2000 Journées Mondiales Jeunesse
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«Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» (Mt 16,15)
Chers jeunes, c'est avec grande joie que je vous retrouve de nouveau à l'occasion de cette veillée de prières, durant laquelle nous voulons nous mettre ensemble à l'écoute du Christ, que nous sentons présent au milieu de nous. C'est lui qui nous parle.
«Et vous, que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?» Jésus pose cette question à ses disciples, dans les environs de Césarée de Philippe. Simon-Pierre lui répond: «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant» (Mt 16,16) . À son tour, le Maître lui adresse ces paroles surprenantes : «Heureux es-tu, Simon fils de Yonas: ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux»(Mt 16, 17).
Que signifie ce dialogue? Pourquoi Jésus veut-il entendre ce que les hommes pensent de lui? Pourquoi veut-il savoir ce que ses disciples pensent de lui?
Jésus veut que les disciples se rendent compte de ce qui est né dans leurs esprits et dans leurs coeurs et qu'ils expriment leurs convictions. Mais en même temps il sait que le jugement qu'ils porteront ne sera pas seulement leur jugement, parce que s'y révélera ce que Dieu aura mis dans leurs coeurs par la grâce de la foi.
Cet événement, près de Césarée de Philippe, nous introduit en un certain sens dans «le laboratoire de la foi». Le mystère de la naissance et de la maturation de la foi s'y révèle. Il y a d'abord la grâce de la révélation: Dieu qui se donne à l'homme d'une façon intime, inexprimable. Il y a ensuite la demande d'une réponse à donner. Enfin, il y a la réponse de l'homme, réponse qui devra désormais donner sens et forme à toute sa vie.
Voilà ce qu'est la foi! C'est la réponse de l'homme raisonnable et libre à la parole du Dieu vivant. Les questions que pose le Christ, les réponses qui sont données par les Apôtres, et à la fin par Simon Pierre, constituent comme une vérification de la maturité de la foi de ceux qui sont les plus proches du Christ.
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L'entretien près de Césarée de Philippe a eu lieu avant Pâques, c'est-à-dire avant la Passion et la Résurrection du Christ. Il faudrait rappeler encore un autre événement, pendant lequel le Christ, alors ressuscité, vérifia la maturité de la foi de ses Apôtres. Il s'agit de la rencontre avec l'Apôtre Thomas. Il était le seul à ne pas être présent lorsque, après la Résurrection, le Christ vint pour la première fois au Cénacle. Quand les autres disciples lui dirent qu'ils avaient vu le Seigneur, il ne voulut pas les croire. Il disait: «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas!» (Jn 20,25) . Huit jours après, les disciples se trouvaient de nouveau réunis et Thomas était avec eux. Jésus vint, toutes portes closes, et il salua les Apôtres en disant: «La paix soit avec vous!» (Jn 20,26) et, tout de suite après, il se tourna vers Thomas: «Avance ton doigt ici, et vois mes mains; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d'être incrédule, sois croyant!» (Jn 20,27) . Thomas lui répondit alors: «Mon Seigneur et mon Dieu!» (Jn 20,28) .
Le Cénacle de Jérusalem fut aussi pour les Apôtres une sorte de «laboratoire de la foi». Toutefois, ce qui s'y est passé avec Thomas va, en un sens, au-delà de ce qui est arrivé près de Césarée de Philippe. Au Cénacle, nous nous trouvons devant une dialectique de la foi et de l'incrédulité la plus radicale, et, en même temps, devant une proclamation plus profonde encore de la vérité sur le Christ. Il n'était vraiment pas facile de croire que Celui qu'on avait mis au tombeau trois jours auparavant était de nouveau vivant.
Le divin Maître avait souvent annoncé qu'il ressusciterait d'entre les morts et il avait souvent donné la preuve qu'il était le Seigneur de la vie. Et pourtant l'expérience de sa mort avait été si forte que tous avaient besoin d'une rencontre directe avec lui pour croire à la résurrection: les Apôtres au Cénacle, les disciples sur la route d'Emmaüs, les saintes femmes près du tombeau... Thomas, lui aussi, en avait besoin. Mais lorsque son incrédulité eut fait l'expérience directe de la présence du Christ, l'Apôtre qui doutait prononça ces mots dans lesquels s'exprime le noyau le plus intime de la foi: s'il en est ainsi, si Tu es vraiment vivant tout en ayant été mis à mort, cela veut dire que tu es «mon Seigneur et mon Dieu».
Dans ce qui est arrivé à Thomas, le «laboratoire de la foi» s'est enrichi d'un nouvel élément. La Révélation divine, la question du Christ et la réponse de l'homme ont eu leur achèvement dans la rencontre personnelle du disciple avec le Christ vivant, avec le Ressuscité. Cette rencontre est devenue le début d'une nouvelle relation entre l'homme et le Christ, une relation où l'homme reconnaît existentiellement que le Christ est Seigneur et Dieu; non seulement Seigneur et Dieu du monde et de l'humanité, mais Seigneur et Dieu de mon existence humaine concrète. Un jour, saint Paul écrira: «La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur. Cette Parole, c'est le message de la foi que nous proclamons. Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé» (Rm 10,8-9) .
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Dans les lectures de la liturgie d'aujourd'hui, nous trouvons décrits les éléments dont se compose ce «laboratoire de la foi», d'où les Apôtres sortiront en hommes pleinement conscients de la vérité que Dieu avait révélée en Jésus Christ, vérité qui allait modeler leur vie personnelle et celle de l'Église au cours de l'histoire. Notre rencontre d'aujourd'hui à Rome, chers jeunes, est aussi une sorte de «laboratoire de la foi» pour vous, disciples d'aujourd'hui, pour ceux qui croient au Christ au seuil du troisième millénaire.
Chacun de vous peut retrouver en lui-même la dialectique des questions et des réponses que nous venons de souligner. Chacun peut mesurer ses propres difficultés à croire et aussi éprouver la tentation de l'incrédulité. Mais en même temps il peut faire l'expérience d'une maturation progressive dans la conscience et dans la conviction de sa propre adhésion de foi. Toujours, en effet, dans cet admirable laboratoire de l'esprit humain, le laboratoire de la foi, Dieu et l'homme se rencontrent l'un l'autre. Sans cesse, le Christ Ressuscité entre dans le Cénacle de notre vie et permet à chacun de faire l'expérience de sa présence et de proclamer: Ô Christ, tu es «mon Seigneur et mon Dieu!»
Le Christ dit à Thomas : «Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu» (Jn 20,29) . Tout être humain a en lui quelque chose de l'Apôtre Thomas. Il est tenté par l'incrédulité et pose les questions de fond: Est-il vrai que Dieu existe? Est-il vrai que le monde a été créé par lui? Est-il vrai que le Fils de Dieu s'est fait homme, est mort et est ressuscité? La réponse s'impose avec l'expérience que la personne fait de sa présence. Il faut ouvrir ses yeux et son coeur à la lumière de l'Esprit Saint. Alors, les blessures ouvertes du Christ Ressuscité parleront à chacun: «Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu».
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Chers amis, aujourd'hui encore, croire en Jésus, suivre Jésus sur les pas de Pierre, de Thomas, des premiers Apôtres et témoins, exige de prendre position pour lui, et il n'est pas rare que ce soit comme un nouveau martyre: le martyre de celui qui, aujourd'hui comme hier, est appelé à aller à contre-courant pour suivre le divin Maître, pour suivre «l'Agneau partout où il va» (Ap 14,4) . Ce n'est pas par hasard, chers jeunes, que j'ai voulu que pendant l'Année sainte on fasse mémoire, près du Colisée, des témoins de la foi du XXe siècle.
Il ne vous sera peut-être pas demandé de verser votre sang, mais de garder la fidélité au Christ, oui certainement! Une fidélité à vivre dans les situations quotidiennes: je pense aux fiancés et à leur difficulté de vivre dans la pureté, au sein du monde actuel, en attendant de se marier. Je pense aux jeunes couples et aux épreuves auxquelles est exposé leur engagement de fidélité réciproque. Je pense aux relations entre amis et à la tentation de manquer de loyauté qui peut s'insinuer entre eux.
Je pense aussi à ceux qui ont entrepris un chemin de consécration particulière et aux efforts qu'ils doivent souvent affronter pour persévérer dans le don de soi à Dieu et à leurs frères. Je pense encore à ceux qui veulent vivre des rapports de solidarité et d'amour dans un monde où il ne semble y avoir d'autres valeurs que la logique du profit et de l'intérêt personnel ou de groupe.
Je pense encore à ceux qui oeuvrent pour la paix et qui voient naître et se développer, dans différentes parties du monde, de nouveaux foyers de guerre; je pense à ceux qui oeuvrent pour la liberté de l'homme et qui le voient encore esclave de lui-même et des autres; je pense à ceux qui luttent pour faire aimer et respecter la vie humaine et qui doivent assister aux nombreuses atteintes portées contre elle et contre le respect qu'on lui doit.
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Chers jeunes, dans un tel monde, est-il difficile de croire? En l'an 2000, est-il difficile de croire? Oui, c'est difficile! On ne peut pas le nier. C'est difficile, mais avec l'aide de la grâce c'est possible, comme Jésus l'expliqua à Pierre: «Ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux» (Mt 16,17) .
Ce soir, je vais vous remettre l'Évangile. C'est le don que le Pape vous fait en cette veillée inoubliable. La parole qu'il contient est la parole de Jésus. Si vous l'écoutez en silence, dans la prière, en vous faisant aider par les sages conseils de vos prêtres et de vos éducateurs, afin de la comprendre pour votre vie, vous rencontrerez le Christ et vous le suivrez, engageant jour après jour votre vie pour lui!
En réalité, c'est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c'est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait; c'est lui, la beauté qui vous attire tellement; c'est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis; c'est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie; c'est lui qui lit dans vos coeurs les décisions les plus profondes que d'autres voudraient étouffer. C'est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle.
Chers jeunes, face à cette noble tâche, vous n'êtes pas seuls. Avec vous, il y a vos familles, vos communautés, vos prêtres et vos éducateurs, il y a aussi tous ceux, et ils sont nombreux, qui, de façon cachée, ne se lassent pas d'aimer le Christ et de croire en lui. Dans la lutte contre le péché, vous n'êtes pas seuls: beaucoup luttent comme vous et triomphent avec la grâce du Seigneur!
Chers amis, à l'aube du troisième millénaire, je vois en vous les «sentinelles du matin» (cf. Is 21,11-12) . Au cours du siècle qui s'achève, des jeunes comme vous étaient appelés, dans d'immenses rassemblements, pour apprendre la haine, et ils étaient envoyés pour se battre les uns contre les autres. Les différents messianismes séculiers, qui ont tenté de se substituer à l'espérance chrétienne, se sont révélés ensuite de véritables enfers. Aujourd'hui, vous êtes venus ici pour affirmer que, dans le nouveau siècle, vous n'accepterez pas d'être des instruments de violence et de destruction; que vous défendrez la paix, en payant de votre personne si nécessaire. Vous ne vous résignerez pas à un monde où d'autres hommes meurent de faim, restent analphabètes ou manquent de travail. Vous défendrez la vie à tous les instants de son développement ici-bas, vous vous efforcerez de toute votre énergie de rendre cette terre toujours plus habitable pour tous.
Chers jeunes du siècle qui commence, en disant «oui» au Christ, vous dites «oui» à chacun de vos plus nobles idéaux. Je prie pour que le Christ règne dans vos coeurs et dans l'humanité du nouveau siècle et du nouveau millénaire. N'ayez pas peur de vous en remettre à lui. Il vous guidera, il vous donnera la force de le suivre chaque jour et en toute situation.
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Que la Vierge Marie, qui toute sa vie a dit «oui» à Dieu, que les saints Apôtres Pierre et Paul, et que tous les Saints et Saintes qui, à travers les siècles, ont marqué le cheminement de l'Église, vous aident toujours dans ces bonnes dispositions!
À tous et à chacun, je donne avec affection ma Bénédiction.
11 «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6,68) .
Chers jeunes des quinzièmes Journées mondiales de la Jeunesse ! Ces paroles de Pierre, dans le dialogue avec le Christ à la fin du discours sur le «pain de vie», nous touchent personnellement. Ces jours-ci, nous avons médité sur l'affirmation de Jean : «Le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous» (Jn 1,14) . L'évangéliste nous a reportés au grand mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu, le Fils qui nous a été donné par Marie «lorsque les temps furent accomplis» (Ga 4,4) .
En son nom, une fois encore je vous salue tous avec affection. Je salue et je remercie le Cardinal Camillo Ruini, mon Vicaire général pour le diocèse de Rome, Président de la Conférence épiscopale italienne, pour les paroles qu'il a bien voulu m'adresser au début de cette messe; je salue aussi le Cardinal James Francis Stafford, Président du Conseil pontifical pour les Laïcs, et les nombreux Cardinaux, Évêques et prêtres réunis ici; je salue de même avec déférence et gratitude Monsieur le Président de la République et le Chef du Gouvernement italien, ainsi que toutes les autres Autorités civiles et religieuses qui nous honorent de leur présence.
12 Nous sommes arrivés au sommet des Journées mondiales de la Jeunesse. Hier soir, chers jeunes, nous avons confirmé notre foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu que le Père a envoyé, comme nous l'a rappelé la première lecture d'aujourd'hui, pour «porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté,... consoler tous ceux qui pleurent» (Is 61,1-2) .
Par la célébration eucharistique d'aujourd'hui, Jésus nous introduit dans la connaissance d'un aspect particulier de son mystère. Nous avons écouté dans l'Évangile un passage du discours qu'il a prononcé dans la synagogue de Capharnaüm, après le miracle de la multiplication des pains. Dans ce discours, Jésus se révèle comme le vrai pain de la vie, le pain descendu du ciel pour donner la vie au monde (cf. Jn 6,51) . C'est un discours que les auditeurs ne comprennent pas. La perspective dans laquelle ils se situent est trop matérielle pour pouvoir saisir la véritable intention du Christ. Ils raisonnent dans une perspective charnelle, qui «n'est capable de rien» (Jn 6,63) . Jésus, au contraire ouvre son discours sur les horizons sans limites de l'esprit : «Les paroles que je vous ai dites - insiste-t-il - sont esprit et elles sont vie» (ibid..
Mais les auditeurs y sont insensibles : «Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter !» (Jn 6,60) . Ils s'estiment personnes de bon sens, avec les pieds sur terre. C'est pourquoi ils hochent la tête et, tout en gromelant, ils s'en vont les uns après les autres. La foule du début se réduit progressivement. À la fin, il reste seulement le petit groupe restreint des disciples les plus fidèles. Mais sur «le pain de la vie», Jésus n'est pas disposé à transiger. Il est plutôt prêt à s'exposer à l'abandon même des plus intimes : «Voulez-vous partir, vous aussi ?» (Jn 6,67) .
13 «Vous aussi ?» La question du Christ enjambe les siècles et parvient jusqu'à nous, elle nous interpelle personnellement et sollicite une décision. Quelle est notre réponse ? Chers jeunes, si nous sommes ici aujourd'hui, c'est parce que nous nous reconnaissons dans l'affirmation de l'Apôtre Pierre : «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6,68) .
Des paroles, il en résonne beaucoup autour de vous, mais seul le Christ a des paroles qui résistent à l'usure du temps et qui demeurent pour l'éternité. La période actuelle de votre vie vous impose des choix décisifs : la spécialisation dans les études, l'orientation dans le travail, l'engagement même à assumer dans la société et dans l'Église. Il est important de se rendre compte que, parmi les nombreuses questions qui se présentent à votre esprit, celles qui sont décisives ne concernent pas le «quoi». La question de fond est «qui» : vers «qui» aller, «qui» suivre, «à qui» confier sa vie.
Vous pensez à votre choix affectif, et j'imagine que vous êtes bien d'accord : ce qui compte vraiment dans la vie c'est la personne avec laquelle on décide de la partager. Mais attention ! Toute personne humaine est inévitablement limitée : même dans le mariage le plus réussi, on ne peut pas ne pas prendre en compte une certaine dose de déception. Eh bien, chers amis, n'y a-t-il pas en cela la confirmation de ce que nous avons entendu de l'Apôtre Pierre ? Tout être humain en vient tôt ou tard à s'écrier avec lui : «Vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle». Seul Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu et le Fils de Marie, le Verbe éternel du Père né il y a deux mille ans à Bethléem de Juda, est en mesure de satisfaire les aspirations les plus profondes du coeur humain.
Dans la question de Pierre : «Vers qui pourrions-nous aller ?», il y a déjà la réponse concernant le chemin à parcourir. C'est le chemin qui conduit au Christ. Et le divin Maître peut être rejoint personnellement : en effet, il est présent sur l'autel dans la réalité de son corps et de son sang. Dans le sacrifice eucharistique, nous pouvons entrer en contact, de façon mystérieuse mais réelle, avec sa personne, puisant à la source inépuisable de sa vie de Ressuscité.
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Telle est la merveilleuse vérité, chers amis : le Verbe, qui s'est fait chair il y a deux mille ans, est présent aujourd'hui dans l'Eucharistie. C'est pourquoi l'année du grand Jubilé, au cours de laquelle nous célébrons le mystère de l'Incarnation, ne pouvait pas ne pas être aussi une année «intensément eucharistique» (cf. Lettre apostolique Tertio millennio adveniente, TMA 55) .
L'Eucharistie est le sacrement de la présence du Christ qui se donne à nous parce qu'il nous aime. Il aime chacun de nous de façon personnelle et unique dans la vie concrète de chaque jour : dans la famille, parmi les amis, dans les études et au travail, dans le repos et dans les distractions. Il nous aime quand il remplit de fraîcheur les journées de notre existence et aussi quand, à l'heure de la souffrance, il permet que l'épreuve s'abatte sur nous : en effet, même à travers les épreuves les plus dures, il nous fait entendre sa voix.
Oui, chers amis, le Christ nous aime et il nous aime toujours ! Il nous aime même lorsque nous le décevons, quand nous ne correspondons pas à ses attentes à notre égard. Il ne nous ferme jamais les bras de sa miséricorde. Comment ne pas être reconnaissant envers ce Dieu qui nous a rachetés en allant jusqu'à la folie de la Croix ? Envers ce Dieu qui s'est mis de notre côté et qui y est demeuré jusqu'au bout ?
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Célébrer l'Eucharistie «en mangeant sa chair et en buvant son sang» signifie accepter la logique de la croix et du service. Cela signifie donc témoigner de sa propre disponibilité à se sacrifier pour les autres, comme il l'a fait lui-même.
Notre société a un immense besoin de ce témoignage, les jeunes en ont besoin plus que jamais, eux qui sont souvent tentés par les mirages d'une vie facile et confortable, par la drogue et l'hédonisme, pour se trouver ensuite dans la spirale du désespoir, du non-sens, de la violence. Il est urgent de changer de route en direction du Christ, qui est aussi la direction de la justice, de la solidarité, de l'engagement pour une société et un avenir dignes de l'homme.
Telle est notre Eucharistie, telle est la réponse que le Christ attend de nous, de vous, les jeunes, en conclusion de votre Jubilé. Jésus n'aime pas les demi-mesures, et il n'hésite pas à nous bousculer avec sa question : «Voulez-vous partir, vous aussi?
Avec Pierre, devant le Christ, Pain de vie, nous aussi, aujourd'hui, nous voulons redire : «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6,68) .
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Chers amis, en rentrant dans vos pays, mettez l'Eucharistie au centre de votre vie personnelle et communautaire : aimez-la, adorez-la, célébrez-la, surtout le dimanche, jour du Seigneur. Vivez l'Eucharistie en témoignant de l'amour de Dieu pour les hommes.
Chers amis, je vous confie ce qui est le plus grand don que Dieu nous ait fait, à nous pèlerins sur les routes du temps, mais portant dans le coeur la soif de l'éternité. Puissiez-vous avoir toujours, dans chaque communauté, un prêtre qui célèbre l'Eucharistie ! C'est pourquoi je demande au Seigneur que fleurissent parmi vous de nombreuses et saintes vocations au sacerdoce. L'Église a besoin d'hommes qui célèbrent aujourd'hui, avec un coeur pur, le sacrifice eucharistique. Le monde a besoin de ne pas être privé de la présence douce et libératrice de Jésus vivant dans l'Eucharistie !
Soyez vous-mêmes des témoins fervents de la présence du Christ sur nos autels. Que l'Eucharistie façonne votre vie, la vie des familles que vous formerez ! Qu'elle oriente tous vos choix de vie ! Que l'Eucharistie, présence vivante et réelle de l'amour trinitaire de Dieu, vous inspire des idéaux de solidarité et vous fasse vivre en communion avec vos frères disséminés en tous lieux de la planète !
Que de la participation à l'Eucharistie, en particulier, jaillisse une nouvelle floraison de vocations à la vie religieuse, afin d'assurer dans l'Église la présence de forces fraîches et généreuses pour la grande tâche de la nouvelle évangélisation ! Si l'un ou l'une de vous, chers garçons et filles, entend l'appel du Seigneur à se donner totalement à lui pour l'aimer «d'un coeur sans partage» (cf. 1Co 7,34) , qu'il ne se laisse pas arrêter par le doute ou par la peur ! Qu'il dise avec courage son «oui» sans réserve, en se confiant à Celui qui est fidèle en toutes ses promesses ! N'a-t-il pas promis, à ceux qui ont tout laissé pour lui, le centuple ici-bas et ensuite la vie éternelle (cf. Mc 10,29-30) ?
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Au terme des ces Journées mondiales, en vous regardant, en regardant vos jeunes visages, votre enthousiasme sincère, je veux exprimer, du fond du coeur, un profond merci à Dieu pour le don de la jeunesse, qui par vous demeure dans l'Église et dans le monde.
Merci à Dieu pour le chemin des Journées mondiales de la Jeunesse ! Merci à Dieu pour les nombreux jeunes qui se sont engagés tout au long de ces seize années ! Ce sont des jeunes qui maintenant, devenus adultes, continuent à vivre dans la foi là où ils habitent et ils travaillent. Je suis sûr que vous aussi, chers amis, vous serez à la hauteur de ceux qui vous ont précédés. Vous porterez l'annonce du Christ dans le nouveau millénaire. En rentrant chez vous, ne vous dispersez pas. Confirmez et approfondissez votre adhésion à la communauté chrétienne à laquelle vous appartenez. De Rome, de la Ville de Pierre et de Paul, le Pape vous accompagne avec affection et, paraphrasant une expression de sainte Catherine de Sienne, il vous dit : «Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier !» (cf. Lettre 368).
Je regarde avec confiance cette nouvelle humanité qui se prépare par vous, je regarde cette Église sans cesse rajeunie par l'Esprit du Christ et qui aujourd'hui se réjouit de vos résolutions et de votre engagement. Je regarde vers l'avenir et je fais miennes les paroles d'une prière ancienne, qui chante à la fois le don de Jésus, de l'Eucharistie et de l'Église :
«Nous te rendons grâce, notre Père, pour la vie et la connaissance que tu nous as fait découvrir par Jésus, ton serviteur. À toi la gloire pour les siècles !
Comme ce pain rompu, qui était dispersé sur les montagnes et les collines, a été rassemblé pour ne plus faire qu'un, ainsi que ton Église soit rassemblée des extrémités de la terre dans ton Royaume...
C'est toi, Maître tout-puissant, qui as créé l'univers, pour la gloire de ton Nom, qui as donné aux hommes nourriture et boisson pour qu'ils en jouissent, afin qu'ils te rendent grâce.
Mais nous, tu nous as gratifiés d'une nourriture et d'une boisson spirituelles et de la vie éternelle, par ton Serviteur... À toi la gloire pour les siècles !» (Didachè 9, 3-4; 10, 3-4).
Amen.
2000 Journées Mondiales Jeunesse