il acheva sa prière par: Amen. La foule se tenait là, se demandant à quel endroit allait jaillir l'eau. Le saint leur dit: "Le Seigneur ma révélé que là où je me suis mis à genoux, c'est là que vous boirez. Il prit une pelle et commença à creuser le premier. Ensuite il la passa à l'un des prêtres et lui ordonna de creuser profondément. Au bout d'une coudée et demie jaillit une eau abondante. Tous les assistants se réjouirent et rendirent gloire à Dieu et à son saint.

Le saint alla ensuite avec eux jusqu'à la source boueuse. Il s'arrèta, se mit à genoux et pria. Puis il se leva et ordonna au peuple de crier: " Kyrie eleison, pitié Seigneur !" Il demeura en prières pendant deux heures. À la fin il s'écria: "Je te le dis, esprit mauvais et sanguinaire, je t'ordonne au nom du Seigneur Jésus Christ de t'en aller rapidement d'ici et de ne plus t'approcher de ce lieu." Sur le champ l'esprit mauvais gémit d'une voix irritée: "Malheur à moi, ne me chasse pas de ma demeure, serviteur de Dieu." Il s'éleva une fumée irritante et puante et il s'en alla. Alors le serviteur de Dieu remua l'eau avec une baguette et elle retrouva sa pureté première. Il fit apporter un gobelet qu'il remplit et il but le premier, ensuite il donna à boire au peuple.

Après avoir bu, ils se réjouirent grandement et glorifièrent le Seigneur Christ et son thaumaturge saint Nicolas.

Il partit à son monastère. À son approche, les moines se rassemblèrent auprès de lui ainsi que le peuple. Ils le saluèrent, reçurent sa bénédiction, et l'un des prêtres dit: "Nous désirons tous, ô saint de Dieu, partager le pain avec toi et nous réjouir de ton retour." Il leur ordonna de s'asseoir sur les sièges de l'église, puis il prit la quantité de trois coupes de vin et les plaça dans un seul vase. Ensuite il leur présenta trois pains d'offrande et commença à leur donner à manger et à boire. Ils mangèrent et burent tous à satiété. Ils se réjouirent du miracle, adorèrent Dieu et rendirent grâce à son saint nom. À Lui la gloire éternellement. Amen.


GUÉRISON D'UN POSSÉDÉ

Un jour que le saint était assis, un groupe de gens virent le trouver avec un homme enchaîné et possédé d'un esprit mauvais. Ils se mirent tous à genou du juste et lui demandèrent de guérir cet homme de son mal. Il leur dit: "Déliez la créature de Dieu de ces liens." Ils lui dirent: "Monseigneur, nous ne sommes pas sûrs, si nous le délions de pouvoir l'attacher de nouveau, et de nous approcher de lui." Le saint leur dit: "Déliez-le et laissez-le aller en paix, car le Seigneur Dieu l'a guéri." Alors ils le délièrent comme l'avait ordonné le saint. Il prit de l'huile de la lampe, et fît sur lui le signe de la sainte croix. Peu de jours après, le malade fut guéri par les prières du saint, et il revint chez lui en bonne santé pour la gloire de Dieu. Il rendit grâces au saint et publia ses miracles. En le voyant les gens de son village et ceux de sa famille se réjouirent beaucoup et rendirent gloire à Dieu qui fait don de ses merveilles et de ses miracles à ses élus.


LA TEMPETE APPAISÉE

On a dit que le saint avait désiré se rendre aux Lieux saints pour y adorer. Il monta en bateau avec une troupe de gens. Après avoir quelque peu progressé, le saint vit par l'Esprit dont il était habité ce qui était sur le point de leur advenir. Il dit aux passagers du bateau: "Allons, mes enfants, mettons-nous tous en prière, et ne nous arrêtons pas, car une grand calamité va nous atteindre, et nous risquons de mourir." Ils entendirent sa parole, et tombèrent à ses pieds en pleurant, lui demandant de prier à leur place. Ils dirent: "Tes prières nous assureront la faveur de Dieu et Il aura pitié de nous." Ils lui demandèrent ensuite qui lui avait annoncé cela. Il leur dit: "J'ai su qu'Iblis, l'ennemi des hommes, est irrité contre nous. Il nous guette. Je l'ai vu tenant à la main une épée à deux tranchants. Il tourne autour du bateau et menace de couper les cordages de la voile et de la vergue et de nous jeter dans l'abîme pour nous faire périr." Ayant dit cela, il se mit à supplier Dieu avec larmes.

Le soir venu,il s'abattit soudain un tourbillon de vents formidables, au point que les vagues allaient recouvrir le bateau. Quand les matelots virent l'imminence du naufrage et qu'ils n'avaient aucune issue, ils se prosternèrent aux pieds du saint en disant; "Prie pour nous sans cesse afin que Dieu nous pardonne et ne nous fasse point périr." Il leur répondit: "Mes enfants, le Seigneur est proche de nous, Il prend soin de nous et Il nous sauvera par sa miséricorde."

Après cela, il fléchit de nouveau les genoux pendant deux heures et demeura prosterné en prière devant eux. Lorsqu'il eut terminé sa prière, la tempête s'apaisa, le vent se calma, et ils glorifièrent Dieu. Mais le démon ne se tint pas tranquille. Il demeura à l'affût, à la recherche d'une ruse lui permettant d'affliger le serviteur de Dieu et ses compagnons.

Voici que le mât auquel on suspendit les cordages de la voile était terminé par une croix. Par la violence de la tempête elle tomba. L'un des matelots s'élança en haut du mât pour la fixer comme elle était auparavant. En descendant il tomba et on le releva mort. Les matelots l'entourèrent et se mirent à se lamenter sur sa mort soudaine. Alors le saint leur dit: "Ne pleurez pas, mes enfants, il vaut mieux supplier pour lui le Seigneur qui fait revivre les morts, car Il est tout-puissant et capable de le ressusciter." Sur ces paroles, il s'approcha du mort, pria, et traça sur lui le signe de la sainte croix, et le mort se leva comme quelqu'un qui s'éveille de son sommeil. Tous ceux qui étaient sur le bateau virent ce miracle, alors ils glorifièrent Dieu grandement. Ils accomplirent après cela un voyage tranquille jusqu'à ce qu'ils arrivèrent aux confins de l'Egypte.

Saint Nicolas s'en alla à l'église de saint Tadros où il demeura quatre jours.


LA GUÉRISON DE L'AVEUGLE

Il y avait dans cette église que nous avons dite un aveugle assis là en permanence. Lorsque le saint le vit, il lui dit, inspiré par l'Esprit divin: "Depuis combien de temps as tu perdu la vue?" Il lui répondit: "Depuis trois ans. J'ai dépensé une grande fortune chez les médecins sans parvenir à la guérison." Le saint reprit: "Pourquoi ne t'es tu pas tourné vers Dieu et ses saints. Il leur est possible de te guérir gratuitement." Alors l'aveugle répondit: "Depuis ma petite enfance je n'ai jamais eu beaucoup de foi, alors que faire maintenant, ô mon père?" Le saint lui dit: "Si tu crois en cette heure que Dieu peut te guérir par l'intercession de ses saints ... " Et l'aveugle s'écria: "Je crois en Dieu, je crois en toi, ô son ami, son élu, je crois que tu es puissant dans tes demandes à Dieu, car Il accepte tes justes prières. Et maintenant, si tu le veux, Monseigneur, tu peux me guérir, par la miséricorde de Dieu."

Alors le saint eut pitié de lui. Il fit une prière, prit de l'huile de la lampe de saint Tadros et fit sur ses yeux le signe de la sainte croix en disant: "Moi, je crois que notre Dieu qui a ouvert les yeux de l'aveugle, c'est Lui qui demain te donnera la lumière, et rien ne t'empéchera d'y voir clair de tes yeux."

Le lendemain, le pur et saint Nicolas partit en voyage. Les yeux de cet aveugle s'ouvrirent soudain. Il partit faire le tour des villages, car il y voyait parfaitement clair. Il glorifiait Dieu, loué soit-Il, et il proclamait ce qu'il avait obtenu de la part du saint vénéré, le seigneur Nicolas.


UN AUTRE MIRACLE

Il y avait un homme atteint des frissons de la fièvre. Ses entrailles et son ventre lui faisaient très mal au point qu'il était resté quatre mois sans pouvoir "sortir" ni prendre de nourriture, et il était sur le point de mourir. Il alla trouver le saint, tomba à ses genoux et lui baisa les pieds. Il lui fit connaître son état et son mal et lui demanda de le guérir. Il lui dit: "Mon père, j'ai donné aux médecins tout ce que je possédais et mon mal n'a pas cessé. Mais, Monseigneur, viens en aide à ma faiblesse et aie pitié de moi."

Le serviteur de Dieu lui répondit: "Je vais te conduire à un médecin habile, capable de te guérir sans dirhams ou dinars ou médicaments." Le malade lui dit: " Et qui est-il, Monseigneur, ce médecin qui ait pitié de ma faiblesse tout de suite, car mes douleurs intolérables vont me faire mourir." Le bienheureux reprit: "Il est là parmi nous." Le malade se dressa, se tournant de tout côté dans son ardent désir de voir le médecin dont le saint lui affirmait la présence, et il ne le trouvait pas. Il lui dit: "Monseigneur, je ne vois personne." Le saint lui répondit: "Si tu crois en notre Seigneur Jésus Christ Sauveur, le seul médecin digne de confiance, Lui te guérira. Et moi, je Lui demande de te guérir tout de suite. Et non seulement la guérison de tes douleurs, mais qu'Il te sauve aussi de maladies de ton âme.

Le malade lui répondit: "Je crois en Dieu et en ta sainteté. Je guérirai par tes prières agréables à Dieu." Alors le saint pria et fit sur lui le signe de la sainte croix en disant: "Au nom de Jésus Christ notre Seigneur, sois guéri dès maintenant." Et dès cette heure ce malade fut guéri. Il s'en alla chez lui, heureux, joyeux, glorifiant Dieu et rendant grâce à son saint, le bienheureux Nicolas.


LES VENTS APAISÉS

Après ces miracles, on mit à la voile à la demande du noble saint. Il demanda au capitaine de le faire aborder, mais le capitaine lui répondit: "Les vents sont forts. Il n'est pas possible d'aborder, et nous resterons comme nous sommes tant que dureront les vents." En fait, il se dirigeait vers Rhodes. Le saint s'attrista. Il se mit en prière, puis il s'assit et dit: "Jette ton souci en Dieu et Il te conduira, comme dit le prophète." Le soir venu, ils s'endormirent comme de coutume, mais le saint se leva pour prier, et aussitôt, il leur souffla une tempête à faire chavirer le bateau.

Le pilote comprit que ce qui leur arrivait venait de leur opposition au saint. Il ordonna de jeter l'ancre, de carguer les voiles et d'amener le canot. Il y fit descendre le saint, ses compagnons et quelques matelots. Il lui demanda de prier pour eux et ils partirent en canot jusqu'au port. Ils partirent joyeux car les vents s'étaient apaisés, et le saint arriva à son monastère dans la paix du Seigneur.


LA DÉSOBÉISSANCE DES MOINES

On eut besoin de construire dans le monastère beaucoup de cellules. Le saint avait ordonné de ne pas tailler de pierres et de ne rien construire jusqu'à son retour. Quelques moines décidèrent de le faire en l'absence du saint. Ils firent donc appel à des tailleurs de pierres ainsi qu'à des porteurs. Quand ils voulurent emporter l'une des pierres, environ cent hommes s'assemblèrent, mais ils ne purent l'ébranler de sa place, et on arrêta le travail jusqu'à l'arrivée du saint.

Il fit sur la pierre le signe de la croix, et sur le champ douze hommes la portèrent. Tous les témoins s'en émerveillèrent. Ils vinrent auprès du saint et reçurent sa bénédiction.


LA STÉRILITÉ GUÉRITE

L'un des assistants était marié depuis trente ans et n'avait jamais eu d'enfants. Quand il vit les bienfaits accomplis par le saint, il s'agenouilla à ses pieds avec sa femme, et ils lui demandèrent de prier pour eux afin que Dieu leur donne un enfant. Il leur répondit que c'était l'affaire de Dieu, et "si vous croyez de tout votre coeur, vous obtiendrez ce que vous désirez." Ils dirent: "Nous croyons en Dieu, nous croyons qu'Il est tout-puissant, et nous croyons qu'il exauce tes prières et qu'il ne repousse pas tes demandes."

Le saint leur fit une onction d'huile et les bénit, puis ils s'en allèrent. Un an après, ils virent le trouver avec un garçon, tout joyeux et remerciant Dieu. Le saint le baptisa et ils rentrèrent chez eux rendant gloire à Dieu et racontant ce qu'avait fait pour eux le saint.


LA FILLE PARALYSÉE

Un jour où le saint était assis, voici que vint un groupe de gens amenant avec eux une fille paralysée. Elle avait sept ans et n'avait jamais fait aucun mouvement. Quatre personnes la portaient. Ils la lui présentèrent et le prièrent d'intervenir en sa faveur. Le saint leur demanda leur profession de foi en Dieu très-haut, ensuite il fit une longue prière. À la fin de sa prière, la jeune fille se dressa sur ses jambes, heureuse, louant Dieu, et remerciant saint Nicolas dont les prières lui avaient obtenu la guérison.


APPARITION DU MALIN

Un jour, le saint était assis dans sa cellule. Satan prit l'apparence d'un ange et entra chez lui. Celui-ci demanda: "Qui es-tu et que veux-tu?" Le malin lui répondit: "Je suis un ange et je suis venu te voir." Le saint le reconnut et se mit sous la protection de la sainte croix, puis lui dit: "Je t'ai reconnu, impur, j'ai reconnu ta ruse et ton astuce." Il le rabroua et le réprimanda. Il se fit de la fumée, et le démon disparut d'auprès de lui sur le champ.


MULTIPLICATION DES PAINS

Quelques jours après, il y avait au monastère un grand nombre d'ouvriers. On pétrit pour eux du pain, car à ce moment-là il n'y en avait chez eux que très peu. Le saint prit le pain, le bénit et fit sur lui le signe de la sainte croix. Il le rompit et le présenta aux ouvriers. Ils mangèrent et se rassasièrent, et on recueillit beaucoup de restes. Tous s'en émerveillèrent, et tous les assistants glorifièrent Dieu.


VISION D'UNE ÉPIDÉMIE

C'est la venue de l'épidémie que Dieu lui fit connaître. Quelque frères étaient assis auprès du saint. Il se mit à leur dire: "J'ai eu une vision. Il va survenir une épidémie dans la ville. Voici ce que j'ai vu. C'était comme si j'étais assis dans ma cellule. L'ange du Seigneur vint à moi sous la forme d'un cavalier et me dit: 'Lève-toi, je vais te montrer ce qui est sur le point d'arriver au monde. Le temps de la moisson est venu, où l'on moissonnera les âmes. Et le Seigneur m'a certes envoyé pour te donner une arme pour la moisson.' J'ai eu peur et j'ai dit: 'Qui es-tu, Monseigneur?' Il me répondit: 'Je suis l'ange qui détient les faux de la moisson. Et le Seigneur m'a envoyé vers toi pour te donner l'une de ces faux. Car la moisson va venir, comme je te l'ai fait savoir, et il est nécessaire que tu aies une faux.' Je m'approchai de lui pour voir les faux. Et je vis qu'il en avait trois dont la largeur de chacune était de cinq coudées et la longueur de quinze. Je dis au frère Arnamos: 'Tiens, nous lui donnerons trois eulogies.' Le frère protesta, et je lui dit: ' Si tu ne veux pas lui donner trois eulogies, qu'il prenne comme prix deux colombes et qu'il s'en aille.' Il les prit sur le champ, monta à cheval comme un soldat et s'envola rapidement. Et moi, ce fut comme si je voyais le grand autel s'incliner en se tournant vers la droite. Je m'approchai pour me prosterner devant lui. Je vis que le toit était fendu, le ciel apparaissait, il tombait à l'intérieur comme une forte pluie. L'eau qui se déversait, se rassemblait vers la grande porte et s'écoulait. L'intensité de cette vision me tira de mon sommeil, et je demandai au Seigneur de m'en faire connaître le sens.

Sept jours après m'apparut un autre ange sous l'apparence d'un soldat. Il me dit: "Le Seigneur m'a donné de connaître ses oeuvres grandioses et terrifiantes. Je suis venu pour éclaircir ce que tu as vu.' Je lui dis: 'Qui es-tu, Monseigneur?' Il me répondit: 'Je suis Michel, l'archange, celui qui te garde chaque jour. Le Seigneur m'a ordonné de te faire connaître ce qui doit arriver bientôt. Je sais qu'en toutes circonstances tu es fidèle à Dieu, et il faut que tu fortifie tes frères. Le soldat qui t'es apparu les faux à la main est un ange que le Seigneur a envoyé vers toi pour te faire connaître comment les âmes des hommes vont s'empresser de s'approcher de Dieu. Il t'a été donné d'intercéder pour elles.' J'entendis les paroles de l'ange et je me mis à trembler, et je dis: 'Monseigneur,je suis un homme pécheur, comment puis-je accomplir ces oeuvres?' Il me dit: 'Les faux que tu as vues sont la force du Seigneur qui t'a été donné. Car le temps de la moisson est arrivé pour certains. La moisson, c'est la mort avant son temps.' Puis il s'éloigna de moi."

Quarante jours après que le saint eut tenu ce discours aux frères, la mort s'abattit soudain sur le monde en commençant par la ville de Myre. Ce fut une catastrophe épouvantable. Les paysans d'alentour, lorsqu'ils entendirent parler de cette épidémie, eurent peur et se retinrent de venir à la ville, espérant ainsi de se sauver. Mais ils ne furent pas sauvés. Ils étaient pris d'étouffement, ou bien, personne n'apportant plus de ravitaillement, les malades mouraient d'inanition. Ainsi s'accomplit la vision du saint.



Vies de saints - VIE